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6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 17:55
Parasha - Vayishlah 1995

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1995/cours_1

Face B

 

Cette providence pour telle ou telle créature c’est l’ange en question.

C’est une science que les Kabalistes étudient et que les autres n’étudient pas parce qu’ils n’y comprennent rien mais c’est une science pour elle-même. On ne peut pas parler de manière poétique de ce sujet. C’est impossible. Maïmonide est un des plus grands maîtres de cette science de l’angéologie. Ceux qui ont lu le Guide des Egarés savent qu’il y a trois chapitres sur les anges. On est obligé de se rendre compte que pour savoir ce que savait Maïmonide il fallait avoir des maîtres qui semble-t’il...

 

Un ange est la volonté de Dieu appliquée à tel ou tel phénomène, donc c’est Dieu lui-même mais dans une rétractation d’envergure de présence.

 

Ce qu’il faut bien comprendre : c’est que Dieu est cet ange mais que cet ange n’est pas Dieu.

La grande erreur serait de voir les choses à l’envers.

 

Exemple de la prière : il est absolument interdit de faire passer la prière par des anges. On prie à Dieu directement. Pourtant la présence de l’ange dans son authenticité, c’est la Présence de Dieu lui-même. C’est pourquoi tous les noms d’anges se terminent par ‘El’.

Mais c’est interdit de les prononcer. Raphaël = « Dieu guérissant » mais ce n’est pas au niveau de Dieu guérissant que se trouve Dieu : Dieu est plus haut.

 

Autre exemple : entre Dieu et nous, il y a une infinité de degré et d’intermédiaires jusqu’à nous. Mais de nous à Dieu il n’y a rien. Nous sommes devant Dieu directement. C’est le judaïsme dans sa spécificité. Dieu a émané des mondes de degrés à l’infini  jusqu’à nous. Et tout cela entre Dieu et nous existe, mais de nous à Dieu il n’y rien sinon c’est de l’idolatrie.

 

Q : Quelle est la différence avec la Hashga’ha ?

R : la Hashaga’ha c’est quand c’est Dieu lui-même pour Israël, à l’envergure d’Israël. Le Malakh de chacun c’est au niveau de chacun. Mais la Hashga’ha et la Shekhinah surtout c’est Begueder klal Israël.

 

Ceci dit, ce que la Kabalah enseigne c’est ceci : chaque fois qu’un homme fait une Mitsvah il nourrit un ange positif et chaque fois qu’un homme fait une Avérah il nourrit un ange négatif. Ce sont des notions incompréhensibles pour l’entendement de la civilisation moderne. Il faut comprendre cela avec une sensibilité religieuse hébraïque. Peut-être les hommes encore proches de la nature peuvent comrpendre qu’une bonne action fait exister un Shéfa un influx positif et qu’une mauvaise action fait exister un Shéfa un influx négatif. Je ne dis pas ange et démon puisque les deux sont des anges. C’est la notion de mérite. Cette notion de mérite est très parallèle à celle de ces anges qui apparaissent lorsqu’une Mitsvah a été faite. Alors le mérite le Zekhout, c’est « la nourriture » de ces Malakhim.

 

C’est pourquoi l’angéologie n’est pas du tout enseignée. Les rabbins sérieux ne parlent pas de cela. On n’en parle pas, cela existe mais on fait comme si cela n’existe pas.

 

Un de mes maîtres : ne jamais dire à sa femme : « je t’adore », c’est de l’idolâtrie, c’est grave…

 

Voilà donc le raisonnement : Les anges qui accompagnent Jacob, l’environnement angélique, son identité spirituelle, c’est son mérite d’être. Et alors il l’utilise et se sert de ce Zekhout là qu’il a d’être Israël pour se mesurer à Esaü.

 

De ces Malakhim-là qui l’ont accompagné, soit de ‘Houts Laarets soit d’Erets Israël, Jacob en a envoyé en délégation pour se justifier vis-à-vis de Esaü. 

 

Un des commentateurs de ce Midrash, le Reem explique : ce sont des anges envoyés par un homme. Ce ne sont pas n’importe quels anges que l’on peut envoyer. Shilou’hei Bassar Vadam => les envoyés et ce sont des anges qui viennent de Bassar Vadam et non pas que les anges étaient Bassar VaDam. C’est la notion de mérite qui nous fait comprendre la difficulté.

 

Q : le rapport et l’objet entre les anges et la Avodah Zara

R : la possibilité de la Avodah Zara est venue du temps où c’était visible. Il y a eu une grande invraisemblance dans l’histoire des religions : cela commence par une folie. La révélation s’est arrêtée. Mais au moment où la révélation avait lieu les anges étaient visibles. Et alors finalement, l’homme moderne – depuis l’arrêt de la révélation biblique, pour nous à la fin du 1er temple - n’a aucune idée que c’était visible avant tous ces mondes là. Et alors il n’y a que deux catégories qui les perçoivent : les fous et les idolâtres, qui ont une espèce de rémanence, de souvenir de « ce temps où les dieux marchaient sur la terre » pour reprendre un vers de Musset....

On arrivera à consoler les chrétiens que leur mythe idolâtre est un mythe vrai : ils adorent Israël.

 

Q : pourquoi il semblerait qu’il y ait une dimension de trébûchement dans ce phénomène-là

R : c’est sûr. Un Midrash dit que Dieu protège les pauvres.

Questions posées à Rabbi Akiba : Mais si Dieu aime les pauvre pourquoi il les fait pauvre ?

Réponse par l’interdit d’idolâtrie => pourquoi avoir créé le soleil ?

Le monde doit fonctionner comme il fonctionne et ce n’est pas parce qu’il y a des idolâtres qu’on va enlever le soleil. Et Dieu a créé les pauves cela fait partie de leur problèmes et Dieu a donné le commandement de charité et cela fait partie de nos problèmes. HQB’H décide de quelque chose et le juste annule la décision. Dieu a décidé qu’untel serait pauvre, Il a ses raisons qui nous échappe, mais un Tsadik vient et par son Koa’h annulle cette décision.

 

 En réalité lorsque Dieu obéit au Tsadik c’est à Lui-même qu’il obéit. C’est très simple à comprendre.

 

Il faut consoler les idolâtres. On a le droit d’entrer en controverse avec quelqu’un à qui on peut  expliquer qu’il avait raison d’avoir tort. Cela s’appelle l’empathie. J’explique souvent cela dans les problèmes de couple. En général c’est le mari qui a tort. Je leur dit : Tu n’as pas le droit de dire que tu as tort si tu ne peux pas expliquer pourquoi elle avait raison d’avoir tort. 

 

C’est cette notion de Zekhout que Rashi nous aide à mettre en évidence de ces Malakhim-là dont Jacob a pu se servir dans son conflit avec Esaü.

 

Cela doit être relié à ce qui est dit plus loin, avec l’ange d’Esaü qui représente la volonté de Dieu pour Esaü.

 

Chaque peuple posséde un Sar un prince céleste, un archange qui est la Hashga’hah du Dieu unique pour lui. C’est là la difficulté d’être juif monothéiste car le Dieu que nous reconnaissons est le Dieu de tous. Derrière mon adversaire se trouve toujours mon Dieu. Pour les Goyim l’équation est différente : mon Dieu n’est pas celui de l’autre.   

 

Jacob a devant lui, face à lui, deux réalités : Esaü d’en-bas et Esaü d’en-haut. A Esaü d’en bas il dit « Essav », à Esaü d’en-haut il dit « Adoni ». Dans son conflit avec Esaü il est en même temps confronté à Dieu pour Esaü. C’est devant Dieu que Jacob se prosterne. Mais Esaü, béotien, croit que c’est pour lui… L’ange d’Esaü c’est Dieu dans son projet pour Esaü. C’est donc vraiment à une force divine que l’on est confronté lorsqu’on se confronte à Esaü. Israël a lutté contre les hommes et les puissances célestes et il a vaincu l’un et l’autre. C’est quand Jacob fait sa preuve devant Dieu pour Esaü qu’il a vaincu Esaü.

 

Pour la Kabbalah, l’ange d’Ishmaël et l’ange d’Essav est le même. Cela explique les alliances contre nature entre Washington et Riyad. Et pourquoi cette convergence d’intérêt entre chrétiens et musulmans contre Israël. C’est le même et c’est Samaël lui-même.

 

Verset 32 :7

וַיָּשֻׁבוּ, הַמַּלְאָכִים, אֶל-יַעֲקֹב, לֵאמֹר:  בָּאנוּ אֶל-אָחִיךָ, אֶל-עֵשָׂו, וְגַם הֹלֵךְ לִקְרָאתְךָ, וְאַרְבַּע-מֵאוֹת אִישׁ עִמּוֹ

Vayashuvu hamal'achim el-Ya'akov

Et les anges sont revenus vers Jacob

Lemor

En disant

Banou el-a’hikha el-Esav

Nous sommes allés chez ton frére chez Esaü

Ie. Nous sommes allés chez ton frére mais nous avons trouvé Esaü

Vegam hole’h likratcha

Et même il vient à ta rencontre

Ve’arba-me’ot ish imo.

Avec 400 hommes avec lui.

C’est un peu ce à quoi je faisais allusion en parlant du retour des sionistes en Erets Israël et ils se sont trouvés face à la ligue arabe. Alors qu’à l’époque on aurait pu espérer qu’il y ait fraternité entre les Juifs revenus d’exil et non pas avec les Arabes en Palestine qui n’étaient pas nombreux du tout mais avec les puissances syrienne, jordanienne et l’Arabie Saoudite....

Et puis cela a mal tourné. Le profil culturel de la civilisation actuelle tend à rendre tabou cela.

 

Aprés la 2nde guerre mondiale, le peuple juif sortait de la Shoah et était un peuple de rescapés d’une énorme boucherie qui a touché le monde entier et le peuple juif centralement. La moitié du peuple juif sortait de la moitié du monde, la chrétienté, dans l’état de rescapé de la sortie d’Egypte. L’autre moitié du monde, dont l’islam est la religion, se jette sur les rescapés et les exilés. On aurait pu espérer autre chose des autres « fils d’Abraham » pour accueillir ces refugiés, mais la haine anti-sioniste était la haine anti-juive tout simplement.    

 

Jacob Gordin sur la Hagadah de Pessah avec le commentaire du Shla’h.

Au moment où dans le Seder on ouvre la porte et on dit : « que ta colère se déverse sur les Goyim qui ne te connaissent pas ». Il me dit tranquillement : cela c’est pour Ishmaël, j’ai sursauté. Moi, juif des pays d’Islam, pour nous il était évident que ce que les Juifs chez les chrétiens avaient supporté était 10 fois pire. Il m’a répondu : tu ne sais pas lire. Effectivement, pas la suite j’ai appris ce qu’avait été la vie des Juifs du Yemen, du Maroc, d’Irak, d’Iran...  Il faut apprendre pour détruire la légende du paradis juif en pays d’islam... La preuve : tous les Juifs des pays d’Islam sont maintenant chez les chrétiens ou en Israël : ils ont vôté avec leurs pieds… 

 

Il m’a expliqué : l’antisémitisme des chrétiens a accompagné l’exil, mais l’antisémitisme des musulmans accompagne le retour, c’est beaucoup plus grave.

 

C’est ce qui se passe-là : Jacob revient en espérant rencontrer son frère mais il rencontre Essav.

 

Verset 8

וַיִּירָא יַעֲקֹב מְאֹד, וַיֵּצֶר לוֹ; וַיַּחַץ אֶת-הָעָם אֲשֶׁר-אִתּוֹ, וְאֶת-הַצֹּאן וְאֶת-הַבָּקָר וְהַגְּמַלִּים--לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Vayira Ya'akov me'od

Jacob a eu très peur

Vayetser lo

Et il fut dans l’angoisse

Vayachats et-ha'am asher-ito

ve'et-hatson ve'et-habakar vehagmalim lishneh machanot

Et il sépara le peuple avec lui.

 

Les enfants de Leah et les enfants de Rachel ont été séparés et il y a deux camps. C’est parallèle au 2 camps en haut. En bref : les enfants de Léah sont les enfants d’Israël d’Erets Israël, les enfants de Rachel sont les enfants d’Israël de la Golah.

 

Alors, ces derniers jours où les Juifs de la Golah était dans l’angoisse parce que Beit Le’hem était en Erets Israël. Dans quelques jours ce sera de nouveau l’étranger.

 

Midrash : Rachel est enterrée sur le chemin de l’exil pour prier pour les enfants d’Israël de l’exil. Or, si le tombeau de Rachel est en Israël, il n’y a plus de prière pour les Juifs de la Golah. Il faut être content que Beit Le’hem soit redevenue arabe tant qu’il y a des Juifs en Golah.

 

Jacob sépare son peuple en deux :

Jacob est le nom d’Israël dans l’exil. Israël est le nom que Jacob reçoit quand il revient.

Nous savons que c’est le même peuple, c’est Jacob qui est Israël, mais c’est à deux niveaux de réalités différentes.

 

Par conséquent, le fait que nous sachions que c’est le même peuple, à tel point que Jacob dans l’exil se nommait Israël, or nous les juifs nous sommes Jacob. C’est en revenant d’exil que l’on reçoit le nom d’Israël. Redescendant de nouveau en exil. il reprend le  nom Jacob. Au bout de 2000  d’exil, le peuple juif change de nom et s’appelle Israël.

 

Il y eut un temps où le mot de juif était une insulte énorme. Subitement, Israël fait trembler le monde entier. C’est assez mystérieux mais c’est très rassurant.

 

Beaucoup de gens du monde entier sont persuadés qu’Israël est un pays colossal. On leur montre la carte et ils ne veulent pas le croire. Surtout les Asiatiques et les Africains.

 

Jacob face à Esaü pris de cette crainte dans sa prière va séparer son peuple en deux. Et il va dire de manière imprudente : si l’un des deux camps est détruit qu’au moins subsiste l’autre en rescapé.

 

Midrash Hagadol – un Midrash yéménite – sur le verset 11:

Une partie de la prière de Jacob.

 

 קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים, וּמִכָּל-הָאֱמֶת, אֲשֶׁר עָשִׂיתָ, אֶת-עַבְדֶּךָ:  כִּי בְמַקְלִי, עָבַרְתִּי אֶת-הַיַּרְדֵּן הַזֶּה, וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Katonti mikol ha’hassadim oumikol-ha'emet

Je suis trop petit pour toute charité et toute vérité

Asher asita et-avdecha ki vemakli avarti et-haYarden hazeh.

Que tu as fait avec moi, car avec mon bâton j’ai traverse ce jourdain

Ve’atah hayiti lishney machanot.

Et maintenant je suis devenu deux camps.

 

Verset 12 :

הַצִּילֵנִי נָא מִיַּד אָחִי, מִיַּד עֵשָׂו:  כִּי-יָרֵא אָנֹכִי, אֹתוֹ--פֶּן-יָבוֹא וְהִכַּנִי, אֵם עַל-בָּנִים

Hatsileni-na miyad a’hi miyad Esav

Sauve-moi donc de la main de mon frère de la main d’Essav

ki-yare anokhi oto pen-yavo vehikani em al-banim.

Car j’ai peur de lui, de peur qu’il ne vienne et ne me frappe la mère sur les enfants.

 

Voilà ce que Jacob sait de l’identité de son frère Esaü : Il est capable d’assassiner la mère sur les enfants. Et pourtant c’est son jumeau ! Quand Jacob est à l’envers de lui-même il peut devenir Esaü.

 

Il y a une autre lecture que nous pouvons relier à l’actualité que nous sommes en train de vivre :

C’est la fin du verset 11 lu avec le début du verset 12 :

 

וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

הַצִּילֵנִי נָא

Ve’atah hayiti lishney machanot.

Et maintenant je suis devenu deux camps.

Hatsileni-na...

Sauve-moi...

 

S’il y a dualité chez Jacob alors Esaü est le plus fort. Or, c’est exactement ce que nous sommes en train de vivre, le peuple d’Israël en train de se séparer en deux camps. Alors cela profite à Esaü.

Cette séparation en deux c’est celle des Bnei Leah et des Bnei Ra’hel, cette séparation est dangeureuse. Voila qu’elle était la stratégie de Jacob.

 

Verset 32:9

וַיֹּאמֶר, אִם-יָבוֹא עֵשָׂו אֶל-הַמַּחֲנֶה הָאַחַת וְהִכָּהוּ--וְהָיָה הַמַּחֲנֶה הַנִּשְׁאָר, לִפְלֵיטָה

Vayomer im-yavo Esav el-hamachaneh ha'achat

Et il dit : Si Esaü vient sur un 1er camp

Vehikahou

Et le frappe

Vehayah hamachaneh hanish'ar lifleytah.,

Et sera le camp restant rescapé…

 

Le verset parle par lui-même. Il y a eu chez les Juifs de la Galout cette attitude. Si à Dieu ne plaise, Israël disparait, la Galout restera.

 

Midrash hagadol sur ce verset qui dit:

וְהָיָה הַמַּחֲנֶה הַנִּשְׁאָר, לִפְלֵיטָה

« vehayah hama’haneh hanish'ar lifleytah » zeh Bnei Ra’hel beenou meihagolah

 

C’était l’argument des Juifs de ‘Houts Laarets : ne pas mettre tous ses oeufs dans un même panier : si jamais Israël est détruit, il faudra la diaspora pour accueillir les réfugiés….

 

Voici donc la 1ère étude :

Une dualité des Malakhim de ‘Houts Laarets et des Malakhim d’Erets Israël selon l’environnement spirituel de Jacob, cela se reflète sur le peuple même de Jacob, Bnei Ra’hel ou Bnei Leah, dans la stratégie de Jacob vis à vis d’Esaü.

 

Q :

R : non l’analogie ici est du niveau drash. Du point de vue du pshat, ce qu’il y a dans la crainte de Jacob est très profond : Leah a été promise à Esaü et Rachel a été promise à Jacob. La matrice des engendrements d’Israël se trouve chez Jacob, alors il a peur de perdre cela dans la rencontre avec  Esaü. La question est importante.

 

J’explique en reprenant un peu le rêve d’Isaac dont la Torah nous dit qu’il était aveugle au moment de la substitution des bénédictions. Je dirais plutôt qu’il fermait les yeux. Isaac savait très bien qui était qui. Au niveau pshat dans le texte, la manière dont Esaü parle et la manière dont Jacob parle sont différentes et Isaac a très bien compris lequel était là. Mais il ferme les yeux parce que son idéal est ainsi : Dieu a créé un monde où il y a deux tâches différentes pour l’homme : les tâches spirituelles et les tâches matérielles. Elles sont tellement incompatibles que la stratégie de la Providence pour faire exister Israël est de faire exister deux jumeaux.

L’un qui prendra sur lui les tâches matérielles et l’autre qui prendra sur lui les tâches spirituelles. S’il y a amour entre les frères les deux sont sauvés s’il n’y a pas amour entre les frères, les deux sont perdus. Or, le plan d’Isaac est très simple : Esaü a pour vocation la matière et il sera béni de la bénédiction de la matière et il partagera avec Jacob. Jacob a pour idéal les tâches spirituelles le Monde-à-Venir, il sera béni de la bénédiction spirituelle et il partagera avec Esaü : il y a deux bénédictions en jeu dans la Parashah de Toldot.

 

Mais Rivqah savait que cela ne pouvait pas marcher.

 

Que le Rashâ n’aime pas le Tsadik se comprend aisèment. Mais le vrai drame c’est que le Tsadik n’aime pas le Rashâ. Rebeccah savait deux choses : Esaü n’aime pas Jacob et Jacob n’aime pas Esaü. Il faut être Israël pour que cela se résolve : il faut être capable des deux vocations pour que cela se résorbe.

 

Actuellement, nous avons deux polarités de l’identité d’Israël, les ‘hilonim qui s’occupent des tâches  matérielles et puis les datiim qui s’occupent des tâches spirituelles, mais il y a, grâce à Dieu, les sionistes religieux mitnaguim qui s’occupent des deux : c’est cela Israël. C’est cela qu’Israël est en train de réussir. Quand c’est le Rosh Yeshivah qui est capable d’être général et quand le général est capable d’être Rosh Yeshivah.

 

 Ceux qui se vouent à l’esprit ne doivent faire que cela pour que cela réussisse. 24h/24 sinon c’est amateur. Ceux qui font des mathématiques doivent en faire que cela, sinon c’est amateur. Celui qui est capable de faire les deux : mathématiques et guémara c’est surhumain. (Rav Zinni de ‘Haïfah).  

 

La stratégie de la Providence pour résoudre le problème est de faire naître deux jumeaux : Issakhar et Zévoulon, matière et esprit ensemble. C’est le rêve d’Isaac. Rivqah sait que cela ne marchera pas car ils ne s’aiment pas.

 

Que le Rashâ n’aime pas le Tsadik on le comprend. Mais pourquoi le Tsadik n’aime-t’il pas le Rashâ ? Parce qu’il suffirait que le Tsadik aime le Rashâ pour que cela s’arrange ?

 

Ma propre expérience : Un jour un juif me voulait du mal, et j’ai demandé à mon Rabbi que faire. Il m’a dit : « aime-le ! » Cela parait énorme mais cela a marché. Il faut réaliser le verset « veahavtah reakhah kamokha » pour lui. Je l’ai fait et trois jours après il est venu pour faire la paix...

J’ai accepté parce que le rabbi l’avait décidé. Dix ans après j’ai compris.

 

Q : Le problème du monde sioniste religieux qui fait des comités de sélection pour savoir qui rentrera dans les écoles...

R : toutes les lumières ont des zones d’ombres, toutes les monnaies ont des fausses monnaies. Il y a partout de la contrefaçon. Ce n’est pas que le problème des comités de sélection, il y a aussi les écoles ségrégatives. Il y a cet élitisme qui est un danger sérieux. (En français : Qu’est ce qu’un juif ? il sera élite…)

 

Q : si elle savait qu’ils ne s’aiment pas pourquoi ne pas

R : il suffit de savoir qu’à cet instant précis de leur vie ils ne s’aiment pas pour savoir qu’ils ne s’aiment pas. La réalité est là ils ne s’aiment pas !

A un autre niveau un enseignement ‘hassidique sur Parashat Toldot : chapitre 27 verset 41

 

וַיִּשְׂטֹם עֵשָׂו, אֶת-יַעֲקֹב, עַל-הַבְּרָכָה, אֲשֶׁר בֵּרְכוֹ אָבִיו; וַיֹּאמֶר עֵשָׂו בְּלִבּוֹ, יִקְרְבוּ יְמֵי אֵבֶל אָבִי, וְאַהַרְגָה, אֶת-יַעֲקֹב אָחִי

Vayistom Esav et-Ya'akov al-habrachah asher berakho aviv vayomer Esav belibo yikrevou yemey evel avi ve'ahargah et-Ya'akov a’hi.

Et Esaü haït Jacob à cause de sa bénédiction que son père avait béni…

 

D’après le Pshat habituelle : Esaü hait Jacob à cause de la bénédiction que le père de Jacob avait donné à Jacob. Mais le pshat est autre : à cause des Taamim.

Vayistom Esav et-Ya'akov al-habrachah asher berakho aviv

Et Esaü haït Jacob à cause de sa bénédiction (à lui Esaü) dont son père (à lui Esaü)

L’avait béni (lui Esaü)…

 

Quand Isaac s’aperçoit que la bénédiction avait été prise par Jacob alors il dit à Esaü : ”Tu vivras de ton épée ». Et Esaü haït Jacob parce qu’il devra vivre de son épée et que ce n’est pas moral...

 

Un verset des Psaumes (lu min’hag de Shabat le shabat aprés-midi dans le rite Séfardi) :

« Les lionceaux rugissent pour tuer leur proies et pour demander à Dieu leur nourriture. »

La fin est contradictoire avec le début du verset qui dit qu’ils rugissent de jouissance de déchirer leur proie… 

Lecture ’Hassidique : les lionceaux se plaignent d’avoir à déchirer pour manger et ils préféreraient demander de Dieu leur nourriture directement.

 

D’une certaine manière la colère d’Esaü contre Jacob, c’est qu’Esaü doive vivre de son épée parce que Jacob a pris la bénédiction. Il faut alors consoler Esaü de cela.

La vision historique c’est le peuple juif et Rome.

Rome c’est la civilisation qui vit de son épée : Pax Romama l’art de la guerre.

La civilisation de Rome fondée par Romulus et Romus : le frère qui tue le frère : Touval-Qaïn qui fabrique les armes. Alors que pour la Torah le frère qui tue le frère est condamné. Romus assassin de son frère est lui félicité pour avoir fondé la cité par la suppression du frère.

 

Ce Romain, et j’ai en tête tout l’esprit de la religiosité chrétienne, c’est la religion d’amour du prochain mais c’est la société guerrière. L’inquisition est le fait des prêtres chrétiens : la religion d’amour du prochain. Il faut finalement les consoler de cela : imaginez ce qui se passe dans l’âme d’un romain  d’être obligé de fabriquer des tanks parce que Jacob a pris la bénédiction !

Il faut que Jacob arrive à aimer Esaü.

 

Hebel n’a pas réussi à éduquer Qaïn, peut être est-il inéducable. Il ne faut pas s’entêter à rester chez Qaïn pour lui apprendre « tu aimeras ton prochain comme toi-même » sinon cela aboutit à la Shoah.

 

Je suis persuadé que Qaïn reste inéducable. A l’échelle collective, les nations sont des monstres froids. A l’échelle individuelle, il y a des hommes qui sont saints, des ’Hassidei Oumot HaOlam qui ont compris le « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

 

Il faut se poser la question suivante : pour ces quelques ’Hassidei Oumot HaOlam cela valait-il la peine toute cette histoire du massacre du peuple juif pendant 2000 ans ? Parce qu’on n’a pas changé les nations ! On a communiqué à des individus qui sont les saints des Goyim mais combien sont-ils ? Est-ce que cela fait le poids ? Je n’ai pas de réponse. Je crois qu’on s’est trompé de stratégie et que ce n’est pas ainsi qu’il fallait éduquer les Goyim.

 

Q : Abraham Avinou n’a pas peur de faire la guerre contre Nimrod superpuissance mais ici Jacob a peur contre Essav ?

R : Israël n’a pas peur de faire la guerre, c’est Jacob qui a peur.

 

< fin >

 

***

 

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6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 17:54
Vayishlah 1995

 

 http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1995/cours_1

Face A

 

Si vous avez des questions à poser sur la Parashah ?

Q : On comprend bien à un moment qu’Ishmaël a fait Teshouvah quelle était sa faute ?

R: la haine contre Ist’haq.

Q: C’est marqué ?

R: Cela se déduit du texte.

Q: Pour Essav c’est plus clair c’est écrit ?

R : Essav a fait une moitié de Teshouvah : vis-à-vis de son père, non de sa mère.

Pour Ishmaël c’est Parashat ‘Hayey Sarah chapitre 25:8-9

A la mort d’Abraham :

 

וַיִּגְוַע וַיָּמָת אַבְרָהָם בְּשֵׂיבָה טוֹבָה, זָקֵן וְשָׂבֵעַ; וַיֵּאָסֶף, אֶל-עַמָּיו

Vayigva vayamot Avraham beseyvah tovah zaken vesavea vaye'asef el-amav

Abraham défaillit et mourut, dans une heureuse vieillesse, âgé et satisfait; et il rejoignit ses pères.

 

וַיִּקְבְּרוּ אֹתוֹ יִצְחָק וְיִשְׁמָעֵאל, בָּנָיו, אֶל-מְעָרַת, הַמַּכְפֵּלָה:  אֶל-שְׂדֵה עֶפְרֹן בֶּן-צֹחַר, הַחִתִּי, אֲשֶׁר, עַל-פְּנֵי מַמְרֵא

Vayikberu oto Yitschak veYishma'el banav el-me'arat haMachpelah el-sedeh Efron ben-Tsohar hachiti asher al-peney Mamre.

Il fut inhumé par Isaac et Ismaël, ses fils, dans le caveau de Makpéla, dans le domaine d'Efrôn, fils de Çohar, Héthéen, qui est en face de Mambré

 

Le fait qu’Ismaël laisse passer Isaac devant lui montre qu’il a fait Teshouvah vis-à-vis d’Isaac. Il suffit de voir quel est le contexte. Cela se passe à ’Hévron et Ishmaël revient de Mitsraïm, où il se trouvait avec Agar, pour l’enterrement d’Abraham ; et il fait passer Isaac devant lui et donc il reconnait qu’Isaac est chez lui à ’Hévron. On n’en est pas encore là mais toutes les données du problème sont en place. Ne pas oublier que Qriat Arba a été fondée par Mosheh Dayan pas par le Likoud. Quoiqu’il en soit ce qu’annonce la Torah dans la vie de Patriarches, c’est que lorsqu’Ishmaël reconnait qu’Israël est chez lui sur la terre d’Abraham, c’est là qu’Ishmaël a fait Teshouvah. Et il disparait. Ce sont des choses qui nous dépassent, qui dépassent non pas notre entendement mais notre expérience. Que peut signifier cet enseignement que ce que représente Ishmaël dans l’histoire, c’est-à-dire l’islam, va disparaître ? De même l’espérance et la prophétie qu’à la fin des temps les Goyim reconnaîtront le Dieu d’Israël ? Qu’est ce que cela peut signifier ? Ce n’est que lorsque les événements arriveront que l’on sera capable de les diagnostiquer.  

Le fait que les événements soient annoncés est le déroulement des conséquences de ce qui se passe dans les commencements de chaque époque historique. Et par conséquent, à partir du moment où l’époque d’un processus historique tel que que les Prophètes l’ont découpé dans l’histoire du temps, est déclenché, alors il se déroule jusqu’à son achèvement mais personne ne sait comment, sous quelle forme, et dans quel détail...

Maîmonide l’a codifié dans le Mishnei Torah : tout ce que les Prophètes ont prophétisé est pour la fin des temps (de l’exil et du retour à Sion et non dans la perspective de fin du monde comme dans la lecture chrétienne).

 

On avait étudié une fois la raison pour laquelle Ishmaël a été séparé d’Isaac : Sarah a vu qu’il était Métsa’heq, il riait au présent, alors que Yits’haq « il rira », est le rire au futur. ‘Hazal mettent en évidence le contenu de ce rire : les trois grandes fautes :

Guilouï arayot.

Shif’hout damim.

Avodah zara.

Celui qui se satisfait du monde tel qu’il est au présent, avec son bien et son mal, est sur le chemin d’être Rashâ.

Avodah Zara dans la relation avec Dieu. 

Shif’hout Damim dans la relation à autrui.

Guilouï Arayot dans la relation à sa propre dignité.

 

Etre celui qui rit au présent c’est être dans le cas de devenir le Rashâ de ces 3 catégories.

 

Il faut comprendre pourquoi les 2 enfants d’Abraham sont nommés d’après le rire. Its’haq le rire au futur : quand le monde sera tel qu’on aura le droit de rire. Et Ishmaël celui qui rit au présent. Cela nous explique sa disqualification. Ils ont en commun le rire. Abraham a enseigné que le monde possède un Créateur. Donc le salut est possible, donc la joie est possible, donc le rire est possible...

Les deux connaissent cela mais de deux manières radicalement différentes. L’un dans la perspective messianique de la fin des temps c’est Its’haq « Il rira » au futur. L’autre qui se satisfait de l’état du monde dans son état présent. Ce qui reste compatible avec la théologie musulmane. 

Il y a un abime entre ces deux fois d’Abraham. La première qui est celle encore araméenne (de Abram) dont a hérité Ishmaël : se satisfaire du monde tel qu’il est, remerciant le Créateur pour le monde tel qu’il est maintenant : Olam Hazé. Ce n’est pas la foi d’Israël pour lequel le Créateur a créé Olam Hazéh comme Prozdor antichambre, vestibule, du Olam haba. En réalité, Dieu a réduit le Olam haba et l’a réduit aux dimensions de Olam hazéh et en cela il s’est détraqué de telle sorte que l’on puisse le mériter et aller vers Olam haba. Rien à voir avec l’islam qui reconnait le monde tel qu’il est comme créé. Il y a bien sûr un monde tel qu’il est transfiguré qui est le paradis d’Allah.

 

Rabbi Shimon bar Yo’haï qui cite l’enseignement de ses maîtres concernant les trois fautes va objecter en disant : comment est-il possible que dans la maison d’un tel Tsadik comme Abraham il y ait de telles fautes ? Cela nous enseigne que quand Ishmaël est dans la maison de son père, il n’est pas comme cela, et que le rire n’est que celui de la controverse avec Isaac.

Si la controverse avec Isaac cesse, Ishmaël a achevé sa Teshouvah.

On est en plein dans la problématique en question. La grande cassure de la société israélienne actuelle c’est que la moitié, voire l’immense majorité, du peuple, attend qu’Ishmaël fasse Teshouvah, alors que l’autre moitié a décidé que c’est Israël qui doit faire Teshouvah vis-à-vis de Arafat… (rires…)

Le 1er sionisme qui avait pour objectif de faire un état juif en Erets Israël vient de s’achever.

Le 2ème sionisme qui vient d’apparaitre a pour objectif de faire un état arabe en Israël…

 

Ceci dit pour Essav la Teshouvah n’a pas la même issue puisque Ishmaël Tsadik est une notion cohérente : Ishmaël n’a pas à devenir Israël pour être Tsadik. Il peut l’être en faisant Teshouvah.

Or, Ishmaël fait Teshouvah vis-à-vis d’Abraham avec l’islam mais il lui manque la Teshouvah vis-à-vis d’Isaac. Tandis que si Essav fait Teshouvah il devient Jacob et disparait en tant qu’Essav. Essav Tsadik n’existe pas. Cela c’est Israël par Joseph. C’est pourquoi notre conflit avec la chrétienté n’a pas du tout la même problématique qu’avec l’islam.

Le conflit avec l’islam s’arrange dès que la terre Israël est reconnue comme la terre des Juifs.

Avec la chrétienté cela s’arrangera si les Juifs sont reconnus Israël comme tel. Et non pas les Romains.

 

Par conséquent, dans notre discussion avec les chrétiens, le problème est qu’ils se reconnaissent comme une diaspora d’Israël pour les Goyim mais pas comme Israël. Avec l’islam il n’y a pas de dialogue, cela n’existe pas. Tous les dignitaires capables de nous parler ont une peur terrible de se faire massacrer le lendemain. Si un jour il y a un dialogue il portera sur Erets Israël.

L’islam devra aménager sa théologie pour admettre que dans le monde il y a un état juif. Ce qui est un blasphème absolu pour eux puisque le monde doit être tout entier un état musulman.

 

Jacob et Esaü sont nés jumeaux. L’un a mal tourné mais s’il se retourne il redevient le jumeau de Jacob. Et le jumeau de Jacob c’est aussi Israël. La preuve c’est qu’ils se prennent pour Israël. Il y a quantité de commentaires du moyen-âge où les chrétiens définissent les Juifs comme Esaü.

 

Vayishla’h :

 

2 points d’étude :

 

les Malakhim que Jacob va envoyer à Esaü pour tenter de faire la paix alors qu’Esaü se prépare à la guerre : on voit à quel point cela ressemble aux événements de notre temps. Le sionisme commence avant mais avec les Juifs d’après la Shoah ces délégations ont eu lieu. Je vous cite quelques noms : Golda Méïr en Jordanie pour discuter avec Hussein : gaffe diplomatique vis-à-vis des arabes : on envoit une femme alors ils ont dit non. Avant même la formation de l’état d’Israël, il y a eu des tentative de dialogue et d’accord entre l’agence juive et les dignitaires arabes de la région dont la plupart étaient très favorables à un état sioniste au moyen orient, sachant que cela aménerait la propérité pour les arabes et puis cela a mal tourné. Parce que je crois que les chrétiens surtout anglais ont voulu l’empêcher. A la tête de la ligue arabe, un officier anglais... etc.  On verra la prière de Jacob à ce moment-là.

 

la lutte avec l’ange d’Esaü et la nomination du nom Israël et la confirmation par Dieu lui-même.

 

Chapitre 32  verset 4 :

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו, אֶל-עֵשָׂו אָחִיו, אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה אֱדוֹם

Vayishla’h Ya'akov mal'akhim lefanav

Et Jacob envoya des malakhim des envoyés des missionaires (chargés de mission avec le mot de melakhah soujacent) devant lui…

 

Mal’akhim:

Le Melekh est le « duce », le « mealekh » celui qui marche devant, le guide qui est devant

Tandis que le Malakh est un missionaire un chargé de mission, un envoyé.

Lefanav

« Devant lui » : une répétition

C’est pour dire qu’il vient après : ce n’est pas qu’il envoit une délégation.

el-Essav a’hiv Vers Essav son frère.

Midrash 1 : bien qu’il soit Esaü c’est quand même son frère

Midrash 2 : il voulait aller vers son frère mais il trouve Esaü…

Artsah Se'ir Vers Seïr.

Séïr qui est le pays de Esaü qui se trouve au Sud de la Jordanie et des deux côtés du Jourdain.

Les terres sont d’ailleurs rouges et s’appelle Edom, sûrement parce qu’elles sont férugineuses.

Sdeh Edom Le champ d’Edom.

 

On observe de suite le dédoublement des indications dans les versets :

 

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Vayetsav otam lemor

Il leur ordonna en disant

Koh tomroun ladoni le-Esav

Ainsi vous direz à mon maitre à Esaü

Koh amar avdekha Ya'akov

Ainsi a dit ton serviteur Jacob.

 

On devra élucider le pourquoi de cette appellation d’Essav par Jacob : « Adoni ».

Et Jacob se prosterne devant Esaü. Jacob Gordin qui a vécu l’exil des Juifs européens en Europe centrale de Russie et d’Allemagne a très bien décrit cela : on était en train de sortir de cela, pas complétement mais presque : une attitude de Jacob devant Esaü c’est-à-dire d’Israël en exil vis-à-vis des nations, une stratégie des courbettes, la statégie politique des Juifs de cour. Le négociateur envoyé par la commmunauté qui devait toujours adopter l’attitude d’esclave à la cour pour défendre la communauté... La même chose pour les juifs séfarades devant les sultans qui devaient commencer par embrasser la babouche du sultan…

 

Jacob se courbant devant Esaü préfigure la situation des Juifs dans l’exil. Ce n’est que depuis qu’il y a l’état d’Israël que les Juifs sont des Juifs redressés. Mais ils ont été des Juifs courbés pendant tout le temps de l’exil. Le message est très dure pour Jacob qui se prosterne devant Esaü. Et qui l’appelle « Adoni », « mon seigneur », « mon maître ».

 

Il y a un lien avec ‘Hanoukah enseigné par les commentateurs : un Juif, Mardochée, a refusé de se courbé devant Haman. Mardochée descend de Benjamin pas encore né lors des prosternations de son père et de ses frères devant Esaü. La descendance de Benjamin est celle qui nous permet de redresser la tête.

 

  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב

Koh amar avdekha Ya'akov

ainsi a dit ton serviteur Jacob:

 

De nouveau un doublet:

 

עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent…

 

De nouveau ce doublet.

 

וַיְהִי-לִי שׁוֹר וַחֲמוֹר, צֹאן וְעֶבֶד וְשִׁפְחָה; וָאֶשְׁלְחָה לְהַגִּיד לַאדֹנִי, לִמְצֹא-חֵן בְּעֵינֶיךָ

Vayehi-li shor va’hamor

J’ai acquis taureau et âne

Tson

Troupeau

Ve'eved veshif’hah

Et serviteurs et servantes

Va’eshle’hah lehagid ladoni

Et j’ai envoyé pour raconter à mon maître

Limtso-‘hen be'eyneycha

Pour trouver grâce à tes yeux.

 

Une difficulté : il veut lui envoyé une délégation de paix, or la colère et la frustration d’Esaü est à cause de la bénédiction que Jacob avait pris d’Esaü, et voilà que Jacob semble s’en vante en faisant part de sa réussite. Cela excite sa colère, c’est tout le contraire. Cela ressemble à l’insouciance des juifs en milieu chrétien.

 

En réalité ce que Jacob veut lui dire c’est que la bénédiction des biens matériel prévue pour Esaü par Isaac mais qui par la stratégie de Rivqah est donnée à Yaaoqov, les biens qui viennent du ciel et de la terre, il veut lui dire qu’il les a obtenu par son propre travail et non par bénédiction.

 

Le plan de Isaac, puisque Esaü a choisi ce monde-ci, était de le bénir pour ce monde-ci, afin qu’il partage avec Jacob ; et puisque Jacob a choisi pour le monde à venir, le bénir pour le Olam Haba qu’il partagera avec Esaü.

 

Rebbecah connait la clause d’amour fraternel qui n’est pas remplie. La mère sait que les frères ne s’aiment pas.  Restent 4 possibilités : 

 

soit Esaü reste Esaü et Jacob reste Jacob et dans les deux cas, c’est l’échec puisqu’il faut unifer ces deux mondes,

 

soit un Esaü qui se prend pour Israël : la voix c’est la voix de Jacob et les mains sont les mains d’Esaü : ce que la chrétienté a réussi dans l’histoire : la première rencontre avec un curé est la rencontre d’un romain qui parle comme un hébreux citant la bible avec une voix empruntée. Le curé citant la bible cela fait froid dans le dos, c’est la terreur d’Isaac : les chrétiens ont inversé leur croix et en ont fait une épée...

 

C’est pourquoi Rivqah réussit cela que Jacob qui a pour vocation la vie spirituelle assume aussi les tâches de la vie matérielle et c’est cela Israël. C’est le grand débat entre l’Israël des israéliens et les Juifs des communautés juives de l’exil. Ces communautés juives de l’exil se définissent comme Israël voués à l’esprit et la matière est laissée aux Goyim chez lesquels ils vivent. Alors qu’Israël c’est Jacob qui réussit les tâches de Esaü, c’est-à-dire les tâches matérielles en tant qu’il est Israël. Le niveau Jacob et le niveau Israël sont toujours en tension : quand Jacob a peur des tâches matérielles, c’est le juif du ghetto. Lorsque Jacob réussit les tâches d’Esaü et reste Tsadik c’est Israël.

 

Le Gaon de Vilna a fait lire le verset dans ce sens là ; « haqol qol Yaaqov ve hayadim zeh ha Essav, zeh hou Israël » lorsque la voix c’est la voix de Jacob et les mains sont les mains de Esaü, les deux sont kashers c’est cela Israël.

 

Ces deux tâches dans la descendance de Jacob  sont réparties entre Judah et Joseph. Joseph a fait la preuve qu’on peut être un Esaü Tsadik c’est pourquoi il est appelé dans le Midrash « Sitno shel Essav ». Le Satan, l’adversaire de Esaü.

 

Essav est disqualifé tant que nous avons Joseph – c’est-à-dire l’homme de la matière mais Tsadik. Alors que Judah c’est l’homme de l’esprit. Et il faut que les deux soient ensemble pourqu’il y ait Israël. Judah séparé c’est le ghetto, Joseph séparé c’est le kibouts... Mais s’il y a les deux c’est Israël.

 

Rashi :

Vayishla’h Yaaqov Malakhim

Dans le Midrash, il y a une controverse.

1er enseignement, et 1ère thèse du midrash : Malakhim => shilou’hei bassar vadam des envoyés de chair et de sang. 2ème thèse : Malakhim Mamash.

Et Rashi choisi cet enseignement sans citer l’autre.

 

Question de méthode :

Quand il y a une controverse, que ce soit dans le Talmud ou dans le Midrash, c’est toujours la 1ère thèse qui est le Pshat. La controverse, à cause de causes à élucider, vient changer le sens et le remet à un niveau supérieur. Par exemple Beit Hillel et Beit Shamaï: le 1er enseignement est de Bet Shamaï et Beth Hillel s’oppose.

 

Ici, par conséquent, il faut traduire Malakhim par « envoyés de chair et de sang ».

Rashi cite Malakhim Mamash.

Il faut comme le font la plupart des commentateurs, justifier ce qui amène à ce 2nd enseignement : pourquoi des Malakhim Mamash ? C’est à cause de ce qui se passe avant.

 

2 versets précédents au début du chapitre 32 lorsque Jacob revient de chez Laban:

32 :2

וְיַעֲקֹב, הָלַךְ לְדַרְכּוֹ; וַיִּפְגְּעוּ-בוֹ, מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים

VeYa'akov hala’h ledarko

Et Jacob alla sur son chemin

vayifge'ou-vo mal'akhey Elohim.

Et le heurtèrent des anges de Dieu.

 

Si la Torah a ici tenu à dire Malakhei Elohim pour dire des anges, alors c’est que Malakhim stam c’est bassar va dam. Cela justifie le 1er pshat du Midrash.

Seulement justement le Midrash va revenir en disant Malakhim mamash, parce que Jacob a envoyé de ces Malakhim-là à Esaü donc il s’agit bien de Malakhim mamash.

Et par conséquent, il faut maintenant justifier le Pshat : que voudrait dire Shilouh’ei Bassar VaDam ?

 

32 :3

וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב כַּאֲשֶׁר רָאָם, מַחֲנֵה אֱלֹהִים זֶה; וַיִּקְרָא שֵׁם-הַמָּקוֹם הַהוּא, מַחֲנָיִם

Vayomer Ya'akov ka'asher ra'am

Et Jacob dit lorsqu’il les vit

Machaneh Elohim zeh

C’est un camp de Dieu

Vayikra shem-hamakom hahou Machanayim.

Et il nomma le nom de cet endroit ma’hsnayim (au duel).

 

Ma’haneh le camp 

Ma’hanayim les camps (au duel)

Rashi explique : parce qu’il y avait deux sortes d’anges : ceux d’Israël qui venaient accueillir Jacob et ceux de ’Houts Laarets qui avaient accompagné Jacob dans son retour. Il y avait un camp des Malakhim d’Erets Israël qui l’accueille et le camp de Malakhim ’Houts Laarets qui remontent et le camp des Malakhim qui viennent accueillir Jacob et qui descendent.

 

Ce sont ces Malakhim dans la logique de cette explication de Rashi que Jacob avait vu sur l’échelle. Dans l’échelle des anges (chapitre 28) la difficulté était que sur l’échelle les anges descendaient et montaient. Là-bas les anges de ‘Houts Laarets descendaient pour prendre Jacob avec eux et les anges de Erets Israël remontaient.

 

Problème : qu’est-ce qu’un ange ? Pourquoi une différence entre les anges de Erets Israël et les anges de ‘Houts Laarets ?

 

Une des explications de la Kaballah :

C’est une des notions les plus mystérieuses du Miqra.

Il y a une difficulté à comprendre la Torah même en comprenant l’hébreu.

Sans l’hébreu cela reste un mystère que les Goyim lisent et ils en comprennent ce qu’ils en comprennent…

 

Rabbi Akiba sur le 3ème verset de Shir HaShirim :

לְרֵיחַ שְׁמָנֶיךָ טוֹבִים, שֶׁמֶן תּוּרַק שְׁמֶךָ; עַל-כֵּן, עֲלָמוֹת אֲהֵבוּךָ

La bien-aimée dit au bien-aimé :

« Quant au parfum tes huiles sont bonnes et c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment » 

Les jeunes femmes ? Les Goyim.

 

Il raconte l’apologue suivant : 

Il va quand même chez le parfumeur et pendant que quelq’un d’autre achète, le parfumeur transvase d’un vase à l’autre et celui qui n’avait pas d’argent respire quand même le parfum. L’huile du parfum, il ne l’a pas mais le parfum de l’huile il l’a. Il y a donc un parfum du Miqra qui atteint les Goyim qui de loin ont respiré que le salut passe par là…

 

De Béreshit aux versets suivants, c’est incompréhensible. Encore plus si on lit ces traductions qui sont toutes fausses…  Il faut lire en hébreu.

 

La Bible parle des anges.

Et personne ne sait ce qu’est un ange, même pas les peintres italiens qui ont peint des Séraphins, et pourtant on fait comme si on comprenait... 

 

Un définition théologico-philosophique et une explication de la Kaballah :

L’ange c’est la volonté du Dieu Un qui s’applique à tel ou tel phénomène. L’ange de la guérison c’est Dieu lui-même s’occupant de guérir les malades. Il y a Tsimtsoum, réduction diminution sur un point de la Présence de la Providence, et ce point qui concerne tel ou tel phénomène ou tel ou tel homme...

…/…

lire la suite ici

****

 

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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 10:30

Vayishla’h 1971 - 3ème partie.

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1971/cours_1

Face C

 

Rashi ajoute Davar A’her une 2ème explication :

J’ai séjourné chez Laban le Rasha, « l’homme blanc », et malgré cela je n’ai pas été influencé par lui, et Rashi ajoute en citant un Midrash « Tariag Mitsvot Shamarti et j’ai préservé les 613 commandements ». Garti « j’ai séjourné » guématria Tariag = 613

 

Imaginons à quelle pression nous avons été soumis chez Laban chez les blancs qui nous ont fait passé des nuits blanches comme dit Jacob : « même la nuit je n’ai pas dormi !». Et malgré cela nous sommes revenu avec un Shoukhan Aroukh sous le bras, 2000 ans après un voyage dans une telle civilisation. Faites attention á chaque terme : Shamarti j’ai préservé et non pas j’ai pratiqué : les Juifs n’ont pas pratiqué la Torah dans la Galout, ils l’ont préservé pour ensuite la ramener.

 

Q : mais la Torah n’est pas encore donnée ?

R : Il y a une explication du Midrash : Torah= 611 + les deux premiers du Sinaï ( Anokhi + vélo yiyeh lekha entendus par le peuple qui n’a plus supporté d’entendre les suivant et qui a demandé à Moïse d’être intermédiaire) le Dieu unique et l’idolatrie = 613. Si Jacob comprend ce que doit être la Torah, il sait qu’il doit y avoir 613 commandements. Il  y a d’autres manières de le montrer.

 

C’est préfiguratif de notre histoire.

Israël en Galout n’a pas vraiement pratiqué l’ensemble des 613 commandements mais seulement qurlques uns,  mais il les a préservé et les a ramené en Israël. Ce Rashi éclaire la portée de notre propre histoire :

C’est un effort gigantesque de vivre 2000 ans de clandestinité chez les Goyim comme nous les avons vécu et de s’en sortir avec la Torah et la ramener.

 

Pourquoi y a-t-il deux Rashi ?

On comprend très bien que Rashi pousse lui aussi la logique du texte. Il y a dans chacunes de ces paroles deux niveaux :

L’un qui concerne Esaü sur terre : « Je n’ai pas été autre chose qu’un métèque !»

L’autre qui concerne l’en-haut : « Je peut être appelé Israël car j’ai réussi à être le juif de l’exil et de ramener malgré tout le Shoulkhan Aroukh ! »

 

Q : Lors du combat avec l’ange, Jacob savait à l’avance qu’il le vaincrait qu’il serait Israël puiqu’il est Jacob qu’il doit lutter contre l’ange parce qu’il n’a pas lui-même de Sar ?

R : Cela c’est nous qui le savons et c’est cela le mérite des pères : il fallait à chaque étape inventer la suite. Exemple avec le sacrifice d’Isaac : on peut facilement argumenter que Abraham savait que Dieu allait l’arrêter ? Nous nous le savons, mais précisément Abraham, lui, ne le savait pas ! D’où son incompréhension et sa perplexité ! Un Midrahs dit que le Satan lui parle pour semer le doute dans son esprit pour lui démontrer que ce n’est pas Dieu mais le Satan qui lui a parlé… Le Satan se fait prendre pour Dieu en disant que c’était le Satan qui lui a donné cet ordre…  

Abraham le fait taire en disant qu’il sait ce que Dieu lui demande. La réponse est très forte d’ailleurs. Abraham est vraiment troublé par le fait que l’enfant de la promesse doit être sacrifié.  On pourrait penser que ce n’est pas celui-là mais un autre ? Mais le texte dit précisément « ton fils, ton unique, ton aîné, celui que tu aimes, Isaac... »

C’est justement une épreuve. Si Abraham est capable de rendre son fils alors il est à lui. C’est pour cela que dès qu’il fait le geste d’accepter, Dieu intervient : « ne fait rien à l’enfant » maintenant Je sais que c’est à toi...

Nous sommes dans cette seconde épreuve : celle d’Isaac : l’épreuve que le don de l’être que l’on a reçu, il faut en payer le prix. Quel autre prix payer que l’être lui-même ? Quel substitut on peut donner que l’être que nous avons reçu ?

Quelque soit nos mérites, ils ne contrebalancent pas le fait d’être puisque l’être préexiste à tout mérite. Par conséquent, si nous avons Pidyon Nefesh à payer le prix de notre être, il n’y a pas d’autre prix que notre être lui-même. Mais ce que Dieu nous demande ce n’est pas qu’on lui rende notre être, ce qui n’aurait aucun sens puisque c’est lui qui nous l’a donné. C’est tout à fait autre chose. A partir du moment où par un acte de volonté on serait prêt à le rendre, et il faut le faire, et si c’est sincère, c’est comme si on le rendait. C’est pourquoi c’est dramatique : alors à ce moment précis c’est acquis. Seulement pendant qu’on se trouve dans la péripétie on a vu vraiment.

 

En réalité toute la vie de ce monde-ci avec toutes ces terreurs, ces angoisses et ces doutes c’est un cauchemar et pas autre chose, mais c’est un cauchemar qui est vécu vraiment. Il faudrait analyser cela plus longuement.

 

Par exemple, Dieu dit à Jacob : « n’ai pas peur !»

A qui Dieu peut-il demander cela si ce n’est à celui qui est censé ne pas avoir peur ? Ou bien á quelqu’un qui est censé avoir peur ? Jacob ne doit pas avoir peur, mais c’est lui qui a peur. Et sa peur est vraie. Mais on sait d’autre part, et à postériori, ou même avant que au bout de cette peur, il n’y avait pas à avoir peur. Mais pendant qu’il est occupé à la peur, il a peur…

 

Midrash : au jugement dernier les Tsadikim auront peur et les Reshayim auront peur.

Les Tsadikim auront peur parce qu’en se retournant ils verront qu’ils ont traversé un immense précipice, ils seront effrayé de voir ce dont ils ont le courage de faire. Les Reshayim auront peur parce qu’en se retournant ils verront qu’il n’y avait qu’un fil à passer et qu’ils ne l’ont pas passé. 

 

C’est-à-dire qu’en réalité il n’y a qu’un fil à passer. Tant qu’on l’a pas passé c’est un précipice.

Alors on a peur ! Mais dés qu’on l’a passé on voit que ce n’était qu’un fil.

 

Jacob, occupé à lutter contre l’ange a peur beaucoup nous dit le texte. Et une fois vainqueur il est devenu Israël.

 

C’est cela la péripétie même de la vie.

 

Q : mais il a toujours peur d’Essav ?

R : Sauf quand il devient Israël, il n’a plus peur, mais les autres ont peur de lui.

Il faut se rendre compte de la panique que représente Israël dans le monde aujourd’hui. Parce que le monde entier reconnait, même sans voir lu la Bible, que c’est cet être qui est capable de « lutter contre les puissances célestes et contre les hommes et de pouvoir le faire ».

 

Q : inaudible

R :

Jacob lutte d’en-bas contre le Sar de Essav en haut et Dieu attend que Jacob gagne finalement contre lui-même puisque le Sar de Essav c’est aussi Dieu. C’est dire si l’épreuve est sérieuse. Ce n’est pas un effet de style littéraire, c’est la réalité que nous vivons à l’extérieur dans notre confrontation aux puissances des civilisations qui sont des mythes vivant qu’elles véhiculent etc... Abraham déjà avait réussi à détruire les idoles, c’est ce qu’Israël fait à travers l’histoire. Nous luttons contre des forces réelles.

 

Q :

R : Un Midrash pose votre question. Le texte dit : « Et Jacob a eu peur beaucoup »

Midrash : Pourquoi a t’il eu peur ?

Réponse : De peur qu’il n’ait pas assez de mérites.

De peur que ses fautes lui fasse perdre la partie. C’est exactement ce que dit la Mishnah des Pirqey Avot : « n’ai pas confiance en toi jusqu’au jour de ta mort ».

D’où la conclusion logique : Faire Teshouvah un jour avant sa mort. Ce jour étant inconnnu il faut faire Teshouvah chaque jour...

 

Q : inaudible

R : un Sar est vraiment un Sar Shel Maalah, c’est donc une vraie terreur de lutter contre de telles puissances. Elles sont un infini en soi.

Actuellement, déjà depuis une centaine d’années nous essayons contre l’assimilation de lutter avec les valeurs permanentes du judaïsme contre les grandes cultures des Goyim. …/…

Pour lutter contre ces géants que sont la culture grecque ou romaine... leurs universités...

C’est la manière d’être homme des Juifs et d’Israël, qui le veuille ou pas qu’il le sache ou pas, qui est Jacob luttant contre l’ange. Nous luttons vraiment contre ces forces infinies avec un bâton dans la main.

 

< fin >

 

***

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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 10:29
Vayishlah 1971 - 2ème partie.

 

Face B

 

32:4

 וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו, אֶל-עֵשָׂו אָחִיו, אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה אֱדוֹם

Vayishla’h Ya'akov mal'akhim lefanav

el-Essav a’hiv artsah Se'ir sdeh Edom.

Et Jacob envoya des malakhim devant lui

Vers Essav son frère, en direction de Séir du champ de Edom

 

Vous remarquez tout de suite la répétition de tous les termes.

 

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו,

Vayishla’h Ya'akov mal'akhim lefanav

Et Jacob envoya des envoyés devant lui

(S’il les a envoyé c’est devant lui c’est donc une répétition)

אֶל-עֵשָׂו אָחִיו

El Essav a’hi

À Esaü son frère : (on le sait que c’est son frère c’est donc une répétition)

אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה אֱדוֹם

Artsah Se'ir sdeh Edom

En direction de la terre de Sëir, du champ d’Edom. C’est évidemment une répétition.

 

32:5

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Vayetsav otam lemor koh tomroun ladoni le-Esav koh amar avdecha Ya'akov im-Lavan garti va'echar ad-atah.

 

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר

Vayetsav otam lemor

Il leur recommanda en disant: Là aussi une répétition.

כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו

Koh tomroun ladoni le-Esav

Ainsi vous direz à mon maitre à Esaü : Là aussi une répétition.

כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב

Koh amar avdekha Ya'akov

Ainsi a dit ton serviteur Jacob : Là encore une répétition.

עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

 im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent...

 

Tout cela se répéte. Prenons uniquement ces deux versets. Nous prendrons pour clef de cette exégèse, en nous appuyant sur ce qu’en dit Rashi, précisément ce que nous avons vu précédement à propos du 1er texte : c’est que tout se passe comme s’il y a un cas particulier de Jacob et c’est pourquoi c’est lui qui est nommé Israël. C’est le fait qu’il est capable de se mesurer tant à des forces divines qu’à des forces humaines.

 

De quoi s’agit-il d’abord, dans cette notion de l’ange protecteur d’Esaü ? 

 

On apprend du récit biblique qu’à un certain moment de l’histoire humaine, les nations sont apparues, c’est-à-dire les différents génies nationaux différenciés à partir d’une humanité qui était une. C’est très exactement après l’épisode de la tour de Babel et le phénoméne de la division humaine qui est indiquée par la division des langues. Alors que primitivement, l’humanité était universelle, indifférenciée ou plutôt unanime, la nostalgie et l’espérance sont restées qu’un jour reviendra le fait que l’humanité sera unie  et qu’il n’y ait plus les problèmes qui font de ce monde-ci un enfer, et les problèmes issus de la rivalité. C’est au fond le problème auquel nos sommes occupés depuis le début du récit. Cette unité a été perdue et il est resté les Goyim, les Nations.

 

Alors le Midrash nous explique qu’à partir de ce moment-là, dans la réalité céleste si j’ose dire, l’unité divine elle-même est doublée parce que le Midrash appelle Familiah shel maalah mot emprunté du grec et qui est ensuite passé en latin et qui fait partie de l’hébreu rabbinique de la Mishnah et donc du Midrash, et qui signifie la famille d’En-haut, la famille céleste. On dit aussi le tribunal d’en-haut.

 

Cela signifie que indépendament de l’unité divine absolue en soi, il y a aussi comme devant (c’est l’expression biblique: tu n’auras pas d’autre dieux de devant Ma face) comme s’il y a avait des dieux devant la face de Dieu. C’est donc qu’il y a A’herim Elohim Al Panaï !

 

C’est effectivement une sorte de différenciation corollaire de la différenciation  humaine : si l’humanité est une, alors il n’y a pour Dieu qu’une manière d’être providence pour l’humanité. Mais si l’humanité se différencie en autant de génies humains, alors il y a différentes manières pour Dieu d’être providence pour telle ou telle nation. Ces différents visages de la divinité une sont appelés dans l’angéologie les archanges, les Sarim. C’est cela la Familia Shel Maalah, ou le Beit Din Shel Maalah, c’est-à-dire les différentes manières de la Providence divine corollaire aux différentes manières d’être homme.

 

Dieu s’occupant des Français ne peut pas avoir le même visage que Dieu s’occupant des Allemands ou des Anglais ou des Turcs...etc.

 

Il y a un Sar, un archange, une manière pour Dieu d’être diminué à l’envergure de la manière d’être homme diminuée que représente telle ou telle nation.

 

Ce qui signifie donc que chaque génie humain a littéralement un génie qui est son protecteur, qui est Dieu pour lui. Il y a un cas particulier, celui d’Israël, qui n’a pas de génie protecteur parce que c’est Dieu lui-même.

 

On comprend pourquoi : parce que c’est en Israël que se cherche le visage totale, unifiée de l’identité humaine. Israël ne fait pas partie des Goyim. Chacun des Goyim possède un Sar mais Israël n’a pas de Sar !

 

Et c’est pourquoi, lorsque Jacob aura à lutter contre Esaü, il aura aussi à lutter contre le génie d’Esaü. Il faut prendre ce terme de génie dans le double sens qu’il a en français. Le génie d’une nation peut désigner son genre, sa manière d’être, mais aussi dans le sens de l’être céleste qui est le visage de Dieu, Providence pour lui.

 

Le Midrash nous dit que lorsque deux nations se font la guerre, elles se la font sur le champ de bataille, mais elle se gagne au ciel. La nation qui gagne est celle dont le Sar en-haut est plus fort.

 

En guise d’exemple, il y a les mystères des faibles nations qui apparaissent plus fortes que les plus fortes des nations. C’est un mystère que l’Amérique ne soit pas venu à bout du Vietnam ou la Russie et la Finlande…

C’est parce que le Sar au niveau des réalités morales et spirituelles est plus fort.

 

Cela se passe toujours à deux niveaux : celui de la réalité terrestre et celui de la réalité essentielle dont l’existence est la manifestation dans ce monde-ci.

 

Alors l’objection dans notre problème est de savoir pourquoi Jacob a eu à lutter contre le Sar d’Esaü et contre Esaü. Comme a dit ce Sar d’Esaü quand il s’est révélé à lui, et le Midrash nous dit que c’est la dernière chose qu’il a dite et il a disparu, il a été vaincu et il a disparu et s’est résorbé, il lui dit :

 

 כִּי-שָׂרִיתָ עִם-אֱלֹהִים וְעִם-אֲנָשִׁים, וַתּוּכָל

ki-sarita im-Elohim ve'im anashim vatoukhal.

Parce que tu as lutté avec/contre la divinité et avec/contre  les hommes et tu as pu.»

Et puis il a disparu. Et c’est contre Esaü de chair et de sang (plus de sang que de chair d’ailleurs) et contre le Sar d’Esaü parce qu’il n’y a pas de Sar pour Jacob. Cela veut dire que Jacob est cette manière d’être homme exceptionnelle qui doit se débrouiller tout seul à lutter contre son rival et contre le génie de son rival. Alors que chez les Goyim entre eux cela se déroule aux deux niveaux.

 

Nous savons effectivement que c’est ce que Jacob a réussi à faire à travers l’histoire.

Il y a 2000 ans, lorsque Rome a vaincu la Judée sur les champs de bataille, elle a gagné la guerre en bas mais elle l’a perdu en haut, parce que nous sommes les Judéens alors que les Romains ont disparu.

Cette lutte contre le génie de Rome n’est pas finie, on est en train d’en livrer les derniers combats, mais elle est perdue pour eux.

 

Ce Jacob dans cette occurrence historique qui était la Judée d’il y a 2000 ans qui a eu à lutter contre les armées romaines en chair et en os, et contre le génie de Rome. La guerre en bas a été perdue tout de suite – avec des péripéties – la dernière a été Bar Kokhba... Mais la guerre en haut, et bien on a fini par la gagner. Et d’ailleurs on a inventé tous les commandos de choc possibles et imaginables.

Le principal commando a été la religion chrétienne qu’on leur a envoyé dedans pour les prendre par derrière. Et ils ne se rendent pas compte à quel point il se sont fait avoir…

Imaginez l’humour de cette histoire : ils s’appellent avec compoction la religion catholique apostolique et romaine !

 

 En tout pour revenir à notre problème, effectivement jacob a eu à lutter contre Esaü l’homme et contre le Sar d’Esaü en haut. Pourquoi ? Précisément parce que Jacob par définition n’a pas de Sar, n’a pas d’archange. Et c’est cela sa grandeur puisqu’il est la créature par excellence ; et donc la providence pour Israël, c’est Dieu lui-même !

 

C’est un problème dramatique. Il faut arriver à découvrir que nous sommes dans une cohérence monothéiste. A la limite, cela veut dire que ce Dieu protecteur du rival d’Israël c’est le seul Dieu qui existe en tant qu’Il s’occupe de l’autre, qui est aussi sa créature.

 

Par conéquent Jacob est le héros par excellence parce qu’il lutte contre Dieu lui-même, non pas comme dans un thème littéraire où le héros joue à lutter contre Dieu, mais c’est parce qu’il s’agit du monothéisme. Il lutte contre son propre Dieu, en tant que son propre Dieu s’occupe de l’étranger qui ne lui ressemble pas comme un frère comme dirait Musset.

 

C’est pourquoi effectivement l’histoire d’Israël a été si dramatique, parce qu’il faut toute une stratégie lorsqu’on s’adresse à l’adversaire, alors en même temps lorsqu’on s’adresse à son protecteur en haut c’est d’une certaine manière à notre propre Dieu qu’on s’adresse. Alors on comprend le langage de Jacob :

 

32:4 :

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו, אֶל-עֵשָׂו אָחִיו, אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה אֱדוֹם

Vayishla’h Ya'akov mal'akhim lefanav

el-Essav a’hiv artsah Se'ir sdeh Edom.

Et Jacob envoya des anges (pour en haut) devant lui (pour en bas)

Vers Essav (en bas) son frère (en haut), en direction de Séir (en haut) du champ de Edom (en bas).

 

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Vayetsav otam lemor

Il leur recommanda en disant

Koh tomroun ladoni le-Esav

Ainsi vous direz à mon maitre (en haut) à Esaü (en bas)

Koh amar avdekha Ya'akov

Ainsi a dit ton serviteur (il est en bas et c’est en haut) 
Jacob (c’est de haut en bas)…
.etc.

 

Cela continue dans toute la Sidra. Il y a un langage dans cette stratégie qui s’adresse à ces deux niveaux simultanément. Nous avons compris clairement pour la lutte que Jacob a lutté et contre Esaü d’en-bas et contre Esaü d’en haut, le Satan lui-même.

 

Le problème de la naissance de Jacob est si difficile parce qu’un fils de Rivqah qui était elle la sœur de Laban fille de Béthouel l’araméen, fille de Rashâ, fils de Rashâ... dans toute la famille.

Rébecca, elle, est comparée à « une rose parmi les épines » « shoshanah bein ha‘horim ». Il est arrivé cela qu’il y a avait des épines partout et subitement une épine a donné une rose ! Alors on est allé cueillir la rose pour que par le parfum de la rose on puisse avoir l’enfant que l’on attendait…

 

Seulement le risque c’est que la rose ne donne que des épines et puis c’est tout ! Etant donnée son origine, le fils de Rivqah comporte un risque. C’est pourquoi il a fallu qu’Isaac prie pour que Rébecca enfante parce qu’elle était stérile. Elle était stérile à cause de ce risque.

 

Les Kabalistes enseignent que la Guématria de Ben Rivqah = Satan.  

Yaaqov Ben Rivqah = Israël. Vous voyez la différence.

Si c’est un Stam ben Rivqah cela fait un Esaü...

 

Ben Ish ‘Haï :

C’est ce que dit aussi le Ben Ish ‘Haï qui dit que Essav c’est très dangereux, parce que :

Essav 376  = Na’hash ’Haï = 358 + 18.  Encore pire que Na’hash !

Vous voyez pourquoi on dit le samedi soir : « Ki lo na’hash beYaaqov » parce que le Na’hash est chez Essav… Un Midrash indique que Essav est né avec un serpent tatoué sur la hanche.

 

Le problème c’est que on oublie à quel point c’est énorme que le calcul et les lettres, l’histoire et la réalité coïncident.

 

Israël a été cette réalité historique qui a dû se mesurer avec tous les génies de civilisations les uns après les autres, et que quelque soient les péripéties des combats livrés sur terre, il n’y a pas de doute qu’Israël a démoli tous ces génies en tant qu’ils étaient devenues des idoles mêmes : une défiguration du projet du Créateur. Que reste-t-il de l’Egypte ancienne ? De la Grèce ancienne ? De la Rome ancienne ?... Des musées ! 

Mais Israël est toujours vivant : c’est ce que dit le Midrash : « Yaaqov avinou lo met !»  

Cette lutte contre les Sarim, les uns après les autres, Jacob l’a réalisé - Vatoukhal et il l’a pu !

 

Il faut dire que dans cette péripétie, il est atteint à la hanche et que pendant toute la nuit de cette lutte contre le Sar de Essav, Jacob est boiteux, plutôt claudicant comme il faudrait le dire.

 

Le Midrash dit quelque chose de difficile à comprendre qu’ « il boitait des deux jambes » : une naturellement et l’autre à l’issu du combat. Comment faire pour boiter des deux jambes ? 

Finalement, à la fin de cette nuit de combat, Vayizrach-lo hashemesh, vayabo shalem, il est entré dans sa perfection shalem bémamono, bégofo, bétorato et à la fin de la nuit se dévoile qu’il a pu surmonté même toutes les blessures qu’il reçoit du monde d’en-bas.

 

A la lecture de ces péripéties il est certain que la Torah a voulu nous donner une indication, que le Midrash reprend par ailleurs, que pendant toute cette lutte, au terme de laquelle c’est Jacob qui arrive triomphant, Esaü a des victoires. Et ces victoires c’est toutes les familles d’Israël qui quittent Israël pour passer chez Esaü : ce qu’on appelle l’assimilation, l’apostasie...

 

Effectivement, puisque le nerf en question Guid hanashé est le nerf innnervant les parties sexuelles, les organes génitaux, c’est dire que c’est dans les engendrements que Jacob est atteint : sa blessure c’est des familles qui quittent sa descendance. Et pendant toute la nuit, Jacob comme Klal est toujours victorieux du génie du Sar qui est en face de lui mais il y a toujours des petits « jacobins » qui s’assimilent à l’adversaire.

 

En fait, la Guémara dit que c’est vrai qu’il n’y a pas de Sar à Israël lorsqu’Israël est vraiment Israël. Quand Israël est vraiment Israël alors c’est Dieu lui-même qui est la Providence d’Israël, il n’y a pas d’intermédiaire. En langage théologique : il n’y a pas de médiateur. D’où ce destin difficile de Jacob qui ne peut pas compter sur un médiateur dans sa lutte avec le Dieu unique en tant que le Dieu unique est aussi le Dieu des autres. Cela signifie que c’est une lutte terrible.

 

(Spinoza a un peu entrevu cela dans une de ses controverses avec Leibniz : Leibniz pour faire semblant de se moquer de Spinoza lui objecte d’après son système lorsque les Turcs font la guerre aux Allemands cela veut dire que Dieu modifié en turc fait la guerre à Dieu modifié en Allemand ?  

Spinoza a répondu : oui !)

 

Quand Israël n’est pas vraiment Israël alors il y a un Sar et ce Sar s’appelle Mikhael.

Ce n’est pas n’importe quel Sar. C’est un Sar si j’ose dire qui n’a pas d’équation personnelle. Parce que Mikhael en hébreu cela veut dire Mi ka El - Qui est comme Dieu ! C’est-à-dire que lorsqu’Israël se fabrique un Sar alors c’est Mikhaël, mai sMikhaël n’a qu’une chose á leur dire c’est regerdez plus haut : Mi Ka El.  Même là c’est un cas particulier. En termes plus simples : cela veut dire que même lorsqu’un juif est athée, il n’est pas athée de la même manière qu’un goï.

 

Un de mes maîtres  expliqué cela ainsi: Quand un Goï est athée, il ne croit pas que Dieu existe, mais quand un juif est athée, il croit que Dieu n’existe pas.

 

Ce qui m’a beaucoup frappé lorsque j’ai étudié l’angéologie c’est de voir que quand les chrétiens l’ont repris pour l’appliquer à leur thólogie, ils ont précisément pris comme Sar comme archange pour l’appliquer à leur Eglise, Saint-Michel. La France, fils ainé de l’Eglise, a eu le même Sar qu’Israël fils ainé de Dieu.

 

Il peut y avoir des fiançailles mystérieuses entre les deux, pour le moment un peu tumultueux.

 

Il y a de la part des fondateurs de l’angéologie chrétienne comme une sorte d’aveu en attribuant Saint-Michel comme archange à l’Eglise, et à la France fille ainée de l’Eglise, qui a le même Sar  qu’Israël fils aîné de Dieu. Il doit y avoir des fiançailles mystérieuses entre les deux. Pour le moment c’est un peu tumultueux.

Cela veut veut dire qu’il y a de la part ddes fondateurs de l’angéologie chrétienne une sorte d’aveu qu’en attirbuant l’archange Saint-Michel à l’Eglise et à la France fille aînée de l’Eglise qui est censée avoir le rôle d’Israël dans le monde chrétien - rappelez-vous Saint-Louis pour qui il se prenait et d’ailleurs il a mis son trône dans la vieille ville de Jérusalem, ce qui rendait furieux De Gaulle quand Israël est entré dans Jérusalem parce qu’il voulait s’assoir dessus… -  cela veut dire qu’ils reconnaissent donc implicitement que l’Eglise est un Israël qui n’est pas exactement Israël puisque d’après les Midrashim sur lesquels ils se sont basés, Mikhael est Sar d’Israël quand Israël n’est pas vraiment Israël...

 

Ces aveux ce sont des clefs laissées dans les serrures et le jour où il faudrait ouvrir les portes, les clefs seront déjà là…

 kJe referme cette parenthèse, nous allons voir cela dans un Rashi.

 

Rashi :

Le texte dit :Vayishla’h Ya'akov mal'akhim lefanav

Jacob envoya des anges

Et Rashi précise « malakhim mamash ».

 

C’est un Rashi étonnant dont l’exégèse est très difficile: le texte dit que ce sont des anges et Rashi confirme que ce sont des anges.

En réalité, le texte dit qu’il envoit Malakhim Léfanav devant Esaü.

Mais en hébreu Vayishla’h Ya'akov mal'akhim lefanav cela signifie vraiment qu’il envoit des envoyés et qu’il vient derrière. Ce n’est pas qu’il va attendre que les envoyés reviennent vers lui pour lui donner le feu vert. Il les envoit devant lui et lui vient derrière donc ce sont des Malakhim Mamash à ce niveau-là. Des envoyés pour annoncer qu’il vient et non des envoyés pour évaluer s’il peut venir. De toute façon il vient, il a pris la décision et l’initiative pour faire la paix.

 

Dans le Midrash ce texte où l’on voit Jacob revenant de chez Laban et prendre l’initiative d’essayer d’amadouer Esaü en lui envoyant des Malakhim a un jugement ambigü.

 

D’un côté le Midrash a un jugement positif et loue Jacob  pour sa vertu alors qu’il pourrait laisser tomber Esaü qui est disqualifié complétement, Jacob est seul Israël...  Voilà que Jacob a une vertu supplémentaire pour tenter de sauver Esaü par la paix et de le reconnaitre comme son frère. C’est positif.

D’un autre côté, le Midrash juge négativement en disant que la Shekhinah pleure en s’apercevant que Jacob veut faire la paix avec Esaü et le considérer comme son frère. 

 

On a l’exemple contemporain de l’attitude israélienne partagée pour la semaine culturelle allemande : l’indignation ou l’effort de paix... les deux choses sont vraies simultanément.

 

A la lumière de ce qu’on a appris tout à l’heure, on comprend qu’il puisse y avoir ces deux niveaux. Dans la mesure où Jacob tente de sauver ce génie de son frère qui est l’adversaire au niveau des réalités célestes, alors le Midrash est content : Jacob est un surhomme. Mais dans la mesure où il s’agit de composer avec l’échec réel de la réalité terrestre au niveau du mal sur terre incarné ici par Esaü alors il s’agit là de complaisance et de la flagornerie...

Et les Juifs en général ont aussi l’habitude de ces deux attitudes et surtout Israël semblait faire fi de la dignité la plus élémentaire pour faire une réconciliation culturelle avec l’Allemagne... alors que tous les criminels nazis ne sont pas encore jugés…etc.

 

En fait ce Rashi qui précise « malakhim mamash » est une citation du Midrash. Et dans le Midrahs il y a Mahloqet. Certains ont dit shi’houlei bassar va dam envoyés de chair et de sang et d’autres disent malakhim mamash et Rashi a tranché en choississant cet avis de la Mal’hoquet.

 

On comprend la Mal’hoquet dans laquelle les deux ont raisons puisque Jacob a bien envoyé les deux. Il a envoyé en haut des Malakhim et en bas des Shi’houlei bassar va dam.

Et les Malakhim sont revenus lui dire - verset 7 :

 

וַיָּשֻׁבוּ, הַמַּלְאָכִים, אֶל-יַעֲקֹב, לֵאמֹר:  בָּאנוּ אֶל-אָחִיךָ, אֶל-עֵשָׂו, וְגַם הֹלֵךְ לִקְרָאתְךָ, וְאַרְבַּע-מֵאוֹת אִישׁ עִמּוֹ

Vayashouvou hamalakhim el-Ya'akov lemor banou el-achikha el-Esav vegam hole’h likratkha ve'arba-me'ot ish imo.

 

Vayashuvu hamal'achim el-Ya'akov Et les anges sont revenus vers Jacob…

Alors que Jacob ne leur avait pas demandé de revenir

Lemor En disant…

Banou el-a’hikha el-Esav Nous sommes allés chez ton frère chez Esaü…

Donc aux deux niveaux en haut et en bas. 

Vegam hole’h likratcha et lui aussi vient à ta rencontre…

Ve’arba-me’ot ish imo Avec 400 hommes de guerre avec lui...

Vegam lui aussi : son Sar, son génie aussi vient

 

C’est pourquoi au verset 8 :

וַיִּירָא יַעֲקֹב מְאֹד, וַיֵּצֶר לוֹ; וַיַּחַץ אֶת-הָעָם אֲשֶׁר-אִתּוֹ, וְאֶת-הַצֹּאן וְאֶת-הַבָּקָר וְהַגְּמַלִּים--לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Vayira Ya'akov me'od

Jacob a eut très peur

Vayetser lo

Et a été dans l’angoisse...

 

Ce vegam est interprêté par le Midrash de la manière suivante :

Ce n’est pas seulement Esaü qui vient faire la guerre contre Jacob, mais c’est également le génie d’Esaü qui vient lui-même. Gam signifie qu’il y a quelque chose de plus.

On relie cela à un verset du livre de Job. Dans le début du livre, lors du jugement sur Job qui est éprouvé, les anges se sont rassemblés ce jour-là et même le Satan avec eux : vegam haSatan betokham. Le Midrash relie ces deux Végam.

 

C’est pourquoi on retrouve encore une répétition dans le verset 8 :

Vayira Ya'akov me'od Jacob a eut très peur vayetser lo et a été dans l’angoisse.

 

Cela veut dire que le Midrash a voulu mettre en évidence un ’Hidoush.

La Torah a dit que Jacob a envoyé des envoyés et pour un des enseignements du Midrash, le sens Pshat c’est qu’il envoie des envoyés chez Essav en bas, mais il y a quand mëme un ’Hidoush c’est qu’il est obligé de faire aussi la guerre en haut. Alors c’est pourquoi le Midrash dit Malakhim Mamash. L’autre enseignement du Midrash c’est que la lutte normale de Jacob c’est en haut au niveau des réalités célestes, mais il y a quand même un ‘Hidoush du verset parce que Jacob doit lutter aussi en-bas au niveau des réalités terrestres. On retrouve donc le verset du début concernant le nom d’Israël : Jacob est nommé Israël parce qu’il lutte ki-sarita im-Elohim ve'im anashim vatoukhal Parce que tu as lutté avec/contre la divinité et avec/contre  les hommes et tu as pu.

C’est toujours ce verset qui nous sert de grille de lecture.

 

Alors le vrai problème d’exégèse de Rashi : alors qu’il a les deux enseignements pourquoi choisir seulement malakhim mamash ?

 

Je coris qu’on peut en schématisant un peu l’expliquer ainsi : Rashi se trouvait en pleine civilisation chrétienne, il était le maître de la communauté juive dans la France médiévale. Et par conséquent, il donne un bilan historique. Le combat de Jacob contre Essav au temps où nous sommes depuis Rashi c’est surtout le combat d’en-haut. Lorsque Rashi nous dit des « anges vraiment » cela veut dire que nous devons être occupés surtout á ce combat d’en-haut, c’est-à-dire à la lutte contre le génie culturel de Rome. Et vous savez à quel point nous avons été trompés par ce génie culturel de Rome. Nous avons tous faits des études secondaires et parfois plus das les écoles occidentales et Rome nous est toujours apparu comme une nation civilisée alors que du point de vue de la morale de la Bible cela reste une civilisation de barbares... La nation martienne par excellence : Essav qui vivras par son épée… Ils nous ont présenté cela comme une civilisation de noblesse alors qu’ils étaient tous des débauchés, des crapules, des barbares...etc. On s’est fait avoir par cela. Le juridisme romain c’est la chose la plus épouvantable qu’il puisse y avoir par rapport au destin moral d’un peuple. Et ils ont poussé le jésuitisme si j’ose dire en nous traitant de pharisiens : ils ont projeté le légalisme sur la tradition juive alors que le légalisme vient de chez eux.

Dura lex sed lex : « la loi est dure mais c’est la loi », c’est l’attitude romaine et non talmudique. La Torah s’appelle Ra’hamanah, la miséricorde. Quand le talmudiste dit « la loi dit que » il dit : « la miséricorde dit que », à l’opposé du « dura lex sed lex » ! Cette déculturation des Juifs a été poussée à un point tel qu’on a figuré les tables de la loi de Moïse avec le symbole des tables de la loi romaine qui ont la forme d’un bouclier romain. Dessinées ainsi sur le Aron HaQodesh. Les vraies tables de la loi hébraïque c’étaient deux cubes ! Avec piété et ferveur on a déssiné cela  ainsi alors que primitivement c’est la forme d’un bouclier romain. C’est la forme des tables de la loi de Rome !

On fête à ‘Hanoukah les Maccabiades à la manière des Olympiades ! Vous comprenez jusqu’où cela peut aller. C’est la blessure de Jacob à la hanche

Ou se gargariser en se disant que nous sommes la civilisation, le peuple du livre. Alors que c’est faux, nos sommes la civilisation de la tradition orale et c’est parce qu’on n’a pas de mémoire que l’on met les choses dans un livre. Nous ne sommes pas un peuple de libraires.

 

Nous sommes le peuple de la Torah shebealpeh qui est mise par écrite pour la préserver de l’oubli.

Qohelet : ”assot sefarim eïn qets faire des livre sans fin.

Un ’Hidoush lit dela manière suivante : faire des livres alors il n’y aura pas de fin : multiplier les livres c’est retarder la venue du messie. Car chaque fois qu’un livre est écrit, il faut en tenir compte. Tant que c’est oral cela reste vivant, mais dès que c’est mis par écrit alors il faut encore en tenir compte...

C’est mis par écrit pour éviter le risque de l’oubli par manque de mémoire. Le dernier verset de la prophétie est un verset de Malakhi :

« זִכְרוּ, תּוֹרַת מֹשֶׁה עַבְדִּי Zikhrou Torat Mosheh Avdi Souvenez vous de la loi de Moïse mon serviteur » N’oubliez pas ! Il ne faut pas croire que la ‘Hokhmah est en Israël parce qu’il y a des livres. C’est ce qu’il y a dans les livres qui est la ‘Hokhmah et le contenu des livres ne s’apprend pas dans les livres mais de la bouche de quelqu’un qui l’a appris de quelqu’un ... sinon le livre reste fermé même quand il est ouvert. On ne sait pas ce qu’il y a dedans. Il faut le Moré : celui qui fait voir au Talmidei ’Hakhamim :

 

Une anecdocte entendue à la radio : Un reporter dans une famille orthodoxe contemplant la bibliothèque avec Talmud Midrashim… s’adressant au chef de famille lui dit :

-Crois-tu qu’en lisant tout cela on devient ‘hakham ? 

-Mais cher ami il faut d’abord être ‘Hakham pour pouvoir lire tout cela !

 

Finalement on arrive au dernier Rashi :

im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent

 

Rashi donne deux explications :

Garti j’ai séjourné et j’ai été Guer étranger. Pas simplement j’ai habité et j’ai tardé : J’ai séjourné comme Guer . Voilà ce que Jacob veut dire à Esaü : tu crois que j’ai reçu la bénédiction que tu me reproches d’avoir volée mais en réalité je n’ai rien reçu de tout cela, donc tu n’as plus à m’en vouloir. Je ne t’ai pris que la condition de météque à l’étranger... De cela tu n’a pas à m’en voouloir. C’est effectivement la condition des Juifs tout au long de leur histoire ! Mëme quand on s’est cru descendant des Gaulois…

Mais Rashi ajoute Davar A’her...

…/…

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*****

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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 10:27

Vayishlah (1971) 1ère Partie

 
http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1971/cours_1

Face A

 

Le sujet général concerne les événements de la rencontre entre Jacob et Esaü.

Nous savons déjà par le récit précédent qu’il y a plus qu’une querelle, une rivalité entre Jacob et Esaü qui sont les 2 fils d’Isaac et chacun d’entre eux représente, du point de vue d’une typologie du récit biblique, un conflit de civilisation dont un des deux termes est Israël.

Puisque nous savons que c’est Jacob qui va devenir.  Et plus précisément l’objet de ce conflit est de savoir qui sera nommé Israël. Nous reviendrons sur la définition de ces deux types humains, Jacob et Esaü, qui apparaissent comme 2 frères jumeaux à l’intérieur de l’engendrements des identités dans la famille d’Abraham, et par conséquent il y a une racine commune et nous tenterons de comprendre à quel niveau on peut dire que Jacob et Esaü sont frères. Le texte revient sur cette dénomination de fraternité mais en réalité ils sont rivaux dans l’histoire de la famille d’Abraham, rivaux avec pour objectif l’identité d’Israël. Et ensuite cette rivalité telle qu’elle nous est décrite au niveau de l’histoire de ces personnages, rivalité en fin de compte qui s’est incarnée dans l’histoire des civilisations et cela a été pour notre période le conflit entre la civilisation occidentale telle qu’elle a été dominée par la chrétienté,  et que les commentateurs nomment dans l’équation Rome égal Edom, et puis Israël tel qu’il a vécu pendant 2000 ans l’exil de Jacob chez Esaü littéralement, et dont finalement nous sommes en train de vivre les dernières péripéties de cette histoire.

 

Nous aurons à découvrir dans ce récit comment toute cette histoire est précisément préfigurée dans le récit de ces chapitres, et en particulier dans la lutte entre Jacob et Esaü.

 

Ces termes Jacob et Esaü signifient simultanément d’une part les personnes qui ont été à l’origine de ces deux grand ensemble de civilisations d’identité humaine en général, et puis d’autre part, les deux génies culturels que cela représente, et leurs conflits et leurs combats.

 

Je rappelle très briévement que ces analyses de la Parashat Hashavoua ont pour principe de méthode une formule du Midrash, reprise par les grands commentateurs du moyen-âge, et en particulier par Na’hamanide, qui dans ces analyses nous sert de guide en général : c’est le principe que l’histoire des Patriarches est, jusque dans le détail même des péripéties du récit biblique, préfigurative de l’histoire de leur descendance, c’est-à-dire les  histoires des nations et des éthnies qui en sont issues.

 

Cette formule du Midrash est très importante et est citée souvent par les commentateurs notamment Na’hmanide, l’un des plus grands d’entre eux,  dans son introduction à son commentaire de la Bible et à propos des identifications qu’il nous invite à faire entre le texte et la manière dont il rend compte de ce qui s’est passé à l’origine de notre identité, et puis d’autre part les événements que en tant que société nous avons à vivre.

 

Pendant des siècles cette perspective de la lecture des textes et des événements, et de leur confrontation réciproque, a été plus ou moins occulte, indéchiffrable. Mais les événements que nous vivons ont maintenant une telle densité que ce dévoilement est évident.

 

Ce principe en hébreu est « kol mah shéirar laavot siman labanim » « tout ce qui est arrivé aux pères est un signe pour les enfants ».

 

Cela est vrai aussi au niveau de la psychologie élémentaire que ce qui arrive aux enfants est en germe dans ce qui arrive chez le père. On sait maintenant de façon beaucoup plus claire qu’il y a un passage de l’identité psychique à travers et autour de l’hérédité, entre ce qu’à été l’expérience des pères et ce que sera le destin des enfants. Au-delà de cette évidence contemporaine qu’effectivement le destin des enfants est en germe dans les événements que vivent les pères.

 

Mais au delà de cela il ne s’agit pas de n’importe quel père et de n’importe quel enfant dans cette formule: « kol mah shéirar laavot siman labanim »

 

Les Banim dont il s’agit c’est Israël dont le verset dit [Deut.14:01] :

בָּנִים אַתֶּם, לַיהוָה אֱלֹהֵיכֶם

 Banim atem laHashem Elohekhem.

 

Ils sont les enfants du Créateur lui-même. Et par conséquent les Avot les Pères les Patriarches sont appelés dans le vocabulaire traditionnel Avot haolam : les principes mêmes de l’identité humaine, « les pères du monde ».

 

En particulier, nous nous trouvons dans les récits de la Sidra de cette semaine dans l’événement d’une rencontre entre Jacob et Esaü qui comporte deux étapes.

 

Une étape où Jacob qui revient  à peine de l’exil de chez Laban où il a été exilé à cause de la haine d’Esaü, ce sont là les textes précédents, et Jacob revenant de cet exil de chez Laban propose la réconciliation et la paix à Esaü.

 

Ce sont les premiers textes de la Sidra. Nous y voyons que la 1ère chose que Jacob fera en rentrant de son exil est d’envoyer des émissaires à Esaü pour lui proposer la paix. Or, au lieu d’une réponse de réconciliation et de paix, Jacob doit se préparer à une lutte. Il y a une lutte, et c’est au terme de cette lutte que Jacob se trouve être nommé Israël.  

 

Ce 1er théme semble central dans le récit. Tout ce qui précède converge vers cela et tout ce qui suit en découle : c’est le texte où Jacob va être nommé dans son titre et ensuite confirmé une 2nde fois dans son nom d’Israël.

 

Ensuite nous reviendrons un peu en arriére en étudiant ce verset où Jacob reçoit son nom Israël, la structure du verset même nous renverra à cette 1ère étape où Jacob va préparer sa double stratégie décrite dans ces deux étapes : premièrement, tenter la paix et lorsqu’il devient évident que la réconciliation est impossible, alors c’est la lutte. Et au bout de cette lutte Jacob est déclaré être Israël.

 

Nous partirons de ce 1er thème : Je vous donne d’abord deux références :

 

1ère référence :

 

Le 1er verset dans lequel Jacob est nommé Israël, c’est le verset 29 du chapitre 32.

 

32:28-29

וַיֹּאמֶר אֵלָיו, מַה-שְּׁמֶךָ; וַיֹּאמֶר, יַעֲקֹב

Vayomer elav mah-shmekha vayomer Ya'akov.

Et Il lui dit quel est ton nom

Et il dit Jacob

 

Ce « Il » d’après le contexte, cet être qui va nommer Israël, c’est l’ange protecteur d’Esaü avec lequel Jacob était en lutte et cet ange finalement ne peut pas vaincre Jacob, seulement le blesser, et il avoue sa défaite dans le verset 32:29.

 

וַיֹּאמֶר, לֹא יַעֲקֹב יֵאָמֵר עוֹד שִׁמְךָ--כִּי, אִם-יִשְׂרָאֵל:  כִּי-שָׂרִיתָ עִם-אֱלֹהִים וְעִם-אֲנָשִׁים, וַתּוּכָל

Vayomer lo Ya'akov ye'amer od shimcha ki im-Yisra'el ki-sarita im-Elohim ve'im anashim vatukhal.

 

Vayomer

Et il dit

lo Ya'akov ye'amer od shimcha

Ce n’est plus Jacob que sera dit encore ton nom

ki im-Yisra'el

Mais Israël

(Et c’est la première fois que ce nom d’Israël apparait dans le récit biblique)

ki-sarita im-Elohim ve'im anashim vatoukhal.

Parce que tu as lutté avec/contre la divinité et avec/contre  les hommes et tu as pu.

 

Nous le verrons plus en détail, il y a là le raccourci de ce qu’a été l’histoire d’Israël peuple des descendants de Jacob à travers l’histoire universelle et le jugement qui finalement a été porté sur Israël que c’est la seule identité humaine capable de se mesurer avec des puissances divines et humaines et de pouvoir les vaincre.

 

En réalité, dans ce combat, lorsque l’homme lutte contre Dieu, il y a de la part de l’homme le désir d’être vaincu, parce que si l’homme arrivait à être plus fort que Dieu imaginez la catastrophe. Mais c’est surtout le sens de ce combat qu’il faut arriver à comprendre.

 

Dans le contexte de ce verset, c’est l’ange protecteur d’Esaü qui reconnait à Jacob le nom d’Israël dont c’est la première occurence dans le texte biblique mais comme si c’était quelque chose d’attendue.  

 

Pour nous aposteriori nous savions que c’est le nom qui devait lui être donné. Mais il faut suivre le texte en oubliant ce qu’il y a après -  c’est la méthode la plus saine de lecture – sinon on ne peut plus comprendre le sens d’un verset. Bien entendu, on ne peut pas oublier, mais il faut faire semblant : lire le texte comme si on n’avait pas encore lu la suite, sinon on ne peut comprendre le sens des rencontres que l’on fait pas à pas. C’est pourquoi nous lisons ces textes chaque année en les redécouvrant chaque année de façon radicalement nouvelle. On ne peut saisir la cohérence d’une péripétie si on la lit compte tenu de ce qui va se passer après.

 

Par conséquent, ici c’est la première fois que le nom d’Israël apparait : D’où sort ce nom ?

Il semble que dans un apriori du récit c’est ce nom-là qui est enfin attendu et qui est attribué à Jacob. Nous reviendrons plus en détail sur cet aspect de la chose. Voilà donc le premier contexte, le deuxième se trouve plus loin au chapitre 35 verset 10.

 

2ème référence :

Chapitre 35 verset 10

וַיֹּאמֶר-לוֹ אֱלֹהִים, שִׁמְךָ יַעֲקֹב:  לֹא-יִקָּרֵא שִׁמְךָ עוֹד יַעֲקֹב, כִּי אִם-יִשְׂרָאֵל יִהְיֶה שְׁמֶךָ, וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ, יִשְׂרָאֵל

Vayomer-lo Elohim shimcha Ya'akov lo-yikare shimcha od Ya'akov ki im-Yisra'el yihyeh shmecha vayikra et-shmo Yisra'el.

 

C’est Dieu lui-même qui se révèle à Jacob (et il n’y a aucune différence avec l’ange protecteur d’Esaü bien entendu)

 

Vayomer-lo Elohim shimkha Ya'akov

Dieu lui dit ton nom Jacob

lo-yikare shimkha od Ya'akov

Ton nom ne sera plus appellé Jacob

ki im-Yisra'el yihyeh shmekha

Mais Israël sera ton nom

vayikra et-shmo Yisra'el.

Et il nomma son nom Israël.

 

C’est surtout le 1er verset que nous étudierons car nous avons ces deux niveaux qui nous éclairent sur la portée de ce terme Israël.

 

:  כִּי-שָׂרִיתָ עִם-אֱלֹהִים וְעִם-אֲנָשִׁים, וַתּוּכָל

ki-sarita im-Elohim ve'im anashim vatoukhal.

Parce que tu as lutté avec/contre la divinité et avec/contre  les hommes et tu as pu

 

Il y a deux combats de la part de Jacob : l’un vis-à-vis de forces de puissance divine et l’autre vis-à-vis des hommes. Ce principe nous aidera à comprendre l’exégèse des premiers versets de la Sidra lorsque Jacob se prépare à rencontrer Esaü après ces 20 ans d’exil et lui offre la paix. Il y a là un dialogue à deux niveaux.

 

3ème référence :

 

Il y a encore un autre verset, au milieu de ces deux chapitres-là, c’est au chapitre 33 verset 20, que je me bornerais à vous citer avec les commentaires de Rashi.

 

Lorsque Jacob après sa rencontre avec Esaü a acquis pour son compte le premier droit de possession d’Erets Israël en achetant un champ près de la ville de Shkhem (qui est maintenant la ville de Naplouse). Abraham avait commencé le processus de droit d’acquisition du pays de la promesse. Il y a tout un thème sur le fait que le pays de la promesse doit être acquis : Israël a dû acheter un pays qui était son héritage ! C’est du jamais vu ! Des héritiers qui achétent leur héritage. De nos jours, nous avons racheté à prix d’argent ce pays. D’après une promesse dans un verset de Jérémie, qui vivait au temps d’une débacle et où tout le monde croyait tout perdu, a prophétisé une consolation qu’il y aurait encore des tractations d’acquisition de la terre. La prophétie s’est réalisée à la lettre que les champs devraient être rachetés à prix d’argent, ce qui fut fait par le Kren Kayemet le-Israel...

Abraham avait acquis ses droits en achetant ’Hévron et Jacob en achetant Shkhem.

Chaque fois qu’il y a des tractations entre les notables de ‘Hévron et les notables de Shkhem, ils sont coincés des 2 côtés, c’est ou Abraham ou Jacob. Ce n’est pas la même position politique mais de toutes les façons notre dossier est le même.

 

Lorsque Jacob a commencé à être possesseur d’Israël, il a installé une stèle qu’il a consacrée à Dieu et le verset dit :

 

33:20

וַיַּצֶּב-שָׁם, מִזְבֵּחַ; וַיִּקְרָא-לוֹ--אֵל, אֱלֹהֵי יִשְׂרָאֵל

Vayatsev-sham mizbe'ach vayikra-lo El Elohey Yisra'el

Il a installé là un autel et il l’a nommé El Dieu d’Israël

 

La Pshat est très clair et Rashi d’ailleurs en trois lignes (chez Rashi c’est très long) explique que le Pshat c’est que Jacob a donné, à la consécration de cet autel, l’invocation de Dieu devenu le Dieu d’Israël : El Elohey Israël  אֵל, אֱלֹהֵי יִשְׂרָאֵל .

La péripétie est importante, c’est à l’occasion de la première acquisition par droit irréversible du pays de la promesse.

 

Je reviens en arrière : Je vous rappelle la scène chez Abraham : il avait besoin d’un caveau pour enterrer Sarah et il était déjà reconnu nous dit le contexte comme un prince divin. C’est rare que les contemporains arrivent à comprendre qui est un contemporain. Ils l’ont reconnu comme Abraham, celui qui restera dans l’histoire par la suite, et lui ont dit : « personne ne va te refuser un caveau, c’est cadeau ! »

Abraham s’entête et veut absolument acheter le caveau. Il y a là un thème important sur lequel la Guémara revient à plusieurs reprises : bien qu’il s’agisse de la terre de la promesse et qu’il aurait été normale de la recevoir en cadeau, Abraham a tenu que ce soit acquis, de telle sorte que les droits soient définitifs et irréversibles, à quelque niveau de juridiction que ce soit.

 

Dans la juridiction rabbinique par exemple, un cadeau reçu pour habiliter les droit de possession nécessite un Shtar matanah – un contrat de donation. Une autre procédure s’appelle Shtar quinian le contrat d’acquisition qui implique un achat, min. une Proutah. Même pour une prouta symbolique mais juridiquement une Shtar qinian est plus fort qu’un Shtar matanah.

 

Cela renvoit par ailleurs à une théologie tout à fait différente : croire que ce qui est promis doit être reçu en cadeau sans aucun effort est une théologie typiquement Goï. Croire que ce qui est promis doit être reçu grâce à un mérite fut-ce un mérite aussi symbolique qu’une Prouta est déjà d’un tout autre ordre de conception du monde.

 

Par conséquent, on apprend que Jacob a acquis Shel Kat Hassadeh Al Penav Al Sheynei Shkhem, le champ qui est devant Shkhem. C’est un thème important – comprendre pourquoi c’est à Shkhem que cette acquisition s’est faite. 

 

Quoiqu’il en soit, c’est là que Jacob commence le culte de reconnaissance du Dieu Créateur devenu le Dieu d’Israël et le Gorem de cela c’est le fait que Jacob devient le Baal de Erets Israël par cet acte juridique.

 

Ne pas croire que nous n’avons acheté seulement ‘Hevron avec Abraham et Shkhem avec Jacob, nous avons tout acheté et même un peu plus, et on nous doit encore des terres payées à l’avance.

 

C’est le Pshat du verset : Jacob a invoqué Dieu sous le nom de Elohei Israël - Dieu d’Israël, mais Rashi nous dit qu’il y a un Midrash : « nos maîtres ont expliqué ce verset que c’est Dieu qui a nommé Jacob, El, Dieu, divin ».

 

On relit le verset différemment à la suite du Midrash :

וַיַּצֶּב-שָׁם, מִזְבֵּחַ; וַיִּקְרָא-לוֹ--אֵל, אֱלֹהֵי יִשְׂרָאֵל

Vayatsev-sham mizbe'ach

vayikra-lo El Elohey Yisra'el

Il (Jacob) a installé là un autel
Et Dieu d’Israël Elohey Israël l’a nommé El

(Elohey Yisra'el vayikra-lo El)

C’est dire que Jacob représente effectivement une force redoutable, cette force dont nous avons déjà pris connaissance du verset qu’elle est capable de lutter contre Dieu et contre les hommes [32:29]:

כִּי-שָׂרִיתָ עִם-אֱלֹהִים וְעִם-אֲנָשִׁים, וַתּוּכָ

ki-sarita im-Elohim ve'im anashim vatoukhal.

Parce que tu as lutté avec/contre la divinité et avec/contre  les hommes et tu as pu.

Et voici d’autre part que le texte à travers ce Midrash nous enseigne que Jacob s’appelle El.  

Cela nous explique comment Dieu a nommé Jacob « El » : en le nommant « Isra- El ».

C’est donc le nom d’Israël que l’on doit maintenant comprendre.

 

1er thème :

 

La différence de sens entre le nom Jacob et le nom Israël avant d’entrer plus profondément dans l’exégèse du sujet.

 

Ben Ish ‘Haï grand commentateur kabaliste du siècle dernier à Bagdad et qui a donné l’enseignement suivant. Il explique la différence entre Jacob et Israël en s’appuyant sur un verset d’Isaïe.

 

Jacob 186 + Mosheh 345 + David 20 = Israël

 

Jacob n’est qu’une des forces, une des fonctions, qui vont faire l’être d’Israël.

Jacob est l’engendreur du peuple d’Israël : il y a une sélection d’identité au niveau des pères d’Israël. D’Abraham cela passe à Isaac et non à Ishmaël, d’Isaac cela passe à Jacob et non à Esaü. Jacob devient donc l’engendreur de cette manière d’être homme qui dans l’histoire sera Israël.

Mais ce n’est qu’une des catégories de l’être d’Israël.

 

Il y a d’autre part Mosheh. Lorsque les descendants de Jacob après leur propre pérégrinations  en Egypte et leur propre histoire deviendront une nation au moment de la sortie d’Egypte, Mosheh leur révèle la Torah. Mosheh fait apparaître une toute autre catégorie que celle du Av que celle du père l’engendreur. C’est la catégorie non seulemenet du prophète mais également celle du maître. Celui qui révéle la Torah. Et David plus tard est celui qui, premier roi d’Israël, rendra la Torah de Mosheh souveraine dans la société d’Israël. C’est la 3ème catégorie : le père, la maître, le roi..

 

Ben Ish ‘Haï nous dit, d’une façon préfigurative de nos problémes contemporains, qu’Israël est à la fois Jacob, Moïse et David.

 

Par conséquent, le fait qu’à notre Jacob, celui dont nous parlons, soit déjà donné, reconnu, et destiné donné ce nom d’Israël, signifie qu’il est, à son niveau, déjà investi de ces deux autres fonctions qui authentifient l’identité d’Israël.

 

Ces trois forces sont indispensables pour que l’être qui se nomme Israël dans le récit biblique depuis l’origine ; c’est-à-dire l’être pour lequel Dieu a voulu créé le monde. Puisque tous ces récits depuis le 1er homme finalement arrivent en gros plan à se fixer sur une manière d’être homme qui a rejoint ce projet qui se nommait Israël. C’est pour Israël que le monde a été créé.

 

Tout ce que l’on sait à l’origine du récit c’est qu’il y aura un Israël. Mais qui sera cet Israël ?

Et voilà que depuis le premier homme, toutes les lignées humaines sont plus ou moins consciemment ou volontairement, tendues vers cette exigence de devenir l’être pour lequel le monde a été créé, c’est-à-dire de devenir Israël.

 

C’est le sens de ce terme-là qui en fin de compte est reconnu à Jacob.

Cela veut dire que parmi toutes les lignées humaines possibles, une a émergé, celle d’Abraham. Et tout le reste est par ce jugement-là disqualifié. Ensuite pour rejoindre l’élan central il faut passer par le chemin d’Abraham et après celui d’Isaac et après celui de Jacob, cette sélection a un sens important. Et par conséquent, non seulement on arrive à Jacob - l’approximiation la plus proche de ce que pourrait être Israël – mais voilà qu’à un certain moment Dieu lui-même nomme et identifie Jacob comme étant Israël, et puis c’est reconnu préalablement par le rival le frère jumeau qui aurait voulu l’être à sa place.

 

Or, il faut trois conditions, trois forces, trois catégories, trois fonctions :

 

- Jacob :

D’abord celle de l’engendreur, il faut d’abord fabriquer cette manière d’être homme au niveau des corps, C’est l’histoire des engendrements qu’on nous raconte. On cherche quelle mère pourra donner aux père les fils qu’on attend. C’est tout le sens des récits, fabriquer d’abors les Kélim.

 

- Moïse :

Il faut ensuite insuffler une âme dans ce Kéli. Moïse va apporter cette Neshamah avec la Torah

 

- David :

Ensuite il faut réussir la souveraineté de vivre la Torah.

Et cela c’est David qui le fait puisqu’il est le premier qui a rendu la Torah souveraine en Israël, dans le peuple de Jacob.

 

L’authentification de Jacob en Israël est déjà annoncé à Jacob lui-même mais n’est réelle que grâce à Moïse et David.

 

Ben Ish ‘Haï nous montre qu’effectivement ce résultat se trouve dans la Guématria :

Jacob 186 + Mosheh 345 +David 20 = Israël 541

 

Or, un verset d’Isaïe nous dit, prophétisant pour les temps à venir, si ces trois forces sont disjointes alors c’est la catastrophe.

 

Si on a d’un côté un peuple qui se reconnait uniquement dans la catégorie Jacob, c’est la multiplication par copie conforme, uniquement au niveau de l’engendrement à l’état civil.  

Moïse c’est la vie enfermée dans les yeshivot loin du monde.

David la vie exclusive politique de la Knesset.

Trois forces radicalement différentes.

Le peuple c’est Jacob, Mosheh les Yéshivot, et David le Nassi.

 

Il faut que les trois forces soient unies pour que ce soit vraiment Israël.

C’est ce qu’enseigne cette Guématria : Jacob + Mosheh +David = Israël 541

Mais un David coupé de Jacob et de Mosheh que peut-il faire ? C’est Ménélik : David, sans Moïse ni Jacob, se prenant pour le descendant de David le roi des rois. Le Négus.

Un Mosheh, une religion juive, coupée du peuple juif et de la terre Israël ?

Un peuple juif coupé de Moïse et de David ?

 

Il cite le prophéte Isaïe (40:4) qui dit en parlant de la fin des temps:

 

וְהָיָה הֶעָקֹב לְמִישׁוֹר

« Vehayah héaaqov lemishor :

« Et il arrivera que ce qui est tordu/tortueux deviendra droit » 

 

Alors on compare ces deux notions Aaqov et Mishor aux deux notions de Yaaqov et Yisraël

 

Qu’apporte de plus le nom Israël à l’identité de Jacob ?

Le terme de Israël est expliqué par le Midrash comme étant « Yashar El » cela veut dire « la droiture divine ». Finalement, la tentative a rejoint le modèle : Yisraël = Ysahar El

 

Or, pendant tout le temps de l’histoire, Jacob apparait comme littéralement, et étymologiquement d’ailleurs, comme le talonneur Eqov le talon. Il est sorti en tenant le talon de son frère au moment de la naissance. Dans toute l’histoire de cette rivalité avec Esaü, Jacob apparait au fond jusqu’à la fin des temps, comme ce personnage du juif dans la littérature antisémite : celui employant des statégies tortueuses pour arriver à ses fins.

Isaïe prophétise et a déjà prévu cela :

 וְהָיָה הֶעָקֹב לְמִישׁוֹר « Vehayah héaaqov lemishor : « ce qui était tordu/tortueux deviendra droit » 

ce qui apparaissait comme tordu (la stratégie de Jacob qui est la stratégie de survie dans le monde terrestre de l’existence) deviendra droit.

 

Et le texte ne se gène pas, la Torah est imperturbable qui nous raconte une histoire invraisemblable, le « vol » du droit d’aînesse pour un plat de lentilles... A qui peut-on faire avaler une histoire pareille ? Le plat de lentilles on peut avaler. Mais que Jacob ait obtenu le droit d’aînesse de Esaü grâce à un plat de lentilles ? C’est donc qu’il y a autre chose… 

 

Je vous dirais simplement : On vient d’apprendre dans le texte précédent qu’Isaac était très riche et qu’il aimait son fils Esaü. Imaginez Esaü revenant de la chasse, comme le dit apparemment le texte et qu’il a besoin de manger, il n’aurait qu’à faire un signe pour que des dizaines de serviteurs lui apportent de quoi manger ! Mais que fait précisément Jacob à ce moment-là ? Un plat de lentilles !

Et c’est précisément cela qu’Esaü voulait manger sinon il va mourir ? C’est qu’il y a autre chose, en tout cas cela nous apparait comme tordu. 

 

D’autant plus que le texte [25:29] ne nous dit pas qu’il était affamé mais qu’il était « Ayef » qui en hébreu biblique signifie « fatigué de vivre ». Ce roux c’est donc un elixir de vie.

 

Le texte dit de  Esaü « fais-moi manger de ce rouge » Et il s’appelle Edom.

 

Et puis la 2ème fois avec l’aide et la complicité de Rivqah, Jacob obtient la bénédiction...

 

Voyez, tout cela c’est וְהָיָה הֶעָקֹב לְמִישׁוֹר « vehayah héaaqov lemishor :

 

Si on fait un court-circuit dans l’histoire on retrouve le jugement des Goyim sur Israël dans la pire littérature antisémite  avec cette image d’Israël félon, traitre, parjure, tortueux, parasite… répandue par l’antisémitisme.

 

Tout cela se révélera en réalité comme étant la droiture. Le tordu deviendra droit, et c’est le nom ultime d’Israël qui s’appelle Yeshouroun. On y retourve la même racine.

 

On peut dire que le nom d’Israël c’est le passage, l’effort, qui va de Jacob à Yeshouroun. Nous  retrouvons-là notre verset וְהָיָה הֶעָקֹב לְמִישׁוֹר Vehayah héaqov lemishor. 

 

Israël :

 

Tout se passe comme s’il y a une sorte de prototype de l’homme réussi, qui est la vision que Dieu lui-même a eu de son projet lorsqu’il a voulu créer l’homme. Et ce protype-là a le nom d’Israël apriori.

 

Et puis il faut que dans l’histoire, par le biais de l’acquisition du mérite par la créature qui se fait elle-même, une manière d’être homme rejoigne ce projet et le réalise. C’est cette manière d’être homme-là qui est nommé du nom d’Israël.

 

Chaque fois que l’on trouve dans la Bible cette expression qu’un homme a été nommé d’un nom, cela signifie qu’il est destiné à une certaine fonction, à une certaine destination. Liqro béshem cela veut dire destiner à… Un nom c’est le nom d’un métier dans le métier d’homme.

 

Aujourd’hui on a perdu cette ’Hokhmah qui consiste à nommer quelqu’un, ou quelque chose même. C’est d’ailleurs la définition de la science : la science pure et simple consiste à connaître le nom d’une chose ou d’un corps. Si je connais le vrai nom d’une chose ou d’un corps j’en connais les propriétés et j’en connais la science.

 

C’est identique avec le nom de l’homme. Le nom de l’homme désigne son essence, son rôle, sa fonction. Aujourd’hui on nomme de façon conventionnelle. Une Guémara dit que bien que de nos jours on ait perdu cette ‘Hokhmah, nommer son enfant c’est lui donner une destinée ou une destination.

 

S’il y a une manière d’être qui est, avant même que l’histoire du monde commence, définie par le projet du Créateur, c’est au niveau d’une transcendance absolue, et il faut que l’histoire qui se fait y arrive. Par conséquent, on comprend ces catégories de l’alliance et de la bénédiction avec le Créateur : par là par où cela passe, passe également la Brakhah et l’alliance. On pourrait dire l’inverse : l’alliance et la bénédiction ne sont confirmées que par là où passe cette rencontre entre l’effort historique qui se déroule dans l’existence et le projet.

 

Il faut dire par conséquent que cet être qui finit par devenir Israël - et nous somme à l’étape ultime où la descendance d’Abraham devient Jacob qui après cette rivalité et cette lutte avec Esaü est confirmé du nom d’Israël -  est donc doué d’une capacité de divination, dans le sens de deviner, ce que Dieu voulait. Et c’est ce qu’on appelle la prophétie. Tout se passe comme si à chaque fois à l’étape précédente on devine où il faut aller. Et ce n’est que si on y est arrivé que c’est confirmé.

 

C’est vraiment une capacité de divination absolue. Savoir quel est l’effort à faire pour devenir Israël à chaque étape, c’est une invention radicale. Il faut réinventer ce que Dieu voulait et ce n’est que si on tombe juste que Dieu ce révèle pour dire que c’était cela : Vayomer Elohim Ki Tov !

 

C’est cela le mystère d’Israël : une manière d’être homme qui devine ce que Dieu veut !  

C’est pourquoi la Bible à son niveau, et surtout les Midrashim nous disent : Rabbi untel a dit voilà ce que Dieu a dit... Comment Rabbi untel peut-il savoir ce que Dieu a dit ? C’est parce qu’il est Rabbi Untel, c’est-à-dire d’Israël…

 

Nous allons prendre le problème tout à fait au début :

Lecture des 1er versets de la Sidra : Chapitre 32 verset 4 :

 

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו, אֶל-עֵשָׂו אָחִיו, אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה אֱדוֹם

Et Jacob a envoyé Malakhim des envoyés des missionnaires des chargés de mission. Une Melakhah c’est un travail à faire. Les Malakhim sont des « chargé de mission »…
.../...
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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 19:57
Vayishlah (1986) 4ème Partie

 

 http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1986/cours_1

Face D

 

…/…

Avec le Sar de Essav. Et le Sar de Essav c’est Satan.

Cf. la Guématria lorsqu’il s’agit de l’éventualité d’un Ben Rivqah qui ne s’appelle pas Yaaqov Ben Rivqah alors la Gématria donne Satan. (Ben Rivkah 52 + 307 = 359)

C’est ce que le Midrash dit que le Sar de Essav c’est le Satan lui-même.

Essav 376 a pour valeur numérique Na’hash ‘Haï serpent vivant = 358 + 18.

Le Satan en haut et le Na’hash en bas.

C’est ce que dit le verset Nombres 23 :23 :

כִּי לֹא-נַחַשׁ בְּיַעֲקֹב

« ki lo na’hash beYaaqov »
"il n’y a pas de serpent, en Yaacov" …
puisqu’il est chez Essav !

Je vous garantie que ce n’est pas moi qui ait écrit le verset. Un Midrash enseigne d’ailleurs que Essav était né avec un Na’hash tatoué sur la hanche.

 

Pour en revenir à notre problème: Jacob doit donc lutter avec une manière d’être homme qui représente un potentiel spirituel considérable. Bien sûr un potentiel spirituel négatif, mais les contre-valeurs ont la même charge affective et spirituelle que les valeurs elles-mêmes. Il y a vraiment une puissance de nature divine bien que du côté du mal et contre laquelle il faut lutter. Une certaine manière d’être homme fait exister une certaine manière d’être ange correspondante contre laquelle Jacob doit lutter pour arriver à obtenir ce nom d’Israël et à finir par vaincre. Il va s’agir d’une lutte physique et spirituelle.

 

L’épisode par lequel Jacob obtient son nom d’Israël est celui où il finit par vaincre l’ange d’Esaü, donc le principe spirituel de ce que représente l’identité d’Esaü.  

 

A la limite, si vous voulez, en reprenant l’équation de base entre Jérusalem et la Rome païenne de l’empire romain de Titus ou Vespasien : Israël de l’époque, la Judée, a perdu la guerre militaire contre Rome mais elle a gagné la guerre spirituelle. D’ailleurs notre principale troupe de choc était les commandos chrétiens à l’intérieur de l’empire romain. (Les chrétiens comme diaspora d’Israël) La guerre n’est pas finie mais elle est gagnée parce qu’il ne reste plus rien de Rome de l’époque, sinon des statues,des musées, des livres, des universités… Mais la Judée de ll’époque n’a pas disparu puisque c’est nous ! Tandis que les Romains...

 

Cela veut dire qu’il a fallu lutter non pas seulement contre la manière d’être homme purement matérielle, physique, historique et immanente d’Esaü, mais contre son génie de civilisation. Et nous savons à quel point ce génie de civilisation est grand dans sa force, puisqu’il est Hokhmah par rapport à ‘Hokhmah.

 

Le Midrash raconte qu’Esaü était tellement fort qu’il arrivait à tromper Isaac. Isaac croyait qu’il était Tsadik.

 

Nous avons tous été à l’école occidentale : nous avons toujours été rempli d’admiration pour ce qu’on appelle le droit romain jusqu’à ce que l’on devient un peu plus adulte pour s’apercevoir qu’il est le contraire de la morale. Le comble est l’accusation de légalisme à l’encontre des Talmudistes alors que c’est précisément la Midah romaine. C’était une civilisation de type Essav

C’est ce que le Midrash disait déjà depuis 2000 ans: il explique qu’Esaü était capable au plus haut point de ce légalisme. Un spécialiste du pilpoul pour établir la Halakhah.

Il allait chez Isaac qui faisait semblant d’être aveugle et qui lui demandait ce qu’il avait appris à la Yéshivah : il répondait la dîme sur le sel... Il était donc capable d’établir une Halakhah pour le sel...

C’est le juridisme et le légalisme romain par excellence. Il trompait Isaac.

 

Un joli ‘Hidoush dans un verset de notre Sidra:

Quand Jacob a entendu que Esaü venait à sa rencontre pour lui faire la guerre avec 400 guerriers, alors le texte dit 32:8 :

וַיִּירָא יַעֲקֹב מְאֹד, וַיֵּצֶר לוֹ

Vayira Ya'akov me'od vayetser lo

Et Jacob eut très peur et fut dans l’angoisse.

 

Rashi sur Vayishla’h 32:8 cite le Midrash:

וַיִּירָא וַיֵּצֶר

( וַיִּרָא שֶׁמָּא יֵהָרֵג. וַיֵּצֶר לוֹ אִם יַהֲרוֹג הוּא אֶת אֲחֵרִים. (ס"א שֶׁמָּא יַהֲרוֹג אֲחֵרִים וְעוֹד גִּירְסוֹת אֲחֵרוֹת וְצָרִיךְ עִיּוּן בַּמִּזְרָחִי הָהֶפְרֵשׁ שֶׁבֵּינֵיהֶם

Ya’aqov s’effraya beaucoup, il fut angoissé 

 Il s’est effrayé à l’idée d’être tué, et il a été angoissé à celle de devoir tuer d’autres-A’herim (Beréchith raba 76, 2).

 

Il a eu peur d’être tué et l’angoisse de devoir tuer les autres a’herim. Il y a répétition dans le verset.

Un exemple des répétitions dans ces versets.

Le Gaon de Vilna pose un Koushiah là-dessus : « pourquoi ne pas écrire : il a eu peur de tuer son frère ? Et pourquoi est-il dit la peur d’avoir à tuer les autres a’herim ? quels autres ? 

Dans la logique même du Midrash, il a eu peur d’être tué et il était dans l’angoise d’avoir á tuer son frère, alors que signifie A’herim ?

Il répond en citant le principe talmudique à propos d’un très grand maitre de la Mishna : Stam Mishnah Rabbi Méïr.

Et Rabbi Méïr est un converti qui est venu de Edom-Rome. D’ailleurs un Klal de la Guémarah explique que la majorité des convertis viennent du christianisme.

Rabbi Méïr, nous dit le Midrash, était donc inclus dans la Neshamah de Essav : C’était le koa’h de la Torah shébéalpeh : Stam Mishnah Rabbi Méïr.

Par conséquent, lorsque le verset dit d’Isaac qu’il aimait Essav parce qu’il avait le goût du gibier dans la bouche, le Midrash dit : il avait dans la bouche une proie, c’était le Neshamah de Rabbi Méïr. Essav parlait avec l’âme de Rabbi Méïr lorsqu’il faisait du Pilpoul avec son père.

Alors Jacob a eu peur de tuer Rabbi Méïr ! Parce que Halakha ké a’herim zeh Rabbi Méïr.

C’est ce que dit Rashi. Il a eu peur de tuer A’herim.

 

C’est effectivement la grande différence entre la ‘Hokhmah du droit et la Torah. La ‘Hokhmah du droit est la prérogative des Romains. Lorsqu’elle est pure, kashere, alors elle devient Torah. Et le Koa’h de la Mishnah nous vient de Essav. Mais lorsque cette ‘Hokhmah vient en Israël et qu’elle devient Torah. Il y avait ce Koa’h de la Torah shébéalpéh dans le génie de Edom, dans sa Neshamah.

 

Ceci pour illustrer le fait que ce combat de Jacob contre Esaü n’est donc pas simplement la lutte au niveau des réalités purement terrestres. Il fallait que Jacob arrive à lutter contre une réalité divine, c’est-à-dire le visage que la divinité elle-même tourne vers cette manière d’être homme qu’est Esaü.

 

Il faut comprendre cela à l’intérieur de la cohérence du monothéisme absolu. C’est qu’il y a un aspect du projet de l’homme, dans la représentation que Dieu lui-même s’en fait, qui concerne la manière d’être les valeurs de cette civilisation-là, les valeurs de ce génie-là. Il fallait lutter contre cela et être capable de cette guerre-là. C’est lorsque Jacob a réussi cette lutte qu’il est nommé Israël.

 

Dans le début de la Sidra on voit que Jacob veut faire la paix avec Esaü. Il va échoué.

Esaü a une stratégie corrolaire qui consiste à faire semblant de faire la paix

Il va échouer mais dans son initiative il veut faire la paix avec Esaü et par conséquent il faut aussi qu’il fasse la paix avec l’ange d’Esaü. C’est pourquoi toute cette mission que le début de la Sidra raconte est racontée à deux niveaux. Il se prépare à deux paix simultanées, et comme cela échouera il aura à lutter deux guerres différentes.

D’abord occupons-nous du premier point : La mission des deux paix.

Simultanement, il offre la paix à Esaü en bas sur terre et au génie d’Essav en haut dans le ciel.

On comprend mieux maintenant les termes des versets :

 

32:4

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו, אֶל-עֵשָׂו אָחִיו, אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה אֱדוֹם

Vayishla’h Ya'akov mal'akhim lefanav

el-Essav a’hiv artsah Se'ir sdeh Edom.

Et Jacob envoya des malakhim devant lui

Vers Essav son frère, en direction de Séir champ de Edom.

 

Il y a deux réalités dans cette expression : Essav le chef de ce Na’hash ‘haï, le Satan. Et en bas son frère sur terre. Il faut comprendre que ce sont vraiment deux frères. Nous l’avons étudié la semaine dernière, je vous ai dit un peu de façon brutale : comme le bébé et son placenta au moment de la naissance. Il y a la même intensité d’être des deux côtés. Ce sont vraiment deux civilisations sœurs, qui ont été entremêlées à travers toutes leurs péripéties de l’histoire à travers les siècles. Mais cela commence là à l’origine.

 

אַרְצָה שֵׂעִיר artsah Se'ir c’est en haut

שְׂדֵה אֱדוֹם sdeh Edom  c’est en bas

 

32:5

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Vayetsav otam lemor koh tomrun ladoni le-Esav koh amar avdecha Ya'akov im-Lavan garti va'echar ad-atah.

 

Vayetsav otam lemor

Il leur ordonna en disant

koh tomrun ladoni le-Esav

ainsi vous direz à mon maitre à Esaü

 

לַאדֹנִי לְעֵשָׂו

ladoni c’est pour en haut.

le-Esav c’est pour en bas.

 

koh amar avdekha Ya'akov

ainsi a dit ton serviteur Jacob

עַבְדְּךָ יַעֲקֹב

avdekha c’est quand il parle à en-haut.

Ya'akov c’est quand il parle à en-bas.

 

עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent

im-Lavan garti c’est quand il parle à en-bas.

va'e’har ad-atah c’est quand il parle à en-haut.

 

Rashi sur Vayishla’h Ya'akov mal'akhim lefanav : Et Rashi nous dit : malakhim mamash

Le texte nous dit que Jacob a envoyé des Malakhim cela veut dire des anges. Et Rashi nous dit qu’il s’agit vraiment d’anges, Malakhim mamash ! C’est un Rashi difficile.

Si le texte déjà précise que ce sont des Malakhim, pourquoi Rashi indique que ce sont des Malakhim mamash ? Que veut-il expliquer ? Quelle est la difficulté ?

 

Pour ne pas perdre de temps, allons directement à la source de ce Rashi qui est un Midrash Rabba qui expose une controverse, une Ma’hloqet : certains disent qu’il s’agit de shilou’hey bassar vadam « des envoyés de chair et de sang » et d’autres disent malakhim mamash « des anges vraiment ».

 

Nous savons que les deux parties de cette controverse ont raisons puisqu’il y a deux guerres et donc deux missions de ces envoyés : vis-à-vis d’Essav sur terre et vis-à-vis du Sar de Essav au ciel.

 

Par conséquent, dans le texte le mot de Malakhim signifie les deux choses. Il reste à comprendre pourquoi une opinion du Midrash met l’accent sur le fait que le ‘Hidoush c’est qu’il s’agit des shilou’hey bassar vadam, et l’autre partie du Midrash met l’accent sur le fait que le ‘Hidoush c’est qu’il s’agit des  malakhim mamash.

En fait nous voyons bien d’après l’introduction précédente qu’il a envoyé et des  shilou’hey bassar vadam « des envoyés de chair et de sang » et des malakhim mamash. Pour d’adresser au Sar il faut envoyer des Malakhim. Cela veut dire qu’il en dispose. Et pour s’adresser à Essav il faut envoyer des shilou’hey bassar vadam.

Et d’ailleurs dans la réponse, je vous signale en passant rapidement un des versets :

Dans la réponse de ces Malakhim qui ne sont même pas arrivé jusqu’à Essav, ils sont revenus prévenir Jacob. Ils disent :

 

Verset 32 :7

וַיָּשֻׁבוּ, הַמַּלְאָכִים, אֶל-יַעֲקֹב, לֵאמֹר:  בָּאנוּ אֶל-אָחִיךָ, אֶל-עֵשָׂו

וְגַם הֹלֵךְ לִקְרָאתְךָ, וְאַרְבַּע-מֵאוֹת אִישׁ עִמּוֹ

Vayashouvou hamal'akhim el-Ya'akov lemor banou el-a’hikha el-Essav

vegam hole’h likratkha ve'arba-me'ot ish imo.

Et les anges sont revenus

Chez Jacob en disant 

Nous sommes allés chez ton frére chez Esaü

Et lui aussi vient à ta rencontre

Avec 400 hommes avec lui.

 

וְגַם הֹלֵךְ לִקְרָאתְךָ

vegam hole’h likratkha…

Ce terme de Gam lui aussi introduit le Sar de Essav. Pas seulement Essav, mais même le Sar de Essav vient contre toi.

 

Le Midrash rapproche ce Gam d’un verset de Job au début du livre quand tous les anges se rassemblent pour parler de Job, le verset dit : Vayalo Gam HaSatan Betokham est venu même le Satan avec eux ... Alors le Midrash conclu que Gam c’est le Satan…

 

Effectivement, Jacob selon le verset a donc envoyé des shilou’hey bassar vadam pour parler à Essav et des malakhim pour parler au Sar de Essav. Ces Malakhim comme nous le verrons tout-à-l’heure sont les mérites de Jacob.

 

En réalité la Mal’hoquet du Midrash indique les deux aspects complémentaires du même enseignement.

 

Le Midrash nous dit ceci:  

32:4 וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים  Vayishla’h Ya'akov mal'akhim Et Jacob envoya des malakhim

Où est le ‘hidoush ? Le fait qu’il envoie des « envoyés de chair et de sang », cela va de soi, donc le ‘Hidoush c’est qu’il envoit aussi des malakhim mamash. Cela c’est pour l’opinion que retient Rashi

 

Mais l’autre opinion du Midrash : le fait qu’il envoit des malakhim mamash cela va de soi, et donc le ‘hidoush c’est qu’il envoit aussi des shilou’hei bassar vadam.

 

C’est là que nous retrouvons notre 1er Midrash, la première introduction que nous avons eu : tantôt le Midrash loue Jacob de cette initiative, c’est lorsqu’il s’adresse en haut, et tantôt il s’en étonne, c’est lorsqu’il s’adresse à Essav en bas.

 

Rappelez-vous de la règle d’explication:

Rashi explique pour son temps, il explique la Torah qui a été donnée aux Hébreux pour les Juifs.

Le sens Pshat de la Torah donnée aux hébreux, c’est pour le temps des Hébreux, mais Rashi vient nous donner le sens de ce même texte pour le temps des Juifs. Quelle est la différence ? C’est d’abord une différence d’époque, mais surtout le contenu de ces époques. Le temps des Hébreux est celui de la révélation, et où il y a prophétie. Le temps des Juifs c’est le temps de ce même Israël lorsqu’il n’y a plus prophétie.

 

De l’intérieur de cette règle général, il ne faut pas oublier que Rashi a été le principal commentateur alors qu’il était en plein dans ce conflit Jacob-Esaü, en plein dans la controverse entre les communautés juives d’Europe et la civilisation ambiante, déjà romaine. Rashi cite du Midrash ce qui va pour l’enseignement de la Torah pour les Juifs auquels il parle, lui, Rashi. Rashi c’est la Torah pour le temps des Juifs. Raison pour laquelle on considère Rashi presqu’aussi Qadosh que le texte de la Torah lui-même. Une grande autorité comme le Shla’h (dans son Massekhet Shavouot) nous a révélé que le texte de Rashi a été donné avec le Roua’h HaQodesh.

 

Les élèves de Rashi : « Il est resté plus de sagesse dans la goutte d’encre qui a séché dans le koulmos de Rashi qu’il n’y a de vague dans l’océan » (Cela veut dire qu’il y a plus dans ce qu’il n’a pas écrit que dans ce qu’il a écrit).

 

Rashi : pour nous qui lisons ce texte, c’est l’opinion du Midrash qui dit Malakhim Mamash. C’est dire que ce n’est plus le cas ou l’on enverra des émissaires Shilou’hei Bassar Vadam - quand le congrès juif mondial envoie une délégation au Vatican - mais c’est le stade où il faut envoyer Malakhim Mamash au Sar Shel haEssav pour essayer  de faire la paix.

 

Mais cela reste difficle, parce que dans le fond même de ce Midrash le texte biblique dit Malakhim. Tout ce que le Midrash nous dit, le texte l’avait déjà dit !

 

Je crois qu’on peut s’approcher de ce problème avec l’aide de cette clef que nous donne le Midrash qu’il y a deux récits paralléles qui s’entremêlent : dans l’un, Jacob est aux prises avec le Sar de Essav, et dans l’autre Jacob est aux prises avec Essav lui-même.

 

La question importante soujacente au problème:

Pourquoi ne se battent-ils pas au niveau des Sarim ?

Israël n’a t’il pas de Sar qui se battrait pour lui en haut ?

Il faut savoir qu’Israël n’a pas de Sar.

Parce que c’est Dieu lui-même qui est le Sar d’Israël !

 

C’est ce que dit le verset où Dieu parle à Israël en lui disant [Jer. 7:23 – Ezech. 36:28]

וְהָיִיתִי לָכֶם לֵאלֹהִים, וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי לְעָם

 « et Moi Je serai pour toi un Dieu »
C’est Dieu qui parle à Israël en lui disant : « Et moi Je serais pour toi un Dieu »

Cela veut dire dire qu’Israël n’a pas de Sar. Cela veut dire Eïn mazal léIsraël.

 

[« Eïn mazal le Israël que le Rav Askénasi Za’l nous expliquait ainsi "eïn" fait allusion à "Eïn Sof" l'infini, le divin. Dieu est le "mazal", le "signe zodiacal" d'Israël. Il n'y a pas d'intermédiaire entre le peuple juif et Dieu qui régit directement sa destinée à travers une Providence divine particulière pour pouvoir lui faire accomplir sa fonction universelle ». Monique Schönberg  ]

 

Chaque nation est une des manières d’être homme qui est le résultat de l’éclatement de l’unité humaine à Babel. Et chacun des Sarim représente un des Goyim, c’est-à-dire une des manière partielle de cette tentative humaine d’incarner le Tselem Elohim.

Israël n’a pas de Sar, Israël n’est pas un parmi les Goyim qui aurait une figure, que l’on pourrait représenter en idôle d’ailleurs. Israël c’est le projet du Créateur lui-même.

Et par conséquent il n’y a pas de Sar qui corresponde à Israël.

 

C’est pourquoi Jacob doit se débrouiller tout seul, et c’est la seule manière d’être homme qui est capable de cela : de lutter au niveau des réalités terrestres et au niveau des réalités célestes.

 

C’est pour cela qu’Israël engendre la panique à travers l’histoire, parce qu’il est capable de lutter au niveau des Sarim, il est capable de lutter contre les Génies de l’histoire, et pas seulement contre les hommes dans l’histoire.

 

A compléter avec l’enseignement important de la Guémara : « Eïn mazal leIsraël ». Israël n’a pas de Sar, Israël n’a pas de mazal. Mais la Guémara précise les cas : si Israël est vraiment Israël, alors il n’a pas de Sar. Si Israël n’est pas vraiment Israël, alors il y a un Sar pour Israël. Mais ce Sar pour Israël est un Sar un peu spécial, ce n’est pas n’importe lequel : les Sarim sont les archanges dont parle le livre de Daniel. Mais l’un d’entre eux est spécial c’est Mikhaël.  Mikhaël qui signifie « Qui est comme Dieu ».

 

Cela veut dire que chaque fois qu’Israël se fabrique un Sar, le Sar n’a qu’une chose à lui dire: regarde plus haut : Mi – ka – El !

 

Ce qui est frappant c’est que dans la théologie chrétienne, lors de la distribution des archanges aux nations, elle a donné l’archange Saint-Michel à la France et à l’Eglise.

Il y a eu d’ailleurs au début de l’histoire chrétienne toute une série d’hérésies venues du fait que le messie des chrétiens était nommé Mikhaël. Il y a eu des églises hérétiques (et qui le sont devenues parce que les autres ont triomphé) qui reconnaissaient le messie non pas comme le fils de Dieu mais comme le prince des anges, c’est-à-dire Mikhaël.

 

C’est très important parce que c’est une ‘Hokhmah de la théologie chrétienne, catholique en particulier, qui va s’attribuer comme tel comme substitut d’Israël, l’archange d’Israël. C’est une

 

profonde ‘Hokhmah parce que cela veut dire que l’Eglise sait qu’elle représente un « Israël » qui n’est pas Israël puisqu’elle s’attribue comme archange Mikhaël.

 

La France, fille ainée de l’Eglise et le fils ainé de Dieu...  avec des fiançailles espérées.

 

Mais c’est quand même en France qu’il y a eu l’abbé Grégoire, enfin je veux dire que s’est produite tout de même d’une part l’émancipation et d’autre part Herzl le sionisme au départ de l’affaire Dreyfus. C’est de France qu’est parti tout cela. L’émancipation après la révolution française et le sionisme après l’affaire Dreyfus.

 

Israël n’a pas de Sar, il a un avocat qui plaide pour lui, c’est Mikhaël, mais Mikhaël en quelque sorte n’a pas d’équation personnelle. Il n’est là que comme relai vis-à-vis du Créateur lui-même.

Voilà pour ce thème et je voudrais l’éclairer par un Rashi très connu.

 

***

 

Rashi : 68

Sur le verset 32:7:

עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

 im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

 

1- Rashi commence par se demander ce que signifie « j’ai séjourné im Laban Garti »

Jacob va expliquer à Esaü pourquoi il a tardé jusqu’à présent.

Je ne suis pas devenu important, prince, noble, puisque j’étais comme un Guer chez Laban. Par conséquent, tu n’as plus à me haïr à cause de la bénédiction de ton père.

Voilà la première explication de im-Lavan garti j’ai séjourné chez Laban. En hébreu cela veut dire inférieur, Garti, comme un étranger qui n’était pas chez lui. Et par conséquent ne va pas croire que je t’ai pris cette bénédiction: en fait mon histoire n’est pas celle dont tu m’accuses. C’est effectivement l’accusation classique contre le peuple juif, « peuple sûr de lui et dominateur »… alors qu’en réalité nous avons été des métèques partout. C’est ce Rashi-là.

 

2- Rashi ajoute Davar A’her, une deuxième explication Béguématria : la valeur de guématria de Garti est Tariag soit 613 allusion aux 613 Mitsvot : Bien que j’aie séjourné chez Laban, le Rashâ, malgré cela je n’ai pas appris sa conduite, et j’ai pu préserver Shamarti les 613 commandements.

Ce que effectivement Israël peut dire en sortant des civilisaitons épouvantable qui lui ont fait la guerre contre la Torah pendant 2000 ans et malgré cela, nous sommes revenus avec nos Guémarot.

Exactement ce que dit Rashi-là. …Shamarti. Alors on voit très bien l’intention du commentaire : l’une des parole concerne le discours de Jacob à Essav son frère sur terre, et l’autre concerne le discours de Jacob à l’ange d’Esaü. Il lui dit : « à nous deux !» parce que j’ai eu l’épreuve la plus dure : traverser la civilisation blanche - Im Laban Garti – et j’ai malgré tout conservé les 613 Mitsvot. Cela il fallait le faire !

 

Je vous donne un deuxième Midrash sur la fin du verset.

 וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Et j’ai tardé jusqu’à présent.

 

Le Midrash dit que Jacob veut expliquer à Esaü pourquoi il a autant tardé. L’initiative qu’il y a ici est de faire la paix avec Esaü. Et c’est toute cette ambiguïté du jugement du Midrash au sujet de l’initiative de Jacob de faire la paix avec Esaü : la grandeur de Jacob qui veut malgré tout faire la paix avec Esaü qui est son frère, et d’autre part l’échec que cela risque de représenter lorsque l’on voit Israël arriver au bout de cette histoire si terrible et puis qui joue à courtiser la civilisation Goy.

 

C’est ce qui se passe à travers 2000 ans. Et depuis l’émancipation on a cru à « nos ancêtres les Gaulois ». 

 

Si l’initiative c’est de faire la paix, il faut donc d’après ce Pshat, qu’il explique à Esaü pourquoi il a tellement tardé. Après tout, si on voulait offrir la paix à la civilisation d’Edom pourquoi cela a-t’il duré 2000 ans ?

 

Alors le Midrash nous dit :

וָאֵחַר עַד-עָתָּה va'e’har ad-atah Et j’ai tardé jusqu’à présent.

Jusqu’à quand Jacob a t’il tardé avant de décider de son retour ?

Jusqu’à ce que Joseph soit né ! 

 

C’est ce que le Midrash dit : וָאֵחַר עַד-עָתָּה va'e’har ad-atah et j’ai attendu jusqu’à présent, parce que Joseph n’était pas encore né !

 

Maintenant que Joseph est né, je peux venir à la rencontre d’Esaü. Puisque la force de Jacob par rapport à Esaü, c’est Joseph. Sitno shel Essav

 

Le Midrash complète en disant qu’il faut rapprocher ce Atah d’un autre Atah, qui se trouve dans le verset de Devarim chapitre 10 verset 12, le verset où la Torah y enseigne la loi de la Teshouvah :

Ve atah Israël ma Hashem shoel...

וְעַתָּה, יִשְׂרָאֵל--מָה יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, שֹׁאֵל מֵעִמָּךְ:  כִּי אִם-לְיִרְאָה אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ לָלֶכֶת בְּכָל-דְּרָכָיו, וּלְאַהֲבָה אֹתוֹ, וְלַעֲבֹד אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, בְּכָל-לְבָבְךָ וּבְכָל-נַפְשֶׁךָ

Ve'atah Yisra'el mah Adonay Eloheycha sho'el me'imach ki im-leyir'ah et-Adonay Eloheycha lalechet bechol-drachav ule'ahavah oto vela'avod et-Adonay Eloheycha bechol-levavcha uvechol-nafshecha.

 

Quel est ce Atah ? Véatah Israël ! Jacob a du attendre jusqu’au moment où le Koa’h de la Teshouvah pouvait apparaître. Vous comprenez le rapport des deux versets.

וָאֵחַר עַד-עָתָּה va'e’har ad-atah Et j’ai tardé jusqu’à présent.

 

Cela veut dire que tant qu’il n’y a pas cet effort de Teshouvah qui s’est fait en Jacob, il lui était incapable de décider de revenir. Et Téshouvah cela veut dire le retour, littéralement.

 

Joseph est le Messie qui ramène les Juifs de diaspora, c’est Mahia’h ben Yossef et Judah est le Messie de la transfiguration pour le monde à venir, c’est Mashia’h ben David.

Ne vous trompez pas, Joseph n’est pas du tout le mashia’h qui s’installe dans la diaspora, cela c’est le juif qui est déchu, assimilé. Joseph est celui-là qui ramène même les ossements en Israël, pour ne pas laisser de trace. Nous retrouverons ce thème dans l’histoire de Joseph plus tard.

 

Enseignement de Rabenou Yossef :

 

On peut indiquer que Rashi a choisi l’explication de Malakhim Mamash parce qu’effectivement c’est Jacob qui dispose de cette force du Malakh. Le Malakh c’est cette réalité d’en-haut qui apparait dans la relation entre le projet de Dieu et ce que l’homme en fait. Chaque réalisation est régie par un Malakh – c’est-à-dire l’envergure de la volonté du Dieu unique pour la réalisation en question. L’exemple le plus simple donné par les textes: tous les noms des Malakhim se déclinent par la terminaison en El, c’est-à-dire le nom de Dieu lui-même, la volonté de Dieu lui-même, mais en tant qu’elle est désignée et concernée par tel ou tel aspect de la réalité. Par exemple, Raphaël c’est Dieu s’occupant de guérir la maladie.

 

Par conséquent, le Malakh c’est la diminution d’envergure de la volonté d’Hashem (Tsimtsoum) pour tel ou tel événement. On apprend de ces textes-là que Jacob dispose des Malakhim. Il est arrivé à un stade de l’identité humaine où il y a effectivement relation dévoilée entre le projet de Dieu et sa réalité à lui Jacob. Et dans les deux sens. Le rêve qu’il voit de l’échelle décrit des Malakhim qui montent et qui descendent. Du Kéli vers le Or et du Or vers le Kéli.

 

Shem Havayah 26 + Adonaï 65 = Malakh 91.

Yâaqov 182 = 2 x Malakh 91 = 182

 

Mais ce que les Méfarshim enseignent c’est que Malakhim est un pluriel, deux en est la quantité minimale, et effectivement Jacob dispose de cette réalité du Malakh dans les deux sens : de haut-en-bas et de bas-en-haut. Parce que la valeur numérique de Jacob est égale à deux fois celle de Malakh.

 

Ben Ish ‘Haï:

 

Dans l’enseignement du Ben Ish ‘Hay on retrouve le même thème.

Dieu s’adresse à Jacob pour lui dire ton nom Jacob ce ne sera plus qu’un nom occasionnel :

 

«Ton nom Jacob ne sera plus encore Jacob

Mais Israël sera ton nom

Alors il le destina à être Israël. »

 

Dieu confirme que c’est Jacob qui peut être le véhicule, le support, de cette identité qui est Israël et pour qui le monde a été créé.

Je ovus dit souvent que n’importe quelle lignée humaine aurait pu devenir Israël. Jacob est cette lignée humaine qui a pu le devenir, alors il a reçu ce nom Israël. Et il se dévoile aposteriori que c’est pour lui que le monde a été créé. Cela prouve qu’il était Qadosh dès l’origine, dès la racine, depuis la racine, puisque c’est lui qui a pu réussir.

 

« On peut comprendre de cette manière le surplus de signification du nom d’Israël que Dieu lui a donné. C’est le fait que le nom Israël équivaut à Jacob, Mosheh et David. »

 

Par conséquent, le surplus – ce Yitron - dans Israël, c’est ce que représente Mosheh et David.

Voyez l’équaiton qui se met en place : Israël a la même valeur numérique que Jacob + Mosheh + David. Or, Jacob c’est Israël donc ce qu’il a de plus en Israël c’est Mosheh et David.

Jacob est l’engendreur d’Israël, c’est le père. Mosheh est le maître. David est le roi

 

Il y a trois fonctions qui ensemble font Israël et qui sont d’ailleurs toutes trois des fonctions messianiques.

 

Mais comprenez bien que Israël c’est plus que Jacob, en ce sens que Jacob fabrique le Kéli, la Oumah, la nation d’Israël ; mais il resterait Jacob comme Kéli pure tant que il ne reçoit pas ce que Moïse lui a donné et ce que David a confirmé. Le fait que Moïse ait donné la Torah et que David ait rendu la Torah souveraine sur Israël. On apprend que ces deux fonctions-là sont reconnus à Jacob à l’échelle individuelle. Mais en tant que Jacob, il est l’engendreur du peuple, mais en tant qu’Israël il porte aussi en germe et Mosheh et David. Ce sont les 3 fonctions pour qu’Israël puisse être Israël.  
« Parce que ces trois Tsadikim Jacob Mosheh David sont vraiment unifiés ‘hibour »

 

Si l’on regarde la situation contemporaine on s’aperçoit que ces trois forces-là, Jacob, Moïse et David, existent mais séparément. D’où le Balagam qu’il y a.

Quand ces trois-là seront bé’hibour alors effectivement Israël sera Israël.

 

Parce que Yaaqov, Mosheh et David ensemble représentent la réussite des Kélim des deux dernières lettres du Nom de Dieu, Vav et Hé.

 

Le Shem Havayah Youd-Hé-Vav-Hé déploie la souverainté de Dieu sur le monde et ses deux dernières lettres représentent un ensemble de valeurs qui ont été précisément réussies dans l’histoire par Jacob, Moïse et David.

 

Q : est-ce le Hé d’Abraham ?

R : Le Hé d’Abraham c’est le premier du Olam HaBriah : Véhibaréam - Véhébaream. C’est le Hé de Binah. Ici c’est le 2ème qui désigne Malkhout.

 

Précision de vocabulaire :

Avant toutes les Mitsvot, nous disons une formule de préparation à la Mitsvah que la Mitsvah va être faite dans l’intention d’unifier Youd-Hé et Vav-Hé.

Leshem Yi’houd Qoudsha Brikh Hou ouShékhinteih

Cela veut dire : Nous allons agir par cette Mitsvah et tenter de réaliser cette valeur en vue d’unifier Qoudsha Brikh Hou ouShékhinteih - Dieu et sa Présence. C’est en araméen.

 

C’est dire qu’il y a un projet divin nommé dans le nom Youd-Hé, c’est le Olam de ‘Hokhmah et Binah comme disent les Kabalistes, c’est-à-dire la vision abstraite et parfaite apriori de ce que l’être doit faire. C’est dans ce Youd et dans le Hé. Youd au niveau de la vision de ce qu’il y a à faire, et Hé du monde qui le fera. C’est-à-dire qu’il y a un Olam de Youd-Hé qui est le Olam supérieur, qui est le Olam du projet que Dieu se représente. Notre monde est parfait déjà au niveau du projet. 

 

Par exemple, lorsque nous disons Allélouyah : Alélou Yah = louez Yah : cela signifie que nous pouvons déjà louer le nom de Dieu au niveau des 2 premières lettres Youd-Hé par ce que là c’est déjà parfait, puisque c’est la vision du projet. Et cette vision du projet est parfaite et elle sera donnée à la réalisation. Alors le Youd descend et devient un Vav, et le Hé d’en-haut se retrouve dans le Hé d’en-bas.

 

Alors Vav et Hé ce sont les mondes, les Olamot de Yetsirah et de Assiah, les mondes de l’incarnation des valeurs qui sont en germe dans le Youd-Hé.

 

Tant que dure l’histoire du monde tout se passe comme si Youd et Hé sont séparés de Vav et Hé.

Alors, faire une Mitsvah signifie unifier la vérité avec la réalité. Le monde de la réalité, en cours d’histoire, c’est Vav et Hé. Le monde de la vérité c’est Youd et Hé. Alors faire une Mitsvah, c’est unifier le monde de la vérité et le monde de la réalité. C’est cela Torah.

 

Dans toutes les cultures, le monde de la vérité est en haut et il reste en haut ; et le monde de la réalité est en bas et il reste en bas. Et il y a vraiment un renoncement à l’idée qu’on pourrait unifier, qu’on pourrait faire descendre la vérité dans le monde de la réalité ou faire monter la réalité dans la vérité.

 

C’est là ce Sod de :

Leya’hed Qoudsha Brikh Hou= Youd-Hé  

Veyi’houd Shakhen = Vav Hé

l’union de Dieu de sa Shekhinah.

 

Et il y a un verset qui le dit en Pshat [Zakariah 14:9]:

בַּיּוֹם הַהוּא, יִהְיֶה יְהוָה אֶחָד--וּשְׁמוֹ אֶחָד

Bayom hahou Yiyeh Hashem e’had oushmo e’had

En ce jour-là Il sera Hashem Un et son nom Un

 

Yiyeh cela veut dire « il sera » : le Shem Yiyeh c’est le Shem du monde à venir : « Il sera » !

Dans le nom Yiyeh c’est Yah-Yah : le Vav redevient un Youd, le Vav a repris la dignité de l’unité.

Le Shem du monde à venir c’est Yiyeh. C’est le verset qui le dit : Yiyeh.

Dans ce monde-ci, c’est Youd Hé Vav Hé

Dans le monde-à-venir, c’est Youd Hé Youd Hé. Yiyeh - Il sera.

 

C’est ce que le Ben Ish ‘Hai nous explique ici.

Il nous montre que nous avons Jacob et Mosheh et David…

.../...

< fin >

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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 19:54
Vayishlah (1986) 3ème Partie

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1986/cours_1

Face C

 

…/…

Le Nom d’Israël

Nous verrons que cela nous est retraduit par deux fois, ce sont deux scènes différentes: la 1ère fois c’est un ange qui nomme Jacob Israël et la deuxième fois c’est Dieu lui-même qui confirme ce changement de nom. Cela pose toute une série de problèmes : en premier lieu comprendre ce qu’est un ange. La Sidra en parle beaucoup. On n’a jamais pris le temps d’étudier cela à fond. Je ne sais pas si on aura le temps de le faire ce soir. Quelque soit les implications c’est surtout la cohérence du récit que nous allons suivre. Et le Midrash que Rashi cite explique que cette ange qui la première fois change le nom de Jacob pour le nom d’Israël, c’est l’ange d’Esaü. C’est le 1er thème que nous étudierons.

 

Et ensuite, Dieu confirme ce changement de nom. Après cette introduction nous lirons le 1er verset de la Sidra puisqu’il s’agit de l’initiative que prend Jacob au moment où il revient de son exil chez Laban d’offrir la paix à Esaü. Or, cette offre de paix est sans suite et il va donc y avoir une lutte. C’est à la suite de cette lutte entre Jacob et l’ange d’Esaü que finalement Jacob aura pour nom Israël.

 

D’après les versets eux-mêmes, il semblerait que le nom « Israël » est déjà préparé : tout se passe comme si tant l’ange en question, qui est l’ange d’Esaü, à l’issu de ce combat, que Dieu lui-même, attendent depuis toujours l’occasion de pouvoir donner ce nom d’Israël à quelqu’un.

 

La logique d’explication de ce nom d’Israël et le changement de nomination que cela représente par rapport à Jacob nous est donné par le contexte  du verset, mais il semble que ce nom d’Israël en tant que titre était au fond le nom attendu depuis le début de l’histoire de l’homme de telle sorte d’identifier la manière d’être homme, le type d’homme qui aurait réussi à mériter de le recevoir.

 

Il ne s’agit pas tellement d’une fonction précise à l’intérieur de l’histoire humaine – ce qui est le cas précis pour chacun des récits où l’on voit qu’un certain personnage, héros du récit biblique, se trouve être nommé de tel nom parce que c’est telle ou telle fonction à l’intérieur de la société humaine en général. Nommer quelqu’un c’est lui donner sa fonction, son programme, sa destinée au sens de destination, une fonction dans le métier d’homme.

 

Israël a une portée plus générale : c’est vers lui que converge tous ces efforts pour engendrer la créature, l’homme, que Dieu voulait créer lorsqu’il a créé le monde. C’est à l’intérieur de cette cohérence que finalement apparait ce personnage de Jacob dans l’histoire qui lui est propre et il reçoit le nom Israël.

 

Midrash et Baal HaTourim : c’est pour Israël que le monde a été créé ; dès l’origine, Dieu a vu qu’Israël acceptait la Torah alors il a créé le monde.

 

Effectivement, ce terme d’Israël est censé désigner, apriori de toute histoire, l’être que Dieu a voulu créer. Et puis voilà que le monde a été créé à un certain point de départ de l’histoire, du temps, de la durée, et puis il est arrivé qu’une des manières d’être homme a coïncidé avec ce modèle « transcendant » par rapport à l’immanence de l’histoire proprement dite.

 

Nous vivons aujourd’hui dans une ambiance culturelle qui est allergique aux catégories de la transcendance et qui essaie de rendre compte du mystère de l’existence uniquement dans les perspectives de l’immanence. Il faudrait réfléchir pourquoi l’homme moderne a peur de la notion de transcendance. Il y a plusieurs réponses possibles : la principale réponse juive est que la notion de transcendance implique celle d’un jugement.

 

S’il y a une transcendance ou une perspective transcendante, apriori de l’histoire, c’est donc qu’il y a un modèle par rapport auquel on est confronté : une certaine essence qu’il faut arriver à incarner. Et que bien sûr toute cette tentative pour rejoindre ce modèle qui existe apriori, cette tentative elle-même c’est l’histoire et elle se fait dans une immanence permanente et quotidienne.

Il y a un modèle qu’il faut arriver à rejoindre. Que ce modèle se façonne en tant que modèle transcendant lui-même, que son visage se figure, au fur et à mesure de la tentative dans l’immanence c’est vrai aussi. Mais il n’en reste pas moins qu’il y a un but à atteindre et à rejoindre.

 

Ce que nous dit le Midrash qui nous dit que le nom du Messie - Shmo Shel Mashia’h – donc la figure du Messie - préexiste à l’histoire du monde.

Il faut comprendre ce que cela signifie. Cela ne signifie pas que tout est joué à l’avance. Cela signifie qu’il y a un projet qu’il faut arriver à rejoindre. Ce projet ce n’est pas l’homme qui l’invente. C’est le fait de réussir le projet qui est le mérite de l’homme. Le projet, c’est le Créateur qui le propose.

 

Ce projet, cette figure du Mashia’h, figure de l’homme réussi, cette authenticité humaine, celle dont au fond chaque individu posséde l’exigence au fond de lui, préexiste à toute histoire.

 

Est-ce que cela voudrait dire que l’histoire n’a pas de sens, puisque cela préexiste ? Est-ce que cela serait prédéterminé ? Pas du tout ! Le projet existe mais il faut le réaliser. Cela est vrai de toutes les valeurs. Il est bien évident que l’effort de l’homme en tant que créature est de réaliser les valeurs. Ces valeurs l’homme ne les invente pas.

 

A la limite on peut dire qu’il y a eu des archétypes de l’humanité – les Avot – qui ont réussi à être les premiers à deviner quel était ce projet qu’il fallait réussir et réaliser. Et par conséquent en ce sens-là on peut les considérer comme les inventeurs, non du projet lui-même, mais des moyens de le réaliser pour la première fois. On pourrait citer n’importe laquelle des valeurs.

 

L’effort moral est par exemple d’être bon. Mais la bonté n’a pas été inventée par l’homme. Il y a une trancendance qui fait que la bonté est ce qu’elle est. Mais l’effort moral n’en garde pas moins sa logique puisqu’il s’agit d’inventer les moyens de l’être.

 

Ceci vaut pour toutes les valeurs et pas seulement pour les valeurs morales. Mais aussi tout ordre de valeurs. La philosophie contemporaine en parle : tout un conflit entre les philosophies de l’essence et les philosophies de l’existence : c’est un conflit que ressemble un peu à celui de l’immanence contre la transcendance...

 

Le fond du problème est qu’il y a des essences et que c’est l’existence elle-même qui arrive à les incarner, et qu’il y a une transcendance mais que c’est dans l’immanence qu’elle doit s’exprimer. Cela n’a pas beaucoup de sens de nier l’un par rapport à l’autre. 

 

Midrash : la figure du Mashia’h existe avant l’histoire puisque c’est elle qu’il faut arriver à réaliser. De la même manière le Midrash cité : tout se passe comme si dans ce texte le nom d’Israël était préparé à l’avance.

 

2 références :

 

La première lorsqu’il s’agit de l’ange de Essav qui nomme Jacob du nom d’Israël, et nous expliquerons ce que représente cet ange d’Essav pour le Midrash. Chapitre 32 verset 29. C’est au moment où dans la luttte entre Jacob et l’ange d’Essav, Jacob est victorieux, alors l’ange lui dit :

 

וַיֹּאמֶר, לֹא יַעֲקֹב יֵאָמֵר עוֹד שִׁמְךָ--כִּי, אִם-יִשְׂרָאֵל:  כִּי-שָׂרִיתָ עִם-אֱלֹהִים וְעִם-אֲנָשִׁים, וַתּוּכָל

Vayomer lo Ya'akov ye'amer od shimkha

Ce n’est pas Jacob que sera nommé ton nom

Ki im Israël

Mais Israël

ki-sarita im-Elohim ve'im anashim vatuchal.

Parce que tu as rivalisé lutté (vaincu) avec Elohim et avec les hommes et tu as pu.

 

C’est là ensuite l’explication selon laquelle Jacob mérite ce nom Israël. La fin du verset ne vient pas expliquer pourquoi Jacob est nommé Israël. C’est le nom d’Israël qui est donné à Jacob, et ensuite le verset explique pourquoi Jacob a pu l’obtenir. L’explication  ki-sarita im-Elohim ve'im anashim vatuchal n’explique pas le nom Israël. Jacob a été nommé Israël, nom qui est préparé pour l’homme qui aura éussi à être le Tsadik. Ensuite le verset explique pourquoi c’est Jacob qui a réussi à être ce Tsadik.

 

Cette double lutte à deux niveaux contre les réalités divines d’une part et contre les realités humaines d’autre part, est une sorte de clef de lecture de tous ces textes de la Sidra écrivant cette rencontre entre Jacob et Esaü.

 

 On pourrait dire d’ailleurs que ki-sarita im-Elohim c’est au niveau de la transcendance ve'im anashim vatuchal c’est au niveau de l’immanence.

 

Deuxième référence 35:10 :

Lorsque Dieu confirme à Jacob que cette réussite est effective, définitive et irréversible :

 וַיֹּאמֶר-לוֹ אֱלֹהִים, שִׁמְךָ יַעֲקֹב:  לֹא-יִקָּרֵא שִׁמְךָ עוֹד יַעֲקֹב, כִּי אִם-יִשְׂרָאֵל יִהְיֶה שְׁמֶךָ, וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ, יִשְׂרָאֵל

Vayomer-lo Elohim shimkha Ya'akov lo-yikare shimkha od Ya'akov

ki im-Yisra'el yihyeh shmekha

vayikra et-shmo Yisra'el.

Et Dieu lui dit ton nom de Jacob ne sera plus nommé Jacob

Mais Israël sera ton nom

Et il nomma son nom Israël.

 

Au sens Pshat, le nom d’Israël est Yashar El : celui qui a réussi à réaliser la droiture de Dieu.

On a l’habitude de citer une autre explication : celui qui peut lutter avec/contre Dieu d’après le sens du verset, mais c’est une explication partielle, inexacte, puique le verset dit deux choses : celui qui peut lutter contre l’ange et les hommes. Mais dans Israël il n’y a pas la notion de lutte contre les hommes, alors on ramène la dimension du nom d’Israël à Yashar El pour dire l’homme qui a réussi à incarner littéralement « la droiture divine ».

 

Et cela s’oppose à Yaaqov : dont la racine est interprêtée par Essav lui-même dans les textes précédents [27:36] lorsqu’Esaü a perdu d’une part la Berokhah – l’aînesse – et d’autre part la Brakhah – la bénédiction – alors il dit en se plaignant à son père Isaac.

וַיֹּאמֶר הֲכִי קָרָא שְׁמוֹ יַעֲקֹב, וַיַּעְקְבֵנִי זֶה פַעֲמַיִם

Vayakveni zeh fa'amayim il m’a trompé…

 

Isaïe dans une de ses prophéties éclaire cela. « Il arrivera un jour où ce qui est tortueux deviendra droit ». וְהָיָה הֶעָקֹב לְמִישׁוֹר[Isaie 40:4].

 

On passe de Yaaqov à Yeshouroun, à travers Israël.

Yashar El c’est l’effort qui va de Jacob à Yeshouroun - nom ultime d’Israël qui indique l’idée de droiture.

 

Ce que dit le prophéte : tant que nous sommes dans les efforts de l’histoire immanente, il y aura des chemins tortueux. Mais finalement lorsque le but est atteint, alors le nom de Israël apparait, et de façon ultime le nom de Yeshouroun.  

 

Donc effectivement il arrive un certain stade où Jacob dans les apparences s’appelle Yaaqov dans le sens de Yéaqov ce qui est tortueux se voit confirmé dans son nom d’Israël, c’est-à-dire la droiture dans sa Midah du Emet, juste le contraire.

 

Cette phrase וַיַּעְקְבֵנִי זֶה פַעֲמַיִם  « vayakveni zeh fa'amayim et il m’a trompé celui- ci par deux fois » est dite par Esaü au moment où il arrive pour recevoir la bénédiction d’Isaac. Il avait demandé à son fils de lui préparer un repas pour le bénir à travers le goût de ce repas. Et voilà que Jacob sur les conseils de Rivqah a déjà préparé ce repas et le lui a apporté. Le texte dit que juste au moment où Jacob sort, Esaü est entré. Alors la marmite du repas de Jacob était encore là. Le Midrash dit qu’en disant  וַיַּעְקְבֵנִי זֶה פַעֲמַיִם  vayakveni zeh fa'amayim Esaü a désigné le chaudron, la marmite, par Zeh.

Effectivement, c’est par deux fois qu’il s’est fait avoir au cours d’un repas.

La première fois par le plat de lentilles.

La deuxième fois avec le chevreau.

 

Dans la division des tâches et objectifs d’Esaü et de Jacob dans le plan de Isaac, il fallait qu’un des deux jumeaux, qui à eux deux portent l’identité humaine, s’occupe des tâches matérielles. Ce sont les valeurs matérielles et terrestres qui nous donnent l’existence. Par conséquent, c’est en principe  Esaü qui devait savoir préparer à manger et donner un goût à la vie terrestre.  C’est ce goût-là qu’Isaac avait dans la bouche et qu’il imputait à Esaü.

Isaac pensait donner les bénédictions matérielles à Esaü parce qu’Esaü sait préparer à manger : une vie terrestre qui ait du goût. Or, on voit qu’Esaü a été disqualifié à ce niveau-là à cause du fait que Jacob a dû lui-même préparer à manger une deuxième fois. Il s’est avéré encore une fois que Jacob était aussi capable donc de donner ce goût de la vie terrestre et matérielle, qui était la prérogative en principe d’Esaü.

 

Il y a dans tout ce conflit deux équations possibles, indiquées par le fameux verset :

« La voix de Jacob et les mains d’Esaü »...

 

un homme du monde de la matière qui s’occuperait des tâches de l’esprit et c’est l’échec parce que le Shoresh ‘Homri rend impur le Roua’h. C’est l’homme des évidences matérielles qui s’occupe des tâches de l’esprit et donc l’esprit est rendu impur.

 

Alors qu’à l’inverse si l’homme de la vocation spirituelle qui s’occupe aussi des tâches matérielles alors la matière est sanctifiée, transfigurée. Et c’est Jacob qui a réussi à faire cette preuve qu’il est capable de faire à manger même pour Esaü. Esaü arrive à un stade où il ne peut plus avaler mais survient Jacob pour lui redonner le goût de la vie terrestre, matérielle.

 

Nous reverrons une autre péripétie de cette lutte entre Jacob et Esaü à deux niveaux : terrestre et céleste dans l’épisode suivant.

 

Il faut d’abord retenir ce passage important : il y a un apriori du critère de la victoire de l’homme en tant que créature, et finalement Jacob qui arrive à en faire la preuve qu’il est capable de s’affirmer dans son mérite d’être tant face aux réalités célestes et divines, qu’aux réalités terrestres proprement 

humaines. Et ceci finit par se cristalliser avec le génie d’Esaü. Pendant tout le temps de cette histoire il s’appelle Yaaqov et Yaaqov cela veut dire Aqov le talonneur celui qui attrapait déjà au moment de la naissance son frère au talon, et c’est effectivement ce que nous avons vécu : ce dont toute  l’histoire nous a accusé, mais en fin de compte il y a habilitation que c’est Jacob qui est Israël.

 

Jacob-Israël :

D’après le Méfarshim, alors que la mutation d’identité en Abraham par exemple est irréversible à partir du moment où Abram devient Abraham, celle de Jacob en Israël n’est pas forcément irréversible. Il peut y avoir des péripéties où Israël est de nouveau nommé Jacob. C’est en partie ce que dit le verset où « Dieu appelle Israël dans les visions de la nuit et lui dit : ‘Jacob, Jacob’ ». 

 

46 :2

וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים לְיִשְׂרָאֵל בְּמַרְאֹת הַלַּיְלָה, וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב יַעֲקֹב; וַיֹּאמֶר, הִנֵּנִי

Vayomer Elohim le-Yisra'el bemar'ot halaylah

Et Dieu dit à Israël dans les visions de la nuit

vayomer Ya'akov Ya'akov vayomer hineni.

 Et il dit Jacob, Jacob...

 

A propos de ce verset la Guémara enseigne que lorsque Jacob retombe de nouveau dans les péripéties+ de ce qui est traduit par les visions de la nuit alors il ne s’appelle plus Israël mais Jacob.

C’est dire qu’il peut y avoir dans le déroulement de l’histoire postérieure à cette réussite à l’échelle individuelle, de nouveau des péripéties où Israël se nomme de nouveau Jacob.

 

En particulier, le nom d’Israël en Galout c’est Jacob, et le nom de Jacob en Erets Israël c’est Israël.

 

Jacob est obligé d’entrer dans cette stratégie tortueuse, comme toute stratégie de lutte, contre l’adversaire représenté par Esaü.

 

A la limite, le thème qui apparait là et qui est très important, c’est tout ce débat qu’il y a déjà de notre temps entre juifs et israéliens qui se trouve cristallisé dans la tension et l’opposition entre ces deux termes : Jacob d’un côté et Israël de l’autre.

 

Mais il faut quand même lire le Pshat : c’est Jacob qui est Israël et non pas n’importe qui d’autre.

Et cet Israël peut avoir de nouveau les péripéties de ce que représente Jacob, bien qu’à l’échelle individuelle ce soit irréversible. Et cela signifie que tant que le conflit entre Israël comme nation et ce que représente Esaü, n’est pas achevé, alors il y a nécessité que Israël de nouveau prenne l’apparence de Jacob quand il est dans la lutte. Ce n’est que lorsque la lutte contre l’ange d’Esaü est achevée que le verset dit (32:32) : וַיִּזְרַח-לוֹ הַשֶּׁמֶשׁ « Et le soleil brilla pour lui » et qu’il est nommé Israël de façon définitive et irréversible.

 

Nous retrouvons là le fameux principe des péripéties des Avot, des patriarches, comme préfiguration de l’histoire d’israël dans son monde.

 

***

 

Caïn et Abel:

 

Nous allons finir le 1er verset de la Sidra, puisque le Midrash porte un jugement sur cette initiative prise par Jacob. C’est un jugement assez ambigu.

 

On va mettre en évidence d’une part la vertu d’humilité de Jacob qui s’adresse à Esaü en prenant l’initiative de la paix, alors que nous apprenons d’autre part qu’il y a un véritable conflit - qui deviendra conflit d’identité entre, d’une part, l’être issu de l’identité issue des Patriarches et qui peut réussir à devenir Israël, et puis d’autre part, l’être issu de cette même sélection d’identité mais qui lui représente l’échec.

 

Il y a deux tâches à résoudre ensemble, mais il y a une attitude de la volonté, une attitude de l’âme, qui fait qu’on est soit Esaü soit Jacob. C’est le problème de tout homme d’avoir simultanément à résoudre le mérite d’être au niveau matériel, au niveau du Kéli de l’être, au niveau du corps, et le mérite d’être au niveau de la vie spirituelle.

 

Et puis, cette tâche est déjà proposée au 1er homme : l’histoire humaine toute entière commence par ce problème : c’est le problème de Qaïn et de Hevel qui sont aussi des frères jumeaux qui ont eu à se répartir les tâches spirituelles (celles du berger) et les tâches matérielles (celles de l’agriculteur) au niveau où l’on prend le récit comme point de départ de l’histoire.

 

Mais cela est repris à l’intérieur de l’identité de la famille d’Abraham dans la perspective d’une solution. Au niveau de l’homme en général qui est Caïn ou Abel, il n’y a pas de solution, c’est le meurtre perpétuel. Mais au niveau de cette même histoire reprise dans l’identité de la famille d’Abraham, c’est alors dans la perspective d’une solution

 

Mais cette solution devient effective dans le récit à la génération postérieure au moment de l’histoire de Joseph.

 

C’est un Klal qu’ont enseigné les Kabalistes : il n’y a qu’une seule histoire que raconte toute la Torah dans ses Sipourim : le fait que l’on cherche un type d’homme où il n’y aurait pas cet échec permanent qu’il y a à partir de Caïn et d’Abel lorsque le frère tue le frère. Parce qu’il y a deux tâches contradictoires à résoudre ensemble, celle de la vie spirituelle et celle de la vie matérielle, et c’est cette équation-là qui est à l’origine de tous les conflits.

 

Et finalement, on voit qu’il y a échec perpétuel, on arrive à une humanité dont la régle est la violence perpétuelle et où le frère tue le frère : c’est l’histoire des guerres.

 

Jusqu’au moment où commence à émerger cette identité d’Israël avec Abraham. Avec Abraham et Loth, les deux frères antinomiques ne se massacrent pas. C’est la première fois qu’il n’y a pas de massacre avec le problème de Caïn et Abel. Cela commence déjà à s’arranger un peu.

 

A la génération suivante, l’histoire de Isaac et Ishmaël qui finalement arriveront à se reconcilier. C’est dire qu’il y a la Ra’hmanout déjà qui intervient entre les hommes. Mais ce n’est pas encore cela.

 

Et puis Jacob et Esaü au stade suivant...

 

Et puis au terme de toute cette sélection, on comprend pourquoi la bible fouille ce problème : elle a raconté le meurtre de Abel par Caïn très rapidement. C’est le problème de l’humanité, c’est le probléme qu’il y a à résoudre. Arrivé au niveau des patriarches, elle donne beaucoup plus de détails parce qu’il y a une solution qui se cherche. On sent que quelque soit les motifs de haine, et ils sont inexpiables, alors il y a déjà tentative. C’est cela le ‘Hidoush de l’identité humaine à partir d’Abraham. On commence déjà à entrevoir la possibilité d’une solution par l’amour du frère par le frère. Tous les problèmes humains se retrouve dans cette équation.

 

Ce n’est pas pour rien que Rabi Akiba a été le premier à dire, en citant Moïse, « Véahavtah léréakha kamokha, zeh klal gadol baTorah »

‘Hidoush: zeh klal shel gadol baTorah.

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même, c’est un grand principe de Torah »

« Il faut être un grand dans la Torah pour arriver à aimer son prochain comme soi-même ».

 

Ce n’est pas simplement un grand principe dans la Torah parce qu’avec de grands principe on arrive nulle part. L’enfer est pavé de ces grands principes. Pour arriver à vivre, à réussir, ces grands principes, il faut être un grand dans la Torah.

Targoum : « Tu ne feras pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ».

Mais on oublie toujours la fin de la citation qui nous apprend comment il faut faire cela. On oublie la fin de la citation par antisémitisme parce que la fin de la citation c’est toute la Torah et le Shoukhan Aroukh y compris, mais on se borne à citer le principe…

 

C’est à la génération de Joseph que l’on voit vraiment que la solution est arrivée et qu’il s’agit bien d’Israël. La haine qu’il y avait entre Joseph et ses frères était beaucoup plus grave que celle entre Caïn et Abel parce qu’elle était fondée sur le droit. C’est au nom de la vérité et au nom du droit, et non pas la haine qui procède de la méchanceté et du vouloir supprimer autrui, c’était vraiment la haine des Tsadikim entre eux. Chacun accusait l’autre d’être Rashâ au nom de la Torah ! C’est un procès. Chacun prend acte qu’en réalité il devrait être condamné à mort. C’est Yehoudah qui le dit lorsque Benjamin est attrapé par le piège que lui tend Joseph, alors Judah dit à Joseph : « la faute de tes frères a été dévoilé, met nous à mort c’est ton droit ». Alors Joseph ne peut pas et se met à pleurer : nous sommes arrivé au stade de la Ra’hamanout des frères pour les frères...

 

C’est parti à l’origine de l’agressivité pure et simple entre les personnes lorsqu’il n’y en a que deux pour que l’histoire commence et s’en suit toute une recherche pour arriver à fabriquer cette identité d’Israël où le problème trouvera sa solution au niveau des enfants de Jacob.

 

On voit comment la figure de Jacob apparait en gros plan pour indiquer cela : Jacob prend donc l’initiative de faire la paix avec son frère Esaü, quelque soit la haine qu’il y avait entre eux.

 

Le Midrash juge cette initiative comme ambigüe. Les uns louent la noblesse et l’humilité de Jacob et d’autres disent l’inquiétude de Dieu : la Shekhinah s’est mise à pleurer lorsque Jacob prend l’initiative de s’incliner devant Esaü, fusse pour obtenir la paix. Parce que ce qui est en jeu derrière le sort des personnes c’est le sort des valeurs. Et si Jacob qui est le héros de la vérité morale s’incline devant Esaü, fusse pour faire la paix, alors, et c’est l’autre partie du Midrash, la Shekhinah se met à pleurer parce que c’est risqué, c’est périlleux, c’est grave…

 

Il va s’agir d’une stratégie pour faire la paix, qui comme toute statégie est à deux niveaux, et c’est celle que Jacob adopte tant qu’il n’est pas reconnu du nom de Israël.

 

1er point :

Jacob veut faire la paix avec Esaü, et c’est très périlleux, dangereux.

 

32:4

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו, אֶל-עֵשָׂו אָחִיו, אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה אֱדוֹם

Vayishla’h Ya'akov mal'akhim lefanav

el-Essav a’hiv artsah Se'ir sdeh Edom.

Et Jacob envoya des malakhim devant lui

à Essav son frère, et direction de Séir champ de Edom.

 

32:5

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Vayetsav otam lemor koh tomrun ladoni le-Esav koh amar avdecha Ya'akov im-Lavan garti va'echar ad-atah.

 

Vayetsav otam lemor

Il leur ordonna en disant

koh tomrun ladoni le-Esav

ainsi vous direz à mon maitre à Esaü

koh amar avdekha Ya'akov

ainsi a dit ton serviteur Jacob

im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent

 

On remarque de suite le parallélisme puisque tout est répété deux fois.

 

32:6

וַיְהִי-לִי שׁוֹר וַחֲמוֹר, צֹאן וְעֶבֶד וְשִׁפְחָה; וָאֶשְׁלְחָה לְהַגִּיד לַאדֹנִי, לִמְצֹא-חֵן בְּעֵינֶיךָ

Vayehi-li shor vachamor

J’ai pour moi taureau et âne

tson ve'eved

troupeau et serviteurs

veshifchah va'eshlechah lehagid ladoni

et j’ai envoyé (sous-entendu une délégation) pour expliquer à mon seigneur

limtso-chen be'eyneycha.

Pour trouver grâce à ses yeux.

 

On voit bien qu’il y a une statégie de Jacob qui, comme le dit le Midrash, inquiète la Shekhinah.

Que fait Jacob ? Il risque de tout faire échouer. C’est périlleux.

 

32:7

וַיָּשֻׁבוּ, הַמַּלְאָכִים, אֶל-יַעֲקֹב, לֵאמֹר:  בָּאנוּ אֶל-אָחִיךָ, אֶל-עֵשָׂו, וְגַם הֹלֵךְ לִקְרָאתְךָ, וְאַרְבַּע-מֵאוֹת אִישׁ עִמּוֹ

Vayashouvou hamal'akhim el-Ya'akov lemor

banou el-a’hikha el-Essav

vegam hole’h likratkha

ve'arba-me'ot ish imo.

Et les anges sont revenus

Chez Jacob en disant 

Nous sommes allés chez ton frère chez Esaü

Et lui aussi vient à ta rencontre

Avec 400 hommes (de guerre) avec lui.

 

32:8

וַיִּירָא יַעֲקֹב מְאֹד, וַיֵּצֶר לוֹ; וַיַּחַץ אֶת-הָעָם אֲשֶׁר-אִתּוֹ, וְאֶת-הַצֹּאן וְאֶת-הַבָּקָר וְהַגְּמַלִּים--לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Vayira Ya'akov me'od vayetser lo

vayachats et-ha'am asher-ito

ve'et-hatson ve'et-habakar vehagmalim lishneh machanot.

Et Jacob eut très peur et fut dans l’angoisse

Et il divisa le peuple qui était avec lui

Et les troupeaux en deux camps.

 

32 :9

וַיֹּאמֶר, אִם-יָבוֹא עֵשָׂו אֶל-הַמַּחֲנֶה הָאַחַת וְהִכָּהוּ--וְהָיָה הַמַּחֲנֶה הַנִּשְׁאָר, לִפְלֵיטָה

Vayomer im-yavo Essav el-hama’haneh ha'a’hat vehikahou

vehayah hama’haneh hanish'ar lifleytah.

Et il dit : « si Esaü vient sur le 1er camp et le frappe

Le camp restant sera rescapé ».

 

Le premier camp est désigné par le féminin הַמַּחֲנֶה הָאַחַת  Ma’haneh ha-a’hat, alors que le 2ème est donné au masculin : הַמַּחֲנֶה הַנִּשְׁאָר hama’haneh ha-nish'ar.

Rashi explique qu’en hébreu Ma’haneh peut se mettre au féminin ou au masculin. Il va plus loin et il dit que c’est le cas pour un certain nombre d’autres mots comme Shemesh, Roua’h...etc. des mots comme cela, on verra pourquoi.

  

32 :10

וַיֹּאמֶר, יַעֲקֹב, אֱלֹהֵי אָבִי אַבְרָהָם, וֵאלֹהֵי אָבִי יִצְחָק:  יְהוָה הָאֹמֵר אֵלַי, שׁוּב לְאַרְצְךָ וּלְמוֹלַדְתְּךָ--וְאֵיטִיבָה עִמָּךְ

Vayomer Ya'akov Elohey avi Avraham ve'Elohey avi Yitschak

Adonay ha'omer elay shouv le'artsekha oulemoladetekha ve'eytivah imakh

Et Jacob dit:

Dieu de mon père Abraham et Dieu de mon père Isaac

Hashem qui m’avait dit reviens à ton pays et à ta patrie

Et je ferais du bien pour toi. 

 

32 :11

קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים, וּמִכָּל-הָאֱמֶת, אֲשֶׁר עָשִׂיתָ, אֶת-עַבְדֶּךָ:  כִּי בְמַקְלִי, עָבַרְתִּי אֶת-הַיַּרְדֵּן הַזֶּה, וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Katonti mikol ha’hasadim

oumikol-ha'emet

asher assita et-avdekha

ki vemakli avarti et-haYarden hazeh

ve'atah hayiti lishney ma’hanot

Je suis trop petit pour toutes les charités

Et pour toutes les vérités

Que tu as faites avec ton serviteur

Car c’est avec mon bâton que j’ai traversé ce Jourdain

Et maintenant je suis deux camps.

32 :12

הַצִּילֵנִי נָא מִיַּד אָחִי, מִיַּד עֵשָׂו:  כִּי-יָרֵא אָנֹכִי, אֹתוֹ--פֶּן-יָבוֹא וְהִכַּנִי, אֵם עַל-בָּנִים

Hatsileni-na miyad a’hi

 miyad Esav

ki-yare anokhi oto

pen-yavo vehikani em al-banim.

Sauve-moi de la main de mon frère,

De la main d’Esaü ,

Car j’ai peur de lui,

De peur qu’il vienne et ne me frappe mére sur les enfants.

 

32 :13

וְאַתָּה אָמַרְתָּ, הֵיטֵב אֵיטִיב עִמָּךְ; וְשַׂמְתִּי אֶת-זַרְעֲךָ כְּחוֹל הַיָּם, אֲשֶׁר לֹא-יִסָּפֵר מֵרֹב

Ve'atah amarta

heytev eytiv imakh

vessamti et-zar'acha kekhol hayam

asher lo-yisafer merov.

Alors que Toi Tu avais dit

Faire du bien Je ferai avec toi

Et je rendrai ta postérité comme le sable de la mer

Qui ne pourra pas être comptée en nombre.

 

Voilà le 1er texte, il y a toute une série de problèmes qui se pose même à la simple lecture.

Question centrale : dans le changement de nom entre Jacob et Israël, l’événement, la péripétie, était la lutte avec l’ange d’Esaü. Que représente cet ange d’Esaü ?

 

Un enseignement de la tradition nous enseigne que chaque génie humain posséde un correspondant dans le monde céleste qui est son représentant dans le tribunal d’En-haut. Toute cette histoire qui se déroule sur terre et qui est racontée dans les journaux, se développent en même temps dans le ciel pour ainsi dire, c’est-à-dire qu’il y a une récapitulation  au niveau des réalités divines de tout ce qui se passe dans l’immanence terrestre.

 

Cet enseignement nous vient d’un Midrash au sujet de l’éclatement de l’unité humaine après la civilisation de Babel : l’humanité qui était une a éclaté en 70 nations. En même temps apparait dans les réalités célestes divines ce qu’on appelle Familia Shel Maalah  la famille d’en-haut – ou le Beit Din Shel Maalah le tribunal céleste, suivant les textes, qui décrit à peu près la même réalité.

Un verset dit par exemple : véhaElohim ou véhaHashem suivant les cas au lieu de Elohim ou Hsahem directement, le Midrash nous dit  Hou ouBet Din : Dieu et son tribunal.

Le terme rabbinique Familia Shel Maalah désigne « la famille d’en-haut », l’ensemble des Sarim – les princes célestes - qui sont les génies des nations qui ont apparu sous formes partielles lors de l’éclatement de l’humanité en nations.

 

Il y a donc une espèce de providence pour les nations du monde qui passe à travers le génie propre à chaque nation. Il faut entendre ce terme de génie dans le double sens qu’il a en français : à la fois le génie au niveau des catégories immanentes, le génie d’un peuple, d’une ethnie, d’une culture et d’autre part le Génie au sens de prince céleste, le Sar de la Oumah (le prince du nation).

 

Le Midrash explique par exemple que lorsqu’une guerre éclate entre deux nations, leurs Sarim se font la guerre en-haut. C’est celui qui est le plus fort dont la nation triomphe sur le champ de bataille.

 

Il y a les paradoxes des petites nations résistant et tenant tête aux plus grandes nations. Cela dépend de la force du Sar céleste. Lorsqu’une nation a le droit pour elle-même, elle finit par triompher quelque soit sa force ou sa faiblesse réelle sur le terrain. Il y a ces guerres qui sont gagnées ou perdues pour des raisons d’ordre morale, quelque soit d’autre part la puissance militaire.

L’Indochine contre l’Amérique par exemple.

 

Le génie correspond à la nation elle-même mais au niveau de sa valeur spirituelle, au niveau de son génie propre.

 

En sociologie contemporaine, il y a une théorie suivant laquelle chaque nation se définit par un centre et une puissance. Un centre, un projet, une signification. Et une puissance. Le drame c’est que les nations ne se connaissent plus qu’au niveau des puissances et non plus au niveau des projets d’êtres, au niveau du centre de chaque manière d’être.

 

Dans notre problème, Jacob a à lutter avec Esaü et donc il doit lutter avec le génie d’Esaü.

…/…

lire la suite ici 

*****

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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 19:37
Vayishlah 1986 - 2ème Partie

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1986/cours_1

Face B

 

…/…

Parfois, on voit de petits pays tenir face à de grands pays parce que l’ange du grand pays a été battu là-haut. L’exemple de la Finlande tenant tête à l’empire soviétique : tout se passe comme si ce pays avait un mérite céleste plus grand que cet énorme empire. Les Français avaient gagné la guerre d’Algérie sur le terrain, mais l’ont perdue parce qu’ils n’étaient pas sûr d’avoir raison.

S’il y a un effondrement de la conscience du bon droit, alors cela signifie que l’ange là-haut est vaincu là-haut, et la guerre sur le terrain est perdue même si elle était gagnée. Objectivement, on pourrait plaider le dossier inverse, que les Français n’avaient pas raison de faire la guerre d’Algérie, et qu’ils l’ont perdu parce que leur Sar ne voulait pas la gagner. Et Finalement leur Sar s’est incarné chez De Gaulle, il était leur Goël mais ils ne s’en rendaient pas compte…

 

Q : inaudible

R : Non, Jacob ne retourne pas chez son frère, mais il retourne chez lui sachant que son frère va le rencontrer en chemin pour l’en empêcher. Esaü n’est pas chez lui dans le pays d’Israël dans lequel Jacob revient. Esaü est chez lui à Séir, à Edom, mais il prétend que cette terre est sa terre sainte. Alors il se met en chemin.

 

L’exemple de typologie que je vous donnerais c’est ce que nous avons vécu en 1948, avec la ligue arabe ici à la tête de laquelle se trouvaient les britanniques. Il y avait une alliance entre Essav et Ishmaël. Jacob revient chez lui après 2000 ans d’exil dans l’hémisphère nord du monde civilisé et il trouve en chemin son frère qui l’attend avec la légion jordanienne. On va le voir dans un verset ultérieurement.

 

Q : Edom = Rome et la chrétienté, et les Britanniques ?

R : les Britanniques représentent une des dimensions de Rome.

A deux niveaux :

l’identité chrétienne, la conscience chrétienne est née, lors d’une alliance entre Rome et les Iduméens qui occupaient la Judée. C’était au temps de la fin du deuxième temple. Au temps d’Hérode roi de Judée avait fait une alliance avec Rome. Il y avait l’armée romaine sur place qui était les alliés des Iduméens qui occupaient le pays de la Judée. C’est dans ce contexte lá que la conscience chrétienne est née, dans une alliance d’identité entre Rome et Edom. C’est pourquoi la tradition a diagnostiqué dans la civilisation romaine le potentiel de la civilisation de Edom-Esaü le frère jumeau de Jacob. C’est au niveau historique indéniable : l’identité de ce romain qui se prend pour Israël est née au temps où les Iduméens occupaient la Judée sous protection des Romains.

 

Au point de vue typologique même théologique, ce frère de Jacob qui n’est pas Jacob et qui se prétend être Israël, dans l’histoire c’est l’Eglise chrétienne. Par conséquent, c’est bien dans cette manière d’être homme qu’est l’empire romain, d’abord dans sa première phase de Rome païenne et dans sa deuxième phase de la Rome chrétienne, et depuis tous les satellites de Rome – les sociétés de droit romain – la civilisation occidentale dont la religion est la religion chrétienne. Que les occidentaux soient chrétiens ou pas, pratiquants ou pas, croyants ou pas, ils sont cette civilisation-là. Les marxistes de Russie sont tout autant Rome que les fanatiques catholiques de Varsovie : tout cela c’est Rome dans toutes ces dimensions. Ils ont d’ailleurs peut-être inconsciemment repris le même emblème d’Esaü, la couleur rouge. Il y a une science des symboles de l’imaginaire individuel et collectif des sociétés :  la science de l’héraldique. C’est très frappant de voir que les mêmes conduites se réclament des mêmes symboles. Vous avez par exemple dans le commentaire d’Abrabanel sur Isaïe, et déjà au temps de la Guémara, et la Mishna mëme : Edom est identifié à Rome. Il y a une projection de l’identité Edom sur l’identité Rome. Effectivement, nous voyons que dans l’histoire c’est ainsi que cela s’est concrétisé. Les Chrétiens sont pris d’angoisse de découvrir que leur situation dans le récit biblique n’est pas du tout celle d’Israël mais celle d’Esaü. Il y a ensuite oubli par phénomène de refoulement inévitable - sorte de soupape de sûreté de la conscience – sinon ils seraient pris de vertige de se découvrir perdus. 

 

***

 

Dès le 1er verset nous avons ce double registre :

 

32:5

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Vayetsav otam lemor koh tomrun ladoni le-Esav koh amar avdecha Ya'akov im-Lavan garti va'echar ad-atah.

 

Vayetsav otam lemor

Et il  leur prescrit en disant

koh tomrun ladoni le-Esav

Ainsi vous direz à mon Seigneur à Esaü.

 

Cela s’hypertrophie. C’est là que l’on commence à mieux percevoir le double discours :

ladoni  c’est en-haut.

le-Esav c’est en-bas.

 

koh amar avdekha Ya'akov

ainsi a dit ton serviteur Jacob

Avdekha c’est en-haut.

Ya'akov c’est en-bas.

 

 im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent...

 

Il y a une sorte de double stratégie : Jacob doit lutter simultanément contre Esaü sur terre et aussi contre l’ange tutélaire d’Esaü dans le ciel. Et tant que l’ange tutélaire d’Esaü dans le ciel n’est pas vaincu, alors Esaü sur terre ne peut pas l’être. Jacob n’a pas peur d’Esaü sur terre mais ce dont il a peur c’est d’Esaü au ciel.

 

Il a une espèce de doute secret - peut-être Esaü a-t’il raison ? - qui lui donne la force du génie là-haut. Le mot français de « génie » recouvre très bien le sens du mot hébreu Sar. Il y a le sens du mot génie de la magie, djinn en arabe, et puis le génie d’une nation.  Le génie d’une nation c’est lui qui est en jeu dans les conflits d’identité. Effectivement, il n’y a pas de doute que l’histoire juive témoigne de cela, qu’il y a dans la descendance de Jacob cette fascination pour l’autre : peut-être a-t’il raison ?

 

On ne trouve pas ce complexe dans les sociétés jives du monde de l’islam. Les musulmans ne disputent pas à Israël son identité d’Israël mais lui disputent sa terre. Ishmaël ne se prétend pas être Israël. Tandis que Esaü lui disputent son identité. Les Juifs qui ont vécu en univers chrétien, les  Ashkénazim en dominante, n’ont donc pas eu la même problématique que les Séfardim vivant dans l’environnement musulman. Dans la conscience séfarade, il n’y pas ce doute d’identité comme dans la conscience ashkénaze où il y a ce traumatisme de l’environnement extérieur. « Peut-être est-ce lui qui est Israël ? »

On ne peut pas ne pas être admiratifs quelques soient les plumes qu’on y a laissé de voir ces  communautés traverser 2000 ans d’histoire chrétienne et rester juives. Elles ont du secrêté des anticorps pour cela, carapce de protection par rapport à la foi chrétienne qui finalement a distillé un athéïsem juif qui est venu de là. J’explique le mécanisme : « si croire en Dieu c’est croire en Dieu comme les chrétiens je préfère être athée ! » Voilá grosso modo si vous voulez très schématiquement l’origine de l’athéïsem ashkénaze.  

 

Les philosophes les penseurs juifs ashkénazes ont une espèce de coquetterie d’athéisme. On trouve cela dans tous leurs livres contemporains,. Dès qu’ils sont sortis des ghettos : coquetterie d’athéïsme qui s’explique aussi comme cela pour se démarquer de la foi, or la foi est chrétienne. Et la foi chrétienne c’est tellement idolâtre qu’ils choisirent l’athéisme. Mais ceci dévoile quand même que l’athéisme en milieu chrétien pour les Juifs c’est parfois aussi grave que la conversion au christianisme. Parce que c’est l’envers de la médaille sainte. Cet environnement là et la problématique qu’il représente a finalement déjudaïsé énormément d’intellectuels juifs. 

Je crois que le modèle de cette identité que je tente de cerner ici cela restera Kafka : le labyrinthe de l’identité. Qui suis-je ? Vous n’aurez jamais de Kafka Séfardi, il n’aurait jamais pu être séfardi. Sauf maintenant où l’on trouve des Séfardim avec la problématique ashkénaze. C’est un problème qui n’est pas fini. Très tôt la tradition a diagnostiqué cela : cela se passe à Rome.

 

La rivalité de l’islam vis-àa-vis d’Israël ne concerne par l’identité théologique. Le musulman Ishmaël sait très bien que c’est Israël qui est Israël. Il n’a aucun problème théologique avec Israël. Il ne lui conteste pas son identité d’Israël, mais il lui refuse une plac esu terre, il lui refuse son autonomie politique. Les Chrétiens c’est l’inverse : ils aménagent une place sur terre mais pas au ciel. Les chrétiens ont pris le ciel, les musulmans pris la terre, et comme je le dis souvent il nous est resté l’horizon. Je crois effectivement que cela explique le je juif de l’exil. Le Juif de l’exil a toujours été un être à l’horizon. C’est aussi une dimension de survie. Il y a une expérience que nous sommes peut-être le seul peuple au monde à avoir vécu : le fait d’avoir été le peuple de l’horizon, le peuple du voyage. Cela a notablement enrichi l’expérience de l’âme juive mais ce n’est pas notre condition naturelle. Alors finalement un jour on a décidé de revenir sous le ciel de notre terre. Et pour cela il fallait arriver sur la terre de notre ciel. Et puis le monde entier se demande ce qui arrive ! Cette chose inouïe qu’Israël rentre chez lui...

 

La stratégie de prière de Jacob :

 

Sa stratégie de guerre consista au retour des envoyés lui annonçant qu’Esaü venait à sa rencontre avec 400 hommes de guerre :

 

32:8

וַיִּירָא יַעֲקֹב מְאֹד, וַיֵּצֶר לוֹ; וַיַּחַץ אֶת-הָעָם אֲשֶׁר-אִתּוֹ, וְאֶת-הַצֹּאן וְאֶת-הַבָּקָר וְהַגְּמַלִּים--לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Vayira Ya'akov me'od vayetser lo vayachats et-ha'am asher-ito ve'et-hatson ve'et-habakar vehagmalim lishneh machanot.

 

Vayira Ya'akov me'od

Et Jacob eut très peur

vayetser lo

Il fut dans l’angoisse

vayachats et-ha'am asher-ito

Et il divisa le peuple avec lui

ve'et-hatson ve'et-habakar vehagmalim lishneh machanot.

Ainsi que tous les troupeaux en deux camps.

 

32 :9

וַיֹּאמֶר, אִם-יָבוֹא עֵשָׂו אֶל-הַמַּחֲנֶה הָאַחַת וְהִכָּהוּ--וְהָיָה הַמַּחֲנֶה הַנִּשְׁאָר, לִפְלֵיטָה

Vayomer im-yavo Esav el-hamachaneh ha'achat vehikahu

Il dit : Si Esaü vient contre le 1er des deux camps et le frappe

vehayah hamachaneh hanish'ar lifleytah

Le camp restant sera rescapé.

 

On retrouve tout à fait le plaidoyer des Juifs de diaspora. Si jamais cela ne va pas en Israël on est ici la réserve…

Un Midrash nous explique que c’est ce que les Juifs de Babel disaient des Juifs de Jérusalem : si l’ennemi vient détruire Israël les Juifs de Babel seront les rescapés...

 

Alors ensuite Jacob prie :

 

32 :10

וַיֹּאמֶר, יַעֲקֹב, אֱלֹהֵי אָבִי אַבְרָהָם, וֵאלֹהֵי אָבִי יִצְחָק:  יְהוָה הָאֹמֵר אֵלַי, שׁוּב לְאַרְצְךָ וּלְמוֹלַדְתְּךָ--וְאֵיטִיבָה עִמָּךְ

Vayomer Ya'akov Elohey avi Avraham ve'Elohey avi Yitschak Adonay ha'omer elay shuv le'artsecha ulemoladetecha ve'eytivah imach

 

Vayomer Ya'akov Elohey avi Avraham ve'Elohey avi Yitschak

Et Jacob dit Dieu de mon père Abraham et Dieu de mon père Isaac

Adonay ha'omer elay

Hashem qui m’a dit (dans la fameuse vision à Béthel)

shouv le'artsekha ulemoladetekha ve'eytivah imakh

« Reviens à ton pays et à ta patrie et Je te ferai du bien ».

 

32 :11

קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים, וּמִכָּל-הָאֱמֶת, אֲשֶׁר עָשִׂיתָ, אֶת-עַבְדֶּךָ:  כִּי בְמַקְלִי, עָבַרְתִּי אֶת-הַיַּרְדֵּן הַזֶּה, וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Katonti mikol hachasadim oumikol-ha'emet

Je suis trop petit de toutes les grâces

asher asita et-avdecha.

Que tu as faites à ton serviteur

ki vemakli avarti et-haYardenhazeh

Car c’est avec mon bâton que j’ai traversé ce Jourdain

ve'atah hayiti lishney ma’hanot

Et maintenant je suis (devenu - sous-entendu tellement riche que j’ai) deux camps.

 

Regardez un peu l’humour noir de Jacob !

Pourquoi a-t’il deux camps ? Parce qu’il a dû séparer pour essayer d’avoir des rescapés ! Et maintenant il rend grâce à Dieu en disant : « je sais que Tu m’as protégé puisqu’en traversant le Jourdain pour m’enfuir je n’avais que mon bâton et voilà que je reviens avec 2 camps... et donc la promesse s’est accomplie ». Vous voyez la dimension d’humour là-dedans !

 

32 :12

הַצִּילֵנִי נָא מִיַּד אָחִי, מִיַּד עֵשָׂו:  כִּי-יָרֵא אָנֹכִי, אֹתוֹ--פֶּן-יָבוֹא וְהִכַּנִי, אֵם עַל-בָּנִים

Hatsileni-na miyad a’hi miyad Esav

Sauve-moi de la main de mon frère de la main d’Esaü

ki-yare anochi

Car j’ai peur de lui

oto pen-yavo vehikani

De peur qu’il ne vienne et me frappe

em al-banim.

La mère sur les enfants.

 

Je vous donne un enseignement important:

Ces deux camps-là sont les enfants de Léah d’abord et les enfants de Rachel en second. Voilá comment Jacob a divisé son camp en deux. On retiendra que c’est purement et simplement une stratégie militaire.

 

Retour en arrière avec les derniers versets de la Sidra précédente :

Après avoir conclu un pacte avec Laban Jacob reprend son chemin :

 

Verset 2 et 3 chapitre 32 :

וְיַעֲקֹב, הָלַךְ לְדַרְכּוֹ; וַיִּפְגְּעוּ-בוֹ, מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים

וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב כַּאֲשֶׁר רָאָם, מַחֲנֵה אֱלֹהִים זֶה; וַיִּקְרָא שֵׁם-הַמָּקוֹם הַהוּא, מַחֲנָיִם

 

VeYa'akov halach ledarko vayifge'ou-vo mal'achey Elohim

Et Jacob alla sur son chemin, le rencontrèrent (comme on rencontre quelqu’un subitement) des anges de Dieu

Vayomer Ya'akov ka'asher ra'am

machaneh Elohim zeh

vayikra shem-hamakom hahou Machanayim.

Et dit Jacob quand il les vit :

« C’est un camp de Dieu »

et il appela le nom de cet endroit les camps.

 

Ma’haneh dans sa forme duelle : ma’hanayim

Dans le ciel il y avait deux camps et sur terre il y a avait deux camps . Je vais essayer de vous montrer le parallèle entre ces deux camps. Qui sont ces anges  dont Yaaqov perçoit qu’ils sont de deux sortes ?

 

Rashi sur le verset 32:2: וַיִּפְגְּעוּ בוֹ מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים

מַלְאָכִים שֶׁל אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל בָּאוּ לִקְרָאתוֹ לְלַוּוֹתוֹ לָאָרֶץ

Et le rencontrèrent les anges de Dieu…

Des anges d’Erets Israël sont venus à sa rencontre pour l’y accompagner (Beréchith raba 74).

Les anges tutélaires d’Erets Israël vont à sa rencontre.

 

Rashi sur verset 3:  מַחֲנָיִם

שְׁתֵּי מַחֲנוֹת שֶׁל חוּצָה לָאָרֶץ שֶׁבָּאוּ עִמּוֹ עַד

Deux camps, [le mot ma‘hanayim étant au duel] : les anges de l’extérieur du pays qui étaient venus avec lui jusque là, et ceux d’Erets Israël qui s’étaient portés à sa rencontre (Midrach tan‘houma Wayichla‘h).

 

Les anges de ‘Houts Laarets l’ont accompagné  jusqu’à la frontière et les anges d’Erets viennent à sa rencontre.

 

Lorsque Jacob rentre en Israël, à ce moment-là il y a deux camps d’anges qui se rencontrent.

Les Malakhim de ’Houts Laarets et les Malakhim d’Erets Israël. Or, sur ce même modèle, pour des raisons apparemment différentes, Jacob est obligé de diviser son propre camps en deux camps.

 

En haut, c’est Ma’hanayim duel au masculin pluriel: Lashon Zakhar.

En bas, c’est Ma’hanot au féminin pluriel : Lashon Nouqvah.

 

La différence d’après le Zohar, c’est que Ma’hanayim bien qu’il y ait deux camps là-haut, les anges sont unis. Mais en bas, c’est vraiment désuni.

 

Or, on finira par diagnostiquer que cette typologie des enfants de Léah c’est la descendance de Jacob en Erets Israël, alors que la typologie des enfants de Rachel c’est la descendance des enfants de Jacob en dehors d’Erets Israël. Yossef et Binyamin. C’est quand Binyamin devient sioniste si j’ose dire que le Mashia’h arrive (coïncidence c’est le prénom de Herzl !). Binyamin joue un très grand rôle dans le temps messianique du retour de l’exil. Je vous en parlerais la prochaine fois : La naissance de Binyamin dans l’histoire de la famille de Jacob, ce qu’il représente dans l’histoire messianique de fin d’exil....

 

Effectivement, nous savons que Rachel n’est pas enterrée  dans la caverne de Makhpelah mais à Bethle’hem, « sur le chemin de l’exil » dit le texte très clairement. Et le Midrash indique : Pour prier pour ses enfants dans l’exil.

 

C’est peut-être la raison pour laquelle les Juifs de l’exil  souhaiteraient que l’on rende Beit Le’hem aux Arabes de telle sorte que Rachel continue à prier pour eux, parce que maintenant Rachel est en Erets Israël, et il n’y plus de protection des Juifs de la Galout.

Lorsque Biniamin revient alors c’est la fin de l’exil. C’est vraiment un moment d’identité important.

 

Noua allons reprendre : cette dualité des 2 camps nous renvoie à la dualité qui est une coupure, une fracture d’identité du peuple de Jacob instauré dans l’histoire en tant que nation : une rupture entre deux manières d’être enfant de Jacob radicalement différentes :

Les enfant de Léa - Erets Israël.

Les enfants de Rachel -  Galout. 

 

La société d’Israël a plusieurs lignes de fracture possible, mais celle-ci est l’une des principales. Et puisque cette typologie nous est donnée sur cette ligne-là c’est peut-être la plus grave.

 

Je vous donne les deux autres qui correspondent ensemble aux trois dimensions d’identité d’Israël :

Au niveau Am Israël la fracture est entre les tribus. De notre temps nous vivons l’affrontement Sefardim-Ashkenazim mais c’est très compliqué, il y a douze tribus en Israël. Ce n’est pas simplement deux tribus, les Séfardim et Ashkénazim se divisent en plusieurs tribus… c’est très compliqué. Il y a une ligne de fracture au niveau du peuple par les tribus.

Au niveau de Torat Israël : il y a une ligne de fracture entre ceux qui sont pour la Torah et ceux qui sont contre ceux qui sont pour (ils ne sont pas contre la Torah).

Au niveau de Erets Israël : c’est la 3ème ligne de fracture peut-être la plus grave, au niveau de Erets Israël – entre Israël et la Diaspora.

 

Q : inaudible.

R : c’est à cause de VeYa'akov halach ledarko :c’est-à-dire quand quelqu’un s’en va en voyage on lui souhaite VeYa'akov halach ledarko , et qu’il rencontre des anges, un eproteciton, une providence as des malakhei ‘habala.

Le voyage est toujours dangereux. Les Juifs ont vécu cela. C’est très profond dans l’inconscient juif le traumatisme des voyages. Voir le quai de la gare de l’est pour les colonies de vacances juives. C’est spécial.

  

Plaidoyer de Jacob :

Je vais reprendre le plaidoyer de Jacob

On peut se demander la raison de sa peur puisqu’il sait que Dieu est Providence pour lui. Mais rattaché au problème général : il a peur parce que peut-être Jacob a un dossier qui peut plaider contre lui : lequel ?

 

D’après le Pshat, la peur de Jacob commence au verset 32:10

 

וַיֹּאמֶר, יַעֲקֹב, אֱלֹהֵי אָבִי אַבְרָהָם, וֵאלֹהֵי אָבִי יִצְחָק:  יְהוָה הָאֹמֵר אֵלַי, שׁוּב לְאַרְצְךָ וּלְמוֹלַדְתְּךָ--וְאֵיטִיבָה עִמָּךְ

Vayomer Ya'akov Elohey avi Avraham ve'Elohey avi Yitschak

Et Jacob dit : « Dieu de mon père Abraham et Dieu de mon père Isaac »

Et maintenant il se rappelle qu’il avait des parents à ‘Hévron, à Beer Shéva.

Adonay ha'omer elay

Hashem qui m’a dit (dans la fameuse vision à Béthel)

shouv le'artsekha ulemoladetekha ve'eytivah imakh

Reviens à ton pays et à ta patrie et Je te ferai du bien.

 

קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים, וּמִכָּל-הָאֱמֶת, אֲשֶׁר עָשִׂיתָ, אֶת-עַבְדֶּךָ:  כִּי בְמַקְלִי, עָבַרְתִּי אֶת-הַיַּרְדֵּן הַזֶּה, וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Katonti mikol hachasadim oumikol-ha'emet

Je suis trop petit de toutes les grâces

asher asita et-avdecha.

Que tu as faites à ton serviteur

ki vemakli avarti et-haYardenhazeh

Car c’est avec mon bâton que j’ai traversé ce Jourdain.

 

32 :12

הַצִּילֵנִי נָא מִיַּד אָחִי, מִיַּד עֵשָׂו:  כִּי-יָרֵא אָנֹכִי, אֹתוֹ--פֶּן-יָבוֹא וְהִכַּנִי, אֵם עַל-בָּנִים

Hatsileni-na miyad a’hi miyad Esav

Sauve-moi de la main de mon frère de la main d’Esaü

 

Jacob commence par dire la louange de Dieu, des remerciements : quand il est parti il avait simplement un bâton : le bâton du juif errant, et maintenant il est riche de deux camps.

Puisque j’ai la preuve de ta protection, alors j’ai encore une protection à te demander : « Sauve-moi de la main de Essav mon frère, j’ai peur qu’il me détruise… »Et là les deux versets sont vraimeents séparés. Indépendament de ce pshat, je vais vous donner une autre lecture en reliant tout simplement la fin du verset 11 et le début du verset 12 : 

 

Fin de verset 32:11:

וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

ve'atah hayiti lishney ma’hanot

Et maintenant je suis (devenu) deux camps

 

Cela suffit déjà pour montrer l’inquiétude de Jacob. Le fait qu’il y ait division dans Jacob : « de cela sauve-moi ! ». C’est une lecture drash.  

 

Et il n’y a pas de doute que c’est le diagnostic de la société juive : dès que se pose un problème quelconque important, la société juive se divise en deux ! Alors sauve-moi ! Cette division fait que Esaü peut être vainqueur.

 

Et je crois que dans la société israélienne en tant que société juive, c’était au paroxysme : cela ne peut pas fonctionner parce que dés qu’il faut décider il y en a  49% et 51% comme à la Knesset. Ce sont finalement les trois lignes de fractures, avec la plus dangeureuse qui est la ligne de fracture entre Israël et la diaspora.

 

Cette division qui met en question aux yeux de l’ange d’Esaü finalement le droit du peuple juif à retourner sur sa terre. Esaü peut quant à lui toujours plaider qu’Israël n’est pas d’ici mais de là-bas...

En s’aidant des statistiques : « Comment affirmer qu’il s’agit de votre terre alors que 4/5 de votre peuple se trouve mieux ailleurs ? »

 

Voilà, il suffit de le formuler de cette manière. Et on voit bien que les événements que nous vivons

Lorsque cela se dévoile au niveau des événements nous permettent de comprendre le texte et réciproquement.

 

Or, il y a quand même plus, c’est le fait que Jacob dans son plaidoyer même indique quelle est sa ligne de faiblesse.

Revenons donc au verset 32:5 :

 

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Vayetsav otam lemor koh tomrun ladoni le-Esav koh amar avdecha Ya'akov im-Lavan garti va'echar ad-atah.

 

C’est le message qu’il envoie à Esaü :

 

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Vayetsav otam lemor

Et il  leur prescrit en disant

koh tomrun ladoni le-Esav

Ainsi vous direz à mon Seigneur à Esaü

 im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent.

 

וַיְהִי-לִי שׁוֹר וַחֲמוֹר, צֹאן וְעֶבֶד וְשִׁפְחָה; וָאֶשְׁלְחָה לְהַגִּיד לַאדֹנִי, לִמְצֹא-חֵן בְּעֵינֶיךָ

Vayehi-li shor vachamor tson ve'eved veshifkhah

 va'eshlechah lehagid ladoni limtso-chen be'eyneykha.

 

Rashi : Ne crois pas que cela me vient de la bénédiction que tu prétends que je t’ai prise, tout cela me vient de mon travail...

 

עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent.

 

C’est ce verset qui explique cette grande terreur du verset 8 auquel j’ai fait allusion tout à l’heure.  

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent.

Nous avons deux Midrash. Parce que là encore deux informations que nous connaissions déjà :

Premiérement le fait que Jacob avait séjourné chez Laban, c’est la parashah de la semaine dernière. Et on sait très bien qu’il a tardé jusqu’á présent ! Et avec une grande patience Esaü l’attendait. Il sait qu’il arrive. Il est prêt. Peut-être si Jacob était revenu plus tôt la légion jordanienne n’aurait pas été sur pied, enfin je veux dire l’armée d’Esau…  Imaginez que les Juifs soient revenu deux siècles avant. Il n’y aurait peut-être pas eu de ligue arabe à ce moment-là. Enfin, c’est un autre problème, mais c’est le problème de Jacob et Esaü antique.

 

Rashi :

Rashi sur Im Laban Garti :

גַּרְתִּי

לֹא נַעֲשֵׂיתִי שָׂר וְחָשׁוּב אֶלָּא גֵּר אֵינְךָ כְּדָאי לִשְׂנוֹא אוֹתִי עַל בִּרְכוֹת אָבִיךָ שֶׁבֵּרְכָנִי הֱוֵה גְּבִיר לַאֲחֶיךָ שֶׁהֲרֵי לֹא נִתְקַיְּמָה בִּי. דָּבָר אַחֵר גַּרְתִּי בְּגִימַטְרִיָּא תַּרְיָ"ג כְּלוֹמָר עִם לָבָן הָרָשָׁע גַּרְתִּי וְתַרְיָ"ג מִצְוֹת שָׁמַרְתִּי וְלֹא לָמַדְתִּי מִמַּעֲשָׂיו הָרָעִים

 

J’ai séjourné : Je n’y suis devenu ni un prince ni un notable, mais j’y suis resté un étranger, [le mot garti, (« j’ai séjourné ») étant de la même racine que guér (« étranger »)]. Tu n’as plus aucune raison, par conséquent, de me haïr à cause de la bénédiction que m’a donnée ton père : « sois un chef pour tes frères » (supra 27, 29), car elle ne s’est pas réalisée (Midrach tan‘houma Wayichla‘h 5). Autre explication : La valeur numérique des lettres de garti est six cent treize, comme si Ya‘aqov avait voulu dire : Tout en séjournant chez Lavan l’impie, j’ai continué d’observer les six cent treize commandements et je n’ai pas suivi ses mauvais exemples.

« Garti : en réalité cette information véhicule une information importante, un plaidoyer : Im Laban Garti j’ai séjourné chez Laban. Le verbe Garti c’est un verbe que vous connaissez Lagour, cela veut dire séjourner comme un étranger Guer. Et le Midrash que cite Rashi dit : « ne crois pas que je sois devenu prince important mais je suis resté Guer métèque ».

Cela veut dire dans son plaidoyer : « Je n’ai jamais oublié Erets Israël et ne me suis jamais cru chez moi chez Laban… »

Et par conséquent, tu n’a pas à me haïr  à cause des bénédictions de ton père que ton père m’a donné parce qu’il m’avait dit « Sois Guévir sur ton frère » mais je n’ai pas été Guévir, j’ai été Guer cela ne s’est pas réalisé pour moi…

Guévir ce n’est pas « noble ». Etymologiquement le mot de « baron » vient de guibor. Alors c’est dans le sens de baron dans l’ancien français. Il lui dit : « Je n’ai pas été Guévir, j’ai été Guér ! ».

 

J’ai entendu une fois un très joli ‘Hidoush là-dessus : Mon père m’a béni pour être Guévir, mais je n’ai été que Guer dit Rashi : Guévir – Guer. Jacob dit qu’il a été béni par Guévir mais le Bi de Guévir ne s’est pas réalisé…

 

Première explication du Midrash cité par Rashi : « j’ai séjourné chez Laban » cela veut dire « j’ai été Guer » lis mon histoire j’ai été métèque et dans les ghettos pendant 2000 ans donc Esaü n’a aucune raison de jalouser son frère. On retrouve le plaidoyer de l’Agence Juive à l’ONU...

 

Deuxième explication de Rashi : Garti begematria Tariag = 613 mitsvot.

Une allusion à Essav : « non seulement je ne suis pas devenu prince de cet endroit mais j’ai gardé les 613 commandements, et bien que ce soit chez Laban le méchant et je n’ai pas appris de ces mauvaises conduites... »

 

Dans les dimensions de ce Midrash que cite Rashi il y a quelque chose de très important. Je vais vous l’expliquer directement comme le Ben Ish ‘Haï l’a expliqué:

Se dévoile ici un plaidoyer de Jacob qui va aller jusqu’au moment de la lutte avec l’ange, où l’ange va être obligé de lui reconnaître le nom d’Israël.

 

Ben Ish ‘Haï indique:

Yaaqov c’est le principe du peuple d’Israël, Am ce peuple doit passer au niveau Israël mais pour cela il faut qu’il mérite deux autres dimensions. Or, rappelez-vous ici cette dimension Guer à travers l’explication de Rashi: la dimension Guer signifie qu’il a gardé son identification par Erets Israël. Or finalement c’est au temps du roi David que cette souveraineté politique sur Erets Israël sera en fin obtenue. D’autre par ce que dit Jacob : non seulement je fais partie d’Erets Israël mais j’ai gardé la Torah. Et la Torah c’est Mosheh qui l’a donné. Alors voilà ce que dit le Ben Ish ‘Haï :

Jacob c’est le peuple, Am Israël.

David c’est la terre, Erets Israël.

Mosheh c’est la Torah.

Et c’est l’identité qui fait que Jacob devient Israël : Am Israël, Erets Israël, Torat Israël.

Le Ben Ish ‘Haï nous le montre avec le procédé cabaliste habituel de la guématria. Et dans ce cas-là, vous allez le comprendre par vous-même, i ne peut pas y avoir de coïncidences de ce genre ce n’est pas possible :  

Yaaqov + David + Mosheh = Israël

182 + 14 + 345 = 541

 

Nn seulement c’est comme cela comme 2+2 font 4 mais c’est aussi ce que dit le Midrash cité par Rashi : Jacob dit à Esaü quelque soit tes prétentions : premiérement je suis resté Guer et deuxièmement j’ai toutes les Mitsvot. Cela veut dire : moi Jacob et donc fidèle à Am Israël, je suis resté Guer et donc fidèle à la terre, et j’ai gardé les 613 mitsvot et donc fidèle à la Torah

Jacob + David + Mosheh = Israël...

C’est si vous voulez le point de force de Jacob devenant Israël.

Quelle était alors son inquiétude ?

C’est dans le même verset.

 

im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent

 

J’ai tardé jusqu’à présent…

Il avoue que quelque soit les mérites dont il peut se prévaloir quant à la promesse que Dieu lui avait faite au moment où il est parti, il y a une faille: peut-être que le mérite ne va pas lui être imputé. Pourquoi ? Parce qu’il a tardé !

 

La Guémara de [Sanhedrin 68b - Brakhot 4a] :  

« Et Jacob eut très peur… » Rabbi Yaaqov met en évidence une contradiction entre deux versets :

Dieu dit à Jacob : « tu peux partir, Je suis avec toi et Je te préserverai là où tu iras ».

Ici il a très peur ? Réponse : la peur que la faute invalide le mérite. Quelle faute ?

C’est ici que cette faute se dévoile : c’est-à-dire que la consigne était de partir et de revenir tout de suite dès que possible. Mais voilà que Jacob lui-même va s’avouer son retard dans une expression précise : « j’ai tardé ». Il aurait pu employé une toute autre expression mais il dit sous forme d’aveu : « j’ai tardé ! ». On tarde toujours par rapport à une certaine date, c’est évident !

C’est très éclairant : cette peur de Jacob dans cette rencontre, elle vient de ce retard. Et c’est très lié avec ces Ma’hanot ces deux camps...
…/…

lire la suite ici 

 

***
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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 19:35
Vayishlah 1986

 

Parasha - Vayishlah 1986

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1986/cours_1

Face A

 

Verset 4 chapitre 32

 

Bref résumé des événements précédents.

Nous aborderons un thème particulier qui apparait dès le début du récit.

 

Nous nous trouvons au temps où Jacob a fini son exil chez Laban si ce n’est qu’au début et à la fin de ces 20 ans d’exil. Ce sont effectivement des raisons de contraintes et on peut donc bien parler d’exil.

 

Très rapidement : Il va se lier avec la famille d’Abraham. Pendant 20 ans Jacob sera installé chez Laban et c’est seulement vers la fin que toute cette période se dévoile comme étant vraiment un exil. Il y a la un thème préfiguratif de l’histoire de la descendance des Patriarches lorsque le peuple d’Israël en tant que collectivité connait aussi ces événements d’exil. Au début ce sont des événements de contraintes et on y expérimente et on y ressent la situation d’exil de façon profonde. Ensuite, il y a installation, on pense qu’il n’y a plus d’exil. On appelle d’ailleurs cela la diaspora. Et ce n’est que vers la fin de la période que se dévoile qu’il s’agit d’un exil et c’est cet événement de la haine de Laban envers Jacob qui nous est raconté dans les derniers versets de la Parashah précédente. Et de nouveau sur l’initiative des filles de Laban, femmes de Jacob, Jacob finalement décide de quitter de s’enfuir du pays de Laban. Il est rejoint par Laban et une sorte d’alliance se contracte entre eux. Et voilà que Jacob revient au pays de Canaan.

 

A ce moment précis, va revenir à la surface, le problème de fond de la rivalité entre Jacob et Esaü, puisqu’il s’agit d’une des principales causes du fait que Jacob ait dû s’enfuir du pays de Canaan.

 

Nous voyons que Jacob va mettre en place trois stratégies pour tenter de résoudre ce problème de cette haine-rivalité entre Jacob et Esaü.

 

Ces trois stratégies sont désignées par la Guémara comme étant préfiguratrices des aménagements d’Israël dans son histoire de survie, chaque fois qu’il se trouve dans une période d’exil.

Et nous savons qu’on peut raconter l’histoire d’Israël de deux manières :

L’histoire d’une nation entrecoupée de très longs temps d’exil. 

L’histoire d’un très long exil entrecoupé de temps nationaux.

 

Ces 3 stratégies sont d’une part :

une tentative de conciliation par concessions : une tentative de négociation avec cadeaux.

la prière.

se préparer à la guerre si nécessaire.

 

Ces thèmes sont bien à la racine de notre histoire et sont préfiguratifs.

En fait, la Guémara nous enseigne que la préparation à ces trois stratégies est simultanée, il faut une disponibilité à ces trois stratégies-là simultanément.

 

On sait très bien qu’il y a un risque de s’habituer à l’une ou l’autre, et l’habitude est cause d’une déformation et du risque de devenir indisponible pour les autres stratégies.

 

Ceux qui sont habitués aux concessions finissent par fonder un parti des concessions et ne pense plus qu’à cela, et deviennent indisponibles et démobilisées pour les autres stratégies.

 

Ceux qui ne sont habitués qu’à la prière, on en comprend les conséquences. Lors de ‘Hanoukah, la Halakhah était qu’en aucun cas on ne faisait la guerre le Shabat. Les ennemis d’Israël en ont profité pour envahir le pays le Shabat. Le Beit Din a du intervenir et autoriser la guerre Shabat.

 

Ceux qui ne pensent qu’à la stratégie de guerre pour réussir l’histoire d’Israël risque aussi d’être pris par cette équation.

 

Israël est ainsi soumis à une triple interpellation simultanée, parce que corollairement, l’ennemi d’Israël est ici Esaü qui a sa propre stratégie, et une seule, c’est la guerre. S’il n’est pas disponible à toutes les éventualités, il y a un risque grave.

 

C’est important de voir que lorsque la Torah Shébealpeh – que ce soit le Midrash ou la Haggada de la Guémarah – intervient pour faire un diagnostic sur ce qui s’est passé à la racine de notre histoire au temps des Patriarches, c’est toujours dans un principe d’enseignement pour l’avenir.

 

Et c’est extraordinaire de voir comment le détail du texte éclaire les péripéties telles que nous les vivons à l’échelle de l’histoire collective.

 

Il y a une préfiguration à l’échelle de l’histoire personnelle des patriarches qui se retrouve dans le diagnostic de l’histoire à l’échelle collective

 

Nous retrouvons là le principe que nous suivons depuis le début de cette étude :

Kol mah shé’irah la-avot siman labanim ce qui est arrivé aux pères est un signe pour les fils.

 

Avec cet angle différent que le récit met en jeu des personnages à l´échelle individuel et on risque d’être trompé de croire qu’il s’agit d’une histoire qui se referme sur elle-même et qu’il n’y a qu’un modèle apologétique plutôt herméneutique mais dans le sens de l’enseignement abstrait coupé de la réalité de l’histoire – de la morale pour elle même – de la contemplation de la morale,  alors qu’en réalité, l’objectif des révélations de ces textes de la Torah, et surtout de leurs explicitations par la tradition orale, c’est de nous faire comprendre que l’histoire n’est pas seulement l’idéal.

 

Je me souviens d’un temps où l’on avait l’habitude de traiter de ces modèles historiques uniquement comme des modèles d’exemplarité de vertu morale à l’échelle individuelle. Et on finit par s’habituer à cette herméneutique-là. Alors que la portée du texte est bien plus importante : c’est d’éclairer l’histoire concrète de la nation d’Israël en tant que nation telle qu’elle a été préfigurée au niveau de la geste des patriarches.

 

Dans une période d’exil, voilà le scénario : au début les Juifs expérimentent qu’il s’agit bien d’un exil. Ensuite on s’installe, on s’habitue et finalement la même péripétie de l’oncle qui était le beau-père – situation privilégiée dans l’exil, se déclenche l’antisémitisme de fin d’exil.

Là aussi, nous avons de façon très claire cet enseignement de type préfiguratif.

 

Il faut toujours manier la typologie avec beaucoup de précautions. C’est une science pour elle–même mais c’est précisément cela la science du Midrash : être capable de diagnostiquer dans le détail de l’événement du récit au niveau des Patriarches en donnant un éclairage qui sert à la postérité des Patriarches dans leur histoire.

 

Finalement, cette lecture a deux versants :

 

D’une part lorsqu’on arrive à comprendre l’événement lorsqu’il arrive, cela éclaire ce que le texte avait dit ;

 

Et inversement, si on comprend bien ce que le texte a dit, cela nous permet de comprendre l’événement lorsqu’il arrive.

 

Précision de méthode :

Explication du point de vue de la méthode, avant de la voir à travers le texte :

C’est le problème de la relation à autrui : lorsque l’autrui est l’adversaire à l’intérieur de la cohérence du monothéisme. Il faut faire effort pour essayer de comprendre les implications du monothéisme dans le problème de la relation des sujets dans l’histoire.

Le fait de dire que « Dieu est Un », cela veut dire qu’il est simultanément le Créateur et la Providence aussi de l’autre, même et surtout lorsque l’autre est l’adversaire. La tentation serait, en ce qui concerne Israël, de croire que Dieu comme Providence ne serait préoccupé que des intérêts de son serviteur Israël. Et que par définition, il serait contre les ennemis d’Israël, les adversaires érigés en rivalités.

 

Mais à l’intérieur d’un monothéisme absolu, comme l’est le monothéisme hébraïque, il est évident que c’est le même Dieu unique qui est derrière Israël et derrière l’anti-Israël. Il faut faire un effort très profond d’approfondissement spirituel pour arriver à comprendre ce qui va nous être raconté dans cette perspective-là. On nous annonce dans cette rencontre entre Jacob et Esaü un exemple privilégié de ce thème-là.

 

Le descendant de Jacob dans l’histoire de Jacob, risquerait de lire, étudier et comprendre le texte qu’avec le postulat que le Dieu dont il est parlé ne protège que les intérêts de Jacob qui est le héros du texte, mis à l’indice de ce Dieu unique dont il est parlé. On risque d’oublier ce principe monothéiste qui est d’ailleurs inscrit dans le Pshat même du verset de base du problème de la relation à autrui qui en hébreu est :  וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ- Véahavta léréakha kamokha.

(Vayikra - Kedoshim 19:18).

On a tendance a oublié la fin du verset :

וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ:  אֲנִי, יְהוָה

Véahavta léréakha kamokha, Ani Hashem Elohekha.

 

Ici la situation entre Jacob et Ésaü n’est pas celle du prochain mais vraiment celle de l’adversaire, de l’approximation érigée en rivalité. Il n’y a pas de rivalité plus terrible que la rivalité du proche, l’approximation de la proximité. Lorsqu’il y a grande différence, lorsqu’il y a éloignement des identités, les conflits sont simples à résoudre. Tandis que là c’est très ambigu.

Ici, c’est l’autre qui se prend pour l’un dans le personnage d’Esaü. Et c’est l’autre qui est le plus proche possible. Mais il n’était que proche.

 

Il y a une image mathématique de l’asymptote : la courbe qui s’approche le plus possible d’une coordonnée sans jamais la rejoindre. Esaü est asymptote de l’identité d’Israël. Et c’est la source de la plus grande des haines parce que la plus proche dans la rivalité la plus terrible.

 

C’est pourquoi la Torah dit tranquillement « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Pour le lointain, c’est plus facile d’aimer. Le risque auquel vient répondre cette Mitsvah concerne bien le prochain. Le commandement d’amour est précisément le plus nécessaire dans le cas limite du prochain. De la même manière, la haine des frères est la haine la plus terrible. Surtout lorsqu’il s’agit d’un frère jumeau.

 

Ceci se rattache au schéma suivant :

A chaque étape de l’engendrement d’Israël au niveau de l’histoire des Patriarches, nous avons toujours une approximation de l’identité d’Israël en engendrement, qui s’érige en rivalité parce qu’elle s’est fixée dans cette impasse d’approximation et s’érige en rivalité terrible d’Israël.

 

Au niveau des enfants d’Abraham l’approximation d’identité qui s’instaure en rivalité de Isaac c’est Ishmaël. Au niveau de Jacob, qui recevra le nom d’Israël, l’approximation d’identité qui s’instaure en rivalité c’est Esaü.

 

Explication du  Midrash sur le nom de Esaü : 

 

Parshat Toldot chapitre 25 verset 25:

וַיֵּצֵא הָרִאשׁוֹן אַדְמוֹנִי, כֻּלּוֹ כְּאַדֶּרֶת שֵׂעָר; וַיִּקְרְאוּ שְׁמוֹ, עֵשָׂו

Vayetse harishon admoni.

Le premier est sorti (de la gestation de leur mère) admoni roux

kulo ke'aderet se'ar

Tout entier revêtu d’une cuirasse velue

vayikre'ou shmo Esav

Et ils nommèrent son nom Essav.

 

Midrash : וַיִּקְרְאוּ שְׁמוֹ, עֵשָׂו vayikre'ou ils nommèrent ? Qui ? Tout le monde. Quiconque le voyait l’appelait Essav. Alors que pour Jacob on dira : וַיִּקְרָא שְׁמוֹ, יַעֲקֹב  Vayiqra Shmo Yaaqov. « Il le nomma Yaaqov ». Qui ? Dieu.

 

Rashi sur וַיִּקְרְאוּ שְׁמוֹ, עֵשָׂו vayikre'ou shmo Esav :

                      הַכֹּל קָרְאוּ לוֹ כֵּן לְפִי שֶׁהָיָה נַעֲשֶׂה וְנִגְמָר בְּשַׂעֲרוֹ כְּבֶן שָׁנִים הַרְבֵּה

De la racine ‘assé (« faire »). Tout le monde l’a appelé ainsi parce qu’il était « fait », c’est-à-dire qu’il était venu au monde tout velu, comme un homme d’âge mûr.

 

« Tous l’appellaient ainsi. (On verra ce que représente ce diagnostic d’identité unanime.)

Parce qu’il était déjà accompli, fait et achevé dans sa pilosité comme un enfant très âgé. »

 

Essav = Ayin-Shin -(Youd)-Vav, est interprété comme si c’était le mot Assouy = déjà fait, déjà accompli. C’est dire qu’il y a là une tentative d’identité qui à un certain moment est immédiatement réalisée, figée dans son approximation de visée de l’avenir. Assouï c’est déjà fait. Et après c’est sélectif, cela s’installe dans l’histoire et il n’y a plus d’histoire, il y  a une durée spécifique mais dès que c’est installé dans sa perfection figée, alors on sait que c’est déjà fini. Même si l’histoire de Rome dure 2000 ans, dès le début on savait qu’elle était caduque.

Alors que Jacob porte en lui une dimension d’éternité.

 

On retrouve dans le nom Essav (écrit en plein Ayin Shin Youd Vav) exactement les mêmes lettres que Yeshouâ - Jésus.

 

Il y a donc cette espèce de colère de frustration qui mène à la rancœur qui sont les facteurs de l’émotion d’antisémitisme. On l’avait trouvé la 1ère fois dans le récit biblique avec Caïn par rapport à Abel. Caïn aussi a un nom qui renvoit à la même idée. Qaïn c’est déjà Qanouï, celui qui se ressent comme déjà acquis. C’est au niveau du même problème. Ici, Essav, celui qui se conçoit comme déjà fait. Alors que Jacob porte en lui avenir. 

 

Tout dans la civilisation de Essav - et en particulier dans ce que deviendra la messianité usurpée de la tradition romaine - est à cet indice du passé déjà révolu : le messie est déjà venu ! Ils sont bien à l’indice du Qets, la fin, le déjà accompli.

 

« Yaaqov Avinou Lo Met ».

On voit dans les versets qui disent la mort des patriarches toujours trois termes dont « Vayamot et il mourût ». Pour Jacob on ne trouve pas ce terme « il mourût » mais les autres « il expira... »

Alors le Midrash nous dit : « Yaaqov Avinou Lo Met ».

 

Le cycle de l’identité d’Abraham est accompli, le cycle de l’identité d’Isaac est accompli, mais ce 3ème mouvement de l’identité Jacob avec cette tension vers le nom Israël qu’il ne reçoit qu’à la fin n’est pas encore accompli : donc il est encore vivant.

 

Le Midrash explique l’absence du terme Vayamot : il y a dans l’identité Jacob une dimension de vie éternelle. Israël tient de Jacob cette dimension de « Koulo ’Haï » tout entier vivant.

 

Le père de ces deux enfants Esaü et Jacob s’appelle Ist’haq. Le Zohar montre que les lettres du nom de Ist’haq  forment deux noms différents : Qets la fin et ’Haï vivant.

Tout se passe comme s’il avait donné tout Qets à Esaü et tout ‘Hay à Jacob : par conséquent « Yaaqov Avinou Lo Met » !

 

Effectivement, ce qui descend d’Esaü n’existe qu’à l’indice d’une fin déjà arrivée. Et c’est ainsi qu’est leur messianité. Alors que dans l’identité Jacob une dimension de ’Haï insondable. Ce qui fait du bijou ’Haï un symbole aussi significatif que la Maguen David elle-même.

 

Pour revenir à cette dialectique entre la fin et la vie, Isaac la porte en lui. Il ne devait pas naître et il est né quand même, il devait mourir et il n’est pas mort... il expérimente les extrêmes dans une identité très particulière - Ist’haq – qui se déploie dans sa descendance.

Esaü emporte avec lui tout Qets, il est le modèle de Qets. Jacob emporte avec lui ’Haï.

 

C’est pourquoi une fois dans la Parashah de Vayé’hi, lorsque Jacob veut prédire le Qets dans sa descendance, il ne le trouve pas.

C’est en tant que fils d’Ist’haq qu’un Qets est possible mais en tant que fils de Yaaqov il n’y a pas de Qets, il y a un Daat - une pulsion qui est insondable -  propre au psychisme juif – sorte de mouvement en avant et en arrière sans fin et qui porte en lui quelque chose que peut-être même aucune civilisation n’arrive à pressentir.

 

En poussant à la limite :

La première fonction du messie attendu est de mettre fin à l’exil, mais il a d’autres fonctions.

Quand un juif dit qu’il attend le messie, y a t’il sincérité totale dans cette espèce de ferveur de l’attente du messie ?

Il n’est que de le confronter à « l’année prochaine à Jérusalem » prononcée chaque année...

C’est la force qui vient de Jacob: en tant que « fils de Jacob » on ne voit pas la fin, le Qets. Si on voyait le Qets on serait un fils d’Its’haq.

 

Au moment de la sortie d’Egypte les choses sont claires :

Mishnah de la Hagadah de Pessa’h : le moment de la fin de l’exil d’Egypte a été calculé à partir du moment de la naissance d’Isaac. C’est grâce au mérite d’Isaac que la fin de l’exil d’Egypte a pu être fixée. S’il ne s’agissait que de l’identité Jacob il n’y aurait pas de fin. 

 

Et lorsque que Jacob veut prédire la fin, ses yeux s’obscurcissent et il ne voit pas. En tant que fils de Jacob nous ne portons pas en nous l’exigence eschatologique.

 

C’est vrai que les Juifs attendent le Messie et c’est vrai que chaque fois qu’on leur a présenté une maquette ils ont dit non. Mais à force de dire non aux maquettes, on risque de dire non au sionisme...

 

Ceux qui attendent le Messie, qu’attendent-ils ? Ils ne le savent même pas eux-mêmes !

 

En tant que fils de Its’haq, oui, grâce au mérite de Isaac, seul des trois patriarches à n’avoir jamais quitter Erets Israël. Raison pour laquelle c’est son mérite qui joue pour mettre fin à l’exil.

 

Nous pouvons témoigner que nous sommes les enfants de ce pays grâce à Its’haq, plus que grâce à Abraham ou que grâce à Jacob. En tant que fils de Isaac nous avons une Zikah sur le pays, en tant que fils de Jacob, la fille de Laban se trouve là où elle se trouve... Des fois elle est à Brooklin…

 

***

 

Q : Jacob est aussi Israël, or vous disez que la fin d’exil arrive c’est grâce au mérite d’Its’haq ?

R : Les deux niveaux Jacob-Israël sont très différents. Tous les textes qui en parlent, par exemple ceux de Vayé’hi -  nomment Jacob qui est la dimension d’Israël dans l’exil. Bien entendu, Jacob fils d’Isaac s’appelle Israël : c’est d’ailleurs quand Jacob revient en Israël qu’il reçoit le nom d’Israël. On va y arriver par un autre biais.

 

Q : Ist’haq est-il la synthèse de Qets et de ‘Hay ?

R : C’est plus qu’une synthèse, c’est en tension intérieure perpétuelle. L’identification de l’identité d’Its’haq est un thème pour lui-même très important dans le Zohar. Mais je voulais simplement essayer de vous montrer qu’il y a deux forces radicalement contradictoires et qui n’arrivent pas à s’annuler d’ailleurs. Yits’haq est tout entier Qets et tout entier ‘Haï.

 

Q : Ist’haq c’est un futur, est-ce un présent continue ? 

R : Oui, il n’y a que cette force du futur qui fait que le présent puisse être continue dans ce sens. Its’haq par son côté ‘Haï – force du futur- ne peut pas s’arrêter là où Essav s’arrête. C’est le thème de l’identification du nom de Essav en tant qu’approximation d’identité qui se fige. Et de là viennent les rivalités les plus terribles.

 

***

 

Je reprends le thème d’introduction : lorsque Jacob va rencontrer Esaü, il a peur, non peur d’Esaü, mais parce qu’il sait très bien que derrière Esaü c’est le Dieu unique qui l’interpelle. C’est le Dieu unique qui d’une certaine manière a aussi le dossier d’Esaü à plaider. On voit là la difficulté de la confrontation d’Israël face à ses adversaires qui n’ont pas la même problématique. Ils ont leurs dieux derrière eux qui ne s’occupent que d’eux. Donc, ils ont une ferveur d’engagement suicidaire. Il y a un comportement anthropologique radicalement différent. Pour l’ennemi, son dieu ne s’occupe que de lui, et il est anti-juif. Par contre le Dieu du Juif n’est pas anti-Esaü qui est aussi la créature de Dieu. Dans cette problématique les Juifs sont à part parce que leur monothéisme est cohérent. Vous voyez à quel point cela risque de s’hypertrophier. Très souvent chez les Juifs, on trouve ce comportement qui consiste à dire puisque l’autre c’est l’autre, peut-être a-t’il plus raison que moi puisqu’il est l’autre stam.  

C’est une caractéristique du Juif de la Galout – l’identité de Jacob. Israël n’est pas comme cela.

Jacob est dans ce problème. Les israélien qui se comportent ainsi sont des juifs galoutiques déguisés en israélien.

 

Nous allons voir toutes les stratégies du juif galoutique qui se mettent en place.

Par exemple lorsque Jacob va se prosterner devant Esaü.

C’est un peu la politique genre « congrés juif mondial » pour amadouer les Goyim. Genre courbettes, alors que c’est quand Jacob va se redresser qu’il s’appellera Israël.

 

On va tout de suite être prévenu d’un double registre du langage. 

 

 32:4

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו, אֶל-עֵשָׂו אָחִיו, אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה אֱדוֹם

Vayishla’h Ya'akov mal'akhim lefanav

el-Essav a’hiv artsah Se'ir sdeh Edom.

Et Jacob envoya des envoyés malakhim devant lui

à Essav son frère, et direction de Séir du champ de Edom.

 

On est de suite frappé par la répétition des termes dans tous les moments du verset :

mal'akhim lefanav c’est un doublet: s’il envoie des malakhim, c’est devant lui !

el-Essav a’hiv  Esaü, c’est son frère !

Le Midrash va intervenir pour chaque unité de lecture pour l’expliquer pour elle-même.

Il envoit à son frère mais il trouve Esaü…

artsah Se'ir sdeh Edom c’est encore apparemment une répétition.

 

Au niveau d’exégèse du Zohar de ce texte c’est que dans le même comportement et dans le même dire, il y a deux portées.

 

Simultanément, Jacob s’adresse à Esaü et en même temps au Dieu unique providence d’Esaü. C’est à dire qu’on va appeler cela en langage traditionnel le Sar d’Esaü, la volonté de Dieu pour Esaü.

 

Parenthèse :

Dans la Guémara : on enseigne que lorsque Moïse est monté pour recevoir la Torah, il a demandé

un certain nombre de conditions avant de recevoir la Torah. L’une d’elles était qu’il n’y ait plus de prophétie chez les Goyim. Cela intrigue beaucoup les commentateurs. Si tu reçois un cadeau, ce n’est pas beau de refuser qu’autrui reçoive le même cadeau. Toute une théorie économique est basée sur ce principe : si l’autre est aussi riche que moi je me sens pauvre... Nous aurions ici un tel comportement chez Moïse : nous acceptons la prophétie mais ne la donne pas au Goyim...

On sait d’ailleurs que jusqu’à ce temps dans l’histoire, il y a avait dans tous les peuples des prophètes qui comme tous les prophètes étaient capables, comme ceux d’Israël, d’éclairer son propre peuple sur le sens de son histoire d’après le Dieu unique.

 

Israël possède la prophétie qui éclaire le sens de l’histoire d’Israël d’après la prophétie biblique mais il ne faut pas croire que seule l’histoire d’Israël a un sens biblique et prophétique d’après la prophétie. Cela veut dire que les autres peuples aussi, leur histoire est sous le regard de Dieu. Dans tous les cas nous sommes dans le cadre du monothéisme absolu. Par conséquent, il y a un sens à l’histoire biblique de tous les peuples, et il y a eu un temps où tous les peuples avaient leur prophètes particuliers qui savaient leur expliquer le sens spirituel et prophétique de leur propre histoire. C’est ce que Moïse demande : qu’il n’y ait plus de prophètes chez les Goyim capables d’expliquer le sens prophétique de leur histoire.

 

Effectivement, nous savons qu’historiquement c’est arrivé. Le dernier étant Bilaam en cette génération-là, qui était non seulement le prophète du peuple particulier de Midyan, mais qui avait cette prérogative d’être le porte-parole de la revendication de l’O.N.U. de ce temps-là : toutes les nations à la fois contre Israël. Bilaam le prophète des nations. C’est pourquoi il a été l’antagoniste de Moïse. En termes de réalités contemporaines, ce qu’on pourrait appeler le porte-parole de l’O.N.U. lorsqu’il formule la propagande de la revendication des nations contre Israël. On connait la force de la propagande, élevée au rang de science politique au temps de Goebbels contre les Juifs.

 

Moïse va être chargé de transmettre la Torah à Israël : cela signifie qu’Israël va être jugé d’après la Torah, une fois révélée. Cela veut dire qu’Israël va être cette unique nation qui accepte que son histoire soit jugée par la chartre que représente la Torah. Les autres nations non.

 

Mais Israël sait - et Moïse s’en fait le porte-parole – qu’il va entrer dans une histoire pleine de rivalités et de contestations. Si déjà l’interpellation contre Israël, a priori de toute connaissance du sens prophétique de leur dossier, est si terrible pour le peuple juif, alors à postériori s’ils avaient leur prophètes ! S’ils connaissaient la lecture biblique de leur propre histoire, ce serait impossible pour Israël. C’est ce qui explique ce que Moïse demande à Dieu.

…/…

lire la suite ici

 

***

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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 19:18

                        Vayishl’ah - série 1984 cours 2 - 3ème partie.


.../...

On revient maintenant à la 1ère question pour lire ce que nous dit Rashi. Quel est le problème ?   

Jacob revient d’exil et à la frontière, il rencontre des anges. Il appelle l’endroit « Ma’hané Elohim ».

Pourquoi emploie-t’il l’expression Ma’hanayim à la forme duelle ?

 

Rashi : Les anges d’Erets Israël sont venus à sa rencontre. Pour l’accompagner en Erets Israël.

          מַחֲנָיִם

             שְׁתֵּי מַחֲנוֹת שֶׁל חוּצָה לָאָרֶץ שֶׁבָּאוּ עִמּוֹ עַד

Ma’hané est au duel Ma’hanayim parce qu’il y a deux camps, les anges de ‘Houts Laarets qui l’ont accompagné jusque-là et ceux d’Erets Israël qui sont venus à sa rencontre. (Midrach tan‘houma Wayichla‘h).

 

Et par conséquent cela nous résout notre problème. C’est la réponse du Midrash Tan’houmah que cite Rashi : Jacob est accompagné par les anges de ‘Houts laarets jusqu’à la frontière et puis il est accueilli par les anges d’Erets Israël à la frontière. Il a donc vu deux camps.

 

Le Shlah explique cela par le fait que, et c’est très lié au contexte, et d’autre part à une autre tradition que chaque fois qu’un homme a un mérite, il a un ange positif qui l’accompagne. Un ange négatif à chaque Avérah. Donc Jacob est accompagné par ses mérites qu’il a acquis en ‘Houts Laarets et il est accueilli par les mérites qu’il a par rapport à Erets Israël.

 

La question devient donc : lesquels des Malkhim selon Rashi furent envoyés à Esaü ?

Vous voyez comment raisonne Rashi :

Etant donné qu’il y avait deux sortes de Malakhim et que cela voulait dire les mérites qui vont justifier le nom d’Israël, quels sont les Malakhim qu’il envoie en direction de son problème d’épreuve ? Est-ce qu’il envoie les Malakhim de ‘Houts Laarets ? Ou envoie-t’il les Malakhim d’Erets Israël ? Rashi ne tranche pas en disant « malakhim mamash », c’était la malokhet de la Guémara.

 

La réponse est très simple, nous la trouvons dans le plaidoyer même du message que Jacob envoie à travers ces Malakhim : nous allons voir qu’il s’agit effectivement des Malakhim d’Erets Israël qui vont aider Jacob à obtenir le nom de Israël.

 

On va le voir sur la fin du verset 5 :

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב

Vayetsav otam lemor

koh tomrun ladoni le-Esav

koh amar avdekha Ya'akov

Il leur avait donné cet ordre: "Vous parlerez ainsi à mon seigneur, à Ésaü: ‘Ainsi parle ton serviteur Jacob:

עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

 im-Lavan garti va'e’har ad-atah

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent.

 

Rashi sur Garti :

גַּרְתִּי

לֹא נַעֲשֵׂיתִי שָׂר וְחָשׁוּב אֶלָּא גֵּר אֵינְךָ כְּדָאי לִשְׂנוֹא אוֹתִי עַל בִּרְכוֹת אָבִיךָ שֶׁבֵּרְכָנִי הֱוֵה גְּבִיר לַאֲחֶיךָ שֶׁהֲרֵי לֹא נִתְקַיְּמָה בִּי. דָּבָר אַחֵר גַּרְתִּי בְּגִימַטְרִיָּא תַּרְיָ"ג כְּלוֹמָר עִם לָבָן הָרָשָׁע גַּרְתִּי וְתַרְיָ"ג מִצְוֹת שָׁמַרְתִּי וְלֹא לָמַדְתִּי מִמַּעֲשָׂיו הָרָעִים

          J’ai séjourné :

Je n’y suis devenu ni un prince ni un notable, mais j’y suis resté un étranger, [le mot garti, (« j’ai séjourné ») étant de la même racine que guér (« étranger »)]. Tu n’as plus aucune raison, par conséquent, de me haïr à cause de la bénédiction que m’a donnée ton père : « sois un chef pour tes frères » (supra 27, 29), car elle ne s’est pas réalisée (Midrach tan‘houma Wayichla‘h 5). Autre explication : La valeur numérique des lettres de garti est six cent treize, comme si Ya‘aqov avait voulu dire : Tout en séjournant chez Lavan l’impie, j’ai continué d’observer les six cent treize commandements et je n’ai pas suivi ses mauvais exemples.

 

Lo naassiti sar verashou je ne suis pas devenu prince ou premier ministre de Laban...

 

Mais Garti cela veut dire « j’ai séjourné » de la même racine d’où proviendra le mot de Guer étranger. Un étranger ne devient par premier ministre. Cela veut dire que Jacob a préservé son identité d’Erets Israël. Il n’a pas accepté de devenir le premie rministre de Laban, un libanais quelconque. Il est resté attaché à la terre d’Israël depuis l’étranger. Il est resté Guer à l’étranger.

Par conséquent puisque je suis resté étranger-métèque chez mon beau-père, mon oncle et puisque je ne me suis pas cru chez moi ailleurs, j’ai le droit de revenir en Israël.

 

Vous voyez donc pourquoi je dis que Rashi a tranché en faveur de la Mal’hoqet du Midrash en disant que ce sont des « Malakhim Mamash » parce que Jacob avait besoin d’envoyer son mérite d’Erets Israël.

 

 

La bénédiction de Isaac à Jacob était : [27:29]:

הֱוֵה גְבִיר לְאַחֶיךָ, וְיִשְׁתַּחֲווּ לְךָ בְּנֵי אִמֶּךָ

heveh gevir le'a’hekha veyishta’havou lekha beney imekha

Sois dominateur sur ton frère (puisqu’elle ne s’est pas réalisée pour moi.)

 

J’ai entendu une fois un très joli ‘Hidoush là-dessus : Guévir - Guer. Jacob dit qu’il a été béni par Guévir mais le Bi de Guévir manque…

 

Du point de vue de la signification c’est très important : cette première réponse c’est qu’il est resté fidèle à Erets Israël. Vous voyez toutes les implications que cela peut avoir pour nos problèmes contemporains.

 

2ème réponse de Rashi sur Im Laban Garti :

Guématria Tariag valeur numérique de 613 nombre des commandements.

J’ai séjourné chez Laban et malgré cela j’ai préservé shamarti les 613 commandements et je n’ai pas appris des comportements du mal.

 

Donc il s’agit bien d’un plaidoyer de la part de Jacob et non pas d’une simple information historique : J’étais chez Laban et voilá comment j’étais chez Laban, c’est pourquoi j’ai tardé jusqu’à présent… 

C’est-à-dire qu’il a fait la preuve qu’il méritait le nom d’Israël puisque dans la condition de déperdition d’identité il est resté fidèle à son identité.

 

Le frère du Maharal, Rabi ‘Hayim, a écrit un livre très important qui s’appelle le Sefer Ha’Hayïm, et dans un des chapitres il donne une explication - parmi 17 en tout - de l’exil très paradoxale : c’est une mise à l’épreuve de la fidélité d’Israël. Pour savoir si vraiment Israël est capable d’être fidèle à Erets Israël. Parce que ne peuvent revenir de l’exil que ceux qui sont fidèles à Erets Israël. Pourquoi cela dure-t’il si longtemps ? C’est mystérieux ! Alors il y a 16 autres réponses....

 

C’est une indication importante : cela veut dire que Jacob dans l’exil est passé par l’épreuve de cette interpellation : es-tu Israël ? Rester fidèle à la Torah et à la terre d’Israël dans l’exil, c’est surhumain, mais il l’a fait. D’où son plaidoyer... 

 

A retenir :

L’identité d’Israël va désigner trois dimensions simultanées que l’on voit dans ce Rashi:

ð  Jacob est l’ancêtre du peuple qui devient le peuple Israël.

ð  Il ne reçoit le nom d’Israël que lorsqu’il peut justifier de 2 autres dimensions avec le peuple :

ð  La fidélité à la terre La fidélité à la Torah.

 

Ben Ish ’Hay sur le passage de Jacob à Israël => Jacob + Torah + Erets Israël = Israël.

Jacob 182 + Mosheh 345 + David 14 = 541

 

Si on enlève une des dimensions, les deux autres restent ce qu’elles sont, mais Israël n’est plus présent. Les 3 sont nécessaires pour qu’Israël apparaissent. On le voit bien dans Rashi.

Jacob doit se justifier de rester fidèle à la Torah et à Erets Israël pour recevoir le nom d’Israël.

C’es tle même enseignement mais sous deux formes différentes.

 

***

 

Thème supplémentaire sur ce qui arrive par la suite :

A partir du verset 32:8. Lorsque Jacob entend que son frère se prépare à lui faire la guerre:

 

וַיִּירָא יַעֲקֹב מְאֹד, וַיֵּצֶר לוֹ

Vayira Ya'akov mé'od

Jacob a eu très peur

vayetser lo

et fut dans l’angoisse

וַיַּחַץ אֶת-הָעָם אֲשֶׁר-אִתּוֹ

vayachats et-ha'am asher-ito

et sépara le peuple qui était avec lui

וְאֶת-הַצֹּאן וְאֶת-הַבָּקָר וְהַגְּמַלִּים--לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

 ve'et-hatson ve'et-habakar vehagmalim lishneh ma’hanot.

Moutons... chameaux... en deux camps

 

Il y a une correspondance qui ne peut pas ne pas être significative.

Jacob a vu dans le ciel deux camps, alors il l’appelle Ma’hanayim au pluriel masculin.

Et fait de même sur terre et sépare son peuple en deux camps (pluriel féminin) qui correspondent aux deux camps célestes.

 

Lorsqu’il se prépare à rencontrer Esaü, il met d’abord les fils de Léa et des servantes dans le premier camps et le deuxième camps, c’est Rachel et Joseph.

Il dit lui même le pourquoi de cette stratégie :

 

וַיֹּאמֶר, אִם-יָבוֹא עֵשָׂו אֶל-הַמַּחֲנֶה הָאַחַת וְהִכָּהוּ--וְהָיָה הַמַּחֲנֶה הַנִּשְׁאָר, לִפְלֵיטָה

Vayomer im-yavo Esav el-hama’haneh ha'achat vehikahou

Si Esaü vient contre le 1er camp et le frappe

vehayah hamachaneh hanish'ar lifleytah.

Le camp qui restera sera rescapé.

 

La premiére approche de cela : Effectivement, dans l’exemple du 3ème exil contemporain, la Providence fît en sorte qu’il fut très différencié ; et par conséquent lorsqu’Israël fut persécuté en un endroit,  il était sauf dans un autre. Il y a dans cette protection durant l’exil quelque chose de cette stratégie. Si l’un des camps d’israël est déruit, il y en a un autre qui rpend la relève.

Toute l’histoire de la diaspora juive de ces 2000 ans fait apparaître un déplacement des centres juifs au fur et à mesure des persécutions.

 

Un Midrash du Talmud Babli applique cela à la séparation entre la communauté juive en Erets et celle en diaspora, disant que la stratégie de Jacob est d’essayer Erets Israël mais qui si Esaü est plus fort alors la Golah sera l’échappatoire…

 

Q : Loubavitch ?

R : Par exemple, mais c’est un Midrash ancien. C’est un peu la stratégie d’aujourd’hui. Pas seulement Loubavitch, mais je pense dans beaucoup de milieux fidéles á la Torah mias pas à Erets Israël, il y a un peu cette argumentation qui est très diffile et honteure, pas noble : servir de réserve en cas d’échec pour assurer la pérennité d’Israël.

 

On voit bien que cette séparation entre les deux camps implique une certaine stratégie. Le verset ne dit pas à laquelle des deux pense Jacob. Le Midrash des Bablim intervient pour dire que c’est celle de la diaspora argumentant que si Israël est détruit nous serons pour l’état et cela donc justifie de rester en Galout.

 

Si on compare les deux définitions de Ma’hanayim et de Ma’hanot, on voit qu’il s’agit bien de cela.

Rashi nous avait dit : Les anges de ‘Houts Laarets et les anges de Erets Israël.

Ces deux Ma’hanot sont effectivement Israël d’Erets Israël et Israël de ’Houts Laarets, et nous verrons dans la suite de l’étude que la descendance de Joseph est définie comme cela : la relation à l’extérieur.

 

La descendance de Joseph, c’est la tentative à travers la diaspora, alors que la descendance de Léa c’est la tentative à travers Israël.

 

Le moment messianique est défini par le fait que Joseph décide qu’il faut revenir en Erets Israël. Quand c’est Yehoudah qui le décide, cela va de soi, il n’y a pas de ‘Hidoush. Quand c’est Yossef qui décide décide qu’il faut revenir en Erets Israël, c’est vraiment le temps messianique ! c’est pourquoile temps messianique s’appelle Mashia’h ben Yossef !

 

Ce même Joseph qui va être connu pendant toute sa vie et jusqu’au bout, comme le juif assimilé au service du Pharaon, lorsque lui décide que le diagnostic est négatif et que les fils devront ramener ses ossements en Israël, c’est le signe du messianisme authentique, du retour de la fin d’exil. C’est Moïse qui fera ce diagnostic, c’est pourquoi il ne quittera pas l’Egypte sans ramener les ossements de Joseph, lui Moïse, parce que dans son diagnostic, Moïse justifie Joseph.

 

Il est important de voir comment dans le temps contemporain, le sionisme politique a été effectivement déclenché par ces Juifs-là qui apparemment ont été les plus assimilés. Et quand eux ont fait le diagnostic que le temps de décrochage était arrivé, c’est la fin d’exil. C’est très paradoxal : Le sionisme a été un mouvement apparemment déjudaïsé mais c’est le signe de son authenticité. Nous en avons le modèle dans l’histoire de Joseph lui-même.

 

Lors d’une discussion avec un prêtre sur un bâteau en route vers Israël à l’époque où le désert refleurissait, le miracle israélien. Il s’étonnait que ce soit le fait de Juifs non religieux.

Je lui ai répondu : Si cela avait été des Juifs religieux à l’origine du sionisme politique qui auraient agi au nom de leur foi on aurait dit que c’est une œuvre humaine et on aurait pas été sûr d’y voir l’œuvre de la providence. Des hommes avec une foi, un idéal qui font tout pour l’accomplir ! Par exemple les Mormons qui ont accompli leur foi en Amérique. Mais le fait que ce soit précisément des athées, c’est le signe que c’est Dieu qui le fait.

 

Et cela va dans le sens de cet enseignement : c’est Yossef qui est l’homme de la diaspora qui déclenche le retour ! C’est pourquoi le 1er moment messianique s’appelle Mashia’h Ben Yossef. Il y a aussi d‘autres raisons, bien sûr. Mais à ce niveau-là c’est la raison essentielle.

 

J’aimerais bien revenir sur cette analyse braucoup plus longuement parce que c’est une chose que les Juifs non sionistes ou antisionistes au nom de la Torah arrivent difficilement à comprendre.

Cette histoire contemporaine nous est déjà racontée et c’est ainsi qu’elle se passe quand elle se passe. Pendant toute sa vie Joseph aurait pu être suspecté d’avoir pris le parti du Pharaon. Jusqu’au moment où il se dévoile dans sa fidélité à son identité hébraïque. Joseph diagnostique que sa tentative de transfigurer la civilisation égyptienne – se mettre au service de l’humanisme égyptien universel de ce temps – est un échec, alors il demande que lorsqu’ils reviendront, ils ramènent ses ossements en Erets Israël...

 
< fin >

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