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8 octobre 2013 2 08 /10 /octobre /2013 17:43

Morale et Cataclysme Naturel

(Péri Tsadik Voyant de Lublin sur Genèse) 1981

 

COURS 7

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/pensee/morale_et_cataclysme_naturel/cours_7

Durée : 45,1 minutes - Face A – 154-01

 

…/…

 

05:30

C’est pour cela que je n’écris pas. C’est la réticence que j’ai à écrire dans une autre langue que l’hébreu. Parce qu’on ne sait jamais ce que les goyim en feront.

 

Par exemple le livre du rav Soleivitchik, j’en suis épouvanté, et pourtant c’est une vraie autorité juive, mais digéré à travers Kierkegaard, cela va empoisonner les goyim ! Et la réaction va venir et c’est inévitable.

 

Mais il y a ce dont l’humanité a besoin, nous sommes monothéistes, et sommes tous des créatures du bon Dieu. Les goyim sont nos frères ! Le frère-aîné de la famille est le frère-aîné de ses frères !

Il nous demande ce que nous avons à dire, ce que nous avons à leur donner à manger, et nous leur donnons des choses empoisonnées ! C’est cela qui m’affole. C’est cela les ossements de Joseph qu’il ne fait pas laisser diviniser.

 

Ne pas laisser les ossements de Joseph, parce qu’on anime des cadavres et on les prend pour des ressuscités, et c’est très dangereux. Je sais bien que nous avons un compte à régler avec les goyim, mais c’est Dieu qui les a créés, et si nous avons une fonction dans l’histoire c’est de sauver les goyim. Alors c’est dangereux, il ne faut pas jouer avec eux.

 

En résumé :

Dans cette civilisation égyptienne on ne riait plus. Arrive une manière d’être homme qui porte le rire. Malheur ! Poutifar le rencontre... Madame Pourifar c’est la matrice égyptienne devenue inféconde. Son mari était eunuque, elle est belle, et Joseph arrive… Elle veut être sauvée ! Changement de décor. Joseph risque d’aller sauver la femme de Pourifar, in extremis il se rend compte qu’il risque de se perdre… il lui laisse son déguisement et s’enfuit. La femme de Poutifar devient furieuse de frustration non parce qu’il n’a pas voulu coucher avec elle mais parce qu’il n’a pas voulu la faire rire. C’est ce qu’elle dit et ce dont elle l’accuse. Relisez le texte comme il est écrit. Joseph est très séduisant car il est théophore, porteur du divin et donc porteur du salut. On commence à rire dans sa famille depuis Isaac. C’est ce qu’elle attend de lui. Mais il est athée, et sa Torah dit « Dieu est mort »...  C’est ce qu’on lit dans tous ces livres juifs pour goyim.

Imaginez la réaction des goyim devant l’attitude des juifs, cela se déclenche en frustration et en fureur ! Il faut comprendre la réaction des goyim qui ont été bernés avec des ossements de Joseph déguisés.

 

C’est ce dont j’ai peur, car les goyim sont naïfs et croient à ce qu’il y a dans ces livres-là, et font raisonnement sur raisonnement et ils arrivent en enfer ! 

 

Mon maitre était de tradition orale, et moi-même je n’écris pas, par manque de temps mais aussi par peur de ce que le lecteur en fera. En hébreu je suis très à l’aise.

J’ai une inquiétude très profonde pour tous ces livres qui s’écrivent. Ce pain-là n’est-il pas empoisonné ?

 

 

J’ai réfléchi à la nature du schisme des églises catholiques, protestantes et orthodoxes entre elles. Officiellement c’est théologique. Mais cela m’apparait comme insuffisant. Derrière se dévoile la séparation des ethnies. Les latins sont généralement catholiques, les anglo-saxons sont protestants et les slaves et les grecs sont orthodoxes. L’éclatement ne porte donc pas sur les idées théologiques qui est une division seconde, mais il est ethnologique. Cela veut dire que ce que dit la Bible dépend du lecteur. Si un latin lit la Bible, il en sort le catholicisme. Si un anglo-saxon lit la Bible il en sort le protestantisme, Si un slave ou un grec lit la Bible il en sort l’orthodoxie.

La psyché des latins a retrouvé son âme dans sa lecture de la Bible, et il en est sorti le christ des catholiques. La psyché anglo-saxonne a retrouvé son âme dans sa lecture de la Bible, et il en est sorti le christ des protestants…etc.

 

Si c’est un juif qui la lit, il en sort la Bible. Encore faut-il que son cerveau fonctionne avec les catégories hébraïques et non pas celles apprises à l’université ! Ce sont alors les ossements de Joseph cadavre et non pas les ossements animés.

 

Ce que les goyim nous demandent ce ne sont pas des choses mixtes « grécisés », c’est la véritable parole hébraïque. Et on leur raconte des histoires. Même dans des écoles juives qui ne connaissent pas les dangers du langage et du discours qui véhiculent pourtant ces catégories chrétiennes.

 

Le passage à l’université est-il pour apprendre le langage de celui à qui on va parler pour parler de la Torah, ou mettre le langage de l’université dans la Torah ? On ne peut pas le savoir à l’avance. C’est le risque de la haskalah très dangereux pour l’avenir de la pérennité juive. Mais c’est surtout le danger du contrecoup de frustration de la civilisation qui a perdu son espérance et qui se tourne vers l’espérance juive et qui, de bonne foi, intègre des choses empoisonnées. 

 

Je raconte souvent ainsi à mes élèves cette rencontre entre Joseph et la femme de Poutifar :

-Apporte-moi le salut au nom de ton Dieu !

-Quel Dieu ? moi je suis athée !

C’est cela le fond du problème !

 

La critique biblique est un épiphénomène qui fait partie de l’histoire des idées. Alors que catholicisme et protestantisme cela fait partie de l’histoire des hommes, c’est très différent.

 

Chaque fois que le doute apparait en Israël, Amaleq apparait. Nous sortions à peine du nazisme. Jacob Gordin nous disait : le doute sur la révélation divine de la bible de la critique biblique. Les Juifs ont commencé à douter de cela en Allemagne, et Amaleq est arrivé en Allemagne… Les Juifs allemands ont commencé à remettre en question la révélation biblique, et Amaleq allemand a surgi… Pour celui qui n’est pas habitué à l’historiosophie, le sens de l’histoire d’après le midrash, cela apparait comme délirant, des associations d’idées bizarres. Mais c’est la réalité et il faut arriver á la voir comme elle est. L’événement éclaire le texte et le texte éclaire l’événement. Il n’y a pas de doute que c’est vrai. Le doute a été allemand et le nazisme a été allemand. Et tous les européens ont trempés là-dedans, et tous les juifs d’Europe doutent d’eux-mêmes. Mais c’est là où c’est arrivé que c’est arrivé !

 

Je sais par expérience qu’un juif, même déjudaïsé, même assimilé, n’arrive pas à se mettre à la place du goy par rapport à ces problèmes.

En Allemagne, tous ces juifs qui étaient persuadés qu’ils étaient allemands et qu’ils n’avaient rien à craindre… Ce sont des histoires de fous. Exemple des juifs pieds-noirs, ces Juifs, des asiatiques qui se prennent pas des européens parce qu’ils sont passés par l’Afrique !   

 

**

 

La sortie d’Egypte ne pas se faire sans les ossements de Joseph parce qu’au fond c’est la même chose. Si les hébreux sortent d’Egypte sans les ossements tout continue et il n’y a pas de sortie d’Egypte. Pourquoi doivent-ils être sortis des eaux du Nil ? Cette réponse est donnée en filigrane dans tout le chapitre que vous avez. En fin de compte le midrash nous raconte que Moïse est très perplexe sur la localité des ossements de Joseph. Finalement, il ne sait pas et il se rend devant le Nil. Avec une petite invocation kabbaliste, le sarcophage de Joseph remonte et on peut partir… C’est le problème de la relation entre l’identité d’Israël et l’eau dont à parlé en partie Monsieur Messas pendant sa conférence. De la même manière que l’humanité n’est pas sauvé des eaux au moment du déluge, Moïse est lui cette identité qui peut être sauvée des eaux, et l’identité hébraïque de l’hébreu en tant que tel nous est indiquée par le Maharal lui-même : lorsque Moïse se présente devant le Pharaon 40 ans après lors du retour de Midiane après la vision du buisson ardent, il dit : « Elohei Ha-Ivrim Miqra Aleinou – le Dieu des Hébreux nous a appelé ». (Je n’ai pas traduit exactement, mais ce n’est pas le sujet). Maharal nous dit que les Ivrim, les Hébreux, sont ceux qui sont capables de traverser la mer, c'est-à-dire ceux qui sont plus forts que ce que représente l’eau dans tout ce problème, il s’agissait d’être sauvé de l’eau. L’eau, nous dit le Maharal, est ce qui est le plus contraire à l’identité d’Israël, car l’eau est ce qui efface les formes. L’eau n’a pas de forme par elle-même, elle prend la forme du contenant. C’est le ‘homer par excellence sans tsourah. C’est la matière humaine sans forme personnalisée, individualisée. L’eau c’est la matière sans le projet de Dieu dans cette matière, qui est la forme humaine représentée par Israël. La divinité principale de l’Egypte était le Nil. C'est-à-dire que l’identité égyptienne s’est reconnue dans l’eau. Et la lumière que représente Joseph est enfouie là-dedans. Ce qui fait que le Nil peut être un mythe avec le sarcophage de Joseph dans le Nil. Moïse sait donc bien où se trouvent les ossements de Joseph, là précisément où se trouve l’identité égyptienne. Et il s’agit de les sortir de là. Car la sortie d’Egypte ne peut se réaliser que si on est sorti de l’eau. La sortie du Nil pour les ossements de Joseph et la traversée de la mer rouge pour les Hébreux. Et c’est précisément Moïse sauvé des eaux qui est capable de cela.

 

La kabalah explique que Joseph représente l’identité nationale d’Israël. Lorsqu’elle est un nationalisme pur coupé de son âme, de sa Torah, c’est une idolâtrie parmi les autres, qui peut servir à nourrir et transfigurer les messianismes nationaux des civilisations concernées. Un Joseph coupé de Juda n’est plus Israël. De la même manière qu’un Juda coupé de Joseph n’est pas Israël. Il pourra fonder n’importe quelle religion d’origine mosaïque. (Lorsque je dis Joseph c’est la nation, lorsque je dis Juda c’est la Torah, vous avez tous les versets derrière…) Et il faut que les deux soient ensembles pour qu’Israël apparaissent vraiment.

L’emblème de Joseph c’est le taureau - shor. C’est un autre sujet qu’on pourra étudier : le totémisme dans le vocabulaire de la Torah.

Comme dans la bénédiction que lui donne Moïse : Bekhor Shoro Adar Lo

Et la formule qu’employa Moïse c’est « Alei Shor » : Monte taureau ! Sors de l’Egypte !

Ce qui fait que l’eau du Nil peut être un mythe vivant, et dévastateur lorsque cette eau devient le déluge c’est l’essence de Joseph. Le fait que cette essence de Joseph ait été sauvée de cette eau et que en tant que nation nous sommes séparés des autres nations qui sont dans l’eau c’est la sortie d’Egypte. Faire sortir cette identité qui s’était enfouie dans les eaux de l’Egypte.

 

C’est dans l’aspect indifférencié qui n’a pas de forme qu’est le danger de l’eau. Elle est bénédiction sous la forme de la pluie qui fait pousser le blé et est source de vie… etc.

 

Q : Que signifie ce taureau exactement ?

R : C’est toute une étude. Cela veut dire que chaque manière d’être homme représente à l’indice homme chaque manière d’être vivant qui d’abord s’exprime au niveau de la vie animale. Et par conséquent ce qui fait la sainteté de l’être taureau c’est Joseph en tant qu’homme qui l’exprime. Ce qui fait la sainteté de l’être lion c’est Juda… Pour savoir ce qu’est cette sainteté de l’être taureau, l’être lion… il faut apprendre la kabalah c’est un autre registre.

Les ‘hayot haqodesh qu’il y a dans chaque espèce animale…

Nous vivons un  monothéisme cohérent. Le Dieu qui a créé les juifs a également créé les goyim et les animaux et tout le reste…

 

…/…

Malbim sur un verset de Mishlei dans eshet ‘hayil.

On parle de la femme vertueuse.

Elle a tissé un foulard et elle le vend, et la ceinture elle la donne au marchand

Au temps du Malbim, un de nos plus grands maitres contemporains, ont commencé à être institués les instituts de langues hébraïques par les Juifs déjudaïsés de la Haskalah. Un de ses amis maskil : nous sommes professeurs d’hébreu universitaire et c’est une science pour elle-même qui demande beaucoup d’effort, et vous les rabbins vous vous occupez d’autre chose et vous avez l’hébreu avec pour rien !

Malbim lui a cité ce verset de Mishlei que son ami a trouvé incompréhensible car obscur. Et pour lui expliquer ce verset il lui raconta une histoire.

Lorsque les premiers magasins à prix unique sont apparus, un tisseur les visita et fut émerveillé qu’on y donne gratuitement des emballages si onéreux. Il décida d’en prendre lui aussi. On lui demanda une somme d’argent. Il dit son étonnement. On lui répondit : Si tu achètes la marchandise on te donne les emballages pour rien, mais si tu veux uniquement des emballages il faut que tu paies. C’est le sens de ce verset. Elle a tissé un carré de soie qu’elle a vendu comme marchandise. Pour attacher le paquet la ceinture elle en fait cadeau au marchand.

Tu veux de la Torah on t’ajoute l’hébreu. Mais si tu veux rien que l’hébreu tu paies !  

 

Je suis toujours étonné des grammairiens d’hébreu qui discutent d’un problème de grammaire chez Rashi. Et comment Rashi connait-il la grammaire sans être sorti de leurs universités ?

C’est le monde à l’envers. .../...

 

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