Vayera 1993 - 2ème partie
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Face B
C’est la faute de l’origine, l’origine de toute faute. Dire à Dieu : « La loi c’est ma loi !».
C’est ce qu’a dit le serpent à l’homme :
וִהְיִיתֶם, כֵּאלֹהִים, יֹדְעֵי, טוֹב וָרָע
Vous serez comme Dieu connaissant bien et mal.
Midrash : aucune parole mensongère dans la Bible même pas les paroles du serpent.
Le serpent dit au 1er homme : « vous serez comme Dieu en ce qui concerne la connaissance du bien et du mal ». C’est l’humanisme. L’homme est la mesure de toute chose. C’est moi l’homme qui décide ce qu’est le bien et ce qu’est la mal. C’est cela la faute : ce n’est pa Ta loi mais c’est ma loi. En cela il se trouve en faute vis-à-vis de la loi, parce qu’il décide en tant que créature comment doit être la loi.
L’homme créé libre est donné au risque de la faute. Par conséquent tous les sursis lui sont dûs qui aménagent la possibilité du repentir. On voit en quoi la sensiblité religieuse juive va dès le début être différente de la sensiblité religieuse chrétienne. Le drame c’est qu’on lit le même livre, apparemment. En réalité, ils le lisent en grec et en latin d’abord. Et nous en hébreu.
C’est un drame parce que finalement beaucoup de juif eux-mêmes croient qu’il y a un ensemble « judéo-chrétien ». C’est un faux concept ce « judéo-chrétien », il y a les Juifs et il y a les Chrétiens. Et les Juifs en sont pas des Chrétiens et les Chrétiens ne sont pas des Juifs. Malgré le fait qu’historiquement il y a eu des judéo-chrétiens qui ont fondé le christianisme. Et c’est une sensibilité radicalement différente. Mais ce n’était pas des Juifs hébreux. Exemple de Paul, qui était un romain de culture grecque d’origine juive. Tout cela s’arrangera quand le vatican reconnaîtra l’état d’Israël. Mais c’est une histoire ancienne…
Dans tous les cas, voilá le problème, le sursis. Nous assistons à la fin du sursis. Les gens de Sodome et Gomorrhe ont beau être les pires fauteurs de l’histoire, en tant que créatures ils sont à l’abri d’un sursis. Mais pourquoi ce sursis a-t’il duré aussi longtemps ?
Alors va se dévoiler un thème de l’enseignement de la Torah qui est très important.
Je l’explique par le biais d’un exemple :
Selon la Kabalah Iyyov-Job est Tera’h le père d’Abraham.
La Guémara déjà dans Baba Batra situe Job à chaque époque charnière de l’histoire. Avec le thème que il y a des époques de l’histoire de la morale, et on est Tsadik juste – l’homme de vertu - dans un certain monde de la vertu, et voilà qu’il y a un progrès des valeurs de la vertu et se dévoile que celui qui était Tsadik dans le temps ancien devient Rashah par rapport aux critères des temps nouveaux.
Voilà ce que dit la Kaballah : Job c’était Tera’h et Tera’h était Tsadik de sa génération tant qu’Abraham ne s’est pas circoncis. Dès qu’Abraham s’est circoncis, Tera’h-Job a commencé à souffrir. Pourquoi ? Parce qu’il est devenu préhistorique. Cela signifie que quand le Tsadik du Monde qui Vient apparait ce Tsadik-là disqualifie tous les Tsadikim précédents. Ils commencent alors à souffir et ne comprennent pas pourquoi. C’est précisément l’histoire de Job. Job n’a fait aucune faute, aucun mal. Dieu se révèle finalement aux amis de Job théologiens qui souscrivent aux thèses de théologie classique et qui analysent la souffrance de Job comme résultat d’une faute commise. Il leur reproche d’avoir mal parlé de Son serviteur Job qui n’a fait aucune faute. Le texte ne dit pas qu’il a fait du bien, mais en tout cas il n’a pas fait de faute.
Cela veut dire que lorsqu’il y a une mutation dans la découverte des valeurs morales, ceux qui continuent à se satisfaire de l’état antérieur de la moralité deviennent des justes souffrants.
C’est le problème : tant qu’Abraham n’était pas encore Abraham, il y a encore le sursis pour Sodome et Gomorrhe mais dès qu’Abraham est Abraham, Sodome et Gomorrhe sont disaqualifiées.
C’est là la source sociologiquement de l’anti-cléricalisme et de l’anti-judaïsme.
Un autre exemple éclairera cela. Il faut d’abord se rappeller un peu la préface du livre de Job.
Le 1er chapitre du livre de Job est la clef du problème de la souffrance du juste. On nous raconte l’histoire idyllique d’une famille heureuse, riche avec des enfants beaux. Et chaque jour on faisait la fête, chez l’un des enfants. Mais à la fin de la nuit de fête, Job offrait pour le matin un sacrifice d’expiation quant aux fautes éventuelles que ses enfants auraient peut-être fait dans leur festin.
Regardez le scrupule : Job est juste mais n’est pas sûr de sa descendance ! Alors il commence à souffrir. Ce caractère dramatique de la souffrance d’un juste qui n’a pas fait de faute. Ce n’est pas une faute d’acte mais une faute d’être. Tera’h a été capable d’être le père d’Abraham mais n’est pas capable d’être le fils d’Abraham. Alors il souffre.
Au début de Parshat Toldot 25 :19:
וְאֵלֶּה תּוֹלְדֹת יִצְחָק, בֶּן-אַבְרָהָם: אַבְרָהָם, הוֹלִיד אֶת-יִצְחָק
Eleh toldot Its’haq ben Abraham Abraham holid et Its’haq
Voici les engendrements d’Isaac fils d’Abraham, Abraham a engendré Isaac...
On attendait les engendrements d’Isaac pas les engendrements d’Abraham.
On attendait un Isaac qui engendrerait Abraham mais on reste en surplace : Abraham a engendré Isaac... Alors qu’on attend qu’Isaac engendre Abraham !
Et d’ailleurs dès qu’Isaac est capable d’engendrer un Abraham, Jacob apparait. On voit à quel point c’est difficile qu’Isaac engendre Abraham parce qu’il n’arrive qu’à engendrer Jacob et Esaü. Quand Jacob s’appelle Israël alors Abraham est justifié.
Retour au problème :
Il faut se méfier du Satan parce qu’il se cherche un Job.
Le Satan dans ce récit de Job est l’accusateur public au tribunal d’En-haut. Dès qu’il y a une doute quelconque, il est formulé par le Satan. C’est pourquoi on a peur de lui car il dit la vérité. C’est lui qui, au tribunal, met en forme les doutes cachés. C’est terrible l’accusateur public !
Le premier chapitre du livre de Job explique pourquoi il souffre. Non pas parce qu’il a fait du mal. Mais parce qu’il n’arrive pas à passer au degré supérieur du Tsadik : il est alors le Tsadik devenu préhistorique.
Je vous ouvre une petite parenthèse pour citer au nom du Rabbi Na’hman de Breslev :
Moïse reçoit laTorah au Sinaï et pose des questions préalables à Dieu :
« Madouâ Tsadik véTov lo, tsadik vé râ lo, rashâ vé tov lo, rashâ verâ lo ? »
« Pourquoi le Tsadiq qui a du bien et le Tsadiq qui a du mal, le Rashâ qui a du bien et le Rashâ qui a du mal ? »
C’est en plein dans le livre de Job.
Il y a différentes réponses. Il y a 2 réponses classiques à cette Gémarah :
- le Tsadik qui a du bien est un Tsadik parfait
- le Tsadik qui a du mal c’est pour la petite part d’imperfection qu’il possède, il est guéri par le mal qu’il a en tant que Tsadik.
- le Rashâ qui a du mal est un Rasha Râ complet
- le Rashâ qui a du bien n’est pas complétement Rashâ.
Sauf les cas de perversions exceptionnelles, il n’y a pas de Reshayim qui n’ait pas une petite Mitsvah, une petite vertu. Il y a des gangsters qui aiment leur chat ! Alors on les récompense dans ce monde-ci et puis c’est réglé pour le Monde-à-venir. Pour le Tsadik c’est l’inverse.
Le Tsadik est puni dans ce monde-ci et c’est bien pour le monde à venir.
La 2ème réponse que l’on donne à cette question est plus difficile, je vous la cite sans l’expliquer :
- Le Tsadik qui a du bien est un Tsadik fils de Tsadik.
- Le Tsadik qui a du mal c’est un Tsadik fils de Rashâ.
- Le Rashâ qui a du bien c’est un Rashâ fils de Tsadik.
- Le Rashâ qui a du mal est un Rashâ fils de Rashâ.
C’est très difficile à comprendre mais cela va plus loin dans le problème.
Rav Na’hman de Breslav enseigne de la manière suivante.
- Le Tsadik qui a du bien c’est le Tsadik qui vit dans un temps où la Halakhah est comme lui, et où le bien selon Dieu c’est le bien selon lui. Alors il est non seulement Tsadik mais heureux. Car on peut être Tsadik mais hérétique : ce n’est pas comme cela que Dieu pense et pourtant il est Tsadik...
- Le Tsadik qui a du mal, c’est un Tsadik mais la Halakhah n’est pas comme lui.
- Le Rashâ qui a du bien, c’est le Rashâ du Tsadik que la Halakhah est comme lui.
- Le Rashâ qui a du mal, c’est le Rashâ du Tsadik que la Halakhah n’est pas comme lui.
C’est au fond la même explication à des niveaux très différents. Il y aurait une étude de la sociologie de la société israélienne à faire là-dessus.
Il y a des Tsadikim pour lesquels la Halakhah n’est pas comme eux, et leur Reshayim, Dieu préserve ! Il y a des Tsadikim pour lesquels la Halakhah est comme eux, et leur Reshayim sont comme eux.
Retour au sujet :
Tant que Abraham n’est pas circoncis, Sodome et Gomhorre sont en sursis. Dès qu’Abraham est circoncis le sursis prend fin. Il y a d’autres facteurs ont joué : le progrès moral chez Abraham déclenche la condamnation des Reshayim. C’est pourquoi les Reshayim n’aiment pas les Tsadikim. Parce que c’est à cause des Tsadikim que les Reshayim souffrent et sont disqualifiés et jugés. Sociologiquement c’est l’explication du mécanisme de l’anticléricalisme et de l’antisémitisme. Les gens n’aiment pas les curés, les rabbins car en leur présence, ils sont disqualifés. Ils n’aiment pas les Tsadikim en présence desquels ils se sentent Reshayim. C’est pourquoi je vous cite ensemble l’anticléricalisme et l’antisémitisme, j’ai étudié cela en laboratoire, cela va ensemble. On n’aime pas les Juifs parce qu’à côté des Juifs on est disqualifié. Ce qui est faux d’ailleurs mais ce sont là des mécanismes psychologiques pathologiques. Mais voilà comment cela fonctionne.
Parce que si les paroissiens du curé connaissaient les angoisses et les affres du curés, ils se rassureraient…etc.
Une scène nous est racontée dans la Torah lors de la querelle de Qora’h où Dieu s’adresse à Moïse pour lui dire qu’Il va les détruire. Les ennemis de Moïse lui disent : tu veux notre mort ! Ils suffit que Moïse soit là pour que Qora’h soit disqualifié. Qora’h est un grand homme mais en présence de Moïse il est disqualifié comme Rashâ. C’est pourquoi les Tsadikim doivent être modestes. Parce que s’ils ne le sont pas ils le paient. Il faut éviter tout comportement ostentatoire. Il faut de la réserve, signe de l’authenticité.
Pris au niveau le plus haut :
La présence du Tsadiq sur terre disqualifie tout le monde, donc le Tsadiq doit se cacher : c’est sans doute cela la notion de Tsadik Nistar. Pourquoi est-il plus grand que le Tsadik Niglé ? Précisément parce qu’il est caché. Tsadik Nistar: le Tsadiq caché, personne ne sait qu’il est Tsadik même pas lui car s’il le savait il serait orgueilleux.
Cela va jusque dans le vocabulaire sociologique contemporain : entendu de mes maitres : on n’a pas le droit de se dire « orthodoxe » - étymologiquement orthodoxia celui qui suit la voie droite – c’est d’un orgueil épouvantable. Comme au temps des Albigeois et leur communauté des « parfaits ». Les parfaits au chocolat !
Q : Il y a sursis de Sodome et Gomorrhe juqu’à la circoncision d’Abraham mais comment comprendre qu’il a prié et lutté pour sauver Sodome et Gomorrhe ?
R : Quand on lit ce texte on voit que Abraham discute et négocie pied-à-pied avec Dieu. Pourquoi Abraham s’est-il arrêté à dix ? Il aurait dû aller jusqu’à un ? Il y en avait en fait neuf et non pas dix: il y a avait Lot et sa famille et cela faisait neuf. Et encore quels drôles de Tsadikim ! C’est par rapport aux autres. En vérité on est émerveillé de la charité d’Abraham qui a prié pour des gangsters ! Cela me rappelle la croix rouge qui intervient pour protéger des assassins…
Abraham c’est le juste de la vertu de charité et que ça. Et la vertu de charité est absolue sinon elle n’est pas elle-même. Par conséquent, c’est normal qu’Abraham va, dans ce dialogue avec Dieu, vouloir sauver les criminels. Mais Dieu lui donne une leçon de morale, en lui expliquant pourquoi le jugement ne peut pas être comme il le souhaite : il y a la charité et il y a la justice. Abraham n’est pas encore Israël. Il est la vertu de charité mais totale. Et c’est pourquoi fonctionner comme Abraham ce n’est pas Israël mais on a besoin d’Abraham pour arriver à Israël. Ensuite Isaac est le juste opposé, le juste de la rigeur absolue. Mais ce n’est pas encore Israël. Il faut Jacob qui lie les deux : Jacob fils d’Isaac, fils d’Abraham et dans cet ordre. Alors ici la Torah nous explique ce qu’il ne faut pas faire : c’est la vertu qui demande de plaider pour le criminel, mais la justice demande de le condamner. Il y a parfois des conduites suicidaires par vertige de vertu exagérée. Ce à quoi Israël est occupé actuellement. Abraham dans cette Parashah va protéger Ishmaël jusqu’au bout. C’est Sarah qui intervient. Donc c’est normal de la part d’Abraham de plaider ainsi mais il ne faut pas oublier l’autre partie du récit : On oublie toujours qu’en réalité Abraham a reçu une leçon de morale. Il a témoigné de la vertu de charité, mais c’est son rôle. Et donc Abraham aurait dû aller encore plus loin pour que Dieu lui précise que le monde ne peut pas fonctionner ainsi.
Un enseignement important de Kabalah que j’ai étudié avec le fils du Rav Ashlag :
Il y a dans le monde des justes parfaits qui ne savent que donner : ce sont des êtres exceptionnels et c’est très rares, de qui on apprend comment donner. Mais surtout il ne faut pas faire comme eux pour se prendre pour des justes de cette manière sinon on devient fou...
L’art pour l’art en morale. La vertu pour la vertu. La vertu gratuite. Prendre cela au sérieux c’est être fou. Mais alors pourquoi ces Tsadikim existent-ils ? C’est pour nous apprendre comment donner. Parce qu’il n’y a qu’une manière de donner. Ne faire que ça. Sinon est-ce qu’on donne vraiment ?
La charité doit être une vraie charité. C’est pourquoi la Halakhah va donner des limites. Moins et ce n’est pas de la charité. Plsu que cela et c’est de la folie dit la Guémara. Celui qui donne plus que le Maasser est fou.
Trois critères de folie donnés par la Guémara :
- Celui qui a tendance à se promener dans les cimetières.
- Celui qui va dehors la nuit tout nu et n’a pas froid.
- Celui qui donne trop en charité.
Il y a des générosités suspectes, si on laisse aller, selon la Guémara, elles mènent à la folie.
Donner, si c’est sérieux, c’est donner tout.
J’ai eu une fois un colloque avec des Chrétiens : donner sa vie pour l’autre. Un philosophe juif est intervenu : Mais c’est en fait le don de leur mort et non de leur vie.
Je vous donne un exemple : le véritable sacrifice pour la Guémara c’est le sacrifie du fils, parce que si on ne sacrifie pas ce à quoi on tient le plus ce n’est pas un sacrifice. Mais c’est précisément ce que la Torah interdit. Pour la religion naturelle c’est normal. Mais c’est païen. C’est la religion naturelle. Pas pour la Torah qui intervient et enseigne que c’est une abomination, parce que la véritable vérité morale c’est l’unité des valeurs. Là, ce serait la charité et que cela. C’est catastrophique drames que la charité absolue a déclenché dans le monde, c’est la tragédie de la vertu exagérée. C’est plus méchant que le mal. S’il y a des psychologues parmi vous ils devinnent les abîmes d’implications.
[Il y a une méchanceté qui consiste à adopter comme principe que l’autre est sûrement un ange.
C’est très méchant parce qu’il est jugé en tant qu’ange pour mieux le condamner lorsqu’il s’avère n’être qu’un homme... Cela commence par la pire des méchancetés. Cela explique énormément de scène de ménages d’ailleurs.]
De la même manière on a besoin des Reshayim dont tout l’être consiste à recevoir pour apprendre comment on reçoit. Parce qu’il faut apprendre comment on donne et il faut apprendre comment on reçoit. Alors nous avons des modéles. Un grand mystère : pourquoi dans notre monde y a t-il des Tsadikim et des Reshayim ? On a besoin d’eux pour apprendre comment donner et comment recevoir. Mais surtout ne jamais faire comme eux. Il y a effectivement des Tsadikim – c’est très rare mais cela existe - qui ne sont là que pour donner. On ne sait pas comment ils recoivent. C’est mystérieux. Et d’eux on apprend comment on donne. Et il y a des Reshayim qui ne sont là que pour recevoir. D’eux on apprend comment recevoir.
Les termes en hébreu : Ratson lehashpia c’est le Tsadik : Toute sa volonté est de donner, de déverser. Ratson leqabel c’est le Rashâ : toute sa volonté est de recevoir.
Nous sommes nous les créatures normales, les Bénonim. Et alors, il n’y a que deux possibilités, deux attitudes possibles. C’est l’histoire de toute la civilisation divisée en 4 catégories :
- Donner pour recevoir : c’est la morale naturelle qui n’est pas encore idéale car le point de chute c’est de recevoir. C’est le don de sa vertu pour recevoir un fauteil au paradis.
- Recevoir en vue de donner : c’est la vraie solution selon la Torah : recevoir le plus possible pour pourvoir donner le plus possible.
Ce qui fait que les deux tendances qui nous constituent, l’altruïsme et l’égoïsme, sont toutes les deux satisfaites. Mais dans l’ordre. Il faut recevoir pour donner.
Donner pour recevoir, c’est la morale naturelle. La formule latine est do ut des « je donne en vue que tu donnes » : c’est le contrat de la morale naturelle. 3 kilo de Psaumes en échange d’une place au paradis....
C’est ce que le Rav Ashlag enseigne que l’ordre est de recevoir en vue de donner. C’est pourquoi il y a dans le tempérament juif, la volonté de recevoir. Mais si celle-ci s’arrête en chemin, il s’agit d’un matérialisme grossier. Mais c’est en vue de donner.
Très souvent dans les accusations antisémites se retrouve la moitié du diagnostic : c’est vrai que les Juifs ont un appétit de recevoir. Mais parce que c’est le commencmeent de l’appétit de donner.
Retour au sujet :
C’est la scène de la famille de Lot rescapé de la destruction de Sodome et Gomhorre.
Verset 27 chapitre 19
C’est le récit des 2 filles de Lot avec leur père. Ils sont rescapés. Les récits montrent un progrès de la moralité chez Abraham et une caricature de moralité d’Abraham chez Lot.
Il y a ici une scène messianique à l’envers, c’est tragique. C’est une tentative de sauver l’humanité et ses engendrements alors qu’on croit que toute l’humanité a disparu et qu’ils ne restent que Lot et ses filles. Il y a alors une initiative des filles de Lot pour sauver l’avenir de l’humanité en ayant des enfants avec leur père. C’est une scène messianique dans la défigure.
En étudiant l’histoire en détail on s’aperçoit que les 2 filles de Lot n’ont pas la même conduite du point de vue de la morale. L’une c’est vraiment en vue de sauver l’humanité, l’autre c’est la luxure pure et simple et c’est le différence entre Moav et Ammon. Va naitre une lignée de la famille d’Abraham (Lot est le fils du frère d’Abraham, cette famille sortie d’Our-Qasdim) qui va caricaturer les identités d’Israël : les Ammonites et les Moabites et qui seront en rivalité messianique pendant tout le temps de la Bible contre Israël. Cette rivalité n’est pas achevée.
La région des Ammonites c’est la Jordanie. Aman s’appelle Rabat-Amon « la capitale de Ammon ».
Et effectivement, la rivalité messianique sur la propriété de Erets Israël c’est un problème que nous avons avec les Jordaniens. Je résume tout ce qui se passe actuellement.
Lot imite Abraham mais dans la défigure, dans le mal. L’hospitalité d’Abraham est la vertu dans le bien, celle de Lot est l’hospitalité dans la débauche : Donner ses filles à l’étranger…etc.
Juste après, progrès de la moralité chez Abraham, et de nouveau cette scène du patriarche qui dit de sa femme qu’elle est sa soeur. On voit le contraste entre l’échec de la moralité chez Lot et sa réussite chez Abraham.
Cette même capacité anthropologique de « l’être frère » : ce qui se cherchait dans la famille d’Abraham qui est précisément capable d’être frère. Il y a alors le vrai frère et le faux-frére : Etre frère dans l’immoralité, c’est l’option de Loth. Etre frère dans la moralité c’est l’option d’Abraham.
Voilà le déroulement de ce récit. Le point de départ c’est le fait que Abraham va réaliser l’alliance de la circoncision et cela va cristaliser l’accélération de tous ces événements. Tout se déclenche. Alors la promesse de la naissance du fils d’Abraham va s’accomplir. Jugement de Sodome et Gomhorre, séparation définitive entre Loth et Abraham... etc.
***
Q : De Lot va naître le Mashia’h ?
R : C’est trop résumé. De Loth va naître Ruth, l’ancêtre de David.
Loth n’est pas n’importe qui : c’est une étincelle de la famile d’Abraham qui est enfouie sous une écorce d’impureté. A relier au fait qu’Abraham s’était déjà séparé de Loth, mais il va protéger Loth de loin car il protège cette chance de l’âme de Ruth qui est dans la lignée de Lot et qu’il faut sauver. C’est pour sauver cet âme qu’Abraham va intervenir.
C’est ce qui était le plus près qui est devenu le plus loin. Dans ce plus loin, il y a toujours la trace du plus près de l’origine. Ruth c’est celle qui revient du plus loin et qui ramène avec elle tous les autres car c’est elle qui était la partie de l’identité d’Israël qui s’était perdue avant le commencement de son histoire. Cette lignée de Loth aurait dû être dans Abraham. Elle s’en est séparée en portant une étincelle de sainteté qui est dans l’écorce d’impureté de la débauche. « Enfouie sous la cendre », l’âme de Ruth ! Alors Abraham va protéger l’âme de loin pour sauver cette âme de Ruth qui en fin de compte va revenir.
Ruth est le modèle des convertis mais ce n’est pas n’importe quel converti : celle qui revient dans la famille d’Abraham. Elle revient du plus loin et ramène avec elle toutes les autres. Alors elle est le modèle de toutes les femmes converties. Nous avons dans une autre dimension la même chose avec Jethro. Ruth a une place très grande dans la tradition puisque le livre est lu à Shavouot lorsque la Torah est donnée. La Torah est donnée à Israël et on parle de ceux qui reviennent en Israël du plus loin où ils étaient partis. C’est Ruth qui sera l’ancêtre du Mashia’h parce que c’est le Mashia’h qui assure la rédemption de l’universel humain. Mais en tant que l’ancêtre du Mashia’h, elle est fille d’Abraham rentrée à la maison. Ce n’est pas visible parce que c’est un thème d’identité profonde à travers l’histoire. La question commence ainsi: Pourquoi Abraham protège-t’il Loth ? Ce n’est pas Loth qu’il protège mais ce qu’il y a dedans.
Yitro - Rout - Torah c’est à peu près les mêmes lettres : Torah sans le Hé donne Rout et en ajoutant le Youd donne Yitro.
Q : Laquelle des deux filles ?
R : Celle qui a pris l’initiative la première c’est en bonne part Lishmah. La deuxième c’est en mauvaise part Lo lishmah. Vérifier dans le texte. Talmud: le même comportement peut être au niveau du jugement de valeur soit Tsadik soit Rashâ. Dans un cas c’est pour sauver l’humanité et dans un autre cas c’est pour avoir un plaisir supplémentaire avant la catastrophe. Il faut voir cette scène dans son tragique même : c’est une fin de monde, on croit que le monde a disparu. Comment faire pour continuer les engendrements ?
Du temps de l’occupation romaine, il y avait ce qu’on appelle dans le Talmud les matrones – matronita – les tenancières de cabarets. Beaucoup de Ba’hourim Yeshivah étaient séduites par les filles, un Ba’hour yeshivah se laisse tenter et va passer à l’acte. En se déshabillant son tsitsit lui a frappé le visage. Il se réhabille en vitesse et sort du cabaret. La fille le poursuis et demande des explications : ne suis-je pas assez belle pour toi ? Non, il y a un maitre plus fort que toi. Elle lui dit : Tu ne sors pas d’ici sans m’expliquer ce qui t’es arrivé.. qui est plus fort que moi ? Elle a été voir le maître et subjuguée, s’est convertie. Après la conversion elle a demandé au rabbi une bénédiction…
.../...
<Fin>