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24 août 2014 7 24 /08 /août /2014 10:40

La notion de couple (1970) 40 01 http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/pensee/la_notion_de_couple/cours_2

Durée : 44,4 minutes Face A

Questions-Réponses

Q : inaudible

R : Tout se passe comme s’il n’avait pas de femme dans le sens d’épouse alors on n’en parle pas.

Q : Vous avez dit à propos de la création de l’homme que c’est au niveau du monde de Assiah que l’homme et la femme ont été créés mâle et femelle, seulement dans le texte il est écrit Naassé Adam Bétsalménou, et puis Zakhar Ounqevah Bara Otam : il y a écrit Naassé au moment où il s’agit du projet, Adam, et ensuite le verbe Bara qui est employé pour Zakhar Ounqevah mâle et femelle ? Si vous pouviez expliciter ce point ?

R : Je reformule la question : j’ai dit tout à l’heure que selon la Torah il est clair que la différence entre Zakhar Ounqevah c’est-à-dire entre mâle et femelle n’est qu’au niveau des corps. La question qui m’a été posée c’est que le verset dit : נַעֲשֶׂה אָדָם בְּצַלְמֵנוּ כִּדְמוּתֵנוּ Naassé Adam qui est le Olam HaAssiah « faisons l’homme Bétsalménou Kidmotenou selon l’image que Dieu s’en ait fait ». Et la fin du verset dit : זָכָר וּנְקֵבָה, בָּרָא אֹתָם Zakhar ounqévah Bara Oram. Il les a créé bara otam, le verbe Bara qui renvoie à un monde d’identité supérieure. Cette question serait une objection apparente par rapport à ce que j’ai dit. En réalité, cela le confirme. Cela signifie au contraire que l’homme qui est Zakhar ounkevah au niveau du Olam HaBriah c’est la même identité : Zakhar Ounkevah Bara Otam. Tant celui qui sera Zakhar que celui qui sera Neqévah est Adam au niveau de Briah. Pour le dire en termes français : tout se passe comme si un homme, un Adam, c’est au niveau des corps un mâle et une femelle mais que l’âme est commune et que ce n’est dans la manifestation du monde extérieur. La difficulté de la rencontre des couples que l’on appelle Zivoug Rishone c’est que les exemplaires de l’identité de chaque âme sont distribués au hasard. C’est la raison pour laquelle la rencontre est si difficile à réussir. La Guémara traite de cela. La finalité de la réussite du couple, quelque soit le support existentiel provisoire de ce monde-ci, c’est effectivement d’arriver à trouver la réalisation de l’identité homme dans ces termes de relations analysées précédemment.

 

Q : Pourriez vous expliquer la notion de Yikar dans les expressions Yikar ish ishah, pourriez-vous expliquer ce terme qui renvoie à une notion d’avoir ?

R : Vous citez ici un verset dont je n’ai pas parlé ! Il faudrait pour avoir une réponse circonstanciée reprendre tout un texte de la Guémara de Kidoushin que je vous dirais simplement en survol. Le terme qu’emploie la Bible pour dire « se marier » dans le verset que vous avez cité c’est « prendre femme ». Or la Mishna lorsqu’elle parle de la procédure du mariage dit « acquérir ». Le terme de la Torah c’est ‘laqoa’h’ ‘prendre’ tandis que la Mishna va dire « acquérir ». La Guémara pose la question : pourquoi la Mishna emploie-t-elle le terme de « acquérir » ce qui risque de signifier « acheter », alors que la Torah avait dit « prendre » ? Et la Guémara pose une autre question : Si déjà la Mishna dit acquérir, pourquoi la Mishna suivante va dire « consacrer par le mariage leqadesh » ? Pour la première question la Guémara répond : étant donné que la loi va habiliter le mariage par désir de l’autre, il faut dire « acquérir » parce que la relation par désir est une relation d’acquisition qui consiste à prendre une femme avec de l’argent qui est le prix payé pour le désir, c’est une relation de prostitution, alors il faut dire « acquérir » ce qui signifie « prendre pour toujours » à cause de cette habilitation d’une des manières du mariage par le désir de l’autre. Pour la Guémara que je vous cite, c’est une première approche de l’autre par le désir de l’autre que la Guémara considère comme très inférieure, mais qu’elle habilite à la condition qu’elle soit définitive : c’est pourquoi la Mishna ne dira pas « prendre » comme l’a dit la Torah mais « acquérir » parce que la Torah shebéalpeh a habilité le fait que l’on peut prendre par désir, à condition que ce désir se transforme et devienne amour. Voilà la raison de l’emploi du « ki ikar » par la Torah. Dans l’ordre des traités du Talmud le traité du divorce survient avant le traité du mariage : on a l’habitude sous forme de blague de dire que toujours la Torah donne le remède avant le mal. En réalité la raison est tout autre, c’est parce qu’on s’occupe d’abord des cas où il y a divorce pour qu’ensuite en s’occupant des cas de mariage on peut éviter le divorce. C’est ce que va indiquer la Torah par le terme de qiniane et non pas le terme de Laqoa’h. Le vrai terme c’est laqoa’h prendre (c’est-à-dire retrouver ce qu’on avait perdu) mais la Mishna va employer le terme qiniane acquérir car une des formes de cette reprise qui est habilitée sous condition c’est le désir. Prendre une femme pour de l’argent, l’argent représentant le désir, c’est de la prostitution, alors il faut que ce soit définitif. Ce qui est indiqué par qiniane.

 

Q : Étant donné la possibilité du divorce s’il y a la stérilité des couples, cela impliquerait que la finalité du couple c’est l’engendrement ?

R : Selon la Torah si un couple est stérile et que c’est un vrai couple ce n’est pas une raison pour divorcer. Etant donné qu’il y a aussi la finalité de l’engendrement alors on prend une autre femme pour aussi avoir des enfants. Mais comme nous vivons dans une société où le niveau de moralité ne permet pas la polygamie réussie, alors elle est interdite.

 

Q : Quel est la valeur du couple stérile. Peut-il avoir ses Toldot en tant que couple, des Toldot qui ne sont pas fonction de l’engendrement, mais en tant que couple cellule formée de 2 individus ? R : Bine sûr ! Dans le monde de la béatitude, celui qui a fait la preuve dans ce monde-ci qu’il était capable d’être l’autrui d’autrui a réussi son identité. Reste à savoir comment il va collaborer à l’histoire puisqu’il n’a pas eu d’enfant ? Dans le cas où la polygamie est interdite la Torah enseigne de façon très claire et sans réticence qu’adopter un enfant et en avoir un, c’est la même chose.

 

Q : Mais s’il n’a pas de descendant, le couple n’a pas de valeur en soi ?

R : Son descendant c’est son fils adoptif !

 

Q : Pour un couple stérile dans l’absolu, sans enfant du tout, adoptif ou non ?

R : Cette identité du fils de l’homme est déjà engendrée dans l’identité d’Israël ! Nous l’aménageons. Alors, si un individu ne peut pas participer à l’aménagement direct, physique, il y a tout un peuple qui s’en occupe, il n’y a pas de mal !

 

Q : l’homme et la femme ont besoin l’un de l’autre pour s’achever. Zot la femme pour l’homme. Est-ce que la Torah a besoin de l’homme pour s’achever ?

R : Bien sûr. Regardez la Mishna de R. Yo’hanan ben Zakai que je vous ai cité : « si tu apprends beaucoup de Torah ne t’en enorgueillis pas parce que c’est pour cela que tu as été créé ». Cela veut dire que la Torah a besoin de l’homme pour formuler ce qui veut dire la Torah pour le monde extérieur sinon personne n’est capable de la formuler ainsi. La Torah en haut est imparfaite, c’est en bas qu’elle est parfaite. La Torah au niveau des principes ou au niveau des essences ne tenant pas compte de la réalité du monde extérieur, ce n’est pas encore la Torah. La vraie Torah est la Torah shébéal péh, dite de la bouche de l’homme, et la finalité de l’homme est par conséquent de formuler la Torah. De la même manière que nous avons besoin de Zot, la Torah Zot a besoin de nous. On parle dans les textes de « Elbonah shel Torah » Lorsque la Torah n’est pas étudiée on dit d’elle qu’elle est comme une veuve : le veuvage de la Torah lorsqu’elle est abandonnée.

 

Q : Vous avez dit que l’essentiel n’est pas seulement dans l’engendrement mais dans les bonnes actions de la personne. Comment expliquer Rashi qui dit que celui qui est sans enfant est comme mort ?

R : Je n’ai pas dit que l’essentiel n’est pas l’engendrement, j’ai dit qu’il y a deux essentiels : d’une part le fait d’engendrer le fils de l’homme, et d’autre part le fait d’être soi-même un Tsadik. Il y a ces deux dimensions. Et on commence à être Tsadik dans la relation à autrui. Ce n’est pas seulement Rashi. Rashi cite un Guémara qui établie la catégorie des personne qui peuvent être considérées comme mortes bien que vivantes, et l’une de ces catégories est celui qui n’a pas d’enfant. C’est ce que Rachel avait dit à Jacob : « donne moi un enfant sinon je meurs ». Jacob lui a répondu : « Suis-je à la place de Elohim qui t’a empêché d’enfanter (jusqu’à ce que tu puisses) ? » Tant que le fruit n’est pas à maturité c’est Dieu qui empêche l’approximation d’être enfantée car ce serait une catastrophe. Ce serait la catastrophe que la matrice enfin trouvée – Rachel - n’enfante qu’une approximation comme pseudo « fils de l’homme ». Nous en revenons à la question précédente : Etant donnés les conditionnements physiques du cosmos depuis toute cette histoire qui a eu lieu avant nous et jusqu’à nous, alors tout ce chaos des histoires d’échecs qui handicapent notre histoire et pèsent sur l’avenir et le fait qu’il y ait des matrices stériles, si on est dans un cas de tel empêchement alors on ne se laisse pas mourir, on adopte un enfant ! Celui qui est sans enfant est considéré comme mort ? Qu’il en ait un ! Il ne peut avoir d’enfant ? Qu’il en adopte un !

 

Q : Les analyses présentées ce soir ne semble pas correspondre à la pratique de la vie juive, par exemple, la Mishnah des Pirqey Avot : « ne multiplie les conversations avec les femmes » n’est pas respectée... etc.

R : Je vais reprendre cette Mishna pour essayer de vous répondre. Je cite d’abord un autre texte de la Guémara qui dit qu’il faut faire attention á tout ce qu’on dit dans la vie, car au moment de la mort lorsqu’il y a ce phénomène de la mémoire totale qui revient et au moment du jugement, on répétera à l’homme tout ce qu’il a dit « même les paroles futiles qu’il a dite à sa femme ». C’est-à-dire que rien ne s’oublie. Le texte dit ceci : « Que ta maison soit ouverte en grand pour l’hospitalité et que les pauvres soient fils de ta maison et ne multiplie pas trop la conversation, le flirt, avec ta femme » Quel est le rapport entre les 3 choses ? La Mishnah continue : « On a parlé de sa propre femme à fortiori celle de son prochain !». La première question des commentateurs souligne le raisonnement inversé : on aurait dû interdire d’abord pour la femme du prochain, et l’étendre à sa propre femme pour un raisonnement à l’endroit. Voilà ce que cela veut dire : « Que ta maison soit ouverte aux autres et à ce propos ne parle trop avec ta femme parce qu’elle sera contre. Et qu’elle a raison, alors ne parle pas trop avec elle de ça ». Lorsqu’il s’agit de pratiquer cette Mitsvah de l’hospitalité pour les étrangers et le faire « fils de sa maison » il ne faut pas en discuter trop avec sa femme, car c’est sa fonction d’avoir raison d’être contre, mais il faut le faire quand même, alors n’en parle pas… Cela veut dire qu’effectivement dans la relation de dialogue avec Zot, qu’elle soit la Torah, la Ishah, la Brakhah, la Shékhinah, la Tshouvah, il ne faut pas multiplier les mots inutiles. La relation d’autrui à autrui est d’une telle vulnérabilité, d’une telle délicatesse que le flot de paroles vient la détruire. C‘est une sorte de stratégie de la parole qui se multiplie pour ne pas parler. Dès qu’on se rend compte qu’on parle trop c’est qu’on ne parle pas. Il y a là un piège qui détruit la « relation dialoguale » selon l’expression de Monsieur Néher. La parole est le véhicule de cette perfection que l’on cherchait et qui s’appelle Shlémout et qui s’appelle Shalom. Et cela à tous les niveaux de complétude d’être. Je vous dirais plus loin puisque l’on parle de ces choses : Parler avec quelqu’un, c’est parler avec l’autre étant femme, et c’est réciproque. C’est le mystère du tutoiement : parler à quelqu’un c’est comme si, pour un homme, il parlait à la femme qui est le complément. En parlant par image : Lorsqu’une femme parle à une autre femme, si elle parle vraiment, elle parle à l’homme. Lorsqu’un homme parle à un autre homme, s’il parle vraiment, il parle à la femme. Cette relation de la parole est effectivement la relation dialogale. Vous verrez cela dans les textes de la liturgie, lorsque l’on emploie le féminin et lorsqu’on emploie le masculin, ce n’est jamais par hasard et ce n’est pas pour rien. L’analyse des pronoms en hébreu le révèle : Toi atah est au féminin. Moi ani est au masculin. C’est le problème du tutoiement. Dire « tu » (Atah) à quelqu’un c’est lui parler comme à la Ishah. C’est la raison pour laquelle le tutoiement est impudique à moins d’être vrai et authentique. En hébreu, au masculin, il n’y a pas les deux genres. Lorsqu’une femme dit « je » elle dit « ani » comme un homme. La première personne est au masculin. Et lorsqu’on dit « toi » à un homme c’est un féminin renforcé : « at » c’est le féminin auquel on ajoute la désinence en « hé » ce qui donne « atah » : la position du toi est féminine et pour l’homme c’est encore plus féminin. Ceci pour éclairer le fait que dans cette relation de sujet à sujet, la réciprocité consiste effectivement dans la parole. Dans la mishnah : « ne multiplie pas la parole vaines avec ishah », c’est comme si la Mishnah a voulu dire « ne multiplie pas les paroles futiles tout court (avec quoique ce soit qui soit ishah, ie. tout autrui) » Retour au premier pshat : Effectivement le point de départ, c’est que lorsqu’il y a conflit des devoirs entre ce que réclame la Torah et ce que réclame la Ishah : comme on sait qu’il ne faut jamais discuter avec une femme, elle a toujours raison, et comme on sait que la Ishah a raison alors il ne faut pas trop discuter avec elle sinon c’est le pilpoul, qui détruit le monde. Si la Ishah est remplacée ici par la Torah cela veut dire ne fait pas trop de pilpoul sinon il en sort des ‘houkhmot sur ‘houkhmot .... qui conduisent direct au guéhinam. Lorsque l’on parle avec la Torah, avec la femme, avec la Shékhinah, il faut limiter les paroles futiles. La dernière chose que j’ai entendue du Rav Kook hier avant de quitter Jérusalem: Cas suivant soumis par un des élèves qui voulait acheter un livre de prière mais qu’on lui a déconseillé d’acheter ce livre de sidourim car l’imprimeur du livre de prières n’était pas Shomer Mitsvot. Alors il s’est mis en colère. Et lui a dit que c’était une double faute : la chose la plus terrible c’est le lashone harâ (dire le mal vrai de quelqu’un). On appelle méchant celui qui dit la chose mal que l’autre a fait. La Guémara est radicale à ce sujet : on n’a le droit de dire de personne qu’il est Rashâ sauf peut-être -donc sûrement- de celui qui dit le mal de quelqu’un d’autre (lashone harâ), parce qu’il l’enferme dans un piège dont il ne peut pas sortir. Il a raconté l’histoire d’un très grand Rav qui était capable de parler d’autrui et de parler beaucoup sans dire de bêtise : c’est un cas exceptionnel. Il faut être très prudent que la parole trop abondante tombe dans cette rupture de la relation dialogale.

 

Q : Retour à la création : la création de l’homme de la 1ère heure jusqu’à la 5ème heure, ils montèrent 2 au lit et descendirent 7 donc avant le péché il y a avait déjà les Toldot ?

R : C’est la Guémara Sanhédrin : les 12h de la durée du 6ème jour se décomposent pour décrire l’histoire de l’homme dans ces différentes étapes. Le Midrash relie ce qui s’est passé dans les 6000 ans de l’histoire à ce qui s’est passé la 6ème heure du 1er jour de l’histoire du 1er homme. Le commentaire principal de ce Midrash a été donné par le Gaon de Vilna qui indique exactement à quelle époque et finalement à quelles années se passent dans l’histoire que nous avons vécu, ce moment précis où l’homme s’est mis debout. C’est très exactement en 1948. Cela veut dire que l’histoire du 1er homme préfigure toute l’histoire de l’humanité. Et ce qui se passe dans le 6ème millénaire dans lequel nous sommes, à la 5ème heure du 6ème millénaire, il y a eu la fondation de l’état d’Israël. L’homme s’est mis debout.

Le Midrash selon le Maharal compare les différentes étapes de l’histoire de l’identité homme à travers toute l’histoire de l’humanité avec ce qui s’est passé avec le 1er homme. Ce Midrash situe l’histoire de la 1ère famille humaine dans le Olam Ha-Briah et la suite se passe dans le Olam Ha-Assiah. Mais ce n’était pas une question pour nous ce soir parce qu’il y a trop d’implications difficiles.

 

Q : Dans les 3-4 grands couples Abraham-Sarah, Isaac-Rébecca, Jacob-Rachel et Jacob-Léa tous les personnages des ces couples sont très bien décrits au niveau de leur milieu familial, de leur environnement avant leur mariage, tous sauf un, Sarah ! On ne parle pratiquement pas dans la Torah de ce qu’a été la famille de Sarah ? Rashi dit seulement

R : Vous avez la réponse dans ce verset du chapitre 11, verset 29 : 11.29: וַיִּקַּח אַבְרָם וְנָחוֹר לָהֶם, נָשִׁים: שֵׁם אֵשֶׁת-אַבְרָם, שָׂרָי, וְשֵׁם אֵשֶׁת-נָחוֹר מִלְכָּה, בַּת-הָרָן אֲבִי-מִלְכָּה וַאֲבִי יִסְכָּה Abram et Nacor se marièrent. La femme d'Abram avait nom Sarai, et celle de Nacor, Milka, fille de Harân, le père de Milka et de Yiska. Ce qu’on apprend essentiellement, c’est que dans la famille qui va sortir d’Abraham et Sarah, les femmes ont déjà cette qualité de pouvoir être sœur. Et Rashi cite d’ailleurs ce Midrash en disant : au verset précédent 28 on l’appelle Saraï et au verset 29 on l’appelle Yiska. Or Yiska c’est Sarah elle-même. Dans la première partie, on la désigne en tant qu’épouse, dans la deuxième en tant que sœur. Je crois que c’est de là qu’il faut partir. Cela est plus évident chez Rivqah qui est appelée la « sœur » par excellence verset 9 du chapitre 24.60: וַיְבָרְכוּ אֶת-רִבְקָה, וַיֹּאמְרוּ לָהּ--אֲחֹתֵנוּ, אַתְּ הֲיִי לְאַלְפֵי רְבָבָה Et ils bénirent Rébecca en lui disant "Notre sœur! puisses-tu devenir des milliers de myriades « puisque tu es sœur » Ensuite, une autre indication c’est à propos d’un tout autre personnage de la Torah qui s’appelle Timna’h. Au verset 22 chapitre 36 la Torah donne une généalogie de la peuplade des ‘Horites qui vivaient sur le territoire où Esaü va s’installer. Il y a avait une princesse de ces peuplades qui s’appelait : וַאֲחוֹת לוֹטָן, תִּמְנָע « Timnâ sœur de Lotan » La Guémara parle abondamment de ce verset en disant : quelle est le but de cette indication de détail apparent ? « véA’hot Lotan Timnah » Réponse: C’est pour nous dire la grandeur des patriarches: Timnah voulait être la femme d’Abraham ou d’Isaac ou de Jacob c’est donc une identité qui apparait à différentes générations. Et elle a la prétention de pourvoir être elle la femme des Patriarches. Finalement, les Patriarches refusent, nous savons que de Timnâ va sortir Amaleq : la décision de Timnâ fondée sur le diagnostic suivant : mieux vaut être femme de n’importe lequel d’entre eux que princesse ailleurs : alors elle va épouser Eliphaz, fils d’Esaü, et de là viendra Amaleq. Mais la Guémara poursuit : « Celui qui lit ces trois mots « véA’hot Lotan Timnah » a le mérite d’avoir étudié la Torah ». Cela signifie que ce principe qu’une femme est capable d’être sœur, c’est un contenu de Torah ! C’est ce que l’on commence à apprendre de cela. Ceci se dévoile au niveau de l’identité au cours d’efforts successifs, et au début c’était en germe et donc la Torah nous le dit de façon cachée. Parce qu’elle veut nous faire comprendre que c’est en germe. Par exemple nous savons que les patriarches observaient le Shabat : ce qui est en clair pour Jacob, moins clair pour Isaac et très caché pour Abraham. Cela se dévoile vraiment chez Jacob mais cela était en préparation chez Abraham. De la même manière le fait que la femme est la sœur est vraiment total chez Rachel. Mais c’est déjà vrai chez Rivqah et chez Sarah mais plus caché.

 

Q : Quel rapport entre le thème de la réussite du couple et le fait que Ra’hel est enterrée en dehors et est absente de la caverne de Ma’hpélah ?

R : Oui, c’est une question difficile qui demande beaucoup de détails, je vais quand même schématiser. Selon la tradition sont enterrés dans la caverne de Makhpélah Adam et ‘Hawah et les couples de patriarches. Mais pas Rachel alors que d’après le texte, la réussite la plus grande est avec Rachel ? Rachel est enterrée à Beth Le’hem. Il y a dans la caverne ce qui est déjà un acquis complètement réussi. Si l’histoire devait finir au temps de Jacob et de Rachel, Rachel aurait été aussi dans la caverne enterrée avec Joseph. (Avec Jacob c’est Léa). Mais étant donné que l’histoire doit continuer alors elle est en dehors. Parce que l’histoire continue. Dans la caverne de Makhpelah מערת המכפלה c’est ce qui est complètement accompli. Midrash : Rachel a été enterrée sur le chemin de l’exil pour protéger les enfants de Jacob qui iront en exil. Etant donné que tout ce thème d’identité va être rejoué dans l’histoire, l’histoire va être reprise à une échelle beaucoup plus générale après cette réussite de la famille de Jacob. Cependant la famille de Jacob va redescendre en exil pour réussir l’équation de fraternité à un niveau plus large, alors c’est Rachel qui est le principe de protection sur Israël en exil : c’est la raison de son absence au caveau. Adam ‘Havah, c’est le commencement. Jusqu’à eux c’était mâle et femelle comme les animaux. A partir de Adam et ‘Havah, c’est quand même époux-épouse. A partir d’Avraham-Sarah c’est la le début de la relation frère-sœur et cela est complètement réussi avec Jacob et Rachel. On retrouve cela dans les consignes que Jacob donne à Joseph : « Et tu m’enterreras dans la caverne de Ma’hpelah (avec Léah) : « ne va pas croire que comme ta mère Rachel ma préférée est enterrée à Beth Le’hem tu dois m’enterrer avec elle. » Rachel est enterrée à Beit Le’hem sur le chemin de l’exil. Dans la Qabalah ces deux couples sont appelés différemment, ils sont appelés Israël-Leah et Jacob-Rachel. C’est dire que Jacob et Rachel c’est encore en cours d’histoire, mais Israël accompli, c’est avec Léah. Effectivement, ce qu’il faut savoir c’est que depuis 1967 le tombeau de Rachel n’est plus en exil donc il n’y a plus de protection sur Israël en exil d’après ce Midrash ! [Petit exemple d’un enseignement donné il y a peu à Jérusalem. On a eu beaucoup de neige et 300 arbres ont été déracinés en Israël à cause de la neige. La sensibilité juive a fait s’interroger sur le malheur : c’est l’année de la shemitah et donc il n’y a pas de protection sur les arbres…]

Q : …‘Havah est sorti de Adam harishone ?

R : Si nous reprenons ce stade dont je n’ai pas parlé, mais que je pensais implicite : Adam harishone avant sa séparation d’entre Adam et ‘Havah, avant la Néssirah, n’est pas incomplet mais absolument complet, mais il est dans ce danger seul de se prendre pour Dieu ce qui est l’échec permanant de la créature et de la création. Créer signifie créé autre que Dieu. Pour que la créature existe il fallait couper Adam en deux, si j’ose dire, avec tout le drame que cela implique de l’incomplétude.

 

Q : Mais il y a aussi le prophète, est il un homme parfait ?

R : J’espère avoir réussi dans l’analyse précédente à vous montrer à quel point c’est une illusion absolue de croire qu’un homme quel qu’il soit (yashar, talmid, navi, tsadik, ‘hakham ...) arrive à une perfection d’accomplissement. Cela ne fait pas partie de notre nature d’homme : la perfection est dans notre effort de mérite qui consiste à chercher la perfection. C’est la raison pour laquelle le Midrash va s’évertuer à chercher la faute de Moïse que l’on ne trouve pas mais on sait qu’elle existe, pour pas qu’on croit qu’il est Dieu lui-même. J’ai cité le texte du Rav Kook : « la perfection est dans le repentir de la faute ». Pour le dire en formule : On ne peut pas dire dans notre monde « pour être juste ne faute pas » cela n’est pas possible. C’est un monde un peu autre qui est le monde vrai, c’est un monde où l’on nous dit « ne faute pas ! et si tu fautes repends toi !» C’est là qu’est la perfection. Je voudrais relier cela au Midrash. La différence entre ce que Dieu a dit au 1er homme qui est l’ancêtre de toute l’humanité et ce que Dieu a dit à Israël au Sinaï. Au 1er homme Il a dit : « si tu es sage tu auras une image » comme on dit aux enfants. C’est la perfection goï de ce problème dont vous parlez, de la perfection achevée à laquelle on peut donnée forme, image. C’est le piège. Et à Israël au Sinaï Dieu a dit: « tu seras sage et tu n’aurais pas d’image ! »

 

Q : Avant de créer la femme Dieu parle de « ezer kenegdo » ?

R : au niveau pshat negued signifie « correspondant à » C’est un drash qui dit « s’il mérite c’est une aide et s’il ne mérite pas elle sera contre lui », c’est d’ailleurs la dimension négative du couple lorsqu’il échoue. L’autre c’est celui sur lequel on doit s’appuyer pour être, mais si on ne mérite pas c’est le contraire qui arrive. C’est vrai aussi de la Torah. La Guémara dit qu’elle est Sam ‘Hayim si on mérite et Sam Mavet si on ne mérite pas. Cela est vrai de toutes les valeurs. Les valeurs sont dangereuses, Cela dépend de la conscience de qui y est relié. Si la conscience est en ordre, la valeur l’ennoblit, si elle est en désordre la valeur fait du mal. Vous comprenez ce problème du remède תרופה la Téroufah : la même réalité peut guérir ou faire du mal. Soit elle guérit, soit elle fait du mal selon le mérite et le besoin de chacun. Si on a besoin du remède cela guérit, si on n’en a pas besoin cela fait du mal. Toute chose qui est Qodesh a cette ambiguïté. Le remède s’appelle Qodesh. Rashi a utilisé ce Drash en lui donnant une dimension extraordinaire : il ajoute un mot « pour le combattre » cela signifie « S’il mérite c’est une aide et s’il ne mérite pas, on serait tenter de traduire Rashi : « contre lui pour le combattre » mais cela signifie selon les commentateurs de Rashi : s’il mérite elle l’aide, et s’il ne mérite pas et qu’il doit lutter contre le mal, alors elle est avec lui pour l’aider à lutter contre le mal.

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E
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