Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 19:07
Vayishl’ah (1984) - Cours 2 - 2ème partie

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1984/cours_2

Face B

 

Les versets du chapitre 32 verset 2-3, juste la Parasha précédente de Vayétsé :

וְיַעֲקֹב, הָלַךְ לְדַרְכּוֹ; וַיִּפְגְּעוּ-בוֹ, מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים

VeYa'akov halakh ledarko

Et Jacob alla suivant son chemin (pour revenir en direction du pays de Kenaan)

vayifge'ou-vo mal'akhey Elohim

Et le recontrèrent-heurtèrent des envoyés de Dieu.

 

Ici le mot de malakh qui a le sens de « envoyé » va de suite être défini par le contexte comme des anges. Le mot de malakh signifie envoyé, chargé d’une melakhah, qui une mission à accomplir mais à un autre niveau, cela veut dire un ange. On ne sait pas ce que c’est, mais admettons par postulat que la Bible sait de quoi elle parle. En tout cas, des anges ce ne sont pas des hommes. Le verset suivant nous dit :

 

וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב כַּאֲשֶׁר רָאָם, מַחֲנֵה אֱלֹהִים זֶה; וַיִּקְרָא שֵׁם-הַמָּקוֹם הַהוּא, מַחֲנָיִם

Vayomer Ya'akov ka'asher ra'am

Et dit Jacob lorsqu’il les vit

Ma’haneh Elohim zeh

Voici un camp de Dieu

vayikra shem-hamakom hahou Ma’hanayim

Et il nomma le nom de cet endroit Ma’hanayim

 

Le mot de Ma’hané le camp est au duel Ma’hanayim.

 

Et je reviendrais sur cette question : pourquoi après nous avoir dit que Jacob prend acte qu’il y a un Ma’hané Elohim va le nommer au duel Ma’hanayim double camp ?

 

Parshat Vayetsé 32:4:

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו, אֶל-עֵשָׂו אָחִיו, אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה אֱדוֹם

Vayishlach Ya'akov mal'akhim lefanav

el-Essav a’hiv artsah Se'ir sdeh Edom.

Et Jacob envoya des malakhim devant lui

vers Ésaü son frère, au pays de Séir, dans le champs d'Édom

 

Il envoit une délégation à Esaü pour essayer de faire la paix. C’est le premier récit. Nous avons le même terme de malakhim, et il y a discussion dans le Midrash Raba pour savoir si ce sont des envoyés bassar vadam de chair et de sang ou si ce sont des malakhim mamash.

 

Rashi dit: malakhim mamash.

Ce sont des anges vraiment.

On pourrait demander pourquoi on pourrait en douter ? 

Question d’exégèse : qu’est-ce qui fait que Rashi a tranché parmi les deux opinions du Midrash Raba à ce propos : des envoyés de chairs et de sangs ou malakhim mamash.

 

Je vais me baser pour ce probléme sur un enseignement du Shlah (Shnei Lou’hot Habrit) qui va inspirer l’étude que nous allons avoir, avec essentiellement cette question.Vous aurez là un exemple d’exégèse rabbinique très poussé. Qu’est-ce qui fait que Rashi a tranché entre 2 opinions des Baalei HaMidrash Malakhim mamashim vs. Shélia’hei Bassar vadam.

D’autant plus que la simple lecture semble donner raison à Rashi. puisque Jacob vient de rencontrer des anges, et juste après, deux mots après le texte nous dit qu’il envoie des malakhim et donc ce mot de malakhim  reporté au contexte précédent signifie donc des anges. Pourquoi cette nécessité de le préciser dans le Midrash puisque cela va de soi apparemment ? C’est donc que cela ne va pas de soi !

 

Nous continuons la lecture. Et rappelez vous que nous devons revenir à la première question : pourquoi le texte après avoir dit Ma’hané au singulier nous dit Ma’hanayim au duel ?

 

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו, אֶל-עֵשָׂו אָחִיו, אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה אֱדוֹם

Vayishla’h Ya'akov mal'akhim lefanav

Et Jacob envoya des malakhim devant lui...

 

Tout de suite vous allez être sensibles à une sorte de répétition de tous les termes des versets.

Il y a un mot de trop : « envoyer » signifie « devant lui ». Il y a déjà répétition. 

 

el-Essav a’hiv artsah Se'ir sdeh Edom.

à Essav son frère, et direction de Séir du champ de Edom...

artsah Se'ir et sdeh Edom c’est la même chose, il s’agit ici d’une répétition.

 

32:5

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Vayetsav otam lemor (répétition)

Et il les ordonna en disant

koh tomroun

Ainsi vous direz

ladoni le-Essav

À mon maître, à Essav (répétition)

koh amar avdekha Ya'akov

ainsi a dit ton serviteur Jacob

im-Lavan garti.

Avec Laban j’ai séjourné

va'echar ad-atah

Et j’ai tardé jusqu’à présent.

 

Ici aussi même si la répétition est moins visible mais c’est la même chose.

Ensuite, il y a tout un message qui va se développer, et il envoie ce message avec ces messagers.

 

32:7

וַיָּשֻׁבוּ, הַמַּלְאָכִים, אֶל-יַעֲקֹב, לֵאמֹר:  בָּאנוּ אֶל-אָחִיךָ, אֶל-עֵשָׂו, וְגַם הֹלֵךְ לִקְרָאתְךָ, וְאַרְבַּע-מֵאוֹת אִישׁ עִמּוֹ

Vayashouvou hamal'achim el-Ya'akov lemor

Et sont revenus les envoyés vers Jacob en disant

banou el-achicha el-Esav

Nous sommes allés chez ton frère Esaü

vegam holech likratcha

Et même il vient à ta rencontre

ve'arba-me'ot ish imo.

Avec 400 hommes avec lui

 

Le Midrash explique : 400 guerriers

 

32:8

וַיִּירָא יַעֲקֹב מְאֹד, וַיֵּצֶר לוֹ; וַיַּחַץ אֶת-הָעָם אֲשֶׁר-אִתּוֹ, וְאֶת-הַצֹּאן וְאֶת-הַבָּקָר וְהַגְּמַלִּים--לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Vayira Ya'akov me'od vayetser lo

Et Jacob eu très peur et fut dans l’angoisse

vayachats et-ha'am asher-ito

Et il sépara le peuple qui était avec lui

ve'et-hatson ve'et-habakar vehagmalim

Et le gros bétail et le menu bétail

lishneh ma’hanot

En 2 camps.

 

Nous retrouvons le même mot que Ma’hanayim mais sous sa forme plurielle féminine.

La source de l’enseignement se trouve dans le Shla’h basé sur le Zohar.

 

Jacob revient de son exil, et il va passer une épreuve d’identité dont l’objet est de savoir s’il peut ou non recevoir le nom d’Israël.

 

En fin de compte, toute l’organisation du récit peut être résumée dans ces deux moments : à la fin de l’exil l’épreuve de recevoir le nom d’Israël. Cela ressemble vraiment aux épreuves des événements de la société juive en général à la fin de l’exil, l’épreuve de recevoir le nom d’Israël. Dans l’exil, Israël ne s’appelle pas Israël sinon par abus de langage parce qu’on connait le potentiel de Jacob à devenir Israël. Même nommé Israël, Jacob est nommé Jacob lorsqu’il va de nouveau en exil. Et lorsqu’il revient de l’exil, il reçoit le nom d’Israël. Finalement, le peuple juif n’a pas été nommé Israël pendant les 2000 ans d’exil, et c’est en arrivant au pays qu’il est nommé Israël.

Et nous sommes encore au stade de la contestation, l’ange d’Esaü ne veut pas encore dire Israël. En particulier la civilisation chrétienne qui est encore en discussion à se demander si le peuple juif est vraiment Israël.

 

Chapitre 46, verset 2 :

Au moment où Jacob va descendre en Egypte rejoindre Joseph.

 

46 :2

וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים לְיִשְׂרָאֵל בְּמַרְאֹת הַלַּיְלָה, וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב יַעֲקֹב; וַיֹּאמֶר, הִנֵּנִי

Vayomer Elohim le-Yisra'el bemar'ot halaylah

Et Dieu dit à Israël dans les visions de la nuit

vayomer Ya'akov Ya'akov vayomer hineni.

 Et il dit Jacob, Jacob...

 

Il va descendre en exil, alors les conditions de la révélation sont les visions de la nuit parce que comme vous le savez l’exil est comparé à la nuit, et Erets Israël au jour dans le temps d’Israël.

 

Chaque fois que je devais partir en voyage pour prendre congé de mon maître, il me disait « laïlah tov !»

 

Lorsque Jacob descend en exil il est nommé de nouveau Jacob.

 

L’objet du récit de notre Parashah, c’est de nous montrer Jacob revenant de son exil et passant l’épreuve pour montrer s’il est digne du nom de Jacob.

 

C’est à deux niveaux, il y a deux épisodes : d’abord l’ange d’Esaü, le principe d’identité d’Esaü qui le lui conteste jusqu’au bout, et en fin de compte Jacob l’homme finit par le vaincre, alors il le nommera Israël et il disparait.

 

Un grand principe d’angéologie : chaque ange a une mission à accomplir, et lorsqu’il a accompli sa mission, il chante son chant et il disparait. Alors l’ange d’Esaü, à la fin de la nuit, disparait et son chant consiste à dire à Jacob « tu t’appelleras Israël... ».  C’est ce qui arrivera à Rome.

 

Le deuxième épisode, c’est quand Dieu lui-même donne à Jacob le nom d’Israël. Il y a une phrase dans le Birkat Hamazone du rite Ashkénaze qui relie un peu ce thème-là.

Lehitsa’hel vessekhel tov Baénei Elohim vaadam.

Bien sûr nous savons que Dieu nous a appelé Israël, mais tant que l’humanité ne nous a pas appelé Israël c’est encore en question.

 

Dans le récit de la Torah, il y a une lutte pour obtenir de l’ange d’Esaü le nom de Jacob-Israël, mais ensuite Dieu confirme le nom d’Israël.

 

C’est une épreuve importante, cela signifie que simultanément Jacob doit se justifier et s’expliquer devant Esaü son frère qui lui conteste son identité, et devant Dieu qui doit décider à qui il va donner cette identité d’Israël.

 

Toujours dans le cadre de l’enseignement du Shla’h, je cite un principe un peu difficile à étudier, mais je vais tenter de le schématiser.

 

Il faut se référer à la définition du monothéisme absolu. Cela veut dire que c’est un Dieu unique qui est providence de toutes les créatures. Donc le monothéisme juif ne signifie pas que ce Dieu ne s’occupe que d’Israël. C’est un peu la mentalité des autres traditions religieuses : Dieu est le Dieu de ses fidèles et les autres sont ses ennemis. Mais un monothéisme réel, authentique absolu, comme le monothéisme juif, signifie qu’il y a un seul et unique Dieu et que c’est le même Dieu qui est providence et de Jacob et d’Esaü. C’est la difficulté d’être juif, cela veut dire que notre Dieu est aussi le Dieu des autres. Qu’ils le reconnaissent ou pas, c’est un autre problème. Le monothéisme n’est pas une monolâtrie. C’est un monothéisme radical et absolu. Les miracles de Lourdes, ou d’ailleurs, prouvent seulement que Dieu s’occupe de ses créatures, quel qu’elles soient.

 

Jacob doit se justifier simultanément devant son frère Esaü qui est en contestation avec lui, et devant Dieu pour Esaü. Un ennemi d’Israël dans sa foi religieuse propre est tranquille : son Dieu est contre Israël. Pour Israël aux prises avec un de ses ennemis cela n’est plus aussi simple que cela. Il doit se mesurer aussi contre la volonté de Dieu pour son ennemi. D’où la difficulté. Il y a un décalage moral impossible à combler entre la morale religieuse des autres religions et Israël lui-même.

C’est ce qui nous explique ce dédoublement du vocabulaire dans ce texte.

 

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו, אֶל-עֵשָׂו אָחִיו, אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה אֱדוֹם

Vayishla’h Ya'akov mal'akhim lefanav

el-Essav a’hiv artsah Se'ir sdeh Edom.

Et Jacob envoya des malakhim devant lui

à Essav son frère, et direction de Séir du champ de Edom.

 

Par exemple : Essav en bas c’est son ennemi, en haut c’est son frère.

 

Il faut que simultanément ce plaidoyer se formule à 2 niveaux.

D’où la ma’hloqet du Midrash Raba.

Il a finalement envoyé les uns et les autres.

Sur terre il a envoyé les « envoyés de terre » et dans le ciel il envoit des malakhim mamash

Voilà donc qui reprécise notre question initiale :

Pourquoi Rashi nous a t’il donc tranché entre les deux ?

 

Comment Jacob peut-il dire d’Esaü (32:5):

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

 

כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו

koh tomroun

Ainsi vous direz

ladoni le-Essav

à mon maître à Essav…

 

Cela veut dire qu’il y a une modalité où Esaü est son maître.

 

Ladoni il s’adresse en haut, LaEssav il s’adresse en bas. Et ainsi de suite

artsah Se'ir c’est pour en bas, sdeh Edom c’est pour en haut... etc.

 

Et après on voit Jacob qui se prosterne devant Esaü ?

Il se prosterne en direction de la terre. C’est à dire du Dieu de la terre, Esaü devant lui.

Le Midrash va être terrible pour Jacob qui se prosterne devant Esaü.

 

Jacob n’a pas l’intention de se prosterner devant une idole qui s’appellerait Esaü. S’il se prosterne c’est qu’il reconnait là la souveraineté du Dieu unique qui passe aussi à travers la manière d’être homme qui s’appelle Esaü. 
 

C’est ce dont parle la tradition lorsqu’elle parle des anges tutélaires des nations, les Sarim.

Toutes les nations ont un Sar – un génie céleste – qui est l’expression de la volonté du Créateur Unique pour telle manière d’être homme en particulier.

 

Pourquoi Israël est-il spécial ? Israël n’a pas d’intermédiaire. C’est Dieu Lui-même qui est le Dieu d’Israël. Pour tous les autres, c’est par délégation d’un génie tutélaire – le Sar de chaque nation.

 

En français le terme de « génie » donne exactement le sens du mot Sar : génie dans le sens de l’angéologie et génie dans le sens abstrait : la manière d’être homme que cela représente avec les valeurs très particulières que cela représente. Ce qui fait qu’un français n’est pas un allemand et qu’un allemand n’est pas un français, il le doit à son Sar. La France a un Sar, l’Allemagne a un Sar… Toute créature a un projet, une volonté, du Créateur pour elle.

 

Sar Israël est nommé Mikhael et la Guémara explique très clairement que quand Israël est authentique c’est Dieu lui-même qui est sa providence et quand ce n’est pas le cas, alors Israël a un Sar qui s’appelle Mika-El « qui est comme Dieu ».

 

Je referme la parenthèse, il y aurait énormément d’analyses à faire sur ce sujet là, en particulier la naissance du christianisme sur cette idée-là...

 

Israël est confronté à ce que le verset va dire pour expliquer pourquoi Dieu le nomme Israël :

 

וַיֹּאמֶר, לֹא יַעֲקֹב יֵאָמֵר עוֹד שִׁמְךָ--כִּי, אִם-יִשְׂרָאֵל:  כִּי-שָׂרִיתָ עִם-אֱלֹהִים וְעִם-אֲנָשִׁים, וַתּוּכָל

Vayomer lo Ya'akov ye'amer od shimcha ki im-Yisra'el

Ton nom ne sera plus Jacob mais Israël

 ki-sarita im-Elohim ve'im anashim vatoukhal.

Car un grand Sar avec Elohim et avec les hommes, tu as gagné

 

C’est le seul cas dans l’histoire de l’humanité : Israël est confronté à cela de lutter avec des forces divines et humaines, et c’est pourquoi il reçoit le nom d’Israël.

 

Il y a dans la Guémara cet enseignement : une nation ne peut pas vaincre une autre nation si son Sar en haut a déjà vaincu le Sar de l’autre : cela se décide en haut avant de se réaliser en-bas.

 

Un exemple parmi d’autres qui m’a beaucoup frappé pendant la guerre mondiale : la Russie tout entière, géant énorme, qui a attaqué la Finlande. La Finlande un tout petit pays qui a tenu en échec la Russie pendant plusieurs mois parce qu’ils avaient une force morale qui leur permettait de tenir. Un pays perd une guerre lorsqu’il a déjà perdu moralement, alors il la perd physiquement. L’exemple le plus clair pour nous est la guerre d’Algérie. La France a perdu la guerre d’Algérie parce qu’elle l’avait déjà perdu moralement, alors elle l’a perdu physiquement. Puisqu’au niveau des lois de la guerre il n’y avait aucune raison qu’elle perde la guerre…


.../...
lire la suite ici
 

***

 

 

Partager cet article
Repost0
30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 19:04
Vayichla’h - série 1984 cours 2 - 1ère Partie

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1984/cours_2

Face A

  

Le sujet de toute cette Sidra de Vayishla’h concerne les événements qui suivent le retour de Jacob en Erets Kenaan après la fin de son exil.

 

Nous allons commencer par lire le 1er verset avec un enseignement de Rashi à ce sujet.

 

Je vous rappelle que Jacob s’était enfui du pays d’Israël, pour deux raisons :

-  fuir la colère de Essav sur intervention de Rivqah sa mère,

-  il y avait un problème de la suite des Toladot, des engendrements dans la famille des Patriarches.

 

Finalement, il s’enfuit et prend femme dans le pays de Laban, frère de Rébeccah. Là-bas sont nés presque tous les enfants de Jacob qui vont fonder les tribus d’Israël. En fin de cette période, il se heurte à l’antagonisme de Laban lui-même, il doit s’enfuir de son pays d’exil. Et puis en fin de compte Laban le rejoint dans sa fuite et ils contractent une alliance. C’est le dernier verset de la Parashah précédente, j’aurais sans doute à m’y référer.

 

La motivation de l’exil de Jacob est en relation avec la suite des engendrements.

Vous verrez vous-même qu’il y a un lien entre ces deux motifs, puisqu’une des raisons principales pour laquelle Esaü avait été disqualifié de l’identité Israël qu’il aurait pu recevoir à la manière de Jacob, puisqu’ils étaient deux frères jumeaux, c’est le fait que la Torah nous indique en 2 endroits que Esaü se marie avec des filles du pays de Kénaan.

 

Par conséquent, l’identité d’Israël ne peut plus passer par lui, c’est-à-dire par sa descendance.

 

Plus précisément, lorsque Rivqah prend acte de ce fait, alors elle exhorte Isaac à transmettre à Jacob la bénédiction des engendrements qui est la bénédiction d’Abraham à Jacob. Jacob a reçu finalement les 2 bénédictions.

 

1er problème :

Il faut comprendre pourquoi il y a cette consigne systématique dans l’histoire des 3 générations des patriarches de ne pas prendre femme parmi les peuples d’Erets Kenaan ? La seule issue étant de pouvoir revenir à la famille d’où Abraham était sorti et où cette mutation d’identité qui a donné Abraham a eu lieu, de telle sorte d’espérer le même miracle  à chacune de ces générations : pouvoir trouver dans cette famille-là, qui a l’identité hébraïque potentielle menant à Abraham, la possibilité de la suite des engendrements de l’être de celui que la Torah nommera Its’haq.

 

D’autant plus que nous nous apercevrons à travers le Midrash, qu’après Jacob revenu d’Israël, il va être possible d’épouser des femmes étrangères, et même dans certaines conditions de Kenaan.

 

Tout se passe comme si il y a eu une 1ère usurpation de la fonction d’Israël par le peuple que la Torah dans ses généalogies nomme Kénaan. En fait, ce peuple de Kénaan était des usurpateurs du pays d’Israël qui devait être dans l’héritage de la descendance de Shem, et plus particulièrement de Ever-Eber, l’ancêtre d’Abraham avec lequel l’identité sémite en général va se particulariser, se modifier, et se concrétiser dans l’identité hébraïque issue de Ever. Une de ces familles des Hébreux en exil dans la civilisation d’Our-Kasdim puisque le pays avait été conquis par plusieurs peuples.

 

La Torah dans trois sources différentes parle de 7, 10 ou 12 peuples conquérants selon la définition retenue pour les frontières d’Israël. Les 7 peuplades se trouvaient de l’autre côté du Jourdain. Il y a eu une tentative d’usurpation de l’identité d’Israël par Kénaan, principal descendant de ‘Ham, avec des alliés des descendants de Shem ou Japhet. C’est un thème important.

 

De même qu’Israël est le déploiement de l’identité profonde de Shem à travers Ever, de même  Kénaan est le dévoilement de l’identité profonde de ‘Ham.

De même, Yavan est le dévoilement de l’identité profonde de Yafet.

 

Chacune de ces 3 lignées - à travers les multiplicités des sociétés qu’elles engendrent, des manières d’hommes qui déploient leurs identités profondes respectives - a une société particulière qui a une destinée et une mission particulière au niveau de l’histoire universelle.

 

Nous savons ce que Yavan la Grèce a donné à l’humanité. Nous savons aussi quelle est la nature du conflit qu’elle a entretenu avec Israël, mais elle a sa part propre dans l’héritage de l’humanité. C’est un thème à étudier pour ‘Hanoukah.

 

De la même manière, Kenaan, représente l’essence même de l’identité de ‘Ham.

 

Tout se passe comme si la lignée de ‘Ham a usurpé la fonction d’Israël dans une 1ère tentative de remplacer Israël. Les historiens de l’antiquité disent d’autre part que cette terre que l’on appelle le pays de Kenaan, et que les historiens appelent la Palestine, a été le berceau des civilisations.

 

Tout se passe comme si les vestiges et les fossiles les plus anciens de la source des mouvements civilisateurs sont partis de ce croissant fertile au centre duquel se trouve ce pays.

 

Il y a eu une 1ère tentative d’usurpation de l’identité d’Israël que la Torah ne raconte qu’en filligrane. Elle en tient compte en passant.

 

Elle ne va analyser dans le détail les tentatives de rivalités à Israël qu’à partir de l’histoire des Patriarches, à partir du moment où Abraham sort d’Our-Kasdim. Et c’est là que commence à se dévoiler l’histoire d’Israël. C’est encore allusif au niveau de l’histoire des Patriarches malgré tout et cela devient vraiment explicite avec Israël constitué en nation à partir de la sortie d’Egypte.

 

Il y a en particulier un verset lorsque Dieu annonce à Abraham l’éventualité de l’exil et à postériori nous savons que cette éventualité de l’exil s’est concrétisée dans la civilisation du temps qui était  l’Egypte [Gn.15:16] :  כִּי לֹא-שָׁלֵם עֲו‍ֹן הָאֱמֹרִי « ki lo shelem avon ha-émori : car la faute de l’amoréen n’est pas complète ».

Les Amoréens, ou Éméréens selon les traductions, faisaient parti de ces 7 peuples. Au moment de la querelle entre Abraham et Loth, la Torah nous signale en passant, [Lekh Lekha - Gn.15:6]:

 וְהַכְּנַעֲנִי, אָז בָּאָרֶץ - Ve hakenaani az baarets - « en ce temps-là le cananéen occupait le pays ».

 

Le peuple d’Israël en tant que nation va être mis en réserve de messianité, en préparation, dans l’éventualité de remplacer cette civilisation de Kenaan, lorsqu’elle aura échoué.

 

Formulée de façon plus radicale, que dans tous les cas, la civilisation de Kénaan sur cette terre était une civilisation d’usurpateurs, et elle ne pouvait qu’échouer. Mais il était nécessaire qu’Israël se constitue en nation. Et la Torah d’étape en étape, nous raconte comment cette identité d’Israël émerge à partir d’Abraham. La sélection d’identité qui mène de Jacob à Israël et cette famille de Jacob avec les chefs de tribus (mais les tribus ne sont pas encore là) descendent en Egypte et se préparent à devenir une nation dont l’objectif est de remplacer la civilisation de Kénaan lorsqu’elle sera arrivée à saturation d’échec.

 

Dès le principe, il y a une rivalité un peu selon la formule dite entre Esaü et Jacob c’est où l’un ou l’autre, entre Israël et Kenaan qui est installé dans le pays et qui tente de réaliser une fédération de ces 7 peuples (ou 10 ou 12) qui sont d’ailleurs nommés en général « les Cananéens » quoique ce soient des peuplades différentes, et qui tentent de prendre la place de la fonction et de la vocation d’Israël.

 

Plus tard se dévoilera qu’effectivement, dans la lignée de Yafet à travers Yavan il y aura aussi cette rivalité. Mais à la racine de cette histoire, cette rivalité est entre Kenaan et Israël en préparation.

 

Cela nous fait comprendre pourquoi, à l’échelle des Patriarches qui sont des engendreurs de l’identité d’Israël, pendant tout le temps du récit de l’histoire des Patriarches, l’identité d’Israël cherche à émerger.

 

Ce n’est d’ailleurs que dans notre Sidra qu’en fin de compte, revenu de son propre exil et de sa propre expérience d’exil, Jacob va recevoir le nom d’Israël. C’est dans la Parashah de Vayishla’h.

 

Mais ce n’est qu’à postériori de ce fait décisif où Jacob est habilité par Dieu lui-même à recevoir le nom d’Israël que se dévoile - je dis bien à posteriori – le fait que l’identité des Patriarches était bien cette identité d’Israël en préparation.

 

Si elle avait bifurqué, échouée, par exemple dans l’échec d’Ishmaël ou dans l’échec Essav, et bien la Torah n’en n’aurait parlé que dans une allusion détournée et nous aurions eu un Midrash pour nous parler de cette famille-là, mais c’est une autre famille qui aurait été Israël. Ce n’est pas pour refaire l’histoire à l’envers, c’est cette famille qui est Israël.

 

Ce n’est qu’à postériori qu’on le sait. Nous sommes tellement habitués à citer Abraham, Isaac, Jacob, comme des Patriarches d’Israël que l’on ne se rend pas compte qu’avant que Jacob ne reçoive le nom d’Israël, cette famille n’est pas Israël.

 

Il y a donc par rapport à notre sujet - où choisir la matrice des engendrements ? - un point très précis au temps des Avot, l’échec absolu viendrait de choisir cette matrice des engendrements précisément dans l’identité du peuple qui était en train d’échouer dans sa tentative d’usurpation de la fonction d’Israël et de l’introduire dans la matrice d’identité des engendrements de l’identité d’Israël. Cela c’est pour le temps des Avot. Tant qu’Israël n’est pas encore engendré, l’échec absolu serait de faire pénétrer un facteur de dénaturation de cette identité en gestation.

 

A partir du moment où l’identité d’Israël est là, et à certaines conditions, ce que j’ai appelé tout à l’heure « le mariage mixte » est possible. Mais au temps des Avot, c’est l’échec absolu car le résultat ne serait ni Kénaan ni Israël mais un mélange d’une identité mixte monstrueuse.

 

Les données du problème sont simples : Kenaan est en cours d’une tentative d’usurpation de ce que doit être Israël. Cette tentative d’usurpation concerne premièrement la terre d’Israël : quiconque veut remplacer Israël commence d’abord par s’approprier la terre : c’est ici que cela se passe et Erets Israël est le véhicule de Am Israël.

 

Pendant tout le temps où l’identité d’Israël n’est pas encore engendrée, c’est donc le temps des Avot et retenez bien que le mot de Av - pluriel Avot - traduit en français par « patriarches » - cela veut dire plus essentiellement en hébreu « les engendreurs ». Un père est celui qui fait un fils. La notion de père dans la Torah est très précise : celui qui est capable de porter un fruit d’identité et de le mettre au jour, qui correspond de plus en plus au projet du créateur pour l’homme. C’est-à-dire le fils de l’homme et l’identité messianique. Les Avot sont les engendreurs d’une nation.

 

La fonction du père et la fonction du maître dans le récit de la Torah sont très différentes.

Nous savons par le Midrash que les Avot ont eu beaucoup d’élèves indépendamment de leur fils. Mais ils disparaissent et on n’en entend plus parler, ils ont disparus. Inversément, Mosheh Rabénou le maître qui n’a pas la fonction d’engendreur, a eu des enfants mais si le Midrash ne nous expliquait pas ce qu’il est advenu d’eux, on ne les percevrait pas.

Ce sont deux fonctions totalement différentes.

 

Lorsque plus tard, au moment de la faute du veau d’or, Dieu veut détruire Israël à cause de la faute du Erev Rav – les élèves d’Israël qui avaient accompagné Israël lors de la sortie d’Egypte, mais Israël était responsable du fait que ceux qui ont fauté avaient la majorité à la Knesset -  et Dieu lui dit qu’il suscitera de Moïse le peuple porteur des promesses. Moïse proteste et refuse. Le Midrash lui fait dire : « Souviens-toi d’Abraham, d’Isaac et d’Israël tes serviteurs à qui tu as promis que c’est d’eux qui tu fera sortir ce peuple porteur des promesses. ... »

 

L’héritage d’Erets Israël qui mène à Olam Haba, l’héritage de la Torah et la lignée des engendrements messianiques : ce sont les trois promesses aux Patriarches.

 

Et les commentateurs du Midrash posent une question très simple : si un peuple d’Israël sort de Moïse, il en sortira aussi des Patriarches puisque Moïse est un descendant d’Abraham, Isaac, Jacob, Levi, Amram ? Un peuple sortant de Moïse aurait une préhistoire d’engendrement sur 6 générations au lieu de 3 mais c’est la même préhistoire !

 

Donc, cette indication du Midrash nous éclaire notre problème. Ce que Moïse veut dire c’est qu’il est le maître et que ce n’est pas de lui que la nation sort, la nation sort des engendreurs.

 

Cette évidence s’est perdue à travers les temps de l’exil, surtout dans les derniers siècles, où l’on a occulté l’idée de la nation d’Israël pour n’en retenir que celle de la religion d’Israël : Moïse s’étant substitué aux Patriarches. Mais ce n’est pas son affaire de fonder un peuple. Un peuple fondé par Moïse donnerait une Eglise et non pas une synagogue.

 

L’argumention de Moïse est celle-ci : la promesse qui a été faite aux Avot les engendreurs, c’est l’identité hébraïque qui fait qu’Israël est Israël A cette identité peuvent s’adjoindre à l’échelle individuel tous les Bnei Adam, tous les Bnei Noa’h. Mais certains ont une équation personnelle qui les empêche de se convertir.

 

Il faut l’identité hébraïque pour engendrer l’identité d’Israël, et lorsque cette identité a émergé, alors tous les peuples peuvent s’y intégrer. C’est cette identité qui fait qu’un Israël est possible. A l’échelle universelle et individuelle : quiconque le veut, et le peut, va pouvoir s’y intégrer.

 

Un enseignement de Judah Halévi dans le Kouzari : le phénomène de la prophétie s’attachait à l’identité humaine depuis l’origine de l’histoire humaine, La prophétie est universelle mais à l’échelle individuelle, alors que la prophétie est donnée à Israël à l’échelle collective. Quand un prophète d’Israël prophétise, c’est au nom de tout Israël.

Raison pour laquelle Judah Halévi dit : « le converti », on devrait dire « le naturalisé » (c’est devenir membre de la nation d’Israël pour en recevoir sa religion)  

(Du point de vue de la Halakhah, on se méfie de celui qui veut se convertir pour des raisons d’ordre religieuses. Par définition, il ne sait pas de quoi il parle puisqu’il n’est pas encore juif. )

 

Moïse refusant la proposition de Dieu qui lui propose à lui de fonder le peuple. Moïse sait que l’identité hébraïque provient des Avot et lui donne la Torah d’Israël. Le monde entier peut être élève de Mosheh Rabénou mais pas forcément des Juifs. La difficulté de ce Midrash c’est que Moïse sait que Dieu ne veut pas faire ce qu’il lui propose. C’est pourquoi il lui refuse, sinon c’est ‘Houtspah. Changement de projet.

 

La Torah peut être proposée à quiconque et cela devient n’importe quoi. Si c’est un latin cela devient le catholicisme, si c’est un anglo-saxon cela devient le protestantisme, si c’est un russe c’est la religion orthodoxe, si c’est un arabe c’est le Coran... S’il s’agit des hébreux, alors c’est la Torah d’Israël !

 

Une fois la nation d’Israël constituée, alors à l’échelle universelle, n’importe quel homme qui comprend la vérité... 

 

Nous vivons dans un temps de conversions importantes, pas aussi important que la perte de Juifs par assimilation.  

 

A l’origine, il y a toujours la perception que le sort de l’histoire de l’humanité passe par Israël, c’est une perception très forte chez beaucoup de touristes.

 

Moïse sait très bien que le plan de Dieu n’est pas de constituer une église.

Au moment où il semble y avoir échec de la première tentative à partir d’Israël : Israël n’est pas capable de résister à la faute d’idolâtrie lors de la réalisation du veau d’or, alors la Midat HaDin formule sa réclamation et son nouveau projet. Mais Moïse sait ce que Hashem préfère : le premier projet ! C’est exactement le problème que nous avons avec l’Eglise : la différence de ces deux Israëls, c’est que l’Israël hébreu est une nation et l’Israël chrétien est une église.

 

Cela met bien en évidence ce fait : pendant tout le temps de l’histoire des Patriarches, le risque de l’échec absolu est d’introduire l’identité cananéenne que l’on doit remplacer, dans la matrice d’engendrement de l’identité d’Israël.

 

A partir de l’identité d’Israël, même les cananéens sous certaines conditions peuvent faire partie d’Israël. On préfère peut-être même par privilège les Tsadikim de Kénaan. Il faut tout un processus de purification mais c’est ce qu’il reste de la sainteté ancienne qui avait échouée qui a le plus grand prix pour l’étape suivante. Nous l’étudierons lorsque nous verrons ce qui se passe pour la suite des engendrements après Jacob. 

 

Nous verrons qu’il y a 2 stratégies, 2 tentatives différentes :

 

L’une représentée par la tentative de Joseph : chercher à l’extérieur d’Israël une matrice de suite des engendrements. C’est cette tentation de la femme de Poutifar. Il y a ici une amorce de la messianité selon Joseph que la Torah nous raconte en détail jusqu’au bout arrivant à l’échec.

 

En fin de compte, c’est Moïse qui va diagnostiquer cet échec. La tentative de mariage avec l’Egypte est aussi un échec. Toutes les tentatives ont échoué. Shkhem avec Dinah également se révèle être un barbare. On est semble-t’il à la fin du bilan de ces tentatives qui ont toutes échouées. Cette identité mixte à la Joseph - hébreu à la maison et égyptien dans la cité - s’avère être un échec systématique.

 

Le modèle de cela se trouve dans notre Parashah lorsque Jacob cherche un gendre pour Dinah pour fonder la 13ème tribu et pour que l’unité d’Israël soit achevée, et en même temps l’unité universelle par ce lien à l’universel humain. Jacob a cherché partout ce visage humain qui pourrait être son gendre : le fondateur de la 13ème tribu.

 

Le rôle de Dinah dans l’histoire des Patriarches est très important. C’est la porte du lien avec l’humanité extérieure.

Finalement, on trouve un prince charmant qui aime Dinah mais qui la violente. Exactement la relation des Goyim avec Israël. Une relation de fascination et de haine simultanée, c’est finalement la relation de Shkhem et Dinah que nous raconte la Torah. On n’a trouvé nulle part ce Shkhem, croyant le trouver partout et finalement nous sommes rentrés chez nous…

 

La tentative selon Joseph est à l’extérieur. C’est l’échec de la femme de Poutifar. Ce qui arrive à travers tous les exils et énormément de Juifs séduits par la tentative de Joseph et qui finalement se laisse aller dans les bras de la femme de Poutifar.

 

Parallèlement à cela, la Torah nous raconte une tentative selon Judah : chercher la matrice des engendrements dans l’antérieur. C’est pourquoi le Midrash va nous dire de Tamar qu’elle est la fille de Shem. C’est cette tentative qui nous est décrite comme la tentative messianique authentique selon la Torah. Il faut une matrice d’engendrement pour la suite des engendrements.

 

Où la trouver ?

 

Réponse de Joseph : à l’extérieur, séduit par la beauté égyptienne. Et c’est l’echec !

La tentative de Judah, c’est elle qui va mener au Roi David, en ce qu’elle consiste à chercher dans le plus indifférencié les principes de l’avenir.

 

Si on s’arrête à un stade antérieur différencié, c’est une impasse, un échec, une scorie... c’est trop différencié, trop typé, c’est caduque... Tandis que l’antérieur indifférencié c’est le principe d’un avenir possible.

 

En biologie, lorsqu’un organisme doit régénérer un membre, il le fait à partir du tissu le plus indifférencié.

 

La Torah nous raconte ce risque d’échec à se ressourcer à un passé caduque car trop différencié.

 

C’est la première femme de Yéhoudah qui s’appelait Bat-Shouvah, qui était aussi une Tsadeket, mais tellement différenciée qu’elle était inféconde : elle ne pouvait que se démultiplier par copie conforme. 

 

Le Midrash intervient pour nous dire pourquoi cela marche avec Tamar c’est parce qu’elle est la fille de Shem, l’antérieur le plus indifférencié.

 

Tant que l’identité d’Israël n’est pas engendrée au temps des Patriarches on comprend alors le récit de la Torah : pourquoi Abraham …/…

lire la suite ici 

*****

Partager cet article
Repost0
30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 17:52
Vayishlah–Vayé’hi série 1984 cours 1 - 2ème partie.

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1984/cours_1

Face B

 

…/…

Dinah

 

Le problème pour Jacob est d’arriver à trouver un gendre, un mari pour sa fille.

Dinah est la fille charnière entre l’identité d’Israël et l’universel humain.

C’est à travers elle que se fonde la treizième tribu d’Israël qui fait l’unité d’Israël mais en même temps le lien avec l’universel humain.

C’est donc un paragraphe important : c’est difficile de marier Dinah.

 

Jacob cherche un type d’homme, et il croit le trouver, et finalement c’est un échec. Mais du viol de Dinah par Shkhem dans le chapitre 34 est née une fille dont le Midrash nous dit qu’elle était descendue en exil en Egypte bien avant ses frères. Elle s’appelait Asnat bat Poutifera qui était la servante de la femme de Poutifar.

Cette première stratégie de Jacob va échouer parce que Shkhem a échoué, mais Joseph va épouser Asnat. Et de ce mariage vont naître Ephraïm et Menasheh.

 

Finalement, la 13ème tribu apparait par le fait que Joseph quitte le niveau des fils pour être rattaché au niveau des Pères et ses deux enfants sont au niveau de Réouven et Shimon, qui sont enfants de Jacob. Il y a donc de nouveau les treize tribus.

 

Nous verrons que 12 de ces 13 tribus se sont disqualifiées au moment de la faute du veau d’or et la tribu de Lévi sort du compte et il n’en reste que 12. Mais avec la tribu de Lévi on obtient les 13.

 

Selon le récit de la Torah la différence de manière d’être Israël à travers les différentes tribus est légitime. Mais elle a à construire une tâche commune. Elle a un problème d’identité à résoudre.

Il suffit que l’inimitié, le conflit, qui apparait entre les différentes tendances - qui ne sont pas encore complètement réalisées – soit dissout pour que se dévoile que cette unité souterraine est une unité réelle. Ce n’est arrivé qu’à de très rares moments dans l’histoire où nous avons été contraints par l’histoire.

 

A mon sens il y a deux périodes de l’histoire où l’unité d’Israël s’est dévoilée :

 

ð  au Sinaï, cela nous a été obligé par En-haut, c’est la révélation,

ð  au moment de la guerre des 6 jours, cela nous a été obligé par en-bas, par les nations.

 

Il y a un clin d’oeil derrière cette diaspora à l’infini intériorisée dans le peuple juif, est apparue une dimension d’unité, qui est en soi quelque chose d’étonnant. L’unité est présente, incognito, et elle ne se dévoile qu’à la fin des temps comme le dit le Maharal.

 

Le Juif a traversé l’histoire en disant systématiquement : tous les juifs sont frères en sachant très bien qu’il n’aimait pas son propre frère.

 

Je vous cite une image qu’A.Neher a employé à la fin de son livre sur Jérémie : il y parle de l’histoire comme d’une pièce qui se joue. Chaque acteur y a un rôle à jouer. Et pendant que la pièce se joue, les acteurs s’affrontent. Mais à la fin de la pièce on se prend par la main et on salue le public. Cela veut dire qu’il ne faut pas que les acteurs se prennent au sérieux. 

 

Ce qui s’affronte entre Yossef et Yéhoudah c’est très important et légitime. L’échec, c’est quand Yéhoudah à l’échelle individuelle n’aime pas Yossef à l’échelle individuelle.

Nous sommes en plein dans ce problème-là.

 

Quelques indications sur l’identification de cette Parashah dans la tradition, la Massorète.

 

Je vais commencer par un 1er sujet :

 

La 1ère scène qui nous est décrite, c’est au moment où Jacob sent qu’il va mourir  - je reviendrais sur l’expression qui est un des thèmes principaux de cette Parashah.

 

Il rassemble ses enfants et leur fait promettre - en particulier centralement à Joseph - qu’ils ne sera pas enterré en Egypte mais qu’ils ramèneront son cercueil en Erets Kenaan.

 

Le pays s’appellera Erets Israël à partir de la sortie d’Egypte lorsque la nation, le peuple d’Israël est constitué, et que l’ensemble des conditions nécessaires pour obtenir la terre qui a été donnée aux patriarches, jusque-là appelée « terre de Kenaan » du nom de la peuplade de la descendance de ‘Ham qui l’avait occupée et prise de force aux descendant de Shem dont elle était l’héritage par la lignée de Ever...

 

Nous verrons que d’une certaine manière cette scène se reproduit deux fois.

La Sidra commence au verset 28 du chapitre 47 : les 1er mots du verset étant :

 

וַיְחִי יַעֲקֹב בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם, שְׁבַע עֶשְׂרֵה שָׁנָה; וַיְהִי יְמֵי-יַעֲקֹב, שְׁנֵי חַיָּיו--שֶׁבַע שָׁנִים, וְאַרְבָּעִים וּמְאַת שָׁנָה

Vaye’hi Ya'akov be'erets Mitsrayim

Et Jacob vécut dans le pays d’Egypte…

shva esreh shanah vayehi yemey-Ya'akov shney chayav sheva shanim ve'arba'im ume'at shanah.

 

On nous raconte les derniers moments de sa vie dans le pays d’Egypte et on a récapitulé sa vie, en particulier 17 ans qu’il a vécu après être descendu en Egypte, en compagnie de Joseph – ce qui est très important – et ensuite on récapitule l’ensemble des années de sa vie. Et ce 1er passage  se termine au verset 31.

 

Nous avons une 1ère scène où Jacob va faire jurer ses enfants mais centralement Joseph, et nous verrons pourquoi le texte nous dit  Joseph en particulier dans cette promesse de serment que Jacob demande à ses enfants :

 

Ne pas le laisser enterré en Egypte. Ramener son cercueil dans le pays de Kenaan, plus particulièrement dans la caverne de Makhpelah où sont déjà enterrés suivant le texte lui-même qui le rappelle, Abraham et Sarah, Isaac et Rivqah, et nous savons par le Midrash d’autre part, Adam et ‘Havah.

 

‘Hévron est indiqué au début de la Parashah de Hayey Sarah et la ville est appelée dans la Torah: Qriat Arba. Pour deux raisons, mais pour celle qui concerne notre sujet, c’est là que sont enterrés les 4 couples fondateurs de l’histoire de l’humanité :

Adam et ‘Havah - Abraham et Sarah - Isaac et Rivqah – Jacob et Leah.

 

Il y a donc ici un problème annexe : la raison pour laquelle c’est Léa qui est enterrée avec Jacob dans la caverne de Makhpelah et non pas Ra’hel. Et c’est la raison pour laquelle ‘Hévron est appelé   Qriat Arba (קִרְיַת־אַרְבַּע) « la cité des quatre ».

 

Un autre Midrash, un autre niveau d’explication : « La ville des 4 » Kiryat Arba signifie la "ville des quatre" géants qui sont Arba et ses fils Ahiman, Sheshai, et Talmi.

C’est relié à la racine fondamentale du nom de ‘Hévron – ‘Haver - la notion de couple.

 

Dans toutes les Sidrot passées nous avons lu de façon de plus en plus explicite le fait que lorsque Jacob qui avait déjà reçu le nom d’Israël, deux fois, une fois dans la lutte contre l’ange qui représente le génie de la descendance d’Esaü dans l’histoire, et une seconde fois confirmé par Dieu lui-même dans deux formules différentes.

 

Il y a d’abord le fait que le principal rival de Jacob pour l’identité d’Israël c’est une espèce de point culminant de ce faisceau de rivalité qui accompagne l’identité d’Israël depuis le début de son histoire, depuis qu’Abraham va devenir Abraham et que l’histoire des Hébreux va commencer à recommencer. Et cette rivalité là a un aboutissement dans le fait que Jacob est capable de triompher de ce que représente le génie de cette manière d’être homme, rivale de Jacob, qui se nomme Essav-Edom.

 

Ce n’est pas n’importe quelle lignée humaine qui pourrait prétendre à porter cette rivalité. Tous les récits de la Torah mettent en évidence que la lignée la plus approximativement proche de Jacob qui s’instaure en rivalité inexpiable c’est Esaü. C’est un des descendants d’Esaü qui récapitule toutes les autres rivalités : Amaleq.

 

Un texte de la Guémara raconte que lorsque les enfants de Jacob ont ramené son cercueil à la caverne de Makhpelah, Esaü qui entretemps avait entendu parler de la  mort de son frère, revient du pays d’Edom et attend les enfants de Jacob à la caverne de Makhpelah pour en réclamer la place pour lui et empêcher qu’on y enterre Jacob.

 

Le 1er acte d’acquisition de cette terre a été précisément le fait qu’Abraham a acheté ce terrain BéKessef Maleh avec un argent plein (indévaluable). Ce fut le 1er acte juridique concernant la terre qu’Abraham exige malgré la proposition de don des Bnei ‘Heth.

Ce contrat légal est contesté précisément par Esaü qui se considère Israël et réclame la place dans le caveau. 

 

La tête d’Esaü

Midrash : Un des descendants de Dan (il s’agit de ‘Housh Ben Dan) a décapité Esaü et sa tête est tombée dans la caverne en même temps que le cercueil de Jacob.

 

Pour prendre l’image d’un génie particulier d’une manière d’être homme, on pourrait utiliser l’image du profil humain – Partsouf – signifiant le visage : ensemble de la silhouette dans le profil d’identité.

 

Jacob et Esaü étaient jumeaux : extérieurement ils se ressemblaient comme de sosies mais radicalement différents intérieurement.

 

Le Midrash cité sur l’épisode de la caverne de Makhpelah  commence par dire que c’était Judah qui a voulu s’opposer aux prétentions d’Esaü sur la caverne de Makhpelah à la place de Jacob mais qu’il ne pouvait  pas arriver à le combattre parce qu’Esaü ressemblait trop à son père Jacob. Alors c’est finalement un petit fils de Jacob, fils de Dan, qui s’en est chargé.

Il y a un profil de la civilisation qui va être issu d’Esaü et dans lequel la descendance de Jacob sera en exil : le 3ème grand exil que l’on appelle l’exil d’Edom. Ce que représente le génie d’identité d’Esaü s’est finalement réalisé dans la civilisation romaine. En fait, il y a une filiation très directe qu’indique le Midrash par un des fils de Essav qui s’appelle Magdiel (Cf. Bereshit 36:40-43).  Alouf Magdiel fondateur de Rome d’après le Midrash. A recouper avec ce qu’en dit Virgile et ses Ennéides pour la fondation de Rome.

 

Dans ce génie, cette manière d’être homme qui finalement se réalisera dans le type, le modèle, de civilisation que représente la civilisation romaine : une civilisation basée sur la primauté du droit - au sens de la légalité - sur la moralité.

Lorsque la légalité prévaut ou se prétend la moralité on exprime que le droit c’est la moralité. C’est pourquoi en français le mot de droit signifie la moralité. Alors qu’étymologiquement, sémantiquement, c’est la légalité.  

 

Nous sommes branchés sur une culture extérieure, la culture contemporaine, où on a tendance à prendre la légalité c’est-à-dire : la lettre du code décidée par telle ou telle instance législative à la limite contingente comme expression de la moralité elle-même. Ceci résulte d’un principe fondateur de la tradition juridique fondée par Rome que c’est la légalité qui est la moralité.

 

Nous avons deux expériences de la conscience morale très différentes :

ð  l’évidence d’obligation par rapport aux valeurs morales

ð  l’évidence d’obligation par rapport à la légalité juridique.

 

La civilisation contemporaine tout entière est d’origine romaine sur ce point, étant donné qu’il s’agit de sociétés de droit romain. L’empire de Rome fut éclaté en autant de sous-empires mais l’ensemble continue à représenter Rome jusqu’à la fin de Rome.

 

Il y a énormément de chose que Rome a fait passé dans la civilisation contemporaine avec les apports de la Grèce. Mais la Grèce et Rome c’est finalement le même mouvement à deux étapes différentes.

 

Le problème  auquel nous sommes confrontés, en tant que fidèles à la tradition des hébreux, c’est ce problème-là. La distinction entre la légalité et la moralité. Il y a énormément de problèmes de la société israélienne contemporaine face à ce problème. La référence au légal comme valeur suprême. C’est à l’opposé de la tradition juive.

 

Dans la Guémara, à propos de Tisha Béav : une des raisons pour lesquelles Jérusalem a été détruite lors de la 2ème destruction, c’est parce que l’on jugeait selon la légalité de façon méticuleuse. Nous retrouvons énormément de tendance de ce type au parlement israélien actuel, issu de la Galout de la civilisation occidentale. On a été tellement imprégné de cette évidence, que la seule garantie à la moralité c’est la légalité, qu’on transpose et projette sur la légalité la dignité de la moralité.

On en arrive à des conclusions amorales pourvu que la légalité soit sauve.

 

Cela ne veut pas dire que la légalité pour elle-même, à certaine condition, ne soit pas une des valeurs morales, et qu’il n’y ait pas valeur morale dans le respect de la légalité qui est le minimum des minima. Mais lorsque la légalité comme telle se substitue à la moralité, il y a un fort risque de catastrophe.

 

Il peut arriver qu’il y ait coïncidence. Mais il faut bien comprendre que l’établissement de la légalité formelle procède d’une instance contingente ; et d’ailleurs l’instance législative se connait comme telle et  reconnaitra très aisément suivant les critères de l’élection de l’instance un changement de la légalité si c’est décidé légalement. Il n’en reste pas moins que tout ce processus légal est d’essence contingente, alors que les valeurs de la moralité sont d’essence permanente et absolue.

 

Une des formules les plus importantes de ce problème :

Le conflit entre la tradition hébraïque et la civilisation romaine a porté là-dessus essentiellement.

 

Pour la tradition hébraïque suivant l’enseignement des Prophètes, c’est la moralité elle-même qui s’érige en légalité alors que pour la civilisation romaine c’est la légalité qui devient la moralité.

 

La relation à la moralité, à la loi morale absolue, est d’un ordre de connaissance radicalement différent que la coutume qui fait que la légalité est ce qu’elle est. Il peut y avoir coïncidence mais c’est d’un arbitraire absolu.

 

Or finalement, l’antisémitisme romain qui s’est exprimé par la suite à travers la civilisation chrétienne, est arrivé à ce tour de force d’accuser la tradition juive du défaut du légalisme romain, en établissant l’équation calomnieuse, hypocrite des Pharisiens légalistes.

 

Cela a été facilité à cause de cette tendance au légalisme présente également chez les Juifs et même dans le milieu rabbinique.

 

Ces tendances au légalisme ont toujours été dénoncée comme étant hérétiques, saducéennes.

Le saducéisme consiste en cette erreur de diagnostic et qui se relie à la tradition orale de l’élaboration de la loi morale comme s’il s’agissait de la tradition écrite. C’est pourquoi ils nient l’existence d’une tradition orale.

La civilisation chrétienne a hérité de cela et c’est la conscience chrétienne qui a le plus contribué à brouiller les cartes. En ce sens que partant de l’exigence hébraïque de la moralité face à la légalité, elle a finalement adopté le principe romain de la séparation entre le légal et le moral, qui est un cas particulier de la séparation entre le politique et le moral.

 

Cela s’enracine dans le principe des Evangiles : rendez à Dieu ce qui est à Dieu – la morale - et à César ce qui est à César – la légalité.

 

Q :

R : Il y a un verset très connu dans la Parashah de Shoftim dans Devarim : « tsedek tsedek tsirdof »

Tu rechercheras la justice de la justice

Il faut faire une chasse à la chose juste, car il faut la traquer, elle se cache il faut la débusquer...

Le verset emploi une répétition du mot Tsedek.

Cela signifie : Tu rechercheras la justice de la justice : ce qui est juste dans ce qui est juste.

Dans notre vocabulaire moderne : chercher ce qui est moral dans ce qui est légal.

 

La Guémarah dit : Jérusalem a été détruite parce qu’ils ont jugé suivant la lettre de la légalité. 

On sent que le rédacteur de ce Midrash a vécu au temps de l’imprégnation de la culture romaine qui se faisait en ce temps-là au temps de la destruction de Jérusalem par Rome.

 

Dans la société israélienne contemporaine récemment l’exemple d’une maison détruite car non conforme aux lois, au cadastre...etc.

 

Ce qui frappe ce sont les discours d’indignations à la Knesset quand des règlements, qui semblent avoir été établis au temps de l’empire britannique, sont quelque peu égratignés. Il y a là un souci de moralité qui s’est dénaturée et qui s’est déplacée sur la légalité. Il y a en général cette espèce d’orthodoxie de la légalité en coupure avec la tradition morale.

 

J’ai étudié un cas de Halakhah conduisant forcément à un divorce et j’ai demandé l’avis d’un Beit Din (3 rabbins) dont l’un était un de mes maitres le Rav Rubistein (de la rue pavée) qui était un ‘hassid polonais. Nous avons réétudié le cas ensemble selon les décisionnaires et cela a duré 2h pour arriver à la conclusion sans l’ombre d’un doute du divorce. Mais il m’a estomaqué : et qui es tu toi pour décider d’un divorce ?

 

J’ai appris une leçon de morale : la loi est ainsi mais on ne l’applique pas.

Il y a une tradition de moralité qui peut s’opposer à la légalité la plus vraie. Cela veut dire qu’il y a d’autres critères. Et ce n’est pas simplement l’analyse formelle et rationnelle avec toutes les ressources de l’intelligence juridique qui peut résoudre un cas.

 

Il y a une des Mishnayot du Pirqey Avot qui s’adresse aux juges (l’objectif du Pirqey Abot est d’enseigner la morale pour les juges au tribunal) :

Avot 1:1

הֱווּ מְתוּנִים בַּדִּין

Heyou Métounim BaDin

 « soyez circonspect (très modérés-pondérés) dans le jugement »

Un juge n’a pas le droit d’appliquer les mêmes conclusions si on lui présente un cas qui a des analogies mêmes totales avec une affaire qu’il a déjà étudié. Il faut  recommencer le nouveau dossier même pour arriver aux mêmes conclusions. C’est pour empêcher qu’une mécanique de la légalité s’installe.

 

Ce problème a beaucoup de dimensions de difficultés car finalement qui décide de la frontière entre la légalité et la moralité ?

 

A propos de ‘Hanoukah nous avons étudié le grand conflit entre les Pharisiens et les Saducéens. Le saducéisme a disparu historiquement avec les circonstances historiques qui l’avaient fait naître. La symbiose avec la culture grecque des Grecs occupant la Judée et avec la métropole d’Athènes qui était très forte pour le monde méditerranéen tout entier. Il s’est constitué une tendance dans la société judéenne de l’époque sur laquelle nous avons trés peu de renseignements parce qu’elle a disparu sans laisser de trace mais par ce que nous en savons par la manière dont en parle le Talmud des Pharisiens, c’est caractérisé par rapport à notre problème de cette manière : il y a dans l’héritage de la société juive - à l’époque de la société judéenne – les rites sacrés. On ne peut pas nier cet héritage et par ailleurs on est renforcé dans cet héritage spirituel culturel et religieux par le respect que le monde entier commence à avoir. Et on prend acte de l’existence d’un fait culturel important : l’héritage des Prophètes mis par écrit. Les Prophètes parlent d’une révélation orale que l’on a mise par écrit. Seulement pour les raisons que nous connaissons d’autre part, historiquement cette révélation orale a cessé. Il n’est resté que la trace mise par écrit de cette révélation orale.

 

Trés rapidement, dans le temps culturel qui se creuse entre la fin de la prophétie et le moment dont on parle, ce temps de la relation à la culture grecque, tout se passe comme si on va mettre entre parenthèses le fait fondamental qu’il s’agissait d’une révélation qui se perpétue par une tradition  indépendamment des livres dans lesquels elle est mise par écrit pour aider la mémoire.

 

Normalement il ne devrait pas y avoir de livre, puisqu’il s’agit d’une parole. Il y a un verset où Dieu demande à Moïse : « mets cela par écrit ». Il y a un ‘Hidoush et donc des raisons pour lesquelles il faut mettre par écrit. Si nous avions été capables de décliner cette tradition orale en tant que tradition orale, la tradition juive aurait été une tradition sans livre. Livre qui est une béquille. Israël n’est pas « le peuple du livre » comme on le lit et l’entend.    

 

La véritable formule dans l’enseignement du Rav Kook à ce sujet : « ce n’est pas le peuple du livre mais le peuple de la parole qui a été mise par écrit dans le livre ». C’est par incapacité de véhiculer la parole comme parole que…/… (cela a été mis par écrit).

 

< fin >

 

***
Partager cet article
Repost0
30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 17:40
Vayishlah série 1984 cours 1 - 1ère Partie 

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1984/cours_1

Face A

 

(début d'enregistrement manquant)
…/…

qui précède la Torah shebikhtav qui est la mise par écrit de ce qui devait être mis par écrit de la Torah shébéalpeh. Cette mise par écrit est intentionnellement sous forme hermétique occultée, personne ne comprend sans explication. C’est un livre étrange. Le Talmud qui la commente est un livre encore plus étrange.

 

Les Sadducéens prennent acte qu’il y a le livre, mais ils se relient au livre avec énormément de respect total. Dans la religiosité de type saducéenne contemporaine, on va se comporter avec énormément de respect et de scrupule. En général, on va compenser le manque de foi par une pratique d’autant plus rigoriste.

Ils se relient au livre avec le postulat que c’est un livre, et que c’est pas du tout un phénomène de parole. Pieusement, on va faire comme si... considérant comme la plus grande sagesse humaine, mais pas plus…

Finalement, la conscience saducéenne pour rétablir sa lecture du texte ne dispose que de 3 éléments :

le livre,

 -  le dictionnaire,

-   l’intelligence du lecteur.

 Il n’y a plus de tradition. On croit en ce qu’on a trouvé. Chacun croit à sa manière et ce qui compte c’est le légalisme : faire à la lettre ce qu’il y a d’écrit.

 

C’est pourquoi la religiosité de type saducéen reliée à la bible comme livre de la bible mène au légalisme. A un légalisme d’autant plus rigoriste qu’il cache un manque de foi radical de ce qui est censé être la foi des Hébreux : qu’il y a eu révélation !

 

Il n’y a que dans les lignées où la mémoire de cette révélation est passée, et que l’on appelle la tradition, qu’on dispose de critères d’élaboration de la loi morale au-delà et plus profondément que sa propre légalité.

 

Dans la formule saducéenne : on essaie de comprendre et on croit en ce qu’on comprend.

Dans la formule pharisienne : on étudie pour comprendre en quoi on croit. Mais on croit d’abord.

Le résultat de l’étude est radicalement différent, même si apparemment on parle avec les mêmes mots, cela n’a rien à voir. 

Grosso modo, dans le monde chrétien il s’agit a priori de la méthode saducéenne.

Il y a à ce sujet un conflit entre catholique et protestant, le catholique étant beaucoup plus légaliste, plus rigoriste, alors que le protestant qui parle d’une espèce d’intuition subjectiviste venue par le Saint-Esprit qui est donné à chaque membre de l’église protestante.

 

Ils ne peuvent faire autrement car ils lisent des traductions. Un Tanakh traduit c’est la Bible.

Le mot grec Biblos : livre de la sagesse humaine => le livre prime le sens

Alors qu’en hébreu c’est un Sefer, notion opposée à Biblos : Sefer = sagesse inspirée.

Dans les grandes civilisations païennes, il y avait toujours deux sortes de temple :

Les temples qu’on appelait Seferiste et les temples qu’on appelait Biblios étaient voués à la sagesse humaine : de bas en haut. Les temples nommés « Seferite »  étaient les temples de la sagesse inspirée, allant de haut en bas.  Une lecture araméenne du mot de Babylone donne Bab Elion « la porte supérieure ».]

 

La question du Zaquen :

On nomme quelqu’un à la dignité de juge lorsqu’il parvient à la dignité du Zaqen – vieillard – mais ce n’est pas forcément une question d’âge. La vertu du Zaqen est la Midat HaRa’hamim la vertu de miséricorde  Alors que la vertu de l’adolescent, c’est l’entièreté du comportement de rigueur.

L’adolescent est absolutiste alors que le vieillard est clément.

Un joli vers de Victor Hugo dans Boaz endormi, de mémoire : « il y a du feu dans le regard des jeunes gens et de la lumière dans le regard des vieillards…»,

 

Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
Mais dans l'oeil du vieillard on voit de la lumière.

 

La règle absolue pour désigner un Dayan c’est de choisir un Zaqen. Quelqu’un qui soit capable de la Midat HaRa’hamim. S’il est quelqu’un de la Midat HaDin on ne peut pas lui faire confiance : la Midat HaDin va exiger la peine maximum à priori. Ce n’est plus un jugement mais un mécanisme de condamnation.

 

Il y a le phénomène de l’envahissement du légalisme romain dans le juridisme parlementaire israélien contemporain. La substitution de la vertu de la légalité à la vertu de moralité.

Les consciences morales du peuple sont paralysées à cause de ce malentendu intentionnel. Elles sont perturbées par cela. On croit entendre parler des prophètes de la moralité mais ils sons les contre-prophètes de la moralité. Nous sommes dans une problématique qui récapitule les 2000 ans de ce problème difficile. Les tenants du légalisme sont dotés d’une conscience morale sélective. 

 

La tête d’Esaü

Il y a une relation au niveau de chaque grand exil, au niveau du développement de chaque grand empire, entre l’histoire d’Israël et l’histoire de la civilisation contemporaine de chaque temps.

Les valeurs qui sont élaborées dans chaque civilisation, sont sûrement recueillies par l’identité d’Israël dans son passage de l’exil.

C’est le thème de histoire de Joseph en Egypte - « Yesh Shever BéMistaïm » - cela se passe en Egypte, alors on va en Egypte, non pas pour s’égyptianiser mais pour délivrer les valeurs éparpillées dans l’Egypte, les fortifier, les mettre à l’abri, à l’échelle de l’universel.

 

Ce qu’il faut mettre en évidence par rapport à la relation à la civilisation romaine, la civilisation du droit, c’est précisément le fait qu’elle a élaboré la logique. Sa logique c’est la tête. Sa logique est kasher. Mais toute la phénoménologie qui habille cette logique est impure.

 

Ce qu’on va ramener de Rome c’est la capacité logique. Elle est kasher.

Maintenant, la phénoménologie qui habille cette logique est impure. La musculature du raisonnement juridique va être adoptée, mais les valeurs phénoménologiques que cela véhicule sont complètement impures.

 

C’est frappant chez Maïmonide : ce que Rambam retient de la philosophie grecque, c’est la logique.

Tout ce dont parlent les grecs avec leur logique, il le rejette. Il adopte la logique grecque et l’intègre dans le patrimoine d’Israël.

 

Un Midrash raconte la manière dont Esaü trompait Isaac:

Il y a une complaisance d’Isaac pour Esaü. C’est un thème pour lui-même. Le Midrash se base sur l’expression de Genèse 25: 28 dit qu'Isaac aimait Esaü « ki tsayid bépiv »

וַיֶּאֱהַב יִצְחָק אֶת-עֵשָׂו, כִּי-צַיִד בְּפִיו; וְרִבְקָה, אֹהֶבֶת אֶת-יַעֲקֹב

Vaye'ehav Yitschak et-Esav ki-tsa'id befiv veRivkah ohevet et-Ya'akov.

Lsaac aimait Ésaü parce qu'il mettait du gibier dans sa bouche; et Rébecca aimait Jacob.

 

Le sens Pshat c’est qu’Isaac avait le goût du gibier dans la bouche. Or, Esaü savait lui préparer le gibier. Isaac a le pressentiment des deux tâches que l’homme doit résoudre pour résoudre le problème posé à l’identité humaine : la vocation matérielle et la vocation spirituelle – la vocation de ce monde-ci et la vocation du monde à venir. Isaac arrive à les unifier.

Après lui ces deux vocations vont se séparer avec les jumeaux.

Esaü pour la vocation matérielle de ce monde-ci et Jacob qui n’est que la vocation spirituelle du monde à venir. Jacob n’est pas encore Israël.

Esaü a choisi exclusivement ce monde-ci et donc pas le monde à venir, et Jacob a choisi le monde à venir et donc il n’a pas ce monde-ci, et il n’y est donc pas chez lui.

 

Isaac prend acte du choix de Jacob et lui proposera les bénédictions de la vocation spirituelle et il prend acte du choix de Esaü pour la vocation matérielle et il lui proposera les bénédictions de la vocation matérielle.

 

Midrash :

Esaü avait une capacité logique dialectique telle qu’il arrivait à tromper son père. Et son père était persuadé qu’il était un Tsadik parce qu’il lui posait des questions de Halakhah très précises.

La dime du sel...etc.

Une capacité d’argumentation que l’on appelle « arguties » dans le sens négatif – une capacité juridique telle qu’il pouvait faire passer son Pilpoul pour du Limoud. C’est le droit romain.

 

Le Midrash va lire le verset Ki tsayid Bé Fiv le chasseur qui s’occupe de chasser le gibier qui vient de la terre, alors que Jacob s’occupe de ce qui vient du ciel. Isaac fait les deux.

 

Le Midrash explique Ki Tsayid Bé Fiv : il y avait dans la bouche d’Esaü, quand il parlait, une âme prisonnière, quand il parlait : l’âme de Rabbi Méir, converti descendant d’une lignée de Romains. Rabbi Méir c’est la force de la dialectique dans la Mishnah. La force de la dialectique dans la Torah Shébéalpé nous a été donnée par Rabbi Méir. C’est cette capacité logique qui vient de Rome et qui est entrée chez nous par Rabbi Méir.

 

C’est parce qu’Esaü avait dans sa bouche lorsqu’il parlait, la force de la Torah Shébéalpéh de Rabbi Méir, qu’Isaac  a été trompé : cette capacité du juridisme qui se fait prendre pour la moralité. C’est ce qui a trompé Isaac.

 

Il y a un prolongement de ce Midrash dans un autre Midrash : quand Jacob revient de son exil et qu’il doit rencontrer Esaü alors le verset dit : Vayira Yaaqov Meod il a eu très peur et il a été dans l’angoisse.

 

Gn. 32 :8 :

וַיִּירָא יַעֲקֹב מְאֹד, וַיֵּצֶר לוֹ; וַיַּחַץ אֶת-הָעָם אֲשֶׁר-אִתּוֹ, וְאֶת-הַצֹּאן וְאֶת-הַבָּקָר וְהַגְּמַלִּים--לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Jacob fut fort effrayé et plein d'anxiété. Il distribua son monde, le menu, le gros bétail et les chameaux en deux camps…

 

Rashi sur Vayishla’h 32:8:

 

וַיִּירָא וַיֵּצֶר

( וַיִּרָא שֶׁמָּא יֵהָרֵג. וַיֵּצֶר לוֹ אִם יַהֲרוֹג הוּא אֶת אֲחֵרִים. (ס"א שֶׁמָּא יַהֲרוֹג אֲחֵרִים וְעוֹד גִּירְסוֹת אֲחֵרוֹת וְצָרִיךְ עִיּוּן בַּמִּזְרָחִי הָהֶפְרֵשׁ שֶׁבֵּינֵיהֶם

Ya’aqov s’effraya beaucoup, il fut angoissé 

 Il s’est effrayé à l’idée d’être tué, et il a été angoissé à celle de devoir tuer d’autres-A’herim (Beréchith raba 76, 2).

 

très peur d’être tué et dans l’angoisse d’avoir à tuer d’autre.

Cette rencontre avec Esaü c’est l’un ou l’autre : une rivalité insoluble, Rome ou Jérusalem.

 

Rabbi Méir a eu un maître Elisha ben Abouya qui est devenu apostat et a été nommé l’autre A’her.  

C’est un épisode du Talmud, très important et très connu. Elishah ben Abouya est un grand maître d’Israël qui a finalement apostasié et est devenu apikoros. C’était au temps de l’empire de la civilisation grecque et de l’envahissement de la mentalité de la philosophie dans les problèmes de la tradition. La Guémara nous raconte les circonstances dans lesquelles il a perdu la foi mais entretemps Rabbi Méir était son élève principal et a continué à l’honorer malgré tout.

 

Très souvent la Mishnah emploie la formule « Stam Mishnah Rabbi Méir » lorsqu’un enseignement est anonyme, c’est de Rabbi Méir. Il est la force de la Torah shébéalpéh.

Il arrive très souvent que Rabbi Méir fasse citer l’opinion de son maître dans la Mishnah. Et donc on le retrouve dans la Guémara : c’est toujours la formule « A’herim Omrim » « d’autres disent » qui se rapporte à A’her - Elishah Ben Abouya. C’est avec beaucoup de pudeur qu’il est cité bien qu’il a apostasié.

 

Midrash cité par Rashi :

Quand Jacob va rencontrer Esaü et il sait que Esaü se prépare à l’assaillir alors il a très peur: peur d’être tué et dans l’angoisse d’avoir à tuer Esaü. Jacob a les deux peurs.

 

Rashi : il a eu peur, de peur qu’il soit tué, et il a été dans l’angoisse si il doit tuer A’herim d’autres.

La même expression que la Mishnah emploie pour citer le maître de Rabbi Méir.

Cela signifie qu’il avait peur de tuer A’hérim c’est-à-dire Rabbi Méir en tuant Essav.  

 

Zohar sur Ki Tsayid BéPiv :

 

Tsayid = nishmato shel Rabi Méir

C’était cela ce gibier dans la bouche de Essav. Quand les Romains parlent, ils parlent avec la logique dialectique de Rabbi Méir. Voilà la tête d’Esaü.

 

Il y a aussi dans la caverne de Makhpéla’h, avec les valeurs des éléments fondateurs de la messianité d’Israël, Adam et ‘Havah, Abraham et Sarah, Its’haq et Rivqah, Yaaqov et Léah (Ra’hel étant à Beit Le’hem), il y a aussi la tête d’Esaü. Le reste est impur.

 

Chaque manière d’être homme a une équation personnelle qui s’exprime dans ce que les grecs appelaient sa psyché. La grande différence entre la tradition d’Israël et les autres traditions humaines à propos de la même révélation  qui a été à l’origine c’est que dans les autres traditions, il y a un écran d’impureté qui est précisément l’équation personnelle en question.

En termes contemporains on dirait la sensibilité propre.

 

A deux niveaux, chacune pour elles-même, toute sensibilité est cohérente et respectable, mais confrontée aux critères de la sainteté elle se dévoile comme impure.

 

Il y a une manière de se comporter pour chaque sensibilité qui s’exprime au niveau de la phénoménologie. C’est la phénoménologie romaine qui est impure mais pas la logique.

Lorsque la logique s’exprime dans cette phénoménologie propre à la conscience romaine on a cette torsion de la conscience morale, la perte d’espérance que la loi morale soit praticable et l’on se rabat sur la loi légale: le christianisme a fait cette expérience et a greffé sur le légalisme romain, l’espérance de la moralité déçue (parce qu’impraticable).

 

Q :

R : Dans le contexte de ‘Hayey Sarah, Abraham sait apriori quel caveau, il ne veut pas n’importe lequel. Ce caveau nous est décrit et le Midrash nous apprendra qu’y est enterré Adam et ‘Havah. « Le berceau de l’humanité ». C’est la famille d’un certain Efron qui possédait ce terrain.

Afar la poussière - Efron : le fossoyeur : il a le nom de sa profession.

Efron avait non seulement le caveau de sa famille et le champ où l’on enterrait les étrangers.

Chaque famille avait son caveau propre qui était son titre de possession propre : c’est entré dans la ‘Halakhah : quiconque arrive en Erets Israël a l’obligation d’acheter une parcelle de terre, premièrement pour sa tombe (4 coudéees).

Efron avait un caveau particulier la Méara et le Kever. Le Kever était le caveau familial et dans la Méara il enterrait les Guérim les étrangers.

Etant donné le statut particulier d’Abraham  en ce temps-là, c’est ce caveau qu’il réclame. Parce que c’est lui qui va prendre le relai de ce qui est arrivé depuis Adam harishon jusqu’à Efron. Ce qui s’est passé, c’est dans le sens de la chute. Abraham vient prendre le relai dans le sens de la rédemption. Puisqu’il est Guer, il ne peut prétendre au caveau, mais puisqu’il est Toshav il peut prétendre à un caveau. L’identité hébraïque lorsqu’elle meure ne peut être enterrée que dans ce caveau-là à ‘Hévron car elle assume à la fois la lignée des engendrements depuis Adam et aussi l’universel humain à travers l’exil. Il s’agit vraiment du droit d’acquisition d’Israël par le biais de cette transaction. Abraham reprend en charge l’histoire de l’humanité telle qu’elle était en chute depuis Adam jusqu’à Efron.

 

D’où l’expression étudiée surtout par le Rav ‘Hayim de Volozine à partir du Midrash dans le dernier chapitre du Nefesh ha‘Hayim qui montre cette attention d’Abraham pour ce qui s’était dégradé à partir d’Adam.

 

C’est la différence entre Or avec Alef et Ôr avec Ayin, de la lumière-Alef à Ayin de la peau et de son opacité. La chute va du Alef au Ayin.

Abraham s’est désigné lui-même « Afar vaEfer - poussière et cendre ».

C’est là qu’il y a le passage du Ayin au Alef.

Le Rav ‘Hayim de Volozine étudie cela pour nous faire comprendre que la chute va de Adam à Efron, l’homme devenu poussière, et la remontée part de cette poussière pour arriver à la lumière. Par le biais de la cendre. C’est la différence entre Afar et Efer.

 

Effectivement, le nom précis de Efron ben Tsohar est « poussière fils de lumière » alors qu’Abraham va dans l’autre sens : de la poussière à la lumière.

 

***

 

Vayishla’h :

 

=> Jacob exhorte ses enfants à le ramener à la caverne de Makhpelah.

=> Chapitre 48 cette même scène qui est racontée autrement : Joseph exhorte ses enfants à ramener le cercueil de Jacob au pays de Kenaan dans la caverne de Makhpelah et finalement c’est les quatre premiers versets. Ensuite, suit tout un chapitre différent où c’est la même scène au niveau de l’histoire. Nous voyons Jacob bénissant les enfants de Joseph en les adoptant comme ses propres enfants. Bien qu’ils soient nés en Egypte, leur identité est celle du pays de Kenaan. Malgré les différences des deux thèmes c’est la même révélation qui nous est donnée sur deux registres différents. 

Au niveau de la récapitulation de l’histoire générale d’Israël à un niveau de transcendance absolue, et l’autre au niveau de l’insertion de ce même thème de fin d’exil et de retour au pays de Kenaan, à travers l’histoire de ce Joseph qui était le véhicule du moment de l’exil dans l’existence de l’histoire.

 

Lorsqu’on est assez familier avec le texte, tout se passe comme si le même sujet est répété :

 

Midrash : Dans le monde d’en-haut Jacob convoque Joseph pour lui demander de ramener son cercueil d’Egypte. Dans le monde d’en-bas sur terre dans l’histoire cela se passe comme ça : Jacob adopte l’identité hébraïque de l’exil des enfants de Joseph et la ramène.

 

La 1ère Parashah est appellée Stoumah. Fermée, cachée, scellée.

L’autre Parashah est une Parashah Shtoumah ouverte.

Il y a deux sortes de Parashiot.

Certains paragraphes commencent par la lettre Péh d’autres par le Samekh

 

Dans la plupart des manuscrits et éditions juives modernes de la Bible, on distingue deux types de parashiyot: la "section « ouverte » (parasha petou'ha) et la "section « fermée » (parasha setouma). Une "section ouverte" est similaire dans les grandes lignes à un paragraphe moderne: le texte de la section précédente s'achève avant la fin de la colonne (laissant un espace à la fin de la ligne), et la nouvelle section "ouverte" commence au début de la ligne suivante (mais sans indentation), ce qui laisse un espace "ouvert" entre les deux sections. Une "section fermée" se marque quant à elle au milieu de la ligne de texte, la section précédente s'achevant sur la même ligne avant l'espace, et la section suivante débutant à la fin de la ligne. La section est donc dite "fermée" (plus littéralement "scellée") du fait de l'absence d'espace ouvert entre elle et la section suivante.

Une "section ouverte" (petouha) est souvent abréviée par la lettre peh, et une "section fermée" (setouma) par la lettre samekh. Ces abréviations sont le plus souvent trouvées dans les Houmashim (éditions hébraïques imprimées de la Torah), et dans les plus anciennes éditions intégrales du Tanakh en un volume, lesquelles furent publiées jusqu'à la première moitié du vingtième siècle. Bien que la plupart des éditions ultérieures utilisent les techniques d'espacements plutôt que les abréviations, celles-ci restent utilisées dans certaines éditions intégrales, dont la BHS. ou, en lettres latines, "P" et "S" respectivement. Ainsi que cela apparaît ici..

Dans les codes massorétiques, les rouleaux médiévaux et ceux en usage dans les communautés juives originaires du Yémen, ces deux techniques d'espacement permettent un plus grand choix d'options:

*une "section ouverte" commence toujours au début d'une nouvelle ligne. Ceci pouvait être réalisé de la façon décrite ci-dessus, ou en laissant une ligne blanche entre les deux sections, ce qui permettait parfois à la section précédente de remplir sa dernière ligne de texte.

*une "section  fermée" ne commence jamais au début d'une ligne. Ceci pouvait être réalisé de la façon décrite ci-dessus (un espace au milieu d'une ligne), ou en terminant la portion précédente avant la fin de la ligne, et en débutant la nouvelle section sur la ligne suivante, mais avec une indentation.


Dans le Sefer HaTorah la différence c’est l’espace blanc, l’espace non écrit, entre le dernier mot de la Parashah précédente et le premier mot de la Parashah suivante, est plus grand dans une Parashah dite Ptou’ha et est moins grand dans une Parashah dite Stoumah.

Il y a un certain nombre d’intervalle de place de lettres possibles, il y en a beaucoup moins pour une Parashah Stoumah ; et les Parashiot de la Torah en général se divisent en ces deux groupes Stoumot et Shtou.

 

Or, la Parashah de Vaye’hi commence immédiatement après - sans écart sinon d’une lettre et demi -  le dernier mot de la Parashah précédente Vayishla’h.

 

Après le mot Méod, dernier mot de Vayigash, et avant le mot de Vaye’hi, le premier mot de notre Parashah, il y a un tout petit espace, à peine indiqué. Le Midrash dit de cette Parashah qu’elle est  Stoumah Min HaStoumot - la plus fermée des fermées.

 

Lorsqu’un enseignement nous est donné tel que cela se passe dans les mondes d’en-haut. La Parshah est Stoumah fermée, on ne peut pas diagnostiquer pour les mondes d’en-bas.

Lorsqu’elle nous est donnée dans les mondes d’en-bas, alors elle est ouverte.

 

Une Parashah Stoumah est une Parashah totalement occultée, alors qu’une Parashah Ptou’ha est une Parashah explicite.

 

En d’autres termes :

Lorsque ce dont on parle se passe dans le monde des Séfirot cela est raconté en style de Parashah Stoumah. Lorsque cela se passe dans l’histoire dévoilée en bas, c’est raconté dans une Parashah Ptou’ha.

 

Alors le Midrash va étudier les raisons pour nous indiquer que cette Parashah est Stoumah.

 

Chap. 47 Verset 29 :

וַיִּקְרְבוּ יְמֵי-יִשְׂרָאֵל, לָמוּת

Et les jours d’Israël s’approchèrent de mourir.

 

On a appris que ce n’est pas Israël qui va mourir : « Yaaqov avinou lo met ! » Israël est éternel dès qu’il devient Israël. Il y a un processus d’engendrement de cette identité qui est dans le temps. Et dès qu’elle est engendrée, elle a une dimension d’éternité qui dépasse le temps.

 

Donc, il ne s’agit pas du fait qu’Israël va mourir. Mais les jours d’Israël s’approchèrent de la mort au moment où Jacob qui est descendu en exil va installer l’exil. C’est-à-dire que les jours où Israël est au niveau d’Israël restent, et recommencent les jours où Israël n’est plus qu’au niveau de Jacob.  

 

Dans l’exil, Israël est au niveau de Jacob. En Erets Israël, Jacob devient Israël. C’est en revenant de son exil que Jacob reçoit le nom d’Israël. En repartant en exil, Israël reprend le nom de Jacob.

 

Les jours d’Israël s’approchent de la fin. Mais non pas Israël. Israël reste clandestin dans le processus Jacob, sans disparaître. Un juif est quand même un hébreu clandestin. Il y a ce caractère indélébile de cette partie de l’être juif qui est hébraïque, et qui est là bien que cachée sous des sédiments d’assimilations successives. C’est indélébile et irréversible mais non dévoilée, c’est dans la nuit...

 

47:29

וַיִּקְרְבוּ יְמֵי-יִשְׂרָאֵל, לָמוּת, וַיִּקְרָא לִבְנוֹ לְיוֹסֵף וַיֹּאמֶר

Vayiqra livno leYossef

Il convoqua son fils Joseph…

 

La forme Qaro lé… appeler quelqu’un dans la forme du datif.

Le Midrash dit: parce que c’est Joseph qui a la possibilité de faire ce qui va lui être demandé : ne pas l’enterrer en Egypte. Et il y avait de quoi le demander parce que les égyptiens l’avait reconnu comme un des grands dignitaires de l’histoire du monde et l’aurait idolâtré. Jacob a une terreur absolue qu’ils fassent de lui une idole. Joseph d’ailleurs va faire comme lui en demandant á ses frères de faire pareil avec lui. Cela n’a pas empêché les Chrétiens d’adorer un fil de Joseph…

 

Rashi cite un Midrash sur ce verset : pourquoi cette précision « il appela son fils Joseph » ? Tous savent que Joseph est son fils ! Il aurait suffit de dire Vayiqra léYossef. Pourquoi Vayiqra livno léYossef ? En fait l’hypothèse serait d’abord de dire Vayiqra livno et cela suffirait.

 

…/…

lire la suite ici

 

*****

Partager cet article
Repost0
26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 20:37

VAYISHLA'H (1993) - 3ème Partie.


http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1993/cours_1

Face C

 

.../... le peuple juif sans la Torah et sans Erets Israël, c’est par exemple le congrés juif mondial.

Dans la structure de la communauté en diaspora on trouve ces trois grands réseaux :

Les organisations qui s’occupent de la Torah et que ça, pour Erets Israël aller voir l’Agence Juive... Les intérêts du peuple juif aller voir le CJM... et puis par permutations circulaires.

Jusqu’à l’émancipation, on était simultanément ces 3 choses là : juif de peuple, juif de religion, et juif de patrie. Après l’émancipation, cela a éclaté : les juifs de terre, les juifs du ciel et les juifs de l’horizon... Un éclatement de l’identité juive en trois types d’organisations différentes.

Cela permet de cadrer un peu ce chaos des organisations juives : cela se cristallise en trois tendances. Les grands juifs sont actifs dans les trois simultanément. C’est la solution des problèmes d’Israël. Jacob devient Israël = Jacob + Mosheh + David

 

A lire:

Dans la prière que Jacob fait avant la rencontre : c’est là que l’on a enseigné qu’avant la rencontre avec Esaü il se prépare à trois stratégies  face à trois éventualités,

-  la prière,

-  la guerre,

-  les concessions de paix.

 

Effectivement, on voit que Jacob prépare les trois stratégies : il prépare une offrande pour Esaü, il va prier et se prépare à la guerre si les deux autres stratégies échouent. C’est exactement notre problème.

 

Zohar : c’est efficace si c’est la même personne qui est capable des trois stratégies.

Si ce sont trois stratégies différentes issues de trois tendances différentes, alors c’est le chaos.

 

Malheureusement, le peuple d’Israël aujourd’hui est divisé en trois :

-  Ceux qui ne s’occupent que de prière, ils lisent les Psaumes.

-  Ceux qui se prépare à la guerre, ils ne savent pas prier, ni négocier.

-  Ceux qui se préparent à la paix : chez eux ce sont les concessions perpétuelles jusqu’à la paix des cimetières.

 

Si nous avons quelque part un type d’israélien capable des trois, alors les trois marchent. Sinon les trois échouent.

 

Verset 32:10:

וַיֹּאמֶר, יַעֲקֹב, אֱלֹהֵי אָבִי אַבְרָהָם, וֵאלֹהֵי אָבִי יִצְחָק:  יְהוָה הָאֹמֵר אֵלַי, שׁוּב לְאַרְצְךָ וּלְמוֹלַדְתְּךָ--וְאֵיטִיבָה עִמָּךְ

Vayomer Ya'akov Elohey avi Avraham ve'Elohey avi Yitschak

Et dit Jacob Dieu de mon père Abraham dieu de mon père Isaac

Adonay ha'omer elay shouv le'artsecha oulemoladetecha.

Hashem qui me dit reviens à ton pays et à ta patrie

ve'eytivah imach

et je te ferais du bien.

 

Verset 32:11:

קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים, וּמִכָּל-הָאֱמֶת, אֲשֶׁר עָשִׂיתָ, אֶת-עַבְדֶּךָ:  כִּי בְמַקְלִי, עָבַרְתִּי אֶת-הַיַּרְדֵּן הַזֶּה, וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Katonti mikol ha’hasadim umikol-ha'emet

Je suis trop petit en mérite pour toutes les charités et vérités

asher asita et-avdecha

qu tu as faites avec ton serviteur

ki vemakli

car avec mon bâton

avarti et-haYarden hazeh

j’ai traversé ce Jourdain

ve'atah hayiti lishney ma’hanot.

Et maintenant j’ai deux camps.

 

Verset 32:12:

הַצִּילֵנִי נָא מִיַּד אָחִי, מִיַּד עֵשָׂו:  כִּי-יָרֵא אָנֹכִי, אֹתוֹ--פֶּן-יָבוֹא וְהִכַּנִי, אֵם עַל-בָּנִים

Hatsileni-na miyad a’hi miyad Essav

Sauve-moi de la main de mon frère de la main d’Esaü

ki-yare anokhi oto

car je le crains

pen-yavo vehikani em al-banim.

De peur qu’il ne vienne et me frappe la mère sur les enfants.

 

Verset 13:

וְאַתָּה אָמַרְתָּ, הֵיטֵב אֵיטִיב עִמָּךְ; וְשַׂמְתִּי אֶת-זַרְעֲךָ כְּחוֹל הַיָּם, אֲשֶׁר לֹא-יִסָּפֵר מֵרֹב

Ve'atah amarta.

Et toi tu as dis

heytev eytiv imakh

je ferais du bien avec toi

vesamti et-zar'acha kekhol hayam

et je placerai ta postérité comme le sable de la mer

asher lo-yisafer merov

qui ne peut être compté tellement il est nombreux.

 

Ceci c’est la prière et ensuite la stratégie par laquelle il se prépare à la guerre et sépare son camp en deux. Et puis après il prépare toute une partie du troupeau en offrande qu’il va envoyer à Esaü avec la délégation. Cela nous renvoie à la scène de Beit-El lorsqu’au début de son voyage en exil, il y a une sorte d’alliance entre Dieu et Jacob où Dieu se révèle à Jacob pour lui dire : « même si tu ne tu ne t’en aperçois pas, Je te protégerais dans ton exil »

 

Vayetsé : le verset où Dieu lui promet protection. Il faut comprendre pourquoi il est nécessaire d’avoir une providence de protection particulière dans l’exil

 

Chapitre 28 verset 15:

וְהִנֵּה אָנֹכִי עִמָּךְ, וּשְׁמַרְתִּיךָ בְּכֹל אֲשֶׁר-תֵּלֵךְ, וַהֲשִׁבֹתִיךָ, אֶל-הָאֲדָמָה הַזֹּאת:  כִּי, לֹא אֶעֱזָבְךָ, עַד אֲשֶׁר אִם-עָשִׂיתִי, אֵת אֲשֶׁר-דִּבַּרְתִּי לָךְ

Vehineh anokhi imakh

Je serais avec toi

oushmartikha bekhol asher-telech

et Je te protégerais (et te surveillerais) partout où tu iras

vahashivotickha el-ha'adamah hazot

et je te raménerais sur cette terre

ki lo e'ezovkha

car je ne t’abandonnerais pas

ad asher im-asiti et asher-dibarti lakh.

Jusqu’à ce que j’ai accompli

Ce que j’ai dit à ton sujet.

 

Il y a donc vraiment une promesse de protection totale lorsque Jacob est en exil chez Laban et c’est le modèle lorsque Israël est en exil : lorsqu’Israël est en exil, il lui faut une protection particulière.

Ceux qui savent et connaissent l’exil, ces 2000 ans d’exil exigent bien sûr une protection particulière – ce cas particulier de l’histoire juive est exceptionnel : une identité tant pourchassée menacée, traversant l’histoire pour se retrouver au bout de 2000 ans.

S’il y a une telle promesse de protection pourquoi peut-il survenir de telles catastrophes malgré cela telle que l’inquisition ou la Shoah ?

Il faut rattacher cette question au retard : les Juifs sont pris au piège. Les Espagnols avaient laissé le temps aux juifs pour quitter l’Espagne et le Portugal. Mais ils ont tardé et ont été pris au piège.

Tous les avertissements avaient été donnés aux Juifs d’Europe. Les Juifs d’ailleurs se sont dits : cela se passe en Allemagne !

 

Lorsque Jacob se réveille dans cette nuit de Beit-El au verset 16 :

 וַיִּיקַץ יַעֲקֹב, מִשְּׁנָתוֹ, וַיֹּאמֶר, אָכֵן יֵשׁ יְהוָה בַּמָּקוֹם הַזֶּה; וְאָנֹכִי, לֹא יָדָעְתִּי

Vayikats Ya'akov mishnato

Et Jacob se réveilla de son sommeil

vayomer achen yesh Adonay bamakom hazeh

et dit : ainsi Dieu se trouve dans cet endroit

 ve'anokhi lo yadati.

Et moi je ne le savais pas !

 

וַיִּירָא, וַיֹּאמַר, מַה-נּוֹרָא, הַמָּקוֹם הַזֶּה:  אֵין זֶה, כִּי אִם-בֵּית אֱלֹהִים, וְזֶה, שַׁעַר הַשָּׁמָיִם

Vayira vayomar

Il a eu peur et il dit:

mah-nora hamakom hazeh

qu’il est redoutable cet endroit

eyn zeh ki im-beyt Elohim

ce n’est pas autre chose que la maison de Dieu

vezeh sha'ar hashamayim

et c’est la porte du ciel.

 

Ceux qui habitent à Beit-El ne savent pas où ils habitent !

 

וַיַּשְׁכֵּם יַעֲקֹב בַּבֹּקֶר, וַיִּקַּח אֶת-הָאֶבֶן אֲשֶׁר-שָׂם מְרַאֲשֹׁתָיו, וַיָּשֶׂם אֹתָהּ, מַצֵּבָה; וַיִּצֹק שֶׁמֶן, עַל-רֹאשָׁהּ

Vayashkem Ya'akov baboker

Et Jacob se leva de bon matin

vayikach et-ha'even asher-sam mera'ashotav

il prit la pierre qu’il avait prise comme oreiller

vayasem otah matsevah.

Il en fit une stèle

vayitsok shemen

il répandit de l’huile

al-roshah

sur le sommet..

 

וַיִּקְרָא אֶת-שֵׁם-הַמָּקוֹם הַהוּא, בֵּית-אֵל; וְאוּלָם לוּז שֵׁם-הָעִיר, לָרִאשֹׁנָה

Vayikra et-shem-hamakom. hahou Beyt-El

et il nomma le nom de cet endroit Bethel

ve'oulam

et cependant

Louz shem ha'ir larishonah

Le nom de la ville auparavant était Louz.

 

Louz = amande.

Shaked l’amande encore tendre.

 

וַיִּדַּר יַעֲקֹב, נֶדֶר לֵאמֹר:  אִם-יִהְיֶה אֱלֹהִים עִמָּדִי, וּשְׁמָרַנִי בַּדֶּרֶךְ הַזֶּה אֲשֶׁר אָנֹכִי הוֹלֵךְ, וְנָתַן-לִי לֶחֶם לֶאֱכֹל, וּבֶגֶד לִלְבֹּשׁ

Vayidar Ya'akov neder lemor

Et Jacob fit un voeu en disant

im-yihyeh Elohim imadi

Si Dieu est avec moi

oushmarani baderech hazeh asher anochi holech

Et qu’il me préserve sur ce chemin où je vais

venatan-li le’hem le'e’hol ouveged lilbosh.

Qu’il me donne du pain pour manger et un vêtement pour m’habiller.

 

(Il refuse la bénédiction de l‘abondance matérielle).

 

וְשַׁבְתִּי בְשָׁלוֹם, אֶל-בֵּית אָבִי; וְהָיָה יְהוָה לִי, לֵאלֹהִים

Veshavti veshalom

el-beyt avi

vehayah Adonay li le-Elohim.

Que je revienne en paix

A la maison de mon père

Hashem sera pour moi Dieu.

 

C’est un passage très important : cela veut dire que ce n’est que lorsque Jacob est en Israël que Hashem est son Dieu. Partout ailleurs, il est sous l’influence des Sarim. D’où l’affirmation de la Guémara : « celui qui n’habite pas Erets Israël c’est comme s’il était idolâtre ».

Vehayah Adonay li le-Elohim. C’est quand on est en Erets Israël.

Pour les juifs en France par exemple : ils sont sous la protection de l’ange tutélaire de la France

 

וְהָאֶבֶן הַזֹּאת, אֲשֶׁר-שַׂמְתִּי מַצֵּבָה--יִהְיֶה, בֵּית אֱלֹהִים; וְכֹל אֲשֶׁר תִּתֶּן-לִי, עַשֵּׂר אֲעַשְּׂרֶנּוּ לָךְ

Et cette pierre que je viens d'ériger en monument deviendra la maison du Seigneur et tous les biens que tu m'accorderas, je veux t'en offrir la dîme.

…/…

< fin >

 

***

Partager cet article
Repost0
26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 20:33
VAYISHLA'H (1993) - 2ème Partie.


http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1993/cours_1

Face B

 

…/…

ceux de ‘Houts laarets et ceux des descendants de Jacob qui sont concernés par Erets Israël.

Ici c’est la division Diaspora-Israël. Et effectivement, ces deux camps, c’est Léa et ses enfants, Rachel et ses enfants. Et nous savons d’autre part, que Léa représente le principe de l’identité d’Israël en Erets Israël, alors que Rachel représente le principe de l’identité Israël en ‘Houts Laarets.

 

Il y a eu deux Talmud : Babli et Yeroushalmi.

Nous savons que Jacob préférait Ra’hel à Léah, et les Kabalistes expliquent que le Talmud Babli s’appelle Ra’hel alors que le Yeroushalmi s’appelle Léah.

 

C’est Léa qui est enterrée en Erets Israël avec Jacob, Rachel est enterrée « sur le chemin de l’exil », dit le texte, pour prier pour les descendants de Jacob qui sont en exil.

 

Effectivement, le peuple juif a préféré le Talmud Babli au Talmud Yeroushalmi.

Tous les grands érudits ont étudié  le Yeroushalmi mais ce n’est que de notre temps qu’il commence à être étudié vraiment dans quelques Yeshivot sionistes.

 

La grande différence : dans le Yeroushalmi, il est évident que l’on ne peut comprendre la Halakhah que si on comprend la Hagadah, alors que dans le Babli les deux sont séparés, la Hagadah d’un côté la Halakhah de l’autre. Dans beaucoup de Yeshivot on fait l’impasse dès que la Hagadah se présente.

 

Cette séparation en 2 camps est très importante. Du point de vue de la typologie de l’identité de Jacob. Cette séparation en deux camps nous renvoie aux deux niveaux d’identité du même Jacob qui est lui-même Israël. Jacob est le nom d’Israël en exil et Israël son nom en Erets Israël. Il y a une dimension tournée vers l’exil et une autre tournée vers Erets.

 

Midrash : ce n’est que récemment qu’on a découvert les Midrashim des communautés du Yémen. Il y a avait déjà une allusion dans le Midrash Hagadol : les gens de ‘Houts prenaient l’argument de Jacob :

 

Verset 32:9
וַיֹּאמֶר, אִם-יָבוֹא עֵשָׂו אֶל-הַמַּחֲנֶה הָאַחַת וְהִכָּהוּ--וְהָיָה הַמַּחֲנֶה הַנִּשְׁאָר, לִפְלֵיטָה

Vayomer im-yavo Esav el-hamachaneh ha'achat

Si Esaü vient sur un 1er camp

vehikahu

Et le frappe

vehayah hamachaneh hanish'ar lifleytah.,

Le 2ème ma’hané qui restera sera rescapé

 

C’était l’argument des Juifs de ‘Houts Laarets : ne pas mettre tous ses œufs dans un même panier : si jamais Israël est détruit, il faut la diaspora pour accueillir les réfugiés….

 

Voici donc le parallèle entre les deux camps des Malakhim et les deux camps sur terre. Or, Rashi nous donne l’indication que, de ces deux lectures du Midrash (malakhim bassar vadam vs. malakhim mamash), il faut préférer pour notre contexte Malakhim mamash parce que le contexte l’indique.

 

Qu’est-ce qu’un ange dans notre problème ?

On ne sait pas ce que c’est ! Le Talmud nous apprend qu’ils se nourrissent des bonnes actions des hommes. Les Mitsvot sont le Mazon des anges. Si on fait une mauvaise action, cela nourrit un Shed, si on fait une bonne action cela nourrit un Malakh. Ce sont les (dé)mérites que l’on a acquis.

Ces anges qui sont venus accompagner Jacob sont les mérites qu’il avait acquis en ‘Houts Laarets chez Laban, et les anges qui sont venus à sa rencontre sont les mérites de sa tâche en Erets Israël.

Cela veut dire qu’il a besoin de certains mérites pour préparer sa rencontre avec Esaü.

 

Il envoie des messagers à son frère : une délégation de justification de son identité avant sa rencontre avec Essav. Parce qu’il y a un grand conflit, une revendication sur le fait que Jacob lui ait pris son aînesse et sa bénédiction.

On a appris précédemment que Jacob ne lui a rien pris du tout, ni l’aînesse ni l’a bénédiction, c’est Essav qui a rejeté les deux.  

En début de Parashah Vayetsé on apprend entretemps que Jacob fit le voeu de ne pas utiliser la bénédiction matérielle qui allait à Esaü.

 

(Vaïdor neder leemo : Jacob a fait un voeu de privation = neder. Le voeu de don est une nédavah.

La Torah n’aime pas les voeux et appelle Rashâ celui qui fait des voeux. Dès qu’il est réalisé, celui qui l’a fait est appelé Tsadik, parce qu’un Tsadik est celui qui n’a aucun voeu. Il les a réalisé déjà.)

 

Il va donc y avoir une mission de délégation de ces anges qui vont présenter une justification à priori pour pouvoir mériter la rencontre avec Esaü.

 

32:4

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו, אֶל-עֵשָׂו אָחִיו, אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה

Vayishlach Ya'akov mal'achim lefanav el-Esav achiv artsah Se'ir sdeh Edom.

Jacob envoya des messagers en avant, vers Ésaü son frère, au pays de Séir, dans le champ d'Édom.

32:5

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו

Vayetsav otam lemo

Il leur ordonna en disant

koh tomrun ladoni le-Esav

ainsi vous direz à mon maitre à Esaü

 

Il y a un accent disjonctif sous ladoni : il faut lire « ainsi vous direz à mon maître, à Esaü »

 

Il y a un discours à deux niveaux Jacob s’adresse simultanément à Esaü et à Dieu.

 

Un des termes concerne Dieu, l’autre Esaü. Plus exactement nous savons par la suite du récit que Jacob va être aux prises avec l’ange d’Esaü.

 

Qu’est-ce que l’ange tutélaire d’Esaü ? C’est un ange d’une autre catégorie d’anges que celle évoquée ici. L’angéologie a une hiérarchisation des différentes catégories d’anges, ce n’est pas notre sujet. Nous avons là une indication à laquelle nous sommes familiers : chaque nation possède son génie tutélaire céleste. C’est la volonté de Dieu pour son histoire propre. Israël est un cas particulier, il n’y a pas d’intermédiaire. Dans l’angéologie chrétienne, l’archange de la France c’est Saint-Michel et le drapeau de Saint-Michel a les mêmes couleurs que le drapeau d’Israël. C’est Mikhael :Qui est comme Dieu.

 

Talmud Guémara Shabat enseigne : il n’y a pas de Sar entre Dieu et Israël, lorsqu’Israël obéit à la volonté de Dieu. Dans le contexte de notre sujet : lorsqu’Israël est en Erets Israël il n’y a aucune médiation, la providence y est directe. Mais si Israël est en ‘Houts Laarets, alors il y a une médiation pour Israël qui est précisément Mikhaël.

 

D’où cette alliance mystérieuse entre Israël et la France, espèce de fiançailles turbulentes entre le fils ainé de Dieu et la fille ainée de l’Eglise, enfin de l’exil quoi.

Cela fera plaisir au Consistoire des israélites de France.

 

Il y a effectivement un mystère dans les relations entre le peuple juif et la France. (Les Juifs de France sont persuadés d’être français.)

 

La Guémara de Shabat dit : « eïn mazal leIsraël keshé ossin retsono shel maqom, keshe eïn ossin restsono shel maqom yesh oushmo Mikhael ».

Cela veut dire que même cette intermédiaire pour Israël lorsqu’Israël est en Galout c’est Mikhaël « qui est comme Dieu », Cela veut dire qu’on a d’une certaine manière l’emprise du déterminisme propre à tel ou tel paysage dans telle ou telle nation...

Le lien entre Dieu et ses Juifs en Galout passe par le Sar du pays où les Juifs se trouvent.

On voit à quel point c’est un sujet grave.

 

Nous allons voir tout de suite quelle est cette justification. Mais d’abord le thème théologique qu’il y a là. Lorsque Jacob est en conflit avec Esaü, il a un procès avec Dieu pour Esaü.

 

Nous sommes dans un monothéisme strict. D’où la difficulté de l’histoire d’Israël. Le Dieu d’Israël est unique pour tous et donc il est aussi derrière les adversaires d’Israël.

Israël est privilégié parce qu’il sait ce que Dieu a à dire à Israël. Et il sait ce que Dieu a à dire à Esaü... à Ishmaël... c’est dans notre Torah. Heureusement qu’ils ne le comprennent pas et qu’ils soient incapables de plaider leur vrai dossier contre Israël.

 

C’est pourquoi il est très difficile d’être monothéiste à la manière d’Israël : mon Dieu c’est le Dieu de l’autre aussi. La plupart pense que leur Dieu est uniquement leur Dieu à eux.

 

Pour Israël, se mesurer en conflit avec Ishmaël c’est aussi se mesurer à Dieu pour Ishmaël. Dans ce cas d’Esaü c’est ce fameux ange d’Esaü avec qui Jacob va lutter.

Et lorsque Jacob triomphera de l’ange d’Esaü, il s’appelera Israël

 

32 :29

וַיֹּאמֶר, לֹא יַעֲקֹב יֵאָמֵר עוֹד שִׁמְךָ--כִּי, אִם-יִשְׂרָאֵל:  כִּי-שָׂרִיתָ עִם-אֱלֹהִים וְעִם-אֲנָשִׁים, וַתּוּכָל

Vayomer lo Ya'akov ye'amer od shimkha ki im-Yisra'el

Ton nom ne sera plus Jacob mais Israël

 ki-sarita im-Elohim ve'im anashim vatoukhal.

Car tu as lutté avec Elohim et avec les hommes, tu as gagné.

 

Cela veut dire que Jacob a pu vaincre son frère et le génie de son frère. Dans toute victoire il est en ainsi : celui qui gagne une guerre terrestre le peut parce qu’il a déjà vaincu le génie de l’autre. Il y a d’abord un affrontement d’identité qui chacune d’entre elle ont un ange tutélaire qui est une des volontés de Dieu pour chacune manière d’être homme.

 

Nous découvrons dans ce sujet la définition du monothéisme hébreux qui est un monothéisme du Dieu Un. Très différent du monothéisme du Dieu unique. Dieu est unique et c’est le mien : impérialisme religieux de l’islam ou du christianisme par exemple.

 

C’est un tout autre monothéisme. C’est aussi la grande difficulté du peuple d’Israël, seul peuple qui tient compte que Dieu est Un face aux autres pour qui Dieu est Unique et c’est le leur...

 

Un fondamentalisme qui envahit aussi certaines communautés juives : le Dieu d’Israël c’est le mien...

 

Dans ce discours de Jacob, il y a un niveau qui s’adresse à Dieu pour Esaü et un niveau qui s’adresse à Esaü lui-même.

 

32:4:

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו, אֶל-עֵשָׂו אָחִיו, אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה אֱדוֹם

Vayishla’h Ya'akov mal'akhim lefanav

el-Essav a’hiv artsah Se'ir sdeh Edom.

Et Jacob envoya des malakhim devant lui

à Essav son frère, et direction de Séir du champ de Edom.

 

Par exemple:

el-Essav a’hiv

deux niveaux de destinataire: en haut c’est son frère, et en bas c’est Esaü.

 

32:5:

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Vayetsav otam lemor

Il leur ordonna en disant:

koh tomrun ladoni le-Esav

ainsi vous direz à mon maitre, à Esaü:
koh amar avdekha Ya'akov

ainsi parle ton serviteur Jacob 

 im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent.

 

Que veut-il signifier par là : Esaü sait très bien que Jacob a tardé jusqu’à présent. Il y a ici un aveu énorme. Rivqah lui avait dit : « tu séjourneras là bas quelques jours et je te ferai chercher... »

Comme si Jacob n’entendit rien des messages de sa mère, jusqu’à ce que Laban devenu « antisémite » il entendit l’appel de sa terre Erets Israël.

Il avoue donc que sa difficulté à entrer dans le pays vient de ce qu’il a tardé.

 

Effectivement, on diagnostique cela à chaque fois dans l’histoire contemporaine d’Israël.

Malgré la déclaration Balfour en 1917 il n’y a que les sionistes de l’époque qui ont bougé. Hitler arrive en 33 et entretemps il y a la ligue arabe...etc. C’est un peu la situation de Jacob. C’est pourquoi il a très peur : ai-je suffisamment de mérite pour mériter l’accomplissement de la promesse ?

 

Et quelle est la promesse ? « Je te protégerais partout où tu iras et je te ramènerais ici »

Avec une telle promesse il a peur ? 

Il y a là un aveu.

 

La Guémara de Sanhédrin pose la question et répond : il avait peur que la faute empêche l’accomplissement de la promesse. Quelle faute ?

 

N’importe quelle faute vis-à-vis de la loi qui serait un manque de mérite tel empêchant l’entrée en Erets Israël. Nombres de Juifs religieux raisonnent ainsi : a-t’on suffisamment de mérite pour habiter en Erets Israël ? Chargés de fautes comme nous le sommes, il vaut mieux  rester chez les Goyim...

 

C’est un raisonnement faux.

 

D’après le contexte de la Guémara on s’aperçoit que la faute c’est le retard. Effectivement, cela s’attache à l’histoire juive. Le rendez-vous arrive en son temps, et il y a un retard qui fait que c’est catastrophique.

 

C’est malheureusement ce qui s’est passé au temps de la Shoah : le rendez-vous était pris depuis 1917 quand la Société des Nations (SDN) a été inventée pour donner le feu vert aux Juifs de rentrer dans le pays. Elle n’a rien fait d’autre. (De la même manière pour l’ONU. Dès que l’ONU s’occupe de quelque chose c’est l’enfer : Yougoslavie, Somalie...)

 

La SDN s’est réunie pour enregistrer la déclaration Balfour.

Jusqu’en 1917 : aucune instance internationale pour pouvoir donner le feu vert aux Juifs de rentrer en Erets Israël. Effectivement, il fallait une instance universelle parce que l’exil en tant que contrat de travail avec l’humanité est à ce niveau-là. Et donc la nécessité d’une instance internationale.

 

Nous avons trois exemples :

A la sortie d’Egypte, il fallait que le Pharaon donne son accord pour que cela puisse se faire.

De la même manière à la fin du 2ème exil, il a fallu une instance politique universelle : c’était Cyrus qui donna le feu vert pour le retour au Bayit Shéni.

De notre temps, pendant 2000 ans, la civilisation occidentale a fonctionné sur le principe des nationalités et pendant ce temps Israël n’avait pas sa nationalité, et au moment où Israël doit reprendre sa nationalité, alors est fondée la société des nations SDN. C’est la SDN qui donna le feu vert aux Juifs pour rentrer en Palestine. Lorsque la Turquie possédait le pays ce fut impossible.

 

De la même manière à la sortie d’Egypte : une instance politique universelle : Pharaon. A la fin de l’exil de Babylone c’était Cyrus et à la fin de notre civilisation c’était la Société des Nations.  Israël n’a été fondé que par un accord de l’ONU.

 

C’est ce qui se passe là : il y a un retard cela se prépare et on est en retard. Jacob prend acte et avoue le retard.

 

עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent…

 

On pourrait se demander ce que cette indication supplémentaire vient ajouter. C’est la Guémara qui dit : c’est le ‘Het du retard.

Au moment du retour de Babylone, ils ne sont pas revenus en force suffisante pour être la muraille qui protège Jérusalem, explique le Talmud, et c’est la raison pour laquelle le Bayit Shéni a été détruit.

 

עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent.

 

C’est très paradoxal : voici la mission dont Jacob charge ses envoyés. En principe l’objectif est d’apaiser la colère de son frère !

 

וַיְהִי-לִי שׁוֹר וַחֲמוֹר, צֹאן וְעֶבֶד וְשִׁפְחָה; וָאֶשְׁלְחָה לְהַגִּיד לַאדֹנִי, לִמְצֹא-חֵן בְּעֵינֶיךָ

Vayehi-li shor va’hamor

J’ai acquis taureau et âne

Tson

troupeau

ve'eved veshifchah

et serviteurs et servantes

va'eshlechah lehagid ladoni

et j’ai envoyé pour raconter à mon maître

limtso-chen be'eyneycha

pour trouver grâce à tes yeux.

 

Mais c’est tout le contraire il va exciter sa colère !

Cette mission consiste à confirmer à quel point celui-ci a profité de la malédiction de Esaü : parti avec un bâton de pélerin et revenu avec deux camps !

 

Rashi sur Vayehi li shor va’hamor :

וַיְּהִי לִי שׁוֹר וַחֲמוֹר

אַבָּא אָמַר לִי מִטַּל הַשָּׁמַיִם וּמִשְׁמַנֵּי הָאָרֶץ זוֹ אֵינָהּ לֹא מִן הַשָּׁמַיִם וְלֹא מִן הָאָרֶץ

Mon père m’a dit : « de la rosée des cieux et des graisses de la terre » (supra 27, 28). Ce ne sont des produits ni du ciel ni de la terre.

« Mon père m’a dit « tu seras bénis par la rosée du ciel et le gras de la terre ». Ce que je ramène de mon exil, ne vient ni du ciel ni de la terre »

 

Isaac lui a transmis la bénédiction qui était prévu pour Esaü, l’homme de la matière, mais il affirme ici que tout ce qu’il a acquis lui vient de son travail.

 

Ce que Rashi veut dire c’est que Jacob veut indiquer à Esaü qu’il n’a pas à lui reprocher d’avoir bénéficié de sa bénédiction, puisque ce qu’il a ne vient pas de la bénédiction « rosée et gras de la terre ». L’objectif de la mission est de préparer la rencontre.

 

Rashi sur Im Laban Garti :

גַּרְתִּי

לֹא נַעֲשֵׂיתִי שָׂר וְחָשׁוּב אֶלָּא גֵּר אֵינְךָ כְּדָאי לִשְׂנוֹא אוֹתִי עַל בִּרְכוֹת אָבִיךָ שֶׁבֵּרְכָנִי הֱוֵה גְּבִיר לַאֲחֶיךָ שֶׁהֲרֵי לֹא נִתְקַיְּמָה בִּי. דָּבָר אַחֵר גַּרְתִּי בְּגִימַטְרִיָּא תַּרְיָ"ג כְּלוֹמָר עִם לָבָן הָרָשָׁע גַּרְתִּי וְתַרְיָ"ג מִצְוֹת שָׁמַרְתִּי וְלֹא לָמַדְתִּי מִמַּעֲשָׂיו הָרָעִים

 

J’ai séjourné : Je n’y suis devenu ni un prince ni un notable, mais j’y suis resté un étranger, [le mot garti, (« j’ai séjourné ») étant de la même racine que guér (« étranger »)]. Tu n’as plus aucune raison, par conséquent, de me haïr à cause de la bénédiction que m’a donnée ton père : « sois un chef pour tes frères » (supra 27, 29), car elle ne s’est pas réalisée (Midrach tan‘houma Wayichla‘h 5). Autre explication : La valeur numérique des lettres de garti est six cent treize, comme si Ya‘aqov avait voulu dire : Tout en séjournant chez Lavan l’impie, j’ai continué d’observer les six cent treize commandements et je n’ai pas suivi ses mauvais exemples

 

En citant le Midrash Rashi dit :

Je n’ai pas été fait Sar prince, ministre important (chez Laban):

Rashi met en évidence le terme Garti : j’ai séjourné je suis resté Guer - métèque…

 

Il faut tenter de comprendre la position du juif dans l’exil : rester juif et non pas assimilé : il s’agit là de la question des droits sur Erets Israël pour Jacob. Esaü y a droit pour être resté dans le pays...

 

Jacob est resté berger des troupeaux de Laban, mais il aurait pu comme Joseph devenir ministre du pays. Il est resté Guer. Il est en ghetto chez son beau-père.

 

La question est très importante : Qui a droit à Erets Israël ?

 

La réponse est très claire, et elle est dans Rashi qui explique la position de Jacob : quelqu’un qui est resté attaché à Erets Israël sérieusement. Et pas mystiquement, pas mythiquement, pas par façon de parler. Ce n’est pas quelqu’un qui a mangé à deux râteliers, double nationalité, quelqu’un qui est resté juif et qui était ailleurs sans pourvoir faire autrement. Mais dès qu’il peut faire autrement il revient.

 

Rashi poursuit : « tu n’as pas raison de me haïr à cause des bénédictions de ton père, dont il m’a béni, il avait dit « tu seras Guévir le seigneur de tes frères » puisque cela ne s’est pas réalisé pour moi ».

 

L’objectif de la mission est d’établir les droits de Jacob sur Erets Israël. Le 1er argument de la plaidoirie c’est de dire qu’il revient comme un Guer.

 

Historiquement, il y a une espèce de faux discours sur les droits d’Israël en Erets Israël, lorsqu’on désigne les Israéliens comme les rescapés de la Shoah, des réfugiés revenant chez eux, alors que ce n’est pas cela du tout. Le sionisme était antérieur à la Shoah et c’est parce qu’il y a avait un Yishouv en Erets Israël que les rescapés de la Shoah ont pu le rejoindre. Ce n’est pas à cause de la Shoah qu’on a des droits sur le pays. Les Juifs tombent eux-mêmes dans ce piège, mais ils plaident un dossier faux. De plus l’argument : Les Arabes ne sont pas responsables de la Shoah...

 

Cela fait partie de toute une idéologie complétement fausse établissant un lien de cause à effet entre la Shoah et l’état d’Israël. L’état d’Israël a sa propre problématique bien avant l’hitlérisme. Au contraire, l’hitlérisme a empêché que l’état d’Israël ait l’envergure qu’il aurait pu avoir en tuant ces millions de Juifs.

 

L’objectif de l’hitlérisme c’était précisément d’empêcher la réussite du sionisme. Au niveau mystique c’est encore plus grave que cela.

 

Pendant que le peule juif se prépare depuis la fin du siècle dernier à revenir en Erets Israël, pendant ce temps, il y a une tentative des nations de détruire le peuple juif.

 

Considérer que l’un est la cause de l’autre, ou comme disent les orthodoxes, la cause négative : la shoah est la punition du sionisme... c’est avoir une pensée pathologique.

 

L’opinion internationale serait prête à entendre à la limite ce qu’entend ici Esaü : « tu reviens en tant que réfugié ? Alors va dans les camps de refugiés ! »

 

2ème argument :

Garti : j’ai séjourné Gématria et anagramme de Tariag : 613 !

« Comme pour dire : j’ai séjourné chez Laban le Rasha et j’ai préservé les 613 Mitsvot. Et je n’ai pas appris de sa mauvaise conduite. »

 

Je reviens en tant qu’hébreux et non pas en tant que juif assimilé. C’est la racine d’un problème culturel énorme en Israël, celui de tous ces Juifs assimilés qui projettent l’assimilation sur l’identité hébraïque.  

 

On comprend qui a droit à Israël finalement :

celui qui ne s’est jamais pris pour un étranger à l’étranger.

celui qui revient avec la Torah.

 

Une des raisons profondes des grands problèmes contemporains d’Israël, c’est qu’il y a deux sortes de motivations sionistes :

 

des Juifs qui ne voulaient plus être Juifs et qui auraient bien aimé s’assimiler ailleurs, mais on les en empêchait -  tout ce qui procède de l’intelligentsia européenne. C’est un 1er sionisme grâce à qui le pays existe en grande partie. 

 

Ceux qui viennent dans le pays pour être Juifs, ce qui était impossible ailleurs.

 

Les deux tendances sont contradictoires et se combattent.

 

C’est donc un passage très important que ce discours de Jacob préparant cette rencontre lors de son retour.

 

Sur cette Parashah, un enseignement du Ben Ish ‘Haï – Rabbi ‘Haïm Yossef - grand maître de la Kaballah du siècle dernier - grand sioniste qui a enseigné la Mistvah du retour en Israël au Bagdadim, le judaïsme antisioniste depuis 2000 ans. Babel ne voulait pas revenir en Erets Israël. Cela nous fait comprendre la différence entre un Babli et un Séfardi qui sont de rite séfarade parce qu’ils se sont trouvés dans l’empire musulman sous l’influence de la communauté séfarade du rite espagnole. Mais leur position idéologique est antisioniste de doctrine, de parti-pris, depuis le temps de Ezra et Néhémie. C’est Babel qui a refusé de revenir au temps d’Ezra et Néhémie et qui est le principe de l’idéologie diasporique que l’on attend le Messie à la fin des temps. Cette hérésie théologique vient d’eux les Bablim. Ce n’est pas un hasard qu’à la tête du Shass, il y a un Babli et non pas un Séfardi, même s’il se présente comme le Possek Séfardi, il est Babli.

 

Lorsqu’on demandait une réponse concernant un Beit Din, la réponse des Bablim n’était pas considérée comme prioritaire depuis le temps du Bayit Shéni.

 

Ben Ish ‘Haï dans son livre, une préface d’un ’Hakham parle d’une tradition dans son Beit Hamidrash qu’il était le Gilgoul d’un Tana (un grand de l’époque de la Mishnah) qui est revenu pour sauver les Juifs de Babel et les ramener à Jérusalem.

 

Dans son livre sur les Halakhot par Parashah, sur la Parashah de Vayishla’h, le récit où Jacob reçoit le nom Israël, le Ben Ish ‘Hay enseigne que la Guématria de Israël = 541 = Yaaqov + Mosheh + David. Israël c’est ainsi le peuple, la Torah et la terre.

 

Exactement ce qu’on trouve dans ce Rashi. Il ne dit pas qu’il l’apprend de Rashi mais c’est évident que cela en sort.

Quand il a dit Guer,  il annonce qu’il est resté rattaché à Erets Israël => c’est David.

J’ai préservé les 613 mitsvot => c’est Mosheh.

Et lui, il est Jacob => le peuple.

 

Quand Jacob a aussi les dimensions de Mosheh et David il s’appelle Israël.

Jacob seul n’est pas Israël. Mosheh seul n’est pas Israël. David seul n’est pas Israël.

 

Que la terre d’Israël sans Torah et sans peuple juif, ce n’est pas Israël.

Que la Torah sans le peuple et sans la terre, ce n’est pas Israël.

Et l’histoire a montré qu’une religion mosaïque...

.../...
lire la suite ici 


***

Partager cet article
Repost0
26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 20:28
VAYISHLA'H (1993)

Face A

 

Je vais commencer au chapitre 32 verset 4. C’est un récit assez long et j’ai choisi deux sujets que je voudrais étudier avec vous. Par acquis de conscience je vais vous demandez si vous avez des questions.

 

Q : Lorsque Abraham a été enterré dans la caverne de Makhpelah, Ishmaël a-t’il reconnu le droit à Israël ?  

R : C’est à la fin de ’Hayeh Sarah : le récit de la mort de Abraham et le fait qu’Ishmaël qui était en  Egypte rejoindre sa mère et marié à une égyptienne d’après le récit biblique que lui avait choisi Hagar. Ishmaël revient d’Egypte pour assister à l’enterrement de Abraham à ’Hévron, donc à la caverne de Makhpelah. Il y a un enseignement important que reprend Rashi sur ce contexte où Abraham est mort en bonne vieillesse. La question qui se pose c’est de savoir comment c’est possible étant donné le conflit entre Ishmaël par Hagar et Isaac par Sarah. Il répond par une indication du verset : « ont enterré Abraham Isaac et Ishmaël ses fils » L’ordre du verset qui donne  Isaac en 1er indique que Ishmaël aurait fait Teshouvah à ce moment-là, en reconnaissant que Isaac passe avant lui et que c’est bien lui qui est chez lui à ‘Hévron et qu’il est le Baal HaBayit dans la caverne de Makhpelah.

Seulement on pourrait se poser la même problématique à propos du conflit entre Esaü et Jacob, Seulement nous avons en fin de Parashah Toldot l’expression « Rivqah Em Yaaqov veEssav »

A ce moment là Rashi dit: le fait que nous savons déjà que Rivqah est la mère des deux, que signifie cette répétition ?

 

Principe d’exégèse :

Chaque fois que nous trouvons dans le Miqra et surtout dans le Talmud cette indication de Rashi, « je ne sais pas ce que cela vient nous enseigner », cela signifie ici « je ne sais pas comment vous dire ce que cela nous signifie », cela veux dire qu’il ne peut pas le dire. Ce n’est pas une leçon de modestie. Heneni yodea ma ba lealdenou. Rashi ne dit pas : je ne sais pas ce que cela veut dire mais je ne sais pas ce que cela nous enseigne.

Rashi a vécu un millier d’année après la grande destruction de Jérusalem par Rome. Jusqu’au temps de Rashi nous avons toute une série d’enseignants que l’on appelle les Podrim, ceux qui expliquent le texte, mais le commentaire de Rashi le Méfaresh n’est pas le seul. A son époque, d’autres écoles ont commencé un commentaire systématique du texte, alors que jusque-là il y avait des commentaires important de tels ou tels sujets, soit dans le texte de la Torah ou du Tanakh en général soit dans le Talmud. Mais le commentaire de Rashi a pris une importance colossale dans le monde juif tout entier, et s’est répandu partout. Dans le monde séfardi,  il y avait Rabenou ‘Hananéou, grand ‘Hakham d’Egypte, mais le commentaire de Rashi s’est imposé d’une façon générale.

Il faut bien comprendre l’importance de Rashi dans les commentaires des textes traditionnels.

 

C’est le fait que l’objectif de Rashi est d’expliquer la Torah des Hébreux aux Juifs descendants des Hébreux. Les Hébreux vivaient en un temps où ils étaient capables de diagnostiquer le sens simple Pshat des textes car ils vivaient un temps proche de la révélation. Leur culture était telle qu’ils comprenaient de manière immédiate de quoi le texte parle. Et puis la révélation a cessé.

 

Au bout d’un millier d’année, les Juifs - qui sont les descendants des Hébreux en exil sont dans un monde tout à fait différent de celui des Hébreux, dans un monde où la Révélation s’est cachée - n’arrivaient plus à comprendre de quoi il s’agissait. Alors les grands Méfarshim dont le plus grand d’entre eux fut Rashi en ce temps-là, ont jugé qu’il était devenu nécessaire d’expliquer pour les Juifs le sens qu’avait le verset pour les Hébreux. Et ce n’est pas du tout le même sens.

 

Ceux qui ont pratiqué le commentaire de Rashi ou du Ramban postérieur à Rashi, savent que le commentaire a pour but de nous empêcher de feindre de lire le verset à la manière des Hébreux, sauf pour les initiés au Lashon Haqodesh – le niveau du Sod.

 

Le commentaire a pour but de traduire le texte de la Torah dans un monde qui ne peut pas du tout comprendre ce que la Torah nous dit, le transposer dans un monde où la Révélation a cessé.

 

Comment taire.

 

Le commentaire nous indique comment il ne faut pas lire et nous donne une lecture pour empêcher de feindre de lire en traduction. Les Hébreux du temps de la révélation comprenaient l’hébreu. Etudier pour eux ne signifiait pas traduire mais étudier.

Aujourd’hui même dans les universités spécialisées, on appelle étudier un exercice de traduction qui aboutit à un  texte incompréhensible. L’exemple classique sur le 1er verset : Bereshit  Bara Elohim « au commencement Dieu avait créé » est une traduction littérale complètement privée de sens puisque cela ne peut pas être ni avant ni après le commencement. Alors que signifie le commencement ? On lit un texte faux complètement ! Il faut comprendre qu’il y a une tradition de sens qui s’est transmise de génération en génération et ceux qui la possèdent comprennent de quoi il s’agit : Rashi a été un de ces grands génies capable de traduire pour ces Juifs  le sens que le texte avait pour les Hébreux.

 

Parfois il dit : là il faut que tu comprennes par toi-même parce je ne peux pas te traduire ce que cela veut dire...

 

Indépendamment de la leçon de modestie (Talmud : « apprend à ta langue à dire je ne sais pas de façon à ne pas être convaincu de mensonge » on l’enseigne à propos de Moïse qui lors de la sortie d’Egypte a annoncé aux Hébreux qu’à ‘hatsot, aux environs de minuit, on sortira. Le Talmud demande : « Moïse ne savait-il pas ? » Il savait mais peut-être les astrologues égyptiens se seraient trompés et on l’aurait taxé de mensonge. De là, on tire l’enseignement que si on ne sait pas quelque chose ou la façon de le dire il faut dire qu’on ne sait pas...)

 

Dans cette expression, le Pshat – le Sod pour les Hébreux – lorsqu’Esaü a été disqualifié par rapport à Jacob, Rivqah ne s’appelle plus que la mère de Jacob. Mais comme Esaü est quand même né d’elle alors le texte dit avec les Taamim « mère de Jacob, et Essav, Em Yaaqov, vé-Essav ». Essav est en dehors. Il y a d’autres midrashim sur cette expression.

Or, cela, Rashi ne peut pas le dire dans le contexte culturel où il se trouve. Il vit dans un monde chrétien au moyen-âge. Nous savons qu’un grand commentaire chrétien, Nicolas de Lire, de son époque citait les enseignements de Rashi à la manière chrétienne.

 

Il ne peut pas dire, en contexte chrétien, qu’Esaü représente le profil d’identité du christianisme et qu’il est disqualifié par rapport à Jacob qui est lui Israël.

 

Précisément, étant donné que Rashi lui-même avait précisé que lorsque le texte fait passer Isaac avant Ishmaël c’est que Ishmaël a reconnu que Isaac passe avant, on pourrait croire ici que parce que Jacob passe avant, cela voudrait dire que Esaü a fait Teshouvah et s’est repenti vis-à-vis de Jacob. Voilà ce que Rashi veut nous empêcher ici de comprendre.

 

Et effectivement, il y a une très grande différence dans la solution du conflit entre Issac et Ishmaël. Nous suivons l’actualité en nous rendant compte qu’on n’est pas en ce temps-là. Il arrivera un jour où Ishmaël sera obligé d’avouer que c’est Isaac qui est chez lui à ‘Hévron. Et il y aura une reconnaissance qu’Israël est bien chez lui, le Baal HaBayit d’Erets Israël.

 

Nous vivons une époque où c’est le gouvernement israélien qui n’y croit pas.

Il semble que l’histoire est plus forte que les gouvernements.

 

Effectivement, c’est au temps de Mosheh Dayan qu’a été décidé de faire une ville juive à côté de ‘Hévron à Qriat Arba pour que tout soit en place, alors qu’il n’a en aucun cas décidé de faire une ville juive à côté de Shkhem, de Jéricho, ou de n’importe quelle autre ville arabe. Cela ne veut pas dire que Moshé Dayan ait lu Rashi, mais Rashi n’avait pas lu Moshé Dayan.

 

Q : le problème de Shkhem ?

R : J’en parlerai en 2nd lieu.

 

Là aussi nous avons un récit qui montre que dans la geste, l’histoire des Patriarches, il n’y a pas simplement l’événement anecdotique – le Pshat dénudé - Léhitpashet se déshabiller – le vrai Pshat selon le Gaon de Vilna c’est le Sod. Comprendre le Pshat signifie comment traduire ou transposer le texte biblique dans un monde où la révélation a cessé, c’est le Sod, ce qui est caché, pour nous qui sommes dans un monde où la révélation s’est cachée. Pshat Otiot Tipesh.

Croire que le Pshat est le Pshat c’est être Tipesh. (Idiot, stupide).

 

Nous verrons un épisode où on nous raconte la tentative du mariage de Dinah par Jacob et nous verrons quelque chose d’analogue à ce qu’on a étudié dans les Parashiot précédentes, lorsque le patriarche Abraham et le patriarche Isaac, lorsqu’ils descendent en exil à la frontière d’Erets Israël, disent de leur femme qu’elle est leur sœur.

Là, Jacob revenu de son exil en Egypte a quelque chose d’urgent à faire : marier sa fille Dinah.

 

***

 

Le 1er verset décrit la rencontre de Jacob et Esaü. Jacob était en exil chez Laban et en fin de compte in extremis grâce à l’intervention de Léa et Rachel qui lui font diagnostiquer les signes de la haine de Laban pour Jacob. 

 

Le récit de l’exil chez Laban est le modèle de tous les exils postérieurs. C’est le paradigme. Mot d’origine grec, en hébreu Déguem (dogma en grec)

C’est le modèle de structure de ce qui se passe dans un exil. Il y a 3 phases.

 

D’abord les Hébreux dans le cas de Jacob chez Laban et dans le cas de Joseph et ses frères arrivés en Egypte et qui sont d’abord accueillis comme des réfugiés de classe : ils vont sauver le pays. Ils sont reçus comme des métèques qui vont apporter la bénédiction dans le pays. On les met très rapidement à la tête de l’économie du pays. Et puis cela se passe partout comme cela.

 

2ème stade: la gloire: les Juifs, comme les Hébreux, forment l’élite du pays.

 

3ème stade. L’antisémitisme qui se déclenche et qui abouti à la Shoah si on ne fait pas comme Rachel et Léa ce diagnostic de s’enfuir avant. Les Juifs réagissent toujours trop tard.

 

Ménès Sperber : nous avons une telle capacité d’espérance que nous en sommes victimes. On vit un peu dans l’insouciance d’une histoire qui n’arrive pas à se faire connaître.

Nous avons donc là le modèle d’un exil en 3 phases et tout cela est dit en clair dans la Parashah précédente.

 

Et en fin de compte Jacob se décide à suivre le conseil de Rachel et Léa, il s’enfuit mais est rattrapé par Laban et ils signent un pacte à la frontière du Liban. Et voilà que Jacob doit rentrer dans le pays où Esaü son frère était resté, alors que Jacob était en exil chez Laban. Alors Jacob prépare la rencontre inévitable qu’il doit avoir avec son frère.

 

Malgré les analogies, le frère de Jacob resté dans le pays, ce n’était pas Ishmaël mais Esaü.

Et puis lorsque nous sommes revenus dans les dernières générations de l’exil de Rome, ce n’était pas Ishmaël c’était Essav – les Anglais.

Nous avons reçu le pays de la main des anglais et nous leur en sommes très reconnaissants.

Nous partageons là la gloire de Jeanne d’Arc qui a bouté les Anglais dehors (le drapeau de Jeanne d’Arc et le drapeau d’Israël ont les mêmes couleurs, le même bleu et le même blanc)

Nous avons donc trouvé les chrétiens comme maîtres du pays et c’est la rencontre avec Esaü.

 

Qu’en est-il à la fin des temps de la rencontre entre Jacob et Esaü ?

Ce que nous savons déjà des études précédentes, c’est que la tradition a fini par diagnostiquer dans Rome le profil d’identité d’Esaü dans sa rivalité avec Israël.

 

32:4

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו, אֶל-עֵשָׂו אָחִיו, אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה אֱדוֹם

Vayishla’h Ya'akov mal'akhim lefanav

el-Essav a’hiv artsah Se'ir sdeh Edom.

Et Jacob envoya des malakhim devant lui

À Essav son frère, et direction de Séir du champ de Edom.

 

Séir est le pays dont Essav héritera de l’autre côté du Jourdain.

Sdeh Edom qui s’appelle le champ d’Edom

Nous remarquons de suite le kefel lashon – la répétition des indications et des informations :

Il envoie des envoyés devant lui...

A Esaü son frère...

Artsah Se'ir Sdeh Edom...

 

De nombreux Midrashim rendent compte de ce doublement d’informations

 

Rashi sur Malakhim :

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים מַלְאָכִים מַמָּשׁ 

« Jacob envoya des malakhim » : malakhim mamash » (Beréchith raba 75, 4).

 

Le mot Malakh signifie « envoyé » et par le fait même un « ange ».

C’est un exemple de ce que les Hébreux comprenaient le mot de malakh ange. Les Juifs qui n’ont jamais eu cette expérience ne savent pas. Ils doivent souvent faire appel à l’imagerie de l’angéologie des païens parce que personne ne comprend ce que c’est.

 

Tout ce que nous avons c’est que ce sont des volontés envoyées par Dieu dans son monde, chargées de missions,  pour réaliser un tâche providentielle. Quel est maintenant le véhicule de cette tâche providentielle d’un Mmalakh (un malakh chargé d’une malakhah) ?

 

Il y a une discussion dans le Midrash Raba : malakhim bassar vadam ou malakhim mamash ?

 

Pour comprendre le sens de cette discussion il faut se référer à ce qui se passe un peu plus haut :

 

Chapitre 32 verset 1

וַיַּשְׁכֵּם לָבָן בַּבֹּקֶר, וַיְנַשֵּׁק לְבָנָיו וְלִבְנוֹתָיו--וַיְבָרֶךְ אֶתְהֶם; וַיֵּלֶךְ וַיָּשָׁב לָבָן, לִמְקֹמוֹ

Vayashkem Lavan baboker vayenashek levanav velivnotav vayevarech ethem vayelech vayashav Lavan limekomo

Laban s’est levé de bon matin, il embrasse ses filles et ses fils, il les bénit, et il s’en alla, et Laban est retourné à son endroit.

 

Verset 2

וְיַעֲקֹב, הָלַךְ לְדַרְכּוֹ; וַיִּפְגְּעוּ-בוֹ, מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים

VeYa'akov halach ledarko vayifge'u-vo mal'achey Elohim

Et Jacob est allé sur son chemin…

 

qui est le retour en Erets Israël et retrouver Isaac et Rébecca auxquels il n’avait donné aucun signe de vie durant tout le temps de son séjour chez Laban. C’est un mystère : le fait que lorsqu’Israël est en exil, il ne se préoccupe pas de savoir ce qui se passe en Erets Israël.

Le Midrash explique qu’il va y avoir une punition. Lorsque Joseph sera, durant ce même temps perdu, esclave en Egypte, lui non plus ne donnera pas signe de vie à Jacob.

 

C’est le thème de la double identité et du destin juif.

Pendant 2000 ans, les Juifs ne se sont pas préoccupés de fonder le sionisme.

Ils ont enrichi et fécondés toutes les civilisations du monde. New-York s’appelait originellement la Nouvelle-Amsterdam parce que fondée par des Juifs séfaradim d’Amsterdam.

Lors de l’expulsion d’Espagne très peu sont venus en Israël, avant même l’inquisition. La plupart d’entre eux sont allés fonder Amsterdam, les banques de Londres... etc.

Tout en disant pieusement l’année prochaine à Jérusalem et en laissant 7 peuples s’installer en Erets Israël, les Anglais étant les derniers.

 

Une des raisons essentielles de nos difficultés vis-à-vis d’Erets Israël, c’est que le monde entier ne croit pas que c’est vraiment notre patrie puisque cela ne l’a pas été pendant 2000 ans. Cela a été une patrie mythique et la plupart des Juifs, encore maintenant, s’en tient scrupuleusement à ce que dit la charte de l’OLP : Israël ce n’est pas une nation, c’est une religion. Cela ne se passe ailleurs qu’en Israël....

 

On le voit à la racine de l’histoire des Patriarches. Jacob oublie ses parents une fois au Liban de Laban. Midah Kenegued Midah, mesure pour mesure, Joseph oubliera son père, lorsqu’il sera en Egypte.

 

Verset 2

וְיַעֲקֹב, הָלַךְ לְדַרְכּוֹ; וַיִּפְגְּעוּ-בוֹ, מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים

VeYa'akov halach ledarko vayifge'ou-vo mal'achey Elohim

Et Jacob alla sur son chemin et le heurtèrent – le rejoignirent – des anges de Dieu

Ici ce sont vraiment des anges.

 

Verset 3

וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב כַּאֲשֶׁר רָאָם, מַחֲנֵה אֱלֹהִים זֶה; וַיִּקְרָא שֵׁם-הַמָּקוֹם הַהוּא, מַחֲנָיִם

Vayomer Ya'akov ka'asher ra'am machaneh Elohim zeh vayikra shem-hamakom hahu Ma’hanayim

Et Jacob dit, lorsqu’ils les a vu : c’est un camp d’anges divin, et il nomma le nom de cet endroit Ma’ahanayim.

 

C’est la forme duelle du mot Ma’haneh.

Ma’hanayim : les deux camps.

 

C’est là-dessus que se base le Midrash pour dire que ces Malakhim que Jacob envoie à Esaü peuvent être de ces Malakhim rencontrés lorsque Jacob retourne en Erets Israël.

C’est un récit que seul des Hébreux peuvent comprendre.

 

Rashi sur Ma’hanayim : 

מַחֲנָיִם
 שְׁתֵּי מַחֲנוֹת שֶׁל חוּצָה לָאָרֶץ שֶׁבָּאוּ עִמּוֹ עַד
Ma‘hanayim : Deux camps, [le mot ma‘hanayim étant au duel] : les anges de l’extérieur du pays qui étaient venus avec lui jusque là, et ceux d’Erets Israël qui s’étaient portés à sa rencontre (Midrach tan‘houma Wayichla‘h).


Shnei Ma’hanot : il y a avait deux camps c’est pourquoi les anges de ‘Houts Laarets qui l’ont accompagné jusque-là (la frontière) et les anges d’Erets Israël sont venus à sa rencontre.

 

Il faut se demander pourquoi Rashi cite cela, à moins de prendre Rashi pour une lecture pieuse, on n’y comprend rien !

 

L’important c’est que dans le texte que nous allons lire, la stratégie de Jacob avant la rencontre est de séparer la famille en deux camps, ce qui signifie qu’il y a deux camps sur terre qui correspondent aux deux camps dans le ciel.

 

Chapitre 32 Verset 8

Lorsque les anges qu’il a envoyé en missionnaire viennent lui donner la réponse de leur mission qu’Esaü l’attend sur le pied de guerre :

 

וַיִּירָא יַעֲקֹב מְאֹד, וַיֵּצֶר לוֹ; וַיַּחַץ אֶת-הָעָם אֲשֶׁר-אִתּוֹ, וְאֶת-הַצֹּאן וְאֶת-הַבָּקָר וְהַגְּמַלִּים--לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Vayira Ya'akov me'od

Jacob a eu très peur

vayetser lo

il fut dans l’angoisse

vayachats et-ha'am asher-ito

il sépara le peuple avec lui

 ve'et-hatson ve'et-habakar vehagmalim

et le petit et le gros bétail et les chameaux

lishneh machanot

en deux camps.

 

Quand il va prier pour demander l’aide de Dieu pour cette rencontre, verset 11, il va dire :

 

קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים, וּמִכָּל-הָאֱמֶת, אֲשֶׁר עָשִׂיתָ, אֶת-עַבְדֶּךָ:  כִּי בְמַקְלִי, עָבַרְתִּי אֶת-הַיַּרְדֵּן הַזֶּה, וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Katonti mikol hachasadim umikol-ha'emet

Je suis plus petit que toute charité et toute vérité

asher asita et-avdecha ki vemakli avarti et-haYarden hazeh.

que tu as fait avec moi, car avec mon bâton j’ai traversé le Jourdain

ve'atah hayiti lishney machanot.

et maintenant je suis devenu deux camps.

 

Habituellement on aurait tendance à lire cela comme une sorte de formule de reconnaissance de la bénédiction qu’il a eu chez Laban. Il est parti comme un refugié qui n’aurait que son bâton de pèlerin, et maintenant il revient enrichi à tel point qu’il a deux camps.  

 

Verset 12

הַצִּילֵנִי נָא מִיַּד אָחִי, מִיַּד עֵשָׂו:  כִּי-יָרֵא אָנֹכִי, אֹתוֹ--פֶּן-יָבוֹא וְהִכַּנִי, אֵם עַל-בָּנִים

Hatsileni-na miyad a’hi miyad Esav

Sauve-moi donc de la main de mon frère de la main de Essav.

 

Lu autrement : maintenant je suis divisé en deux camps, alors sauve-moi de mon frère !

Tant que Jacob est uni, Esaü ne peut rien faire contre lui. Mais séparé en deux camps…

 

…/…

lire la suite ici

*****

Partager cet article
Repost0
23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 19:35

Vayetse (mars 1996 )
La rencontre entre Jacob et Rachel 

 

Léon Askenazi (Manitou), Rabbin

Collège des Etudes Juives - AIU - Paris, mars 1996


http://www.akadem.org/sommaire/themes/philosophie/1/6/module_2980.php

 

…/…

(07’43)

Le sujet est une lecture biblique à la manière de la méthode que mon maitre Jacob Gordin nous a transmis et à la manière de cette méthode qui a été employée il y a à peu près 50 ans par les maitres de l’école de Paris et spécialement les anciens d’Orsay. Je mettrais précisèment l’accent sur les problèmes de la méthode. C’est évidemment le contenu qui est important, vous allez découvrir vous-mêmes pendant la lecture pourquoi j’ai choisi ce texte, c’est en hommage à Jacob Gordin qui  était un très grand maitre et à sa femme Rachel Gordin très grande éducatrice, et il s’agit d’un récit de la Bible entre Jacob et Rachel. Il ne faut pas s’en exalter, je ne dirais pas que c’est préfiguratif mais c’est très émouvant pour nous qui avons connu ce couple exceptionnel de relire ce texte de la rencontre entre Jacob et Rachel.

En introduction très brève je voudrais élucider 2 notions de l’exégèse biblique selon le Midrash en prennant deux exemples dans le Pentateuque.

La première notion est celle de « Drash ».

Le Midrash est l’application d’une méthode qui s’appelle le Drash. C’est-à-dire la recherche de ce que le texte veut nous communiquer pour nous, indépendamment de ce qu’il disait pour la génération pour laquelle il a été révélé. Alors le Drash c’est le fait qu’à chaque époque, à chaque temps, nous sommes les contemporains de la révélation, et nous devons être disponibles pour l’écouter. Il y a d’autres niveaux de lectures, on les a signalé : c’est le Pshat le Rémez et le Sod, ce Pardés auquel vous êtes familier.  Et c’est au niveau du Drash que je me réfère à une indication qui a été presque un leimotiv de l’exposé de Armand Abécassis : c’est que tout ce travail de reformulation de la lecture de nos sources, bien au-delà de 50 ans, c’est un travail énorme qui est en train de se faire en France, je me demande quand même si le judaïsme français pour la France n’est pas en train de préparer un relai avec le christianisme en lui formulant la disponibilité des sources. Des sources qui étaient absolument inatteignables pour les chrétiens. On reprendra un jour cette discussion, parce que ces livres qui sont en train d’être formulés à partir de cette méthode sont beaucoup plus utilisables par les chrétiens qui christianisent que par les Juifs.

La première notion est la notion du Drash. Voilà un Drash de la Guémara à propos d’un verset de la Méguilah de Esther. Et comme nous sortons de Pourim c’est un peu contemporain. Voilà ce que dit le Midrash du Talmud – ‘Houlin 139b - sur une expression du Deutéronome 31:18 dans la Parshah de Vayelekh lorsque à la fin du dernier discours de Moïse avant qu’il ne quitte l’histoire d’Israël il prévient qu’il y aura un temps où la révélation cessera.

Et alors là petite parenthèse - qui va dans le sens de la méthode du Midrash – le Midrash nous restitue les dimensions d’insertion dans l’existence et dans notre histoire de ce que la Bible dit. La Bible a son message qui est le Pshat. Pour bien comprendre le Pshat il faut aussi connaitre les autres niveaux de lecture, c’est un autre problème, mais pour nous lecteurs-auditeurs de la Bible - à chaque Shabat on doit réciter le Pentateuque – qui sommes à travers le temps, qu’est-ce que cela signifie pour nous ?

Il y a différents type de Midrashim. Celui que je vais vous citer historicise l’enseignement de Moïse dans son discours que Moïse est chargé de dire à Israël : lorsque vous arriverez à un stade d’inauthenticité critique :

Dt. 31:18:

וְאָנֹכִי, הַסְתֵּר אַסְתִּיר פָּנַי בַּיּוֹם הַהוּא, עַל כָּל-הָרָעָה, אֲשֶׁר עָשָׂה:  כִּי פָנָה, אֶל-אֱלֹהִים אֲחֵרִים

Et Moi cacher je cacherais ma face, en ce jour-là…

Talmud de Babylone traité Houlin page 139 b

Où est mentionné le nom d’Esther dans la Torah ? Du verset (Deutéronome 31) : "Et je

voilerai (Ma face)."

Note :

Bien que le nom d’Esther soit d’origine perse (Astar ou Astarée), les rabbins voient dans son nom une allusion au verbe astor qui veut dire « voiler », « occulter » (qui donne « mystère »), c’est-à-dire le temps où la prophétie s’arrête, et la parole de Dieu n’est plus audible.

Rachi :

L’histoire d’Esther : le verset «"Je voilerai (Ma face)" se réalisera au temps d’Esther, et du

fait de ce voilement de la face, il y aura de nombreux malheurs

 

Retenez-le en hébreu Haster, Astir : Haster commence par un et Astir commence par un Alef.

Et alors la Guémarah pose une question apparemment baroque - c’est toujours ainsi que commence un Midrash – voilà la question que ‘Houlin dans la Guémara va nous poser :  Ester Min Hatorah Min Ayin ? Ester de la Torah d’où ? Où y a-t-il dans la Torah une allusion à la reine Esther ?

 

De quoi s’agit-il ? Je vais essayer très rapidement de restituer le sérieux de la question et de la réponse de ce Midrash qui va nous historiciser le contenu du verset.

 

Il faut savoir que la révélation biblique a cessé au moment de ces événements de Ester, Assuérus, Mardochée, Haman. Jusque-là il y avait le temps des prophètes d’Israël et nous, nos ancêtres les Hébreux, étions dans un monde où la révélation était une expérience immédiate. Aucun des personnage biblique ne discute la parole du prophète et ne discute qu’il s’agit bien d’une révélation prophètique. On est pour ou contre mais jamais dans la Bible, il n’y a de théologie qui aurait pour objet de démontrer l’existence de Dieu. Ce ne sont pas des problèmes pour le judaïsme en tant qu’héritier de l’hébraïsme. Cela a cessé ! Et pourquoi les modernes ont-ils oublié qu’il y a de la révélation ?  Parce qu’ils ont oublié que cela a cessé !

 

La grande importance de Pourim c’est la fin de l’hébraïsme et le commencement du judaïsme.  Le judaïsme étant l’histoire d’Israël dans un monde où il n’y a avait plus révélation. Et c’est pourquoi c’est à cette époque - il y a 2600 ans environ, le commencement du 2ème temple - que vont se séparer deux lignées : la lignée des Kabalistes qui lisent encore l’hébreu dans le sens de l’hébreu des prophètes, et la lignée des croyants de la Bible qui s’y attache à une adhésion de foi et qui au fond, vos excuserez d’aller très vite - ne comprennent pas ce qu’ils lisent.

 

Simplement, il y a - je  le dirais dans le vocabulaire des Pythagoriciens - une répétition acousmatique – on répète ce qu’on a entendu – on ne comprend pas, on y croit. Parce qu’on sait qu’il y a des raisons historiques qui en fondent la vérité. Tandis que dans la lignée des kabalistes on comprend de quoi on parle. Et cela s’appelle la lignée des mathématiciens ches les pythagoricien, si je me souviens bien. Et nous vivons encore sur ce schisme. Ce n’était pas un schisme, mais cette différence d’option mène à des schismes perpétuels. Et d’ailleurs nous sommes en un temps de crise et le judaïsme risque d’éclater en deux morceaux : ceux qui continue de répèter sans comprendre et ceux qui comprennent. Et on ne sait pas de quel côté se trouvent les Juifs. 

 

Pour revenir au sujet, c’est donc le temps de de la fin de la révélation. La question des rabbins n’est pas du tout une blague de Pourim : où y a-t’il allusion à ce temps de la reine Esther dans la Torah déjá ? D’autant plus qu’ils savent que Ester est un mot persan alors que Hastar Astir c’est de l’hébreu ! Comme les rabbins qui nous enseignent que c’est le 1er de Tishri que le monde a été créé parce qu’ils lisent le mot de Bereshit en changeant un peu l’ordre des lettres en Alef Bé-Tishri. Mais ils savent très bien que Tishri est un mot araméen, chaldaïque, phénicien, et que Béréshit est un mot hébreu !

 

Depuis le temps de la création d’après le récit biblique, le Shabat, Dieu se cache pour que l’histoire de l’homme commence. C’est un premier Ester Panim. Le fait que la face de Dieu est cachée. Mais il y a des moments où il y a Astara Betokh Astara le fait que ce soit caché et ce fait même est caché. Et cela c’est les moments de fin de révélation. Parce que depuis le 1er homme jusqu’à la reine Esther, Dieu caché se révélait. Et les initiés de ce temps-là étaient prophètes mais c’était une capacité hébraïque de tout le peuple.  Et puis il y a différents niveaux de perception du dévoilement de ce qui est caché, : qu’il y a quelque chose et nos méres et nos grands-mères nous parlaient de ces hommes ces grands justes qu’elles connaissaient nous disant : « ils ont la Shékhinah sur la figure ».

Il y a des hommes au côté de qui on sait que ce qui est caché se révèle.  Et le fait que ce fait là s’arrête c’est la fin de la prophétie hébraïque. C’est-à-dire par seulement Astir mais Haster Astir : chacer je cacherais. Et c’est là que commence le temps du judaïsme avec le temps de la reine Esther qui clot le canon biblique. C’est pourquoi le nom de Dieu n’apparait pas en clair dans le livre d’Esther, comme si le livre d’Esther avait été écrit par Ha-Shomer Hatsaïr comme nous disait Jacob Gordin.

 

Voilà un exemple du Drash : comment appuyer sur l’enseignement du verset, la Astarah betokh Astarah, un problème d’histoire fantastique : la mutation entre le temps hébreu et le temps juif.

Puisque le judaïsme commence à partir de la reine Esther surtout de Mardochée (celui qui ne se prosternait pas devant Haman parce qu’il en avait marre d’hocher la tête). C’est la première fois que le mot de « juif » et non pas seulement de « judéen » apparait dans le livre d’Esther.

 

Il y a un enseignement du Rav Na’hman de Breslav extraordinairement profond à ce sujet : il y a deux formes d’athéisme :

 

-          Ester panim : l’athéisme qui perçoit le Ester Panim, le fait que Dieu est caché. Et c’est un athéisme rageur. C’est un athéisme qui perçoit le manque. C’est les Juifs militants de l’athéisme. Vous connaissez la boutade que les Juifs ont l’habitude de dire : il y a une grande différence entre l’athéisme juif et l’athéisme goï. Un goï athée c’est quelqu’un qui ne croit pas que Dieu existe. Une juif athée c’est quelqu’un qui croit que Dieu n’existe pas. Cela n’a rien à voir. Ils sont obsédé de Dieu parce qu’ils perçoivent le Ester Panim.

 

-          Astara Betokh Astara : le fait que Dieu se cache est caché et ne se perçoit même plus. Mais si même ce fait que Dieu est caché est un fait qui leur est caché alors il n’y a plus d’espoir. C’est ce que les psychiatres nous apprennent : on peut soigner un malade que s’il sait qu’il est malade.

 

Les ‘Hassidim vivent cela qu’ils savent tellement que Dieu est caché que pour eux Il est dévoilé. C’est quand on ne sait plus qu’Il est caché qu’il n’y a plus d’espoir et que rien ne soit dévoilé. 

 

Sur le même sujet, je vous donne un exemple du ‘Hidoush. Un ‘hidoush c’est un renouvellement de sens. Ce renouvellement de sens n’est authentique que s’il vient être compatible avec tous les enseignements de la tradition. Si il y a un seul enseignement de la tradition avec lequel cela ne colle pas, alors le ‘Hidoush est approximatif, donc faux. Ce qui est approximatif a une dimension positive d’être proche mais une dimension négative de n’être que proche. L’approximatif a la valeur de la proximité mais la contre valeur de l’approximation qui est la pire des catastrophe : lorsque cela ressemble et se borne à ressembler c’est pire que si c’était autre.

La Guémara de Kerouvot 110b dit: « Cela ne ressemble pas quelqu’un qui étudie tout seul de quelqu’un qui append de son maitre ».  la question que l’on se pose à la Yéshivah est : Cela veut-il dire que cela ressemble seulement alors pourquoi dit-il que cela ne ressemble pas ? Parce que cela veut dire : même ressembler cela ne ressemble pas.  C’est cela le danger de la proximité. 

 

Voilà le problème :

Lorsqu’il y a eu la faute du veau d’or, Dieu a décidé de ne plus se dévoiler publiquement à Israël mais de réserver la révélation de Sa parole à Moïse dans la tente d’assignation, Ohel Moéd, le tabernacle. Voici ce que dit le verset.

Exode chapitre 33 verset 11 :

וְדִבֶּר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה פָּנִים אֶל-פָּנִים, כַּאֲשֶׁר יְדַבֵּר אִישׁ אֶל-רֵעֵהוּ

 

A partir du moment où la révélation est singularisée à Moïse :

VéDiber  Hashem El-Mosheh Panim El-Panim

Et parlait Hashem (Celui dont on dit qu’Il est Dieu) à Moïse face-à-face

Kaasher Yidaber Ish el-rééhou

Comme parle un homme à son ami.

 

Ménahem Récanati (cabaliste italien 1250-1310)

Et comprends qu’il n’est pas dit « face dans face » (panim bépanim), car cette formule a été

dite pour tout Israël (Deutéronome V, 4) « face dans face l’Eternel vous a parlé. » [Dans le

sens d’une imposition, et le peuple en a eu peur ; mais pour Moïse il est dit « face vers face], « comme un homme parle à son ami », car il recevait la prophétie et ne tremblait pas.

 

Et nous avons énormément de ‘Hidoushim sur ce verset.

Je vous donne un exemple : dans la révélation du Dieu des Hébreux à Son peuple il n’y a rien qui ressemble à l’oracle. Au contraire, chez les prophètes païens pus on est en transe, en exaltation, plus on est inspirés et par terre. Cela me rappelle Lévinas sur la différence entre Bilaam et Moïse : il y a un verset concernant Bilaam : nofel ou il tombait à terre et ouvrait les yeux et voyait. Rashi explique qu’il tombait à terre à plat ventre pour cacher le fait qu’il n’était pas circoncis. Cela veut dire qu’il peut voir mais ne peut pas être vu. J’ai suivi les cours en Sorbone d’un très grand philosophe des valeurs Lessène qui disait : ne me demandez pas de vivre d’après ce que je vous dis. Moi, je suis le poteau indicateur, et le poteau indicateur ne va pas où cela indique. Il disait cela avec une grande noblesse. C’est cela Bilaam. C’est-à-dire qu’il peut voir mais ne peut pas pas ëtre vu, ne peut pas être jugé. Et Lévinas a raison. Il a une très profonde analyse là-dessus, il n’osait pas dire peut-être que c’est la différence entre le prophète et le philosophe.

 

Ja vais vous formuler un de ces ‘Hidoushim : dans la halakhah mishloah manot le fait que l’on se donne des cadeaux à Pourim pour reconstruire l’amitié dans la communauté. Il y a deux Mitsvoth : mishloah manot et matanot laévionim. Le judaïsme commence par préserver l’essentiel des grands mouvements fondateurs de l’histoire des Hébreux : Dieu ne se révéle que si le peuple auquel Il se révèle est uni. Il y a donc ce commandement de s’envoyer d’ami á ami des repas complets. Il ne s’agit pas de gâteaux mais des vrais repas complets, et puis la charité, la Tsédaqah aux pauvres. La Halakhah dit que l’on peut considérer un ‘Hidoush comme  mishloah manot. Je dis cela pour les Talmidei ‘hakhamim, si vous n’avez pas le temps d’acheter la bouteille de vin et la cuisse de poulet vous faites un ‘Hidoush et vus l’envoyer à votre ami.

Vous allez voir pourquoi : quand on lit le verset :

Exode chapitre 33 verset 11 :

וְדִבֶּר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה פָּנִים אֶל-פָּנִים, כַּאֲשֶׁר יְדַבֵּר אִישׁ אֶל-רֵעֵהוּ

Kaasher cela veut dire comme. Mais on va le lire en hébreu dans le sens de « quand » : Quand est-ce que Dieu parle à Moïse ? Quand un homme parle à son ami !

Et là tout de suite, il y a une profondeur du verset pour le temps des Juifs et que la révélation dépend de l’éthique, comme dirait Lévinas, et on n’a rien changé au verset. Cela s’appelle un ‘Hidoush.

 

VéDiber  Hashem El-Mosheh Panim El-Panim

Et parlait Hashem à Moïse face-à-face

Kaasher Yidaber Ish el-rééhou

Comme parle un homme à son ami : les amis se disent la vérité.

 

Et alors quand est-ce que Dieu parle à Moïse bien que la révélation ait cessé ?

Quand un homme parle a son ami !

S’il arrive ce miracle qu’un homme parle à son mari, Dieu parle à Moïse, et il y a là un ‘Hidoush. 

 

***

 

Nous avons dans ce texte la rencontre entre Jacob et les bergers de ‘Haran qui vont être précisément définis par ce texte comme étant les bergers de l’universel. Et voilà le berger hébreu qui va rencontrer les bergers de l’universel. Je vous indique un des thèmes dont je voudrais vous parler.

 

A la lecture du texte on s’aperçoit du monde de problèmes et toute traduction ne nous laisse même pas sur la surface, parce que l’hébreu est beaucoup plus précis que cela et la lecture de la bible d’après le Midrash exige l’hébreu. Et d’ailleurs cela demande aussi l’araméen, surtout l’hébreu.

 

Dans la bible du rabbinat il arrive qu’en bas de page on trouve la note indiquant : « verset obscur ». Ce qui nous console parce qu’on ne la trouve jamais dans les bibles chrétiennes.  C’est inquiétant parce que si pour un rabbin un verset est obscur, il vaut mieux changer de métier et aller vendre des cacahuettes, cachères autant que possible. C’est parce qu’en général dans ces versets-lá on n’a pas pris la précaution d’aller voir dans le Talmud ce que le verset veut dire. Comme ce n’est pas sérieux d’aller voir dans le Talmud ce qu’un verset de la bible veut dire alors on met « verset obscur » !

 

Gn. 29:1:

וַיִּשָּׂא יַעֲקֹב, רַגְלָיו; וַיֵּלֶךְ, אַרְצָה בְנֵי-קֶדֶם

Et Jacob leva ses pieds et alla en direction du pays des Benei Qedem les enfants de l’orient/antérieur. Ce qu’il y avait avant.

 

Il va s’y diriger en quittant le pays de Canaan à cause de la colère-frustration d’Esaü son frère, je ne reviens pas sur l’histoire, il va s’enfuir chez laban pour se mettre à l’abri dans la famille de sa mère suivant la consigne de sa mère. Et voilà commence le récit. Jacob est parti léger comme l’air il a lever les pieds comme si c’était des ailes dira un commentateur parce qu’il a la promesse de la protection de la Providence dans l’exil. Edmond Fleg a fait un poème sur le Midrash que je vais vous citer. Isaac s’adresse à Dieu et lui demande : « fais-moi voir l’avenir de ma descendance ».  Pourquoi Isaac ? Parce qu’il est le patriarche du « sacrifice » qui n’a pas eu lieu. Alors Dieu lui montre jusqu’à la Shoah y compris mais pas après. Isaac est épouvanté à la vision de cette avenir de sa descendance. Dieu lui demande : Tu veux que je changes de peuple ? Isaac répond : « non, non ne change pas de peuple ». Et Isaac est monté sur l’autel...

Cela veut dire que l’exil est tellement périlleux qu’il faut une promesse particulière de proteciton qui parfois ne joue pas. Tout cela s’étudie, mais relisez les textes précédents.

Il y a un Midrash qui explique que Dieu a demandé à Isaac : « Choisis, soit l’exil ! soit l’enfer ! »

Isaac a réfléchi comme s’il y avait une différence, et il a dit : « l’exil ! ».

Que signifie l’enfer ?

Si on ne s’occupe pas des païens  on devra aller en enfer pour s’occuper d’eux. Alors il vvaut mieux l’exil ! Mais à part cela il n’y a pas de différence…

 

Je reviens au sujet :

29:2:

וַיַּרְא וְהִנֵּה בְאֵר בַּשָּׂדֶה, וְהִנֵּה-שָׁם שְׁלֹשָׁה עֶדְרֵי-צֹאן רֹבְצִים עָלֶיהָ--כִּי מִן-הַבְּאֵר הַהִוא, יַשְׁקוּ הָעֲדָרִים; וְהָאֶבֶן גְּדֹלָה, עַל-פִּי הַבְּאֵר

 

וַיַּרְא וְהִנֵּה בְאֵר בַּשָּׂדֶה

Vayar véhineh Beer Basadeh

Et il vit voici un puit dans le champ.

 

Tout de suite on va voir une scène pastorale d’une profondeur poétique extraordinaire en tout cas en hébreu.

 

וְהִנֵּה-שָׁם שְׁלֹשָׁה עֶדְרֵי-צֹאן רֹבְצִים עָלֶיהָ--כִּי מִן-הַבְּאֵר הַהִוא, יַשְׁקוּ הָעֲדָרִים; וְהָאֶבֶן גְּדֹלָה, עַל-פִּי הַבְּאֵר

Et voici que là-bas il y avait trois troupeaux accroupis sur le puit

car ce puits servait à abreuver les troupeaux

et la pierre était grande sur la bouche du puit.

 

Tout de suite on pense – c’est un premier niveau de lecture le Pshat – à une explicaiton de sens, il va s’agir du puit de la vérité. Et voilà que le puit de la vérité est bouché, il y a une pierre sur la margelle du puit et les troupeaux ne peuvent pas s’abreuver. A quelle condition vont-ils pouvoir s’abreuver ? On va l’apprendre :

 

וְנֶאֶסְפוּ-שָׁמָּה כָל-הָעֲדָרִים, וְגָלְלוּ אֶת-הָאֶבֶן מֵעַל פִּי הַבְּאֵר, וְהִשְׁקוּ, אֶת-הַצֹּאן; וְהֵשִׁיבוּ אֶת-הָאֶבֶן עַל-פִּי הַבְּאֵר, לִמְקֹמָהּ

 

Il y a un changement :

Et se rassemblait là-bas tous les troupeaux

Ils feront glisser la pierre de dessus la margelle du puits et ils abreuveront le bétail, puis ils raméneront la pierre sur la margelle du puits

 

Les trois préfigurent l’universel. C’est un thème pour lui-même dans le Midrash : il faut qu’il y ait trois rythme pour que la mélodie commence. C’est un enseignement très riche. Il faut frapper trois coup pour que la porte s’ouvre. Il y a un rythme naturel – un, deux, trois - c’est là que cela commence. Cela se rattache au fait de la question très mystérieuse :pourquoi avons-nous trois patriarches ? L’histoire d’Israël commecne au 4ème top si j’ose dire. Abraham Isaac Jacob cela va très vite, et puis le 4ème qui doit être le messie…

Voyez tout ce qui se passe dans ces trois qui représentent l’universel.

 

Il faut que tous les troupeaux – on devine déjà tous les bergers derrière les troupeaux – soient là pour qu’on ait a force d’enlever la pierre du puit. C’est l’utopie de l’universel : la vérité ne se dévoilera que s’il y a l’universel ! Retenons déjà cette première indication.

 

Cela commence à être très beau cette scène pastorale, Jacob berger qui rencontre de sbergers e tleur dit : « mes frères »…

 

וַיֹּאמֶר לָהֶם יַעֲקֹב, אַחַי מֵאַיִן אַתֶּם; וַיֹּאמְרוּ, מֵחָרָן אֲנָחְנוּ

Vayomer lahem Yaaqov : A’hav meïn Atem ? Vayomrou Mé’haran Ana’hnou

Et Jacob leur dit : mes frères d’où êtes-vous ?

Ils dirent nous sommes de ‘Haran

 

Ils ne disent pas de l’orient ou de l’antérieur, et dans la tradition humaine universelle les bergers originels et puis toujours de l’antérieur et de l’orient. Mais ils répondent de ‘haran, la ville où la famille d’Abraham s’est arrêtée dans une étape entre our-Qasdim et le pays de Canaan. Abraham avait achevé la sortie d’exil mais eux était resté dans le « désert» de ‘Haran. Il y a à chaque sortie d’exil une partie du peuple qui reste dans une étape du voyage. Et seul Abraham achéve cette sortie d’exil. Ils disent : Nous sommes de ‘Haran. Et ‘haran c’est l’endroit où habite le reste de la famille d’Abraham. Là où Jacob pourra prendre femme, parce qu’il ne fallait avant que Jacob ne s’appelle Israël, épouser des filles de Canaan qui aurait occasioné un mélange des lignées. 

Tant qu’Israël n’est pas là il y a interdiction pour le fils du patriarche d’épouser une fille étrangère. Dès qu’Israël est là c’est possible. Par exemple Moïse. Moïse ne pouvait se marrier dit Avrabanel qu’avec une Tsiporah qui n’était pas d’Israël parce que Moïse équivaut à tout Israël ! il ne peut donc pas toruver dans Israël une femme pour lui, il faut qu’il trouve la fille du prophète des nations de ce temps-là qui était Jéthro. Mais c’est après qu’Israël est Israël. Tant qu’il n’y a pas l’adresse où s’adresser, il ne faut pas faire de mélange. Dès qu’il y a l’adresse, alors il y a une seule adresse.

 

La suite est très belle :

 

וַיֹּאמֶר לָהֶם, הַיְדַעְתֶּם אֶת-לָבָן בֶּן-נָחוֹר; וַיֹּאמְרוּ, יָדָעְנוּ

Il leur dit : connaissez-vous Laban fils de Na’hor ? Ils dirent : nous connaissons.

 

Il demande : est-ce que cela existe encore cela l’homme proche ?

Si j’ose dire c’est Jacob qui est exilé de son pays qui arrive à ‘Haran et demande : y a-t-il encore des Juifs de diaspora ? Connaissez vous Laban fils de Na’hor, ceux qui étaient restés, présidents de la fédération sioniste de Marseille….  

 

וַיֹּאמֶר לָהֶם, הֲשָׁלוֹם לוֹ; וַיֹּאמְרוּ שָׁלוֹם--וְהִנֵּה רָחֵל בִּתּוֹ, בָּאָה עִם-הַצֹּאן

Vayomer lahem : Hashalom lo ? Vayomrou: shalom ! Véhineh Ra’hel Bato, Baah Im HaTson

Il leur dit : A-t’il la paix chez lui ? Ils dirent Shalom la paix ! Et voici Rachel sa fille qui vient avec le troupeau.

 

Je me rappelle un enseignement du Rav Kook : la manière de se saluer dans la famille d’Abraham c’est de dire Shalom. Et s’il y a la paix de dire Salam. S’il n y a pas la paix on dit « Shalom ».

 

Cela devient important : on ne peut pas oublier que Jacob est le résultat d’une histoire où l’on cherche la paix, et il ne l’a pas trouvé. Caïn et Abel sont deux frères et l’un tue l’autre, et le mot de frère disparait du récit jusqu’à Abraham. C’est un thème de réflexion du Midrash : l’être-frère, l’être de fraternité a disparu quand Caïn a tué Abel. Et le mot « frère » ne revient que lorsqu’Abraham rentre dans l’histoire. Pas seulement le mot « frère », mais également  le mot « sœur ». Cela commence avec les récits de l’histoire d’Abraham entrant dans le monde, alors il y a des frères et des sœurs et il faut réussir cela. A la première génération Isaac et Ishmaël, cela ne marche pas ils se séparent. A la 2éme génération, Jacob et Esaü, c’est l’échec, ils se séparent. Jacob est le résultat d’une expérience d’échec et il commence par dire « mes frères… la paix ». C’est l’utopie hébraïque. Il vient d’être meurti par l’échec absolu et il dit : « mes frères », « la paix »!  C’est étrange, d’une grandeur extraordinaire que l’on verra tout à l’heure.

 

29:7:

וַיֹּאמֶר, הֵן עוֹד הַיּוֹם גָּדוֹל--לֹא-עֵת, הֵאָסֵף הַמִּקְנֶה; הַשְׁקוּ הַצֹּאן, וּלְכוּ רְעוּ

Il dit : "le jour est encore long, il n'est pas l'heure de faire rentrer le bétail: abreuvez les brebis et les menez paître."

29:8:

וַיֹּאמְרוּ, לֹא נוּכַל, עַד אֲשֶׁר יֵאָסְפוּ כָּל-הָעֲדָרִים

Ils dirent: "Nous ne saurions, jusqu'à ce que tous les troupeaux soient rassemblés…

on déplacera alors la pierre qui couvre l'orifice du puits et nous ferons boire les brebis."

Il y a là deux types de bergers. Des bergers qui ne peuvent jouer leur rôle de berger que s’il y a l’universel et que tout le monde est là. Et Jacob leur explique : nous les Hébreux chacun est berger…

 

29:9:

 עוֹדֶנּוּ, מְדַבֵּר עִמָּם; וְרָחֵל בָּאָה, עִם-הַצֹּאן אֲשֶׁר לְאָבִיהָ--כִּי רֹעָה, הִוא

Comme il s’entretenait avec eux, Rachel vint avec le troupeau de son père car elle était bergère.

 

Ils étaient encore en train de parler de l’universel et rachel vint avec le troupeau.

C’est extraordinaire cette note du verset : quand la bergère vient à la recontre du berger hébreu alors il va se passe quelque chose.

 

וַיְהִי כַּאֲשֶׁר רָאָה יַעֲקֹב אֶת-רָחֵל, בַּת-לָבָן אֲחִי אִמּוֹ, וְאֶת-צֹאן לָבָן, אֲחִי אִמּוֹ; וַיִּגַּשׁ יַעֲקֹב, וַיָּגֶל אֶת-הָאֶבֶן מֵעַל פִּי הַבְּאֵר, וַיַּשְׁקְ, אֶת-צֹאן לָבָן אֲחִי אִמּוֹ

Lorsque Jacob vit Rachel fille de laban frère de sa mère, et le torupeau de Laban frèere de sa mère, Jacob s’approcha, découvrit la pierre de desssus du puit et il abreuva le troupeau de laban frère de sa mère.

 

Cela veut dire : quand Jacob a vu rachel il a tout seul la force de lever la pierre contrairement aux autres bergers qui ont besoin de l’utopie de l’universel qui ne se réalisera jamais, on est averti par le contexte : depuis le temps de l’orient antérieur pour espérer lever la pierre…

 

Voilà le mystère de la rencontre entre Jacob et Rachel. Sans l’amour entre Jacob et Rachel, la pierre reste sur le puit. C’est quand il a vu Rachel qu’il a eu la force d’équivaloir à tous les bergers à la fois.

 

Le Midrash intervient pour nous dire une chose apparemment baroque. On est déjà préparé à entendre ce Midrash par la première lecture. Il va interroger ce nom de ‘Haran ville-étape des frères de la famille d’Abraham qui ne sont pas revenus vers le pays des Hébreux.

« ‘Haran c’est ‘Harona poh shel Olam c’est la colère du monde ».

Qu’est-ce que cela signifie ?

Les noms dans la bible ont toujours un sens.

Reprenons le verset 4 :

וַיֹּאמֶר לָהֶם יַעֲקֹב, אַחַי מֵאַיִן אַתֶּם; וַיֹּאמְרוּ, מֵחָרָן אֲנָחְנוּ.

Jacob leur dit: "Mes frères, d'où êtes vous?" Ils répondirent: "Nous sommes de Haran."

 

En hébreu Ayin cela veut dire d’où et cela veut dire le néant.

Ce n’est donc pas une question mais une proclamation et c’est toute la théologie des Hébreux:

Mes frères vous venez du néant.

Le problème à résoudre c’est le problème de la fraternité. Pourquoi ? Parce qu’il y a un créateur qui nous a acréé du néant et nous a donné à chacun tout pour être mais il y a une chose que nous devons reconstruire c’est la fraternité des créatures. Au cours du séminaires Armand Abécassis a parlé du triangle à propos du verset  « Véahavtah reakha kamokha » tu aimeras ton prochain comme toi-mëme parce qu’il a le même Créateur. En bas du triangle la multiplicité des créatures. Le Créateur unique donne tout à chacun, mais il les créé rivaux. Par définition, les créatures sont rivales parce qu’elles ont un Créateur. Elles reçoivent tout l’être mais la seule chose que le Créateur leur réclame c’est l’amour du prochain.

Les créatures sont pas définition rivales - je pensais que c’était déjà une évidence de la culture moderne qui a découvert la polémologie : la science de l’agressivité, de la rivalité. Et d’ailleurs plus on est proche plus on est rival. C’est pourquoi le verset parle du prochain et pas du lointain. Le lointain n’engage à rien. Le Midrash dit à propos de Jacob et Esaü :  ceux qui s’allaitent au même sein maternel ne sont jamais loin l’un de l’autre, parce qu’ils ont le même abreuvoir si j’ose dire. 

Par le fait que nous ayions été créés, cela veut dire que nous recevons l’être d’un Être qui nous donnel’être et par ce fait là même nous sommes rivaux, parce que le Créateur donne tout à chacun sauf une seule chose qu’il réclame de la créature : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».     

 

Alors dans un condensé de trois mots le Midrash nous fait lire ceci :

אַחַי מֵאַיִן אַתֶּם

A’haï nous sommes frères. Et c’est notre problème.

C’est pourquoi nous avons à résoudre ce problème de la fraternité parce que nous venons du néant, parce que nous sommes créés.

 

Je reprends le même étonnement : Jacob qui vient d’une expérience d’échec de la fraternité et est obsédé par le problème de la révélation biblique pour arriver à restaurer la relation de fraternité. Le berger d’israël rencontre les bergers de l’universel. Quel est son message ? le problème de la fraternité. Ils répondent négativement : Nous sommes de ’Haran, la colère du monde.

Quel es tle problème du monde : à l’origine il y a une grande colère et il faut amadouer la colère. Il faut apprivoiser celui qui s’est mis en colère, c’est-à-dire le Dieu du péché originel.

Et vous voyez la cristallisation de deux fonctions des bergers : les bergers de l’universel ont fini par rencontrer la théologie chrétienne : à l’origine il y a une grande colère. Il faut amadouer la colére. C’est cela le problème de la chrétienté avec le problème du péché originel qui fait que nous sommes incapables de résoudre le probléme de la fraternité qui est le problème de la loi.

 

Voilà cette rencontre :

Jacob : mes frères vous venez du néant ! 

Ils répondent : non ! nous venons du pays de la colére…

 

Le Midrash vient nous transfigurer le récit. Ce récit qui s’est passé comme il s’est passé dans son historicité propre que signifie-t’il pour nous ? Et il est formulé de tous les aspects de l’éternité, au niveau du problème éternel de l’humanité.

En fin de compte ne se cristalisent que deux positions : soit résoudre le problème moral de la fraternité, soit la magie impliquée par le mythe du péché originel.

 

[ Tous les malheurs du monde viendrait de ce que leur ancêtre qui le premier être vivant ayant le courage d’être homme aurait mangé une pomme. C’est d’une ingratitude monumentale ! Et ce serait un Dieu démoniaque qui aurait inventé un monde pareil… L’humour juif : tous les jours de Rosh hashana à la date anniversaire de cet événement-là, les Juifs trempent une pomme dans le miel et la mangent… ]

 

Ce mythe du péché originel est en contradiction absolue avec tous les enseignements des prophètes bibliques. Il faut comprendre ce que cela veut dire dans le texte hébreu, mais c’est un autre problème d’exégèse. Adam harishon aurait mangé une pomme et le monde serait ce qu’il est…

Et des générations de lecteurs de la bible qui ne se rendent pas compte de ce qu’ils disent.

C’est là la théologie, la mythologie, la philosophie des bergers de l’universel : à l’origine il y a une grande colère – la pomme – alors il faut pour résoudre cette grande colère amadouer le Dieu de la colère et réaliser l’universel des bergers avant d’enlever la pierre de la bouche du puit. Jacob intervient : ne connaissez vous pas la famille d’Abraham ? N’avez-vous jamais entendu parler de paix ? Oui cela existe. Et Rachel vient. Et parce qu’il y a amour entre Jacob et Rachel on enlève la pierre du puit.

 

On s’est trompé d’objectif. Voyez l’amalgame: les chrétiens ont projeté sur le récit de la Torah sur le problème de la fraternité un récit magique qui explique l’état des choses. Or, il suffit de réfléchir de maniére élémentaire : pourquoi l’humanité est telle dans l’état où elle est depuis que Caïn a tué Abel ?  Parce que tout simplement perpétuellement, Caïn a tué Abel. Non pas parce que Dieu s’est mis en colère à cause d’une pomme !

 

Voyez la différence : on est de Canaan ou de ‘Haran, on est Jacob le berger hébreu ou bien les bergers de l’universel. Entre les deux un mot du Midrash « ’Haran  comme l’endroit de la colère du monde ».

 

Q: est-ce que Melkitsedek est de ‘Haran ? 

R : non, c’est à Salem il était le grand-prêtre de Salem où par la suite les Hébreux ont construit Jérusalem. Sa rencontre avec Abraham a eu lieu à Jérusalem. Malkitsedek Melekh Shalem.

 

Q : en tout cas la mère du roi de Babylone Navanid était grande-prêtesse de ‘Haran.

R : et bien voilà ! Sans aucun jugement de valeur, je comprends l’angoisse des croyants du mythe du péché originel. Pour expliquer l’état du monde sans devenir complétement fou : Dieu qui créé le monde et comment se fait-il que le monde soit dans l’état dans lequel il est ? Alors il faut une explication. A l’origine une grande colère. A cause d’une pomme !

A propos du verset obscur : en fait dans la maison d’étude on se rend compte que depuis le début on ne comprend rien à la Bible. Il faut savoir que c’est un livre étrange. Seulement, je suis fasciné par la ferveur de l’humanité entière vis-à-vis d’un livre qui est incompréhensible. Je vous donne une exemple avec les premiers versets:

Au commencement Dieu créa les cieux et la terre. Mais cela ne peut être ni avant le commencement ni après ! Alors ce mot de  commencement est de trop ! Donc on lit un verset faux, ce n’est pas ce que le verset a voulu dire ! Puisqu’il ne va as dire une lapalissade. Par cnséquent cela veut dire autre chose. Et Rashi intervient avec le Midrash pour nous expliquer. Il y a un objectif, une finalité, un but à atteindre, il y a un commencement et donc un jugement dernier. Mais comme on a peur de lire ce qu’il ya d’écrit alors on le lit en grec. Et 2ème verset. Et la terre était chaos ! On ne se rend pas compte de ce qu’on lit : Dieu a créé le monde et la terre était en état de chaos ! Quel est ce récit étrange ? Et l’épisode de la côte. Tout est créé c’est magnifique et on arrive à l’ëtr ele plus important au monde, la matrice des engendrements, la première femme, la première mère c’est l’histoire de fous : une salle d’opération, une anesthésie et on prend une côte et on en fait une femme… Le Talmud intervient pour remettre les choses au point. C’est une histoire de fous que l’on lit avec une piété et une ferveur extraordinaire tel quel. Vous voyez pourquoi le Midrash est important pour dire de quoi il s’agit.

 

A propos d’Abraham et Nimrod : les deux sont révoltés. Nimrod est révolté de l’état du monde et en veut au Créateur. Il se révolte contre le Créateur. Abraham est révolté de l’état du monde et se met au service du projet du Créateru pour arranger le monde. Ce sont deux voies et il n’y en pas trois !

Abraham va rencontrer le berger de l’universel qui était Melkitsedek. Lequel va passer le relai. C’est le probléme de l’utopie chrétienne : amadouer le Dieu de la colère du péché originel par le  rassemblement de l’église œcuménique et romaine universelle. Et cela devient l’impérialisme chrétien. C’est l’échec permanent, cette utopie n’a pas de prise sur la réalité. Vient un berger hébreu qui parle de l’amour du prochain réllement et non pneumatiquement dans l’esprit mais dans la réalité, et la pierre se lève du puit… Et d’ailleurs l’universel s’abreuve à cette eau biblique que personne ne comprend.

 

C’est un mystère pour moi.

J’ai eu le privilège de naître dans une famille de rabbins où l’on parlait hébreu. Je n’ai jamais pu comprendre cette ferveur des lecteurs de la bible dans une autre langue que l’hébreu. Et cette ferveur est indéniable. Cela ne justifie pas les Chrétiens. C’est une lecture dans une traduction fausse. Même expérience chez les mouvements de jeunesse quand certains chantaient les chants Hébreux avec ferveur sans les comprendre.

 

Q : En quoi cette méthode que vous appliquez est-elle caractéristique de Gordin ?

R : La connaissance de la sagesse universelle de Jacob Gordin était tellement grande qu’il savait nous dire à quoi correspondait ce que les rabbins du Midrash disaient. C’est de Gordin cela que la colère du monde c’est le péché originel. Cette traduction-là on la doit à Gordin. Il ne faut pas inventer dans le langage des sermons piétistes des allégories pieuses. Il faut savoir ce qui se passe dans le onde et c’est dans la sagesse des nations qu’on le lit.

Q : Est-ce alors un ‘hidoush de Gordin ou y a t’il d’autres maîtres qui adoptent cette approche ?

R : Pas du tout : les maitres qui savaient lire le Midrash en hébreu d’abord et qui avaient la culture générale telle pour comprendre ce que les rabbins du Midrash voulaient désigner en parlant du péché originel dans la forme dans laquelle ils parlaient qui étaient la culture de leur temps. Mais il faut avoir une empathie et pas simplement une sympathie avec l’angoisse des sages des nations pour comprendre leurs problèmes.  Et savoir quel es tle dialogue de la rencontre. Or ce dialogue est bien celui-là. La Torah c’est la morale à pratiquer. Cf. Rabbi Akiva : Véahavta réakha kamokha zeh klal gadol batorah. Il nous dit que toute la Torah est dans un verset : tu aimeras ton prochain copmme toi-même. Il faut donc relire l’histoire des Hébreux :la recherche de la fraternité c’est toute l’histoire du premier homme jusqu’à Abraham. Et elle échoue. Et le berger hébreu est obsédé par cela, il commence par dire : « mes frères connaissez-vous la famille d’Abraham y a-t-il la paix ? »

 

Un ensiegnement du rav Kook : dans la famille d’Abraham pour se saluer on dit « Paix ! ». La première heure de cours chez le rav Kook était pour epxique ce que signifie le mot Shalom. Entre autre il nous disait ceci : dans toutes les cultures on se salue. Chacune à sa manière. Et il y en a une seul où l’on se dit paix c’est dans la famille d’Abraham. En français, on se dit bonjour et bonne nuit. C’est important d’avoir un bon jour mais ce n’est pas cela le problème du monde. Le problème du monde c’est la paix ou la guerre. C’est la fraternité.

Tout le récit de la bible c’est celui-là : comment faire pour que des frères soient des frères. Et le problème est entre les frères et non pas entre les cousins et entre les lointains mais entre les frères.

Et il y a deux commandements dans le même chapitre 19 du Lévitique : « tu aimeras l’étranger comme toi-même ». Ce sont deux commandements différents qui n’ont rien à voir.

 

Le postulat talmudique est le suivant : la bible ne révèle jamais des évidences plates. Exemple du commandement apparemment logique et rationnel de le respect des parents. Mais c’est tout le contraire : c’est parce que la Torah sait que d’après la nature parent et enfant sont en conflit qu’elle  impose le respect des parents. Cela ne va pas de soi, ce n’est pas rationnel. C’est la même chose : c’est entre les plus proches que les conflits sont les plus graves. 

 

Q : pourquoi est-ce avec l’arrivée de Rachel ? 

R : c’est une bonne question. Parce que ce n’est que le commencement et que ce n’est pas fini, cela va être repris entre Judah et Joseph et ce n’est qu’à la fin quand Joseph aime ses frères que la Genèse s’arrête et que l’histoire peut commencer. Tout ce récit est un récit d’échec qui n’arrive à se résoudre qu’entre Jospeh et ses frères. Ici ce n’est que le commencement : les enfants de Rachel et les enfants de Léah sont en rivalité absolue. C’est le conflit Judah-Joseph. Ce n’est que lorsque Judah et Joseph se réconcilient que s’achève le problème commencer avec Caïn et Abel et c’est pourquoi on attend le messie fils de Joseph pour la rédemption de la faute de Caïn. Cela commence avec Caïn et cela s’achève avec Joseph.

Nous avons là un grand débat avec le christianisme qui enseigne qu’il faut réussir l’amour du prochain tout en étant obsédé par le péché originel. Cela veut dire qu’il y a la faute du premeir homme et la faute du deuxième homme. La faute du premeir homme c’est la révolte contre Dieu le péché originel des Chrétiens. La faute du deuxiéme homme c’est Adam lé’havéro la faute de l’homme vis-àvis de l’autre homme. C’est pourquoi  nous attendons le « fils de David » parce que David a assuré la rédemption de la première faute. David est le premier roi qui fait rêgné Dieu sur terre. Donc la faute d Adam harishone est rédimé. Et on attend le fils de David pour la deuxième faute. Le fils de David s’appelle Shlomoh l’homme de la paix. Ce n’est pas par hasard. Il vient faire la rédemption de la faute de Caïn et non plus de la faute de Adam. La faute de Adam à l’échelle collective c’est David qui en a asurré la rédemption.

 

Et cela les Chrétiens n’arrivent pas à se rendre compte de cela qu’ils sont dans la préhistoire du judaïsme. Ils en sont encore au stade de l’obsession de la faute du premier homme.  Alors que c’est la faute du deuxième homme dont il faut s’occuper. Les historiens contemporains sont inteloqués de mettre en évidence que les nations les plus guerrières ont été les nations de la chrétienté avec le slogan du « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Or,. Les chrétiens entre eux ont découvert un art de la guerre épouvantable. 

 

Q: j’ai cru entendre que la traduction exacte était : « tu aimeras pour ton prochain comme toi-même » ce qui est différent. Bernheim en a parlé

R: non c’est un autre problème je voulais désigner le solgan, pour l’exégèse c’est un autre problème. Cela vient d’Orsay aussi parce qu’il faudrait que ce soit écrit : Véahavtah léréakha kélekha, mais il y a écrit Véahavtah léréakha kamokha.

 

Q: j’ai beaucoup de doute sur le Midrash, par exemple le Midrash sur le dialogue d’Abraham avec le Satan lors du sacrifice…  si c’était dans le texte la Torah l’aurait inclus ?

R: rien dans le Midrash n’est compréhensible sinon c’est le signe qu’on n’a rien compris. C’est la définition mëme de la révélation : ne se révèle que ce qui est caché ! la Torah ne nous est pas donnée pour dire de splatitudes, des évidences des lapalissades. Un de mes maîtres me disait : quand on ne comprend pas un verset il faut pleurer pour obtenir de comprendre. On ne dit pas je vais aller étudier mais je vais pleurer, parce qu’il faut arracher le sens au verset. Rien dans le Midrash n’est clair à première lecture. Il faut étudier.

En une ou deux phrases pur indiquer qu’il y a une réponse à la question qui a été posée : le verset commence par dire « Vayhi A’har Hadevarim HaEleh ». Et il arriva après ces événements… »

Comment lit le Midrash : « Et il arriva après ces paroles… »  Et il se demande les paroles de qui ? Et dans la logique et la cohérence de la mise à l’épreuve d’Abraham c’est entre autres les paroles du Satan qui s’adresse à Abraham pour argumenter et le dissuader…

Il y a plusieurs réponses du Midrash, en particulier les paroles d’Ishmaël : il diasit à Isaac c’est moi le fils d’Abraham circoncis à 13 ans lucide et majeur. J’ai accepté d’être fils d’Avraham toi tu es né comme cela, alors fais ta preuve ! Isaac lui répondit : toi il t’a été demandé de te circoncir sur un membre et tu l’as fait, moi s’Il me demande tout mon être je suis prêt ! Et le peuple juif est obligé de faire cette preuve devant Ishmaël puisqu’il lui réclame l’héritage d’Abraham. Ne croyez pas que ces Midrashim sont anodins. C’est notre histoire qui est en jeu.

En ce qui concerne le Satan il a raison dansle Midrash : comment ? le message de toute la Torah c’est l’arrêt des sacrifices humains et Dieu va éprouver Abraham pour voir s’il est croyant en lui demandant de sacrifier son fils ? C’est une histoire de fou ! Alors le Satan a raison ! Tu n’a pas citer la fin du Midrash qui fait dire au Satan : Abraham tu crois que c’est Dieu qui t’a parlé mais c’est moi le Satan qui t’a parlé. Et il faut comprendre tout cela.    

Et à ce moment-là apparait un terme du drame de l’identité juive en Abraham. C’est le fait que Abraham doit faire sa preuve. Un Midrash dit corollairement à ce texte que Dieu a dit au Satan : j’ai vu dans mon monde un juste, c’est Abraham. Alors le Satan lui demande : où est sa vertu ? Il était vieux sans enfant, Tu lui as donné un enfant et tu ne veux pas qu’il t’aime ? Réclame lui cet enfant et tu verras s’il t’aime encore ! Cela nous le vivons existentiellement. Je vais m’arrêter là. Il faut savoir d’abord lire ce que les maitres du Midrash ont dit, savoir que c’était des maitres et que ce qu’ils ont en tête c’est la sagesse du monde et ce n’est pas pour rien qu’ils ont  formulés ces midrashim de telle sorte que seulement ceux qui sont capables de comprendre comprennent, les autres ce n’est pas pour eux…     

 

Partager cet article
Repost0
23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 14:37
Parasha - Vayetse 1984 - 2ème partie

 

…/…

 

... l’image du Juif au service des nations.

 

Question de Léa et Rachel :

Nous avons un Midrash qui explique la stratégie de Laban.

Il va utiliser l’argument que ce n’est pas la coutume chez lui de marier la cadette avant de marier l’aînée. Le Midrash met en évidence ce qui était arrivé : Jacob a dû dans la Parashah précédente prendre aussi le rôle d’Esaü. Alors Laban lui dit : tu t’es fait pendre pour Esaü ? tu vas prendre aussi celle qui était destinée à Esaü !

Cela veut dire que au niveau des fonctions aussi il y a un parallèle absolu. Léa l’aînée était promise et fiancée à Esaü l’aîné selon le Midrash. Et Rachel la cadette était promise à Jacob le cadet. Il y avait deux missions à résoudre et il y a avait division du travail suivant la stratégie providentielle de la naissance des jumeaux. L’un des deux, Esaü, s’est disqualifié complètement et Jacob a pris aussi la tâche d’Esaü.

 

Des 4 formes possibles une seule pouvait réussir c’était l’homme de la vocation spirituelle qui s’occupe aussi de la vocation matérielle.

 

La rivalité qui va apparaître avec Esaü dans l’histoire, c’est que l’homme de la vocation matérielle va usurper la vocation spirituelle et la rendre impure. La voix de Jacob et les mains d’Esaü c’est les Romains lisant la bible en disant « je suis Israël !» Pour un juif de tradition juive, il n’y a pas plus claire usurpation d’identité. Voyez dans le contexte la terreur d’Isaac lorsqu’il se rend compte de cela : dans sa pensée c’était un Esaü qui avait la voix de Jacob, et il a une terreur absolue ! Dans la réalité, c’est un Jacob qui avait les mains d’Esaü. Et donc finalement Jacob a du prendre sur lui aussi la tâche de Esaü. Et il n’aime pas cela tant qu’il est Jacob. L’homme de la vie spirituelle n’aime pas l’agriculture. C’est la différence entre les Kibboutzim et les Yeshivot. Jusqu’à ce qu’on arrive à trouver ce miracle actuel des Barour Yeshiva qui sont dans les Kibboutzim !

 

Pour revenir à notre problème, j’ai deux choses à vous indiquer : Jacob est nommé Jacob dans l’indice de l’exil, et il est nommé Israël dans l’indice du retour.

C’est en tant qu’il est l’époux de Léa que Jacob reçoit le nom d’Israël.
C’est en tant qu’il est l’époux de Rachel qu’il reçoit le nom de Jacob.

Laban à Jacob : « tu as pris l’identité d’Esaü, tu vas prendre aussi celle qui lui était destinée ! »

 

L’erreur faite couramment dans ce contexte :

Jacob a travaillé 7 ans pour obtenir Rachel : on lui a donné Leah et ce n’est pas qu’il a du encore travailler 7 ans pour avoir Rachel. Selon le verset 7 jours après il s’est marié avec Rachel. Mais en réalité il a travaillé 7 pour Rachel encore 7 pour Rachel à cause de la substitution et 7 ans encore pour le troupeau 3x7=21, Donc c’est bien au bout de 20 ans qu’il s’est enfui, un an avant l’achèvement de sa tâche du point de vue du temps.

A ce propos un des enseignements des Midrashim : 3x7=21 : cette année restante due, « volée », nous a coûté trop cher. On l’a retrouvé à un autre indice logarythmique dans les 400 ans de l’exil d’Egypte qui n’étaient pas suffisant, car on est sorti 190 ans avant, alors on l’a payé avec 1900 ans d’exil de l’exil contemporain.

 

Il n’y a pas de doute que dans dimension de cette histoire de Jacob chez Laban on voit que Jacob préfère Rachel. Qu’est-ce que cela signifie dans notre histoire ? Le peuple juif a préféré l’exil et l’installation dans ce qui était connu a priori comme un voyage provisoire.

 

Je vous en fais la micro-analyse : Au début d’un exil, les Juifs sont installés sur les valises, ils savent qui ils ont, et où ils sont. Très rapidement, l’exigence réelle du retour se sublime et devient mythique. C’est l’installation : Jacob et Rachel.

 

Pour les commentateurs Rachel est la femme de Jacob. Jacob-Rachel. Léa est la femme de Jacob-Israël : Israël-Léa.

 

Ra’hel est « shayeret lagalout » la matrice d’Israël en exil. C’est pourquoi elle va mourir au moment où Jacob revient en passant la frontière et en enfantant Benyamin.

 

A partir du moment où Jacob revient, les tribus ont déjà été engendrées dans l’exil – un peu à la manière où dans notre temps contemporain le diagnostic, l’identification par tribu s’est estompée dans le temps – sauf pour la tribu de Lévi et pour certaines familles qui connaissent leur lignées sous forme de livre des généalogies et savent à quelle tribu se ratacher - mais aujourd’hui ce découpage est autre. C’est le découpage en communautés différentes. De la même manière que les tribus ont été engendrées en l’exil dans la relation à l’universel humain, les communautés, les Edot, ont été suscitées dans la relation à l’universel humain. Qu’est-ce qui fait la différence entre un séfarade et un ashkénaze c’est qu’ils n’ont pas eux les même goyim tout simplement. C’est clair.

 

C’est bien la relation à l’universel humain que nous ramenons avec notre tribalisme portatif en vue de l’unifier dans le creuset de la municipalité israélienne. C’est un fait messianique à ce niveau-là : faire vivre ensemble toute les manières d’être homme de la terre.

 

Ra’hel termine sa fonction lorsque l’exil est terminé : la Torah nous l’indique ainsi : elle meure sur la frontière et elle est enterrée à Beth Le’hem sur le chemin de l’exil. Le Midrash nous dit que c’est pour prier pour sa descendance, les enfants d’Israël en exil.

 

Depuis 1967, Beit-Le’hem c’est dans la Médinat israël. Il y a énormément de Juifs de l’exil qui sont pour rendre Beit-Lé’hem, parce qu’ils n’ont plus de protection. Rachel est chez nous.

A partir du moment où le temps du retour est arrivé, en principe il n’y a plus de protection pour l’exil. Il y a eu tous les sursis et tous les sursis sont achevés puisque le retour s’est fait. Pas étonnant que l’identité de Jacob en exil soit devenue si précaire. Vous verrez lorsque vous étudierez la descente de Jacob dans l’exil, il y a une promesse : « Je te protégerai jusqu’à ce que tu reviennes » parce que l’exil est dangereux : on peut s’y perdre. Rappelez-vous l’âme et le corps. On peut devenir un Rashâ. Alors, il y a une protection qui est promise pour le temps de l’exil : dans la vision de Jacob des anges. Mais si le temps est achevé ? Si on a passé tous les sursis ? Alors la protection st levée. C’est le danger de la séduction de Jacob par les affaires du beau-père.

 

Q :

R : Léa était destinée à Esaü. Le Midrash l’apprend du fait qu’elle avait les yeux rakot faibles, elle louchait. Le Midrash en déduit qu’elle pleurait du fait que celui à qui elle était destinée était devenu un Rashâ, elle s’est abimée les yeux en pleurant. Cela explique aussi la relation entre Jacob et Léa.

Il y a résistance de Jacob pour intégrer Léa qui ne lui était pas destinée. On dévoile ici que Jacob était destiné à l’exil. Quand il s’appelle Israël c’est fini. Mais quand il redescend en exil, de nouveau le texte l’appelle Jacob. Nous étions arrivés la dernière fois à cette mise au point : Israël est celui qui a les deux fonctions, les deux capacités d’être Tsadik - celle d’Esaü et celle de Jacob - cela s’appelle Israël.  

-  La vocation spirituelle exclusive cela s’appelle Jacob.

-  La vocation matérielle exclusive cela s’appelle Esaü.

Et puis il y a deux personnages de synthèse :

-  L’homme de la vocation matérielle qui s’empare de la vocation spirituelle et l’obscurcit: les rivalités du judaïsme. Le Romain lisant la Bible.

-  L’homme de la vocation spirituelle qui prend en charge les problèmes matériels pour les transfigurer. Jacob-Israël.

Jacob comme tel est normalement réticent à la vocation d’Esaü.

 

Q : Léah était destinée à Esaü, peut-on dire que c’est une punition infligée à Jacob pour ce qu’il a fait précédemment, il est également l’objet d’une ruse… ?

R : Je n’ai pas employé le mot de ruse. Je ne peux pas revenir sur l’ensemble des analyses de la dernière fois.

Q : Les explications sont parfaites…

R : Alors on ne doit plus dire "ruse".

Q : Les explications sont parfaites mais certaines sont difficiles à intégrer.

R : Si c’était clair la semaine dernière on passe à un autre niveau si c’est élucidé.

Q : Jacob-Rachel la Golah et Léah-Israël, Essav était prévu pour Léah et elle est rattachée à Israël ? 

R : Il faut prendre conscience qu’il y a une distance énorme entre l’identité Jacob et l’identité Israël. Rien ne va de soi. Il faut que Jacob devienne Israël. Ce n’est pas du tout conventionnellement que la Torah nous établit une équation d’état civil qui va de soi : Jacob c’est-à-dire Israël !

Par exemple : c’est la différence aujourd’hui entre un juif et un israélien. Un israélien est juif mais un juif n’est pas forcément israélien. C’est Jacob-Israël. Ou je dirais plus ce qu’il y a au fond : la différence entre un juif et un hébreu. Le juif est hébreu en potentiel, mais l’hébreu seul est hébreu.

Par conséquent, lorsque Jacob devient Israël, il a alors les deux ko’hot, les deux forces d’identités qui viennent de Its’haq. Et celle d’Esaü mais en cachère et celle de Jacob.

Il lui apparait alors un rival à l’envers : le Romain qui, lui, est un Esaü qui se prend pour Jacob et qui s’appelle « Verus Israël ». Il faut découvrir cet étonnement massif : il y a eu une peuplade qui n’a rien à voir avec les patriarches qui se rattache à la fondation de Rome par un des descendants d’Esaü qui s’appelle Magbiel cité dans la généalogie d’Esaü. Cf. Rashi sur Alouf Magdiel. Il y a aussi un Alouf Lotan qui n’est pas fondateur des Latins malgré l’analogie mais c’est un certain Alouf Magbiel. Si vous avez lu les Métamorphoses d’Ovide vous verrez qu’on y parle de cette histoire-là aussi. Et ce peuple qui nø’a rien à voir avec les Hébreux et qui se prétend Israël en bonne ou mauvaise foi en béton armée pendant 2000 ans : les Romains !

Cela veut dire que c’est une identité qui surgit là et qui illustre ce dont la Bible parle lorsque Esaü se prétend Israël.

 

Corollairement à cela on nous raconte ce qui arrive à Jacob, lui, qui va devenir Israël en témoignant des deux capacités des vocations humaines, celle de Jacob et celle d’Esaü. Mais en tant que Jacob il est semble-t’il hypnotisé par la vocation de Jacob, c’est-à-dire l’exil.

 

On retrouve cela par la suite : la descendance de Jacob-Israël par Léa et la descendance de Jacob-Israël par Rachel :

Les tribus de  la descendance par Rachel c’est la vocation de l’exil.

-  Les tribus de la descendance de Léa concernent la vocation d’Erets Israël.

 

Yehoudah est de Léah et Yossef est de Ra’hel. Binyamin représente l’achèvement du cycle.

Par conséquent, nous retrouvons au niveau de la multiplicité des tribus cette même polarisation.

J’anticipe, cela survient plus tard lorsque nous parlerons des enfants, les 12 tribus.

 

Lorsque le chrétien - Esaü qui se prend pour Israël - parle de sa « terre sainte », il y croit vraiment que c’est une terre sainte. Quand c’est un juif de diaspora qui parle d’Erets Israël, que se passe-t’il ?

C’est à la limite devenu du tourisme. D’où vient le problème-là ?

 

C’est pourquoi il faut se poser la question : quelles sont les forces à l’œuvre ?

Qu’est ce qui fait que Jacob est le Jacob de Laban - l’homme de la vocation de l’exil ?

Et qu’est-ce qui fait que lorsque Joseph, lui, installe la Yéridah, il y va et s’installe lui et tous ses fils avec ?

 

Quand Joseph a fait appeller son père :

 

Chapitre 46 verset 1:

46 :1:

וַיִּסַּע יִשְׂרָאֵל וְכָל-אֲשֶׁר-לוֹ, וַיָּבֹא בְּאֵרָה שָּׁבַע; וַיִּזְבַּח זְבָחִים, לֵאלֹהֵי אָבִיו יִצְחָק.

Vayissa Yisra'el vekhol-asher-lo

...Et tout ce qui était à lui

vayavo Be'erah Shava

arriva en direction de Beer-Sheba (il va donc en direction du sud)

 vayizbach zevachim

Et il offrit des sacrifices

l'Elohey aviv Yitschak.

Au Dieu de son père Its’haq

 

46 :2

וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים לְיִשְׂרָאֵל בְּמַרְאֹת הַלַּיְלָה, וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב יַעֲקֹב; וַיֹּאמֶר, הִנֵּנִי

Vayomer Elohim le-Yisra'el bemar'ot halaylah

Et Dieu dit à Israël dans les visions de la nuit

vayomer Ya'akov Ya'akov vayomer hineni.

 Et il dit : « Jacob, Jacob ! »

 

Cela veut dire que lorsque Jacob va en exil, il rentre dans la nuit, il est appelé Jacob.

Dieu acquiesce à sa Yéridah. Il a quelque chose à y faire.

 

Chez Laban, Jacob aussi s’installe pour Ra’hel. Finalement va survenir le choc de « l’antisémitisme » de Laban pour lui faire comprendre, et il s’enfuit in extremis.

 

On retrouve-là l’histoire des Juifs dans sa bonne foi profonde, sa naïveté profonde. C’est une histoire qui nous est déjà racontée et dont on ne tient pas compte.

 

Un autre verset dans la Parasha de Vaye’hi : Chapitre 47:28-29 :

וַיְחִי יַעֲקֹב בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם, שְׁבַע עֶשְׂרֵה שָׁנָה; וַיְהִי יְמֵי-יַעֲקֹב, שְׁנֵי חַיָּיו--שֶׁבַע שָׁנִים, וְאַרְבָּעִים וּמְאַת שָׁנָה

Vaye’hi Ya'akov be'erets Mitsrayim

Et Jacob vécu dans le pays d’Egypte

shva esreh shanah

17 ans

vayehi yemey-Ya'akov shney chayav

et furent les jours de Jacob, les années de sa vie

sheva shanim ve'arba'im oume'at shanah.

de 147 ans.

 

Le Midrash indique un étonnement fondamental : comment le texte peut-il dire que Jacob vécut en Egypte ?

Vaye’hi Ya'akov : c’est Jacob !  Jacob peut vivre en Egypte mais pas Israël. La preuve au verset suivant :

 

47:29

וַיִּקְרְבוּ יְמֵי-יִשְׂרָאֵל, לָמוּת, וַיִּקְרָא לִבְנוֹ לְיוֹסֵף וַיֹּאמֶר לוֹ אִם-נָא מָצָאתִי חֵן בְּעֵינֶיךָ, שִׂים-נָא יָדְךָ תַּחַת יְרֵכִי; וְעָשִׂיתָ עִמָּדִי חֶסֶד וֶאֱמֶת, אַל-נָא תִקְבְּרֵנִי בְּמִצְרָיִם

Vayikrevou yemey Yisra'el lamout vayikra liveno le-Yosef vayomer lo im-na matsati chen be'eyneycha sim-na yadecha tachat yerechi ve'asita imadi chesed ve'emet al-na tikbereni beMitsrayim.

Les jours d’Israël s’approchèrent de la mort...

 

Pourquoi ? Parce que Jacob vit en Egypte ! C’est clair c’est dans le texte.

Cela veut dire qu’après l’épisode où Jacob reçoit le nom d’Israël, l’emploi de nouveau du nom de Jacob implique une baisse de niveau dans le profil d’identité : on est de nouveau Jacob à l’indice de l’exil. Il y a aussi une espèce de providence dans le langage employé à notre égard : on ne nous a jamais qualifié d’Israël durant l’exil, on y était des Juifs. Au retour, on nous appelle Israël et le profil d’identité du Juif se redresse. Le point d’interrogation du doute se redresse. C’est un point d’exclamation de l’humanité entière ! D’un coup Jacob devient Israël et le monde entier entre en transe. Les Juifs aussi !

On découvre pas à pas que seul Jacob peut être Israël. C’est sûr, mais il faut qu’il le devienne. C’est une lutte qui nous est racontée. Il faut encore la décrypter et comprendre ce qu’elle signifie.

 

Q : pourquoi l’appelle-t’on Israël pour dire qu’il meurt en Egypte ?

R : On ne l’appelle pas Israël, regardez bien : les jours d’Israël s’approchèrent de la mort… Israël est éternel il ne peut pas mourir, ce sont « ses jours » ! Les texte ne peut pas dire qu’Israël est mort. Ce serait un blasphème c’est la Torah d’Israël. Alors elle dit :  : les jours d’Israël s’approchèrent de la mort… Cela veut dire : le temps d’Israël s’achève, commence le temps de l’exil.

 

J’ouvre une parenthèse : J’ai entendu d’un enseignement de A. Neher :

L’histoire - en hébreu toldot – l’histoire des événements se dit Divrei Hayamim. Il y a une notion qui se rattache à celle de Divrei Haymamim – il y a aussi l’expression de Divrei Halaïlot lorsque les nuits parlent aussi. Il y a une expression qui se rattache à cette définition de l’histoire comme Divrei Hayamim -  en français, les chroniques – c’est la notion de A’harit hayamin que nous trouvons chez les Prophètes. Que l’on traduit habituellement par « la fin des jours » mais en hébreu, de façon plus littérale, c’est là que je cite A.Neher, cela veut dire ce qu’il y a « après les jours ». C’est l’expression par laquelle les Prophètes désignent les temps messianiques Véhayah BéA’harit Hayamim.  Cela signifie donc que tous les peuples ont leur temps d’histoire et possèdent leur Divrei HaYamim, leurs chroniques. Il y a un cas particulier : Israël, qui même lorsque son temps est achevé a encore A’harit hayamim, qui est la dimension de l’exil. C’est pourquoi cela signifie chez les prophètes : et il arrivera à la fin des temps de l’exil.

Puisque les prophéties messianiques des prophètes concernent bien la fin des temps de d’exil.

Quand Isaïe dit Véhayah BéA’harit Hayamim: il veut dire très exactement il arrivera à la fin des temps de l’exil et non pas à la fin des jours de l’histoire du monde.

 

Tous les peuples ont leur Yamim. Et quand c’est fini, c’est fini. Mais voilà qu’il y a une dimension de survie dans la nuit pour Israël qui s’appelle Jacob. C’est l’exil qui est une soupape de survie. Mais c’est la nuit. Mais c’est la nuit qui précède le jour. Chaque fois que je prenais congé de mon maître pour aller en « exil », ils me disaient « Laïla Tov » ! Il ajoutait d’autre sbrakhot mais il ajoutait « Laïla Tov ! » Il savait de quoi il parlait.

 

-  Le nom de Jacob est à l’indice de la Galout.

-  Le nom d’Israël est à l’indice d’Erets Israël.

 

C’est dans la Parashah de la semaine prochaine, au retour d’exil, que Jacob reçoit le nom d’Israël.

 

C’est la difficulté de la méthode par analogie, mais je pense que nous vivons  cela : en fin de compte après une lutte acharnée, l’ange finit par nommer Jacob, Israël, mais jusque-là il ne veut pas l’appeler Israël.

 

A quoi cela resssemble-t’il ?

Cela ressemble à la position du monde entier qui refuse de reconnaitre Jérusalem comme capitale d’Israël. Ils ne disent pas Jérusalem mais Tel-Aviv. (S’ils savaient à quel point les Prophètes ont prophétisé Tel Aviv. Je vous montrerais la référence.)

 

Q :

R : Vaye’hi - Chapitre 47:28-29

וַיְחִי יַעֲקֹב בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם
Vaye’hi Ya'akov be'erets Mitsrayim

Et Jacob vécu dans le pays d’Egypte..

Question : comment peut-on vivre dans le pays d’Egypte ?

Le Midrash répond : c’est Jacob qui y vit. Il y a vécu 17 ans nous dit le verset parce que Jacob n’est vivant que s’il est avec Joseph : il a vécu 17 ans avec Joseph en Egypte, et 17 ans dans le pays de Kenaan avec Joseph avant l’exil de Joseph qui était alors âgé de 17 ans. 2x 17= 34 valeur de Vaye’hi : il a « vraiment » vécut 34 ans.

Le verset suivant dit :

47:29

וַיִּקְרְבוּ יְמֵי-יִשְׂרָאֵל, לָמוּת

Vayikrevou yemey Yisra'el lamout

Les jours d’Israël s’approchèrent de la mort...

Retenez que ce n’est pas Israël mais Yemei Israël

Cela veut dire que si Jacob s’installe en Egypte, l’identité Israël disparait. Vayikrevou yemey Yisra'el lamout : Les jours d’Israël s’approchèrent de la mort...

Et non pas Jacob. Yaaqov avinou lo met !

 

Le profil d’Israël vit une yéridah qui mène à l’assimilation. On ne parle plus d’Israël on parlera de Jacob.

 

C’est l’analyse de A. Neher :

Chaque civilisation a son temps d’histoire, et après c’est un vestige. Il y a un cas particulier qui traverse l’histoire - le peuple d’Israël. Il a une soupape de survie qui s’appelle Jacob : l’exil.

 

Imaginez toutes les nations contemporaines de l’antiquité hébraïque, où sont-elles ?

Disparues ! Elles ont eu leurs jours !

De la même manière, les jours d’Israël se sont approchés de leur fin et malgré cela il y a une dimension de survie c’est un cas de particulier: « Vayikrevou Yemey Yisra'el Lamout »

 

Q : Il y a peut-être une contradiction avec ce qui est indiqué par un des Midrashim que Abraham et Jacob sont sortis de leur exils Bé-Shalom en paix.

R : Mais notre sujet était autre : tant qu’ils sont en exil, l’un s’appelle Abram et non pas Abraham, et l’autre Jacob et pas Israël. Le fait qu’ils soient sortis en paix c’est leur mérite de Tsadik.

Mais là je ne pensais pas que cela serait tellement difficile à exprimer cela. Cela devrait aller de soi de notre expérience qu’il y a deux profils d’identité radicalement différents. C’est vrai que nous sommes dans un temps de transition entre le temps des Juifs et le temps des Hébreux, entre le temps de Jacob et le temps d’Israël.  

 

Reste une question en suspend pour la prochaine fois:

Q : La vertu attribuée à Jacob est le Emet, or apparemment c’est l’histoire d’une « ruse » ?

R : On verra ce problème. Il y a un Midrash : quand Isaac parle à Esaü il dit [27:35] :

וַיֹּאמֶר, בָּא אָחִיךָ בְּמִרְמָה; וַיִּקַּח, בִּרְכָתֶךָ

« Ton frère est venu avec ruse Bé-Mirmah ».

Rashi corrige le texte et lit : בְּחָכְמָה : בְּמִרְמָה

Bé-Mirmah :Bé’Hokhmah (comme le traduit le Targoum).

 

< fin >

*******

 

Partager cet article
Repost0
23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 13:18
Parasha - Vayetse 84 - 1ère Partie 

 

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayetse_serie_1984/cours_1

 Face A


Chapitre 28:10 - Chapitre 32:2

C’est une Sidra assez dense qui nous raconte pratiquement toute l’histoire depuis le début de l’exil de Jacob chez Laban. Le thème central de la Parasha est l’exil de Jacob chez Laban comme modèle de ce que seront tous les exils postérieurs.

C’est la 1ère fois que la Torah nous raconte de façon explicite la fonction de l’exil et ses mécanismes historico-socio-politiques, dans un modèle qui est un modèle de préfiguration.

 

On peut commencer par étudier les questions qui se posent à vous.

 

Q : On est toujours surpris par la substitution pour prendre la Brakhah et par ce qui se passe après qu’il trouve une femme plutôt qu’une autre, cela surprend chaque fois !

R : C’est le problème de Rachel et Léa, problème double avec Zilpa et Bilha. 

 

Q : L’attribut de Jacob est Emet, cela semble paradoxal, il est tout sauf Emet ?

R : Il aurait fallu ajouter « apparemment ». C’est une bonne question. 

 

Q : …

R : La fonction de la Galout de Jacob chez Laban étant donné qu’on apprend en fin de Parashah précédente la consigne de Rivqah à Jacob de se réfugier chez le frère de Rivqah pour quelques jours Yamim A’hadim en hébreu. Or, tout se passe comme si Jacob prend lui-même l’initiative de s’installer. In extremis parce qu’il est obligé de fuir de nouveau la haine de Laban sur le conseil de ses filles qui sont ses femmes. L’analogie qui est faite entre la destinée de l’âme dans ce monde-ci,  son lien avec le corps, et l’exil en dehors d’Erets Israël a-t’il une fonction ? L’exil a t’il une fonction analogue à l’exil de l’âme dans le monde d’en-bas ? Il existe des textes à ce sujet. Y-a-t’il un rôle à l’exil et peut-on apprendre du modèle de la Galout quoique ce soit de cette destinée d’exil de la Galout de la Neshamah dans le monde des corps ?

Il y a une image dans le Zohar. Le Zohar transmet en général son enseignement par image. Et il faut d’abord comprendre l’image comme telle. En général les images sont analogiques – c’est la méthode logique la plus difficile. La déduction, l’induction c’est facile. Le raisonnnement par analogie n’est pas simple avec son risque de se perdre dans les associations d’idées floues, fumeuses et approximatives. Le raisonnement par analogie s’appelle Guézera Shava dans le raisonnement talmudique, ou Ekesh, mais surtout Guézera Shava.

On n’a pas le droit de conclure un raisonnement avec certitude à partir d’un raisonnement par analogie si on n’a pas auparavant reçu confirmation de la tradition. Tandis qu’un raisonnement à fortiori on peut le faire pour soi-même. Le  raisonnement à fortiori c’est de l’ordre de l’induction et de la déduction. Dans les sciences, il y a des sciences dont la méthode est la déduciton par exemple les mathématique, des sciences dont la méthode est l’induction par exemple la physique, et des sciences dont la méthode devrait être l’analogie par exemple les sciences humaines. Mais lá c’est la méthode la plus difficile à manier. Par exemple l’histoire. Qund on essaie de mettre en évidence des schémas régulateurs de l’histoire, on a tendance à employer la méthode analogique et c’est très délicat à manier.

 

Les images que nous transmet le Midrash du Zohar -. Midrahs particulier parmi les Midrashim - doivent d’abord être comprises comme image, et ensuite c’est plus qu’une image.

 

Je me rattache aux analyses d’hier soir pour ceux qui étaient là : On a comparé la Neshamah avant qu’elle ne soit donnée à un corps. La Neshamah va être comparée dans cette image à la lumière « Or » qui vient dans un « Kéli » pour donner comme résultat une présence dans ce monde-ci. Toute présence dans ce monde-ci a un « Kéli » et un « Or ». Le « Kéli » dans cette image est le corps et le « Or » est la Neshamah. Le Nefesh étant le résultat de cette synthèse, ce mariage difficile entre la Néshamah, l’âme, et le corps. Dans le Zohar, on compare la Neshamah avant qu’elle ne descende sur terre, à une fille dans la maison de son père. Bat BéBeit Avikhav. Une princesse chez le Roi de l’univers. On lui demande ce qu’elle voit dans ce monde d’en-bas que vous connaissez, et ce qui l’attire dans ce monde d’en-bas pour qu’elle acquiesce à péril et ce risque... Peut-être ne va-t’elle pas remonter comme il le faudrait !

Alors, le Zohar répond : mieux vaut être une femme dans la maison de son mari même si c’est un charbonnier qu’une fille dans la maison de son père même, si c’est un roi. On voit la différence de position. Quelle est la différence ? C’est la catégorie du mérite. La fille dans la maison de son père est chez elle, mais chez elle à la façon d’une invitée. Tandis que la femme dans la maison de son mari est chez elle chez elle. Elle a acquis son Bayit si j’ose die. C’est une des images qui explique cette descente des âmes dans les corps. Parce que cette question vient d’un étonnement. Si on comprend de quoi on parle, l’étonnement est de comprendre ce que désire cette Neshamah en acceptant de quitter le monde des valeurs absolues pour descendre ce monde de boue et de cendre... avec ce péril extrême. C’est donc que cette motivation est très forte. Il y a donc une fonction, un rôle. On a une première pré-réponse : c’est la nécessité d’acquérir son mérite d’être, son droit d’être.

 

Pour relier rapidement à la question posée, je vous citerais un autre thème :

On a posé la question dans la Guémara [Le Maharal a un chapitre très important dans Gvourot Hashem sur cette question de la Guémara dans ‘Houlin] : comment s’expliquer le fait que Abraham s’entend dire déjà avant que l’histoire de sa descendance ne commence, l’exil comme dimension presque sine qua non de l’histoire de sa descendance.

Cf. le verset citée dans la Hagadah de Pessah [Lekh Lekha 15:13] :

יָדֹעַ תֵּדַע כִּי-גֵר יִהְיֶה זַרְעֲךָ בְּאֶרֶץ לֹא לָהֶם

«yadoa teda ki-ger yihyeh zarâkha be'erets lo lahem »

« Savoir tu sauras que ta descendance sera étrangère dans un pays qui n’est pas le leur... »

 

Nous avons de nouveau là un exemple vraimeent central de ce que notre histoire nous est racontée avant qu’elle ne commence. Ici, il y a place pour l’indicaiton très importante pour la tradition d’une formule qui est le mérite des pères - Zekhout Avot. Le mérite des pères est d’avoir adhéré au programme d’une histoire avant qu’elle ne commence et qu’il n’y ait un signe, un indice que cela les concerne. Alors que les fils ont 4000 ans d’expériences pour vérifier s’il s’agit de cela ou pas. JE referme la parenthèse. 

 

Maharal pose la quesiton de la manière suivante : puisque déjà il y a des raisons pour que cette manière d’être homme commence à émerger de la préhistoire antérieure avec Abraham (dans les péripéties antérieures que nous lisons avec les Sidrot actuelles) comment se fait-il que l’exil n’ait pas commencé avec Abraham lui-même ?

 

Il y a beaucoup de réponses pour cela. Abraham, comme tel, n’est pas concerné par l’exil. Ce n’est que dans sa descendance qu’apparaîtront et se dévoileront ou pas les tendances qui correspondent à la nécessité de l’exil.

 

Mais une des réponses que donne le Maharal est très importante pour nous :

Si Abraham avait commencé l’exil, alors Ishmaël aurait été compris dans la promesse de la terre.

Nous pouvons voir que dans tous les contextes de la promesse de la terre, il y a l’annonce de l’éventualité de l’exil pour désigner l’identification à Israël.

 

Alors si l’exil avait commencé  avec Abraham alors Ishmaël aurait été concerné par les promesses de la terre, Dieu préserve. Si Isaac avait été concerné par l’exil, Essav aurait été concerné par les promesses de la terre. Dieu préserve ! Cf. même sans être concerné, les problèmes que nous avons avec lui…

 

De même si Isaac avait été concerné par l’exil Esaü aurait été concerné par les promesses de la terre : le royaume des croisés ! 

 

Encore une fois, de même que pour Abraham, il y a des raisons particulières à Its’haq en tant que tel– sa manière d’être homme – qui fait qu’il n’est pas du tout concerné par l’exil. Abraham a voyagé en Egypte mais ce n’est pas en exil puisqu’il est reçu comme un prince. Nessi Elohim Atah Betokhenou que l’on lui avait déjà dit dans Hayey Sarah. Il est reconnu comme étant Abraham dans la civilisation égyptienne de ce temps-là, il est reçu avec les honneurs.

 

Seul Jacob est vraiment concerné par l’exil, alors c’est pourquoi, alors qu’Abraham est sorti de son propre exil, la Torah n’y fait allusion qu’en passant. C’est le Midrash qui nous reconstitue les conditions de l’exil d’Abraham à Our-Kasdim. Cela aurait pu être considéré au niveau d’Abraham par la Torah comme le 1er modèle de l’exil, mais la Torah passe là-dessus par allusion. Tandis que le 1er modèle de l’exil va concerner Jacob. Je raccroche à l’analyse du Maharal que vous avez en tête, Jacob est la seule lignée d’Abraham qui prend sur lui l’éventualité de l’exil.

 

La descendance d’Ishmaël, l’islam, a voyagé partout, mais partout en conquérant. Ce n’est pas un exil. Les Juifs comprennent ce qu’est l’exil. Peut-être sommes-nous la dernière génération à comprendre si Dieu veut, mais en tout cas je sais déjà que nos descendants immédiaits, les israéliens, n’arrivent pas à comprendre de quoi il s’agit. Ils sont déjà ailleurs.

 

De la même manière Esaü et sa descendance, la chrétienté, et le type de civilisation qu’il a sucité, l’empire romain, a également voyagé partout mais toujours en conquérant. Jamais en exil.

 

Seule la descendance de Jacob qui donne en fin de compte le peuple juif, mais déjà en tant que peuple hébreu dans l’exil d’Egypte qui est l’exil déjà à l’échelle de la société - le modèle étant l’exil à l’échelle individuelle de Jacob chez Laban -seul Jacob a pris sur lui l’éventualité de l’exil.

Les circonstances dans lesquelles cet exil se passe, vont dépendre du partenaire. Le partenaire étant l’humanité ambiante, l’humanité universelle. Ce n’est pas à priori fatal que l’exil soit aussi catastrophique que celui qu’on a connu. Cela dépend aussi en grande partie des Goyim chez lesquels on est retenu. Et avec un jeu de feed-back et de réciprocité permanente et de responsabilités redéléguées cent fois.. Un grand proverbe de la sagesse juive populaire est très profond : « les Goyim ont les Juifs qu’ils méritent et les Juifs ont les Goyim qu’ils méritent. »

 

C’est déjà une première indication de réponse : bien sûr qu’il y a un rôle dans la relation à l’universel humain. Il n’y a pas de fatalité à priori que cette relation à l’universel humain qui fait partie de la destination d’Israël, de la destinée d’israël, de la manière d’être homme Israël, annoncé à Abraham tout de suite ne doit pas forcément, par fatalité à priori comme je le dis, s’exprimer et  se réaliser dans une persécution catastrophique comme cela l’a été le plus souvent. Pas toujours mais le plus souvent. Cela dépend des circonstances de l’alliance d’exil, si vous voulez, ou de l’alliance de diaspora pour employer un terme suceptible de réintégrer l’autre dimension éventuelle.

 

Il y a donc d’une certaine manière une nécessité d’aller en voyage pour Jacob.

 

Mais n’oublions pas qu’il y a deux motivations à son voyage.

 

Si nous relisons les textes précédents :

 

-  la motivation de Jacob qui quitte Erets Kenaan depuis Beer-Sheva est selon la consigne que son père Isaac lui avait donné dans les textes précédents : c’est précisément de prendre femme dans la famille d’où Abraham était sorti.

 

-  La motivation de Jacob selon la consigne de Rivqah c’est de s’enfuir de la colère de son frère Esaü et de se mettre à l’abri.

 

A priori de ces deux motivations concrètes elles-mêmes, et en les récapitulant, l’éventualité de la relation à l’universel ambiant extérieur a lieu à travers son visage le plus proche à chaque étape des temps de l’humanité.

 

Et ce visage le plus familier de l’humanité extérieure pour Jacob (qui est lui l’identité Israël en germe - c’est à son retour de l’exil qu’il sera nommé Israël), c’était Laban. Il avait le Goï privilégié l’oncle. Qui va devenir le beau-père. Et cette situation la plus privilégiée s’est avérée être la plus critique du point de vue des avatars et des éventualités de l’antisémitisme à la clef de l’exil.

 

Il y a donc effectivement là une analogie dans cette image bien évidemment. Ce n’est pas l’objet de l’étude. De la même manière, la Néshamah, l’âme, va en exil dans le corps parce qu’elle a un rôle à jouer.

 

Les droits de Jacob pour la terre comporte son acceptation de l’éventualité de l’exil, opposée à Ishmaël et Esaü. De la même manière les droits de s’acquérir comme femme de son mari pour la Neshamah. C’est un niveau supérieur à celui de fille chez son père (qui est cadeau). Il vient un stade où elle préfère être femme chez elle par elle-même. Même chez un charbonnier…

 

J’ajoute simplement un point de cette analyse :

Je pense que nous vivons aussi par rapport à ce thème là des temps privilégiés : c’est la première fois que des chrétiens ou des musulmans sont en exil en Israël ! Et c’est un exil doré pour eux ! Ce n’est pas le genre d’exil que nous nous avons connu, minorité dans une majorité hostile.

C’est la première fois où la conscience d’Ishmaël et celle d’Essav ont fait l’expérience de l’exil. Et dans une situation privilégiée.

Il est possible qu’ils avaient cette expérience à faire pour qu’un dialogue futur soit possible et qu’on commence à s’expliquer. Mais je crois que l’expérience est fausée, parce que ce n’est pas l’exil tel que nous l’avons connu…

     

 

***

 

Q : Je voulais vous posez la question de Vayétsé Yaakov. Rashi dit Vayelekh.

N’est-ce pas un prélude à la Yéridah ? Vous avez dit une fois que les patriarches, l’un représentait la Aliah (Abraham), Isaac représentait le Sabrek, il n’est jamais descendu, et Yaaqov qui est Yored ?

R : Oui j’ai du vous dire cela rapidement en passant…

Q : Oui. Alors « Vayiti Yaaqov » n’est-ce pas un prélude à la Yéridah « Vayered Yaaqov » ?

R : Non, dans ce plan que Abraham est le Olé de Our-Kasdim, Isaac n’a jamais quitté le pays, et puis Jacob est descendu en exil, mais c’est l’exil d’Egypte, ce n’est pas celui-là. Et là l’expression de Vayered Mitsraïmah, le verbe de « descendre » est employée par le texte. Et c’est plus tard. C’est quand il va en Egypte rejoindre Joseph. Il va mourir là-bas et on va ramener son cercueil comme le font les Juifs de la Galout quand ils ne viennet pas vivants. C’est à peu près cela.

 

Il me revient quelque chose de ce que je voulais vous dire :

Cette fonction de l’exil que nous voyons être explicité ici avec Jacob comme modèle de l’exil chez Laban, [pas l’exil où il va rejoindre Joseph qui va être l’exil des 400 qui cont devenir les 210 ans en Egypte], c’est la fonction de l’exil dans la relation à l’universel, et il n’est pas nécessaire que cela dure si longtemps. C’est le début de la question de Ra’hel. Le fait que cela dure si longtemps et qu’on s’installe est un problème en soi, et qui comme tel est la cause centrale de ce que la fonction de l’exil se complique tellement et devient catastrophique.

 

Je vous donne une autre image tirée des Midrashim. Entendons là d’abord comme image mais c’est plus qu’une image : 

Tout se passe comme si à certain moment de l’histoire, l’humanité est comparée à une matrice qui est fécondée par l’identité d’Israël. Le temps de l’embryon correspond donc au temps de l’exil pour Israël. Israël en exil est comme un embryon au sein de l’universel humain. Arrive le temps de la naissance, s’il y a empêchement, alors survient une catastrophe, et pour Israël et pour l’humanité. Parce que le Oubar - l’embryon, ne pouvant pas naître, empoisonne sa mère, qui est tellement empoisonnée qu’elle empoisonne son fils...

C’est les temps tragiques de l’antisémitisme de paroxysme. Le temps arrive d’une fin d’exil et rien ne survient, Alors il y a empoisonnement. L’enfant qui ne veut pas naître rend fou la mère qui devait en accoucher, et la mère, devenue folle, rend fou l’enfant à naître...

On a vécu malheureusement une période pareille avec le temps du nazisme, sans trop chercher une analogie forcée.

 

Chaque fois que nous parlerons de la fonction de l’exil, il ne faut pas oublier que la fonction de l’exil n’a de sens, de vraisemblabilité, que comme 1er moment d’une mouvement double.

-  le mouvement d’Israël vers les nations l’exil et la relation à l’universel.

-  le mouvement de retour à Sion.

Galout fait partie d’un dyptique Galout – Guéoula. Sans la notion de Guéoulah, la notion de Galout n’a aucun sens.

 

Ici on retiendra cette quesiotn qui est importante pour elle-même : Cette installation de Jacob dans son exil. Il y a une éclipse dans tout ce récit de la relation de Jacob avec ses parents en Erets Israël auxquels il ne donne même pas signe de vie.

 

Cette motivation de Rivqah « et tu seras là bas yamim a’hadim quelques jours » comporte une autre consigne : « et je te ferais appeler de là-bas ». Et il n’y a aucune trace du texte que cela s’est réalisé.

J’ajoute, sans avoir de source à vous citer pour cela : Avait-il besoin qu’on l’appelle pour revenir chez papa-maman ?

 

Nous verrons, surtout dans la Parashah suivante qu’il y a deux niveaux d’identités différents : Jacob et Israël. Quand Jacob reçoit le nom d’Israël il a une autre stature, un autre profil.

 

Au niveau Jacob on va nous faire la carte d’identité du point de départ.

La Torah nous a donné un gros plan sur la tendance de Jacob à être de l’exil.

 

Dans la Kabalah on a fait une analogie :

De la même manière que Jacob a eu deux femmes Léa et Rachel, il y a deux Talmud, le Yeroushalmi et le Babli. Le Babli est comparé à Rachel, femme de Jacob, à l’indice exil. Le Yeroushalmi est comparé à Leah, femme de Jacob, à l’indice Erets Israël.

On voit dans l’histoire, que de la même manière que Jacob a préféré Rachel, les Juifs ont préféré le Talmud Babli ! La Kabalah donne des tas de vérifications numériques de cette analogie mais je vous la donne formellement comme cela.

 

Tout se passe comme si cette identité que nous appelons Israël mais dans son indice Jacob avant d’avoir reçu l’authentification du profil d’Israël à proprement parler, a une espèce de préférence pour Rachel qui se traduirait par une tendance pour l’exil qui, dévoilée comme fait historique, est incompréhensible, mais qui a cependant des explications traditionnelles. En particulier, je crois que en bonne part il s’agit la tendance à l’universel.

 

C’est la capacité d’exil qui dévoile la tendance à l’universel authentique et réelle. Pas sous son aspect d’impérialisme tel que celui d’Ishmaël ou d’Essav, mais sous la forme de la relation à l’universel telle que Jacob l’a pris sur lui, dans sa forme de l’exil : la communauté juive indexée sur la cité des autres en tant que communauté avec le risque des ghettos et tout ce que cela implique. Il y a aussi ce qu’on apprend avec le modèle de l’exil en Egypte ce que le texte dira de la sortie d’Egypte du livre de l’Exode avec la nostalgie des allocations familiales d’Egypte, en mauvaise part. Mais même quand les Juifs étaient très malheureuex en exil, sans allocations familiales, leur souhait de « l’année prochaine à Jérusalem » était tout autant mythique ! C’est cela qui trravaille là.   

 

Mais quoiqu’il en soit en bonne part, il est bien évident que c’est la relation à l’universel.

Il faut mettre cela en évidence, c’est la prérogative de Jacob en tant que peuple. Nous retoruvons cela dans l’histoire du peuple d’Israël. Jacob est nommé Jacob dans l’indice de l’exil, et il est nommé Israël dans l’indice du retour. N’oubliez pas cette règle.

 

En prenant acte des faits sans les interpréter, on ne peux pas manquer de voir qu’il n’y a qu’une seule manière d’être homme au monde qui est capable d’être aussi n’importe quelle autre manière d’être homme au monde, c’est le peuple juif. Ce qui dévoile cette capacité, malheureusement dans la caricature et la catastrophe, c’est l’exil !

 

Comme je vous le disais tout-à-l’heure c’est le seul peuple qui ait pris sur lui l’éventualité de l’exil. Qu’y-a-t’il concrétement ? Premiérement cela ! Cela n’existe nulle part dans l’humanité : une collectivité humaine qui est elle-même, quelque soit la difficulté d’être, et qui peut être en même temps n’importe quelle autre manière d’être homme par permutation circulaire. Les Juifs peuvent être allemands, italiens, anglais, français… judéo- quelqu’un d’autre... Avec un patriotisme local inouï.

 

Q : comme les Arméniens ?

R : Non, les Arméniens ne sont pas du tout dans le cas de l’exil d’Israël parce que l’Arménie comme métropole a toujours existé malgré l’exil des Arméniens exilés. Et en fin de compte lorsqu’un arménien s’assimile il n’est plus arménien. Mais il s’agit d’une diaspora. Il y a en plein. Pas seulement des Arméniens. Il y a la diaspora des Allemands en Amérique par exemple.

 

Q. Les Gitans ? 

R : Le peuple des gitans y ressemble beaucoup plus que les autres diasporas humaines. Je crois que la mort commune qu’ils ont au temps du nazisme a énormément rapprocher les Gitans et les Juifs. Enormément. Je ne veux pas vos parler des Gitans cela ouvrirait une trop grande parenthèse.

On peut noter que cela ressemble beaucoup plus. Malgré tout on ne trouve pas chez les Gitans ces phénomènes inouïs de l’émancipation des Juifs dans cette contradiction : s’assimiler tout en restant soi-même et différent des autres.

 

Midrash : une image inventée un  jour pour expliquer l’identité juive de diaspora à propos de ‘Hanoukah :

Un jour une graine de pommier est arrivée avec le vent dans une sapinière. La graine a germé et un pommier est né parmi les sapins…

A force de voir autour de lui que des sapins, il s’est pris pour un sapin.

Un jour un dialogue commence à l’initiative d’un vrai sapin :

- Mais toi qu’est-ce que tu es ?

- Je suis un sapin !

- Mais tu ressembles à un pommier !?

- C’est que je suis un pommier !

- (Ultimatum du sapin) : Sapin ou pommier ?

Il a réfléchit et il lui dit :

-Sapin !

- C’est très bien, Noël approche, on a besoin d’un sapin, et tu vas voir ce qu’on va te faire...

 

C’est un peu cela : une espèce de passage à la limite de la caricature du patriotisme local incroyable.

Cela se dévoile dans la caricature, mais ce qui se dévoile c’est la tendance à l’universel. C’est une chose que les Goyim n’arrivent pas à comprendre parce que les deux intentions sont sincères, tant le repli dans la spécificité du premier que l’aller vers l’universalité du second.

Il y a donc quelque chose qui travaille là.

 

La question est de comprendre ce yamim a’hadim. Il s’agissait de quelques jours ! Pourquoi si longtemps ? Une sorte d’installation qui est vraiment une sorte de modèle explicatif de ce qui se passe dans nos exils. Cela peut être un des éléments de définition de l’exil de Jacob chez Laban comme modèle des exils. Lorsqu’on en étudie les péripéties, on voit que les mécanismes sont ceux du modèle type de toute histoire de l’exil. Cela commence d’abord par l’enthousiasme de se mettre au service de la cité humaniste trouvée quelque part. Se mettre au service de : Jacob devenant berger des troupeaux de Laban ... il lui améliore ses troupeaux. Dès que les Juifs arrivent quelque part c’est ce qui se passe dans le monde économique. Vers la fin de la Sidra et de l’exil le beau-père qui est l’oncle s’énerve...  Tristan Bernard humoriste juif disait: « on bloque les compte et on compte les blocs ». Exactement ce qui se passe et ce que Laban va dire à Jacob. Alors Jacob s’enfuit in extremis grâce à l’intervention de ses femmes… etc.  Nous vivons cette histoire.

 

Qui peut répondre à cet étonnement ?

Premiérement on a pris acte de cette dimension d’identité qui travaille les Juifs. Quand il reçoit le nom d’Israël c’est fini, c’est un deuxième niveau, une deuxième profil. Israël en voyage est en voyage et ne se prend pas pour le gendre de personne. 

 


  .../...
lire la suite ici


***

 

 
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : MANITOU
  • : Bienvenue sur le blog MANITOU! Cet espace est consacré au Rav Léon Askénazi - Manitou - זצ"ל.Vous y trouverez des textes rédigés à partir de cours audio enregistrés (disponibles sur www.toumanitou.org) En modeste hommage à ce Rav génial et extraordinaire...
  • Contact

Recherche