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20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 14:59
Parasha - Vayetse (1993)

 

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayetse_serie_1993/cours_1
Face B

28 :5

וַיִּשְׁלַח יִצְחָק אֶת-יַעֲקֹב, וַיֵּלֶךְ פַּדֶּנָה אֲרָם--אֶל-לָבָן בֶּן-בְּתוּאֵל, הָאֲרַמִּי, אֲחִי רִבְקָה, אֵם יַעֲקֹב וְעֵשָׂו.

Vayishla’h Yitschak et-Ya'akov

Et Isaac envoya Jacob

vayelech Padenah Aram

Et il alla à Padan Aram

el-Lavan ben-Betou'el ha'Arami

Chez Laban fils de Béthouel l’araméen

 a’hi Rivkah em Ya'akov ve'Esav

Frère de Rivqah mère de Jacob et Esaü.

 

Le verset est atypique car du point de vue de l’ordre de la naissance, le verset aurait du dire, mère d’Esaü et de Jacob. Or, ici mère de Jacob et d’Esaü. On pourrait croire que puisque Jacob est avant Esaü, cela veut dire qu’Esaü va faire Teshouvah. Rashi précise qu’il ne sait pas ce que cela veut dire. Cela signifie que ce n’est pas cela, mais il ne peut pas le dire explicitement en milieu chrétien. D’où l’avons-nous appris ? Nous l’avons appris en milieu musulman dans d’autre shitot. 

 

Il y a un commentaire des ‘Hassidim que j’ai entendu cette année :

Rivqah est la mère des deux enfants, Jacob et Esaü, et elle se préoccupe des deux : « pourquoi serais-je veuve des deux enfants... »

En allant chez la mère de Jacob, si Jacob va chez Rivqah appelée « mère de Jacob », alors Esaü est aussi sauvé. Parce que si Jacob ne reste pas dans le monde, Esaü est perdu.

 

En termes contemporains :

La semaine dernière dans une assemblée d’ecclésiastiques, ils demandent de leur expliquer surtout pourquoi nous chrétiens on ne peut pas se passer du judaïsme alors que vous Juifs vous pouvez vous en passer ? ». Vous voyez que c’est un probléme important : les Chrétiens ne peuvent pas se passer du judaïsme. Sans le judaïsme ils n’existent plus. Ils doivent s’adosser à l’identité juive. Mais un juif peut être juif en dehors de la planète Rome.

 

Je me rappelle mon enfance, on a vécu chez les musulmans, alors on n’avait entendu parler des chrétiens ces barbares qui se prenaient pour Israël comme des histoires exotiques... Un juif séfardi n’a jamais pris au sérieux le danger chrétien. Ce sont les ashkénazim qui ont pris au sérieux le danger chrétien. Pour les juifs séfardim le danger sérieux c’est le danger musulman qui n’a rien à voir : non pas une histoire religieuse mais une histoire politique.

 

Pour revenir au sujet nous voyons que Isaac a envoyé Jacob à Padan Aram.

La parenthèse commence au verset 6 :

 

Toldot 28 :6 :

וַיַּרְא עֵשָׂו, כִּי-בֵרַךְ יִצְחָק אֶת-יַעֲקֹב, וְשִׁלַּח אֹתוֹ פַּדֶּנָה אֲרָם, לָקַחַת-לוֹ מִשָּׁם אִשָּׁה:  בְּבָרְכוֹ אֹתוֹ--וַיְצַו עָלָיו לֵאמֹר, לֹא-תִקַּח אִשָּׁה מִבְּנוֹת כְּנָעַן

Vayar Esav ki verach Yitschak et-Ya'akov

Et Esaü vit qu’Isaac avait béni Jacob

veshilach oto Padenah Aram

Et qu’il l’avait envoyé à Padan Aram

lakachat-lo misham ishah

Pour qu’il prenne de là-bas une femme

bevaracho oto

En le bénissant

vayetsav alav lemor

Et en lui prescrivant

lo-tikach ishah mibenot Kena'an.

Tu ne prendras pas de femme au pays de Canaan.

 

28 :7

וַיִּשְׁמַע יַעֲקֹב, אֶל-אָבִיו וְאֶל-אִמּוֹ; וַיֵּלֶךְ, פַּדֶּנָה אֲרָם

Vayishma Ya'akov el-aviv ve'el-imo

Et Jacob a écouté et son père et sa mère

 vayelech Padenah Aram

Et il alla à Padan ‘Haran.

 

Nous avons là la clef de notre problème dans ce verset.

Esaü n’a compris qu’une seule chose, c’est que ses femmes étaient mauvaises aux yeux d’Isaac. Alors qu’il a pris acte, il a découvert que pour Jacob, elles étaient mauvaises aux yeux d’Isaac et de Rivqah. On apprend qu’Esaü a un lien d’intimité avec Isaac qu’il n’a pas avec sa mère.

 

28:8

וַיַּרְא עֵשָׂו, כִּי רָעוֹת בְּנוֹת כְּנָעַן, בְּעֵינֵי, יִצְחָק אָבִיו

Vayar Esav ki ra'ot benot Kena'an be'eyney Yits’hak aviv

Et il vit Essav que les filles de Canaan étaient mauvaises aux yeux de Isaac son père.

 

Le texte revient sur cela.

 

וַיֵּלֶךְ עֵשָׂו, אֶל-יִשְׁמָעֵאל; וַיִּקַּח אֶת-מָחֲלַת בַּת-יִשְׁמָעֵאל בֶּן-אַבְרָהָם אֲחוֹת נְבָיוֹת, עַל-נָשָׁיו--לוֹ לְאִשָּׁה

Vayelekh Esav el-Yishma'el

Et Esaü alla chez Ishmaël

vayikach et-Machalat bat-Yishma'el ben-Avraham a’hot Nevayot al-nashav lo le'ishah.

Et il prit Ma’halat fille de Ishmaël fils d’Abraham sœur de Nevayot en plus de ses femmes pour lui pour femme.

 

Il y a un demi-repentir de la part d’Esaü par rapport à Isaac. Il le réalise en prenant une femme monothéiste fille d’Ishmaël. Mais il garde sa trinité païenne en-dessous. Quoiqu’il en soit, ce demi-repentir va accroître son mérite et donc la motivation va changer. Il faut que Jacob prenne conscience qu’Esaü devient plus dangereux pour lui, étant l’allié d’Ishmaël. Et donc c’est à ‘Haran qu’il va et non pas à Padan Aram.

 

Rashi sur la fin du verset 28:10 : Vayelekh ‘Haranah il partit à ‘Haran. Rashi dit : « il est sorti pour aller à ‘Haran ». Rashi semble nous dire ce qu’on appelle en français une lapalissade ?

Que nous apprend-il ?

Maintenant on comprend mieux Rashi : Jacob est sorti de Beer Sheva dans l’intention d’aller à Padan Aram mais en réalité il est allé à ‘Haran.

Parce que le verset lui-même était à expliquer : « Et il sortit de Beer Sheva et il alla à ‘Haran ». Mais pour aller à ‘Haran il faut qu’il sorte de Beer Shéva ! Qu’est-ce que cela m’apprend-il qu’il est sorit de Beer Shéva ? Vous avez compris le problème.

 

C’est l’habitude de Rashi de donner son enseignement derrière une règle de grammaire. Très souvent rashi explique : Il y a hé (hé paragogique) à la fin d’un mot pour remplacer le Lamed au commencement d’un mot => Lé’Haran devient ‘Haranah.

Parce que le Hé de la fin d’un mot indique la direction avant qu’on arrive quelque part.

Mitsraïmah : en direction de l’Egypte.

Shamaïmah : en direction du ciel.

‘Haranah : en direction de ‘Haran.

 

Cela veut dire que il y a eu dès l’origine un demi-repentir d’Esaü qui se repent vis-à-vis de son père et pas vis-à-vis de sa mère. Qu’est-ce que cela veut dire ?

 

Nous allons changer de registre d’étude pour l’étudier d’après le Midrash.

 

Retenz en tout cas cela qu’il y a eu dans l’histoire un demi-repentir de Rome : la Rome païenne est devenue la Rome chrétienne. Je vais vous situer cela : ce changement de la Rome païenne devenant la Rome chrétienne est un événement historique énorme. La Rome païenne a réussi à imposer à la communauté chrétienne ses structures impériales. Et au bout de 300 ans, à partir de Constantin, la communauté chrétienne a capitulé, abdiqué, devant l’empire romain qu’elle a christianisé, mais en réalité elle s’est faite impérialisée : elle est devenue « l’empire chrétien ! » Ce que le pape montrait d’ailleurs avec la triple tiare dont l’une était celle de l’empereur. D’ailleurs je crois que c’est le pape Jean 23 ou celui qui a suivi qui a enlevé la triple tiare. 

Après Vatican 2 d’ailleurs on cherche à désimpérialiser l’Eglise mais je vous garantis que les spécialistes de Rome savant à quel point il y a une inertie de la cité du Vatican. Dans n’importe quel pays au monde, il y a en général 300 serviteurs inutiles d’un ministre, au Vatican là-bas il y en a 3000 chaque fois.  

Pour revenir au sujet : il s’est produit ce demi-repentir.

 

Voilà le Midrash que je voulais vous citer, qui ne traite pas de notre problème mais d’après ce qu’il dit cela éclaire notre problème. Il y a un verset des Proverbes (Mishlei lu à Shavouot avec Rout)

שְׁמַע בְּנִי, מוּסַר אָבִיךָ;    וְאַל-תִּטֹּשׁ, תּוֹרַת אִמֶּךָ

« Ecoutes mon fils, la morale de ton père, et n’abandonne pas la Torah de ta mère ».

Regardez comment ce verset s’adapte à notre question : Le Midrash dit : Eïn Abikha Ela Abikha Shel Shem Hashamayim Vé-Eïn Imékha Ela Knesset Israël le père dont il est parlé ici c’est ton père qui est aux cieux et ta mère c’est l’assemblée d’Israël.

 

Regardez exactement ce qui se passe pour Esaü :

Appliqué à Esaü : il a finalement accepté la morale de son père céleste « Dieu le père » comme ils disent, la morale mais pas la religion, et la Torah d’Israël, « sa mère », il la rejette. C’est le demi-repentir d’Essav. Ils s’inventent ensuite une mère qui n’est pas mère puisque c’est par l’opération du saint-esprit... etc.

 

On approche peut être du temps du repentir d’Esaü vis-à-vis de sa mère. La reconnaissance de l’Etat d’Israël en est le 1er pas.

 

*****

 

Q : Ne pensez-vous pas que cette reconnaissance de la chrétienté est due au fait qu’on vient de partager la terre d’Israël et qu’il y a un doute sur l’identité d’Israël, puisqu’elle est partagée entre le croissant et la Maguen David et alors la croix se permet de nous reconnaitre ?

R : en grande partie, mais je pense qu’il y a un secret espoir chez beaucoup de Romains non qu’on partagera mais qu’on rendra tout. Un peu ce que pense les Palestiniens eux-mêmes d’ailleurs. Parce que dés que le gouvernement israélien dit « Jéricho et Gaza d’abord » c’est qu’il y a bien une suite ! Et pour les Palestiniens la suite on la connait, c’est la mer ! C’est évident ! Bon, cela ne se passera pas comme ça parce que le Bon Dieu ne joue pas aux billes. Mais la faute à la Knesset. C’est avec une pseudo-majorité que ce projet d’accord qui n’est pas encore signé, c’est une pseudo-majorité. Le gouvernement lui-même n’avait qu’une majorité possible parce que plus que 56 vois il avait la voix des Arabes et des orthodoxes séfarades antisionistes. Entre merets et Maarar pour avoir 60 il fallait la voix des Arabes, ce qu faisait 61, mais avec les voix de Shass cela faisait 67. Quand la haute cour de justice a obligé les Séfaradim à quitter le gouvernement pour des raisons de justice, alors il n’avait plus que 56 vois, parce que les Arabes font pression : c'est-à-dire que c’est les Arabes qui décident, je ne sais pas si vous vous rendez compte, avec la complicités des orthodoxes antisionistes. Et c’est légal d’après la démocratie israélienne 61 % des voix c’est la majorité. Mais ce n’est pas légitime. Ce que j’essayais de dire à la conférence, et je me suis aperçu que les israélien ne comprennent plus le français, cela m’a rassuré, ils ne sont pas arrivés à comprendre la différence entre légal et légitime. Tout le monde a cru que jai dit que c’était légitime, alors que c’est légal et pas légitime. Que ce n’est pas légitime cela veut dire que c’est basé sur un mensonge politique éhonté.  Que le monde entier s’en lave les mains et se félicite, mais que les Juifs et les israélien surtout fassent semblant que c’est légitime c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Alors il faut rester vigilant.

 

Ceci dit, il y avait 3 raisons pour lesquelles le Vatican ne voulait-pouvait pas reconnaitre Israël :

- Le Vatican ne reconnait que des états qui ont des frontières reconnues. Or, comme Israël n’a pas de frontières reconnues...

 Il s’agit de la terre sainte ! Il y a des biens de l’Eglise en terre sainte qui comporte surtout des Arabes. Et tant que les droits des Palestiniens ne sont pas reconnus comment reconnaitre la présence juive en terre sainte ? On ne peut pas faire deux poids deux mesures, mëme si pendant très longtemps pendant l’occupation par la Jordanie des lieux saints cela ne posait pas de problème majeur, mais lorsque c’est Israël c’est un blasphème...

 Reconnaitre Israël a des implications théologiques énormes.

 

On ne sait pas encore l’axe par lequel l’état d’Israël sera reconnu et à quel niveau il sera reconnu. Le Vatican est aux prises avec trois problèmes :

- Le judaïsme comme religion.

- Le peuple juif comme histoire et comme mémoire.

- Et l’Etat d’Israël comme nation.

 

Il a trois problèmes différents. Il a essayer sa première stratégie : reconnaitre le judaïsme comme religion valable. Pour la nation c’est plus difficile. Reconnaître Israël a des conséquences théologiques énormes.

J’attends de voir comment cela va être reconnu.

Mais le seul fait que la question se pose est un tremblement de terre sainte.

 

Il faut se rendre compte du traumatisme énorme qu’ils vivent : pendant 2000 ans ils étaient sûrs que c’était eux Israël, et puis subitement c’est les Juifs !

 

Il y a un deuxième problème qui apparait. D’après ce que je sais de ces problèmes, Israël ces derniéres années n’avait plus tellement intérêt à ce que le Vatican reconnaisse israël. Parce que finalement le monde entier s’est mis à reconnaitre Israël. Pour des raisons diverses et variées et même avariées d’ailleurs. Mais c’est l’intérêt du Vatican de reconnaitre l’état d’Israël. Seulement, si le vatican reconnait l’état d’Israël cela veut dire que l’Eglise catholique tient compte que l’identité juive c’est Israël. Que devient la diaspora juive dans l’histoire ? Il y aura une compétition de deux diasporas. La chrétienté et la diaspora juive. Mais la chrétienté est de taille à avaler la diaspora juive, sans problème ni hésitation. Il restera de petites forteresse ghettos, mais cela va se christianiser en diaspora. Alors le problème n’est pas tellement pour Israël mais pour la diaspora juive. Parce que finalement il  aura une compétition de diaspora. A l’origine les Juifs étaient la diaspora de fidélité à la nation hébraïque, fidélité difficile mais jamais démentie. Est resté Juifs quelqu’un qui dit Amen en hébreu alors que les chrétiens sont à l’origine des Juifs qui ont opt+e pour la culture et le culte gréco-romain. Et un chrétien c’est quelqu’un qui dit « Amen » en latin, mëme quand il parle en français. J’ai rencontré beaucoup de chrétiens qui étaient persuadés que Amen c’était du latin ! Il a fallu qu’ils entendent les Arabes dirent « Amin » pour se rendre compte qu’il y avait un problème…

D’ailleurs je dois vous dire que les commissions des affaires étrangères israéliennes qui s’occupent de cela depuis quelques années sont très au fait des tenants et aboutissants. Rassurez-vous.

 

Je n’ose pas ouvrir un autre sujet, avez-vous des questions ?

 

***

 

Q : Essav n’est pas Yaaqov, mais Yaaqov n’est pas Essav, cela dérange-t’il le projet d’Its’haq ?

R : On a déjá appris que le projet d’Its’haq est impraticable. Il a fallu d’ailleurs que Its’haq s’en rende compte lui-même. Je vous donne une parenthèse de Torah-fiction : C’est Jules Isaac qui a démontré qu’Esaü n’aime pas Jacob.  Jules Isaac est un historien juif français très assimilé qui a été secoué par la Shoah dans laquelle il a perdu sa femme et sa fille et qui a tenté de comprendre les racines de cet antisémitisme aberrant. Il a trouvé derrière l’anti-judaïsme chrétien. Il a écrit un 1er livre nommé « Jésus et Israël », et ensuite une livre qui s’appelait  « les sources de l’antisémitisme chrétien ». Ce sont ces deux livres qui ont obligé le Vatican à prendre au sérieux les demandes d’amitiés judéo-chrétiennes surtout en France (préparées par Jules Isaac et Edmond Fleg). Cela a abouti à un 1er congrès qui a été le congrès de Sélisberg (les fameux 11 points de Sélisberg). On a compris que l’Eglise commençait à réviser sa catéchèse en ce qui concerne les Juifs. Cela prend du temps, c’est au forceps, avec des hauts et de bas. La commission épiscopale française qui s’occupe de cela est bien en avance sur toutes les autres, Vatican compris. Si Jean 23 avait pu continuer ce qu’il avait commencé, cela aurait été plus loin. Mais Jean-Paul 2, pape polonais, c’est le regret plutôt que le progrès...

Isaac est un nom de famille juif très peu répandu, c’est surtout courant comme prénom. Et en plus Jules le prénom romain par excellence. Tout se passe comme si il avait fallu que Isaac revienne sous l’apparence de Jules pour découvrir que c’est vrai : Esaï haït Jacob !

C’est un livre qui a été mal digéré par les chrétiens, parce que rédigé sans se cacher en se disant un juif assimilé qui aurait pu croire à la religion chrétienne et qui part des postulats de la religion chrétienne pour démontrer qu’ils ont torts d’être anti-juifs. Cela leur a fait énormément de mal de les mettre en face de leur miroir.     

 

Toldot Verset 41 chapitre 27 pour ensuite ratacher à la question:

וַיִּשְׂטֹם עֵשָׂו, אֶת-יַעֲקֹב, עַל-הַבְּרָכָה, אֲשֶׁר בֵּרְכוֹ אָבִיו; וַיֹּאמֶר עֵשָׂו בְּלִבּוֹ, יִקְרְבוּ יְמֵי אֵבֶל אָבִי, וְאַהַרְגָה, אֶת-יַעֲקֹב אָחִי

Vayistom Essav et-Ya'akov

Et Essav haït Jacob - le texte emploie un terme plus fort que sitnah pour dire la haine

al-habrakhah

À cause de la bénédiction

asher berakho aviv

Dont son père l’avait bénit (on a l’habitude de lire : dont son père avait béni Jacob)

vayomer Esav belibo

Et Essav dit en son coeur

 yikrevou yemey evel avi

Les jours de deuil de mon père arriveront

ve'ahargah et-Ya'akov a’hi.

Et je tuerais Jacob mon frère.

 

Ce verset dit clairement : Tant qu’Isaac (Jules Isaac) est vivant Esaü ne peut rien contre Jacob.

C’est la manière de lire habituelle qui n’est pas fausse mais on lira autrement.

« Et Essav haït Jacob à cause de la bénédiction dont son père l’avait bénit » on lit : dont son père avait béni Jacob.

Mais on ne se rend pas compte que cela veut dire qu’Esaü haït Jacob à cause de la bénédiction dont Isaac a béni Esaü et non Jacob. En effet, lorsque Esaü, après que Jacob ait reçu sa bénédiction, prévu pour lui, est parti et qu’il est revenu du champ, il demande à son père : « ne m’a tu pas gardé à moi une bénédiction ? » Alors il savait très bien ce qu’il se passait ! Il aurait du dire : ne lui avais-tu pas gardé une bénédiction, donnes-la moi ?

 

En fait tout le monde ferme les yeux dans l’histoire mais personne n’est dupe.

 

Cela me rappelle Jacques Lacan. Il avait un grand ami Emmanuel Raïs que j’ai connu qui était un des élèves de mon maître, et qui le fournissait en Midrashim Juifs dont son œuvre fourmille de manière déguisée. Il avait parlé une fois de cela de la manière suivante « Le nom dupe erre ». « Celui qui n’est pas dupe erre ». Jacob est devenu errant, alors c’est l’autre qui s’est fait dupé. Il appelait cela le nom du père. A qui donne-t-on le nom du père ?  A Jacob ! Parce que le nom dupe erre. Et c’est lui le juif errant !

 

En fait ce qu’on ne voit pas dans le verset c’est qu’Esaü haït son frère à cause de la bénédiction que son père lui a donné à lui, Esaü. Parce que lorsqu’il est revenu son père l’a béni en lui disant : « tu vivras de ton épée ». C’est une bénédiction terrible ! Esaü ne peut pas ne pas être marchand de canons. Il n’y a qu’à lire toute l’histoire de la tradition romaine pour savoir ce qu’est la Pax Romana : c’est la guerre ! Au point qu’ils opnt pris l’épée pour la tourner en forme de croix… Sa bénédiction terrible est celle du meurtre du frère par le frère. Cela commence par Remus et Romulus. Le mythe romain félicite celui qui fonde ainsi la cité. Il en résulte la malédiction des armes, la malédiction de Caïn. Mais chez les Romans c’est cela la cité. Toute l’économie occidentale tourne autour de la fabrication d’armes. Leur plus grande difficulté est d’arriver à transformer les épées en socle de charrues comme le dit Esaïe. On leur donne d’ailleurs un coup de main au passage avec par exemple ce juif devenu chrétien Marcel Dassault. Einstein et la bombe atomique...Mais enfin il faut toujours être romain pour être martien !

Il découvre stupéfait la nature de sa bénédiction. Il vivra de son épée ! Et la bénédiction de l’amour c’est Jacob qui l’a. Alors il a beau être la religion de l’øamour, il vit de son épée. Alors imaginez la haine que cela peut projetter sur l’autre à cause de sa bénédiction à lui Esaü.

 

Effectivement, la question posée est une question énorme : Jacob ne peut pas aimé Esaü. Un Tsadik ne peut pas aimer un Rashâ. Un Juif ne peut pas aimer un Romain à partir du moment où l’on sait qui il est et qui on est.

Mais Jacob n’est pas encore Israël. Il faut avoir une toute autre envergure pour que cela se dénoue. Israël peut résoudre le problème d’Esaü, pas Jacob. D’ailleurs c’est clair, la relation avec l’idée d’un Esaü qui redeviendrait cachère ne peut pas sortir des Yeshivot de Jacob, c’est impossible. Seul Israël peut renouer avec le Vatican. Jamais la synagogue ne pourra renouer avec le Vatican. Même si le grand rabbin de Rome ou d’Israël a des mondanités pieuses avec sa « sainteté ». Cela n’a pu se résoudre qu’au niveau de la politique israélienne par rapport à la politique vaticane. Cela ne veut pas dire que Shimon Perez aime Jean-Paul II, je crois qu’il préfère Arafat…

 

Q : A propos de l’incompatibilité entre Rome et Jérusalem, est-ce également le cas avec Athénes ?

R : Absolument. Absolu mais dans le fond. Et cela nous a coûté très cher cette assimilation à l’hellénisme. On rentre dans ‘Hanoukah. C’est énorme cet affrontement entre Judéens et Grecs. Mais avec cette différence que c’est finalement Rome qui réalise le génie d’Athènes d’une certaine manière.

Petite parenthèse :

Athènes a fondé le langage des sciences et l’esthétique. C’est elle qui de manière irréversible fait qu’un goï qui lit la Bible ne peut pas la lire en hébreu. Même quand il la lit en latin il la lit en grec.

Le grec est celui qui est sollicité par les évidences des catégories de la matière. Cette civilisation qui a fondé le langage des sciences et l’esthétique, en tout cas de la civilisation moderne occidentale, est sensible à tout ce qui est déterminé, impersonnel, quantitatif. C’est la science occidentale dans son aveuglement par rapport à tout ce qui est l’esprit, la qualité, la liberté, la valeur morale. Le Grec est sollicité par le déterminisme. C’est pourquoi lorsqu’il lit la bible, il transforme le Dieu vivant en dieu mort, parce qu’il projette les lois de la matières sur l’esprit. Et d’autre part, l’esthétique, ce qui est corollaire. Cela ne veut pas dire que le Grec n’ait pas eu l’intuition de la moralité mais il est persuadé et possède la conviction que la moralité ne peut pas se réaliser et ne peut que se contempler. C’est pourquoi  le juste selon Socrate est celui qui connait la vérité morale et non celui qui la pratique. D’ailleurs la relation entre Socrate et Platon son disciple n’a rien à voir avec la relation morale entre un maître et son élève. Vous savez de quoi je ne veux pas parler. Sinon oubliez. C’est ce qu’on appelle l’amour platonique...

 

C’est une conscience qui est par définition tragique et contemplative. C’est ce que les Grecs ont scellé dans la civilisation occidentale. Rome y a mis le génie de civilisation impériale.

 

C’est pourquoi nous avons en réalité le problème de Babel, Perse, Grèce, et le problème qui récapitule tous les problèmes avec Israël c’est Rome.

Arrivons nous à u temps où Rome et Jérusalem vont faire la paix ? Je ne sais pas. Mais j’ai donné une fois la comparaison suivante :

L’homme a deux mains, la droite et la gauche. Cela ne peut pas coïncider.

 

Alors peut-être qu’est en train de s’ouvrir un temps où on va avoir les trois antagonistes à Jéruslaem Israël – Ishmaël - Essav ?


< fin >

****

 

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20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 14:54
Parasha - Vayetse (1993)

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayetse_serie_1993/cours_1
Face A

Nous allons prendre d’abord une premier thème en fin de Parashah Toledot au chapitre 27:43. Un thème important pour comprendre les raisons profondes de la séparation entre Jacob et Esaü dans le récit de l’histoire que nous sommes en train d’étudier, et d’autre part la raison pour laquelle Jacob va quitter le pays d’Israël où habitent encore Isaac et Rébecca qui comporte deux dimensions.

Une 1ère motivation celle de Rébecca : Se mettre à l’abri de la colère et frustration de son frère après l’échange des bénédictions.

Une 2ème motivation, celle de Isaac : aller trouver femme dans le pays d’où Abraham était sorti et où une partie de sa famille était restée : le frère d’Abraham Na’hor la partie de la famille d’Abraham qui est restée dans l’exil de ce temps-là et qui devient l’identité hébraïque araméenne restant araméenne.

Ceci pour dire qu’il y a un vocabulaire différent de la Torah lorsque c’est Rivqah qui envoie Jacob en dehors du pays pour fuir la colère d’Essav et se mettre à l’abri de cette colère, elle l’envoie à la ville où habitait son frère Lavan et qui est la ville de ’Haran

 

Fin du verset 27:43:

וְעַתָּה בְנִי, שְׁמַע בְּקֹלִי; וְקוּם בְּרַח-לְךָ אֶל-לָבָן אָחִי, חָרָנָה

Ve'atah veni

Et maintenant mon fils

shma bekoli

Écoute ma voix

vekoum brakh-lekha

Et va décide toi littéralement lève-toi (mais « décide-toi, prends une décision difficile » lorsque le texte dit koum)

el-Lavan a’hi ‘Haranah.

Chez Laban mon frère en direction de ‘Haran.

 

וְיָשַׁבְתָּ עִמּוֹ, יָמִים אֲחָדִים--עַד אֲשֶׁר-תָּשׁוּב, חֲמַת אָחִיךָ

Veyashavta imo

Et tu résideras avec lui

yamim a’hadim

Quelques jours.

 

(Nous savons qu’il y est resté 20 ans : 7 ans pour Rachel mais on lui a donné Léah, 7 ans encore pour Rachel, ne vous trompez pas, c’est 14 ans pour pour Rachel bien qu’au bout de 7 ans il ait eu Léa comme épouse et ensuite 7 ans pour le troupeau mais à la 6ème année « l’antisémitisme » de son beau-père se déclenche et l’oblige à s’enfuir. Et cette fuite nous sera racontée par la suite.

La consigne de Rivqah est de rester yamim a’hadim quelques jours.

 

עַד אֲשֶׁר-תָּשׁוּב, חֲמַת אָחִיךָ

ad asher-tashouv ‘hamat a’hikha.

Jusqu’à ce que revienne la colère de ton frère (à son état antérieur)

 

Elle est optimiste puisque cette colère a duré jusqu’à maintenant.

En vérité, elle a duré semble-t’il d’après ce récit 20 ans.

Quelle sera la motivation du retour de Jacob ? Elle n’était pas d’obéir au souhait de sa mère puisque en réalité il revient parce qu’il s’est enfui de chez Laban frère de sa mère. Il y a une sorte de modèle de notre histoire : la raison pour laquelle la majorité des Juifs sont revenus au pays parce qu’ils s’enfuyaient de chez l’oncle Laban, la civilisation blanche.

Il y a encore beaucoup de perplexités chez les Juifs de diaspora entre ces deux motivations qui n’arrivent pas à se décider : revenir chez leur mère ou s’enfuir de chez l’oncle.

 

עַד-שׁוּב אַף-אָחִיךָ מִמְּךָ, וְשָׁכַח אֵת אֲשֶׁר-עָשִׂיתָ לּוֹ

Ad-shouv af-a’hikha mimekha

Jusqu’à ce que la colère de ton frère revienne de dessus de toi

Veshakha’h et asher-assita lo

Et qu’il oublie ce que tu lui a fait.

 

Paradoxe : c’est elle qui lui a demandé de le faire et il ne pouvait pas ne pas obéir : un juif pieux obéit à sa mère. En clair : jusqu’à ce qu’il oublie ce que tu lui a fait et que tu as bien fait de faire. Cela lui a été fait, il l’a subi.

 

וְשָׁלַחְתִּי, וּלְקַחְתִּיךָ מִשָּׁם

veshala’hti

Et j’enverrai

ouleka’htikha misham

Et te ferrais revenir de là.

 

Comment ? Cela a l’air assez mystérieux. On verra que finalement derrière les péripéties à travers lesquelles Jacob va revenir, il y a ce plan de Rivqah : le mettre à l’abri de la colère de son frère. Mais pas n’importe où, là même d’où elle est sortie : la matrice d’identité de la famille d’Abraham. Une matrice restée dans une préhistoire d’elle-même, mais c’est elle la matrice de l’identité de la famille d’Abraham. L’identité d’Israël n’est pas encore constituée. Jacob n’est pas encore nommé Israël et il y a donc une double impossibilité :

 

prendre fille dans le pays de Canaan dont on doit remplacer la population de ce temps-là. Israël se prépare en exil pour avoir à remplacer la population qui occupe le pays. C’est le plan de la Torah.  

 

le fait de ne pas prendre de femme ailleurs que dans cette matrice qui a donné Abraham.

 

A partir du moment où Israël existe, alors il y a une adresse d’identité - et ce sera le cas prestigieux de Moïse – n’importe quelle fille des autres lignées humaine peut devenir fille d’Israël en étant mariée à Israël. Mais tant que l’identité d’Israël n’existe pas, c’est la consigne qu’Abraham va donner à Eliezer pour le mariage d’Isaac, et c’est la consigne que Rivqah va donner à son fils Jacob lorsqu’elle prend acte que Esaü s’est disqualifié pour avoir pris femme dans les peuplades occupants la terre de Canaan sans être toutes cananéennes.

 

וְשָׁלַחְתִּי, וּלְקַחְתִּיךָ מִשָּׁם

veshala’hti

Et j’enverrai

ouleka’htikha misham

Et je te prendrais de là-bas.

 

Il y a ici l’indication que la Shékhinah, à travers qui la Providence agit, a différents visages suivant les époques, et elle a le visage des mères d’Israël. Il y a une Shekhinah qui a l’apparence de Sarah, une Shekhinah qui a l’apparence de Rivqah, de Ra’hel et de Léah…

Effectivement, c’est la Shekhinah qui agira par le mérite de Rivqah.

 

לָמָה אֶשְׁכַּל גַּם-שְׁנֵיכֶם, יוֹם אֶחָד

lamah eshkal gam-shneykhem yom-e’had

Pourquoi serais-je veuve de vous deux un même jour ?

 

Elle a peur de perdre les deux. Le verset est clair.

Si la bénédiction matérielle c’est Esaü qui la prend et puisqu’il ne partagera pas, les deux sont perdus au niveau du monde de la matière. Mais si Jacob n’a que la bénédiction spirituelle, il ne partagera pas et les deux sont perdus au niveau du monde de la bénédiction spirituelle.

Il faut donc donner la bénédiction matérielle et la bénédiction spirituelle à Jacob, puisque Esaü est disqualifié dans l’ordre des engendrements pour avoir pris les filles païennes. Cela veut dire que sa descendance ne peut pas être Israël. Rivqah a ici autant le souci d’Essav que de Yaaqov.

 

וַתֹּאמֶר רִבְקָה, אֶל-יִצְחָק, קַצְתִּי בְחַיַּי, מִפְּנֵי בְּנוֹת חֵת; אִם-לֹקֵחַ יַעֲקֹב אִשָּׁה מִבְּנוֹת-חֵת כָּאֵלֶּה, מִבְּנוֹת הָאָרֶץ--לָמָּה לִּי, חַיִּים

Vatomer Rivkah el-Yits’hak

Et Rivqah dit à Isaac :

katsti ve’hayay

Ma fin est dans ma vie

mipeney benot Chet

à cause des filles de ’Het (c’était donc des ‘Hittites et non des Cananéennes et cela est important symboliquement puisque ‘Het signifie le péché- cela remonte au péché originel)

im-lokeach Ya'akov ishah mibnot Chet

Si Jacob prend une femme de parmi les filles de ‘Het

ka'eleh

Comme celle-là

mibenot ha'arets.

Les filles de la terre (puisque bien sûr Jacob fait partie des célestes)

lamah li ‘hayim

Pourquoi pour moi la vie ?

 

La motivation de Rivqah, qui indique pour quelle raison Esaü a été disqualifié, concerne les femmes d’Esaü.

 

Fin du chapitre 26 verset 34 – 35 :

וַיְהִי עֵשָׂו, בֶּן-אַרְבָּעִים שָׁנָה, וַיִּקַּח אִשָּׁה אֶת-יְהוּדִית, בַּת-בְּאֵרִי הַחִתִּי--וְאֶת-בָּשְׂמַת, בַּת-אֵילֹן הַחִתִּי

Vayehi Esav

Et Esaü fut

ben-arba'im shanah

âgé de 40 ans

vayika’h ishah

et il prit femme

et-Yehudit bat-Be'eri haChiti

Yehoudit fils de Beerí le Hittéen

(Midrash : Yehoudit ? il a trompé son père en la déguisant en juive)

ve'et-Bosemat bat-Eylon haChiti

et Bosmat fille de Eylon le ‘Hittéen.

 

Les ‘Hittites ne sont pas Cananéens mais occupait le pays avec 6 autres peuplades dont les ‘Hivites.

Le Talmud dit qu’en revenant d’Egypte dans le pays de Kenaan il n’avait pas le droit de changer l’ordre agricole (continuer à faire du blé là où il y a avait du blé...) car les ‘Hivéens avait une grande sagesse antérieure : il leur suffisait de sentir l’odeur de la terre pour savoir ce qu’il fallait y planter.

 

Esaü a donc hérité des ‘Hivites et des ‘Hittites et d’autres alors que les Cananéens étaient d’autres peuplades venues d’Europe. Mais finalement ce sont les Cananéens qui ont imposé leur culture dans le pays des Hébreux et ils étaient la principale peuplade parmi ces conquérants et c’est pourquoi ils ont donné leur nom au pays des Hébreux.

 

וַתִּהְיֶיןָ, מֹרַת רוּחַ, לְיִצְחָק, וּלְרִבְקָה

 Vatihyena morat ruach le-Yitschak oule-Rivkah

(Ces femmes) furent sujet d’amertume pour l’esprit de Isaac et de Rebeccah

 

Ceci explique le changement de motivation dans le départ de Jacob. Le texte dit que ces femmes d’Esaü étaient sujet d’amertume pour Isaac et Rivqah.

 

Retour au Chapitre 28 :

Dans le chapitre 27 la motivation du départ de Jacob est la fuite devant Esaü et cela s’appelle « aller à ‘Haran ». Dans le chapitre 28 nous allons voir la 2ème motivation.

 

28:1:

וַיִּקְרָא יִצְחָק אֶל-יַעֲקֹב, וַיְבָרֶךְ אֹתוֹ; וַיְצַוֵּהוּ וַיֹּאמֶר לוֹ, לֹא-תִקַּח אִשָּׁה מִבְּנוֹת כְּנָעַן.

Vayikra Yits’hak el-Ya'akov

Et Isaac appela Jacob

vayevarech oto

et le bénit

vayetsavehou

et lui ordonna

vayomer lo

et lui dit

lo-tikach ishah mibenot Kena'an

tu ne prendras femme parmi les filles de Canaan.

 

Avant de lui transmettre la bénédiction d’Abraham (au verset 4), le verset dit qu’il le bénit. Et ensuite il va lui donner une bénédiction.

A la différence de ce que le texte dit pour Esaü : Isaac prévoyait pour Esaü la bénédiction des biens matériels. Nous savons qu’en hébreu la bénédiction signifie la fécondité. Mais il n’est pas écrit qu’Isaac a béni Esaü. Il faut le voir en hébreu, il lui a transmis la bénédiction des biens matériels, mais il n’a pas béni sa personne. Tandis qu’ici nous apprenons que Jacob est béni par sa personne et il reçoit la bénédiction d’Abraham.

 

קוּם לֵךְ פַּדֶּנָה אֲרָם, בֵּיתָה בְתוּאֵל אֲבִי אִמֶּךָ; וְקַח-לְךָ מִשָּׁם אִשָּׁה, מִבְּנוֹת לָבָן אֲחִי אִמֶּךָ.

Kum lech Padenah Aram

Va à Padan Aram

 beytah Vetu'el avi imecha

à la maison de Béthouel le père de ta mère 

vekach-lecha misham ishah mibenot Lavan achi imecha

et prend pour toi là-bas femme parmi les filles de Laban frère de ta mère.

 

On dirait qu’Isaac et Rebecca ne se sont pas du tout concertés pour la même chose : que Jacob aille chez Laban.

Dans le 1er texte il s’agit d’aller chez Laban le frère de Rivqah à ‘Haran. Dans le 2ème texte il s’agit d’aller chez Betouel le père de Rivqah et de Laban à Padan Aram. Tout le vocabulaire a changé.

 

On retiendra que semble-t’il Isaac et Rivqah suivent deux projets différents et ne se concertent pas.

En fait, je reviens un peu en arrière, voilà comment Isaac a pensé la transmission d’identité à la génération suivante : à la génération suivante, il fallait qu’apparaisse Israël.

Abraham - Isaac - Israël.

Ce n’est pas ce qui est arrivé dans l’histoire, mais dans le projet c’était Abraham, Isaac, Israël.

Et puis voilà que ce qui apparait c’est deux jumeaux : Esaü et Jacob.

Tout le problème est de savoir qui sera Israël.

On ne peut qu’être frappé par la coïncidence : l’Eglise a mis 2000 ans pour se prétendre Israël. Arrive le moment où elle reconnait qui est Israël.

 

Il faut donc comprendre pourquoi dès le début, la Torah en nous parlant de la vocation de ces deux enfants qui étaient jumeaux, et que l’on ne distinguait pas enfant, mais on s’aperçoit que Esaü a la vocation matérielle alors que Jacob a la vocation spirituelle. Pour Isaac, tout est bien : les deux problèmes de l’homme ont trouvé leur héros, Esaü réussira dans le monde de la matière et il partagera avec Jacob. Jacob réussira dans les tâches spirituelles et il partagera avec Esaü. Mais la mère sait que ses enfants ne s’aiment pas. Raison pour laquelle, elle adopte une toute autre stratégie, celle-là même qui nous est racontée dans la Parashah à la fin de Toldot. Il faut aussi que la bénédiction d’Esaü aille à Jacob. Quand il a les deux bénédictions, il s’appelle Israël.

 

Jacob c’est l’esprit et que l’esprit. C’est le juif de diaspora : en tant que juif, il est censé ne s’occuper que de Torah. Il s’occupe d’autres choses mais ce sont des choses goyim.

Il n’est juif qu’en tant que Torah mais en tant qu’homme il a la manière d’être homme des goyim chez qui il vit. Avec le danger de l’assimilation. Mais les Juifs se reconnaissent quelque soit le folklore. Aucune différence au niveau Torah.

 

Jacob l’homme voué uniquement à l’esprit. C’est pourquoi dans le début de notre Parashah Vayetsé il va refuser la bénédiction reçue sur l’ordre de sa mère. Car dans la vision des anges il formulera ce vœu privatif du pain et du vêtement. Ce n’est pas un contrat du genre « je serais Ton fidèle, si Tu me donnes du pain pour manger et un vêtement pour m’habiller, Tu seras mon Dieu » C’est un voeu. Il y a aussi d’autres indications dans le récit qu’il a refusé la bénédiction d’Esaü. En principe, Jacob a peur de la tâche d’Esaü, en tant que juif. Le juif de l’exil réussit aussi bien que le goy dans les tâches matérielles.

    

Midrash « je ne veux pas du pain et le vendre pour avoir un vêtement, je ne veux pas un vêtement et devoir le vendre pour acheter du pain » signifie : « je ne veux même pas du commerce... »

 

Esaü c’est l’homme de la matière.

Les deux vocations comportent des tâches qui demandent l’investissement total de 24 h sur 24.

Pour être un vrai talmudiste ou un vrai mathématicien il faut le faire 24h/24.

 

Il faut donc savoir où se situer et ce n’est pas n’importe qui qui peut être Israël. C’est surhumain d’être à la fois Jacob et Esaü. Cette identité n’apparaîtra que plus tard : quand Jacob est capable aussi des tâches matérielles, il s’appelle Israël.

 

Retour au sujet :

 

Nous sommes toujours  préoccupés à comprendre le changement de motivation.

‘Haran : nom de la ville.

Padan ‘Haran nom de la province.

Béthouel : nom du père de Rivqah et Laban.

Laban est le frère de Rivqah, c’est donc la même maison.

 

Mais la Torah a tenu à nous séparer les deux motivations.

1ère motivation : s’enfuir de la colère d’Esaü disqualifié à cause des femmes étrangères.

Alors que la motivation d’Isaac ne fait pas allusion à la colère d’Esaü. Il faut continuer les engendrements et assurer la descendance. On a pris acte que Esaü est disqualifié, Jacob doit bénéficier de la bénédiction d’Abraham parce qu’il est le seul à pouvoir continuer la descendance d’Abraham.

 

וְקַח-לְךָ מִשָּׁם אִשָּׁה, מִבְּנוֹת לָבָן אֲחִי

28:2: Veka’h-lekha misham ishah mibenot Lavan achi imecha

Et prend pour toi là-bas une femme des filles de Laban frère de ta mère.

 

Prendre une femme des filles de Laban et on lui a imposé toutes les filles de Laban.

Effectivement, imaginez Jacob, toute sa tâche c’est d’étudier la Torah. Il est l’homme de la tente, l’homme de l’étude. Et il va lui falloir gérer 4 maisons car il est 4 fois Baal HaBayit.

 

28:3

וְאֵל שַׁדַּי יְבָרֵךְ אֹתְךָ, וְיַפְרְךָ וְיַרְבֶּךָ; וְהָיִיתָ, לִקְהַל עַמִּים

Ve'El Shaday yevarekh otkha veyafrecha veyarbecha vehayita lekehal amim.

Et le Dieu tout puissant te bénira.

 

Chaque fois qu’il s’agit d’une promesse de Dieu, il y a El Shadaï littéralement « qui possède suffisamment pour pouvoir promettre »

 

Indépendamment du fait que Jacob est béni dans sa personne et rendu capable de fécondité, alors il y a une fécondité particulière qui lui est confié qui lui est transmise ici.

 

וְיַפְרְךָ וְיַרְבֶּךָ; וְהָיִיתָ, לִקְהַל עַמִּים

veyafrekha veyarbekha

Il te fructifiera et Il te multipliera

vehayita leqehal amim

Et tu deviendras une assemblée de peuples.

 

C’est déjà l’annonce des 12 tribus

Il y a là aussi un thème important : chaque tribu d’Israël est en elle-même un peuple. Effectivement,  nous l’avons vécu à travers les 2000 ans de la diaspora, chacune des tribus avait des sous-tribus, et c’est vrai pour les familles, pouvait être et  refaire tout Israël. Même si les autres n’existaient pas.

 

Chaque tribu s’appelle un peuple. Juifs d’Afrique du Nord, Maroc, Algérie, Tunisie plus le Sahara, à peu près 350 000 Juifs et nous étions Israël, et nous entendions parler de mythes de millions de Juifs d’ailleurs... Ce fut un choc de les rencontrer réellement et dans leurs catastrophes.

Imaginez le changement de dimension de prise de conscience de soi : on commence par la prise de conscience d’une minorité infime et puis on s’aperçoit subitement que c’est un grand peuple. 

 

28:4

 וְיִתֶּן-לְךָ אֶת-בִּרְכַּת אַבְרָהָם, לְךָ וּלְזַרְעֲךָ אִתָּךְ--לְרִשְׁתְּךָ אֶת-אֶרֶץ מְגֻרֶיךָ, אֲשֶׁר-נָתַן אֱלֹהִים לְאַבְרָהָם

 

וְיִתֶּן-לְךָ אֶת-בִּרְכַּת אַבְרָהָם

Veyiten-lekha

Et Il te donnera

et-birkat Avraham

La bénédiction d’Abraham.

 

Les bénédictions données à Jacob n’ont rien à voir avec les fameuses bénédictions d’Esaü qu’il a prises quand même et qu’il refuse.  

 

לְךָ וּלְזַרְעֲךָ אִתָּךְ--לְרִשְׁתְּךָ אֶת-אֶרֶץ מְגֻרֶיךָ

lekha oulezar'akha itakh

Pour toi et ta descendance après toi

lerishtekha

Pour que tu hérites

et-erets megoureykha

Du pays de tes pérégrinations,

 

אֲשֶׁר-נָתַן אֱלֹהִים לְאַבְרָהָם

asher-natan Elohim le-Avraham.

Que Dieu a donné à Abraham.

 

28:5

וַיִּשְׁלַח יִצְחָק אֶת-יַעֲקֹב, וַיֵּלֶךְ פַּדֶּנָה אֲרָם--אֶל-לָבָן בֶּן-בְּתוּאֵל, הָאֲרַמִּי, אֲחִי רִבְקָה, אֵם יַעֲקֹב וְעֵשָׂו

Vayishlach Yitschak et-Ya'akov vayelekh Padenah Aram

Et Isaac envoya Jacob et il alla à Padan Aram

 

Rivqah voulait l’envoyer à ‘Haran, finalement Isaac l’envoie à Padan Aram. Et au début de notre Parasha Vayetsé, il va à ‘Haran

 

Vayetse 28 :10

וַיֵּצֵא יַעֲקֹב, מִבְּאֵר שָׁבַע; וַיֵּלֶךְ, חָרָנָה.

Vayetse Ya'akov mi-Be'er Shava vayelech 'haranah.

 

Nous allons étudier ce qui a causé ce changement des motivations du voyage.

Rivqah veut l’envoyer à ‘Haran pour fuir la colère de Esaü. Isaac veut l’envoyer à Padan Aram pour prendre femme dans la famille d’Abraham. Et les deux, Rivqah comme Its’haq, sont d’accord.

On apprend dans le déroulement du récit que Isaac l’a envoyé à Padan Aram – on a oublié la motivation pour ‘Haran – et voilà qu’au début de notre Parashah de Vayetse il s’en va pour ‘Haran !

 

Rashi sur ce verset :

וַיֵּצֵא יַעֲקֹב, מִבְּאֵר שָׁבַע; וַיֵּלֶךְ, חָרָנָה.

Vayetse Ya'akov mi-Be'er Shava vayelech ‘Haranah

Et Jacob sortit de Beer-Sheva

Là où il se trouvait.

Et il partir en direction de ‘Haran.

 

Rashi : « par le fait que  Esaü s’est rendu compte que les filles de Kenaan étaient mauvaise aux yeux de son père ». (Un verset précise que Esaü a oublié sa mère dans cette considération - Rashi s’accroche sur la motivation immédiate). Esaü est allé chez Ishmaël pour prendre une femme ismaélite pour l’ajouter à ses femmes païennes, mais sans répudier ses femmes païennes.

 

Le sujet a été interrompu sur l’histoire de Jacob, et il est écrit : Esaü a vu que Isaac son père avait béni Jacob à cause du fait que les femmes de Esaü étaient mauvaises aux yeux de Isaac et lorsqu’il a fini cette parenthèse, le texte est revenu sur le 1er sujet c’est-à-dire notre verset 10.

 

J’explique en reprenant à partir du verset 5 du chapitre 28, et là nous allons aborder cette parenthèse à laquelle fait allusion Rashi et qui nous explique pourquoi il y a apparemment un changement de motivation.

 

 28 :5

וַיִּשְׁלַח יִצְחָק אֶת-יַעֲקֹב, וַיֵּלֶךְ פַּדֶּנָה אֲרָם--אֶל-לָבָן בֶּן-בְּתוּאֵל, הָאֲרַמִּי, אֲחִי רִבְקָה, אֵם יַעֲקֹב וְעֵשָׂו.

Vayishla’h Yitschak et-Ya'akov

Et Isaac envoya Jacob

vayelech Padenah Aram

Et il alla à Padan Aram

el-Lavan ben-Betou'el ha'Arami

Chez Laban fils de betouel l’araméen

 a’hi Rivkah em Ya'akov ve'Esav

Frère de Rivqah mére de Jacob et Esaü.

 

Le texte donne ici des informations qu’on connait déjà surtout que Rivqah est mère de Jacob et Esaü. Or, on a étudié déjà cela que Rashi nous dit qu’il ne comprend pas ce que le texte veut nous dire. Et si Rashi nous dit qu’il ne comprend pas ce que le texte a voulu nous dire, c’est qu’il y a un secret à comprendre. Rashi ne peut pas le dire parce qu’il faut le découvrir par soi-même.

 

On trouve la règle formulée chez Na’hmanide en discutant d’une explication de Rashi sur la création dès le début. La création c’est un grand secret très caché et celui qui le connait doit le taire.

 

Le grand mystère de cette explication c’est : si ceux qui connaissent ce secret doivent le taire, comment ceux qui ne le connaissent pas l’ont-ils appris pour être ceux qui le connaissent ? D’où le sait-on s’il faut le taire ? Que signifie parler en se taisant ?

Cela veut dire : fait attention : il y a à découvrir quelque chose que je ne peux pas te dire.

 

Rashi vit au milieu des chrétiens et il ne peut pas dire ce qu’il a à dire. Ce que nous avons appris d’autre part : Jacob va finalement fonder Israël et Esaü va fonder la chrétienté. Esaü a fondé la chrétienté c’est une tradition rabbinique très connue de ceux qui étudient mais qui était peu connue jusqu’à ces dernières années : dans les lieux d’études on sait très bien : Essav = Edom= Rome.  

Qui, n’étant pas Jacob, dispute à Jacob son nom d’Israël ? C’est Esaü !

Qui, n’étant pas Israël, dispute son nom d’Israël ? C’est Rome – « Verus Israël ».

 

Mais il y a un argument historique : comment est née la conscience chrétienne ?

Elle est née dans une alliance entre les Romains et les Iduméens au temps de l’occupation de la Judée. Le Roi de la Judée au temps de l’apparition du Christianisme était Hérode qui était iduméen.

Les Romains avaient installé une dynastie d’Iduméens, descendant d’Esaü, sur le trône de Judée. Et il y a eu une alliance entre Rome et Edom qui fait que l’identité chrétienne est apparue. Chose que les chrétiens ont oublié. Les Juifs aussi. Alors il faut réapprendre.

 

Voilà ce que Rashi veut nous dire  .../... 

 


.../...
lire la suite ici


*****

 
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16 novembre 2009 1 16 /11 /novembre /2009 15:59

Toledot 1984 – 2ème partie.

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/toledot_serie_1984/cours_1

Face B

 

…/…

à manier avec tellement de précaution qu’il vaut mieux ne pas manier cela du tout qui font remonter un peu et qui prétende le faire dans cette mémoire oubliée. Tout ce que je peux vous dire de ce que je connais de cette question dans la tradition elle-même, c’est que c’est tellement dangeureux qu’il vaut mieux ne pas ouvrir la porte. La chose la plus normale c’est d’être normal. On est né dans cette vie c’est normal d’oublier. Ce n’est qu’à la fin vraiment que cela nous est dévoilé. Ceux qui ont réussi diront « Oh ! », et ceux qui ont échoué diront « Ah ! ».

Peut-être retrouverons nous cela lorsqu’on parlera des Guilgoulim d’autre part.

 

A priori, il n’y aucune fatalité que Esaü soit Rashâ et que Jacob soit Tsadik. La destinée fait que l’un est Esaü et doit être Esaü, et l’autre est Jacob et doit être Jacob. Esaü peut être soit Tsadik soit Rashâ et Jacob peut être soit Rashâ soit Tsadik. Finalement Esaü a choisi d’être Esaü-Rasha et Jacob a choisi d’être Jacob-Tsadik. Il n’y a pas de fatalité là, même si cela semble contredire une atmosphére de familiarité faussée que nous aurions avec ces sources-là.

Très souvent en talmud Torah on a l’habitude de dire qu’à priori dés le sein de sa mére Esaü était Rashâ et dès le sein de sa mére Jacob était Tsadik. Ce n’est pas si simple que cela.

 

Je vous donne par exemple un midrash, que les ‘Hassidim ont beaucoup développé. 

Midrash : Rivqah enceinte si elle passait devant une synagogue, Jacob voulait sortir (Tsadik). Si elle passait devant un cabaret Esaü voulait sortir (Rashâ). Le Midrash comme tel semble aller dans le sens de la fatalité. Mais il faudrait expliquer en quoi c’est être Tsadik en entrant dans une synagogue, et en quoi c’est ëtre rashä que d’entrer au cabaret.

 

Alors les ‘Hassidim explique ainsi en utilisant la référence de la Mishnah des Pirqey Avot :

az panim la guehinam boshet panim legan eden.

L’homme ‘az panim (effronté) pour l’enfer, et l’homme timide pour le paradis.

Az Impétueux, arrogant, et Boshet panim cela veut dire pudique.

Et pourtant le matin au début du Shoul’han Aroukh on cite un Beraïtah :

« Sois az comme le tigre… » ?

Cela dit il y a une différence entre Az et Az Panim au niveau de la langue. Az Panim c’est péjoratif.

Tandis que Az signifie vaillant, fort…

Les ‘Hassidim : au niveau Yaaqov, avant qu’il ne reçoive le nom Israël, avant qu’il n’en fasse la preuve, Yaaqov était Boshet Panim, pudique, alors il ne pouvait être à l’aise que dans la synagogue. C’est pourquoi lorsque Rivqah passait devant une synagogue c’est jacob qui voulait sortir. Tandis que lorsque Rivqah passait devant un cabaret c’est Esaü qui voulait y aller.  Vous allez ovir ce que vous allez voir… Seulement il s’est fait avoir. Mais il n’y a pas fatalité.

 

On peut difficilement supprimer en soi ce sentiment que malgré tout Essav va naître handicapé dupoint de vue de cette qualificaiton tsadik ou Rashâ. Mais je le répéte, c’est au-delà, il faut évacuer cela, cette mentalité grecque du destin et de la fatalité apriori. Il est simplement confronté à la problématique qu’il a choisi, la plus difficile comme on le verra, la plus risquée du point de vue moral, mais c’est lui qui l’a choisi. Il faut revenir là au principe évoqué d’avant la naissance....

 

La difficulté, l’impossibilité d’un monstre contradictoire qui serait à la fois Jacob et Esaü, qui serait une impasse, voici comment la naissance va se faire.

 

C’est ce qui est dit à Rivah dans le Vayomer Hashem du verset 23 chapitre 25.

25:22:

וַתֵּלֶךְ, לִדְרֹשׁ אֶת-יְהוָה

Et elle alla consulter Dieu.

Ce qui se passe en elle, en germe déjà, est tellement nouveau :

 

וַיִּתְרֹצְצוּ הַבָּנִים, בְּקִרְבָּהּ

Et les enfants s'entre poussaient dans son sein

Cet entremêlement des enfants dans son propre sein est tel qu’elle va demander au Beit Din, nous dit le Midrash, ce qui se passe. Et Dieu lui répond qu’on les a séparé en deux. Au lieu que ce soit un enfant unique impossible, il va y avoir une histoire qui commence avec deux jumeaux contraires l’un à l’autre.  

Cela ne veut pas dire dire qu’à priori Esaü ait la fatalité d’être rashâ et Jacob la fatalité d’être Tsadik, cela veut dire à priori qu’Esaü a la destinée d’être Esaü et Jacob d’être Jacob. L’enjeu de la rivalité étant d’ailleurs d’être Israël.

 

Les deux vocations :


D’après le récit même de leur vocation – cf. tous les Midrashim qui développent cet aspect-là - on s’aperçoit que Esaü et Jacob ont à eux deux à résoudre le problème de la vocation humaine, mais c’est le problème de la vocation humaine qui est lui-même contradictoire et qui implique une opposition de vocations. Et il y a différentes étapes avant d’arriver à la réussite totale. Il y a, pour schématiser, deux vocations humaines radicalement différentes : la vocation spitiruelle et la vocation temporelle.

La vocation spirituelle, c’est à dire la vocation des chose de l’esprit.

La vocation matérielle concerne les métiers de la matérialité de la vie terrestre.

Dès l’origine l’homme est confronté à cette difficulté.

Il y a eu une 1ère tentative de résolution dans la tentative de Qaïn et Hevel.

Qaïn qui travaille la terre et Hevel qui est berger. Derrière se trouve la même problématique : vocation temporelle et spirituelle. Cela échoue. Cette même équation d’identité revient là avec les deux jumeaux Esaü et Jacob. On est averti de suite que Esaü a choisi la vocation temporelle, matérielle, alors que Jacob a choisi la vocation spirituelle.

 

Nous avons deux niveaux différents : Tsadik - Rashâ et vocation matérielle - vocation spirituelle

Je substitue maintenant le 1er (que l’on retrouvera par la suite) par le 2ème. Ce qui est la destinée de chacun de ces deux enfants c’est la vocation temporelle qu’a choisi Esaü et la vocation spirituelle qu’a choisi Jacob.

Il faut comprendre qu’il ne suffit pas de choisir la vocation temporelle pour être Rashâ. On peut être de vocation temporelle et être Tsadik. Mais c’est très difficile. C’est là la vocation d’Esaü. De la même manière, il ne suffit pas d’être de vocation spirituelle pour être Tsadik. On peut être de vocation spirituelle et être Rashâ.

 

Leur destinée c’est ce que la Torah nous raconte : l’un est devenu chasseur. Il va chercher à manger. Le chasseur cachère selon un midrash. La vocation temporelle c’est la vie de ce Monde-ci. Cela passe donc par le manger. La vocation spirituelle : Yaaqov yoshev ohalim  les tentes de la maison d’étude

 

A priori, les deux vocations sont incompatibles et pourtant il faut les résoudre les deux pour que la vocation humaine soit résolue. Alors la stratégie de la Providence étant donnée l’impasse de cette monstruosité va séparer les deux vocations. L’osmose de la fraternité va pouvoir résoudre le problème. Si les deux sont frères, ils partageront leur bien réciproquement. Si la clause de fraternité ne joue pas, il y a échec.

 

En termes de Midrash : Esaü est l’homme de ce Monde-ci. Il va donc avoir deux parts de ce Monde-ci et il donnera une part à Jacob qui lui est l’homme du Monde-à-venir. La clause de fraternité jouant, lui possède deux parts du Monde-à-Venir et il partagera avec son frère.

 

Il arrive qu’Esaü choisissant la vocation temporelle est devenu Rashâ de la vocation temporelle et que Jacob choisissant la vocation spirituelle est devenu Tsadik de la vocation spirituelle. Et donc le conflit est d’autant plus grave.

 

Si la clause de fraternité avait joué Esaü serait devenu banquier – une façon d’être chasseur – et Jacob est le Rosh Yeshivah. Comment fonctionne la Yeshivah si le banquier ne la soutient pas ?

Comment peut vivre le banquier sans sa Berakhah ?

Il faut que la clause de fraternité joue.

C’est le plan de la Torah en particulier en ce qui concerne la tribu de Lévi et les autre tribus. 

C’était le plan d’Isaac. Mais pour cela il fallait que Esaü devienne un Esaü Tsadik.

 

Voilà qui résoud nos perplexités. Il en reste une : est-ce que la vocation de Esaü ne l’handicape pas à priori ? N’est-ce pas plus facile de devenir impur lorsqu’on s’occupe de la matiére ? Il faut se défaire de cet apriori. L’histoire montre que c’est plutôt l’inverse. C’est plus facile de devenir impur lorsqu’on s’occupe des choses de l’esprit. L’idolâtrie, l’inquisition...

 

Ce fameux verset de Isaac

Lorsque Jacob sur l’instigation de Rivqah, qui, elle, sait que la clause de fraternité ne pourra pas jouer parce qu’elle connait ses deux enfants (tant que Jacob est Jacob il ne pourra pas aimer Esaü et tant qu’Esaü est Esaü il ne pourra pas aimer Jacob) va se substituer à Esaü, Isaac sent que quelque chose ne va pas. Il pense qu’Esaü est là mais c’est Jacob alors il dit ce verset terrible :

 

Verset 22 chapitre 27:

וַיֹּאמֶר, הַקֹּל קוֹל יַעֲקֹב, וְהַיָּדַיִם, יְדֵי עֵשָׂו.

vayomer hakol kol-Ya'akov vehayadayim yedey Essav.

La voix c’est la voix de Jacob et les mains sont les mains de Essav

 

Dans la pensée de Isaac c’est un Esaü qui parle comme Jacob puisqu’il croit que c’est Esaü. Mais dans la réalité c’est un Jacob qui a les mains d’Esaü.

 

J’isole une des 4 figures :

Jacob –Jacob.

Jacob - mains d’Esaü.

Esaü –Esaü.

Esaü - la voix de Jacob.

 

Un Esaü qui parle comme Jacob : Un goy lisant la bible.

 

Il faut donc corriger l’idée qu’il suffise de s’occuper des choses de l’esprit pour être Tsadik.

De même que l’idée qu’il suffise de s’occuper des choses de la matière pour être Rashâ.

 

C’est une impression que nous avons à travers de pseudo-évidences qui au fond viennent des données immédiates de la conscience occidentale, suivant laquelle la matière est impure et l’esprit est pure. Or, la matière n’est pas impure puisque créée par Dieu avec toutes les vocations qui vont avec. L’esprit n’est pas nécessairement pur puisque donné à l’option de la liberté.

 

***

 

Résumé :

Ce que la Torah nous raconte concerne la problématique essentielle des deux vocations humaines.

Nous en sommes au 1er moment : Nous sommes toujours dans le problème de la Qlipah Pnimit de Aram. Les deux vocations sont a prirori inconciliables : pour être un homme de la vocation matérielle il faut être entièrement un homme de la vocation matérielle. Pour être un homme de la vocation spritituelle, il faut être entièrement un homme de la vocation spirituelle. On ne peut pas mélanger la voix de Jacob et les mais d’Esaü. Et pourtant l’idéal est d’arriver à faire émerger un type d’homme qui serait les deux à la fois. Quand ce type d’homme - capable d’avoir la voix de Jaocb en tant que Tsadik et les mains de Essav en tant que Tsadik – apparait, alors apparait l’identité messianique, et elle s’appelle Israël, synthèse réussie des deux vocations.

Jacob c’est une seule vocation et Esaü c’est une seule vocation.

 

Gaon de Vilna sur verset 22 :

Le 1er mot de Qol est écrit ‘Hasser sans le vav

Cela veux dire une voix faible.

Gaon de Vilna : quand la voix de Jacob est faible alors les mains sont les mains d’Esaü. Quand la voix de Jacob est pleine, même les mains sont les mains de Jacob et cela s’appelle Israël.

 

Midrash de la Guémara de Gittin 57 souligne la séparation totale dans l’échec:

La voix c’est la voix de Jacob c’est la prière

Les mains sont les mains de Esaü c’est la guerre.

« Tu ne trouves pas de prière efficace qui ne soit pas liée à la descendance de Jacob. Tu ne trouves pas de guerre triomphante qui ne soit pas liée à la descendance d’Esaü (les fabricants d’armes)».

Le drame, l’échec provient du manque de la clause de fraternité.

 

Nous avons évacué la pseudo-évidence que l’option matérielle mène fatalement à l’impureté. Il y a un apriori de la moralité : cela dépend de qui s’en occupe. 

 

Survient plus tard un personnage que la Guémara va définir comme « sitno shel Essav » l’antagoniste d’Esaü qui va être capable d’abattre Esaü et qui est Yossef - Joseph – hatsadik. Il possède la vocation temporelle et matérielle et est Tsadik. La figure, le profil d’identité de Yossef Ha-Tsadik est très importante. C’est Yéhoudah qui va hériter de la vocation spirituelle de Jacob centralement. Le verset dit « Shémâ Hashem Qol Yéhoudah ». On retrouve dans ce verset le Qol de Yaaqov. Et lorsque Yéhoudah et Yossef s’allient alors il y a Israël.

 

Ce problème non résolu entre Jacob et Esaü nous allons le retrouver intériorisé dans la descendance de Yaaqov avec les deux polarités de Joseph et Judah.

Jusqu’au bout on va douter de Joseph, on va croire - Ki Kamokha Ké-Faro - qu’il a pris fait et cause pour Esaü. Il se dévoilera que Joseph est Tsadik. Et lorsque les frères se reconnaissent, le livre de Bereshit s’achève parce qu’Israël est né.

 

C’est donc la réussite convergente de ces deux vocations – les deux dans l’option de Tsadik – qui fait naître Israël.

 

Rappel des principes essentiels :

Il y a une destinée des vocations mais pas un destin moral et une fatalité morale.

La vocation d’Israël n’est pas que la vocation de Jacob.

 

C’est les deux vocations et lorsque les deux réussissent il y a Israël. La preuve c’est que pour mériter l’aînesse, la Bekhorah, qui est une des étapes, recevoir le nom d’Israël, il fallait que Jacob fasse la preuve qu’il savait faire à manger lui aussi : cf l’épisode du « rouge » cette nourriture qui rend le goût de vivre à celui qui l’a perdu, Esaü.

 

Isaac est un prince avec quantité de serviteurs qui auraient pu servir son fils affamé... mais ici il s‘agit d’autre chose : Jacob est capable de préparer cet elixir qui rend le goût de vivre à celui qui l’a perdu. Esaü est revenu fatigué de sa propre vocation, fatigué de vivre. Il est Ayef, fatigué. Il s’est fait avoir par son problème. Comme tous ces hommes qui a force de n’avoir que des métiers et aucune vocation ont perdu le goût de vivre. C’est un peu le drame existentiel de Esaü.

Alors il cherche quelqu’un qui lui redonne le goût de vivre, une espérance : c’est Jacob préparant le roux, le plat de lentilles.

 

***

 

Le vol de la bénédiction :

 

Nous allons voir l’accusation habituellement portée contre Jacob d’avoir dérobé la bénédiction.

 

Isaac avait deux bénédictions différentes.

 

la bénédiction temporelle, et dans le plan de Isaac elle devait aller à Esaü avec la raisonnement suivant : Esaü a choisi la vocation temproelle et c’est très bien, il en sera capable et il partagera avec Jacob.

 

La bénédiction spirituelle celle qui vient d’Abraham et qui dans tous les cas devait être donnée à Jacob.

 

Verset 4 chapitre 28:

Lorsque Jacob va devoir s’enfuir devant la colère d’Esaü et aussi pour aller prendre femme dans la famille d’Abraham, alors Isaac le bénit lui disant :

 

וְיִתֶּן-לְךָ אֶת-בִּרְכַּת אַבְרָהָם, לְךָ וּלְזַרְעֲךָ אִתָּךְ--לְרִשְׁתְּךָ אֶת-אֶרֶץ מְגֻרֶיךָ, אֲשֶׁר-נָתַן אֱלֹהִים לְאַבְרָהָם 

Veyiten-lekha et-birkat Avraham lekha ououlezar'akha itakh

Et Il te donnera la bénédiction d’Abraham à toi et à ta postérité

lerishtekha et-erets megoureykha asher-natan Elohim le-Avraham.

Afin que tu hérites du pays de tes pérégrinations que Dieu a donné à Avraham.

 

Si nous nous référons aux promesses données à Avraham nous voyons qu’il y a toujours un faisceau de trois promesses à la fois qui sont rappelées à Isaac et confirmées à Jacob et qui sont :

la terre, le peuple et la Torah.

 

Le plan est clair : il y a deux bénédictions de nature différente qui doivent être transmises. 

Jacob a choisi la vocation spirituelle il sera béni et il partagera avec Esaü. Esaü a choisi la vocation matérielle et il sera béni et il partagera avec Jacob. C’est le plan de Isaac.

 

Rivqah, elle, sait que Esaü a choisi d’être Rashâ et que Jacob a choisi d’être Tsadik et que ce plan ne fonctionnera pas. C’est pourquoi elle intervient. Ele sait que Esaü ne pourra pas être Israël parce qu’il a pris pour femmes des femmes cananéennes. Le texte nous dit en fin du chapitre 26 que les femmes que Esaü avait prises étaient mauvaise aux yeux de Isaac et de Rebeccah. Mais c’est Rebeccah qui prend l’initiative de dire à Isaac : « si Jacob prend des femmes cananéennes on a tout perdu, envoie-le chez mon frère. Peut-être que le miracle qui s’était produit pour la génération Isaac-Rivqah se reproduira pour Jacob ».

 

C’est pourquoi Rivqah va imposer par sa stratégie la seule issue possible.

Reprenons les 4 données de notre problème :

 

Un Jacob qui ne serait que Jacob c.à.d. une vocation spirituelle exclusive coupée de la vocation matérielle.

Esaü qui ne serait que Esaü = une vocation matérielle qui ne serait que matérielle coupée de la vocation spirituelle.

La prétention de la chrétienté à travers Esaü qui a sa racine en Esaü : l’homme de la vocation matérielle s’emparant de la vocation spirituelle.

Celle du plan de Rivqah, celle de l’histoire d’Israël, l’homme de la vocation spirituelle s’occupant de la vocation matérielle.

 

Avec les deux premières options c’est le surplace : le problème humain n’est pas résolu : la vocation spirituelle se sépare de la vocation matérielle et réciproquement.

La 3ème la prétention d’Esaü abouti à l’échec total. L’homme de la matière s’occupant du problème de l’esprit va projetter la réalité de la matière dans  l’esprit. C’est-à-dire l’impureté totale.

 

Avec le fait que la culture grecque - qui préfigure déjà tout ce qui va être la culture occidentale dans ce problème – a projeté dans le domaine de la vie de l’esprit les règles du matérialisme déterministe qui ne sont valable que dans le domaine matérielle.

 

Dans le cas romain, c’est le goy lisant la bible et disant : « c’est moi Israël ! »

Rabbi Asterix dirait : « ils sont fou ces Romains ! ».

Le Talmud prophétise que la majorité des convertis vient de Edom.

 

On a projeté la mort de la matière dans la vie de l’esprit. Tout le mythe chrétien tient là-dedans.

 

Le plan de Rivqah qui a réussi (après 6000 ans) c’est que Jacob soit capable de devenir Israël. C’est-à-dire que Jacob s’occupant des tâches matérielles les transfigure. Alors que la matière s’occupant de l’esprit la rend impure. Et la clause de fraternité n’a pas joué.

 

C’est ce schéma qui nous a accompagné dans l’histoire globale : il y a un antisémitisme chrétien qui est préalable au christianisme lui-même. Ce n’est pas tellement que l’antisémitisme provient du christianisme mais que le christianisme provient de l’antisémitisme des Romains.

Cette clause de la haine d’Esaü contre Jacob. C’est clair : Esaü ne peut pas aimer Jacob. Jacob ne peut pas aimer Esaü étant donné que Jacob est l’homme de l’esprit devenu Tsadik.

Rivqah le sait et Isaac ferme les yeux là-dessus car finalement c’est son plan préalable qui va réussir mais chez les enfants de Jacob avec Yéhoudah et Yossef et avec Issakhar et Zévoulon.   

 

Dan l’histoire c’est Rivqah qui intervient pour sauver ces principes de l’identité d’Israël qui est en cours d’engendrement. Et c’est finalement la seule équation posssible dans cette problématique.

 

En faisant un bilan rapide : Rome est en train de découvrir que c’est Jacob qui est Israël et non pas Esaü. Nous sommes à la fin de cette histoire.

 

Abraham Livni a écrit un livre extraordinaire sur ce sujet dans sa virulence polémique contre le christianisme. Il ne livre au lecteur le fait qu’il est un chrétien converti qu’à la 15ème page.

 

C’est la 1ère fois de notre temps que le peuple juif reprend le courage de dire ce qu’il pense d’Esaü. Jusqu’à maintenant, Jacob a courbé l’echine 7 fois devant Esaü, Israël est un Jacob redressé.

 

Les Juifs d’Israël ne sont plus les Juifs courbés de cour. Il y a là une mise au point à faire, un bilan à faire, et Rome est en train de découvrir que Jacob est Israël. Les conséquences de cette découverte annonce la fin de Rome. Esaü est déjà fini et il ne le sait pas encore. Il l’était d’ailleurs depuis le commencement. Rashi sur le nom de Essav : racine Assouï complétement fait – fini.

 

Albert Londres : « Le juif errant est arrivé ».

La découverte prfigurative de tous les travaux des théologies contemporaines de cette espèce de projection d’identité inversée entre le chrétien et le juif et le fait que, cela concerne surtout les juifs de diaspora. Nous sommes encore imprégnés de la culture de diaspora et il y a encore un conflit ouvert. Pour l’israélien comme tel ce conflit est résolu et fermé : c’est Jérusalem qui est Jérusalem et non pas Rome. L’israélien n’est pas préoccupé par le conflit chrétienté–judaïsme car c’est dépassé. C’est une absurdité que les Romains se prennent pour Israël. Alors que nous Juifs de la diaspora avons vécu dans cet univers kafkaïen pendant 2000 ans. Il faut sortir de cela.

 

La fin de l’histoire est claire : Esaü finit par reconnaitre que c’est Jacob qui est Israël. En d’autres termes que ce sont les Juifs qui sont Israël. Les implications de cette découverte sont énormes. Cela explique une grande partie des crispations dans l’antisémitisme israélien d’une grande partie de l’Eglise. L’état d’Israël est bien la preuve et confirme que c’est le peuple juif qui est Israël. Une histoire de fou.

 

Q : le baiser de Esaü à Jacob, fraternel ou pas ?

R : c’est le baiser d’un missionnaire !

 

< fin >

*****

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16 novembre 2009 1 16 /11 /novembre /2009 15:55
Toledot (1984) - 1ère Partie

Face A

 

 

Chapitre 25 verset 19 :

וְאֵלֶּה תּוֹלְדֹת יִצְחָק, בֶּן-אַבְרָהָם:  אַבְרָהָם, הוֹלִיד אֶת-יִצְחָק

Veeleh toldot Its’haq ben Avraham Avraham holid et-Yits’hak.

Et voici les engendrements d’Isaac fils d’Abraham Avraham engendra Isaac.

 

La dernière fois nous avons étudié l’expression du chapitre 14 « Avraham ha ivri », et nous avons surtout analysé l’identification des Hébreux en exil dans la civilisation d’Our Qasdim et l’identité araméenne.

 

Introduction:

Tout au long du déroulement du récit depuis l’histoire d’Abraham (c’est vrai aussi avant et après l’histoire des patriarches mais c’est un phénomène central durant la vie des Avot les patriarches) il y a un récit qui nous enseigne l’engendrement de l’identité d’Israël. C’est d’ailleurs le titre de la Parashah de cette semaine: Toldot – toladot à l’état grammatical absolu – les engendrements.

 

Un principe de lecture qui vaut pour l’ensemble des récits historiques de toute la bible: l’histoire d’Israël est accompagnée d’une contre-histoire.  

Le personnage principal à chacun des 3 générations Abraham, Isaac et Jacob est toujours accompagné d’autres personnages qui sont parallèle à son histoire.

 

Nous avons là deux points à mettre en évidence

D’abord pourquoi a-t’il fallu trois générations, trois patriarches, trois étapes, pour faire apparaître Israël ?

 

On se serait attendu à ce que le peuple d’Israël dans son identité fondamentale profonde soit fondée par un engendreur fondateur, un ancêtre, un patriarche. On est tellement familier avec ce récit que l’on reprend depuis 3400 ans que cela nous semble aller de soi. Mais du point de vue de l’étude il faut mettre en évidence les questions que cela pose.

 

Il y a différents ordre de réponses, niveau de lecture et nous suivrons l’une d’entre elles dans le conflit entre Esaü et Jacob qui fait le centre de la Parashah de cette semaine.

 

Ce premier principe s’enracine à l’analyse de la dernière fois : Abraham, lorsqu’il s’appellait Abram et qu’il était à Our-Qasdim dans la civilisation de la Mésopotamie, c’était l’identité araméenne. Je vous avais cité la référence du Talmud Brakhot à ce sujet: Abram y est define comme étant Av léAram.   

Il arrive dans le pays - désigné par le texte comme « pays de Kenaan » qui reprendra son nom de pays d’Israël assez rapidement - avec cette identité araméenne qui est une sorte de Qlipah – d’écorce, un peu à la manière dont le fruit est à la fois protégé mais caché par sa propre écorce. La fonction de l’écorce est une sorte de gangue qui accompagne l’identité hébraïque cachée, enfouie, depuis des siécles lorsqu’elle se prépare à travers Ever l’ancêtre d’Abraham qui va donner son nom à la lignée des Hébreux, mais aussi à travers Shem fils de Noa’h jusqu’à Adam harishon, cette identité hébraïque qui est le véhicule de la capacité prophétique, il est nécessaire que cette Qlipah soit épurée. Une des réponses est que deux étapes seront nécessaire parce qu’il y a une Qlipah extérieure : Qlipah ‘hitsonit et une qlipah intérieure une Qlipah pnimit.

 

Cela donne la structure de ces 2 premières étapes : Abraham est séparé d’Ishmaël Qlipah ’hitsonit et de façon plus intéireure : la Qlipah Pnimit intérieure va être séparée : Essav.

 

Nous sommes dans un processus de sélection d’identité et de libération de l’identité hébraïque qui était dans l’écorce, dans sa gangue araméenne.

 

Ce n’est que dans la 3ème étape où l’on va se mesurer à l’araméen en tant que tel : Yaaqov-Lavan.

Où Lavan est nommé ès-qualité dans le texte Lavan haarami   

 

Voilà une 1ère approche du problème : il faut comprendre que dans ce récit de la Parashah où Isaac et Rebeccah vont avoir deux enfants jumeaux et il va devenir nécessaire de séparer l’un de l’autre. L’enfant de Isaac et Rébeccah est en réalité deux jumeaux : cela se relie à l’indication qu’il s’agit là de la Qlipah Pnimi intérieure qu’il s’agit là de séparer.

 

Dans l’histoire générale, ce schéma de l’accompagnateur de l’identité des Patriarches qui s’instaure et s’érige en rivalité nous allons le retrouver très facilement par le diagnostic de 2 des grandes rivalités parmi d’autres qu’Israël a connu à travers l’histoire : la rivalité à travers Ishmaël c’est bien entendu l’islam et la rivalité à travers Essav c’est la chrétienté. Ceci est moins familier. Mais pas dans les sources traditionnelles : Essav hou Edom. Edom est la civilisation romaine qui en fin de compte a donné le christianisme.

 

Nous avons là à faire à deux relations de natures différentes.

 

Effectivement la relation de rivalité entre Ishmaël et Its’haq est une relation d’extériorité : Ishmaël se situe vraiment comme identité extérieure à celle d’Israël venant de Its’haq.

 

Alors que la relation de rivalité entre Yaaqov et  Essav est intérieure et beaucoup plus intime. Tout se passe comme Esaü et Jacob sortis de la même matrice vont avoir entre eux un problème de revendication d’identité beaucoup plus prononcé et intérieur que dans le problème de la rivalité d’Ishmaël et d’Its’haq. On reconnait dans l’histoire la nature du conflit entre le christianisme et Israël qui est plus intérieur que celui de la rivalité avec l’Islam.

 

Le schéma est un peu plus général : en fait nous avons à chaque grande étape, à chaque grande génération deux sortes de personnages qui accompagnent l’histoire des Patriarches – c’est clairement lisible dans l’histoire des Patriarches mais ce principe est tout autant valable de façon déjà clandestine avant l’histoire d’Abraham avant que cette identité clandestine sorte au jour et cela continue après l’histoire des Patriarches.

 

Il y a une première série de personnages qui sont des approximations d’identités à chaque étape de l’émergence de l’identité d’Israël et qui s’érige en rivalité.

 

Ainsi à la première génération, l’approximation d’identité d’Abraham, c’est Loth.

Loth accompagne Abraham pendant un long temps de chemin, ils se ressemblent, au point que un verset le dit :

Gn. 13:8: כִּי-אֲנָשִׁים אַחִים, אֲנָחְנוּ.

Ki Anashim A’him Anakhnou

car nous sommes des hommes frères.

 

Lorsqu’Abraham va argumenter le fait qu’ils doivent se séparer il emploie cette expression. En fait ils ne sont pas frères vraiment du point de vue de l’état civil, mais le Midrash explique: ils se ressemblent comme des frères, lorsque l’on voit l’un, on croit voir l’autre.

Mais en réalité ce n’est qu’une apparence extérieure, du point de vue de l’identité profonde i y a une différence radicale. Lot ressemble à Abraham, il aurait pu avoir le même cheminement, la même  histoire, la même identification, et se serait fondu dans l’identité de la descendance d’Abraham, mais finalement cette approximation d’identité reste asymptote à son idéal et elle s’érige et fait souche en rivalité contre Israël. De Loth vont procéder deux rivalité : Ammon et Moav.

Dans l’histoire contemporaine c’est difficile à diagnostiquer mais dans toute l’histoire biblique on s’aperçoit que cette revendication d’identité contre la lignée d’Abraham de la part de Loth, Ammon et Moav, a toujours été importante, elle est d’ailleurs encore forte et vivace, elle travaille bien que clandestinement et souterrainement, Ce n’est pas notre sujet aujourd’hui. Mais beaucoup de problèmes contemporains de l’interpellation à Israël contemporain viennent aussi du côté de Ammon et de Moav.

 

L’aute lignée est celle des adversaires, celle des antagonistes. Chacun des personnages de l’histoire d’Israël est accompagné de deux faux-frères qui l’accompagnent :

L’un est l’approximation d’identité qui s’érige en rivalité.

L’autre est l’antagonisme radical : au niveau d’Abraham il s’agit de Nimrod.

 

Je rappelle briévement la problématique Nimrod-Abraham :

La Torah nous parle de Nimrod (cf les généalogies du chapitre 10 en vous aidant de la lecture de Rashi et des Midrashim qu’il cite) en nous disant qu’il était « révolté devant Dieu ». Le nom de Nimrod en hébreu signifie le révolté. C’est la racine Marad.

Le principe de l’opposition de Nimrod à Abraham va traverser toute l’histoire jusqu’à nous, et on va voir énormément de lignées de rivalités se mettre en place. Essentiellement, celle de Esaü face à Jacob, thème au centre de notre Parashah.

 

La Torah au sujet de Nimrod (Gn. 10:10):

וַתְּהִי רֵאשִׁית מַמְלַכְתּוֹ בָּבֶל

Vatéhi réshit Mamlakhti Bavel

« le commencement de son empire fut Babel »

 

Et le Midrash nous situe Nimrod comme étant roi de Babel du temps d’Abraham, et il avait décidé de jetter dans la fournaise la famille d’Abraham – c’est-à-dire les Hébreux de ce temps.

 

Petite parenthèse :

Pourquoi alors que déjà en ce temps-là les contenus de l’histoire étaient importants, difficiles et tragiques, pour le sort de l’Israël naissant, pourquoi semble-t’il dans la mémoire traditionnelle cela a-t’il été rejeté dans la préhistoire ? Lorsqu’on analyse de façon suffisament aigüe ce que les Midrashim nous disent du conflit Nimrod Abraham : Babel l’empire avec l’identité Abraham c’est-à-dire une identité hébraïque naissante sortant de son exil et cette opposition radicale qui aboutit à la fournaise d’Our-Qasdim, c’est-à-dire par les analogies que nous avons de notre expérience aux fours crématoires, pourquoi cette histoire fut-elle semble-t’il oubliée ?

De la même manière que toutes les convulsions d’agonie qui ont accompagné la sortie d’Egypte se sont finalement estompées. On parlait plus des massacres des croisades, de l’inquisition… Et on s’aperçoit dans les temps récents que le Midrash nous raconte des choses extrêmement analogue à ce qui s’est passé au temps du nazisme au temps de la sortie de Babel. Pourquoi est-ce rejeté semble-t’il dans une mémoire de la préhistoire ? 

 

Q : (inaudible)

R : Les promesses se sont dévoilées de plus en plus explicitement que parce qu’il s’agit de l’identité concernée, et cette identité est déjà en jeu et en péril à ce moment-là de la même maniére.

La menance de Nimrod contre Abraham en son temps est aussi grave que la menace de Pharaon contre les Hébreux d’Egypte ou de la menace de Haman au temps de Mardochée ou de l’inquisition en Espagne ou de l’Allemagne au temps contemporain...

 

Il y a un principe dans le Talmud qui l’explique : il y a des stades irréversibles qui sont récapitulés dans une allusion du Midrash : par le fait que cela ne concerne encore que l’histoire des individus. Pendant le temps des Avot, chaque identité Israël se préparant à devenir Israël est encore à l’échelle individuelle d’une personne. La Torah a dévoilé explicitement cette carte d’identité de destinée lorsqu’il s’agit du peuple, de la collectivité, d’Israël en tant que peuple. Les deux principes vont ensemble. Ce qui est très très ancien est récapitulé parce qu’il y a eu une sortie irréversible. Et finalement, le modèle du modèle ce renouveau du récit de la Torah c’est la sortie d’Egypte. Nous en voyons la préfiguration dans l’histoire des Patriarches. Mais cela va depuis le commencement.

Au fond c’est toute cette équation de Qaïn et Hebel, remodifiée par l’intervention de la lignée de Shet, qui se développe de plus en plus.

 

Q : Cela voudrait dire que l’on pourrait commencer le cycle par le génocide de la dernière guerre. 

R : Exactement. Pas commencer mais enfin…

 

Quoiqu’il en soit je voudrais restaurer cela : Il y avait une vigilance de la mémoire qui probablement n’est passée que dans de très rares lignées. Et ce n’est pas par hasard que ce soient les auteurs kabalistes qui à travers 2000 ans nous ont raconté ce qui risquait d’arriver en s’appuyant sur ce qui était déjà arrivé. Je vous cite en particulier un livre qui m’avait beaucoup impressionné lorsque j’avais commencé à l’étudier, c’est le « ‘Hessed léAbraham » du Rav Azoulaï qui décrit ce qui est arrivé au temps de la Shoah en s’appuyant d’ailleurs sur des sources que l’on retrouve chez le Ramak, de façon tellement évidente que l’on pourrait se demander d’où il sait cela. On se demande à postériori que c’est ainsi que c’est arrivé. C’était un risque a priori parce qu’il n’y a pas de fatalité, mais finalement c’est arrivé comme ça. Et finalement il n’y a pas de mystère c’est cette mémoire du Midrash qui savait déjà cela dans les problématiques et les occurences premières. 

 

Retour au sujet :

Le cas de Nimrod vis-à-vis d’Abraham :

Le nom de Nimrod est celui du « révolté ». Midrash : il est révolté contre Dieu, contre le Créateur. Il n’est pas satisfait du Créateur alors il se révolte contre lui. En fait l’analyse un peu plus fine nous montre que le point de départ de la vocation d’Abraham est cette même insatisfaction. Mais elle ne porte pas la même conséquence. Abraham commence également à être radicalement insatisfait mais de l’état du monde. Cette insatisfaction de l’état du monde chez Nimrod a pour conséquence une révolte contre le créateur. Cette même insatisfaction chez Abraham a pour conséquence de devenir le serviteur du projet du Créateur. L’expérience existentielle est la même apparemment mais le diagnostic est différent. Ce qui fait que dans le problème de savoir comment se mesurer à la perception que nous avons du monde, il n’y a que deux voies possibles :

celle de Nimrod dans la révolte contre le Créateur,

celle d’Abraham, à partir de la même expérience, et je reviendrais sur cette notion d’insatisfaction, qui consiste à porter le diagnostic que l’état du monde ne correspond plus au projet du Créateur, et de se mettre au service du projet du créateur pour restaurer l’état du monde.

 

C’est pourquoi le Midrash a rassemblé dans la même équation Nimrod et Abraham.

Une des Midrashim signale que sous cette forme même, l’échec de Loth a été que pendant très longtemps il a hésité entre le chemin de Nimrod et celui d’Abraham. Et qu’il n’a jamais décidé. En particulier, son voyage à Sodome et Gomorrhe marque la pointe de cette hésitation. Faut-il être comme Abraham ou faut-il être comme Nimrod ?

 

C’est le principe des quatre empires que nous avons-là à l’origine : Babel - Perse – Grèce – Rome.

Et nous sortons de ce quatriéme empire.

Et chaque fois la sortie d’un de ces empires dont le principe de l’attitude de Nimrod c’est les catastrophes de la fournaise de Our-Qasdim.

C’était pour la première génération-

 

***

 

A la deuxième génération l’approximation d’identité qui s’érige en rivalité c’est Ishmaël. On est au niveau de Its’haq. Et l’antagoniste, celui qui dispute l’héritage de Isaac est Abimelekh – prototype du 1er palestinien de l’histoire. Vous retrouvez les querelles entre Isaac et Abimelekh avec les puits.

 

A la 3ème génération, l’approximation d’identité qui s’érige en rivalité c’est Esaü et l’antagoniste radical est Laban.

 

Toutes ces rivalités de ces deux sortes nous accompagnent à travers l’histoire mais dans ces récits la Torah nous met en évidence leurs attendus, et ce sont des rivalités de nature différentes.

 

Lorsqu’elle s’unissent dans un même faisceau apparait l’identité d’Amaleq.

Amaleq récapitule ces 6 rivalités en y ajoutant son équation propre. Et principe important, Amaleq en tant que tel apparait chaque fois qu’il y a une fin d’exil de l’identité d’Israël dans les empires successifs. Vous avez-lá grosso-modo tous les personnages qui nous accompagnent.

 

Ce deux thèmes se relient à la racine. Cet éclatement de l’identité de Aram va faire exister des parcelles de cette identité, si j’ose dire, qui s’érigent en rivalité dans ces deux polarités :

soit l’approximation d’identité qui réclame l’héritage d’Israël 

soit l’antagoniste absolu qui veut détruire cet Israël.

Lorsque ces deux dimensions s’unifient dans leur trois niveaux chacuns apparait le personnage d’Amaleq, qui est l’ennemi irréductible.

 

Cela peut nous servir comme clef de diagnostic dans les situation de remise en cause de l’identité d’Israël surtout dans le temps contemporain.

 

La rivalité Jacob-Esaü :

 

Ils sont nés jumeaux et il est indiqué tout de suite qu’ils seront en lutte et qu’ils seront séparés.

 

Verset 23 chapitre 25

 

Lorsque Rivqah ne sait pas ce qui se passe en elle au moment même de la gestation de cet enfant attendu va consulter Dieu, Dieu lui dit verset 23:

 

כג וַיֹּאמֶר יְהוָה לָהּ, שְׁנֵי גֹיִים בְּבִטְנֵךְ, וּשְׁנֵי לְאֻמִּים, מִמֵּעַיִךְ יִפָּרֵדוּ; וּלְאֹם מִלְאֹם יֶאֱמָץ, וְרַב יַעֲבֹד צָעִיר 

Vayomer Adonay lah

shney goyim bevitnekh

oushney le'oumim

mime'aych yiparedou oule'om mil'om ye'emats verav ya'avod tsa'ir.

Et Dieu lui dit

Il y a deux nations en ton sein

et deux peuples

de tes entrailles se sépareront

et un peuple dominera sur l’autre.

 

Am c’est la notion de peuple indépendament de la filiation éthnique. On peut faire peuple lorsqu’on est l’un avec l’autre. Am se rattache à la racine im avec. Ceux qui sont avec. Ceux qui sont ensemble et font peuple ensemble.

Oumma la relation de la filiation est présente  c’est la racine « em » que l’on toruve aussi dans le doublet Oumma la nation en arabe.

Goy : le peuple avec ces propres institutions.

 

L’un dominera sur l’autre : On ne dit pas à priori lequel. La règle tirée du Talmdu : si l’un triomphe l’autre est dans l’échec. Rome et Jérusalem contemporainement. Ils ne peuvent pas être tous les deux triomphant ou tous les deux en échec. Il y a là une dialectique de force qui demande à être définie et à être précisée. C’est le diagnostic de la rivalité entre la chrétienté et Israël. Ils ne peuvent pas être triomphant simultanément.

 

Une source du Talmud dit: On ne peut pas dire que Rome et Jérusalem sont détruites, ou que Rome et Jérusalem sont toutes deux construites, soit Jérusalem est constuite et Rome détruite, soit Rome est construite et Jérusalem détruite. 

 

Nous sortons de l’histoire où c’était Rome qui était construit et Jérusalem détruite.

Vous allez objecter que Rome est toujours construite ? 

Il y a des cadavres qui ne savent pas qu’ils sont morts !

 

En tout cas, la civilisation romaine à travers toutes ses étapes dont la chrétienté est l’une des plus importante, la civilisation occidentale se connait comme étant en crise grave. C’est à ce moment-là que Israël sort de la clandestinité de son exil romain et sort de sa clandestinité de la Mésopotamie contemporaine et de Our-Qasdim en Allemagne.

 

De quelle nature est cette rivalité ?

Un aperçu du Midrash:

En s’appuyant sur la carte d’identité renouvellée au début de la Parashah, et de  Isaac d’un côté fils d’Abraham et de Rivqah de l’autre, avec une accumulation de détails que nous sommes censés déjà connaître : Rivqah bat Betouel Haarami mi Padan Aram a’hot Lavan haarami... avec une accumulation de cet épithète « araméen », représente une impossibilité, une impasse, pour l’issue de ce mariage entre Isaac et Rebeccah.

Dans les textes précédents, on a appris que s’il existe une femme possible pour Isaac, cela ne peut êtrre que dans la famille d’où Abraham était sorti. Or, miracle, elle existe ! Seulement elle est fille de Bethouel père de Rivqah soeur de Lavan l’araméen. Elle sort précisément directement de cette Qlipah dont l’identité hébraïque devait se débarasser pour se retrouver elle-même.  Il y a donc une collision de carte d’identité : Yits’haq ben Abraham cet effort inouï qui fait que le Tsadik commence à émerger de l’histoire humaine. Pour qu’Abraham sorte de Abram dans l’histoire précédente – c’était un effort d’engendrement considérable – il fallait aussi traverser l’épisode Nimrod entre autres. Et pour que finalement Abraham engendre Its’haq, c’est tout le récit précédent, nous savons à quel point la naissance d’Its’haq est comme un miracle absolu.

Je n’ai pas abordé le niveau des valeurs pour ne pas cumuler trop de thèmes à la fois.

Je suis simplement l’histoire familiale des Avot.

 

Et donc Its’haq ben Abraham est le Tsadik par excellence. Il ne peut avoir comme Bat zoug comme compagne pour l’engendrement de l’identité d’Israël, que Rivqah qui est une Tsadeket - nous le savons avant ce récit -  mais qui porte avec elle « l’hérédité » araméenne qui est derrière elle. Abraham en était sorti dans une mutation irréversible. Comment continuer la lignée ?

On ne peut pas prendre de mère future d’Israël à partir de l’identité humaine de l’échec que la lignée futur d’Abraham devenu Israël doit essayer de sauver et de transfigurer. Il faut donc revenir à la source d’où était sorti Abraham. Mais de cette source Abraham seul est sorti. Et par conséquent, arrive un miracle encore plus considérable que la sortie d’Abraham de l’identité Aram, c’est le fait de l’existence de Rivqah et qu’elle est Tsadeket.

 

Mais nous voilà dans une impasse ! L’enfant qui doit naître de cette union ne peut pas naître car il serait un monstre : tout entier Tsadik du côté de Its’haq et tout entier Rashâ, Qlipah, Toumah, du côté de la famille de Rivqah.

 

C’est l’intention du texte selon le Midrash dans cette accumulation de détails biographiques que l’on connaissait déjà par ailleurs et qui produit cette accumulation de l’épithéte « araméen ». Or là nous sommes devant un important problème anthropologique depuis le début du récit de la bible, c’est que tout un chacun finalement à quelque niveau que ce soit est un peu dans ce cas. Car tout homme et femme est aussi fait des deux côtés, le bien et le mal, le Yetser Tov et le Yetser Harâ.

 

C’est le même probléme à l’échelle du Tsadik où le problème apparait dans toute sa stature. Un enfant qui serait tout entier Tsadik en tant que fils d’Isaac fils d’Abraham risque aussi d’être tout entier Rashê en étant fils de Rivqah, fille de Bethouel, fils de la Qlipah de Aram...

 

On assiste alors à l’inervention de la providence divine. En principe il n’y a pas de solution, c’est la stérilité absolue pour cause de risque de mis au monde d’un monstre.

 

La statégie de la providence fait que deux jumeaux vont naître : on sépare la difficulté en deux.

Ce dont il faut se garder, c’est de croire qu’il y avait une fatalité à priori, un destin à priori, qui ferait de Jacob le Tsadik et de Essav le Rashâ.

Une analyse du texte nous aide à comprendre ainsi que la position de Isaac qui semble-t’il protège jusqu’au bout Esaü. Isaac est le Tsadik de la Midat HaDin, et par conséquent peut-on espérer meilleur juge, meilleur Dayan ? Pourtant il est aveugle, il ne veut pas jusqu’au bout envisager l’éventualité que Essav soit Rashâ ? C’est parce qu’il connait l’éventualité d’un Essav Tsadik !

 

Nous avons Yetser Tov - Yetser Harâ. Tsadik dans la lignée de Its’haq et Rasha dans la lignée de Rivqah. Il faut absolument évacuer l’hypothèse qu’il y avait une fatalité à priori. Première preuve dans l’attitude de Isaac. Ne connait-il pas ses enfants ? Ne sait il pas que Esaü est Rashâ et Jacob est Tsadik ? Pourquoi veut-il bénir Esaü et pas Jacob ? 

 

Bien sûr, il y a une hérédité des conséquences à travers le temps, mais il n’y a pas hérédités des Neshamot, des consciences. Bien sûr, ce qui s’est passé dans les générations précedentes pèsent par les conséquences sur les générations suivantes. Mais il n’y a pas de fatalité à priori qui pèse sur la naissance des hommes. C’est l’enseignement Pshat de la Torah. Ce qu’il y a derrière est très compliqué, mais c’est un pårincipe qu’il faut aboslument comprendre.  

 

J’aborde un niveau un peu plus mystérieux en me basant sur l’analyse de la Guémara de la Massekhet Rosha hashanah :

Nous ne savons pas ce qui s’est passé avant notre naissance. Pourquoi ? La Guémara le dit clairement : parce que Dieu a décidé qu’il fallait oublier et commencer à zéro au commencement d’un chemin qui n’est pas le commencement absolu de notre histoire. Ce qu’il y a eu avant notre naissance pour nous, nous ne le savons pas, on a oublié !

Comme le Midrash de la Guémara Nidah 30a :  au moment de la naissance un ange vient et appuie sur les lèvres de l’enfant... Ce thème de l’oubli est très important. Il a donc des raisons pour oublier.

Si on a quelque chose à arranger dans le programme de sa destinée (je n’ai pas dit destin). Et si on sait exactement de quoi il s’agit, c’est comme jouer à la roulette avec une martingale.

Pour qu’il y ait effectivité à l’option du mérite, il faut que j’ignore moi-même ce que j’ai à faire. 

Dans la mesure où effectivement je prend cette définition comme parti de mon existence terrestre commencée à ma naissance en tant qu’épreuve, alors il faut que j’oublie ce qui a eu lieu avant ma naissance, sinon l’épreuve ne serait pas valable ni juste du point de vue d’une justice absolue.

Dieu dans sa miséricorde absolue nous a quand même éclairé en nous donnant notre carte d’identité qui est la Torah. Remarquez que cela ne change pas grand chose même lorsqu’on sait. Cela n’aide pas tellement.

 

Par conséquent, le fait que nous ne savons pas ce qui se passe avant la naissance est légitime. Le Talmud nous dévoile en petit clin d’oeil que nous avons choisi d’être ce que nous allons être. Par conséquent, chacun est ce qu’il est, et il n’y a pas de fatalité.

 

Pourquoi si peu de Juifs dans le monde ? Très peu ont le courage de ce choix de Messirout Nefesh.

Il n’y a que les descendants d’Abraham qui ont décidé de naître comme descendant d’Abraham.

On n’est que ce qu’on est. 

 

La communication entre ce qui est caché en haut avant et notre monde à nous, a été brouillée elle fonctionne clairement quand le temple est construit. Quand le temple est détruit les Tsinorot – les canaux de communication sont brouillés. Ce qui fait que nous sommes en plein chaos d’état civil. Mais cela ne veut pas dire que les grandes lignes d’identités ne soient pas claires. Cela veut dire qu’il peut y avoir des descendants d’Abraham qui naissent ailleurs parce que les canaux sont brouillés et des Goyim qui naissent chez nous.

 

Mais a priori chacun n’est que ce qu’il est à chaque stade.

 

L’être le plus extraordinaire que j’ai connu ?

La réponse fondamentale pour la Torah c’est moi-même.

Qui voudrais-tu être si tu n’étais pas toi-même ?

Moi-même, mais en mieux !

 

Personne ne veut être quelqu’un d’autre !

 

Cf. l’histoire racontée à propos de Rabbi Zoussiah. Arrivé au jugement dernier on ne lui demandera pas pourquoi il n’a pas été Mosheh rabénou, on lui demandera pourquoi il n’a pas été Zoussiah !

Et en fait il l’a été…  


…/…

lire la suite ici

 

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13 novembre 2009 5 13 /11 /novembre /2009 12:59
Toledot 1992


http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/toledot_serie_1992__1/cours_1
Face C

 

Dès qu’un Rasha avait une affaire, on envoyait Reish Laqish car Rabi Yo’hanan pouvait être dupé car il ne savait pas ce que signifiait être Rashâ... De la même manière, c’est Joseph que l’on envoit à Esaü. Parce que Esaü peut mettre dans sa poche n’importe quel Judah, tandis que Joseph il n’y peut rien.

 

Le rêve de Isaac, le plan de Isaac, c’est que si il y a amour entre les deux frères, alors l’antagonisme entre les deux vocations disparait.

C’est cela qui a manqué. Voilà l’élément qu’il faut ajoute pour résoudre le problème de cette équation. Il y a d’ailleurs à l’intérieur de la famille de Jacob, le couple Zévoulon et Issakhar qui ont la même alliance de partage entre la vocation du commerce et la vocation de l’étude. Et ils partageaient. 

 

Voilà donc quel est le problème :

Il ne peut y avoir vraiment réconciliation entre les deux que s’il y a amour entre Jacob et Esaü, et Esaü et Jacob. Que Esaü n’aime pas Jacob on le comprend : c’est difficile pour une Rashâ d’aimer un Tsadik. Mais le drame c’est que Jacob n’aimait pas Esaü !

On pourrait comprendre qu’un Tsadik n’aime pas un Rashâ. Tant que le Tsadik ne peut pas surmonter cette impossibilité, le Rashâ ne peut pas non plus le faire. C’est-à-dire que l’identité Israël dépasse et bouscule cette impossibilité Esaü-Jacob. Israël est capable d’être Esaü-Tsadik et il est capable d’être Jacob-Tsadik. Nous sentons dans la société israélienne ces types apparaître là.

Ces 4 types que nous avons autour de nous. Et ils sont très différents.

Je voudrais revenir sur ce point en vous lisant un verset.

 

Verset 41 du chapitre 27 :

Lorsque Rivqah apprend qu’Esaü ne peut pas aimer Jacob, nous allons voir comment est motivée cette haine de Esaü contre Jacob.

 

וַיִּשְׂטֹם עֵשָׂו, אֶת-יַעֲקֹב, עַל-הַבְּרָכָה, אֲשֶׁר בֵּרְכוֹ אָבִיו; וַיֹּאמֶר עֵשָׂו בְּלִבּוֹ, יִקְרְבוּ יְמֵי אֵבֶל אָבִי, וְאַהַרְגָה, אֶת-יַעֲקֹב אָחִי.

Vayistom Essav et-Ya'akov

Et Essav haït Jacob

al-habrakhah

à cause de la bénédiction

asher berakho aviv

dont son père l’avait bénit.

 

L’échec apparent serait que Esaü haït Jacob à cause de la bénédiction dont son père Isaac a béni Jacob. Mais le texte dit que Esaü a haï Jacob à cause de la bénédiction dont Isaac son père l’a béni lui Esaü. Il a une tragédie : il est béni par la bénédiction de l’épée !

 

Verset 40:

וְעַל-חַרְבְּךָ תִחְיֶה

Ve'al-‘harbekha ti’hyeh

De ton épée tu vivras...

 

Voilà à quoi il est voué : la fabrique des armes.

Imaginez cette civilisation qui a pour religion la religion d’amour – la civilisation d’Esaü qui se prend pour Israël - et dont toute l´économie tourne autour de la fabrique des armes. C’est un drame épouvantable ! Nous n’osons pas parler de cela aux prêtres et curés lorsque nous sommes en colloques parce qu’on ne veut pas leur faire honte. Imaginez une civilisation pareille dont l’industrie tourne avec pour objectif d’armer les peuples les uns contre les autres pour se faire massacrer. C’est ce qui se passe en Occident qui a porté l’armement à un point tel que pour des raisons économiques il faut des guerres. La planète entière s’entretue avec les armes occidentales. Cela provient directement des Romains et de la Pax Romana.

 

Esaü haït Jacob pour sa propre part à lui qui est l’épée alors que Jacob lui c’est le livre.

C’est l’incapacité d’amour réciproque. Il y a cependant des signes qui montrent que peut-être…

J’ai donné une fois comme image entre Jacob et Esaü les 2 mains : la main droite et la main gauche ne peuvent absolument pas coïncider. Il faudrait que l’une rentre dans la 4ème dimension et sorte dans  la troisièm, ce n’est pas possible. Ce qu’il faut faire c’est les faire s’étreindre. Je ne sais pas quand cela arrivera mais il faudrait qu’il y ait des raisons qui fassent que Esaü aime Jacob et Jacob aime Esaü. Ça c’est le niveau Israël. Je vous laisse le soin de le comprendre par vous-même. Parce que Jacob ne peut pas aimer Esaü. Et Esaü ne pas aimer Jacob.

Comment voulez-vous qu’un Tsadik aime un Rashâ ? ce n’est pas possible.

Et comment voulez/vous qu’un Rasha aime un Tsadik ? ce n’est pas possible.

 

Par définition le Rashâ a la haine du Tsadik parce que à côté du Tsadik un Rashâ est vraiment Rashâ, c’est à cause du Tsadik qu’il est Rashâ.

 

Je vous fais une analyse très brève, l’analyse sociologique de l’anticléricalisme. C’est quelque chose de très analogue à l’antisémitisme.

En société goy on haït les prêtre. Pourquoi ? Parce que à côté d’un prêtre on se sent Goï. Et c’est la même chose que l’antisémitisme. Ce n’est pas la mëme chose mais c’est très parallèle.

Lorsque le Tsadik apparait il disqualifie l’autre qui a la haine de celui qui l’a disqualifié.

 

Il y a dans le récit biblique l’épisode de la révolte de Qora’h contre Mosheh : Mosheh demande le jugement de Dieu et le peuple entier se révolte contre Mosheh : tu veux notre mort à tous ? le peuple entier voit bien que Moïse a raison puisque Dieu intervient pour Moïse. C’est justement parce que Moïse a raison que les autres vont mourir. Alors il y a la haine de Moïse parce que Moïse a raison. Si Moïse a raison les autres ont tort. Mais à côté de Moïse qui peut avoir raison contr elui ? Tout le monde a tort ! Donc c’est Moïse qui est la cause qu’on a tort…

Vous voyez comment cela marche ? C’est exactement le même problème.

 

Lorsqu’Esaü s’aperçoit que Jacob a le livre et lui une épée, il a beau se fabriquer une croix dont il se sert comme épée, il ne peut que haïr celui à cause de qui il est comme il est. Il y a une haine du juif chez le chrétien chrétien. Je l’ai remarqué parce que les chrétiens qui aiment les Juifs savent qu’ils sont moins chrétiens que les chrétiens qui haïssent les Juifs. Ils ont un doute dans leur christianisme. C’est ce qui est en train de se faire : il n’y a que des chrétiens déchristianisés qui peuvent aovir le courage d’aimer les Juifs, parce qu’imaginez ce que peut vouloir dire dans la conscience du chrétien d’avoir tué leur Dieu ! Cela rend les gens fous des idées pareilles. Tant que ce mythe travaillera, les Juifs seront en dangers. Même en comprenant intellectuellement que c’est une aberration, il n’en reste pas moins qu’affectivement, cela déclenche des passions dévastatrices : Dieu est mort par la faute des Juifs… 

 

Verset 41 :

וַיִּשְׂטֹם עֵשָׂו, אֶת-יַעֲקֹב, עַל-הַבְּרָכָה, אֲשֶׁר בֵּרְכוֹ אָבִיו; וַיֹּאמֶר עֵשָׂו בְּלִבּוֹ, יִקְרְבוּ יְמֵי אֵבֶל אָבִי, וְאַהַרְגָה, אֶת-יַעֲקֹב אָחִי. 

Vayistom Esav et-Ya'akov al-habrakhah asher berakho aviv

Et Esaü haï Jacob à cause de la bénédiction dont son pére l’avait béni (lui)

vayomer Esav belibo

Et Essav dit en son coeur

yikrevou yemey evel avi

les jours de deuil de mon père s’approcheront

ve'ahargah et-Ya'akov a’hi.

Et je tuerais Jacob mon frère.

 

Cela veut dire que tant que Isaac est vivant, Esaü ne peut rien contre Jacob. C’est ce qui a joué dans l’histoire. Tant que Isaac est vivant, Esaü ne peut rien contre Jacob

 

Je vous décrypte ça :

Dans la typologie des communautés juives à travers l’histoire, il est bien évident que nous avons vécu deux rivalités celle d’Ishmaël et celle d’Esaü.

Or, la rivalié d’Ishmaël a été vécue par les Juifs qui ont vécus chez Ishmaël : les Séfardim.

Et la rivalité d’Esaü a été vécue par les Juifs ayant vécu chez Esaü, ce sont les Ashkénazim.

Les Ashkénazim sont les Juifs du monde d’Esaü, et les Séfardim sont les Jufs du monde d’Ishmaël. Ensuite il y a eu des voyage des mélanges…etc.

 

Dans le monde chrétien, le juif a eté interpellé sur un problème d’identité : le chrétien disputait au juif le fait d’être Israël. Le juif ashkénaze était interpellé par cette revendication. Ce n’a jamais été le cas du juif séfarade. Pour lui la rivalité porte sur la terre. C’est un tout autre problème.

 

La relation au monde extérieur est très différente chez l’ashkénazi ou chez le séfardi. La relation au monde extérieur de l’ashkénazi est une relation kafkaïenne. Le Goy de l’ashkénaze, le chrétien, lui dit : toi c’est moi !  

Alors que le problème chez le séfarade est différent. C’est pourquoi la relation au monde extérieur est beaucoup plus aisée, moins ambigüe, chez un séfardi. Le goy du séfardi c’est l’autre croyant qui ne se prend pas pour moi. Tandis que le goy chez l’ashkénazi c’est celui qui se prend pour moi.  

Un phénomène comme Kafka ne peut pas être Séfarade. Et dès qu’un séfardi vit en atmosphère ashkénaze, il devient Kafka. Regardez Memmi par exemple. Mizrari un peu moins je dois dire, parce qu’il est plus sioniste que Memmi. Mais en fin ce sont deux types de Séfardim qui fonctionnent à l’ashkénaze, et alors ils deviennent Kafka. Le problème de Kafka c’est cela : le fait qu’il est dans une cité étrangère où l’on se prend pour lui. Cela rend fou complétement. 

 

J’ai étudié la différence de chant ashkénaze et séfardite. Les mélodies traditionnelles sont les mêmes à l’origine. L’une devient mineure et l’autre devient majeure et réciproquement à travers des siècles et des siècles. Mais les mélodies traditionnnelles, par exemple la lecture de la Haftarah surtout, à l’origine c’est les mêmes. Un  jour je vous ferais écouter le chant lituanien de la Haftara et le chant algérien de la Haftara et vous verrez à quel point c’est la même mélodie dans deux registres différents. Il n’en reste pas moins que indépendament de l’influence du paysage musical extérieur, le chant ashkénaze traditionnel est un chant angoissé, alors que le chant sefarade traditonnel est un chant nostalgique. C’est très différent.

 

Cela veut dire que les Séfardim ont vécu l’histoire d’Isaac chez Ishmaël : leur problème n’est  pas le même que le problème de Jacob chez Esaü.

 

On apprend du verset que Esaü ne peut rien contre Jacob tant que Isaac est vivant.

« Et Essav dit en son coeur

les jours de deuil de mon père s’approcheront

Et je tuerais Jacob mon frère ».

 

Or qu’est-ce qui est arrivé dans le monde Ashkénaze ? Dans le monde Askénaze il est arrivé une érosion de l’identité religieuse par le christianisme, et c’est la Kaballe qui est venue à l’aide des Ahkenazim. Or la kaballe est venue des Séfardim.

 

Inversément,  le problème du conflit entre Isaac et Ishmaël porte sur la terre et pas sur le ciel.

Or, Tsahal est ashkénaze. Les soldats sont bien entendu aussi Séfardim. Mais qui a fondé l’Etat d’Israël ? Ce sont les Ashkénazim ! C’est dire que ce sont les Ahkénazim qui ont rendu à Isaac (Séfardim) la terre que Ishmaël lui dispute. Les Séfardim n’ont jamais quitté Israël mais étaient en ghetto chez les musulmans. Lorsque les Ashkénazim sont arrivés on a eu un état.

 

C’est-à-dire que Jacob vient au secours d’Isaac contre Ishmaël et Isaac vient au secours de Jacob contre Esaü. C’est ce qui est arrivé.

 

Et avec une espèce de clin d’oeil de la providence, celui qui a mis fin à l’orgueil des chrétiens  contre les juifs, c’est un certain Isaac ! Jules en plus !

 

C’est Isaac Jules qui revient pour vérifier l’affirmation biblique si Esaü avait haï Jacob... 

 

Dans l’histoire des rapports de ces deux ensembles, l’oeuvre de Jules Isaac c’est la charnière. C’est au moment des 11 points de Sélinsberg qui a pratiqué Vatican 2, l’enseignement du mépris, tout cela. Un historien juif avec la coïcidence de ce nom Jules Isaac.

 

Nous l’avons dans le Midrash : Jacob aide Isaac contre Ishmaël, et Isaac aide Jacob contre Esaü.

 

Il n’y a aucune tradition ashkénaze de la controverse avec les chrétiens. Toutes les traditions de la controverse avec les chrétiens sont séfarades. Parce que les séfarades vivent décomplexés vis-à-vis des chrétiens : le goy du séfarade c’est le musulman. Et il rencontre cet exotique du nord qui se prend pour Israël. Alors imaginez la décontraction. Tandis que l’ashkénaze, vivant en monde chrétien, est interpellé par une question d’identité. Question qui n’effleure pas le juif séfarade. Il y a un tabou dans la tradition ashkénaze : on ne parle pas avec les chrétiens. Il y a un tabou, on en parle pas de Jésus ni des chrétiens, ni de leur théologie...etc. Maintenant ils sont habitués, il y a maintenant des ashkénazes dans le dialogue judéo-chrétien. En Israël cela ne préoccupe ni les uns  ni les autres.

 

 

Q: Jacob n’aurait pas pu devenir Israël s’il n’avait pas été confronté à Essav, donc il y a quand même dans ce monde une interrogation : pourquoi cette nécessité de passer par le mal pour aboutir à quelque chose de bon ? n’est-ce pas une imperfection du monde de passer par des scénarios de ce genre ?

R: Non, c’est exactement cela, ce monde-ci. Tu es en train de découvrir que nous sommes dans un monde embryonnaire. Il faut naître. Il faut engendrer le fils de l’homme. Nous sommes dans un monde où nous avons un apprentissage à faire, nous avons une preuve expérimentale à faire, nous sommes dans un monde qui est fabriqué de bien et de mal et nous y sommes mis avec le choix possible. Celui qui va nous invité chez Lui la-haut après veut savoir qui ont est. Alors il nous fait passer des tests. L’objet du test est de savoir si on est capable d’aimer : c’est le test amant.

La question découvre le probléme : Effectivement il y a un scénario qui nous est proposé. 

Sefer Tanyah cite un Beraïta qui dit : « quand un enfant va naître un ange lui dit : sois Tsadik et ne sois pas Rashâ » : Tu vas entrer dans un monde où c’est soit l’un soit l’autre et les deux à la fois, alors méfie-toi, en fin de parcours on va te demander ce que tu as été ? Tsadik ou Rashâ ?

Alors effectivement, nous sommes dans un monde où l’enfant qui va naître de Its’haq et de Rivqah doit choisir s’il sera Essav ou Yaaqov.

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Toledot 1992

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/toledot_serie_1992__1/cours_1

Face D

 

 

Q : Yaaqov est devenu Israël après avoir affronté l’ange et avant d’avoir rencontré Essav ?

R : Oui. Avant d’affronter l’ange il n’était que Jacob. Il est devenu Israël lorsqu’il a fait la preuve d’être plus fort que Esaü.

< fin > 

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13 novembre 2009 5 13 /11 /novembre /2009 12:57

Toledot (1992)

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/toledot_serie_1992__1/cours_1

Face B

  

 

.../… qui viendrait faire obstacle à la réalisation du projet recherché. Et nous voyons que cette histoire s’est passée ainsi : l’impatience dans la patience de Sarah a fait naître Ishmaël. Et Ishmaël est une approximation de l’identité d’Isaac qui s’est instaurée en rivalité d’Isaac, et qui a fait souche dans sa propre fécondité du nombre, par multiplication à l’infini de cette approximation d’identité d’Isaac qui s’appelle Ishmaël.

 

Effectivement, lorsqu’on compare le comportement islamiste au comportement juif c’est très différent mais cela ressemble. Cela ressemble comme une approximation d’identité. Je crois d’ailleurs que Mahomet très intentionnellement a construit une sorte d’imitation du judaïsme pour Ishmaël. Vous savez par exemple la minutie extrême des lois de la cacheroute juive. Et bien il y a une cacheroute musulmane. Mais elle est approximative. Les musulmans mange de la cacheroute juive, mais les juifs ne peuevent pas manger de la cacheroute des musulmans. Il y a quelque chose d’analogue.

 

En fait, nous n’avons pas le temps d’étudier tous ces exemples, mais lorsqu’on étudie la raison de la séparation d’Ishmaël et d’Isaac, on s’aperçoit que les deux sont capables de rire. Mais Ishmaël rit au présent alors qu’Isaac rira dans le futur. Lorsqu’Avraham a fait une fête pour le seuvrage d’Isaac, Sarah voit Ishmaël rire.

Elle demande à Abraham de renvoyer Ishmaël et Agar en disant (Gn. 21:10):

כִּי לֹא יִירַשׁ בֶּן-הָאָמָה הַזֹּאת, עִם-בְּנִי עִם-יִצְחָק.

«… car le fils de la servante ne pourra pas hériter avec mon fils Isaac ».

Pour quelles raisons ?

Sarah est celle qui avait eu la générosité dans son impatience de donner à Agar le satut de celle qui enfante. Sarah craint que ce soit elle qui soit dans l’empêchement du fait que l’enfant de la promesse ne peut pas être engendré à Abraham. Elle sait Abraham fécond. Elle ne voit pas l’accomplissement de la promesse d’enfant à Abraham par Sarah, dans l’identité hébraïque, et avec une générosité totale elle demande d’Abraham de prendre Agar et de faire souche avec elle de telle sorte que au moins ce que représente Abraham reste dans l’histoire jusqu’à l’éventualité dans l’histoire future d’une Sarah féconde dans l’avenir.

 

Or c’est cette même Sarah qui comme dans une histoire de fait divers semble intervenir comme une mégère jalouse de l’autre femme de son mari... c’est invraisemblable !

 

En fait, le verset précédent nous dit que Sarah voit le fils de Agar rire (rire au présent). Alors que Isaac est celui qui n’a le droit de rire que dans le futur. Où est l’analogie entre Ishmaël et Isaac ? C’est qu’ils sont capables de rire tous les deux, mais c’est un rire absolument différent.

 

Le fils d’Abraham peut rire parce qu’Abraham a dévoilé le fait que le monde a un Créateur.

Si le monde a un Créateur alors le monde a un sens quelque soit les apparences.

Alors on peut rire.

 

Le rire n’aurait pas de fondement s’il n’y avait psas cette intuition, cette certitude d’intuition, que le monde a un Créateur. Ishmaël fils d’Abraham comme Isaac fils d’Abraham savent rire. Parce qu’il sont fils d’Abraham et que le monde ayant un Créateur, le rire est possible.

 

Mais voilà, Ishmaël rit au présent. C’est-à-dire, qu’il se satisfait du monde comme il est au présent. Puisque le rire de la joie, c’est la satisfaction du monde dans lequel on est inséré. Le fait d’avoir le rire au présent désigne un indice de moralité de satisfaction du monde bien et mal. Le rire d’Isaac est refusé à Isaac jusque dans l’avenir du monde où le bien aura triomphé du mal. Il y a le fait de réprimer le rire, jusqu’au futur où il sera permis.

 

Exemple du Kotel hamaaravi ce mur où l’on ne riait pas et cela commence à venir. Pendant 2000 ans on y pleurait au point que les Goyim l’ont nommé « le mur des lamentations », et puis il y a déjà des mariés qui y sont photographiés devant le mur des pleurs !

 

Voilà un exemple.

L’impatience de l’enfantement alors que le temps de maturité de l’engendrement n’est pas arrivé  risque de faire apparaître une approximation d’identité qui fait obstacle au projet réel de l’identité et cela est vrai à chaque étape.

 

Raison pour laquelle il y a « stérilité » apparente jusqu’à ce que l’enfantement soit possible.

Nous devinons en filligrane ce que les chrétiens ont fait de ce thème des imaot d’Israël : ils en ont fait un mythe.

 

Nous allons étudier un peu plus en détail la raison pour laquelle il y a stérilité de Rivqah.

 

Stérilité de Rivqah :

וְאֵלֶּה תּוֹלְדֹת יִצְחָק, בֶּן-אַבְרָהָם:  אַבְרָהָם, הוֹלִיד אֶת-יִצְחָק. 

Veeleh toldot Its’haq ben Avraham Avraham holid et-Yits’hak.

Et voici les engendrements d’Isaac fils d’Abraham Avraham engendra Isaac.

 

On a appris en passant qu’il était nécessaire de mettre l’accent sur le fait qu’Isaac est bien le fils d’Abraham. On va dénier à Isaac sa filiation à Abraham. Je crois que d’une certaine manière cela se passe de notre temps. Lorsque l’on met en question l’identité juive de l’Etat d’Israël.

 

וַיְהִי יִצְחָק, בֶּן-אַרְבָּעִים שָׁנָה, בְּקַחְתּוֹ אֶת-רִבְקָה בַּת-בְּתוּאֵל הָאֲרַמִּי, מִפַּדַּן אֲרָם--אֲחוֹת לָבָן הָאֲרַמִּי, לוֹ לְאִשָּׁה. 

Vayehi Yits’hak ben-arba'im shanah

Et Isaac était agé de 40 ans

beqa’hto et-Rivkah bat-Betou'el ha'Arami

lorsqu’il prit Rivqah fille de Betouel l’araméen

miPadan Aram

de Padan Aram

a’hot Lavan ha'Arami.

Soeur de Lavan l’araméen

lo le'ishah

pour lui pour femme

 

Padan Aram est la région de ‘Haran, où la famille d’Abraham en chemin vers Erets Israël s’était arrêtée. En particulier Na’hor frère d’Abraham. Abraham et Loth seuls ont continué jusqu’à Erets Kenaan.

 

L’accumulation de l’adjectif araméen dans ce verset doit être expliquée. On sait tout cela. On sait que Rivqah est la fille de Betouel et que Betouel est araméen. On sait qu’il est de Padan Aram. On sait quelle est la soeur de Lavan l’araméen. Pourquoi cette accumulation de cet adjectif « araméen » ?

 

C’est l’explication, que le Midrash veut mettre en évidence, de l’empêchement de l’enfantement de Rivqah. Dans l’engendrement des générations, Isaac est fils d’Abraham. Abraham a engendré Isaac.

Alors on attend que Isaac engendre Israël. Et voilà que cet engendrement est bloqué ! Pourquoi ?

Parce que la matrice de l’engendrement a un handicap. Elle est handicapée par son origine araméenne. C’est indiqué par cette accumulation de l’adjectif « araméen » dans notre verset.

 

A travers Isaa,c il n’y a aucune difficulté. Pas plus que la difficulté d’Abraham pour engendrer Isaac, Isaac n’aurait de difficulté pour engendrer Israël. Mais à cause de Rivqah, la difficulté est absolue. Il y a ici un cas particulier dans le cas général de l’empêchement de l’engendrement, le cas particulier de Rivqah où l’empêchement est absolu.

 

J’essaie de mettre en évidence les raisons que va nous donner le Midrash : cela vient de ce décalage d’identité entre Isaac et Rivqah. Isaac est un hébreu, fils d’un araméen redevenu hébreux : Abram.

Alors que Rivqah est hébreu, fille d’araméen non redevenu hébreu. Il y a dans l’identité de Rivqah qui est Tsadeket aucune mise en question de son identité de TSadik. Mais elle est tsadeket bat rashâ alors que Isaac est tsadik ben tsadik. 

 

Par conséquent, cet enfant attendu à travers Isaac aurait une identité de Tsadik mais à travers Rivqah aurait une identité de Rashâ. Et on est devant l’impossibilité absolue.

Cet Israël qu’on attend, et Israël va apparaître dans une dialectique de rivalité : entre deux jumeaux qui vont naître pour résoudre la difficulté, Jacob et Esaü, lequel des deux sera Israël ?

 

L’enfantement de cet Israël qu’on attend a priori est empêché par qu’il risque d’être un « monstre ». Un être à la fois Tsadik et à la fois Rashâ. Je n’ai pas parlé des Juifs ! Une identité impossible : totalement Tsadik par Abraham et totalement Rashâ par Na’hor. Un mixte d’identité.

L’hébreu devenu araméen qui redevient hébreu c’est le Tsadik. Je résume par là toute l’histoire antérieure : les Hébreux étaient dans l’exil de Babel et se sont imprégnés d’une civilisation qui était arrivée à son échec. Abraham avec sa famille sort de cette civilisation, mais une partie de cette famille reste araméenne, c’est Na’hor. Na’hor chez qui on va chercher les perles précieuses qui deviendront les mères d’Israël. Mais la matrice, la souche (l’huître) de ces pierres préciseuse est empoisonnée et la pierre possède encore cette origine, si j’ose dire.

 

A travers Rivqah, il y a ce risque de la tentation Na’hor.  

 

Je court-circuite tout de suite avec la situation existentielle dans l’histoire : chez les juifs héritiers des Hébreux on retrouve cette ambivalence, cette ambiguïté. Il y a d’une part l’héritage hébraïque qui travaille dans l’espérance messianique, et puis il ya d’autre part la tentation galoutique qui nous vient de Na’hor l’araméen.

 

Etant donnée cette impossibilité, comment la dépasser ? La stratégie de Dieu va faire deux jumeaux. S’ouvre une compétition pour savoir lequel des deux sera Israël. 

 

Différents plans, différents programmes, différentes espérances dans ce récit:

Vont naître deux êtres, un qui a, d’après le récit, une vocation du monde matériel, et l’autre une vocation du monde spirituel.

Je n’ai pas dit que l’un a une option de Tsadik et l’autre une option de Rashâ, ni qu’à priori de façon prédestinée, Esaü est le Rashâ et Jacob le Tsadik. Ce que nous dis le texte jusque-là n’a rien à voir avec ces considérations. Ce que nous dit le texte c’est que Esaü a choisi ce Monde-ci, et Jacob a choisi le Monde à Venir.

En d’autres termes, Esaü a choisi les realia du monde de l’homme et Jacob a choisi les idealia du monde de l’homme. Esaü a choisi la vie matérielle et Jacob a choisi la vie spirituelle.

 

C’est cela le problème de l’homme. Je reviens à l’image précédente : un enfant qui serait simultanément totalement Tsadik et totalement Rashâ.  D’une certaine manière, tout homme est dans ce cas, tout homme dispose d’un instinct du bien et d’un instinct du mal. De manière diluée, tout homme pourrait représenter ce modèle Israël dans sa difficulté avant d’être résolue dans le projet de la naissance : Tsadik par Isaac fils d’Abraham et R Erasha par Rivqah soeur de Lavan fils de Haran de Padan Aram l’araméen...

 

Nous avons donc deux sujets humains en présence.  Les deux pourraient ëtre tsadik et les deux pourraient être rasha. Ce qui est arrivé, c’est que Esaü, l’homme de la vocation matérielle est devenu Rashâ de sa propre vocation et que Jacob l’homme de la vocation spirituelle est devenu Tsadik de sa propre vocation.

 

Voilà l’histoire qui nous est racontée.

Je reprends depuis le début ce point-là : ce n’est pas de façon prédéterminée que Esaü en tant qu’homme de la vocation matérielle devait devenir Rashâ, et que Jacob en tant qu’homme de la vocation spirituelle devait devenir Tsadik. Et nous nous appuierons sur Rashi tout à l’heure

Les deux sont donnés à une des deux tâches de l’homme : Dieu a créé l’homme pour résoudre deux tâches incompatible et contradictoires : réussir la vie matérielle et réussir la vie spirituelle. Il faut réussir les deux.

 

Je vous donne un des schéma du Midrash : pour aller au Olam Haba qui est l’essentiel, il faut passer par ce Monde-Ci. Par conséquent, si on échoue dans ce Monde-ci on ne peut pas aller au OlamHaba. Il faut que les tâches de ce Monde-ci réussisent pour qu’il y ait quelque part où préparer le mérite d’aller dans le Monde à venir. Et si on ne réussit pas ce Monde-ci on perd les deux.

 

On est habitué à l’idée que les tâches matérielles rendent Rashâ et que les tâches spirituelles rendent Tsadik.

 

L’immense majorité des hommes qui se sont occupés des tâches de l’esprit, sont devenus des Reshayim. Il ne suffit pas de s’occuper des choses de l’esprit pour être un Tsadik.

Je pense aux prêtres de l’inquisition : homme de religion, de l’esprit et qui sont devenus les plus grands Réshayim que la terre ait porté. Idem avec les khoménistes en Iran.

 

De la même manière, être occupé aux choses matérielles ce n’est pas du tout être donné à l’impureté de la matière et que cela. Par exemple, les inventeurs de l’aspirine ont fait plus de bien à l’humanité que quantité de discours moralistes à traves les siècles.

 

Un personnage biblique démontre que l’on peut être voué aux tâches matérielles tout en étant Tsadik. C’est Joseph : le Tsadik voué aux tâches de la matière. Restant Tsadik et devenant le modéle du Tsadik. De tous les personnage de l’histoire d’Abraham c’est le seul auquel la tradition ajoute le qualificatif de Tsadik : Yossef hatsadik.

 

Voilà comment les choses se mettent en place. Vous suivrez le récit de la manière suivante : le plan de Isaac était que les frères allaient s’allier et collaborer pour résoudre les problèmes à résoudre dans le monde. Esaü doit, et il en est capable, être l’homme de la matiére et il partagera la bénédiction matériel avec Jacob qui est l’homme de l’esprit. Et Jacob homme de l’esprit partagera la bénédiction spirituel avec Esaü. S’il y a fraternité entre les frères, alors le problème est résolu.

Cette impossibilité pour un seul homme de réussir à la fois les tâches matérielles et les tâches spirituelles et résolue en deux types humains voués aux deux domaines mais il faut que les deux soient tsadikim de sa propre vocation. C’était le plan de Isaac.

C’est la raison pour laquelle Isaac a un projet duquel il ne dévie pas : donner la bénédiction matérielle à Esaü et la bénédiction spirituelle à Jacob.

 

Deux bénédictions différentes:

 

Il faut bien comprendre dans cette parashah qu’il y a deux bénédictions en jeu. La bénédiction matérielle qui était destinée à Esaü et que Jacob va recevoir lorsqu’Esaü sera disqualifié même de la vocation matérielle, mais d’autre part la bénédiction spirituelle d’Abraham qui elle en tous les cas était réservée à Jacob car elle ne peut être donnée qu’à celui qui ne prend pas femme dans le pays de Cannaan. Alors que Esaü ayant pris femme dans le pays de Canaan s’était disqualifé de la bénédiction d’Abraham, mais il gardait le droit à la bénédiction de Isaac qui était la bénédicton matérielle.

 

Référence de ces deux bénédictions différentes :

Au chapitre 27 verset 28 se trouve l’intitulé de la bénédiction matérielle, celle que Isaac voulait donner à priori à Esaü. La difficulté c’est qu’on apprend entretemps que Esaü avait méprisé le droit d’aînesse, et l’avait vendu à Jacob. Par conséquent, on ne comprendrait pas pourquoi Isaac, alors que Esaü a cédé le droit d’aînesse à Jacob, continue à vouloir donner la bénédiction matérielle à Esaü ?

C’est que quoiqu’il en soi puisqu’Esaü est l’homme de la vocation matérielle, il y réussira, il faut donc le bénir de la bénédiction matérielle et il partagera avec son frère.

Nous verons ce que savait Rivqah et qui rendait ce plan impraticable.

 

Verset 28 du chapitre 27 :

 וְיִתֶּן-לְךָ, הָאֱלֹהִים, מִטַּל הַשָּׁמַיִם, וּמִשְׁמַנֵּי הָאָרֶץ--וְרֹב דָּגָן, וְתִירֹשׁ

Veyiten-lekha ha'Elohim

Et que Dieu te donne

mital hashamayim oumishmaney ha'arets

de la rosée du ciel et des graisses de la terre

verov dagan vetirosh

et abondance de blé et de grains.

 

יַעַבְדוּךָ עַמִּים, וישתחו (וְיִשְׁתַּחֲווּ) לְךָ לְאֻמִּים--הֱוֵה גְבִיר לְאַחֶיךָ, וְיִשְׁתַּחֲווּ לְךָ בְּנֵי אִמֶּךָ; אֹרְרֶיךָ אָרוּר, וּמְבָרְכֶיךָ בָּרוּךְ

Ya'avdukha amim veyishtachavu lecha le'oumim

Que les peuples te servent et que les nations se prosternent devant toi

heveh gevir léa’hekha

sois le noble de tes frères

veyishtakhavou lekha beney imekha

et se prosterneront devant toi les fils de ta mère

orereykha arour.

Ce qui te maudissent (Je) maudis

oumevarakhekha baroukh

et ceux qui te bénissent (Je) bénis.

 

Voilà la bénédiction de ce monde-ci que Essav devait recevoir dans le plan d’Its’haq.

Alors que l’autre bénédiction, cellle qui dans tous les cas était réservée à Jacob se trouve dans le chapitre 28 verset 1 :

 

וַיִּקְרָא יִצְחָק אֶל-יַעֲקֹב, וַיְבָרֶךְ אֹתוֹ; וַיְצַוֵּהוּ וַיֹּאמֶר לוֹ, לֹא-תִקַּח אִשָּׁה מִבְּנוֹת כְּנָעַן.

Vayikra Yitschak el-Ya'akov vayevarekh oto

Et Isaac appela Jacob et le bénit

vayetsavehou vayomer lo

il lui ordonna et lui dit

lo-tikach ishah mibenot Kena'an.

Tu ne prendras pas de femme parmi les filles de Cannaan.

 

Canaan est la civilisation échouée, Israël se prépare pour la remplacer. Si avant que Israël ne soit constitué il y a mariage avec les filles de Canaan, alors il y a une matrice encore monstrueuse qui apparaitrait, qui ne serait ni Israël ni Canaan.

A partir du moment où l’entité Israël existe, alors il peut y avoir des femmes de peuples étrangers entrant en Israël. Le cas des Cananéennes étant un cas particulier. Il y avait des Tsadik parmi les Cananéens. Il y avait un processus historique par lequel les tsadikim pouvaient revenir à Israël par la suite. En particulier Yehoudah va d’abord épouser Bat Shourah Kenaani dans une famille des Tsadikim de Kenaan. 

 

28:2:

קוּם לֵךְ פַּדֶּנָה אֲרָם, בֵּיתָה בְתוּאֵל אֲבִי אִמֶּךָ; וְקַח-לְךָ מִשָּׁם אִשָּׁה, מִבְּנוֹת לָבָן אֲחִי אִמֶּךָ.

Koum lekh Padenah Aram

Va à Padan Aram

beytah Vetu'el avi imecha

dans la maison de Betouel père de ta mére

vekach-lecha misham ishah

et prend pour toi là-bas une femme

mibenot Lavan a’hi imekha

des filles de Laban frère de ta mère.

 

28:3:

וְאֵל שַׁדַּי יְבָרֵךְ אֹתְךָ, וְיַפְרְךָ וְיַרְבֶּךָ; וְהָיִיתָ, לִקְהַל עַמִּים.

Ve'El Shaday yevarekh otkha

Et le Dieu Tout-puissant te bénira

veyafrecha veyarbecha

te fructifiera et te multipliera

vehayita leqehal amim.

Et tu sera une assemblée de peuples.

 

28:4: 

וְיִתֶּן-לְךָ אֶת-בִּרְכַּת אַבְרָהָם, לְךָ וּלְזַרְעֲךָ אִתָּךְ--לְרִשְׁתְּךָ אֶת-אֶרֶץ מְגֻרֶיךָ, אֲשֶׁר-נָתַן אֱלֹהִים לְאַבְרָהָם.

Veyiten-lekha et-birkat Avraham

Et il te donnera la bénédiction d’Abraham

lekha oulezar'acha itakh

à toi et à ta postérité après toi

lerishtekha et-erets megoureykha

afin que tu hérites su pays de tes pérégrinations

asher-natan Elohim le-Avraham.

Que Dieu a donné à Abraham

 

C’est clair : il y a deux bénédiction différentes, l’une qui devait aller à Esaü – la bénédiction des biens matériels - et l’autre qui devait aller à Jacob – la bénédiction d’Abraham pour qui deviendrait Israël.

 

Plan de Isaac

Le plan de Isaac est le suivant : Esaü va fonder la civilisation matérielle Jacob va fonder la civilisation spirituelle. Il y aura alliance des deux et à eux deux ils sauveront le monde.   

 

Ce qui est arrivé, c’est que Esaü est devenu un Rashâ de sa propre vocation et que Jacob est devenu un Tsadik de sa propre vocation, et qu’il ne pouvait pas y avoir d’amour entre eux. La mère savait. Rivqah savait que les frères ne s’aiment pas. C’est pourquoi elle intervient : sachant que les frères ne s’aiment pas, elle savait qu’ils ne partageraient pas et donc que le monde était perdu. Et elle se dit : pourquoi perdre les deux à la fois ?

 

Stratégie de Rivqah

Voilà alors la stratégie de Rivqah parce qu’il n’y a  que 4 possibilités.

 

Ou bien c’est Esaü qui deviendra Israël. Cela signifie que l’homme de la matière va aussi prendre en charge les tâches spirituelles. Ce sera un échec. Et l’histoire de la civilisation montre que lorsque l’homme de la matière prend en charge les choses de l’esprit c’est un échec. Lorsqu’on s’occupe des tâches de la vie spirituelle avec les règles qui président aux lois et phénoménes matériels on aboutit à un échec : on met l’impersonnel là où il doit y avoir le sujet personnel. On met le déterminé là où il doit y avoir la liberté, on met la quantité là où il doit y avoir la qualité...

 

Lorsqu’on traite l’âme humaine par la méthode expérimentale qui doit s’occuper des objets on transforme le sujet en objet. C’est le drame de la civilisation occidentale en tout cas sa tension, on s’occupe du phénomène humain avec les méthodes qui sont légitimes pour s’occuper des phénomènes objets, impersonnels, matériels et déterminés.

 

Et la mentalité de l’université occidentale consiste à projetter sur le sujet humain les méthodes de l’objet. Quand Esaü prend la voix de Jacob, c’est le court-circuit. Un prêtre chrétien lisant la bible, c’est Esaü prenant la voix de Jacob.

 

Le premier profil est terrifiant : c’est l’homme de la matière introduisant la mort dans la vie de l’esprit. Et c’est le drame de la conscience chrétienne. Il parle d’un Dieu vivant en termes mortifères. Ils ont fait une liturgie de la mort sur le Dieu vivant. Dans l’Eglise : lieu d’adoration de la mort, au nom de la résurrection. La synagogue c’est plus vivant qu’un souk. C’est ce drame de l’homme de la matière qui s’occupe des choses de l’esprit : il introduit la mort dans la vie, la matière dans l’esprit. C’est la première éventualité.

 

Rivqah veut empêcher cela : si la bénédiction matérielle va à Esaü, il arrivera en fin de compte que Rome va se prendre pour Jérusalem. Et c’est ce qui est arrivé.

 

Remarquez que nous sommes contemporains des changements. Le latin a été abandonné par les chrétiens sauf les mots hébreux qu’il y a dedans: amen, allélouyah...

 

La deuxième figure que Rivqah va imposer c’est que l’homme de l’esprit soit aussi chargé des tâches de la matière. Lorsque c’est le cas, il les transfigure, les illumine, les sublime. Je crois que dans l’histoire, on se rapproche de ‘Hanoukah : ce sont les Grecs et les Judéens. Lorsque les Judéens s’occupent des problèmes des Grecs, ils deviennent prix nobel. Le problème des Grecs c’est la mathématique. Lorsqu’un juif s’occupe de mathématique, il peut devenir physicien. Les Juifs peuvent donner un coup de main aux Grecs dans leurs problèmes, et en plus la maniére dont ils s’en occupent apportent finalement quelque chose que les Grecs ne pouvaient pas y mettre. Ce que Pascal appelerait « un esprit de finesse spirituel ». Quelque chose de différent du déterminisme hellénistique.

 

A l’inverse quans le Grec s’occupe du problème du Judéen c’est-à-dire la prophétie hébraïque, alors il en sort la vie transformée en mort. Ce que les Grecs ont tenté de faire en faisant de la Bible un des livres de la religion universelle. En mettant la bible dans la série des cathéchismes des religions humaines.

 

On voit donc la différence des deux plans : le rêve d’Isaac et l’intervention de Rivqah.

Le rêve d’Isaac : donner la bénédiction matérielle à Esaü pour qu’il partage avec Jacob, donner la bénédiction spirituelle avec Jacob et il partagera avec Esaü.

 

Rivqah sait que cela ne marchera pas allors elle intervient et elle impose à Jacob la bénédiction d’Esaü. J’ai bien dit « elle impose », plusieurs texte montrent cela. Jacob dit : « ce n’est pas pour moi ». Jacob comme Jacob a peur des tâches d’Esaü.

 

Parshat Vayetseh, lorsque Jacob a la vision des anges à BeitLe’hem et qu’il se réveille le matin il fait un voeu : « si Dieu me donne du pain pour manger et un vêtement pour m’habiller il sera mon Dieu et je serai à son service».

 

Il vient de quitter cette scène où il a reçu la mission d’Esaü. Ce voeu est celui de la privation. Ce n’est pas qu’il émet comme condition que Dieu lui donne du pain et un vêtement pour être son serviteur. C’est l’inverse, il vient de recevoir la bénédiction de la richesse matérielle  et il n’en veut pas, il en a peur. Ce n’est pas pour lui. Il risque d’être compromis dans les tâches de la matière. Alors il dit à Dieu : je veux du pain pour manger et un vêtement pour m’habiller - c’est un Néder, un voeu de privation - et je serais ton serviteur. 

 

Le Midrash interroge : est-ce que le pain n’est pas fait pour manger et le vêtement pour s’habiller ? Que signifie cette formule ? Réponse : « Je ne veux pas du pain et que j’ai à le vendre pour acheter un vêtement. Je ne veux pas du vêtement et que j’ai à le vendre pour m’acheter du pain. Je ne veux pas du commerce ! » Même cela il ne le voulait pas jacob. Vous voyez quel juif c’est !

 

C’est cette terreur de la vie matérielle, de l’insertion dans la cité, Jacob est le moine juif, le Barour Yéshivah authentique. Celui qui a pour option de ne pas s’occuper de ce monde-ci. Il s’occupe de son livre, le reste ce n’est pas pour lui. Ce n’est pas un barour yeshivah qui fait du traffic.

Ce Jacob-là, l’homme de vocation spirituelle exclusive ce n’est pas encore Israël.

 

C’est là le fond du véritable problème : c’est Israël qu’on attend et non pas un Esaü (que la banque) ou un Jacob (que le livre). On attend un type d’homme qui sera capable des deux vocations et Jacob seul peut le devenir. Si Esaü le devient c’est Rome, si Jacob le devient c’est Israël. Un type d’homme qui sera capable et des tâches matérielles et des tâches spirituelles. Quand Jacob prend sur lui les tâches d’Esaü en plus des siennes, les deux étant cachères, alors on a Israël.

 

Nous avons donc les 4 types humains :

Esaü qui ne serait qu’Esaü : c’est le païen, l’homme de la matière. Esäu qui n’est que rouge. Le matérialiste historique

Jacob l’homme de l’esprit qui n’est que l’esprit. Le problème À résoudre reste irrésolu.

Esaü qui se prend pour Jacob, la figure du chrétien.

Jacob qui prend aussi les tâches d’Esaü, et cela devient Israël

 

Nous avons là une grille qui nous décrit l’histoire d’Israël. Il y a une phase très difficile : c’est le conflit entre Jacob et Israël. Le conflit entre ce Jacob qui seul peut devenir Israël mais qui a peur de le devenir. 

 

Résumé :

Il y a une identité apparement impossible à engendrer : l’identité d’Israël. Elle porte en elle un problème apparemment contradictoire et incompatible : résoudre simultanément les tâches matérielles et les tâches spirituelles. Et pour cela, elle a besoin d’avoir la double origine hébraïque d’Abraham et araméenne de Na’hor [l’hébreu au courant des méthodes de la civilisation, le juif de la Galout. Na’hor est l’hébreu de Babel qui reste à Babel]. Et voilà que ce qui va naître ce sont 2 jumeaux qui vont être en compétition dans l’histoire. Les deux veulent être Israël. Il va donc y avoir deux Israël radicalement différents : un Israël d’Esaü qui serait Israël c’est la matière s’arrogeant les tâches de l’esprit. Et nous avons l’exemple de Rome. Ou un Jacob qui serait Israël et nous avons l’exemple d’Israël. Seuls les Juifs peuvent devenir Israël. Mais si les Juifs restent juifs et ont peur de devenir Israël c’est l’échec.

 

Je voulais identifier les personnages :

=> Esaü qui ne serait qu’Esaü : c’est l’homme de la matière, le Goï de la Rome païenne.

=> Esaü qui se prendrait pour Israël, c’est la Rome chrétienne.

=> Jacob qui ne serait que Jacob, c’est le Juif de ghetto.

=> Jacob qui devient Israël, c’est Israel. Israël prenant en main les tâches de la cité.

Actuellement nous vivons le conflit entre Jacob et Israël. Il y a un parasitisme d’Israël par Jacob.

 

***

 

Q : Vous avez dit que le risque du monstre naissant de Rivcah c’est en raison de l’origine araméenne de Rivcah, le risque du rashä totalement Rashä. Et la maniére pour résoudre ce problème serait auniveau de Dieu de faire naître deux êtres.  Je ne vois pas en quoi faire naitre ces deux êtres qui peuvent être tous deux des Tsadikim résoud le problème du Tsadik-Rashâ puisque la solution que vous avez donné est une solution matérielle spirituelle mais ce n’est pas la solution du Tsadik-Rashâ ? 

R : Effectivement, il y a deux plans parallèles qui risquent de s’amalgamer : Tsadik-Rashâ et matériel-spirituel. Je voudrais prendre une analayse de ce parallèle: dans chacune des 2 vocations je peux être Tsadik ou Rashâ. C’est-à-dire que dans la vocation matérielle on peut être Tsadik et dans la vocation matérielle on peut être Rashâ. C’est une illusion de croire que la vocation matérielle fatalement mène à être Rashâ. Il y a des hommes de la matière Tsadikim avec des Baal Midot extraordinaires. Inversément dans la vocation de l’esprit on peut être Tsadik ou Rashâ.

 

Le fait que l’araméen puisse devenir Tsadik en redevenant hébreu c’est Abraham lui-même. Il était d’abord araméen à l’indice Abram et a fait l’effort de se réengendrer en tant qu’hébreu Abraham. N’importe quel Na’hor pourrait redevenir Abraham, puisque Abram était aussi à ce niveau-là en tant que Abram redevenu Abraham. La preuve c’est qu’un Esaü Tsadik cela a existé dans notre histoire, c’est Joseph. C’est pourquoi le Midrash va désigner Jospeh comme « Sitno shel Essav »  l’antagonise d’Esaü. Esäu sera vaincu par Joseph qui est un Esaü Tsadik, seul capable de vaincre  le Esaü rasha.

J’ouvre une parenthèse : Un couple de ‘hakhamim dans le Talmud est celui de rabbi Yo’hanan et Reish Laqish. Ce dernier était le chef d’une bande de brigands.

.../...
lire la suite ici
 

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13 novembre 2009 5 13 /11 /novembre /2009 12:53
Toledot (1992)

 


http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/toledot_serie_1992__1/cours_1

Face A

 

 

Je suis admiratif de nos ancêtres qui étudiaient l’ensemble de la Parashah avant Shabat.

Indépendament du fait qu’il y a une Mitsvah de lire jusqu’au vendredi matin la Parashah 2 fois en hébreu et une fois dans le Targoum (ou 2 fois en hébreu et une fois Rashi, cela remplace le Targoum).

 

Avant d’aborder le récit de la Parashah à proprement parler, je voulais profiter de l’occasion du titre de la Parashah Toldot, je rappelle un certain nombres de principes suivrant lesquels la tradition a nommé et découpé les Parashiot.

 

Dans la tradition séfarade on dit Parashah pour dire le texte que l’on lit à la Torah le Shabat ou le jour de fête. Dans la tradition ashkénaze on dit Sidra. C’est à peu près le même sens, le mot est dérivé du mot Seder, l’ordre. Le texte a été divisé en 52 parashiot. Les années n’ont pas toujours le même nombres de semaines, mais on n’apprend d’autre part la manière dont cela correspond lorsqu’il y a plus ou moins de semaines, il y a un certain nombre de parashiot qui sont lues parfois ensembles dans certains shabat. La tradition a pris l’habitude de dénommer le texte que l’on appelera Sidra, en français « péricope », par le 1er mot important du 1er verset qui donne le thème général de la Paracha.

 

Pour la première Parashah, le mot de Béréshit désigne le livre de Bereshit et désigne la première Parashah du livre de Bereshit qui commence par le mot de Bereshit. Ainsi de suite pour toutes les autres sections de la semaine. Il y a un cas particulier pour la Parashah Toldot – le mot de Toldot qui est le mot important du 1er verset –

Toldot Chapitre 25 Verset 19 :

וְאֵלֶּה תּוֹלְדֹת יִצְחָק, בֶּן-אַבְרָהָם:  אַבְרָהָם, הוֹלִיד אֶת-יִצְחָק. 

Veeleh toldot Its’haq ben Avraham Avraham holid et-Yits’hak.

Et voici les engendrements d’Isaac fils d’Abraham Avraham engendra Isaac.

 

Il va y avoir un problème d’exégèse puisque le verset se propose de nous annoncer les engendrements d’Isaac fils d’Abraham et il commence la généalogie par le fait qu’Abraham engendra Isaac ? On attendrait que le texte dise : « Isaac engendra Essav et Esaü ». C’est d’ailleurs ce que Rashi va nous dire.

 

Rashi :

 וְאֵלֶה תּוֹלְדוֹת יִצְחָק

יַעֲקֹב וְעֵשָׂו הָאֲמוּרִים בַּפָּרָשָׁה

Veeleh toldot Its’haq, Yaaqov véEssav Haamorim baParshah :

Jacob et Esaü dont on parle dans cette parashah.

 

C’est difficile parce que il n’y a pas de place pour se tromper. Tout de suite on se rend compte que les engendrements de Isaac sont  Jacob et Esaü dont on parle dans cette Parashah.

 

Certains commentateurs de Rashi mettent en évidence que Rashi a voulu mettre l’ordre réel de ces deux frères : Il cite d’abord Jacob avant Esaü, alors que dans l’ordre du texte, Esaü nait avant Jacob.

Mais c’est un point très particulier du commentaire. En fait, le terme de Toldot, que je traduis ici par les engendrements, signifie par ailleurs en hébreu, l’histoire. Et il pourrait y avoir un doute concernant ce texte : est-ce que le texte se propose de raconter l’histoire d’Isaac fils d’Abraham. Et donc il parlerait aussi des engendrements d’Isaac ? ou bien est-ce que l’objet du texte est-il de parler des engendrement d’Isaac fils d’Abraham ?

 

Avant de retrouver ce niveau de la question, il faudait insister sur l’importance de ce terme. Ce terme de Toldot en hébreu signifie l’histoire.

 

Il y a d’autres termes pour dire le concept de l’histoire tel que le connait la culture occidentale. Il y a le mot moderne Historia qui a le même sens que le mot histoire. C’est l’histoire des événements.

 

Effectivement, suivant les écoles historiques : on choisit un ordre d’événements définis comme historiques, c’est-à-dire ayant une importance telle pour le déroulement de l’histoire humaine qu’il mérite d’être notés dans l’histoire des historiens.

 

C’est ce qu’on appelle un événement historique pour la science qui s’appelle l’histoire : c’est un événement dont l’importance a le niveau de généralité plus ou moins grand et irréversible pour l’avenir de l’histoire de l’humanité à partir du moment où cet événement a eu lieu. Par exemple on pourrait réfléchir sur l’importance relative de deux événements dits historiques comme la sortie d’Egypte ou le 14 jullet.

Le 14 juillet est un événement historique, d’ailleurs aujourd’hui il y a le drapeau français dans les rues de Jérusalem comme vous le savez, et puis la sortie d’Egypte comme événement historique.  

 

Donc chaque école historique va chercher le critère d’importance qui fait qu’un événement est réputé et dit historique.

 

En général à l’université israélienne, on se servira du terme de Historia pour définir l’histoire dans l’ordre de la synthèse d’événements reconstruite par tel ou tel historien, dans sa mentalité, à sa manière, quelque soit son objectif : restituer une atmosphère, ou une chronologie, ou les deux à la fois.

 

Mais il y a une tout autre catégorie en hébreu avant d’arriver à Toladot pour dire l’histoire, il y a  l’expression de Divrei hayamim – littéralement cela veut dire « les paroles/choses des jours ». C’est-à-dire ce qui est arrivé jour par jour. Divrei hayamim plus que l’histoire, signifie les annales.

 

Cela a une allure assez littéraire en hébreu. Lorsqu’en hébreu on veut dire l’histoire de tel ou tel peuple, on emploie l’expression de Divrei hayamim.

 

Retenez en tout cas cette nuance :

Historia : l’histoire des événements.

Divrei hayamim : les annales, la chronologie telle qu’un contemporain l’a noté et qui est restée pour l’avenir. Et non pas l’histoire au sens premier, où un savant dit historien reconstitue un passé auquel il n’a pas assisté, auquel il n’a pas vécu et le reconstitue à partir de documents qui sont des traces du passé, et lui servent de trame pour reconstituer une époque qui finalement, et là je vous donne mon point de vue de juif traditionnel, est imaginaire. Tous les livres d’histoires sont finalement une imagination historique beaucoup plus qu’une science historique lorsqu’on les confronte à ce qu’a été la mémoire d’un peuple ou d’une tradition lorsque cette mémoire a été traditionnelle et s’est vraiment transmise, perpétuée.

 

2 exemples : une impression que j’ai depuis assez longtemps et qui m’est confirmée par mes propres contemporains.

 

Avec mes propres contemporains, lorsqu’ils parlent d’événements auxquels j’ai été mêlé confondent tout, brouillent tout, tot est faux. Enfin ce n’est pas complétement faux mais c’est inexact. Et alors parfois avec des amalgames et des erreurs grosssières, des textes paraissent, des erreurs monumentales alors que les acteurs dont on parle sont encore vivant et on ne leur demande pas leur avis… Et ces textes vont rester comme documents pour les historiens de l’avenir! Ce qui rend sceptique pour l’histoire des historiens.

 

Une anecdocte de mon expérience en classe d’histoire au lycée. En 6ème il y a l’histoire de l’antiquité. On y apprend l’histoire de certains peuplesdont les Hébreux. Moi allant au talmud Torah j’avais une mémoire traditionnelle de l’histoire des Hébreux qui confrontée avec ce que j’apprenais en classe faisait contraste. Cela rendait d’autant plus suspect ce que le manuel disait des autres peuples. Parce que si ces historiens aussi sérieux étaient capables de dire de telles errueurs lorsqu’ils parlaient des Hébreux, on pouvait croire qu’ils en disaient de même lorsqu’ils parlaient des Etrusques, des Phéniciens ou des Aztèques…  

 

Donc, différence entre Historia et Divrei hayamim, pour en arriver au terme dont la tradition rabbinique se sert pour dire l’histoire qui est le mot de Toldot.

 

La racine Yalad (youd-lamed-dalet) signifie « enfanter » lorsque l’on parle de la mère, « engendrer » lorsque l’on parle du père, et cela signifie « les engendrements » de génération en génération.

 

Quelle est la différence du point de vue du concept avec Historia ?

Historia suit l’histoire à travers le développement d’événements. Tandis que Toldot suit l’histoire à travers le développement de l’identité du sujet de l’histoire, c’est à dire de l’homme qui fait l’histoire. Ce n’est pas l’événement qui prime mais c’est l’histoire des hommes. Avec le postulat que l’homme n’est pas le même (tout en restant le même dans sa nature humaine) mais que l’homme a une identité différente à chaque génération.

Dor dor védorshav dor dov vé’hakhamav

« Chaque génération et ses chercheurs, chaque génération et ses sages », expression traditionnelle juive très connue, pour dire « chaque génération et ses hommes ».

 

Cela s’est perdu dans la civilisation contemporaine, ce que la civilisation traditionnelle avait gardé,  il y a d’âge en âge, de génération en génération, d’époque en époque, le sujet humain a concrètement une personnalité différente. Bien que la nature humaine est un concept beaucoup plus large que ce que je désigne par les différentes générations. Il y a des constantes de la nature humaine, mais il y a des situations spécifiques de l’identité humaine de chaque génération. C’est ce qu’il faut récupérer.

 

Le récit historique de la Torah suit l’histoire de l’homme. Et à travers l’histoire de l’homme, elle l’illustre par un certain nombre d’événements qui mettent en évidence, qui exprime ces mutations d’identité, qui se produisent de génération en génération.

 

Mais quelque soit l’importance de l’événement, c’est le sujet qui prime. L’histoire se dit Toldot. C’est l’histoire d’un engendrement. C’est l’engendrement du fils de l’homme qui se cherche dans ce récit.

 

A partir du 1er homme Adam commence un histoire de l’homme qui est l’histoire de l’engendrement du fils de l’homme. Et il y a une différence de signification, dans l’identité même, entre Adam et Ben Adam.

 

Cela veut dire que toute notre histoire nous les humains, c’est l’histoire d’un effort d’engendrement d’un être qui serait fils de l’homme, c’est à dire l’homme réussi. L’homme qui aurait réussi à résoudre les impossibilités et les contradictions de l’identité humaine qui dure depuis Adam Harishon jusqu’au temps du Mashia’h.

 

C’est au fond l’histoire d’une conception d’un être à engendrer et qui est en train d’être engendré dans l’histoire de ceux que nous appellons des hommes, mais qui ne sont que les pères du fils de l’homme.

 

Le terme de hévreu Ivri (ayin-bet-resh) possède la même racine que le Obar qui signifie l’embryon. Tout se passe comme si l’identité hébraïque est précisément cette identité de l’embryon de l’engendrement du fils de l’homme. C.à.d., cela se passe à travers la matrice hébraïque. Et l’humanité a fini par le reconnaître. Qu’elle le veuille ou pas elle le reconnait. L’exemple le plus spéctaculaire, parce que mythifié, c’est l’exemple que représente l’objet de foi des chrétiens qui finalement adore sous forme de mythe cet engendrement du fils de l’homme, à travers la matrice hébraïque éternellement féconde et éternellement vierge.

 

Indépendamment de cet exemple particulier du mythe chrétien, on pourrait résumer la relation entre l’universel humain et l’histoire des Hébreux à travers le foyer central que représente la diffusion de la parole biblique soit en Orient soir en Occident, soit à travers toutes les philosophies qui s’en inspirent, comme étant précisément un diagnostic de ce qu’il se passe quelque chose dans le sujet humain et que cela passe par les Hébreux, cela passe par cette histoire d’Abraham que la bible a raconté et qui se prépare dans cette préface du temps qui va du 1er homme jusqu’à l’histoire d’Avraham.

 

Voilà ce que déjà nous suggère ce terme de Toladot.

Et, 3ème remarque, c’est que effectivement, il se passe quelque chose de génération en genération.

 

Nous avons deux lignées humaines. Une lignée humaine où il ne se passe rien, et où cela se démultiplie et se mulptiplie en copie plus ou moins conforme et on enfante des petits d’hommes identiques.

 

Et une lignée où il se passe quelque chose et où les engendrements passent et sont cette réalité de mutation d’identité qui a ses progrès et ses régressions mais l’option de la conscience hébraïque est que cela suit une spirale ascendante. (A l’origine on trouve la même racine spirale-espérance et respiration).

 

Avec cet option d’optimisme que cette génération finira par réussir. Et que toute l’histoire de l’humanité est dans cet effort d’engendrement où effectivement il se passe quelque chose de génération en génération. Un philosophe : « L’espérance c’est la respiration de l’esprit ».

 

Ce n’est pas pour rien que la tradition a choisi ce terme de Toladot qui signifie d’abord les engendrements, pour dire « l’histoire ». A partir de cette étymologie stricte, nous avons ce parallèle que les événements s’engendrent et ont des conséquences, de la même manière que les pères ont des fils. Av et Toladah sont parallèles à Av et Yeled. Le pére et le fils, l’événement principe et l’événement conséquence.

 

Nous avons cette option du récit biblique qu’il y a une matrice particulière de l’engendrement du fils de l’homme. Et c’est cette histoire qui nous est racontée dans l’histoire qui va du 1er homme jusqu’aux pères de l’identité d’Israël.

 

A travers les trois générations Avraham-Isaac-Jacob, les descendants de Jacob fils d’Isaac fils d’Abraham ont constitué la nation d’Israël. La nation d’Israël existe comme réalité à un autre niveau que celui des pères qui lui ont donné naissance. La nation d’Israël est Knesset Israël, elle a une réalité en soi et elle est cette matrice d’engendrement du fils de l’homme qui est perpétuellement engendré jusqu’à ce qu’en fin de compte cet enfantement réussisse.

 

L’incident de parcourt qui a donné naissance au christianisme était une des péripéties de cette espérance messianique de l’engendrement du fils de l’homme.

 

Ceci dit, bien que nous parlions français, il est extrêmement difficile d’employer les thèmes dont se sert la théologie chrétienne pour parler de choses analogues dans le registre de la théologie chrétienne. Les mots sont analogues mais le contenu de signification ne sont plus les mêmes parce que le contenu en est mythifié. Il faut faire ce décalage de vocabulaire entre les deux registres.

D’une certaine manière cette analyse montre à quel point nous sommes loin de la vision messianique chrétienne qui identifie le fils de Dieu et le fils de l’homme.

 

Indépendamment de cette mise au point linguistique, il y a ce principe que cela signifie que l’identité humaine est l’objet, et en même temps le sujet d’ailleurs, d’une mutation d’identité de génération en génération. Chacun a suffisamment expérience de sa propre famille pour savoir que le grand-père vivait en un temps différent de celui où vit le petit-fils. Et pas seulement du point de vue du folklore de culture dans toutes ses dimensions mais de la manière d’être homme. Ex : du menu du Shabat du temps de mes grands-parents et le menu du Shabat de mes petits enfants qui n’ont plus rien à voir en quantité. Je ne sais pas comment les anciens faisaient. Ils avaient une capacité supérieure. 

 

***

 

Q : Pourquoi parle-t’on de Ben Adam alors que le modèle Adam n’a pas été une réussite ?

R : Le Ben c’est le Av modifié par la mère. La matrice de l’engendrement est le facteur principal.

C’est d’abord ce qu’il faut comprendre : Le Ben c’est le Av modifé par la Em. Et dans cet effort de modification, le Av finit par engendrer le Ben. L’histoire des Bnei Adam c’est l’histoire de Adam engendrant le Ben Adam, à travers les Bnei Adam les petits de l’homme, il y a le fils de l’homme qui s’engendre dans une matrice particulière qui à une certain stade de l’histoire humaine est la société des Hébreux, et qui devient la nation d’Israël. Voilà le schéma.

Il y a les Bnei Adam et il y a le Ben Adam.

Le mot de Adam en hébreu ne se met pas au pluriel. On ne dit pas Adamim : il y a une seule manière d’être Adam !

On dit alors les Bnei Adam pour dire les hommes. Tous les hommes sont des Bnei Adam. Mais c’est une indication formelle. L’expression de Ben Adam que j’ai utilisé a un tout autre sens : c’est l’être que celui que l’on appelle l’homme, l’ensemble des Bnei Adam, est occupé à enfanter pour que le monde trouve sa justification d’avoir été créé.

 

Analyse phénoménologique :

Le projet du Créateur est de créer le fils de l’homme. Et pour que celui-ci soit engendré il a créé l’homme comme père du fils de l’homme. Cela implique une critique de la théologie chrétienne : c’est l’homme qui est le père du fils de l’homme. Chez les prophètes l’expression « Ben Adam » va prendre rapidement sa signification messianique, en particulier chez Ezéchiel : « Et toi que j’appelle le fils de l’homme... » Parmi tous les fils d’homme, il y en a un à chaque génération qui porte en lui, la mutation d’identité du « fils de l’homme ». Et à partir du moment où cette identité émerge dans une génération, elle s’étend à toute la génération. Toute la génération en profite.

J’en profite pour faire une petite parenthèse à propos d’un cours passé sur le mythe et le midrash.

 

Mythe versus Midrash:

 

La différence entre le mythe et le midrash, à propos de ce que je viens de dire précédemment :

Dans le mythe, il y a un personnage mythique qui est une figure littéraire, chargée d’affectivité mythique, et qui récapitule des traits d’identité de tout un peuple, de toute une génération. C’est une figure idéale, mythifiée qui est censée récapituler une manière d’être homme qui concrêtement existe mais à l’échelle de toute une génération et de toute une société.

Tandis que dans le Midrash c’est l’inverse : c’est un être d’exception qui apparait dans une société, et le Midrash étend à ses contemporains cette capacité d’identité qui est apparue chez lui. C’est la différence entre la figure mythique et la figure exemplaire dans le Midrash.

 

Par exemple, le Midrash qui dit lors de l’épisode de la rencontre des Patriarches et des rois de Philistie de ce temps-là, le problème de la femme qui est la sœur : le Midrash va nous dire que dans la civilisation d’Abimelekh on n’a pas compris ce que signifiait que la femme c’est la soeur, alors toute les femmes ont été frappée de stérilité. La punition du fait que Abimelekh ait pris la femme de Isaac, sous le pretexte qu’elle était sa soeur a eu pour conséquence la stérilité dans la nation d’Abimelekh. C’était déjà le cas avec Abraham, la même histoire. Et lorsque il y a guérison de cette stérilité, Sarah a pu enfanter. Le Midrash citant le verset « Sarah allaitait des fils » dit de Sarah qu’elle allaitait son fils et d’autres. Car personne ne pouvait croire que Isaac était le fils de Sarah. On prétendait qu’il était le fils d’Abimelekh et de Sarah. Il y a eu deux événements midrashiques : Isaac avait le visage d’Avraham pour que tout le monde se rende compte de la paternité d’Avraham, et plus tard Avraham a prié pour avoir la vieillesse, de telle sorte que son visage soit reconnaissable du visage d’Isaac et inversément. Les justes ont le même visage : Midat Hadin le visage de l’adolescence et Midath Ha’Hessed le visage de la vieillesse. Les adolescents sont impétueux alors que les vieillards sont sereins. Un beau vers de Victor Hugo dans  Boaz endormi évoque cela. [Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens, Mais, dans l'oeil du vieillard, on voit de la lumière. Victor Hugo - La légende des siècles].

 

Alors le Midrash nous dit que lorsque Sarah a allaité Isaac, toutes les princesses ont amené leur fils pour que Sarah les allaitent. C’était la preuve que Sarah avait bien enfanté, et qu’elle allaitait les fils de toutes les princesses.

 

Cela veut dire quoi`En particulier, je me souviens d’avoir étudié ces encyclopédies qui parlent des religions, j’ai fait une remarque extrêmement désagréable : Dans l’histoire des religions, il y a un antisémitisme caché : Israël n’a rien d’original en propre et a tout emprunté de tout le monde. Même des Juifs s’y prêtent à cela. Il y a la grande controverse actuelle entre Idel et Sholem parce que Sholem dit tranquillement que toute la mystique de la Kaballe vient des hindous. C’est la tarte à la crème des universitaires : dès qu’il s’agit d’une tradition d’Israël c’est emprunté.

 

Midrash: non seulement le lait de Sarah a allaité Isaac mais c’est aussi le lait de Sarah qui allaite les fils de toutes les princesses. En réalité c’est l’invere!

 

Le mythe récapitule sur les figures mythiques des éléments d’identités qui émergent dans une société et le représente sur une maquête, alors que dans le Midrash c’est à l’inverse.  

 

Lorsque des indications d’identité du fils de l’homme apparaissent dans un individu exemplaire de la génération, cela est étendu à toute la génération : les contemporains d’Abraham ont profité de la présence d’Abraham. Les contemporains d’Isaac ont profité de la présence d’Isaac...etc.

 

Pour arriver à notre sujet, en évitant les premières générations de l’humanité, Abraham-Isaac-Jacob sont des identités de justes, mais des identités différentes : l’une engendre l’autre. Et le miracle de la famille des Patriarches c’est qu’Abraham a engendré Isaac, et qu’Isaac a engendré Jacob.

 

Je vais prendre comme 1er sujet la difficulté des engendrements dans la famille d’Abraham:

La difficulté des engendrements dans la famille d’Abraham : les mères sont « stériles » dans le sens d’empêchées d’enfanter. Un midrash indique qu’elles étaient vraiment incapables d’enfanter et que c’est par miracle qu’elles ont pu enfanter. Je reprendrais ce Midrash par la suite.

Non pas le terme « stérile » dans le sens d’« incapable d’enfanter, mais empêchée d’enfanter.

 

Il y a un thème : Sarah est « stérile » empêchée d’enfanter très tardivement, et elle enfante Isaac dans un rire général qui a 7 significations d’après le Midrash.

Premiérement c’est un rire de triomphe et une rire de joie : celle d’avoir surmonter une impossibilité.

 

Rivqah est « stérile » de naissance jusqu’à ce que la prière de Isaac arrache la naissance de Jacob et Esaü dont on nous parle dans notre Parashah.

 

Rachel, va être stérile jusqu’à ce que Joseph puisse naître.

Léah est un cas particulier.

Léa n’a aucune difficulté à enfanter.

 

Et puis ce thème de la difficulté va continuer avec la mère de Shmouel hanavi : ‘Hannah

C’est le 1er chapitre du 1er livre de Shmouel, Haftarah de Rosh hashanah, que l’on lit parallèlement au chapitre qui raconte la naissance d’Isaac. A Rosh Hashanah on lit dans la Torah la naissance d’Isaa, et dans la Haftarah, le livre de Shmouel.   

 

C’est un thème extrêmement important : la matrice des engendrements du fils de l’homme est empêchée d’enfanter jusqu’à ce que... Jusqu’à ce que cet enfantement soit réussi.

L’idée qu’il y a là est intéressante : il faut empêcher le risque d’une naissance d’une approximation d’identité qui ferait échec au projet de cet enfantement.

 

Le paradoxe, la question qui se pose à nous :

Comment se fait-il que précisément les Imaot, celles qui doivent être les mères de la fécondité de l’enfantement du fils de l’homme, soit empêchées d’enfanter ?

 

Il faut mettre en évidence cela : c’est une ligne de lecture qui traverse toute notre histoire. Et ce n’est pas seulement vrai à l’échelle de l’engendrement des générations, c’est vrai à l’échelle de l’histoire de la société d’Israël. Il y a parfois de très longues époques qui apparaissent comme de longues périodes de stérilité, et puis il ne se passe rien dans cet avancée vers un engendrement plus réussi encore du fils de l’homme. Et puis subitement, l’enfant est né.

 

Ernst Renan : « l’histoire du peuple juif », énorme ouvrage en plusieurs volumes, je ne vous le conseille pas parce que c’est du temps perdu : à la fin, il dit en parlant d’Israël, que c’était un arbre dont la sève était féconde mais que finalement la souche est devenu stérile et un surgeon a poussé de l’arbre de Jessé qui a donné celui que vous savez...

 

L’histoire contemporaine a démenti complétement cette prophétie de Renan. La société juive pendant 2000 ans a fait un surplace d’engendrement pendant lesquels il ne s’est rien passé d’autre que ce qu’on dit dans la fin des contes pour enfants : ils se marièrent et vécurent heureux avec de nombreux enfants... Mais pendant 2000 ans, les Juifs font des Juifs, qui font des Juifs qui font des juifs, pendant 2000 ans.

Sarah est stérile, et puis subitement l’enfant est né. Et le peuple juif a engendré l’état Israël.

 

C’est très paralléle à ce théme de la matrice stérile des Imaot qui est empêchée d’enfanter jusqu’à ce que... Et dans ce schéma général il y a des schémas particuliers.

 

A l’intérieur de cette longue histoire de cette diaspora juive de 2000 ans il y a eu des foyers d’identité juive qui se sont engendrés à tour de rôle dans les différents foyers de civilisation du temps. Le foyer de la culture juive suivait le foyer de la civilisation humaine universelle.

C’était tantôt à Troye en Champagne, tantôt Francfort, tantôt Varsovie... Cela dépendait où passait la civilisaiton humaine en général...

 

Ces mutations d’identités sont importantes à comprendre. Comment est-ce relié ?

Il semble bien qu’il y a une crainte très clairement dévoilée à propos des enfantements de Rachel : c’est Dieu lui même qui empêche  que l’enfantement se fasse s’il n’est pas parvenu « à maturité ». Si ce n’est pas vraiment l’enfant qui est attendu, s’il y a le risque…

…/…

lire la suite ici

 

 

*****

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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 19:58

Abraham L'hébreu 88 – 2ème Partie

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/pensee/abraham_l_hebreu_serie_1992/cours_1

Face B

 

 

 

Première génération : Abraham vs. Nimrod et Lot :

 

.../...

(Ceux qui ont pour objectif de détruire l’identité) hébraïque en réémergence. Pas de calcul. Israël renait ? Annulé ! Il faut penser déjà à ce qui se passe de notre temps : Israël de notre temps renait et un Hitler est apparu, avec exactement cet objectif, et il n’est qu’un des Nimrod contemporain de ceux qui ont comme objectif d’annuler Israël parce qu’Israël redevient hébreu.

 

Et puis dans l’autre série, il y a un personnage qui accompagne Abraham et qui lui ressemble beaucoup au point que la Bible dit qu’ils se ressemblent comme des frères. Les deux ont la capacité frère, alors qu’il s’agit de Loth qui n’est pas son frère d’état civil mais son neveu. Mais le texte dit qu’ils se ressemblent comme des frères mais vont se séparer. Et puis Loth va fonder deux lignées issues de la même identité dont sort Abraham, l’identité Aram nous dit le Talmud, l’identité de la famille de Tera’h père d’Abraham, et père de Nahor père de Loth. C’’est la même identité que celle d’Abraham sortant d’exil : ils font un bout de chemin ensemble, ensuite ils se séparent parce que la capacité d’être frère est fondée sur la moralité chez Abraham et sur l’immoralité chez Loth le faux-frère qui va fonder deux lignées de rivalité messianique contre Israël : Amon et Moav. La parcelle de sainteté qui était enfouie chez Loth revient avec Ruth plus tard et rejoint l’identité messianique qui engendrera le roi David.

Voilà pour la première génération : d’un côté Nimrod, de l’autre côté Loth.  

 

Deuxième génération : Isaac.

 

Dans la première série ceux qui sont les adversaires, l’ennemi se nomme Abimelekh. Abimelekh est le nom des dynasties de rois de la Philistée du temps. Il s’agit du territoire de Gaza. Les Romains ont pris ce nom de Philistée pour en faire le nom de Palestine des usurpateurs contemporains, et puis il veut couper Isaac de sa terre. C’est un nom de dynastie : Il y a déjà un Abimelekh au temps d’Abraham qui déjà propose une alliance à Abraham dans les termes suivants :

« וַיֹּאמֶר אֲבִימֶלֶךְ, הִנֵּה אַרְצִי לְפָנֶיךָ Hineh Artsi lefanekha - Voici ma terre devant toi» dit Abimelekh à cet Abraham dont Dieu dit et redit : c’est ta terre ! Abimelekh dit : ma terre. Installe-toi dans le ghetto que tu voudras...

 

Et Abraham dans sa générosité du Tsadik de la Midat Ha’hessed débordant de charité signe une alliance avec Avimelekh, juste avant le sacrifice d’Isaac. Comme pour dire « cet enfant pour qui je t’ai promis cette terre, rend-le Moi puisque tu ne veux pas de cette terre, et puisque tu as entendu dire d’Abimelekh le Philistin « ma terre » et que tu signes... !

Vous voyez que le récit biblique est impitoyable et qu’on ne peut pas ne pas le lire. Je pense souvent à cette question qui nous, les rabbins sionistes, nous préoccupe beaucoup : comment se fait-il qu’il y ait tellement de gens qui étudient la Bible et qui ne voient pas ce qu’il y a d’écrit ?

Cela ressemble au verset : « ils ont des yeux… ».

 

Voilà Avimelekh, dans la lignée de Nimrod. Nimrod veut détruire le peuple dans sa racine, Avimelekh veut le couper de sa terre.

 

Dans l’autre série c’est Ishmaël. L’identité approximative qui s’instaure en rivalité et qui réclame l’héritage d’Abraham l’hébreu. C’est tellement facile à diagnostiquer car nous vivons cette histoire.  

 

Troisième génération : Jacob.

 

Jacob est aux prises avec l’homme de la lignée la plus proche d’Israël. Celle qui vient du frère d’Abraham mais qui lui a refusé de redevenir hébreu. Il veut rester araméen, il veut rester galoutique comme on dit aujourd’hui. L’hébreu en Galout de Babel était Aram. Et voilà qu’une branche de cette famille redevient hébreu, c’est Abraham ; et son frère Na’hor veut rester araméen.

Il fait souche, c’est Bethouel et Lavan. Lavan fils de Bétouel fils de Na’hor. Et le texte le nomme avec une accumulation d’ajectif : Lavan arami.

 

Et vous savez ce que dit la Hagadah de Pessa’h :

VéLavan Bikesh Laakor Et Hakol

Et Lavan a cherché à écraser tout

 

Pire que le Pharaon qui voulait tuer les mâles pour s’approprier les matrices et pour engendrer les valeurs hébraïques pour l’Egypte, mais Lavan lui voulait tuer tout. Qui est donc ce Laban ? Il nous faut le diagnostiquer. C’est du sein même de la famille d’Abraham qu’un rival voulant annuler l’émergence de l’identité d’Israël apparait. Je les caractériserais très formellement : ce sont ces Juifs anti-Juifs et anti-Israël qui au nom de l’ancestralité galoutique s’opposent au projet d’Abraham.

 

De l’autre côté dans l’autre tableau c’est Esaü le frère de Jacob et qui prétend être Israël. Je vous l’ai diagnostiqué comme étant la chrétienté, le précédent c’était l’islam. Il y a cet étonnement énorme que ce récit simple où la sélection de l’identité d’Abraham à Jacob qui mènera à Israël sucite…

 

.../...  (interruption de l'enregistrement)

 

...sur mesure biblique.

 

Encore une fois c’est tellement énorme que cela manque d’humour de leur part. Et voilà qu’un 7ème personnage apparait à des époques caractéristiques et qui est Amaleq.

 

Amaleq est un personnage que se définit de deux manières : d’abord il apparait toujours dans les périodes de fin d’exil lorsque sortant de son exil l’identité d’Abraham redevient hébraïque, alors Amaleq survient. Et deuxièment il récapitule les deux prétentions : détruire et remplacer.

 

Effectivement, on voit Amaleq apparaître à la sortie d’Egypte : « Vayabo Amaleq… » dans Parashat Beshala’h du livre de Shémot. Dès que Israël sort d’Egypte, le peuple redevient hébreu sort de son exil et va retrouver sa terre Amaleq se jette sur lui.

 

A la fin du 2ème exil, le livre d’Esther tout entier c’est le récit du conflit entre les Amalécites et les Judéens. Et le livre d’Esther ne parle que de cela. Cela veut dire que dès que l’identité judéenne du prmier exil du royaume de Judah décide de décrocher du 2ème empire qui était la civilisation perse après la civilisation babylonnienne – l’Egypte étant une annexe d ela civlisation de Babel – surgit Amaleq. Et grâce aux miracles de la reine Esther il ne s’est pas produit cette catastrophe qui aurait pu se produire si Amaleq avait fini par persuader Assuérus.

 

Et de notre temps, l’état d’Israël contemporain est bien évidemment apparu à la fin catastrophique d’un temps d’exil, et a surgi en ce temps-là un Amaleq contemporain, et qui a pour définition d’identité un programme bien précis et il ne s’en cache pas de le dire : détruire et remplacer. Hitler l’avait écrit dans Meïn Kampf et lisez aujourd’hui la charte palestinienne. C’est ce qu’il y a d’écrit en clair. Les Juifs sont tellement juifs qu’ils ne veulent pas entendre ce dont on les menace. Je me souviens du temps de Hitler qui a écrit Meïn Kampf avec un cynisme inouï y disant ce qu’il voulait faire et on la laisser faire. Heureusement qu’on ne l’a pas laissé aller jusqu’au bout. Vous êtes contemporains de la charte palestinienne qui écrit en clair cela.

 

C’est bien cette histoire que nous vivons. D’un côté les rivaux qui veulent détruire, de l’autre les approximations d’identité qui veulent remplacer, et ce personnage fatidique, le 7ème qui récapitule tout, et qui apparait en fin d’exil. Dès qu’Israël sort d’exil, Amaleq surgit. C’est à cela que nous sommes occupés dans les péripéties de l’histoire contemporaine : le peuple juif et Israël d’un côté et le reste du monde de l’autre. Exactement comme l’avait raconté la Bible à partir de l’histoire d’Abraham.

 

L’amour fraternel :

 

Je voudrais terminer cette analyse par le 2ème volet de l’équation de fraternité. Ainsi l’être hébreu apparait et comme le raconte l’histoire son problème c’est l’amour des frères.    

 

Petite parenthèse sur un principe de l’enseignement talmudique : l’homme désigne comme idéal la vertu qui lui manque. C’est un peu le contraire de ce qu’on pourrait croire en culture occidentale. Dis-moi en quoi tu crois et je te dirais qui tu es. En fait le Talmud nous dirait :  Dis-moi en quoi tu crois et je te dirais celui que tu n’es pas encore, parce que si tu y crois c’est que tu ne l’es pas déjà.

 

On désigne comme idéal la vertu qui nous manque. Ainsi le Romain désigne comme idéal la charité, mais les Romains si vous connaissez l’histoire de Rome c’est Ish Damim. Ce sont eux qui ont porté l’art de la guerre jusqu’où il est arrivé. Ce sont des martiens. Qu’ont-il s comme religion ? La charité ! De la même manière chez Ishmaël : lorsqu’Ishmaël a voulu retrouver le Dieu d’Abraham, il a cherché comme idéal la vertu de rigueur qui lui manquait : il avait reçu la charité par héritage de l’identité d’Abraham. L’hospitalité d’Ishmaël est connue : elle procède du ‘Hessed. Mais il manquait le Din. Lorsque l’islam s’est fondée elle a appelé la religion d’un mot hébreu Din. En arabe El Din.

 

Qu’en est-il pour Israël de ce principe ? L’idéal d’Israël c’est l’unité et nous désignons par là la vertu qui nous manque. Depuis le temps d’Abraham nous sommes à la recherche d’un principe d’unité. Voyez que je désigne quelque chose qui est tabou en société juive. Nous sommes la religion de l’unité et nous savons qu’il n’y a pas une société au monde aussi divisée que la société juive ! Dès qu’il y a trois juifs, il y a 4 parties et 25 présidents. Les Juifs savent cela mais n’osent pas se l’avouer.

Consolation : Si effectivement on  nous a désigné l’unité comme idéal c’est qu’on savait qu’en fin de compte nous serons les seuls à pouvoir le réaliser. Seule une conscience qui perçoit ce qui lui manque y est sensible, mais encore en tension d’idéal.

 

Cette équation de fraternité, le patriarche va la rechercher encore beaucoup plus profondément que la relation entre le frère et le frère qui est le point de départ. Mais c’est quelque chose de beaucoup plus profond qui se cherche dans l’histoire des patriarches, et c’est ceci : Au niveau du premier homme il y a un progrès énorme par rapport à l’animalité. L’animalité est désignée en termes de sexes : mâle et femelle - Zakhar ouNouqvah. Alors que dès que l’homme apparait la Torah parle d’époux et d’épouse. Il y a un niveau de reconnaissance d’autrui à l’intérieur de l’identité humaine, lorsqu’elle fait couple, qui est l’homme un qui se cherche dans notre histoire et notre récit. La première chose qu’Abraham a à faire quand il recommence l’histoire de l’homme, c’est résoudre ce problème que ce n’est pas suffisant.

 

Et voilà que la Torah nous raconte qu’il avait 100 ans et qu’elle avait 90 ans et qu’ils voyagent en Egypte la civilisation du temps. Arrivés à la frontière de l’Egypte au poste de douane la Torah nous dit qu’il s’aperçoit qu’elle est belle ! Comment ? Il aurait mis 100 ans pour s’en apercevoir et elle a 90 ans ? On voit que le récit porte ailleurs ! Cela veut dire qu’il s’est aperçu qu’elle avait cette beauté de celle dont on peut dire alors qu’elle est femme qu’elle est soeur. Et c’est cela qu’il avait à déclarer dans la civilisation du temps. Je vais essayer d’imager cela :

 

Arrivant à la douane en Egypte on Lui demande s’il a quelque chose à déclarer ? Il dit : « oui ma femme c’est ma sœur ! » Et ils n’ont rien compris du tout : « Si elle est ta soeur alors on peut te la prendre pour le Pharaon puisqu’elle est belle... » Voyez ce qui se passe en réalité : cela a été ce voyage vulnérable d’Israël dans l’histoire de l’humanité : il avait des messages à porter. Des messages qui lorsqu’ils en sont pas compris risquent d’être suicidaires.

 

Je me base là sur un enseignement du ‘Hafets ‘Hayim qui pose la question suivante dans ses Drashot: les sacrifices ne sont permis par la Torah que dans le temple. Comment se fait-il que le sacrifice de la fondation de notre histoire soit faite non seulement en dehors du temple mais dans la terre de la plus grande impureté en Egypte ? C’était le Pessa’h de Mitsraïm, le sacrifice pascal de la sortie d’Egypte s’est fait en Egypte. Il donne un enseignement très important. Il dit en fait il y a deux sainteté. Nous sommes habitués à la sainteté dévoilée. Mais il y a une sainteté profonde qui est cachée dans le profane. La sainteté cachée dans l’impur est une sainteté presque plus importante, parce qu’il faut la dévoiler, que la sainteté dévoilée parce qu’il faut la délivrer. Il y a la sainteté dans la maison, dans le temple. Il y a la sainteté de l’en-dehors qu’il faut faire émerger. C’est un thème extrêmement important qu pourrait faire l’objet d’une étude pour elle-même.

Et il nous donne l’enseignement suivant s’appuyant sur des versets : Il y a aussi deux sagesses. La sagesse dévoilée et la sagesse cachée. Alors de la même manière il dit qu’il y a deux amours: l’amour permis dehors et interdit dedans : c’est l’amour du frère et de la soeur. Il y a l’amour permis dedans et interdit dehors, c’est l’amour de l’époux et de l’épouse. Il y a deux comportements de l’amour. Et le premier homme était déjà arrivé au premier : époux-épouse. Le patriarche reprend ce problème là où le premier homme l’avait laissé et construit la 2ème dimension de la relation d’autrui à autrui dans le comportement d’amour. Vous avez du remarqué d’ailleurs qu’un couple réussi c’est lorsque on a réussi à être mari et femme, et frère et soeur. Si on n’est que mari et femme cela risque de basculer dans les scènes de ménages. Mais si on est mari-femme et frère-soeur, tout va bien et on finit d’ailleurs par se ressembler.

 

Vous voyez de quoi s’occupent les récits bibliques alors que trop souvent on en parle comme s’il s’agissait d’anecdotes. Il s’agit de notre histoire et à un niveau considérable.

 

Je terminerais par cette image concernant le peuple juif : c’est la relation entre le Juif et la Torah. La Torah en tant que sagesse a également deux aspect : l’aspect dévoilé c’est l’aspect soeur qui vaut pour l’universel, et l’aspect caché, l’aspect secret, c’est l’aspect épouse.

Et alors voilà que le peuple juif se balade dans l’histoire en disant de la Torah : voyez comme ma femme est belle, c’est ma soeur !

 

Je parle en clair :

La dimension du Niglé, de la Torah dévoilée, est à la disposition de l’universel humain. La dimension du Nistar, la Torah cachée, c’est l’épouse dans la maison, et cela ne concerne personne d’autre. Mais c’est la même Torah.

 

Alors on lui demande : c’est ta femme ou c’est ta soeur ? Il répond la vérité : c’est ma femme et c’est ma soeur. Si c’est ta soeur on va te tuer pour la prendre ! C’est exactement l’histoire d’Abraham.

 

Voyez comment Israël a vécu cette histoire. Nous vivons en tant que société en tant que peuple, l’histoire des Patriarches. Et pour savoir nous situer il faut étudier la Torah. Pas comme des anecdotes mais au niveau où elle enseigne et pour cela notre doigt de lexture c’est bien sûr le Midrash et le Talmud pris au sérieux, et pas seulement comme des lectures pieuses du samedi après-midi pour faire de la morale de vieillard à des intelligences d’enfants.

 

***

 

Q: Question sur l’amour d’Abraham pour Ishmaël et la promesse qu’il sera un grand peuple comme Israël ?

R:  J’ai tenté de vous faire découvrir qu’il y a une cohérence dans l’histoire que nous vivons telle qu’elle est éclairée par la Torah et donc c’est plein de problèmes. Je vous répondrais brièvement par manque de temps mais toutes les questions sont importantes et nécessitent de grands développements, en vous renvoyant aux références que je vous ai donné pour que vous les étudiez. Je vous remercie de votre question mais rassurez- vous il y a une réponse. C’est que nous sommes au point de départ de l’histoire d’Israël et Abraham a fondé la première vertu qui sera la conscience d’Israël. La conscience d’Israël pour se constituer se constitue à travers trois vertus différentes : d’abord la vertu de charité, ensuite la vertu de justice et après la vertu de l’unité des valeurs qui est la vertu de vérité morale. Abraham est tout entier charité et ce n’est pas encore Israël. Notre Torah c’est la Torah donnée à Jacob. Si on se conduit comme Abraham, et que cela, c’est la catastrophe. Par exemple Ishmaël. Relisez ce texte et vous verrez qu’Abraham protège Ishmaël par charité et puis c’est son fils. Et de la même manière la prière d’Abraham pour Sodome et Gomorrhe. Il prie pour les pires Reshayim de l’humanité. Dieu les déclare Reshayim et Abraham prie. Je voudrais avoir le temps de vous dire que c’est son devoir : lorsque la charité prie c’est pour les pires criminels qu’elle doit prier. Sarah avait favorisé la naissance d’Ishmaël par générosité car se croyant stérile et par fléchissement de sa conscience elle voulait que ce qui était Abraham puisse se perpétuer dans l’histoire des hommes fut-ce à travers une matrice égyptienne – cela donne Ishmaël. Alors puisqu’il existe déjà il existe. Et c’est Abraham qui plaide pour Ishmaël et Dieu entend la prière d’Abraham [17 :20] :

  וּלְיִשְׁמָעֵאל, שְׁמַעְתִּיךָ  

« En ce qui concerne Ishmaël Je t’ai entendu ».

Alors qu’Il ne lui parlait que d’Isaac fils de Sarah, [17:18] Abraham dit au Seigneur: "Puisse Ismaël, à tes yeux, mériter de vivre!" Bon et bien puisque tu dis Ishmaël... et cela nous a coûté cher ! Je vais vous dire une chose que je vous demandrais de comprendre très simplement : si Ishmaël était notre contemporain, il ferait partie de Shalom Akhshav. Cela vous explique l’erreur de Shalom Akhshav : se prendre pour Abraham et que ça ! Alors que nous sommes Israël.


Mais lisez ce que Sarah a dit [21:10]  :


וַתֹּאמֶר
, לְאַבְרָהָם, גָּרֵשׁ הָאָמָה הַזֹּאת, וְאֶת-בְּנָהּ כִּי לֹא יִירַשׁ בֶּן-הָאָמָה הַזֹּאת, עִם-בְּנִי עִם-יִצְחָק

Vatomer léAbraham

Garesh haamah hazot ve-et Benah

Ki Lo Yirash Ben Haamah Hazot im Béni Im Yits’haq

Elle a dit à Abraham renvoie cette mère avec son enfant,

car il n’héritera pas le fils de cette mère avec mon fils avec Isaac.

 

Si j’avais le temps je vous indiquerais pourquoi il sont différents Ishmaël et Its’haq.

Elle a vu que Ishmaël riait – metsa’heq au présent - alors il ne peut pas hériter avec celui qui rira au futur – Yits’haq. Ce thème-là me prendrait trop de temps, je vous l’indique, mais ne croyez par qu’ils s’agit d’anecdotes. Ce sont deux religiosités radicalement différentes, mais toutes deux issues de la foi d’Abraham qui reconnait qu’il y a un Créateur, alors il y a rire. Mais rire au présent et rire au futur ce n’est pas la même chose.        

 

Abraham serait à Shalom Akhshav. Mais Sarah dans quel parti politique serait-elle ? (Garesh…)

On est arrivé au stade où il faut dire les choses en clair, vous comprenez puisque vous avez posé la question. Les conflits actuels en Israël ce n’est pas un peuple qui se révolte pour avoir des droits. Il ne s’agit pas de cela. Ce sont deux peuples qui luttent pour la même terre. Et il se dévoile qu’il en est ainsi. Alors c’est où l’un où l’autre. Il faut en prendre acte, surtout lorsqu’on entend ce que les autres disent. Cela prendra les péripéties que cela prendra, et nous ne sommes pas les européens en Amérique ou en Afrique, ou les Américains ailleurs. Nous sommes Israël nous avons une Loi et il faut la vivre, c’est pour cela que nous supportons ce que nous supportons. Il faut avoir les yeux ouverts.

 

Et alors Dieu intervient : "écoute la voix de Sarah" [21:12], cela veut dire que Dieu a pris parti.

Si vous posez la question du dedans du texte lisez la réponse qu’il y a dans le texte. 

 

<A suivre... >

 

***

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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 19:55

Abraham L'hébreu (1988 )

 

 

 

Cours du Rav Léon Ashkénazi sur le thème :

Abraham L'hébreu ou l’espérance de fraternité (1988)

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/pensee/abraham_l_hebreu_serie_1992/cours_1

Face A

 

 

Je vais aborder dans un premier point très succint ce que nous avions vu l’année dernière au sujet de l’identité de Abraham l’hébreu qui est à l’origine de l’histoire d’Israël. Nous avions vu que contrairement à un cliché très répandu chez les historiens, et parfois chez les historiens connu comme compétents, Abraham est un hébreu qui se trouvait dans la région de Mésopotamie de son temps, et dans la ville connue sous le nom de Our-Qasdim.

Si vous consultez des cartes anciennes pour les confronter aux cartes actuelles, vous aurez la surprise de découvrir que Our-Qasdim se trouve dans la région de la frontière entre l’Irak et le Koweit. A côté d’une ville à laquelle les textes prophétiques font allusion, sous le nom de Basra ou Bosra en hébreu et qui s’appelle Bassora dans la géopolitique contemporaine. Comme pour nous dire que nous sommes en un temps où certaines boucles tendent à se reboucler, et là où cela a commencé, il se passera ce qu’il se passera...

Notre histoire a commencé avec un homme que la Bible nomme Abraham l’hébreu et cette identité hébraïque nous avons essayé l’année dernière de la situer à la fois historiquement et géographiquement. Et en relation avec le pays d’Israël qui à l’époque se nommait le pays de Canaan parce qu’il avait été envahi par les Cananéens – différents peuples regroupés sous l’identité Canaan dans le texte de la Bible – mais que la Bible nomme le pays des Hébreux.

Ceci pour indiquer que dans la contestation pratiquement universelle contemporaine sur la question du lien entre le peuple d’Israël et la terre d’Israël, il est nécessaire en tout cas que les Juifs, qui sont des héritiers des Hébreux, retrouvent cette mémoire de leur origine et ait la conscience de leur légitimité absolue en tant que un peuple relié à sa terre.

Je n’entre pas dans les détails mais vous percevez les implications de tout ordre qu’il y a autour  de ce problème. Nous avons expérience de doutes, de perplexités, de Juifs qui parfois devrait être au courant de leur propre source parce que c’est la Bible notre carte d’identité, et qui malgré cela ayant été imprégnés de ces clichés «d’ antisémitismes » subtils, venant parfois d’autorités universitaires, craignent de porter atteinte à la légitimité d’un autre peuple qui est en rivalité et en contestation et en interpellation avec Israël. C’est une histoire qui ne commence pas de notre temps, c’est une histoire qui nous est racontée par la Bible déjà au temps du commencement il y a près de 4000 ans au temps de Abraham l’hébreu. C’était si je me souviens bien l’essentiel de l’analyse de la dernière fois.

 Je voudrais aborder la suite de cette analyse : je vous indique que ce sujet comporte une étude qui pourrait durer très longtemps, c’est-à-dire que ce n’est pas en une fois que nous pouvons épuiser les dimensions et la problématique de cette manière d’être homme que la Bible nomme Israël et qui prend sa source dans l’idendité hébraïque.

Petite parenthèse en passant : Nous, Juifs, nous nous sommes connus comme juifs dans la diaspora – les Juifs cela veut dire les judéens –  et nous étions d’origine hébraïque  mais avec le long temps de la diaspora nous avons fini par perdre de vue l’identité essentielle de l’hébreu qu’il y a en nous, Juifs. Pour formuler cela de façon schématique : les Juifs sont d’origine hébraïque. Ils ont risqué d’oulier leur origine, il y a eu le risque d’une identité seconde, une identité de diaspora se connaissant comme sui generis et découvrant avec étonnement, dans la contemporanéité que nous vivons, qu’une partie du peuple juif redevenue hébreu leur pose un problème d’identité, c’est-à-dire l’Israël des israéliens. Les israéliens sont des Juifs redevenus hébreux, et sont des Hébreux d’origine juive. Ce n’est pas du tout une boutade, il y a là deux problèmes qui ne sont pas forcément exactement les mêmes : les Juifs dans leur quête d’identité doivent retrouver leur origine hébraïque, et les israéliens en tant qu’ils assument leur identité, ne doivent pas oublier leurs origines juives.

Je voudrais dire très brièvement que l’humanité entière a été traversée par cette identité hébraïque. Je le dirais schématiquement de la manière suivante : en Occident il y a un monde culturel, spirituel, religieux, considérable qui est la chrétienté qui à travers 2000 ans a touché un nombre incommensurable de consciences, lesquelles dans leur équation personnelle propre, disons dans leur bonne foi propre, se sont pris pour Israël, se réclament des patriarches et des prophètes hébreux, d’une certaine manière de la terre des Hébreux qu’ils considèrent comme leur terre sainte.

Et finalement vous savez à quel point le monde de la chrétienté quelque soit les remises au point par rapport aux Juifs et au judaïsme que la Shoah leur impose que l’état d’Israël leur impose, est encore en rivalité d’identité avec l’Israël des Juifs. Et avec un problème qui est encore en suspend par ce qu’ils découvrent dans un traumatisme considérable, 2000 après, que peut-être ce sont les Juifs qui sont Israël et alors qui sont-ils ? Cela c’est d’un côté du monde.

De l’autre côté du monde c’est la rivalité de l’islam. Et là encore, tout un pan de l’humanité considérablement ample du point de vue du nombre et de sa quantité, et de son poids politique actuel, et de la menace qu’il représente, non seulement pour Israël, et qui eux aussi à leur manière se réclament des patriarches et des prophètes et des rois d’Israël et de la terre d’Israël qu’il considèrent non seulement comme une terre sainte mais comme un terre arabe.  

Et par conséquent, nous, petit peuple juif, sommes peut-être les moins bien placés en tant qu’héritiers des Hébreux – peut-être par réaction de modestie d’ailleurs - pour percevoir l’impact considérable que l’identité hébraïque a eu dans l’histoire de l’humanité, au point où nous nous trouvons 4000 après en but aux interpellations que la Bible raconte lorsqu’elle raconte l’hsitoire de la famille d’Abraham, à partir du moment où Abraham décide de décrocher de la civilisation mésopotamienne et de rentrer au pays des Hébreux.

Ce sont des choses très analogues que les générations actuelles du peuple juif par rapport à Israël vivent. Cela nous est raconté dans la Bible à l’échelle de l’histoire des patriarches. Nous sommes ce peuple privilégié qui peut lire son histoire dans les journaux et qui lit les journaux en lisant la Bible.     

Pour revenir à notre sujet : il est nécessaire de comprendre quelle est la clef de cet impact de l’identité hébraïque dans l’histoire de l’humanité. Au point que le monde entier, quelque soit ses problèmes, réclame Jérusalem comme étant sa capitale, à la condition qu’elle ne soit pas celle des Juifs. C’est tellement énorme qu’ on a l’impression que l’humanité contemporaine n’a même pas le sens d’humour minimum qu’il faudrait pour remettre les choses à leurs proportions. Un tout petit peuple et des problèmes aussi énormes autour.

Vous percevez les dimensions et l’envergure du problème posé à l’histoire des hommes dès qu’Abraham sortant d’Our-Qadim se dirige vers les montagnes de Moriah. « Lekh lekha » c’est dit en sortant d’Our-Qadim, mais c’est dit pour la montagne de Moriah et l’histoire d’Israël va commencer en ce temps.

Le Midrash s’interroge sur la raison pour laquelle le texte de la Bible tient à dénommer Abraham « Abraham l’hébreu » alors que nous connaissons déjà les généalogies qui ont engendré Abraham, et que nous savons qu’Abraham est descendant de Shem – un des trois fils de Noa’h qui a été le  fondateur de la civilisation des Sémites -  à travers un des patriarches de l’antiquité qui se nomme Ever. Le mot « hébreu » en hébreu – Ivri - signifie descendant de Ever.

Par conséquent, puisque nous savons déjà cela par les textes précédents en fin de Parashat Noa’h, nous savons que Abram fils de Tera’h est descendant de Ever. Pourquoi le texte de la Torah en nous racontant un épisode de la vie d’Abraham lorsqu’il doit intervenir dans une guerre qui oppose 4 rois à 5 rois pour délivrer son neveu Loth fait prisonnier, nous dit (Genése chapitre 14:13) :

  וַיָּבֹא, הַפָּלִיט, וַיַּגֵּד, לְאַבְרָם הָעִבְרִי  

Les fuyards vinrent en apporter la nouvelle à Abram l'Hébreu.

 

On est venu annoncer à « Abraham l’hébreu » que Loth était fait prisonnier. Le Midrash s’interroge parce qu’au niveau du Pshat, c’est-à-dire du sens direct, nous savons que cela veut dire un hébreu, un descendant de Ever – Eber. Alors le Midrash donne un certain nombres d’harmoniques de sens et nous renvoie en particulier au verset qui va définir celui qui est Ever. Quelle est cette identité qui prend son nom de l’ancêtre Ever et pourquoi cet identité a t-elle une telle importance dans l’histoire des hommes ?

Voilà la première question que je voudrais aborder.

Ever est le descendant de Shem de la génération immédiatement antérieure à la grande diaspora des nations qui est le résultat de ce qui nous est raconté dans l’épisode de la tour de Babel. Nous apprenons du récit de la Bible que avant l’époque  de la tour de Babel que nous appelons dans la tradition Dor Hapélagah « la génération de la dispersion » – j’en profiterais pour vous parler ultérieurement, et je vous l’indique pour ne pas l’oublier, qu’il faut réfléchir sur la notion de diaspora, cliché des sociologues plus que des historiens : et alors que la conscience juive est  habituée à l’idée que le fait de diaspora s’attache à l’identité juive et qu’un juif se définit par le fait de dispersion et d’exil, le récit de la Torah nous dit exactement l’inverse : la diaspora c’est la diaspora des nations. A partir de l’unité de l’identité humaine, l’identité humaine éclate en différentes nations qu’on appelle les Goyim, mot qui étymologiquement signifie « les nations ». Avant le temps des nations, il y a eu le temps de l’humanité une. Et c’est à partir de Babel que l’universel humain a éclaté en nations. 

Or, précisément Ever c’est le descendant de la lignée de Shem avant la Pélagah, avant la grande dispersion. Ce qu’il faut retenir c’est que lorsque la Torah énumère les 70 nations qui sont le résultat de l’éclatement de cette unité de l’universel humain, il n’y a pas Israël. Il y a les descendants de Ever. Il n’y a pas encore Israël. Israël apparaitra plus tard à partir d’Abraham et après une sélection d’identité de cette recherche de l’identité hébraïque épurée après le temps de son propre exil au temps de Jacob, petit fils d’Abraham, qui prend le nom d’Israël. D’une certaine manière c’est en Jacob qu’Abraham devient Israël.  

Et lorsque plus tard, pour des raisons propres à la vocation d’identité de ce peuple d’Israël arrive le conditionnement des péripéties de la diaspora d’Israël à proprement parler, alors cette dispersion d’Israël est seconde et vient se greffer sur la dispersion humaine avec une finalité messianique que les prophètes d’Israël expliquent. Ce qui est encore un autre sujet. Mais ce qu’il faut retenir c’est que le fait de la diaspora pour l’identité humaine c’est le propre des Goyim, ce n’est pas le propre d’Israël. L’identité de diaspora du peuple d’Israël est dérivée, elle est seconde et provisoire même si elle dure dans le temps. C’est lorsque l’identité d’Israël vient se greffer sur la diaspora humaine en vue de la réunifier dans le retour au pays des Hébreux.   

Et là comme vous le savez nous sommes en conflit avec d’autres courants religieux, en particulier la manière dont la chrétienté définit l’exil des Juifs comme une malédiction, une punition sans fin. Et l’islam de manière assez analogue mais différente d’aileurs comme une disqualification de la vocation d’Israël. Et puis aussi certains courants juifs, religieux ou non, qui s’instaurent dans cette identité provisoire qu’ils voudraient voir comme sui generis et définitive, tombant dans le piège que les rivalités chrétiennes ou islamiques leur ouvrent.

Voici ce que dit le verset de la Bible concernant Ever. Il s’agit du verset 25 du chapitre 10 de la Genèse :

וּלְעֵבֶר יֻלַּד, שְׁנֵי בָנִים

OulaÊver Youlad Shnei Banim

Et à Ever fut enfanté 2 fils,

שֵׁם הָאֶחָד פֶּלֶג

 Shem Haé’had Peleg

le nom du premier Peleg,

כִּי בְיָמָיו נִפְלְגָה הָאָרֶץ

Ki Biyamav Nifléga haarets.

Car en son temps la terre s’est dispersée.

 

Et suit dans le chapitre 11 la description de cette dispersion des 70 nations de base, et c’est là qu’apparait pour la première fois cette catégorie : cette dispersion s’est faite chez les familles humaines selon leur pays, selon leur nations (aux Goyim), selon leur langues.

Donc l’identité hébraïque n’est pas une parmi les identités humaines formellement analogues. C’est l’identité de l’homme avant la dispersion humaine. Avant la Pélagah. C’est l’identité de l’homme un. C’est une identité qui garde en elle-même ce qu’est l’homme authentique tel que Dieu l’avait créé. Lorsque par exemple la Guémara dira en s’adressant à Israël : « Atem krouyim Adam vé eïn oumot haolam kerouyim Adam », il y a une allusion à ce que nous dit ce verset. Ever n’est pas n’importe qui, le verset le dit très clairement, il est le père de Peleg et c’est avec Peleg que la Pélagah, la diaspora, la dispersion de l’identité humaine a commencé.

Et donc, il devient compréhensible que lorsque les nations du monde - qui chacune d’entre elles ont recueilli un aspect partiel du génie humain - génial à leur manière mais de manière partielle – rencontrent l’identité hébraïque alors elle rencontre l’espérance de l’homme un, l’espérance de l’universel.

A chaque étape de la civilisation humaine cette espérance se formule dans des indices d’espoirs messianiques différents mais il est bien évident que dans la rencontre de l’hébreu alors il y a la rencontre de l’espérance messianique fondamentale : reconstituer l’universel humain, l’unité humaine tel qu’elle se trouvait avant que ne commence le temps des empires. Les empires : chaque nation éclatée à tour de rôle qui tente de prendre en charge ce rêve de la reconstitution de l’universel humain mais qui échoue comme par fatalité parce que le véhicule existentiel n’est pas adapaté à l’idéal. Alors que l’idéal est authentique, l’homme universel, l’homme un, le véhicule sociologique est trop partiel pour réussir. Ce qui fait que toute l’histoire de ces rêves de l’universel chez les Goyim, chez les nations ont toujours échoué dans des impérialismes. Une manière d’être homme en particulier qui tend à s’imposer aux autres. Alors que le rêve, le but, l’objectif était idéalement authentique : refaire l’universel humain.

Je vous donnerais un exemple parmi d’autres - mais il n’y a pas d’exception - auquel nous sommes familiers : la révolution française. Le rêve de l’universel des fondateurs idéologiques de la révolution française est authentique. Lorsqu’on lit les textes, surtout les philosophes qui ont précédé cela, surtout chez les Encyclopédistes, l’idéal de la révolution française, on rencontre un idéal authentique de l’universel humain. Quelques années après la première république c’est l’empire français. Et ce n’est pas qu’une ironie de l’histoire c’est une fatalité. Après la constituante c’est l’empereur. Avec le symbolisme exactement calqué sur les empires de l’antiquité. Il n’y a aucune exception.

Nous vivons un temps exceptionnel avec l’effondrement de l’empire soviétique. Lorsque la révolution d’octobre a repris à la russe le rêve de l’universel humain, elle a voulu fonder l’universel humain et a fondé un empire qui s’est finalement écroulé sous nos yeux de notre temps.

Il y a donc dans l’identité Ever quelque chose de particulier. Dès l’origine, dans le principe c’est une identité à part des autres identité humaines. Voilà l’indication très directe de ce verset cité au chapitre 10 verst 25 de la Genèse.

C’est un verset particulier parce qu’il s’agit d’une généalogie à partir  de Shem où la Torah se borne à énumérér les noms des hommes à chaque genération. Elle ne donne une explication du nom qu’à propos de Ever ! Pour dire qu’il est le dernier à être l’homme un. Après lui Peleg ! Nous avons en hébreu moderne le nom de Miflagah qui veut dire un parti : cela éclate en différentes dimensions qui gardent la nostalgie du tout de l’un mais qui ne peuvent réaliser que le caractère partielle de ce qu’elles sont au niveau de l’histoire des sociétés.

Et voilà l’histoire dans laquelle nous sommes plongé depuis l’histoire de la tour de Babel, il y a un rêve messianique qui passe par les Hébreux, et il y a l’histoire des empires qui est l’histoire des nations, l’histoire des Goyim.

Tout se passe comme si nous sommes arrivés au temps historique du bilan de ces histoires avec le retour des Juifs sur la terre des Hébreux de notre temps, après le temps du 4ème empire selon la chronologie biblique qui est l’empire de Rome, et il ne faut pas oubblier d’indiquer que la fondation de l’empire soviétique et la déclaration Balfour ont eu lieu la même année. Il ne faut pas trop réfléchir aux « coïncidences » qui donnent le vertige et donne des cauchemards. Il faut donc les laisser de côté, d’autant plus qu’elles sont plus que des coïncidences… Je reviens au sujet.

Nous avons là une identité qui est celle de Ever qui entrée dans un exil. Que faisaient les Hébreux en Mépotamie ? Mais au fond la question n’est pas plus mystérieuse que de se demander aujourd’hui ce que font les Hébreux en Australie ? ou à Trifouillis-les-oies ?    

C’est un fait que l’identité hébraïque est entrée dans une phase récessive, elle est devenue araméenne au temps des Chaldéens, un peu de la même manière qu’elle est juive au temps des Romains, et puis Abraham prend l’initiative de mettre fin à cet exil échoué d’Our-Qasdim.

Le Midrash nous raconte que cela s’est terminé par une Shoah épouvantable à la manière même des Shoah que les Goyim nous impose par le feu, les bûchers de l’inquisition et de l’Allemagne nazie. Et le Midrash raconte qu’Our-Qadim signifie la fournaise dans laquelle les Hébreux étaient jetés lorsque le temps de la sortie d’exil est arrivé. Une famille de rescapés : la famille d’Abraham.

L’être-frère :

Une des dimensions de cette identité hébraïque que je voudrais suivre avec vous ce soir c’est l’identité-frère. On remarque que dans le récit biblique après le meurtre de Abel par Caïn dès l’origine, le terme de « frère » disparait du récit.

Tout se passe comme si cette vision apparemment pessimiste mais très réaliste nous explique que le fait de société est fondamentalement une rivalité des personnes entre elles qu’il faut évacuer de telle sorte de foder la cité. Et la cité est fondée sur le meurtre du frère par le frère.

Je prendrais l’analogie avec le mythe romain de la fondation de Rome. Là-bas aussi il s’agit de deux frères et l’un assassine l’autre et c’est sur le meurtre du frère par le frère que Rome est fondée et Rome s’en félicite. Le droit qui fonde la cité a pour mythe originel dans la tradition romaine le meurtre du frère par le frère.

Le récit biblique décrit ce problème de la rivalité des sujets dès que deux sujets sont en présence. Et c’est le problème insoluble du fait social à qui il faut imposer un ordre pour que la co-existence soit possible, mais là la Torah condamne le meurtrier. C’est la différence de mentalité.

Or, dans le récit de la naissance de ces deux frères qui fondent la société, Caïn c’est le fils attendu, mais Abel est nommé le frère. Et il a la charge du frère, la vocation du frère. Il deviendra berger, celui qui s’occupe d’autrui, et le berger c’est ce que le récit biblique cherche. Qui peut être berger de telle sorte que l’alliance soit contractée avec lui. On cherche qui seront les bergers, ils seront les prêtres. Le peuple des bergers c’est le peuple de Mamlekhet Kohanim VéGoy Qadosh – le peuple sacerdotal. En français nous sommes aidé par le terme de « pasteur ». Un berger c’est un pasteur.

Effectivement nous voyons ces récits parallèle qui montrent que le souci de Dieu dans sa recherche providentielle de l’interlocuteur de l’alliance cherche les bergers. Il y a l’épreuve des bergers. Les patriarches sont tous bergers. Moïse est berger. Et Moïse comme Joseph est celui qui recherche ses frères. Chaque mot du texte est important. David plus tard remplace Saül parce que David est le berger. Dans les Evangiles on cherche les pêcheurs qui savent pêcher les âmes. Alors que dans la Torah on cherche les frères. Ce sont deux visions religieuses radicalement différentes.  

Effectivement, nous verrons que le mot de « frère » revient dans le récit avec Abraham, et non seulement le mot de frère mais le mot de « sœur » : c’est lorsque le patriarche, deux fois dans l’histoire d’Abraham et une fois dans l’histoire d’Isaac, dit de sa femme qu’elle est sa soeur.

Alors je voudrais très brièvement aborder ces deux points : quel est l’identité frère dans l’identité hébraïque ? Pourquoi tant de rivalités qui interpelle le frère ? Que signifie le fait que le patriarche dit de sa femme qu’elle est sa soeur ?

C’est comme je vous l’ai indiqué l’une des dimensions de cette identité hébraïque, il y en a d’autres, c’est une des lignes de lecture. Je voudrais commencer par une ligne de lecture de la recherche du frère qui aime le frère, à travers le récit du mariage des parents. Depuis l’origine de l’histoire de l’humanité en flash dans les récits bibliques. Je me base sur un enseignement du Rav Lévi Na’hmani de Jérusalem et aussi sur une formulation de Madame Amado Lévi Valensi de Jérusalem. Je n’aurais pas le temps de dire ce qui revient à l’un ou à l’autre, ce qui vient directement des sources du Midrash ou du Shlah, c’est une analyse formelle mais je tenais à les citer parce que chacun d’entre eux, le Rav Na’hmani un grand kabaliste de Jérusalem, et Madame Amado Lévi-Valensi, grand professeur de philosophie à Jérusalem, ont vu chacun à leur manière ce qui nous est indiqué par les textes prophétiques à ce sujet.

Si c’est nécessaire vous me le rappelerez, je vous lirais le début d’une Haftarah qui dit essentiellement cela. JE vous le dis rapidement vous me direz si c’est suffisamment clair. On prend l’histoire du premier homme. Quelques indications de base de ce qui nous frappe dans le récit de l’histoire du premier homme. Le 1er homme et la 1ère femme ne se parle pas. C’est étrange ! Sauf pour des consignes de Kashroute. C’est l’humour biblique. Et en plus Rashi cite un Midrash qui dit que Adam Harishon était Makhmir, il avait dit trop dans son interdiction et le serpent en a profité... Ils ne se parlent pas. Et puis la Torah ne dit pas qu’ils s’aiment. Ils se sont certainement aimés mais la Torah ne le dit pas. Elle va le dire d’autres. C’est donc qu’ils se sont aimés mais pas à un niveau où la Torah le dit, en parle. Et puis on ne voit pas que Adam ait travaillé dans le sens hébreu de Avodah – pour obtenir par une oeuvre, par un ouvrage, par un effort, par un mérite, sa femme. Alors que l’on vera plus tard que cela apparaitra. Et alors il en résulte que les enfants qui naissent ne s’aiment pas. Quel est le lien ? Mais c’est cela que la Torah va nous indiquer et on le verra dans les étapes suivantes. On cherche une identité humaine capable d’être frère et on va apprendre que cette identité humaine ne peut être qu’engendrer du dedans de l’amour. Et lequel ?   

Et l’humanité se développe jusqu’à cet échec épouvantable du déluge. Echec de la civilisation humaine et de la première tentative des hommes, dans cette catastrophe du déluge où l’humanité entière est effacée. Il faut garder cela en mémoire, le texte de la Bible est d’une lucidité impitoyable. Lorsque la relation de fraternité n’arrive pas à s’installer alors tout se passe comme si l’existence ayant perdu son sens, Dieu décide d’annuler. Ce n’est pas complétement détruit, puisqu’un rescapé, Noé, va sauver avec lui une sorte de résumé de ce qui existe, mais c’est effacé. La forme qu’avait pris l’identité humaine est inapte et elle est effacée. La matière - ’Homer - de l’identité humaine est préservée mais elle est remise en jeu dans l’histoire qui commence à Noé.

Comme je l’ai indiqué tout à l’heure il est frappant de voir que l’humanité semble être sanctionnée  parce qu’elle est incapable de la fraternité des frères. Et c’est ce qu’indique le texte en faisant disparaitre le mot de « A’h - frère » à partir du moment où Caïn a tué Abel. C’est étrange.

Apparait Abraham. Dans d’autres dimensions de cette identité humaine tout se passe comme si avec Abraham il y avait un recommencement de l’histoire. Et les sources sont nombreuses qui nomment Abraham le nouvel Adam. Adam Gadol Ba’Anakim . Il y a un renaissance de l’identité humaine, il est important d’entendre que elle est accompagnée de la ré-émergence du mot « frère-sœur ». Cela inonde le récit à partir d’Abraham.

Nous sommes donc dans tous les cas à un 2ème niveau et je voudrais formuler le progrès : Abraham et Sarah entre mariés dans le texte. Tout se passe la Torah a préféré maintenir dans la préhistoire non dite la manière dont Abraham a obtenu Sarah. Un peu comme Adam. Et puis la Torah ne nous dit pas que Abraham a aimé Sarah. Ils se sont certainement aimés, mais encore une fois la Torah n’a pas jugé bon de le dire. Et puis, il y a quand même une différence : l’époux et l’épouse se parlent, et ils se parlent pour se dire des choses importantes. Le mari dit à sa femme qu’elle est sa soeur, et la femme reconnait que son mari est son frère. Là il y a un dialogue. Il y a un dialogue qui porte sur la fraternité. Ce sera donc le 2ème point de l’analyse de tout à l’heure mais retenez déjà cette indication.  

Le point de départ est très analogue à Adam et ‘Havah. Ce qui a eu pour résultat Caïn et Abel, des frères qui ne s’aiment pas. Mais là il y a un progrès : Abraham et Sarah se parlent. Et ils se parlent pour se dire l’essentiel. L’essentiel de la relation de fraternité entre l’époux et l’épouse. Le résultat est deux fils de Abraham. Ils ne s’aiment pas, et nous portons ce problème encore jusqu’à présent : Ishmaël d’un côté et Isaac de l’autre. Mais l’un n’arrive pas à tuer l’autre. Ainsi à l’échelle individuelle il y a des assassinats. Le Midrash est plein de cette plainte que Dieu se fait à lui-même, il y a des passages lucides dans le Talmud et un certain nombre de choses que Dieu a regretté d’avoir créé. Qu’est-ce que cela signifie que Dieu regrette ? L’une de ces choses s’appelle Ishmaël. Je n’y peux rien c’est écrit. Mais puisqu’il existe il existe. En tout cas Ishmaël n’arrive pas à tuer Isaac jusqu’à présent. Il y a des assassinats à l’échelle individuelle. C’est faux de dire que tous les Arabes sont des assassins de Juifs. Mais c’est vrai de dire que dans le temps que nous vivons les assassins de Juifs sont des Arabes. C’est ce problème. Mais en fin de compte Ishmaël n’arrive pas à assassiner Isaac, mais ils ne se parlent pas. Tout le monde parle dans la Torah, même le Satan parle, Ishmaël ne dit pas un mot. Et vous remarquerez que maintenant encore il ne veut pas nous parler ! Cela arrivera un jour.

C’est un problème en soi. Mais vous voyez qu’il y a quand même un progrès : le point de départ des parents est assez ressemblant mais avec un changement radical : il y a dialogue entre Abraham et Sarah. Et puis il y a donc deux fils : ils ne se tuent pas mais ils ne parlent pas. Il y a progrès malgré tout, mais le problème n’est pas résolu.

On passe plus loin avec Isaac et Rébeccah. Il y a quelque chose de nouveau qui apparait. Ils se parlent pour se dire, ma soeur, mon frère. Et c’est là que cela réussi. C’est le 3ème épisode que j’analyserais assez rapidement tout à l’heure. Mais le texte dit que Isaac a aimé Rébeccah. Seulement le verset ajoute : Et il se consola de sa mère. Cela veut dire que ce n’est pas encore total. S’il y a des psychologues parmi vous ils comprendront de quoi il s’agit.

Mais il en résulte deux fils, Esaü et Jacob, qui se parlent au niveau de la rivalité pour savoir qui est le véritable hébreu, qui est le véritable Israël. Et dans la typologie traditionnelle talmudique et midrachique, la civilisation qui a réalisé le génie de l’identité d’Esaü-Essav c’est la chrétienté. Il faut mettre en évidence de la même manière dans le récit biblique que celui qui n’est pas Jacob mais qui prétend être Israël c’est Esaü. Dans l’histoire celui qui n’est pas le peuple juif mais se prétend être Israël c’est bien l’Eglise et Rome. Et nous vivons cette problématique d’identité à travers l’histoire jusqu’à notre temps où elle est en train de se résoudre. C’est un autre sujet.

Là encore il y a un progrès : les frères se parlent mais ils se séparent – avec rendez-vous à la fin des temps. C’est un passage de Malakhi qui décrit qu’à la fin des temps d’exil Esaü sera jugé par Israël sur la montagne de Sion et on saura qui a été Esaü. Le procès Eishmann est un exemple de ce dont parle Malakhi. A Jérusalem on a jugé ce qui a été issu de la civilisation de Rome dans sa réclamation d’identité d’Israël. Si je me permettais un affreux jeu de mot : Tout le monde a su qui était « Eikh Man » : Comment cet homme peut-il être un homme ? La prononciation allemande : Eishman qui veut dire l’homme du feu.

La 3ème génération c’est Jacob et Rachel. Or, avec eux deux quelque chose réussit : le verset dit [29:18]: וַיֶּאֱהַב יַעֲקֹב, אֶת-רָחֵל Vayééhav Yaaqov et Ra’hel – « Et Jacob aima Rachel ». Alors est né Jospeh. Joseph est précisément le frère aîné qui aime ses frères. Et cette catastrophe qui avait commencé avec Caïn et Abel trouve ici sa rédemption avec Joseph et ses frères. C’est là que s’achève l’histoire de la Genèse et que commence l’histoire d’Israël.  Et c’est là que l’humanité embraye sur le message messianique et prophétique de la fraternité et de la recherche de la paix à la manière de la descendance d’Abraham.

Je résume-là assez rapidement une histoire extrêmement dense, telle qu’elle nous est racontée par la Bible et éclairée par le Midrash, simplement pour vous indiquer la cohérence de cette histoire. L’identité hébraïque est porteuse de la capacité d’être frère. Il faut arriver à l’engendrer d’Abraham à Joseph par des efforts successifs mais qui vont laisser comme une sédimentation de rivalités par les approximations de rivalité qui sont les faux-frères dans cette famille d’Abraham.

Les faux-frères :

Ils sont très nombreux. Je vais essayer de vous les décrire autour d’Abraham et nous allons essayer de les indentifier autour de nous, avec le postulat suivant : si nous sommes Israël dont parle la Bible alors les personnages qui nous entourent et qui nous interpellent de rivalité dans notre histoire sont bien les personnages dont la Bible parle.

Si vraiment nous sommes Israël dont parle la Bible alors Ishmaël est aussi Ishmaël dont parle la Bible. Et pour comprendre nos problème entre Israël et Ishmaël ce n’est pas chez des idéologues fussent-ils des théologues qu’il faut aller chercher mais dans la Bible qui nous raconte notre histoire. Je suis toujours étonné négativement par tous ces hommes qui prétendent avoir foi dans le récit biblique au point qu’ils en pratiquent la loi mais qui chaque fois qu’ils sont interpellés par des problèmes historiques concernant l’histoire de notre peuple et d’Israël referme la Bible et ont des convictions personnelles. Cela donne la multiplicité des parties politiques. D’ailleurs c’est très étonnant que nous ayons une tradition, une loi, qui donne des réponses précises sur des questions doctrinales et de pratique religieuse très précises jusqu’au détail le plus infime, et qui pour les grands problèmes – l’histoire d’Israël et son sens, et l’histoire de la rivalité avec ces interpellations de rivalités – n’aurait aucun message alors qu’elle la raconte et qu’il faut aller chercher des convictions dans des opinions personnelles.

Je reviens au sujet : Nous allons reprendre l’histoire dans une relecture à partir d’Abraham. Je vais essayer de schématiser cela et vous me direz si c’est suffisament clair.

Nous allons voir que le personnage principal de cette histoire d’engendrement depuis Abraham  jusqu’à Joseph en passant par Isaac et Jacob est entouré d’autres personnages dans le récit biblique.

D’un côté les rivaux qui sont ennemis et dont l’objectif est d’annuler cette identité hébraïque qui cherche à réémerger dans l’histoire humaine.

 

-  De l’autre côté les rivaux qui veulent remplacer Israël. Les « faux-frères ».

On commence à la première génération avec Abraham. L’histoire d’Abraham est accompagnmée de deux personnages parmi d’autres d’ailleurs : l’un est Nimrod qui est le chef, le tyran, le Hitler si j’ose dire, de la civilisation d’Our-Qasdim. Celui qui jettait les Hébreux dans .../... (la fournaise d'Our-Kasdim d’après le Midrash.)

…/…

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*****

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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 21:08
Parasha - Hayey Sara (1995) - 2ème Partie.

 


http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/haye_sara_serie_1995/cours_1

Face B

 

Et si Essav avait été lié à l’exil il aurait eu des droits sur la terre

Jacob est le seul de la descendance d’Abraham qui accepte l’éventualité de l’exil.

 

Je vous rappelle la Mishnah lue dans la Hagadah de Pessa’h (tiré de Josué 24:4):

וָאֶקַּח אֶת-אֲבִיכֶם אֶת-אַבְרָהָם, מֵעֵבֶר הַנָּהָר, וָאוֹלֵךְ אֹתוֹ, בְּכָל-אֶרֶץ כְּנָעַן; וארב (וָאַרְבֶּה), אֶת-זַרְעוֹ, וָאֶתֶּן-לוֹ, אֶת-יִצְחָק

וָאֶתֵּן לְיִצְחָק, אֶת-יַעֲקֹב וְאֶת-עֵשָׂו; וָאֶתֵּן לְעֵשָׂו אֶת-הַר שֵׂעִיר, לָרֶשֶׁת אוֹתוֹ, וְיַעֲקֹב וּבָנָיו, יָרְדוּ מִצְרָיִם

 

vaéka’h aite avikhém aite avraham méévér hanaar vaolékh oto békhol érétse kénaan vaarbé aite zaro vaétén lo aite its’hak :

vaétén l’Its’hak aite Yaacov vaite Esav aite har séir laréchét oto. véyaacov ouvanave yardou mitsraim :

« J’ai ramené votre père de l’autre côté du fleuve (c’est l’Euphrate) je l’ai promené dans tout le pays (il s’agit du pays des Hébreux) j’ai multiplié sa descendance (c’est Ishmaël selon le Maharal) et je lui ai donné Isaac. J’ai donné à Isaac, Jacob et Essav. A Essav j’ai donné le mont Séïr. Et Jacob et ses fils sont descendus en Egypte.... »

 

Cela veut dire que de toute la descendance d’Abraham il n’y a que Jacob qui est dans l’éventualité de l’exil.

 

J’explique maintenant pourquoi c’est important : parce que Ishmaël a voyagé partout, mais partout en conquérant. Ishmaël n’a jamais connu l’exil à la manière dont Israël l’a connu. Sauf l’exception moderne des Palestiniens en exil en Israël. Un exil doré comme vous le savez.

De la même manière Essav, fondateur de la chrétienté, a voyagé partout mais partout en conquérant et jamais Esaü n’a été en exil. Sauf peut-être ici Beerets Israël. Au premiéres shabatot de ma Aliah j’ai été impressionné de cela.  J’allais de chez moi à la synagogue et au kottel et je voyais de temps en temps des bonne-sœurs et des curés qui se faufillaient entre les ruelles pour se aller d’une église à l’autre. Je me suis dit : tiens, c’est la première fois depuis 2000 ans que les chrétiens sont en exil chez les Juifs.   

 

Ishmaël et Essav n’ont jamais connu l’exil et pourtant ils ont voyagés partout. Mais partout en conquérant. Ils n’ont donc pas de droit sur la terre des Hébreux.

 

Je referme cette parenthèse qui nous a permis de pénétrer un peu dans cette question : pourquoi fallait-il confirmer à la descendance d’Abraham, par Isaac et Jacob, la possession des Hébreux. Parce qu’à partir de la famille d’Abraham, il y a plusieurs lignées d’hébreux devenus araméens qui se sont installés en rivalité d’Israël.  

 

Le frère d’Abraham. Haran est mort à Our-Qasdim mais son fils Loth neveu d’Abraham est de la même identité. Or, de Loth, qui procède de cette famille des hébreux araméens de l’exil, est issu Amon et Moav. Donc les Amonites et les Moavites réclament la terre des Hébreux. On est plus familier avec la réclamation d’Ishmaël et la réclamation de Essav, mais il y a ainsi 7 dossiers des 7 lignées de cette famille d’Abraham revenus d’Our-Qadim qui ne sont pas Jacob-Israël et qui s’intaurent en rivalité d’identité contre Israël au nom de la famille d’Abraham.

 

Il faut découvrir ce thème-là. Vous êtes familier à l’idée des musulmans ou des chrétiens comme des étrangers à Israël. Mais il faut voir la préhistoire où cela s’accroche. Cela s’accroche à Ishmaëlet cela s’accroche à Essav et cela s’accroche à Ammon et Moav à travers Loth. Et puis il y ala descendance de na’hor, l’autre frère d’Abraham qui va instaurer l’identité araméenne refusant de redevenir hébraïque : Béthouel Laban les pires ennemis d’Israël : l’oncle.   

 

Vous voyez pourquoi il est important de retrouver la mémoire de cette histoire pour comprendre le présent. Toute ces lignées-là constituent des dossiers contre Israël au nom de la famille d’Abraham.

 

C’est pourquoi il est nécessaire de confirmer aux Hébreux : c’est Dieu qui parle à Abraham : C’est à  Isaac après toi ! Et après Isaac, c’est Jacob ! Et personne d’autre !

Quel est le point de départ de la quesiotn ? Puisque c’est la terre des Hébreux, pourquoi faut-il confirmer aux Hébreux ? Parce que seul Jacob devenu Israël redevient vraiment hébreu. Tous les autres ont fondé d’autres peuples.

 

Je sais par expérience qu’un juif ne peut pas penser à la manière d’un musulman ou d’un chrétien, mais essayer de vous mettre un peu dans leur problématique. Le musulman est persuadé que cette terre lui appartient. D’où cela vient-il ? Le chrétien est persuadé que cette terre lui appartient. Actuelllement, c’est en profil bas, parce qu’il y a eu la Shoah et que c’est indécent d’avoir les mêmes réclamations, sauf peut-être Jérusalem, mais le chrétien reste persuadé que cette terre est la sienne puisque c’est sa « terre sainte ».

Pour nous c’est « la terre enceinte » comem je vous le dis souvent, celle qui donne les récoltes. Regardez les différences de mentalité. C’est parce qu’elle est enceinte qu’elle est sainte.

Pourquoi la chrétienté considère que Jéruslam est sa ville sainte ? Parce que c’était une ville juive ! C’est parce qu’elle est juive qu’elle est sainte pour eux. Remettez l‘histoire en ordre ! 

Il peut y avoir également une perplexité inconsciente chez les Juifs qui considèrent également des droits à tous sur cette terre.

Et pourquoi les musulmans considèrent que c’est leur ville sainte ? C’est parce qu’elle est juive. C’est parce qu’elle était juive que mahomet a rëvé que sa jument s’envolait de l’esplanade du temple. Il n’y a que le dictionnaire Larousse qui est persuadé que c’est vrai.

 

J’en profite pour mettre en évidence ceci : il y a aussi une telle perplexité parfois inconsciente chez les Juifs eux-mêmes qui considèrent que peut-être c’est à eux aussi… Bien sur cela vient de l’inconscient profond mais vous avez l’expérience comme je l’ai eu : il y a énormément de juifs et d’israéliens travaillés par ce doute de perplexité.

 

 

On comprend alors pourquoi il y a une telle insistance dans le texte :

Abraham et pas Loth, Isaac et pas Ishmaël, Jacob et pas Esaü...

 

***

 

Verset 3 chapitre 23
וַיָּקָם, אַבְרָהָם, מֵעַל, פְּנֵי מֵתוֹ; וַיְדַבֵּר אֶל-בְּנֵי-חֵת, לֵאמֹר

Vayakom Avraham me'al peney meto vayedaber el-bney-‘Het lemor

 

וַיָּקָם, אַבְרָהָם, מֵעַל, פְּנֵי מֵתוֹ

Vayakom Avraham me'al peney meto

Et Avraham se leva de devant son mort,

 

Il était d’abord assis auprès de Sarah pour la pleurer et puis il se lève pour se préoccuper de l’enterrer.

 

וַיְדַבֵּר אֶל-בְּנֵי-חֵת, לֵאמֹר

vayedaber el-bney-‘Het lemor

et il s’adresse aux enfants de ‘Het pour dire:

 

aux Hittites et on apprend ainsi que la peuplade qui occupait le territoire de ‘Hevron était des descendant de ‘’Het – les ‘Hittites.

 

Verset 4 :

 גֵּר-וְתוֹשָׁב אָנֹכִי, עִמָּכֶם

Ger-vetoshav anokhi imakhem

Je suis étranger-résidant parmi vous.

 

Cette expression est contradictoire Guer = étranger et Toshav = séjournant.

Ne prenez pas le sens des mots dans l’hébreu moderne parce que cela pose des problèmes, que l’on pourrait étudier mais cela prendrait trop de temps. Je vous en donne un exemple très clair: lorsque quelqu’un se convertit au judaïsme on l’appelle Guer. Mais c’est avant d’être converti qu’il était Guer ! Vous voyez la difficulté. Comment dit-on devenir juif ? Cela se dit devenir Goï !

Je ovus donne l’explicaiton de l’un de mes maitres, un des fondateurs du Goush Letsion, il s’appellait le Rav Abraham Epstein za’l. Il avait quitté le pays fâché avec Ben Gourion mais on a obtenu de son fils que son corps revienne au pays – il était un grand talmudiste et a été le maître de Adin Steinzalt (Baal Teshouvah de Ha-Shomer Hatsaïr ramené au judaïsme par le Rav A. Epstein) Il expliqua ainsi dans une explication un peu Drash: il cita un verset où Dieu dit à Israël :

ki guerim vetoshavim atem imati  

car vous êtes des étrangers séjournant avec moi, auprès de Moi.

« Si vous Israël vous vous considérez comme Toshavim dans le monde, Moi Dieu j’y suis Guer étranger. Si vous, vous considérez comme étrangers dans le monde alors Moi j’y suis chez Moi Toshav. »

 

C’est très ‘hassidique. Il dit alors : Israël c’est l’étranger du monde. Et par conséquent quand quelqu’un devient d’Israël, il accepte la condition d’être l’étranger du monde.

 

Il y a dans l’identité juive une expérience profonde de cela. Nous savons que nous sommes de la terre comme les autres hommes. Et pourtant, il y a quelque chose qui nous dit que nous sommes d’ailleurs : min hashamayim.

 

Beaucoup de ‘Hassidei Oumot HaOlam ont cette intuition existentielle. On est de la terre mais au fond, peut être que la terre appartient vraiment aux animaux et que nous nous y sommes étrangers. 

On a une relation avec un ailleurs mais pourtant on est d’ici. Notre corps est sûrement terrestre, il ressemble tellement à celui des animaux. Mais l’âme ? Est-elle vraiment de ce monde-ci ? Quelle rapport a t’elle avec le monde des instincts ? le monde terrestre ? Terriens, peut-être sommes-nous des célestes. Torat min hashamayim. Il faut prendre cela au sérieux.

 

Il y a cette intuition-là que nous sommes à la fois Guérim vetoshavim : à la fois des Guérim dans le monde mais aussi des Toshavim quand même. Alors on n’a pas de place vraiment, parce que les habitants du monde eux ont des droits sur leurs terres. Il faut étudier les sociétés humaines depuis leur origines : cela se confirme par l’endroit de la tombe, le caveau. Ils ont leurs caveaux, mais voilà que ces étrangers, ces extra-terrestre n’ont pas leur caveau, ils n’ont pas de place en terre si j’ose dire. Il y a un peu de cela dans l’expérience existentielle juive. Partout où nous avons voyagé nous avons été à la fois Guer véToshav étrangers et séjournant.

 

J’a vu à la télévision le procès Dreyfus. Dans les discussions après dans la famille : comment peut-il y avoir encore des Juifs en France qui se considèrent vraimeent chez eux en France après ces scènes-là ? Comment est-ce possible ?

 

Je voudrais exprimer cela parce que je l’ai vécu dans ma jeunesse, à la dernière guerre mondiale où j’ai vibré à la Marseillaise sous l’uniforme français. On savait qu’on était juif donc étranger, mais on était persuadé qu’on était chez soi puisque français. Alors la grande blague c’était chez les Algériens : puisqu’on est algériens on est donc français… C’est cette ambiguïté-là je crois qui éclaire un peu cette problématique de Guer vé-Toshav.

 

Il y a un poème de Judah Halévi que nous chantons dans les Sli’hot de Rosh Hashanah dans le rite Sefardim :

« Comme un étranger séjournant je suis sur la surface de la terre et cependant je sais que c’est en son sein qu’est mon héritage et ça c’est ma tombe »

 

Je crois que cela vaut la peine, jsuqu’à ce que je vois un sourire sur vos visages, d’exprimer ce sentiment existentiel. Cela ne veut pas dire que énormément de Goyim n’ont pas ce sentiment existentiel. Ce sont les ‘Hassidei Oumot HaOlam (les justes des nations) qui ont à l’échelle individuelle ce sentiment profond que l’on rencontre chez beaucoup de philosophes et chez beaucoup de poètes surtout. Mais c’est le sentiment juif par excellence d’expérience existentielle: vivre en sachant que l’on est à la fois étranger et chez soi. Cela a été notre sentiment dans l’exil.

 

Midah Kenegued Midah : la punition de cela c’est qu’on arrive chez nous et qu’on nous dit la même chose. On nous dit que nous sommes étrangers chez nous. Pourquoi ? Parce que nous nous sommes sentis chez nous à l’étranger ! C’est mesure pour mesure Midah Kenegued Midah !

 

Il faut comprendre que ce sentiment existentiel possède une dimension métaphysique

Il faut bien y réfléchir, c’est toute l’humanité qui est concernée. Mais elle l’a oubliée. Elle est créée autrement que tous les êtres de la terre. Et c’est Israël qui est vraiment dans ce cas, à un niveau historique. Les autres peuples rencontrent alors un peuple qui est socio-politiquement ainsi. Ils peuvent alors diagnostiquer que le salut passe par là.

 

Ibn Ezra :

Dans cette société des ‘Hittites qui occupaient Qriat Arba et ‘Hevron, il y avait le statut suivant : chaque famille possédait son caveau familial et pour les étrangers, il y avait un champ, genre fosse commune, qui entourait le caveau familial de Efron ben Tso’har, propriétaire de ce champ.

 

Dialogue d’Abraham à Efron Ben Tso’har :

Comme je suis Guer véToshav  je n’ai pas de statut : en tant que Guer je n’ai pas de caveau mais en tant que Toshav j’y ai droit. Trouvons une solution ! La solution ne peut être que dans ce champ où l’on enterrait les Guérim et qui appartient cependant au Toshav qui a son caveau dans le champ.

 

Le statut d’Abraham ne peut être résolu que par la possession de ce champ-là et pas un autre.

 

Le Zohar et le Midrash Raba nous donnent une indication sur Efron ben Tsohar. Cet homme-là a un nom très particulier. Efron c’est le poussiéreux. Afar. Superlatif de Afar : « Poussière tu es et à la poussiére tu retourneras » Il a ainsi le nom du possesseur du cimetière : le fossoyeur.

 

Tsohar est un mot qui se rattache à Zohar et il est donc « Poussiéreux fils de lumière ».

C’est la chute : à l’origine on était dans la lumière et on est tombé dans la poussière. Alors que Abraham c’est le sens inverse : il passe de la poussière pour aller à la lumière. Les deux verticales se rencontrent à un certain niveau.

 

Abraham qui est la ligne de la rédemption du monde, arrive au stade où il doit prendre en charge la ligne de la chute du monde : c’est la caverne de Makhpelah.

 

C’est là que sont enterré Adam et ’Havah et c’est donc là qu’Abraham vient prendre le relai.

Dans la ligne de Efron ben Tsohar, il y a la chute. Dans la ligne d’Abraham il y a la rédemption.

Au niveau de leur rencontre, Abraham va prendre le relai.

 

Cela s’appuie sur un enseignement du Nefesh Ha‘Hayim sur l’expression anokhi afar va-efer  lorsqu’Abraham prie pour Sodome et Gomhorre. « Je suis poussière et cendre ».

Le passage par la lumière fait que la poussière devient de la cendre. Le Rav ‘Hayim de Volozine base cela sur un Midrash très connu : à l’origine l’homme était fait de lumière, aprés la faute il s’est recouvert de peau alors il faut comparer les deux mot Or (alef-vav-resh) et ‘Or (ayin-vav-resh). Le Alef va devenir Ayin.

 

Le sens de la chute c’est quand le Alef tombe dans le Ayin.

Le sens de la rédemption c’est quand le Ayin remonte dans le Alef.

 

De nombreux Midrashim se rattachent à cela. Des enseignements que vous connaissez d’ailleurs : Ayin c’est le signe de la multiplicité c’est 70. Alef c’est l’unité 1. C’est la relation entre Israël et les nations. Mais c’est surtout cette idée de relai que je voulais mettre en évidence.

Donc Abraham dit à Efron : c’est ce caveau là qu’il me faut.

 

Voilà ce que je voulais dire essentiellement dans ce problème d’identité particulière où Abraham, guer vé-toshav, vient prendre le relai de Efron ben Tsoar. Notre problème étant qu’Abraham tient à ce que ce soit Stakh Qiniane et pas Stakh Matanah

 

On a appris deux choses importantes :

1- Pourquoi il faut confirmer à la descendance d’Abraham la terre des Hébreux

2- Il faut prendre le relai et cela s’effectue par un Shta’h Qiniane un contrat d’acquisition.

 

***

 

Etude Talmudique :

C’est une discussion apparemment formelle des procédures du mariages mais qui en réalité développent des conceptions très profondes de la conception même du mariage selon la Torah.

 

Il y a dans la culture générale 2 doctrines du mariage :

 

une doctrine qui aboutit à la limite de voir dans le mariage un contrat social : elle explique le fait de faire couple par le fait de mettre en commun les droits et les devoirs comme un contrat social.

 

A l’opposé de cela, il y a la doctrine du mariage par amour.

 

La Torah connait les deux mais les considère comme mineures, ce n’est pas la vraie motivation du mariage, elle est tout à fait autre. Nous l’apprenons de la Torah elle-même, c’est le fait de briser la solitude. C’est à un tout autre niveau. On se trouve en présence de trois motivations du mariage. Les trois vont être habilitées par la Torah Shébéalpeh – par le Talmud. Mais celle de la Torah c’est premiérement de briser la solitude.

 

Très souvent je reçois des gens pour des conseils sur leur mariage éventuel, j’ai l’habitude de leur répondre : Si vous qui vous connaissez, vous n’êtes pas sûrs, comment moi qui ne vous connais pas, vais-je être sûr ?

C’est un peu la pensée magique. Je leur explique cela que si déjà avec l’autre on n’est plus seul, alors c’est déjà l’essentiel. Le contrat, l’amour, cela s’arrange après. L’amour des fiançailles d’avant le mariage et l’amour après le mariage n’est pas le même. Il y en a un au troisième âge c’est les fiançailles après le mariage. Ça c’est le meilleur !

Pour en revenir au problème : pour la Torah c’est clair qu’elle ne se préoccupe pas du tout de l’amour de la littérature grecque ou du contrat social de la littérature romaine. Elle s’occupe d’abord de l’essentiel.

 

Quel est le verset ? Le verset Bereshit 2 :18 dit :

וַיֹּאמֶר יְהוָה אֱלֹהִים, לֹא-טוֹב הֱיוֹת הָאָדָם לְבַדּוֹ; אֶעֱשֶׂה-לּוֹ עֵזֶר, כְּנֶגְדּוֹ

Vayomer Adonay Elohim lo-tov heyot ha'adam levado e'eseh-lo ezer kenegdo.

Et Dieu dit il n’est pas bien que l’homme soit seul, Je vais lui faire un aide-contre

 

Je ne vais pas passer deux heures à vous expliquer le verset, mais jsute en ce qui concerne notre problème : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ! Voilà la raison du mariage.

 

Il s’agit de l’expérience de la solitude. Celui avec qui on sait que l’on n’est plus seul, c’est l’âme-soeur.

 

Le verset est généralement mal traduit. On le traduit habituellement comme si Dieu avait dit :

 lo tov she hiyeh HaAdam lévado : il n’est pas bon que l’homme soit seul.

Mais il y a écrit lo tov heyot levado Cela n’est pas bon, l’homme étant seul...

 

Cela signifie que tout ce qui a été précédement déclaré tov bon dans le 1er chapitre, (et Dieu vit que c’était bon, et Dieu vit que c’était bon…etc. ) tout cela n’est pas bon tant que l’homme est seul.

 

Il y a là de la part de la Torah la désignation d’une expérience fondamentale. Tous les êtres normaux ont perçu qu’il y avait un problème avec ce texte : Dieu a vu que le monde était bon. Mais pour nous le monde est bon et mauvais. Il y a un contraste. Alors il faut relier les 2 notions : la créature qui est dans l’enfer de la solitude, pour elle, le monde est un enfer. D’où le jugement porté par Dieu, tout cela n’est pas bon tant que l’homme est seul. D’où la statégie de la rencontre du couple. C’est cela le mariage. Donc l’objectif du mariage est de briser la solitude. Cela nous permet de comprendre quelle est la motivation du mariage d’après la Torah.

 

Ceci dit, la Torah shébéalpeh le Talmud, connait les deux autres motivations et va les habiliter mais à certaines conditions. La Torah shébéalpeh sait très bien que la plupart des rencontres se font par amour et donc au fond par motivation de désir. C’est la procédure de Kessef.

Kessef - l’argent - c’est ce par quoi on obtient ce pour quoi on a un Kissouf un désir.

Il est donc bien évident que le soubassement, le Kéli de l’amour, cela commence déjà au niveau physique par le désir. Ensuite, c’est sublimé à travers le comportement social. Et puis les rencontres privilégiées commencent par l’amour et le désir vient après. Mais en général la plupart des rencontres se font par le désir. Et les rabbins se trouvent devant un problème. Peut-on habiliter ce genre de mariage ?  Ou bien est-ce un simple accouplement de désir ?

La Torah shébéalpeh va décider d’habiliter mais sous condition.

 

Pour la Torah, le véritable mariage c’est l’union d’un couple parce que le problème à résoudre est celui de la solitude. Et puis d’autre part, il y a aussi le contrat social, fonder une famille, et donc il y a des conditions socio-économiques.

 

Les 3 procédures qui vont être habilitées par la Torah Shébealpeh :

 

Kessef : c’est la procédure par l’argent – la bague - le fiancé offre une bague à la fiancé et si elle l’accepte il y a mariage : Kessef

Shta’h la Ketoubah le shta’h le contrat qui stipule les droits et les devoirs des époux dans l’entité socio-économique du couple

Mais en vérité ce que la Torah avait demandé c’est Biah, le fait de l’unité de l’homme et de la femme pour refaire un Adam. Cela s’appelle Biah, le fait que l’un et l’autre s’unifie. Je ne traduis pas plus bas, mais à ce niveau cela suffit.

 

Mishnah (Kidoushin 2a):

Ha-isha nikneit b'shalosh d'rachim, v'kona et atzma  bish'tei d'rachim. Nikneit b'kesef b'shtar uv'via…

Ha-ishah nikneit la femme est acquise (en mariage) bishloshah dvarim par trois procédures : Elle est acquise…

Bé-Kessef la procédure par l’argent qui formalise le mariage par désir, par amour. C’est la bague.

Bé-Shta’h c’est le contrat

Bé-Biah, c’est l’union conjugale.

 

Dans le rite Ashkenaze immédiatement après avoir fini les Shéva Brakhot, il y a le Yi’houd.

Le Yi’houd : le fiancé et la fiancé s’isolent dans une chambre, les deux témoins restent à la porte. Le Yi’houd c’est cela Biah. Chez les Séfardim on considère que la ‘Houpah fait le Yi’houd. Quoiqu’il en soit, primitivement à l’origine cela n’a jamais été appliqué comme ça, la Torah Shébéalpeh løinterdit. Voilà comment se faisait le marriage : les 2 témoins accompagnaient le fiancé et la fiancée à la chambre nuptiale, Biah. C’était cela le mariage d’après la Torah.

Le niveau de moralité étant tombé, les rabbins interdisent, et il y a par conséquent la ‘Houpah. Et ce que représente le Yi’houd, c’est effectivement Biah.

 

Je reprends le problème à la Guémara (Kidoushin 2) :

 

Guémara:

La Torah avait dit : Ki ika’h ish ishah – lorsqu’un homme prendra femme – un peu dans le sens français « prendre femme ». Mais le verbe employé par la Torah c’est ki’hah prendre femme. Du verbe Lakoa’h. Donc la Mishnah aurait du dire Ha-ishah nikneit, nirkeret en fait en hébreu araméeen. Pourquoi la Mishnah dit Ha-ishah nikriit. Pourquoi la Mishnah a t’elle changé le verbe de la Torah ?

Alors on lit dans la Guémara : Ha-ishah nikneit. On cite la Mishnah : la femme est acquise en mariage : pour quelle raison on a changé ici et enseigne-t’on « la femme est acquise » ?

Et pour quelle raison il a changé là bas ? (c’est au 2ème chapitre de la Mishnah) où la Mishnah dit :  « Ha-ish meqadesh - l’homme consacre en mariage » ?

Ici le sujet c’est la femme et le verbe La’h c’est acquisition.

Et dans l’autre Mishnah le sujet c’est l’homme et le verbe c’est consécration-Kidoushin.

 

En fait il n’y a pas deux questions, il y en a 3 : pourquoi la Mishnah a-t’elle changé de la Torah à ici « ki ika’h » à « ishah nikneit ». Et s’il fallait changer pourquoi change-t’on encore dans le 2ème chapitre de « ishah nikniit » à « mekadesh »... ?

 

Il y a tout un faisceau de questions avec derrière la question en filigrane : ici dans le mariage appellé Qiniane c’est la femme qui est sujet de la procédure. Alors que, là-bas, le mariage appelé kidoushin : c’est l’homme qui est le sujet de la procédure.

 

3ème ligne de la Guémara :

« Parce que la Torah shebéalpeh a voulu enseigné la procédure par l’argent ».

parce que la Torah shébéalpeh a voulu habiliter le mariage par amour, alors elle doit dire « Nikniit » et pas « Nikeret », elle soit dire « Qinian » et pas « Ki’hah ».

Pourquoi ?

Alors une parenthèse qui s’ouvre :

« D’où savons nous que l’argent donc la bague qui désigne l’amour est une procédure du mariage ?

Cela veut dire que la Torah ne l’a pas enseigné, mais y a t’il une allusion que c’est possible ?

Réponse :

« On a établit un raisonnement par analogie de « Ki’hah » du mariage à « Ki’hah » de Sedeh Efron du champ de Efron. »

 

On revient au champ de Efron :

Verset 23:13 :

וַיְדַבֵּר אֶל-עֶפְרוֹן בְּאָזְנֵי עַם-הָאָרֶץ, לֵאמֹר, אַךְ אִם-אַתָּה לוּ, שְׁמָעֵנִי:  נָתַתִּי כֶּסֶף הַשָּׂדֶה, קַח מִמֶּנִּי, וְאֶקְבְּרָה אֶת-מֵתִי, שָׁמָּה

Vayedaber el-Efron be'ozney am-ha'arets lemor akh im-atah lou shma'eni natati kesef hasadeh kach mimeni ve'ekberah et-meti shamah.

Et il dit ‘Efron aux oreilles du peuple en disant si seulement  tu voulais m’écouter, j’ai donné l’’argent du champ, prend-le de moi.

 

Et nous avons là un exemple d’une procédure d’acquision par l’argent.

(En fait Abraham n’a pas encore donné l’argent mais on apprend du Midrash que la parole du Tsadik a force de loi).

 

La Guémara va utiliser ce verset pour expliquer que l’acquisition par l’argent s’appelle Qiniane et pas simplement  prendre.

Le verset concernant le mariage disait ki ika’h ish ishah. La Mishnah nous dit haihah nikniit. Pourquoi elle dit niknit ? Pour habiliter la procédure de Kessef.  Prendre avec Kessef cela se dit  acquiert.

 

Je vais vous donner la réponse après tout va s’éclairer. Simplement pour vous indiquer que se préparer à étudier une page de Guémara il faut… se préparer ! 

 

« Il est écrit d’un côté ki ika’h shishah…et prendre (en donnant de l’argent) cela s’appelle acquérir Dikhtiv puisqu’il est écrit : « le champ que Abraham a acquis ».

 

C’est la suite du texte. Ce champ après cette procédure va être appellé le champ qu’Abraham a acquis, non pas le champ reçu en cadeau de la part d’Efron.

Et si on objecte que peut-être c’est un cadeau (malgré l’argent donné) mais que d’autre part il y a eu une procédure d’aquisition, alors on va citer un autre verset (du prophète Jérémie) : « les champs sont acquis par l’argent ». Cela veut dire que l’argent a donc bien prérogative de permettre l’acquisition des champs.

 

Ici une difficulté : le raisonnement ne marche pas du tout.

Car pour Abrahm il y a écrit : c’est Abraham qui donne l’argent : natati kessef hasadeh ka’h mimeni Prend-le de moi.

 

Cela veut dire que dans ce parallèle il y a : la fiancée et le fiancé, Abraham et Efron.

Abraham dit : j’ai donné l’argent et toi Efron prend-le de moi.

Tandis que dans ki ika’h ish ishah, c’est l’homme qui prend femme en donnant de l’argent. Donc le raisonnement ne marche pas du tout.

 

Si vous avez entendu la difficulté, on va apprendre ce que la Guémara dit par la suite et cela va se résoudre.

 

Et pourquoi ne pas enseigner dans l’autre Mishnah au début du 2ème chapitre « l’homme acquiert » puisque déjà j’ai appris qu’il faut dire Qiniane et pas ki’hah pourquoi au lieu de dire haish meqadesh je dirais pas haish qoneh ?

 

Je suis allé trop vite, il fallait que je vous explique pourquoi ce verbe de Qiniane.

Prendre une femme avec de l’argent, si ce n’est pas définitif c’est autre chose que le mariage.

Etant donné qu’il s’agit de prendre une femme pour de l’argent, il faut dire que c’est Qiniane sinon avec ki’ha’h c’est autre chose.

 

Ceci dit, si on a compris effectivement qu’il faut dire Qiniane pour quoi ne pas continuer avec le même verbe et là-bas dire Ha-ish Qoneh ?

Rappelez-vous notre question que c‘est ici Ha-ishah qui est le sujet de la procédure.

 

Je vous donne la réponse par manque de temps :

Tant que Efron n’a pas accepté l’argent, le champ n’est pas acquis par Avraham. Tant que la Ishah n’a pas accepté la bague, le mariage n’est pas contracté. Voilà pourquoi c‘est la Ishah qui est le sujet de la procédure. Ce qui est dit par la suite de la Guémara: si elle accepte c’est possible, si elle n’accepte pas, ce n’est pas possible.

 

Dans la procédure talmudique du mariage c’est la femme qui décide. Le sujet de la procédure c’est la femme et non pas le mari.

 

Dommage qu’on n’ait pas eu le temps de finir la Guémara qu’on reprendra un autre jour.

Au niveau de la psychologie profonde du mariage les fiancés croient que ce sont eux qui choisissent leur femmes en réalité c’est l’inverse. Ce sont toujours les femmes qui choisissent leurs maris.

 

***

 

Q : Vous avez parlé de l’identité de passage entre la Qlipah araméenne et l’identité hébraïque, mais aujourd’hui on a un problème avec l’identité israélienne si telle qu’elle a été comprise par les gouvernements et telle qu’elle se profile à l’horizon  est-ce qu’on ne va pas prendre du recul par rapport à cette identité hébraïque ?

 

R : Cela se relie au sujet, il faudrait plus de temps. Il y a actuellement un clivage en train de se dévoiler qui existe depuis la fondation du pays entre deux peuples juifs redevenant hébreux : ceux qui sont venus dans le pays pour ne plus être juif et ceux qui sont venus dans le pays pour y être vraiment juif. Et c’est maintenant que cela éclate mais le problème était là depuis la fondation d’Israël.

 

Il y a 4 tendances en realité :

Parmi les fondateurs du pays la majorité était ceux qui voulait quitter la condition de l’exil et redevenir hébreu israélien pour ne plus avoir cette condition du juif de l’exil. Ils ont jetté le judaïsme avec. Cela se dévoile maintenant parce que les fondateurs étaient trés juifs tout en étant déjudaïsés. Ce sont leurs enfants qui se sont déjudaïsés et ce sont leurs petits enfants qui nous font des problèmes.

Ceux qui sont venus ici pour être vraiment juif. Ce sont grosso-modo les sionistes religieux.

Les ‘Harédim refusant l’idée d’un état juif mais qui cependant sont venus dans le pays pour   pouvoir à l’abri de l’état sioniste vivre en hébreu sur la terre sainte. 

Les Juifs qui sont là parce qu’ils sont là. En réalité il sont cosmopolites. Ils pourraient être n’importe où ailleurs avec la même mentalité.

 

Il semble bien que ce soit des Juifs de type cosmopolite qui ont le pouvoir actuellement. Puisque leur objectif est de faire du pays une sorte de Hong-Kong du Moyen-Orient.

< fin >

 

******

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