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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 18:29

Parasha - Hayey Sara (1995)

 

 

Face A

 

C’est une parashah assez longue. Il y a 2 épisodes du récit auxquels je voudrais me référer:

l’achat de la caverne de Makhpelah par Avraham à l’occasion de la mort de Sarah.

le mariage d’Isaac et les enseignements que l’on peut en tirer.

 

23:2:

וַתָּמָת שָׂרָה, בְּקִרְיַת אַרְבַּע הִוא חֶבְרוֹן

 

On apprend des versets précédents que Sarah est morte à Qriat Arba que le verset nomme ‘Hevron.

Le mot de ‘Hévron donne déjà l’idée de dualité mais Qriat Arba la multiplie par deux si j’ose dire.

Le texte donne un certain nombre d’indications :

בְּקִרְיַת אַרְבַּע הִוא חֶבְרוֹן

Qriat Arba Hou ‘Hevron

 

Il y a donc une perspective historique. C’est qu’à un certain moment de l’histoire cette ville s’appelle ‘Hévron mais, je cite le Midrash, elle est depuis l’origine de l’humanité, sous l’appellation de « Qriat Arba la cité des quatres » – elle est l’endroit où a commencé l’histoire humaine. D’après le Midrash, y sont enterrés dans la caverne de Makhpelah, déjà Adam et ‘Hawah, et par la suite, Avraham et Sarah, Isaac et Rebeccah, Jacob et Léa. Il est important de signaler que c’est Jacob et Léah et non Jacob et Rachel.

 

La première question : pourquoi était-il nécessaire que Avraham achète la caverne de Makhpelah alors que le possesseur de cette caverne qui était Efron Ben Tso’har du peuple des Hittites était prêt à la lui donner en cadeau ? Quel est l’enseignement au fait que Avraham doit acheter – qiniane – acquérir la terre qu’il lui est donnée par Dieu ?   

 

[la Torah n’emploie jamais le terme de « terre promise » qui est de mentalité chrétienne : il y a toute une philosophie derrière ce terme de « terre promise » la terre promise mais il faut la mériter, elle est promise ad vitam eternam. Et effectivement, il y a une certaine tendance dans la réflexion philosophique à considérer que le messianisme authentique est celui qui ne se réalise jamais... C’est une promesse, c’est une dynamique, c’est une espérance... Il y a là une mentalité qui n’a strictement rien à voir avec le Pshat de la Torah, même si vous entendez les discours de ce type, surtout universitaires, dans les milieux juifs. Ceux qui ont étudié le Talmud savent que indépendamment de tous les niveaux d’harmonique de sens, allégorique, mystique, métaphysique, le sens fondamental c’est le sens Pshat qui correspond à la réalité des choses. C’est l’imprégnation de mentalité chrétienne de prendre comme postulat à priori un cararctère abstrait, symbolique, de l’enseignment de la Torah. La ligne de partage entre ces deux mentalités c’est la relation à la Torah comme loi. Pour le judaïsme, la loi doit être pratiquée, réalisée. Les Mitsvot doivent être réalisées : Mitsvot Maassiot. Réalisées réellement. Tandis que dans d’autres registres, en particulier dans la mentalité chrétienne, c’est symboliquement que cela se réalise, mystiquement. Pneumatiquement, au niveau de l’esprit. Pneuma l’esprit c’est le Roua’h. Il faut être vigilant devant cet envahissement de la conscience juive à travers la culture moderne de cette perspective. On l’a trouvé surtout dans le judaïsme d’Alexandrie avec Philon : une lecture allégorique et non pas concrête et réelle du judaïsme. J’insiste un peu car nous sommes confrontés à des risques de ce genre par rapport à Erets Israël. On entend souvent dans les discours, même pieux, parler d’un Erets Israël symbolique.

Quoiqu’il en soit la véritable ligne de démarcation c’est Mitsvot Maassiot.

Je vous raconte une anécdote avec le père Dubois.

C’est une logique totalement différente. Dans la confrontation avec le christianisme on ne peut dialoguer qu’au niveau des connaissances – la logique intellectuelle - et non pas au niveau des convictions qui se situent au niveau des passions, de la logique affective. Dans la logique affective, on décide d’abord de la conclusion du raisonnement. Et ensuite on y arrive. C’est la logique des avocats. Rappelez vous de la Mishnah : le juge reçoit comme consigne : « ne te conduis pas comme un avocat », car la logique d’un avocat c’est de décider à l’avance de la conclusion des raisonnements, tandis que la logique intellectuelle prend des points de départs clairs et évidents et ne sait pas encore où le raisonnement mènera en conclusion. C’est pourquoi c’est de la perte de temps que de discuter au niveau des convictions. Bitoul Zman.

On discutait sur ce qui nous séparera toujours que le christianisme prétend que la loi est accomplie. Quelle loi ? La loi de Moïse. Que signifie accomplie dans cette affirmation ? On a discuté et pris des exemples : « Tu ne te feras pas d’image » Il m’a dit, oui la loi de Moïse interdit la représentation de l’image de Dieu. Mais Dieu a jugé dans sa grande bonté que les hommes ne pouvaient pas se passer d’image. Et pour pas qu’il y ait de faute Il s’est fait lui-même sa propre image. A ce niveau, il n’y a pas de discussion possible.] 

 

L’acquisition - qiniane - de la caverne de Makhpelah par Avraham est la première acquisition d’Erets Israël. Cela commence par Abraham. Je citerais en particulier l’enseignement de Ibn Ezra et de Na’hmanide à ce sujet sur ce point précis : pourquoi cette nécessité pour Abraham d’acheter ce caveau précis que Efron ben Tso’har veut bien donner en cadeau ?

 

Cela va mettre en évidence le souci d’Abraham et de la Torah d’assurer les droits d’acquisition de la terre. Et cette préoccupation d’Abraham que l’acquisition soit irréversible n’a pas servi. Tous reconnaissent actuellement que la caverne de Makhpelah abrite les Patriarches mais cela semble ne servir à rien. C’est vrai pour l’ensemble d’Erets Israël.  

 

L’enseignement central que je voudrais citer :

Bien sûr, la situation historique nous dépasse et nous n’arriveront jamais à l’identitifier de la manière dont le texte en parle. Les habitants de Canaan se conduisent avec Abraham comme avec un être exceptionnel : « נְשִׂיא אֱלֹהִים אַתָּה בְּתוֹכֵנוּ Nessi Elohim Atah Betokhenou-  prince de Dieu parmi nous ».

 

Cela demande à être élucidé : nous n’avons pas l’habitude, ni l’expérience de cela. Les occupants du pays se conduisent avec Abraham revenu de la civilisation de Babel comme avec un être exceptionnel disant de lui : נְשִׂיא אֱלֹהִים  Nessi Elohim prince de Dieu.

 

Une analogie historico-littéraire :

c’est le thème des familles de sang divin, de sang bleu. Il y a eu un temps de l’histoire des hommes, dans toutes les sociétés finalement où l’on admettait que certaines familles, certaines dynasties étaient divines. Cela continue sans doute sous une toute autre forme. C’est sans doute l’intuition de la civilisation qu’il y avait des dynasties qui étaient d’un autre ordre que les dynasties des sociétés dont elles étaient la fonction royale. C’est très connu pour l’Egypte en tout cas. Le Japon et la famille de l’empereur.

 

Quoiqu’il en soit, voilà donc ce dialogue avec quelqu’un que l’on respecte comme s’il était de sang bleu.   

 

Verset 6 :

Lorsqu’Abraham demande un caveau en particulier et pas n’importe lequel, il faut essayer de comprendre ce qu’il savait pour demander ce caveau là et pas un autre ?

Les ‘Hittites lui répondent :

שְׁמָעֵנוּ אֲדֹנִי, נְשִׂיא אֱלֹהִים אַתָּה בְּתוֹכֵנוּ--בְּמִבְחַר קְבָרֵינוּ, קְבֹר אֶת-מֵתֶךָ; אִישׁ מִמֶּנּוּ, אֶת-קִבְרוֹ לֹא-יִכְלֶה מִמְּךָ מִקְּבֹר מֵתֶךָ

Shma'enou adoni

Ecoutes-nous seigneur

Nessi Elohim atah betokhenou

tu es une prince de Dieu parmi nous

bemivekhar kevareynou

dans la meilleure de nos tombes

kevor et-metekha

enterre ton mort

ish mimenou et-kivero lo-yichleh mimekha

personne d’entre nous ne refusera sa tombe devant toi

mikevor metkha.

d’enterrer ton mort.

 

Vayakom Avraham vayishta’hou le'am-ha'arets livney-‘Het.

Avraham se leva et se protesterna devant le peuple de la terre les enfants de ‘Het.

 

Ici c’était un des 7 peuples qui occupaient le pays à l’époque du retour de la famille d’Abraham au pays des hébreux que l’on appelle à cette époque le pays de Canaan parce qu’il est en train d’être conquis pas les Cananéens qui se rangent parmi les peuples occupants du pays. Il y a 7 peuples dont les Cannéens, il y en a 10 ou 13 selon les sources différentes qui s’étudient très attentivement surtout dans le Zohar : ce sont des niveaux d’identités des nations qui occupent Erets Israël et réclament un droit de possession de la terre qui est appelée à l’origine la terre des hébreux.

Le Zohar dit qu’il faut comprendre l’expression « Bnei ‘Het » en relation déjà avec les premiers temps de l’humanité : les fils du péché - ‘Heth - s’écrit différemment mais le Zohar joue sur l’homophonie. 

 

וַיְדַבֵּר אִתָּם, לֵאמֹר:  אִם-יֵשׁ אֶת-נַפְשְׁכֶם, לִקְבֹּר אֶת-מֵתִי מִלְּפָנַי--שְׁמָעוּנִי, וּפִגְעוּ-לִי בְּעֶפְרוֹן בֶּן-צֹחַר
Vayedaber itam lemor

Et il parla avec eux en disant :

im-yesh et-nafshekhem

Si vous êtes d’accord

likbor et-meti milfanay

que j’enterre mon mort devant moi

shma'uni oufig'ou-li be'Efron ben-Tsohar

écoutez moi et intercédez pour moi chez Efron fils de Tsohar.

 

La racine de l’expression fig'ou-li signifie dans le sens immédiat heurter quelqu’un mais c’est un des mots dont on se sert pour dire la prière : Vayifgar bamaqom (il s’est heurté à l’endroit) à propos de Jacob. Il y a différentes conduites de la prière, il y a une prière insistante qui est désignée par cette racine de lifgouaa.

 

וְיִתֶּן-לִי, אֶת-מְעָרַת הַמַּכְפֵּלָה
Veyiten-li et-me'arat haMakhpelah

Et qu’il me donne la caverne double .

 

A retenir le verbe naton donner qui va être précisé dans la suite du verset.

 

אֲשֶׁר-לוֹ, אֲשֶׁר, בִּקְצֵה שָׂדֵהוּ:

asher-lo

qui est à lui

asher biktseh sadehou

qui se trouve à l’extrêmité de son champ .

 

Et Abraham va acquérir et le champs et la caverne. C’est surtout Na’hmanide qui va nous l’expliquer.

 

  בְּכֶסֶף מָלֵא יִתְּנֶנָּה לִּי, בְּתוֹכְכֶם--לַאֲחֻזַּת-קָבֶ

Bekhesef male yitnenah li

en argent plein, il me la donnera

betokhekhem la'ahouzat kaver.

Parmi vous en héritage de sépulture

וְעֶפְרוֹן יֹשֵׁב, בְּתוֹךְ בְּנֵי-חֵת; וַיַּעַן עֶפְרוֹן הַחִתִּי אֶת-אַבְרָהָם בְּאָזְנֵי בְנֵי-חֵת, לְכֹל בָּאֵי שַׁעַר-עִירוֹ לֵאמֹר

Ve'Efron yoshev betokh beney-‘Het

Et Efron était assis au milieu des enfants de ‘Het.

[Chaque fois qu’il y a cette expression « être assis au milieu de son peuple » c’est être assis à la porte de la ville au tribunal.]

vaya'an Efron ha’Hiti et-Avraham

et Efron le ‘Hittite répondit à Avraham

be'ozney veney-‘Het

aux oreilles des enfants de ‘Het

lekhol ba'ey sha'ar-iro lemor.

Devant tous les passant de la porte de la ville (c’est à dire le tribunal) en disant :

 

לֹא-אֲדֹנִי שְׁמָעֵנִי--הַשָּׂדֶה נָתַתִּי לָךְ, וְהַמְּעָרָה אֲשֶׁר-בּוֹ לְךָ נְתַתִּיהָ; לְעֵינֵי בְנֵי-עַמִּי נְתַתִּיהָ לָּךְ, קְבֹר מֵתֶךָ

Lo-adoni shma'eni

Non Monseigneur, écoutes-moi

hasadeh natati lakh

le champ, je te l’ai donné

vehame'arah asher-bo lecha netatiha

ainsi que la caverne qu’il y a dans le champ je t’ai donné

le'eyney veney ami

aux yeux des enfants de mon peuple

netatiha lakh kvor metekha.

Je te l’ai donné enterre ton mort.

 

C’est là que nous avons notre problème : Efron le propriétaire était prêt à lui donner et lui a donné. Pourtant Abraham n’est pas satisfait.

 

Verset 12 :

וַיִּשְׁתַּחוּ, אַבְרָהָם, לִפְנֵי, עַם הָאָרֶץ

Vayishta’hou Avraham lifney am-ha'arets

Et Avraham se prosterna devant le peuple de la terre.

 

וַיְדַבֵּר אֶל-עֶפְרוֹן בְּאָזְנֵי עַם-הָאָרֶץ, לֵאמֹר, אַךְ אִם-אַתָּה לוּ, שְׁמָעֵנִי:  נָתַתִּי כֶּסֶף הַשָּׂדֶה, קַח מִמֶּנִּי, וְאֶקְבְּרָה אֶת-מֵתִי, שָׁמָּה

Vayedaber el-Efron be'ozney am-ha'arets

Et il parla à Efron aux oreilles du peuple de la terre

lemor akh im-atah lou shma'eni

pour dire : si seulement tu voulais bien m’entendre

natati kesef hasadeh ka’h mimeni.

Je t’ai (déjà) donné l’argent du champ prends le de moi

Efron dis j’ai donné mais il n’a rien donné, Abraham dis j’ai donné mais il n’a rien donné...

(si je te promets c’est que tu l’as déjà -  il suffit aux tsadikim de parler) l’argent du champs prend le de moi 

Tout ce qu’il lui demande c’est de prendre l’argent.

ve'ekberah et-meti shamah

et je pourrais enterrer mon mort là-bas.

 

Vaya'an Efron et-Avraham lemor lo.

Et Efron répondit à Avraham en lui disant

Adoni shma'eni

Seigneur écoutes-moi

erets arba me'ot shekel-kesef

une terre de 400 shekels d’argent

beyni ouveyneykha mah-hi.

entre moi et et entre toi qu’est-ce que c’est ?

ve'et-metecha kevor

enterre ton mort !

 

Donc on apprend que c’est au prix de 400 Shékalim d’argent que finalement la transaction a eu lieu. Ces 400 sicles d’argent ont une origine. Cela se relie à un tout autre épisode. C’est lorsque le Pharaon a reconnu que Sarah était la femme d’Abraham et qu’il l’a congédié et lui a donné en dédommagement 400 sicles d’argent que l’on retrouve ici. Il y a donc une filiation entre cette histoire de Sarah et Abraham en Egypte chez Abimelekh et d’autre part l’acquisition d’Erets Israël. Ce qui s’est passé en Egypte en ce temps-là fait qu’il va falloir acheter le pays d’Israël alors que ce pays est donné à Abraham. C’est la différence entre la terre promise et la terre donnée. Sans aucun lien possible entre les deux. André Chouraqui appelait la terre promise « la terre de promission » : toute une stratégie pour éviter que la promesse s’accomplisse...

 

Si c’est la terre des Hébreux, pourquoi faut-il l’acquérir ?

 

Réponse :

Il y a deux contrats possible : le contrat de donation shta’h matanah , et le contrat d’acquisition – shta’h quiniane. La législation talmudique préfére tojours le shta’h quiniane même pour une prouta à un shta’h matanah. Les droit de possession sont apparemment les mêmes, mais il y a une force juridique et donc morale plus forte s’il s’agit d’un contrat d’aquisition.

 

Abraham pressent que ce pays sera disputé à sa descendance, et il veut alors en assurer les droits judiriquement et moralement de façon plus irréversible que par un contrat de donation.

 

La différence entre donner, prendre et acquérir, nous allons l’étudier dans une législation du Talmud concernant le mariage. Effectivement, c’est la forme de cette acquisition du champ par Abraham qui va servir de base à l’établissement des procédures du mariage.

 

Le verset 3 va nous aider à comprendre pourquoi Abraham doit quand même acquérir la terre qui lui appartient en tant qu’hébreu.

 

Abraham ramène de l’exil de Babel à Our-Qadim son identité hébraïque mais cette identitié est un peu à l’indice araméen, à l’indice de l’exil. L’araméen est l’hébreu de l’exil au temps de la civilisation de Babel, de la même manière que le juif est l’hébreu de l’exil au temps de la civilisation romaine.

 

On comprend pourquoi il va falloir tout un effort de désintoxication de ce que les Kabalistes appellent Qlipat Aram  - l’écorce d’Aram. L’identité hébraïque est enfouïe et vit sous une écorce, l’écorce araméenne, qu’elle ramène d’exil. Et tout cet effort d’Abraham à Jacob qui recevra le nom Israël est pour se débarrasser de la sédimentation due à l’écorce de l’identité araméenne déposée sur l’identité hébraïque. Nous vivons un processus assez analogue.  

 

D’une certaine manière, pour retrouver notre identité hébraïque profonde, il faut finir par se débarasser de ce qu’était le statut socio-politique du juif de l’exil. Je n’ai pas dit l’identité juive, parce que l’identité juive profonde c’est l’identité hébraïque traduite dans une autre langue. Puisque les Juifs de l’exil sont des Hébreux qui parlent une autre langue. La langue n’étant ici que le signe de l’identité culturelle profonde.

 

Nous vivons un processus analogue et trés dramatique : les problèmes de la société israélienne contemporaine en font foi. C’est cette histoire que la Torah nous raconte : le retour de  « Abram l’hébreu » jusqu’à ce qu’il devienne Abraham l’hébreu, le point de départ de cette réhébraïsation de l’unique famille des rescapés de la fournaise de Our-Qasdim qui va fournir cet effort qui ménera à Jacob-Israël.

 

Trés schématiquement, cette Qlipat Aram est évacuée en deux niveaux : la Qlipah extérieure part avec Ishmaël (qui est extérieure comme Hagar était extérieure à Sarah), et la Qlipah intérieure partira avec Essav jumeau de Jacob et qui a la même mère. Ce sont deux effort d’épuration d’identité, de réhébraïsation d’identité, qui sont des processus historiques et sociaux et politiques que nous vivons actuellement bien plus qu’au simple niveau culturel.

 

Midrash : l’identité d’Israël est impossible à définir.

Deux noms dans la Torah qui sont de cet ordre : le nom de Dieu et le nom d’Israël. L’expression Dieu d’Israël en est la clef.

En ce qui concerne Israël il y a quand même deux limites extérieures de cette identité : l’une est Ishmaël et l’autre est Essav. Tous deux sont très facile à définir. C’est Jacob-Israël et surtout le mystère Israël qui est difficile à définir. Mais il y a quand même deux limites extérieures qui sont nominables.

 

Un des Midrashim explique ceci sur le thème suivant : il y a 4 catégories de personnes par rapport à la Torah :

Ceux dont le comportement est bon mais dont le nom n’est pas beau.

Ceux dont le nom est beau mais dont le comportement n’est pas beau

Ceux dont ni le nom ni le comportement ne sont bons

Ceux dont le nom et le comportement sont bons

 

En ce qui concerne une de ces catégories, ceux dont le nom est bon mais dont le comportement n’est pas bon, le Midrash explique qu’il s’agit de Ishmaël et de Essav. Ce sont deux noms très honorables, le Midrash poursuit :

Voilà comment le Midrash les explique :

Ishmaël dans le sens Pshat “Dieu écoutera” que le Midrash traduit => son identité est  Shoméa El  il écoute Dieu. Ceux qui connaissent la religiosité musulmanne, originairement idolâtre mais rentrée dans la foi d’Abraham après Mahomet, savent ce qu’est un musulman priant. C’est une identité humaine capable d’écouter la loi de Dieu. Le nom dans son sens Pshat signifie l’inverse : Dieu écoutera. Quand ? Dans l’avenir. La priére d’Ishmaël est prière authentique.

 

Cette grande difficulté de l’exil d’Israël chez les musulmans surtout pour les Sfardim et chez les Chrétiens surtout pour les ashkénazim est aux prises avec des sensibilités trés différentes.

Halakhah : il est possible pour un Juif de prier dans une mosquée.

La prière musulmanne est une prière monothéiste

Et puis Essav : osseh retson ossav il accomplit la volonté de celui qui l’a fait

 

C’est très frappant de voir à travers ce Midrash ces deux limites extérieures de l’identité d’Israël.

Ishmaël est à la tendance du Nishmah, alors que Essav est  la tendance du Naasseh.

Et Israël c’est naassé venishmah. Il y a une espèce de problématique d’identité dans ce Midrash qui est très claire. Il y a en Israël des tendances d’échecs. Ceux qui sont que Naassé et pas Nishmah et ceux qui sont que Nishmah et pas Naassé. L’un a tendance à être Essav et l’autre a tendance à être Ishmaël. Y a des tendances à être les limites extérieures de l’identité d’Israël en Israël même.

 

Très schématiquement parce que toutes les exceptions sont possibles:

Les Séfardim en général ont plus tendance au Nishmah qu’au Naasséh

Les Ashkenazim en général ont plus tendance au Naasséh qu’au Nishmah.

 

[Le grand Rabbin Jaïs a été grand rabbin dans une communauté Séfarade à Constantine en Algérie et dans une communauté Ashkénaze en Alsace : en Algérie un notable du consistoire mais qui ne faisait aucune Mitsvah. Un jour il lui apporte une bouteille d’huile au grand rabbin pour mettre de l’huile dans la veilleuse de Eliyahou Hanavi parce qu’il avait rêvé du prophète Eliyahou Hanavi. Le grand rabbin exprima son étonnement : Comment ? vous m’apportez de l’huile pour la veilleuse d’Eliyahou Hanavi parce que vous avez rêvé de lui ? Réponse du juif : Quoi, Monsieur le rabbin, vous n’y croyez pas ? C’est un premier type de juif.

En Alsace le président de la communauté était un juif très pieux. Un soir de Pessa’h le grand rabbin Jaïs a fait un discours sur les miracles de la sortie d’Egypte. Alors à la fin de l’office le président l’a félicité : « Vous avez très bien parlé mais vous savez ces histoires de miracles il faut raconter cela au talmud Torah à ma petite fille.

Alors le grand rabbin Jaïs me demanda : Lequel des deux est juif ?

Vous voyez, l’un c’est Nishmah et rien du Naasseh. L’autre c’est Naasseh et Nishmah c’est un problème. Les deux limites de l’identité sont présentes ici. Je lui ai dit : il faut prendre le fils de l’un et la fille de l’autre, les marier, et on obtiendra un juif avec cela.]

 

***

 

Abraham revient avec l’identité hébraïque devenue araméenne en exil. Or, ce n’est pas toutes les dimensions de cette identité hébreux revenue d’exil de la famille d’Abraham qui peuvent être Israël. C’est le résultat de déjà trois générations d’évacuation de l’identité araméenne. L’identité Aram va se déposer comme telle dans la descendance de Loth (Ammon et Moav), dans la descendance d’Ishmaël et dans la descendance d’Essav. Et c’est l’identité hébraïque revenue d’exil, débarrassée de l‘identité d’Aram qui deviendra Jacob qui reçoit le nom Israël parce qu’il est enfin hébreu absolu.

 

C’est finalement la réponse à notre question : pourquoi faut-il donner et spécifier à la descendance d’Abraham par Isaac et Jacob, cette terre qui est la terre des Hébreux ?

Parce qu’elle sera inévitablement réclamée par les autres lignées ! Mais il n’y a que Jacob devenu Israël qui est vraiment l’hébreu et qui a donc droit à la terre des Hébreux.

 

Au point de départ, notre question est la suivante : Nous savons que c’est la terre des hébreux. (Cf. Verset du chapitre 46 de Bereshit ). Pourquoi faut-il donc confirmer à Abraham que dans sa descendance Isaac et Jacob cette terre lui appartiendra puisque c’est la sienne  ? Parce que l’hébreu revenu de la civilisation d’Our-Qasdim est araméen et a donné naissance à des lignées dérivées de la famille d’Abraham qui ne sont pas hébreux vraiment. Il n’y a qu’avec Jacob devenu Israël que l’on a vraiment retrouvé l’identité hébraïque.

 

Je vous ajouterais l’explication du Maharal à propos d’un verset que nous étudierons à Pessa’h.

C’est à Abraham déjà qu’est annoncée l’éventualité de l’exil. Et il s’avérera par la suite où cet exil se fera : là où la civilisation du temps était la plus forte. Il s’avèrera par la suite que c’était en Egypte. Maharal : Puisque c’est avec Abraham déjà que l’exil est annoncé pourquoi ne commence-t’il pas avec Abraham ? Pourquoi faut-il attendre Jacob pour que l’exil commence ?

Maharal répond : parce que la confirmation de la possession de la terre des hébreux est toujours liée à l’éventualité de l’exil. Et si l’exil avait commencé avec Abraham, Ishmaël aurait été concerné.  Ishmaël avait connu l’exil il aurait des droits sur la terre.

.../...
lire la suite ici
 

******

 

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9 novembre 2009 1 09 /11 /novembre /2009 21:11
Parasha - Hayey Sarah 86 la caverne de Ma’hpelah -
3ème Partie.

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/haye_sara_serie_1986/cours_1

Face B

 

.../...
mais on ne savait pas ce que devait commémorer ce ‘Hanoukah-là. Au temps des Makabim on a su. Alors à partir des Makabi ‘Hanoukah c’est cela. 

De même pour Yom Haatsmaout et de même pour le jour de l’arrivée du Messie.

C’est déjà l’arrivée du messie bien qu’il ne soit pas déjà arrivé. Puisqu’il n’est pas encore arrivé on ne commémore pas ce jour-là mais on le connait et ce jour-là vous verrez on vous donnera la référence exacte dans nos sources, mais on ne peut pas le commémorer encore.

 

***

 

Dans certaines communautés de kabalistes il est déjà fêté d’ailleurs, comme d’ailleurs le jour de Yom Haatsmaout et le jour de Jérusalem.

 

A Jérusalem, tous les anciens de la ville vous raconteront que tous les 28 Iyyar, il y avait la hiloulah du prophète Samuel – Shmouel Hanavi – et c’est le jour de l’arrivée du Rav Kook dans le pays et ce jour-là il a écrit un livre qui s’appelle Hayom hagadol zanorah hazeh - Kaf Tet beIyyar. Jour de sa fête à lui à Jérusalem. Les historiens retiendront qu’il est arrivé à Jaffa, mais nous nous retiendrons que c’était le Kaf Teit béIyyar...

 

***

 

Efron ben Tsohar:

 

Enseignement du Rav ‘Hayim de Volozine sur Efron ben Tsohar:

 

Avraham dit de lui dans le dialogue entre Dieu et lui à propos de Sodome et Gomhorre, où Avraham intercède à propos de Sodome et Gomhorre.

 

Genèse 18 :27

וַיַּעַן אַבְרָהָם, וַיֹּאמַר:  הִנֵּה-נָא הוֹאַלְתִּי לְדַבֵּר אֶל-אֲדֹנָי, וְאָנֹכִי עָפָר וָאֵפֶר

Vaya'an Avraham vayomar hineh-na ho'alti ledaber el-Adonay ve'anokhi afar va'efer.

Et Avraham répondit et dit : j’ai déjà trop dit vers Adonaï et moi je suis cendre et poussière

 

C’est une expression très bizarre dans la bouche d’Abraham. On est tellement familier à cette expression d’Abraham dans le sens d’humilité d’Abraham qui parle de lui et se déclare « cendre et poussière ».

Mais il y a le rapport afar min haadamah d’où l’homme a été crée. Afar n’est pas la poussière du balai. Afar min haadamah est cette substance de la terre qui est vivante, suffisamment pour porter ou donner l’être vivant qui vient de la terre. Le corps vient de la terre parce que c’est le fruit de la terre qui nourrit le corps. L’expérience qui nous montre que notre corps, tout comme celui de tous les êtres vivants, sort de la terre c’est le fait que pour le nourrir nous nous nourrissons de fruit de la terre. Afar min haadamah avec la traduction, la notion de fruit – Péri - de la terre disparait et il ne reste que la notion de poussière. En latin cela se dit le humus, la terre vivante – et homme vient de homo – ce sont des racines très voisines en latin. Comme en hébreu Adam vient de Afar min haAdamah.

 

Le verset en hébreu  Béréshit 3:19:

בְּזֵעַת אַפֶּיךָ, תֹּאכַל לֶחֶם, עַד שׁוּבְךָ אֶל-הָאֲדָמָה, כִּי מִמֶּנָּה לֻקָּחְתָּ:  כִּי-עָפָר אַתָּה, וְאֶל-עָפָר תָּשׁוּב

Beze'at apekha tokhal lekhem

ad shouvekha el-ha'adamah ki mimenah louqa’hta

ki-afar atah ve'el-afar tashouv

C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain,

jusqu'à ce que tu retournes à la terre d'où tu as été tiré:

car poussière tu es et vers poussière tu retourneras

 

Ce n’est pas ce qu’on croit communément : après la vie, le point de départ était Afar, et on se retrouve au point de Efer. Mot que l’on traduit par « cendre ». Afar avec Ayin et Efer avec Alef.

 

L’explication que donne le Rav ‘Hayim de Volozine  se base sur un enseignement très important qui porte sur un Midrash de Rabbi Méir à propos du 1er homme.

 

Le 1er homme avait été d’abord créé avec un corps de lumière אוֹר Or (alef vav resh ).

Dans le Sefer Torah de Rabbi Méir c’était écrit comme cela que Adam harishon avait des tuniques de lumière et non des tuniques de peau. Après la faute, la lumière est devenue opaque et c’est devenue עוֹר Or la peau (Or = ayin vav resh).

 

Alef  - Âyin

Efer - Âfer

Or - Ôr

 

La ligne de la chute va de Alef à Âyin.

L’homme avait un corps de lumière (qui n’est pas exactement comme dans le corps de lumière des occultistes, avec l’expression de corps astral... je ne développe pas ceux qui savent ce que c’est savent ce que c’est...) et ce corps s’est opacifié après la faute. Il est devenue habillé de tunique de peau Ôr. La différence entre ce Alef et ce Âyin c’est cette opacité qui fait que chaque individu est isolé en lui-même. Avant, il y avait transparence des personnes. Et maintenant il y a isolement des personnes et c’est ce problème que l’homme a à résoudre dans le Tikoun méssianique.  

 

Cela va de 1 à 70, cette déperdition, cette chute de l’unité à la multiplicité et 70 en est le nombre représentatif dans le langage de la Torah.  

 

Depuis le 1er homme il ya donc une chute de Alef à Ayin, et Abraham va venir prendre le relai de cette chute pour la réintégrer du Ayin au Alef :

 

De Or à Ôr on passe de Alef à Âyin mais avec Abraham on va passer de Âfar à Efer c’est à dire du Âyin au Alef. Abraham commence la rédemption de la faute qui avait commencée avec le 1er homme. Et le relai c’est à ce niveau qu’il s’appelle Efron Ben Tso’har.

Efron c’est le mot Afar avec la désinence Vav-Noun qui désigne toujours le superlatif.

Efron c’est non pas le poussièreux mais évidemment le gardien du cimetière, le fossoyeur. Il ne peut pas s’appeller autrement. Et Tso’har en hébreu est un des mots qui signifie la lumière.

Efron Ben Tso’har  « Poussière fils de lumière » c’est le niveau où la chute était arrivée.

 

Abraham vient en prendre le relai de poussière à lumière.

 

Quand la lumière a traversé la poussière, il reste de la cendre. Cela c’est un autre problème.

Mais voilà le programme de l’homme d’après Abraham : Âfar vaEfer

Alors qu’à partir du 1er homme, c’était de Or à Ôr.

On s’aperçoit que sans l’hébreu on ne comprendrait pas la Torah.

 

Un mot hébreu explique ce qui s’est passé là : Iver aveugle. Cela voudrait dire que c’est un homme dont toute la peau est de la peau : Ôr. On sait aujourd’hui que les organes des sens surtout les terminaisons nerveuses sont des modifications du feuillet d’avant l’embryon qui vont donner la peau.

 

Image de la Kaballah : tout se passe comme si l’homme est devenu entouré de peau mais il y a des fenêtres.  Celui dont les fenêtres sont fermées s’appelle un Iver : tout en entier Ôr peau.

 

Efron Ben Tso’har se situe précisément là où est arrivé l’histoire du 1er homme et l’histoire du 1er homme est le principe de la lignée centrale des engendrements qui doit mener au Mashia’h et aussi toutes les autres nations qui sortent du 1er homme ; et à partir desquelles peuvent venir les Guérim - les étrangers qui vont venir séjourner et participer de la lignée messianique.

 

Alors je reviens ainsi au mot Guer.

Il y a ici un paradoxe en hébreu : le verbe qui signifie le fait de devenir membre d’Israël c’est léhitgaer = se convertir à Israël. Or, lehitgaer signifie devenir Guer c’est à dire étranger, il y a donc une contradiction dans les termes. C’est le contraire de ce qu’on veut dire. Léhitgaer c’est au contraire naturaliser quelqu’un. Or, en hébreu cela se dit lui donner le statut d‘étranger ?  Incomprehénsible !

Je dis bien naturaliser, on a l’habitude de dire convertir parce qu’on parle une langue d’un pays dont la constitution ne reconnait l’identité juive qu’au niveau d’une confession religieuse.

Alors devenir juif cela veut dire se convertir à la religion juive. Et les Juifs eux-même sont tombés dans le panneau. Mais Léhitgaer en hébreu cela veut dire naturaliser quelqu’un. Dans le sens français du terme : on change de nation. Et comme cette nation a une religion qui est la sienne, c’est la religion juive. Mais Léhitgaer signifie devenir juif. Or, devenir juif signifie se naturaliser à la nation juive. Se convertir à la religion juive sans devenir national-juif, ça c’est un chrétien. La religion d’Israël sans le peuple d’Israël. Et cela devient ce que cela devient...

Par exemple, il y a des citoyens romains de religion d’Israël : les Chrétiens.

Il y a aujourd’hui des citoyens français de religion juive : des Chrétiens.

La naturalisation s’effectue par le biais de la naturalisation religieuse mis c’est une naturalisation

 

Rav ‘Hayim de Volozine :

La situation métaphysique d’Israël c’est d’être Guer là où les autres sont Toshav.

Lorsque que quelqu’un de ces nations-là veut devenir d’Israël, il faut qu’il accepte la statut de Guer dans le monde. Etre Juif c’est être Guer. Devenir Juif c’est devenir Guer.

 

Si les peuples sont chez eux dans le monde, nous, nous y sommes étrangers. Les membres des nations qui veulent devenir Israël doivent accepter le staut d’Israël dans le monde qui consiste à y être étranger. Quoique nous fassions on nous considère comme des métèques.

Celui qui veut se convertir au judaïsme doit avoir la ‘Houtspah de prendre sur lui ce statut de métèque. Alors cela s’appelle Léhitgaer.

 

Effectivement, au tribunal rabbinique dans le cas de conversion au judaïsme :

On tente de lui faire comprendre la folie de demander un tel statut .

Ce qu’on lui demande ce n’est pas ce en quoi il croit. On vérifie qu’il ne croit plus dans une idolâtrie, mais on ne peut pas lui demander en qui il croit puisqu’il n’est pas encore juif. Il ne sait pas de quoi on parle lorsqu’on parle du Dieu d’Israël.

On ne lui pose pas d’interrogatoire théologique.

On vérifie simplement que ces attaches avec une autre religion sont coupées et qu’il ne vient pas avec une identité d’idolâtre. On préfère à la limite un athée à un ex-croyant dont la mémoire doit être désintoxiquée...

 

On lui demande s’il accepte l’histoire des Juifs et si il sait quelle est cette histoire des Juifs qu’il accepte. On lui donne le temps qu’il faut pour prendre conscience de l’enjeu.  

Le changement d’identité ne doit pas être pris à la légère. Ce n’est pas changer de cathéchisme mais c’est changer d’identité. On devient une autre manière d’être homme. Et on ne peut pas violer ses racines humaines impunément. Par conséquent, si vraiment c’était par erreur qu’il était né chez les Goyim, si j’ose dire à la limite, alors on l’accepte en fête. Mais tant qu’on est pas sûr on lui demande s’il est vraiment sûr de choisir une histoire de fous!

 

2ème question :

 

Elle porte sur le dialogue entre Abraham et les Bnei ‘Het.

On a étudié pourquoi il voulait en particulier ce caveau-là.

Les habitants occupants du pays auraient accepté de faire cadeau d’un cadeau à Abraham. Pour qu’il ne puisse jamais dire c’est à moi. Et pour qu’ils puissent toujours dire, si tu es là, chez nous, c’est parce qu’on t’en a fait cadeau...  Abraham refuse. Il sait que les Goyim considèrent que cela ne nous appartient que si on l’a payé. Mais cela nous appartient pour une autre raison : parce que Dieu nous l’a donné. Mais aux yeux des Goyim il faut payer, alors Abraham a payé. Il n’y a pas un seul peuple au monde qui a racheté son pays morceau de terre après morceau de terre. 

 

Ce qu’Abraham veut c’est ce qu’en hébreu on appelle un ‘hozé qinian. Le chiffre de 400 Shekel est bien sûr symbolique. Cela renvoit à tout à fait autre chose.

L’intention de Abraham c’est qu’il y ait une hozé quinian : un contrat d’acquisition stipulant le changement de propiétaire.

Le véritable droit de possession du pays c’est évidemment la promesse de Dieu aux patriarches.

Le ‘hozé quinian même pour une peroutah symbolique a plus de force qu’un ‘hozé matanah contrat de cadeau pour lequel l’ancien propriétaire reste l’ancien propriétaire. Tandis que le contrat d’acquisition est clair.

 

C’est sans doute pour cela que la Torah a jugé qu’il fallait nous laisser ce texte important. En faisant l’histoire du retour des Juifs sur la terre d’Israël on s’apercevra que les anglais se sont inspirés de ce texte pour la déclaration Balfour selon ce qu’en a raconté le Rav A.I. Rav Kook.

Il était à l’époque en voyage en Angleterre lorsqu’on a commencé a discuté de la déclaration Balfour. Tous les grand rabbins orthodoxes d’Angleterre de l’époque étaient contre la déclaration Balfour... Le Rav Kook à Londres a fait que la déclaration a été acceptée. Nous savons de sources sûres que les Anglais ont entendu la réclamation des Juifs sur ce pays là et pas un autre, l’Ouganda...

 

Les Français auraient fait la sourde oreille car catholiques. Et pour les catholiques, il y a une nouvelle alliance qui remplace Israël. Tandis que pour les Protestants il y a nouvelle alliance qui est l’Eglise des nations mais qui ne remplace pas Israël.

Les Britanniques peuvent être des vrais gangsters en affaires mais ils sont légalistes et ils savent voir dans ce texte une certaine apparence de légalité. La catholiques auraient nié l’évidence mais les protestants ne pouvaient pas ne pas entendre. Rav Kook : il y a eu un miracle à l’intérieur d’un miracle. Le 1er miracle : des chrétiens se sont substitués aux musulmans et ce fut plus facile de reprendre cette terre de la main des chrétiens plutôt que de la main des musulmans, à cause de la rivalité Isaac-Ishmaël telle qu’elle est dans la Bible, et non parce qu’ils auraient des droits historiques. En droit international, tout le monde sait qu’ils n’ont aucun droit. Il n’y a que la Grande Bretagne et le Pakistan qui ont reconnu l’annexion de la Cisjordanie par la Jordanie. Et déjà la Jordanie est le résultat du partage de Erets Israël reconnu par la déclaration Balfour. Donc en droit international, tous les étrangers ici sont étrangers. Sauf les habitants du pays et on ne sait pas qui ils sont. Tant qu’Israël n’est pas sur sa terre, personne n’y a droit mais Ishmaël a le droit de gardiennage parce qu’il est circoncis. Donc reprendre la terre aux incirconcis c’était la ligne verte, les frontières de 67, cela a éte dur mais le monde a admis parce qu’on reprennait cela des brittaniques.

 

A partir de 67 tout a changé dans le monde par rapport à Israël parce qu’il s’agissait d’une terre qui était occupée par des musulmans, et on a fait semblant qu’ils avaient des droits légaux.

C’est devenu un nouveau sionisme. Et tous les anciens sionistes sont devenus contre.

 

D’où l’importance de ‘Hévron là où tout a commencé et là où tout a recommencé : seul endroit d’Erets Israël où il y a une ville juive à côté d’une ville arabe et où Ishmaël et Isaac se rencontre bien qu’encore fâchés.

 

Mais la fin de la parashah raconte la réconciliation, lorsqu’Ishmaël reconnait que c’est Israël qui est chez lui. On n’en est pas encore là mais cela peut arriver subitement.

 

Très frappant de voir que pour le moment c’est le seul endroit où il y a une ville juive à côté d’une ville arabe parce que c’est là qu’est le principe de la contestation pour savoir à qui appartient cette terre. A Isaac, ou à Ishmaël lorsqu’Isaac n’est pas là. C’est un fait que cela a appartenu à Ishmaël lorsqu’Isaac n’était pas là et cela donne une force d’autant plus grande à Ishmaël pour refuser le retour d’Isaac.

 

Anecdocte : l’ancien maire de Natanyah chargé par le KKL d’avant la Médinah de 1948 de racheter les terrains de la côte depuis ‘Héderah jusqu’à Ashkelon des mains des Cheikhs auquels cela appartenait.  Il s’était lié d’amitié avec ces princes arabes et leur demanda pourquoi il fallait payer si cher puiqu’ils savaient que c’étaient à nous ?

Réponse des Cheikhs : on sait que c’est à vous mais c’est le prix à payer pour le gardiennage...

 

Le retour est plus dur s’il y a souverainté des musulmans que s’il y a souveraineté des chrétiens. Or, le miracle dans le miracle, c’est que les chrétiens qui se sont substitués aux musulmans soient des protestants et non pas des catholiques. Sinon cela aurait été la France. Le président se serait à coup sûr considéré comme l’héritier des rois de France en tant que gardien des lieux saints.... jamais les Français n’aurait accepté la déclaration Balfour : il a fallu que ce soit des protestants : des chrétiens pour lesquels ces textes ont quand même valeur de légalité quelconque.

 

Voilà comment le contrat d’achat d’Abraham a permis le retour des Juifs en Erets Israël.

 

Les 400 Shekalim :

 

Ce sont les 400 shekalim qu’Abraham avait rapporté d’Egypte dans le voyage précédent, lorsque le Pharaon l’avait dédommagé pour avoir pris Sarah. Ces 400 shekalim sont le prix à payer pour le droit d’acquisition. 

 

Ces 400 shekalim sont le prix des souffrances de l’exil pour Abraham : on lui a pris Sarah. C’est avec cela qu’il paye le droit en Erets Israël.

 

<fin>

*******

On a donc le parallèle :
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9 novembre 2009 1 09 /11 /novembre /2009 20:33

'Hayey Sarah - La caverne de Ma'hpelah - 2ème partie


.../...

En tout cas, pour revenir à notre problème, voilà la position d’Abraham:

 

גֵּר-וְתוֹשָׁב אָנֹכִי, עִמָּכֶם; תְּנוּ לִי אֲחֻזַּת-קֶבֶר עִמָּכֶם, וְאֶקְבְּרָה מֵתִי מִלְּפָנָי

Ger-vetoshav anokhi imakhem

Je suis étranger-résidant parmi vous

tenou li a’houzat-kever imakhem

donnez-moi un héritage de sépulture / un caveau avec vous

 ve'ekberah meti milefanay.

Et j’enterrais mon mort de devant moi

 

Simplement, j’ajoute une petite phrase à cette introduction qui vient à travers ce verset : Il est frappant de voir que la première préoccupation de l’achat du terrain, c’est l’achat d’une tombe et pas forcément l’achat d’une villa. C’est un peu ainsi dans la Halakhah d’ailleurs

 

וַיַּעֲנוּ בְנֵי-חֵת אֶת-אַבְרָהָם, לֵאמֹר לוֹ

1שְׁמָעֵנוּ אֲדֹנִי, נְשִׂיא אֱלֹהִים אַתָּה בְּתוֹכֵנוּ

Vaya'anou veney-’Het et-Avraham lemor lo.

Et les fils de ‘Het répondirent à Avraham en lui disant

Shma'enou adoni

Ecoutes-nous seigneur

nessi Elohim atah betokhenou

tu es une prince de Dieu parmi nous

 

Tout de suite, il faut mettre en évidence qu’il ne s’agit pas ici d’une formule de politesse formelle, c’est l’indication que l’on sait qui est Avraham. Il vient de Our-Qadim et on l’accueille en tant que Nessi Elohim prince de Dieu.

 

Dans les récits précédants, lorsqu’Avraham est obligé de voyager dans la civilisation de l’Egypte, dans la civilisation des Philistins, il est reçu avec les honneurs dus à un roi. Donc, on sait qui est Avraham. Plus que cela, dans les autres récits, on sait qui sont les Hébreux. On a entendu parler de ces Hébreux qui habitaient ce pays-là au temps de Ever, une des lignées de Shem.

 

Le texte dit Avraham ha Ivri  et le rattache à la nation des Hébreux, la nation de Ever un des ancêtre descendants de Shem, un des ancêtres d’Abraham.

 

Tous ces Hébreux perdus dans les exils et les diasporas de ces temps-là et en particulier dans celle de Mésopotamie de la civilisation d’Our-Qadim. Une familles des Hébreux était revenue dans leur pays d’origine, c’était la famille de Tera’h père d’Avraham sur l’instigation d’Abraham, et c’est Avraham qui arrive dans le pays et lorqu’il y arrive on sait qui il est et on l’accueille avec les honneurs dûs à son rang.

 

Plus tard, lorsque Jacob descendra en Egypte, Paro lui demandera s’il descend de la famille de cet Abraham  dont on parle encore en Egypte parce qu’il y avait fait un petit voyage...

Le Midrash explique que Jacob ressemblait à Avraham et les Egyptiens croyaient que c’était lui-même qui revenait. 

 

Je reprends :

 

שְׁמָעֵנוּ אֲדֹנִי, נְשִׂיא אֱלֹהִים אַתָּה בְּתוֹכֵנוּ--בְּמִבְחַר קְבָרֵינוּ, קְבֹר אֶת-מֵתֶךָ; אִישׁ מִמֶּנּוּ, אֶת-קִבְרוֹ לֹא-יִכְלֶה מִמְּךָ מִקְּבֹר מֵתֶךָ
Shma'enou adoni

Ecoutes-nous seigneur

Nessi Elohim atah betokhenou

tu es une prince de Dieu parmi nous

bemivekhar kevareynou

dans la meilleure de nos tombes

kevor et-metekha

enterre ton mort

ish mimenou et-kivero lo-yichleh mimekha

personne d’entre nous ne refusera sa tombe devant toi

mikevor metkha.

d’enterrer ton mort.

 

Les honneurs continuent face au problème à résoudre pour Avraham, l’hospitalité lui est proposée.

Avraham n’est pas d’accord. Cette tractation prend une dimension énorme, tout le peuple est là :

 

וַיָּקָם אַבְרָהָם וַיִּשְׁתַּחוּ לְעַם-הָאָרֶץ, לִבְנֵי-חֵת

Vayakom Avraham vayishta’hou le'am-ha'arets livney-‘Het.

Avraham se leva et se protesterna devant le peuple de la terre les enfants de ‘Het.

 

Voyez l’expression « Am Haarets » qui est d’abord employée pour dire le peuple qui habite cette terre, quelqu’il soit.

Dans une lecture plus métaphysique, Haarets c’est aussi la terre toute entière, la planète.

On voit Avraham s’adressant aux habitants de la terre, les enfants de ‘Heit.

 

וַיְדַבֵּר אִתָּם, לֵאמֹר:  אִם-יֵשׁ אֶת-נַפְשְׁכֶם, לִקְבֹּר אֶת-מֵתִי מִלְּפָנַי--שְׁמָעוּנִי, וּפִגְעוּ-לִי בְּעֶפְרוֹן בֶּן-צֹחַר
Vayedaber itam lemor

Et il parla avec eux en disant :

im-yesh et-nafshekhem

Si vraiment vous voulez / si vraiment c’est dans votre conscience

likbor et-meti milfanay

que j’enterre mom mort devant moi

shma'uni oufig'ou-li be'Efron ben-Tsohar

écoutez-moi et intercédez pour moi chez Efron fils de Tsohar

 

Il apparait là un personnage Efron fils de Tso’har que l’on ne connaissait pas du tout et qui apparait là comme étant le propriétaire d’un caveau particulier que Avraham veut à priori. On vient de lui proposer d’enterrer Sarah n’importe où, on se demandera pourquoi Avraham veut ce caveau précisément et pas un autre. Il répond : si vraiment vous acceptez que je devienne un habitant du pays, parce que j’aurai un cimetière là aussi, alors demandez à Efron fils de Tsohar de me céder son caveau. Pourquoi celui-ci et pas un autre ?

 

וְיִתֶּן-לִי, אֶת-מְעָרַת הַמַּכְפֵּלָה אֲשֶׁר-לוֹ
Veyiten-li et-me'arat haMakhpelah

Et qu’il me donne la caverne double

Donc elle était connue : la caverne « double », là où l’on enterre les couples.

 

אֲשֶׁר-לוֹ, אֲשֶׁר, בִּקְצֵה שָׂדֵהוּ:  בְּכֶסֶף מָלֵא יִתְּנֶנָּה לִּי, בְּתוֹכְכֶם--לַאֲחֻזַּת-קָבֶר

asher-lo

qui est à lui

asher biktseh sadehou

qui se trouve à l’extrêmité de son champ

bekhesef male yitnenah li

en argent plein il me la donnera (il veut payer rubis sur l’ongle)

betokhekhem la'ahouzat kaver.

Parmi vous en héritage de sépulture

 

וְעֶפְרוֹן יֹשֵׁב, בְּתוֹךְ בְּנֵי-חֵת; וַיַּעַן עֶפְרוֹן הַחִתִּי אֶת-אַבְרָהָם בְּאָזְנֵי בְנֵי-חֵת, לְכֹל בָּאֵי שַׁעַר-עִירוֹ לֵאמֹר
Ve'Efron yoshev betokh beney-‘Het
Et Efron se tenait parmi les enfants de ‘Het

vaya'an Efron ha’Hiti et-Avraham

et Efron le Hittite répondit à Avraham

be'ozney veney-‘Het

aux oreilles des enfants de ‘Het

lechol ba'ey sha'ar-iro lemor.

devant tous les passant de la porte de la ville (c’est à dire le tribunal) en disant :

 

לֹא-אֲדֹנִי שְׁמָעֵנִי--הַשָּׂדֶה נָתַתִּי לָךְ, וְהַמְּעָרָה אֲשֶׁר-בּוֹ לְךָ נְתַתִּיהָ; לְעֵינֵי בְנֵי-עַמִּי נְתַתִּיהָ לָּךְ, קְבֹר מֵתֶךָ
Lo-adoni shma'eni

Non seigneur écoutes-moi

hasadeh natati lakh

le champ je t’ai donné

vehame'arah asher-bo lecha netatiha

et la caverne qu’il y a dans le champ je t’ai donné

le'eyney veney ami

aux yeux des enfants de mon peuple

netatiha lach kvor metecha.

J’ai donné pour toi enterre ton mort.

 

Avraham n’est pas d’accord.

 

וַיִּשְׁתַּחוּ, אַבְרָהָם, לִפְנֵי, עַם הָאָרֶץ
Vayishtachu Avraham lifney am-ha'arets

Et Avraham se prosterna devant le peuple de la terre

 

וַיְדַבֵּר אֶל-עֶפְרוֹן בְּאָזְנֵי עַם-הָאָרֶץ, לֵאמֹר, אַךְ אִם-אַתָּה לוּ, שְׁמָעֵנִי:

  נָתַתִּי כֶּסֶף הַשָּׂדֶה, קַח מִמֶּנִּי, וְאֶקְבְּרָה אֶת-מֵתִי, שָׁמָּה

Vayedaber el-Efron be'ozney am-ha'arets lemor

Et il parla à Efron aux oreilles du peuple de la terre pour dire :

akh im-atah lou shma'eni

si toi tu veux bien m’écouter

natati kesef hasadeh kach mimeni.

Je t’ai (déjà) donné (si je te promets c’est que tu l’as déjà -  il suffit aux Tsadikim de parler) l’argent du champs prend-le de moi 

Tout ce qu’il lui demande c’est de prendre l’argent.

ve'ekberah et-meti shamah

et je pourrais enterrer mon mort là-bas.

 

וַיַּעַן עֶפְרוֹן אֶת-אַבְרָהָם, לֵאמֹר לוֹ

אֲדֹנִי שְׁמָעֵנִי, אֶרֶץ אַרְבַּע מֵאֹת שֶׁקֶל-כֶּסֶף בֵּינִי וּבֵינְךָ מַה-הִוא; וְאֶת-מֵתְךָ, קְבֹר

Vaya'an Efron et-Avraham lemor lo.

Et Efron répondit à Avraham en lui disant

Adoni shma'eni

Seigneur écoutes-moi

erets arba me'ot shekel-kesef

une terre de 400 shekels d’argent

beyni ouveyneykha mah-hi.

Entre moi et et entre toi qu’est-ce que c’est ?

ve'et-metecha kevor

enterre ton mort !

 

On ne comprend absolument rien dans ce dialogue sinon que les commentateurs occidentaux y verraient tout de suite une scène de marchandage entre deux marchands de tapis orientaux.

 

וַיִּשְׁמַע אַבְרָהָם, אֶל-עֶפְרוֹן,

 וַיִּשְׁקֹל אַבְרָהָם לְעֶפְרֹן, אֶת-הַכֶּסֶף

 אֲשֶׁר דִּבֶּר בְּאָזְנֵי בְנֵי-חֵת--אַרְבַּע מֵאוֹת שֶׁקֶל כֶּסֶף, עֹבֵר לַסֹּחֵר

Vayishma Avraham el-Efron

Avraham compris ce que Efron voulait

vayishkol Avraham le-Efron et-hakesef

et Avraham  pesa l’argent

asher diber be'ozney veney-‘Het

dont il avait parlé aux oreilles des enfants de ‘Het

arba me'ot shekel kesef over laso’her.

400 sicles d’argent acceptable par les marchands / monnayable / de monnaie courante

 

וַיָּקָם שְׂדֵה עֶפְרוֹן, אֲשֶׁר בַּמַּכְפֵּלָה

Vayakom sedeh Efron asher baMachpelah

Alors devint le champ d’Efron qui se trouvait dans la caverne.

 

Une nuance ici : avant la caverne est dans le champs, on s’aperçoit maintenant que le champ est dans la caverne ?

 

אֲשֶׁר, לִפְנֵי מַמְרֵא:

asher lifney Mamre

qui se trouve devant Mamré

הַשָּׂדֶה, וְהַמְּעָרָה אֲשֶׁר-בּוֹ, וְכָל-הָעֵץ אֲשֶׁר בַּשָּׂדֶה, אֲשֶׁר בְּכָל-גְּבֻלוֹ סָבִיב

hasadeh vehame'arah asher-bo

le champ et la caverne qui est dedans

vekhol-ha'ets asher basadeh

et tout arbre qu’il y avait dans ce champs

asher bekhol-gevoulo saviv.

dans toute sa frontière autour

 

et la frontière autour de la caverne de Makhpelah, c’est la frontière d’Erets Israël. C’est donc l’acquisition de Erets Israël qui se produit là.

 

לְאַבְרָהָם לְמִקְנָה, לְעֵינֵי בְנֵי-חֵת, בְּכֹל, בָּאֵי שַׁעַר-עִירוֹ. 

Le-Avraham lemiknah le'eyney veney-Chet

A Avraham en acquisition (miknah) aux yeux des enfants de ‘Het

bekhol ba'ey sha'ar iro.

Devant tous ceux qui venaient devant la porte de la ville (le tribunal)

 

Après cela seulement, après cette procédure :

 

וְאַחֲרֵי-כֵן קָבַר אַבְרָהָם אֶת-שָׂרָה אִשְׁתּוֹ, אֶל-מְעָרַת שְׂדֵה הַמַּכְפֵּלָה עַל-פְּנֵי מַמְרֵא--הִוא חֶבְרוֹן:  בְּאֶרֶץ, כְּנָעַן

Ve'acharey-chen kavar Avraham et-Sarah ishto

Avraham a enterré Sarah sa femme

el-me'arat sedeh haMakhpelah.

A la caverne du champ double   (c’est maintenant le champs qui est double)

 al-peney Mamre

devant Mamré

hi ‘Hevron

c’est à dire ‘Hevron

be'erets Kena'an

dans le pays de Kenaan

 

וַיָּקָם הַשָּׂדֶה וְהַמְּעָרָה אֲשֶׁר-בּוֹ, לְאַבְרָהָם--לַאֲחֻזַּת-קָבֶר:  מֵאֵת, בְּנֵי-חֵת

Vayakom hasadeh.

Et le champs devint

vehame'arah asher-bo

Et la caverne en lui

le-Avraham

pour Avraham

la'ahouzat-kaver

un héritage de sépulture

me'et beney-‘Het

de la part des enfants de ‘Het

 

je vous donnerais une réponse à deux niveaux, en reprenant d’abord l’enseignement de Ibn Ezra et ensuite on tentera de comprendre quelle est l’allure formelle de cette tractation : qu’est-ce qui se passe dans le récit.

 

Mais d’abord l’événement lui-même.

Le commentaire se basant sur des Midrashim peu connus, nous dit ceci :

 

Dans cette caverne était enterrés Adam et ‘Havah le 1er homme et la 1ère femme. C’est pourquoi on l’appelle la caverne double, c’est la caverne du couple. Et d’ailleurs c’est pourquoi cette ville va s’appeller ‘Hévron. Mais elle va s’appeller aussi Qriat Arba. Parce qu’y seront enterrés 4 couples :

 

Adam-‘Havah

Avraham-Sarah

Yits’haq –Rivqah

Yaaqov-Leah

 

Autre opinion : habitaient dans ce pays 4 géants dont on nous donne les noms, issus d’une race dont on trouve trace dans toutes les traditions, les Nefilim de la Genèse et dont on trouve trace dans toutes les mythologies qui ont un fond historique. Cf. l’histoire concernant les vestiges de l’ile de Pâques. Nous avons là une preuve évidente qu’il a existé une race de géant sur terre évoquée dans nos Midrashim.

 

La seule explication que j’ai retenu dans ces études qui ait une allure un peu scientifique, corollaire au gigantisme des espèces animales qui ont disparu, est une théorie provenant de Princeton qui dit ceci : il y a des phases lunaires durant lesquelles la lune et la terre sont plus ou moins rapprochées ou éloignées. Et quand la lune se rapproche plus de la terre la force d’attraction de la lune devient plus grande et les êtres vivant ont tendance au gigantisme. Cela correspondrait également à des périodes glaciaires. Il y a des rythmes de ce genre qui ont disparu de la mémoire des hommes. On peut comprendre qu’une force lunaire qui joue sur les marées, peut une fois amplifiée avoir un tel résultat. Je n’ai aucune assurance sur le fondement d’une telle théorie mais il semble selon les savants que nous sommes entrés dans une phase lunaire de ce type.

 

Le Midrash sur lequel se base Ibn Ezra prend une dimension tout à fait autre. Cette discussion ne se déroule pas n’importe où. C’est à l’endroit qui est le berceau de l’humanité. C’est à l’endroit où Adam et ‘Havah sont enterrés. C’est là qu’Avraham et Sarah vont prendre le relai.

 

Avraham sait d’emblée où il faut que Sarah soit enterrée, parce qu’il vient prendre le relai d’un gardiennage qui se faisait jusque-là par Efron ben Tsohar.

 

Efron ben Tsohar avait ce mérite-là d’être le gardien du cimetière de l’humanité où il y a avait deux genres de sépultures dans son caveau à lui. Tous les autres caveaux à ‘Hévron étaient les caveaux de chaques grandes familles.

 

Le caveau de Efron ben Tso’har - que l’on identifiera ultérieurement d’après un enseignement du disciple du Gaon de Vilna le Rav ’Haïm de Volozine – a quant à lui un caveau particulier. Il y a avait dans la Méarah la lignée de Adam jusqu’à lui qui passait par sa famille. Et autour de la Méarah, le champ – que j’ai appelé tout à l’heure le cimetière de la fosse public des étrangers .

 

Or Avraham dans son identité va prendre le relai. Il va prendre le relai des engendrements qui méneront jusqu’aux temps messianiques et en même temps il est le principe des convertis à l’identité d’Israël, c’est à dire les étrangers. On revient là au mot Guer qui signifie converti. 

 

Nous avons là la clef : pourquoi Avraham veut ce caveau là et pas un autre ? Parce que c’est le caveau de Efron ben Tsohar, parce que c’est celui-là qui concerne son histoire propre, sa fonction dans l’histoire, sa mission dans l’histoire. Avraham va prendre le relai du 1er homme. Donc il lui faut enterrer Sarah précisément là où ‘Havah est enterrée.

 

Y seront enterrés 4 couples :

Adam-‘Havah

Avraham-Sarah

Yits’haq –Rivqah

Yaaqov-Leah

 

On voit le caractère groteste de la prétention des descendants d’Ishmaël sur le caveau de Makhpelah, caveau des Patriarches d’Israël. Il y a bien sûr Avraham et Sarah et c’est important qu’ils y croient et le reconnaissent.

Après Abraham et Sarah, Its’haq et Rivqah, et évidemment cela ne concerne plus Ishmaël et les Arabes. Mais ils le considèrent tout de même comme un lieu saint. Même le tombeau de Ra’hel qui n’est pas dans la caverne de Makhpelah est considéré par les musulmans comme un tombeau d’une de leur saintes. Avec le postulat qu’Israël disqualifié a laissé le relai à l’islam, ils considèrent que l’islam est l’héritier authentique des Hébreux. Les Chrétiens disent la même chose de leur côté. Et puis nous sommes au milieu, comme vous le savez.

Avec Its’haq et Rivqah il est évident qu’il ne peut plus s’agir de l’héritage d’Ishmaël, d’autant plus que s’y trouvent également Yaaqov et Leah, les ancêtres du peuple juif directement.

 

Un thème important à mentionner au passage : pourquoi Jacob et Leah et non pas Jacob et Rachel ?

 

Q :

R : Il y a une dimension d’éternité dans le dévoilement de la Torah. Dans tous les cas, ‘Hévron c’est Qriat Arba. Tant que les 4 couples n’y sont pas, alors c’est Qriat Arba avec les 4 géants. Dès que les couples y sont, alors ce n’est plus les 4 géants. Quelque soit le contenu, formellement, ‘Hévron formellement va s’appeller Qriat Arba. ‘Hévron signifie d’abord la cité double – dans la racine de ‘Hévron. Si c’est déjà double, cela va de soi qu’il y en a 4. Donc ‘Hévron doit s’appeller Qriat Arba.

 

C’est le principe suivant : La nomination des réalités absolues ne dépend pas à priori des contenus historiques. Pessa’h c’est Pâques avec les Matsot et le Maror avant même la sortie d’Egypte. A partir de la sortie d’Egypte, Pessa’h commémore la sortie d’Egypte, mais apriori Pessa’h c’est Pessa’h, le 14 Nissan. ‘Hanoukah c’est ‘Hanoukah depuis le 1er homme mais on ne savait pas ce que ‘Hanoukah devait commémorer : à partir des Makabim on l’a su et ‘Hanoukah c’est cela. 

 

De même pour Yom Haatsmaout et de même le jour de l’arrivée du messie qui est connu mais qu’on ne commèmore pas puisqu’il n’est pas encore venu... Le jour où il arrivera on vous donnera les références vous verrez. Je ne sais pas si ce sera moi qui dira : c’est écrit là que c’était ce jour-là.
 

.../...
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9 novembre 2009 1 09 /11 /novembre /2009 20:25
Parasha - Hayey Sarah 1986
La caverne de Ma’hpelah

 

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/haye_sara_serie_1986/cours_1

Face A

 

Début de Parashah Hayé Sarah, nous allons essayer d’étudier deux thèmes :

=> le 1er thème est relié à la mort de Sarah : achat de la caverne de Ma’hpelah par Avraham. Le texte commence au chapitre 23 à partir du verset 3.

 

Dans les 2 versets précédents, la Torah revient sur l’événement de la mort de Sarah qui est relié au « sacrifice d’Isaac », qui est une des épreuves d’Avraham, reliée à la difficulté d’arriver à croire qu’il a un mérite suffisant pour que la promesse que Dieu lui fait pour cette terre appartiendra à sa descendance se réalisera. Avraham avait contracté une alliance avec Abimelekh qui est d’après le récit le roi de la Philistée– actuellement le territoire de Gaza – qui s’appelait Erets Filistim et qui était une colonie d’une peuplade qui avait envahi le pays de Kenaan. Les Pélishtim ces Cananéens en particuliers  n’étaient pas des sémites, il y a plusieurs traditions à ce sujet. Ils avaient installé, sur toute la côte de la partie sud d’Israël et de la partie nord de l’Egypte, des comptoirs. Cette partie du pays s’appelait Erets Pelishtim. Plus tard on retrouvera la ville de Gaza comme on dit aujourd’hui qu s’appellait Azah, au temps des rois d’Israël.

 

Précédemment, la Torah nous raconte que Avraham a contracté une alliance avec Avimelekh roi de Erets Pélishtim. Ce dernier parle de ce pays Erets Pélishtim comme étant son pays et on s’aperçoit que Avraham contracte tout de même une alliance avec lui. On comprend la contradiction qu’il peut y avoir entre le fait de recevoir une promesse particulière concernant Erets Israël et le fait de contracter alliance avec Avimelekh qui prétend qu’il s’agit de son propre pays, comme s’il y avait consentement de sa part.

 

Immédiatement après il y a la mise à l’épreuve d’Avraham en ce qui concerne Isaac. Les deux promesses étant liées, cet enfant qui lui est promis doit être le principe de fécondité d’une descendance à qui est donnée en promesse l’appartenance du pays de Kenaan, qui deviendra le pays d’israël, et qui était primitivement le pays des Hébreux. Tout cela nous l’avons étudié au niveau de  l’histoire d’Abraham. Et puisqu’il semble y avoir un doute sur la relation à ce pays, alors Dieu réclame l’enfant qu’il avait donné.

 

C’est une approche des causes immédiates et profondes de la mise à l’épreuve d’Avraham en relation avec Its’haq qui est  peu connue mais que nous avons étudié lors de la Parashah Vayera.

 

Nous voyons qu’ici il y a une rebondissemment du sujet : nous avons-là un texte à propos de la mort de Sarah et de la nécessité de l’enterrer dans le pays où elle est morte, il s’agissait de ‘Hévron. Nous avons un texte où nous voyons au contraire que Avraham va commencer à affirmer ses droits sur le pays, et assez paradoxalement par l’achat de la sépulture de Sarah.

 

On nous donc a appris que Sarah est morte. D’après le Midrash c’était au moment du « sacrifice d’Isaac ». Il s’agissait d’une épreuve d’Abraham au sujet de Its’haq. Et voilà que Avraham a un problème à résoudre qui nous semblerait banal et facile à résoudre, mais qui parait important selon le récit de la Torah : trouver une emplacement, un caveau, pour enterrer Sarah.

 

Nous allons étudier ce thème immédiatement. S’il nous reste du temps nous étudierons le 2ème thème qui est celui de la nouvelle difficulté la nouvelle épreuve d’Avraham concernant le mariage d’Isaac : comment trouver une femme pour Isaac ?  

 

***

 

1er thème : trouver un tombeau pour Sarah :

Assez paradoxalement c’est par là que commencera la préoccupation d’Avraham - et par la suite de sa descendance jusqu’à nous puisque le problème n’est pas encore résolu – d’affirmer les droits d’Israël sur ce pays donné aux Patriarches. Cela commence par l’achat de ce morceau de terre connu depuis sous le nom de caverne de Ma’hpelah et à ‘Hévron où sont enterrés les Patriarches. Abraham, Isaac et Jacob. Pas seulement cette caverne mais également le champ qui entourrait la caverne et dont on va nous parler.

 

Nous allons lire le texte très rapidement et j’aborderais un ou deux points de difficulté du texte à travers lesquels nous essayerons de comprendre mieux ce problème :

 

Pourquoi une telle difficulté d’Avraham pour trouver un terrain pour enterrer Sarah ?

 

Verset 3 chapitre 23 :

 

וַיָּקָם, אַבְרָהָם, מֵעַל, פְּנֵי מֵתוֹ; וַיְדַבֵּר אֶל-בְּנֵי-חֵת, לֵאמֹר

Vayakom Avraham me'al peney meto vayedaber el-bney-‘Het lemor

 

וַיָּקָם, אַבְרָהָם, מֵעַל, פְּנֵי מֵתוֹ

Vayakom Avraham me'al peney meto

Et Avraham se leva de devant son mort

 

Il était d’abord assis auprès de Sarah pour la pleurer et puis, au verset 3, il se lève pour se préoccuper de l’enterrer.

 

וַיְדַבֵּר אֶל-בְּנֵי-חֵת, לֵאמֹר

vayedaber el-bney-‘Het lemor

et il s’adresse aux enfants de ‘Het pour dire

 

aux Hittites et on apprend ainsi que la peuplade qui occupait le teritoire de ‘Hévron à l’époque était des descendant de ’Het – les ‘Hittites.

 

Verset 4 :

גֵּר-וְתוֹשָׁב אָנֹכִי, עִמָּכֶם

Ger-vetoshav anokhi imakhem

Je suis étranger-résidant parmi vous

 

Il y a là une expression extrêment importante étudiée par les commentateurs. Je pense en particulier à un texte en vers de Judah Halévi que l’on récite comme Seli’hot à Yamim Noraïm et qui reprend cette expression de Guer véTorashav imkhi anokhi imakhem:

Avraham s’adresse aux Benei ‘Het participant des Cananéens qui possèdent alors les droits des occupants sur la région pour leur demander la possibilité d’enterrer Sarah en commençant par s’identitifer.

Et il dit alors :

 

גֵּר-וְתוֹשָׁב אָנֹכִי, עִמָּכֶם

Ger-vetoshav anokhi imakhem

Je suis étranger-résidant parmi vous

tenou li a’houzat-kever imakhem ve'ekberah meti milefanay.

 

גֵּר-וְתוֹשָׁב אָנֹכִי
Ger-vetoshav anokhi

 

Nous allons étudier ces mots-là qui sont la clef du problème : la difficulté pour Abraham d’obtenir une tombe pour Sarah et je prendrais ici l’enseignement d’Ibn Ezra qui consiste en une remarque donnant la clef du problème.  

 

Quelle est la différence entre Guer et Toshav ? Je vais simplement expliquer ces termes uniquement en relation avec notre sujet. Chacun des ces termes demanderait un développement extrêmement grand.

 

Guer signifie étranger : le statut de l’étranger c’est quelqu’un qui habite un pays mais qui ne fait pas partie de la nation de ce pays. C’est le terme que l’on emploie par la suite dans l’hébreu rabbinique et jusque dans l’hébreu moderne pour désigner un converti à Israël, un Guer. Mais c’est un sens dérivé. Guer se rattache à la racine Lagour qui signifie séjourner quelque part provisoirement. En tant qu’il est évident que l’on est en voyage, que l’on est en pérégrination. Guer c’est quelqu’un qui n’est pas chez lui et qui séjourne quelque part provisoirement, à priori, pas avec l’intention de rester définitivement.

 

Toshav: c’est au contraire le résident temporaire, celui qui est chez lui Lashevet être installé  quelque part. (Parshat Vayeshev : Vayeshev Ya'akov be'erets megourey aviv be'erets Kna'an.)

 

Il y a donc une contradiction entre les 2 statuts : à la fois Guer et Toshav.

D’une certaine manière, l’identité d’Avraham est d’être Toshav il est chez lui dans le pays où il se trouve et là où le récit est situé. Mais d’une autre côté, il s’adresse aux Bénei ‘Het qui sont censés être les occupants du pays à l’époque, pour dire Guer.

 

גֵּר-וְתוֹשָׁב אָנֹכִי עִמָּכֶם

Ger-vetoshav anokhi imakhem

Je suis étranger-résidant avec vous

 

Avec vous, par rapport à vous, en ce qui concerne votre point de vue, sur mon statut, je suis Guer veToshav à la fois Guer et à la fois Toshav. Il n’y a pas écrit « à vos yeux je suis Guer et Toshav » mais « avec vous, par rapport à vous, je suis Guer véToshav à la fois Guer à la fois Toshav »

 

Le raisonnement de Ibn Ezra est le suivant : en tant que Guer je n’ai pas droit à un caveau chez vous. Puisque je suis Guer étranger. Cela se rattache à la coutume de l’époque mais derrière cette coutume il y a quelque chose de beaucoup plus intéressant : c’est que chaque famille avait son caveau pour enterrer ses morts. Il y avait d’autre part une fosse commune, un cimetière public, pour y enterrer les étrangers. Va alors se poser un problème d’identité, très paradoxalement par rapport à l’événement de la mort de Sarah. C’est là que se dévoile une difficulté dans l’identité d’Avraham en relation avec l’enterrement de Sarah. Voilà comment l’explique Ibn Ezra : en tant que je suis Guer je n’ai pas le droit à un caveau, et par conséquent il faudrait que j’enterre Sarah dans le Sadeh le champ qui entourre la caverne de Makhpelah, mais en tant que je suis Toshav j’ai droit à un caveau mais je n’en n’ai pas, puisque je viens d’arriver. Alors de deux choses l’une :

Soit vous me considérez comme Toshav et vous me donnerez le caveau auquel j’ai droit. Soit vous me considérez comme Guer et donc je n’aurait pas de caveau mais je dois m’adresser à celui qui possède la caveau qui concerne les Guérim. Il s’adresse donc à Efron ben Tsoar le gardien du cimetière.

 

D’une certaine manière Avraham est dans une impasse d’identité.

Cela se dévoile par rapport aux Benei ‘Het. Dans l’enseignement de Ibn Ezra, Avraham est obligé de tenir compte du statut que lui concède les Bnei ‘Het qui sont les occupants du pays. Mais tout de suite nous sommes avertis qu’il y a là un statut impossible : que signifie le fait d’être simultanément guer et toshav ?

 

Je reviendrais à l’histoire et au contexte historique, mais si on y réfléchit bien - et vos comprenez  pourquoi cette expression sera reprise par les commentateurs théologiens dans une dimension beaucoup plus grande et plus large et plus profonde - est-ce que ce n’est pas là finalement le statut du peuple hébreu, en tant qu’il descend d’Avraham, dans toute son histoire ?

 

Si on y réfléchit bien : est-ce que cette identité - être à la fois chez soi et étranger - n’a pas été de toutes les manières possibles l’identité et le statut d’Avraham dès le commencement de son histoire ?

 

Je prendrais deux polarités de cette identité, jusqu’au moment où il y aura une reconnaissance de l’identité d’Israël, bien évidemment, ce qui est espéré dans les prophéties messianiques, que enfin l’humanité – les Bnei ‘Heth – entendez en hébreu ce qu’est l’humanité dans ce problème : « les Bnei ‘Het » par homophonie (Teit-Tav) « les enfants de la faute » comme si l’histoire de l’humanité toute entière provenait d’une faute et qu’Israël se trouvait chez les Bnei ‘Het pour y faire un certain Tiqoun, une réparation, une restauration de l’histoire. Et constamment, nous voyons que cette identité d’Israël, à la racine depuis les temps des Patriarches va être contestée jusqu’au moment où elle sera reconnue.

 

Prenons par exemple, l’identification du peuple d’Israël dans l’exil au temps des dispersions : là il est extrêmement ambigü mais indéniable que les Juifs se sont crus chez eux là où ils n’étaient pas chez eux. Corollairement, quand ils arrivent chez eux l’humanité entière dit qu’ils ne sont pas chez eux, chez eux. Ce sont les deux faces du même problème.

Dans les deux cas, cette ambivalence, cette ambiguité, cette mise en question, de l’identité est indiquée dans l’expression :  גֵּר-וְתוֹשָׁב אָנֹכִי עִמָּכֶם guer vétoshav anokhi imakhem.

 

Judah Halevi va pousser à la limite cette identification dans l’identité de l’homme sur terre. C’est-à-dire à la foi une expérience d’être chez soi, et une expérience de ne pas être chez soi. Comme si l’homme authentique ne peut pas éviter d’avoir simultanément cette double identification par rapport à ce monde où il vit, à la terre où il vit.

Et c’est un des exemples qui illustre une fois de plus ce principe que l’identité juive, l’identité d’Israël, dans l’histoire de l’humanité c’est l’histoire et l’identité de l’homme profondément, poussée au paroxysme. C’est le peuple d’Israël qui a le privilège cette ségoulah – privilège qui a son endroit et son envers – ce privilège de vivre l’identité humaine poussée à la limite. 

Judah Halévi tente de nous faire comprendre que cette situation du Juif dans l’histoire c’est au fond la situation de l’homme dans le monde, mais l’homme ne le sait pas, c’est le Juif qui le sait. Comme si, d’une certaine manière son histoire particulière l’oblige à prendre conscience de cela.

 

Au fond c’est Avraham qui dit par rapport à la terre d’Israël « Guer vetoshav anokhi imakhem » « je suis ici à la fois comme étranger et comme séjournant », avec ce que cela comporte derrière dans le statut socio-politique, l’humanité entière pensant à nous dans ce pays, nous considère chez nous mais aussi comme étranger: cela est peut-être le corollaire de notre attitude pendant 2000 ans chez les autres où nous nous sommes crus chez nous alors que nous savions que nous n’étions pas chez nous...

 

Judah Halevi veut nous faire comprendre cela que Avraham dans sa relation à sa terre, vit de façon paroxystique ce qui est le statut de tout homme dans sa relation à sa terre : à la fois en exil et chez lui. Judah Halévi : « Comme une étranger séjournant je suis sur la surface de la terre et pourtant je sais que c’est en elle que j’ai ma destinée, mon héritage »

Avec cette nuance dans ce poème de J.Halévi : si je ne mérite pas, mon héritage ne sera qu’une tombe dans la terre, si je mérite j’aurais ma véritable na’halah, le monde-à-venir.

 

L’homme a le sentiment d’être de ce monde mais pourtant il a le sentiment d’être d’ailleurs. Cette expérience-là finalement que l’humanité ne pourrait qu’exprimer à la rigueur au niveau d’une conception philosophique ou d’une valeur poétique, bref, d’une expression litérraire ou culturelle, est pour le juif son histoire existentielle.

 

C’est un exemple que nous retrouvons très souvent. Beaucoup de thèmes d’identité anthropologiquement de l’identité humaine sont les thèmes concrets de l’histoire des Juifs.

 

Comme si les Juifs, en tant que peuple d’Israël, de l’histoire d‘Israël étaient voués à vivre au niveau de leur histoire particulière ce qui est le statut de l’histoire universellle.

 

Exactement comme nous entendons dire : il y a là une exemplarité de l’histoire et une sorte de témoignage que l’histoire de l’homme c’est l’histoire d’Israël. Si l’on veut comprendre la destinée de l’homme en général, il faut comprendre l’histoire de la destinée d’Israël. C’est un des exemples.

 

Rav A. Epstein :

Plus loin que cela, nois trouvons dans la ‘Hassidout, un enseignement, basé sur un Midrash, qui utilise cette expression :

 

גֵּר-וְתוֹשָׁב אָנֹכִי, עִמָּכֶם

Ger-vetoshav anokhi imakhem

je suis étranger séjournant avec - auprès de vous,

 

en corollaire à un autre verset où Dieu s’adresse à Israël et lui dit :

Gerim vetoshavim atem imadi

vous êtes avec moi des étrangers séjournant.

Lévitique 25:23

וְהָאָרֶץ, לֹא תִמָּכֵר לִצְמִתֻת--כִּי-לִי, הָאָרֶץ:  כִּי-גֵרִים וְתוֹשָׁבִים אַתֶּם, עִמָּדִי

 

En général, lorsqu’on lit ce verset c’est pour mettre l’accent sur le fait que c’est Dieu qui confirme que nous sommes chez nous chez nous : Gerim VéToshavim Atem Imadi.

 

La ‘Hassidout nuance ce Midrash en disant ceci : Dieu s’adresse à Israël pour dire : vous êtes étrangers-séjournant avec Moi dans le monde tout comme Moi, je partage votre sort. « Si vous vous considérez comme chez vous dans le monde, Moi j’y suis étranger, et si vous vous considérez comme étrangers dans le monde, Moi j’y suis chez Moi ».

 

C’est à un autre niveau de lecture de la même expression, mais vous devinez la profondeur de l’expérience présente là.

 

Il faudrait revenir sur des commentaires des Midrashim sur Shir haShirim pour arriver à comprendre ce Midrash : il y a toute une partie de l’histoire où semble-t’il il y a une sorte de nécessité, un préalable à cette histoire, que lorsque l’homme est là, Dieu se cache et lorsque Dieu se dévoile, l’homme disparait... jusqu’à ce que la présence des deux soient possible.

 

Ce thème est surtout étudié à travers le Cantique des cantiques.

Vous avez le contenu même schématiquement en tête : lorsque lui est là et parle d’elle, elle n’est pas là ; et lorsqu’elle est là et parle de lui, il n’est pas là... 

 

C’est une sorte de chant d’amour de fiançailles avortées : un divorce avant le mariage...

La tradition a appliqué cette situation à la situation de l’exil. Le roi Salomon prophétise à travers le Shir haShirim, le cantique des cantiques, ce que sera le lien entre Dieu et Israël dans la situation de l’exil. Jusqu’au moment où la rencontre est possible.

 

Je vous le dit très rapidement, avec l’aide du commentaire du Gaon de Vilna :

A travers ce thème de la traduction même du titre Shir hashirim, chant des chants, on comprend qu’il y a deux chants différents :

ð  le chant de Dieu à Israël, la révélation de Dieu à Israël

ð  le chant d’Israël à Dieu, c’est la prière.  

 

Et puis il y a ce chant Shir hashirim lorsque ces deux chants sont ensemble.

Gaon de Vilna sur le 1er mot important du 2nd verset :

יִשָּׁקֵנִי מִנְּשִׁיקוֹת פִּיהוּ

Ishaqeni Minshiqot Pihou

 פִּיהוּ Pihou c’est une forme poétique pour dire Piv sa bouche à lui. Littéralement : qu’il m’embrasse des baisers de sa bouche. Piv. Et l’expression poétique serait פִּיהוּ Pihou. Mais le Gaon de Vilna indique que c’est plus important que la poésie : il y a à la fois פִּיו Piv et פִיהָ Piha, sa bouche à lui et sa bouche à elle : cela veut dire qu’il y a les deux chants à la fois פִּיהוּ. Et le chant qui apparait des deux chants qui se rencontrent s’appelle le Shir Hashirim.

 

Et le Gaon de Vilan s’était basé fondamentalement sur un enseignement de Rabbi Akiva dans la Guémara : tous les livres de la Bible sont Qodesh mais le Shir hashirim est Qodesh Qodashim. On voit le parallèle entre Shir Hashirim et Qodesh Qodashim. Tous les chants de la bible sont saints, mais le Shir HaShirim c’est la sainteté des saintetés.

 

Effectivement, dans tous les livres de la Bible, c’est soit Dieu qui s’adresse à Israël – la révélation - soit Israël qui s’adresse à Dieu – la prière.

 

Le Peri Tsadik en particulier a enseigné le parallèle qu’il y a entre les 5 livres de Mosheh et les 5 livres des Psaumes :

Les 5 livres de la loi de Moïse sont la révélation de la lumière de haut-en-bas

Les 5 livres des Psaumes sont la révélation de la lumière de bas-en-haut.

 

Donc le chant de la sainteté est soit dans un sens soit dans un autre. Mais le chant de Shir hashirim est le cas particulier où il y a les deux. Raison pour laquelle il est Qodesh Qodashim, á un niveau plus important.]

 

On peut voir dans ces trois niveaux de lectures de cette expression guer vétoshav qu’il se passe ici quelque chose de beaucoup plus important que tout simplement une tractation pour acheter un morceau de terre. Vous savez d’ailleurs que c’est notre problème actuellement de racheter la terre d’Israël. Ce qui a commencé avant la création de l’état jusqu’á ce qu’on appelle la ligne verte. Et maintenant cela continue dans le temps contemporain morceau par morceau, nous sommes en train d’acheter un pays qui est le nôtre. C’est le droit d’acquisition de la terre qui commence avec Avraham.

 

Ce qui est frappant de notre temps, c’est que cela a recommencé précisément à ‘Hévron là où cela c’était passé la première fois. Selon l’ordre d’achat du terrain par nos pères, nous savons donc quel est l’ordre du développement. Et ce qu’il y a d’extraordinaire c’est que c’est exactement celui-là qui se passe. On sait que les différents gouvernements et leur état-majors qui se sont succédés pour savoir où commencer et où continuer, n’ont pas étudié cela dans la bible. Mais peut être leurs ancêtres l’ont fait, donc ils le savaient quand même...


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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 16:03
Parashah 'Hayé Sarah (1984)

 

 

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Je crois que c’était nécessaire de revenir là-dessus, même si cela nous prend du temps. De toutes les façons, il y a une invraisemblance énorme au niveau de la théologie. C’est en grande partie une production de la mentalité chrétienne : c’est de considérer que cette identité hébraïque qui va devenir cet Israël, l’interlocuteur de Dieu à la révélation de la Torah, c’est un irakien d’origine ! Il était irakien comme des Juifs ont pu être français. Il était un hébreu dans la situation d’exil et dans la peau d’un araméen. C’est un peu cette stratégie de survie qui fait que les Hébreux se sont déguisés en juifs pour pouvoir rester hébreux : le temps est arrivé d’enlever le déguisement et de redevenir des hébreux. Cela pose problème.
La tunique de Nessus. Cela fait corps.

 

Nous verrons que cette gangue araméenne a sa valeur propre qui est une valeur conservative qui a fait ses preuves. Mais elle a conservé l’hébreu en lui et il leur faut redevenir hébreu. C’est ce qui va arriver à Abraham.

 

Relisez ces textes avec Rashi et tous les midrashim:  

Avram met du temps à redevenir « Avraham l’hébreu » comme il s’appelle dans le texte. Il lui faut passer de l’expérience de l’identité juive de son temps - l’araméenne – à l’expérience de l’homme d’Erets Israël. Cela ne va réussir finalement que chez son petit-fils. Son petit-fils recevra le nom d’Israël. Alors à postériori - et le midrash explique beaucoup cela - c’est Jacob qui a sauvé Abraham. A postériori, Abraham est d’Israël. C’est le thème important des enfants qui tiennent en main le destin de leurs pères.

 

Imaginons chez les descendants d’Ishmaël comment on peut parler d’Abraham ? Il s’agit d’un autre Abraham : c’est Ibrahim, le père d’Ishmaël. Ce n’est pas le même que le nôtre. C’est a posterori d’Israël qu’Abraham est le nôtre.  Sans refaire l’histoire mais par simple hypothèse d’école : sans Isaac et sans Jacob, jamais la Bible n’aurait parlé d’Avram père d’Ishmaël.

 

Q : Lekh Lekha... quel est l’ordre ?

R : Beaucoup de commentateurs insistent là-dessus et d’ailleurs Rashi sur d’autres versets y répond. Il a fallut attendre notre temps pour pouvoir diagnostiquer cela, la difficulté d’une aliyah : on a un problème avec la famille, avec la culture d’origine, avec le paysage d’origine. Alors « Lekh lekha » il faut quitter les trois ! Si tu n’as pas quitté les trois, tu es encore attaché à ton passé décomposé... 

Q : et les vertus des Goyim ?

R : Il les ramène avec lui. Mais l’essentiel est de ne pas ramener les défauts. Par exemple, comme je dis souvent, le rassemblement des Juifs de tous les pays Goï d’où ils viennent a un sens messianique : on ramène l’humanité derrière nous par délégation. Alors il faut faire attention à ramener les qualités et non pas les défauts. On ramène le camembert et la baguette de pain, c’est très bien, mais il faut aussi ramener la politesse française, ça c’est important ! Si la France n’avait existé que pour ça cela valait la peine. Il y a aussi autre chose mais c’est leurs histoires. A l’échelle universelle, la contribution de la France à l’avenir messianique de l’humanité passe par ses Juifs.  

 

Q : inaudible

R : C’est le premier problème duquel Rashi s’occupe dès le premier commentaire de la Torah : à chaque fois qu’Israël sorti d’exil réclame sa terre, il a des problèmes avec les occupants. C’est à propos de cela, je vais vous citer le verset : [Dévarim- Deut. 2:23] : כַּפְתֹּרִים הַיֹּצְאִים מִכַּפְתֹּר  

l’occupation du pays par les Crétois. Les midrashim expliquent que le pays appartenait à la descendance de Shem, en s’appuyant sur le verset,  mais a été occupé par des envahisseurs venus de Crête – les Kaftorim.

[ וְהָעַוִּים הַיֹּשְׁבִים בַּחֲצֵרִים, עַד-עַזָּה--כַּפְתֹּרִים הַיֹּצְאִים מִכַּפְתֹּר, הִשְׁמִידֻם וַיֵּשְׁבוּ תַחְתָּם

De même, les Avvéens, qui habitaient des bourgades jusqu'à Gaza, des Kaftorîm sortis de Kaftor les ont détruits et se sont établis à leur place.]

 

C’est une des tribus des Philistins. Les travaux contemporains de l’historiographie indique que les Philistins, les Cananéens, étaient des européens nordiques et que finalement à travers la civilisation crêtoise, ils se sont installés surtout dans les comptoirs de la côte : Ashdod, Aza, Ashkelon... cette zone qui s’appelle la Philistée dans le vocabulaire biblique. Finalement, la civilisation qui s’était installée là était la civilisation ‘Hamitique. Alors que cette terre est la terre des Hébreux.

 

Il y a là un problème très important et d’ailleurs vos questions l’indiquent :

Il y a dans notre identité héréditaire de Juifs de l’exil une résistance à ce lien, qui semble aller de soi pour la Torah, entre le peuple et cette terre. Comme si on essaie de faire la preuve que nous sommes ici des étrangers comme le disent nos ennemis. C’est très grave.

Une espèce d’ambivalence et de tension très difficile au niveau de l’exil spirituel : on parlait de la terre sainte et évidemment de Jérusalem.

Il y a un véritable mystère dans la relation du peuple Juif avec Erets Israël. Une sorte d’ambivalence que l’on ne rencontre jamais ailleurs.

 

Je me rappelle une phrase de Edmond Fleg qui nous disait : « Dieu n’a jamais promis leur terre aux peuples, Il leur a donné. Il a promis cette terre à Israël et Il ne la leur donne pas ? La réponse c’est parce qu’au fond Israël n’en veut pas et lui préfère une autre terre ».

 

Si l’on fait le bilan démographique de la proportion des Israéliens par rapport aux Juifs de l’étranger c’est une proportion inquiétante. Cela veut dire que 4/5ème du peuple juif fait comme si cette terre qui est la sienne n’est pas la sienne et lui préfère une autre terre. C’est cette espèce de choc qu’Abraham s’entend dire. 

 

Dans le texte on voit que l’initiative est venue de la famille d’Abraham. Pourquoi ?

Parce que c’était en fin de compte invivable : on les jettait dans les fournaises...

Alors finalement la sortie d’Our-Kasdim.


*** 


On va faire le premier Rashi, cela vaut la peine.

Toute la révélation à Moïse en Egypte désigne le pays promis aux pères d’Israël. Or, effectivement les Hébreux en Egypte sont nés en Egypte. Alors cela a l’apparence de gens venus d’une terre étrangère qui viennent conquérir une terre qui ne leur appartient pas. Ce sont les arguments contemporains des ennemis d’Israël.

 

Le monde entier sait que si il y a quelque part un droit d’un peuple sur sa terre, c’est Israël et sa terre. Midrash : seul Israël est sur sa terre tous les autres l’ont conquise.

 

Un Maharal enseigne ceci : il y a une ambivalence entre le peuple juif et sa terre. Le Maharal nous dit très exactement : Si c’était la génération de la sortie d’Egypte qui elle était entrée en Erets Israël, le lien entre le peuple et sa terre n’aurait jamais pu être atteint. Mais, dans la génération du désert, le peuple d’Israël a dévoilé qu’il avait un problème. Cette tentation de revenir en Egypte les a fait mourrir et enterrer dans le désert, et c’est une génération différente, non sortie d’Egypte mais née dans le désert, qui entre en Israël. Sauf deux exceptions Kalev et Yehoshouah. C’est un peu ce thème que nous vivons dans notre histoire. Il n’y a pas de doute que les Juifs doivent faire un bilan de conscience, concernant leur propre sincérité messianique.

 

Il y a deux dimensions d’identité très importante, ensemble, dans l’identité hébraïque. Celle de l’universel humain (et malheureusement cela se traduit par l’exil), et celle de la spécificité hébraïque qui est difficile à récupérer en fin d’exil.

 

On va voir en tout cas comment Rashi avec une prescience extraordinaire va nous situer ce problème d’emblée : le 1er Rashi de Béréshit rapidement. Il faudrait étudier cela au moins 4 heures avant de commencer à l’approfondir :

 

בְּרֵאשִׁית. אָמַר רַבִּי יִצְחָק לֹא הָיָה צָרִיךְ לְהַתְחִיל אֶת הַתּוֹרָה אֶלָּא מֵהַחֹדֶשׁ הַזֶּה לָכֶם שֶׁהִיא מִצְוָה רִאשׁוֹנָה שֶׁנִּצְטַוּוּ יִשְׂרָאֵל וּמַה טַּעַם פָּתַח בִּבְרֵאשִׁית מִשּׁוּם (תְּהִלִּים קי"א) כֹּחַ מַעֲשָׂיו הִגִּיד לְעַמּוֹ לָתֵת לָהֶם נַחֲלַת גּוֹיִם שֶׁאִם יֹאמְרוּ אוּמוֹת הָעוֹלָם לְיִשְׂרָאֵל לִסְטִים אַתֶּם שֶׁכְּבַשְׁתֶּם אֲרָצוֹת שִׁבְעָה גּוֹיִם הֵם אוֹמְרִים לָהֶם כָּל הָאָרֶץ שֶׁל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא הִיא הוּא בְּרָאָהּ וּנְתָנָהּ לַאֲשֶׁר יָשַׁר בְּעֵינָיו בִּרְצוֹנוֹ נְתָנָהּ לָהֶם וּבִרְצוֹנוֹ נְטָלָהּ מֵהֶם וּנְתָנָהּ לָנוּ:

 

A dit Rabbi Isaac: Il était nécessaire de commencer (léhat’hil) la Torah que à partir de (le verset 2 chapitre 12 Shemot- Exode qui indique le premier des commandements que Israël a reçu en tant que peuple à la sortie d’Egypte) “Ce mois sera pour vous” (Exod. 12:2) qui est le 1er commandemment (au niveau des lois de Pessa’h à la sortie d’Egypte) reçu par les Israélites.

 

C’est déjà une chapitre très avancé dans le livre de l’Exode. J’explique avant d’aller plus loin : Si je considère la Torah comme le livre des Lois, il n’était nécessaire de commencer le livre des lois que par  la 1ère des Mistvot donnée à Israël. Toute cette partie historique aurait pu faire un livre pour lui-même avec les autres livres historiques. C’est un peu comme ça qu’on explique d’habitude.

 

L’expression « était nécessaire de commencer » est un peu bizarre. Parce que s’il y a nécéssité de commencer, on commence au commencement ! Que signifie donc cette expression ? 

Pour une fois qu’un livre commence au commencement, Rashi nous dit que cela ne va pas ? et que ce n’est pas au commencement qu’il fallait commencer ?

Pourquoi a-t-il été nécessaire de trouver un commencement à la Torah ? Parce qu’il était devenu nécessaire de la mettre par écrit !

 

Si déjà il faut la mettre par écrit, alors il n’était nécessaire de la commencer que par la 1ère des Mitsvot qui historiquement a été donnée à Israël. Tout le reste du contenu de l’histoire pourrait faire un livre pour lui-même. Pourquoi donc commencer le livre des lois par l’histoire depuis le commencement ? Voilà la dimension plus profonde de la question. Il y a ici deux genres radicalement différents : L’explication de l’histoire et la loi. Familiers à l’idée qu’ils soient dans le même livre, nous ne voyons plus le problème : ce n’est pas normal de commencer un code par un livre d’histoire !

 

A dit Rabbi Isaac: Il était nécessaire de commencer (léhat’hil) la Torah que à partir de : “Ce mois sera pour vous” (Exod. 12:2) qui est le 1er commandemment reçu par les Israélites.

 

Et Rashi explique lui-même :

« puisque c’est la 1ère mitsvah qui a été ordonné à Israël ».

 

La question de Rashi est très facile à comprendre en fin de compte : s’il y a eu une nécéssité seconde, parce qu’on devait mettre ce livre par écrit, de commencer quelque part, il était logique de commencer par le commencement de la révélation de loi à Israël.

 

Rashi pose la question de la manière suivante :

 

                    et pour quel raison ouvre-t’il son récit à Beréshit au commencement ?

 

Premièrement, il était nécessaire de commencer si déjà il fallait commencer quelque part, mais il était nécessaire de commencer par ce verset qui était la première Mitsvah ; et deuxièmement, si déjà il ne commence pas par où il aurait du, pourquoi commence-t’il au commencement ?

Rashi donne une réponse qui apparemment n’a aucun lien avec sa question : il cite un verset des Psaumes qui est interprété par le midrash qui lui sert de source de la manière suivante :

 

A cause du [verset] “La force de Ses actes Il la raconte à Son peuple, pour leur donner l’héritage des nations » (Psaumes 111:6).

 

La manière dont Rashi, citant le midrash, utilise ce verset va contre son objectif : « Il raconte à Son peupe la force de ses actes (par postulat on va admettre qu’il s’agit de l’oeuvre du commencement Maassé Bereshit) pour pouvoir leur donner (cette terre que le verset appelle) l’héritage des nations ». Je laisse cela en suspend. Et après cela continue :

 

Car si les nations du monde disent « vous êtes des brigands parce que vous avez conquis par la force la terre des 7 nations [de Canaan], ils (Israël) leur répondront :  « toute la terre appartient à Dieu, Lui l’a créée et Il la donne à qui est droit à Ses yeux.  C’est par Sa volonté qu’il vous l’a donnée, et c’est par Sa volonté qu’il l’a reprise et nous l’a donné à nous ». 

 

J’ai consulté une fois les traductions en français de Rashi : il y a une expression que je vous ai corrigé il s’agit d’un verset qui se trouve dans le Prophète Jérémie :  « la asher yashar bé-einav » que j’ai traduit « à qui est droit Yashar à Ses yeux ». En général les traductions française donnent « à qui bon lui semble », et cela n’a pas le même sens. Il est probable que dans l’ancien français cela signifiait « à qui lui semble être bon ».

"A qui bon lui semble" c’est finalement une projection de la mentalité chrétienne, mais cela projette sur le texte et prête à Dieu un arbitraire qu’il n’a pas.

C’est une projection de la mentalité chrétienne. La théologie voit Abraham en faisant abstraction de son passé, et Dieu décide de façon dictatoriale de sauver un homme par grâce, cela tombe sur Abraham. Il faut alors restituer le passé d’Abraham : ce n’est pas n’importe qui qui a été choisi. Dieu sait ce qu’il fait et ne choisit pas n’importe qui. Et c’est pourquoi la Torah depuis le 1er homme nous raconte toute la carte d’identité d’Abraham pour nous montrer qui a été choisi.

 

Ici c’est très paradoxal : la réponse de Rashi ne répond pas à sa question, sans compter qu’on ne voit pas très bien en quoi elle pourrait être convaincante pour qui que ce soit.

 

Je reprends les données du problème : la question de Rashi portait sur tout le texte qui va depuis Bereshit jusqu’à la 1ère mitsvah donnée au peuple. Et il répond sur le 1er mot ? Quid du texte entre les deux ? S’il s’agissait, dit Na’hmanide, d’apprendre que le monde a été créé et d’en tirer une argument théologique pour un problème politique, cela ne fonctionne pas. Alors il suffirait des 10 paroles du Sinaï où il y a allusion au fait que Dieu a créé le monde - c’est important de savoir que Dieu a créé le monde. Pourquoi tout ce texte historique ? Mais surtout la réponse de Rashi n’est pas adpatée à sa question.

 

Il faut prêter attention aux termes choisis par Rashi : Rashi commence par dire : il était nécessaire de faire débuter lehat’hil la Torah par le 1er verset de la première mitsvah ; or, en tant que livre des commandements la Torah commence effectivement par la 1ère Mitsvah là où elle est mais il y a une préface nécessaire. Cette préface est nécessaire mais la question de Rashi est de savoir pourquoi cette préface commence pata’h à la création du monde ? Il a changé de verbe.

 

Il n’était nécessaire de débuter lehat’hil la Torah comme livre de loi que par la première loi révélée à Israël. C’est ce qui a eu lieu. La loi de vérité n’a ni commencmeent ni fin. C’est une vérité d’emblée. Alors si je cherche un ordre de commencement, le seul ordre nécessaire est l’ordre chronologique de la révélation. Effectivement, c’est ainsi que nous est donnée la Torah dans l’ordre chronologique de la révélation.

Alors cette Mitsvah est introduite par un verset :

« Et Dieu s’adressa à Moïse et à Aharon dans le pays d’Egypte pour leur dire parle aux enfants d’Israël et dis leur : « Ce mois sera... »

C’est bien la 1ère mitsvah mais elle a une préface : il faut que je sache qui sont Moïse et Aharon et qui sont les enfants d’Israël et que font-ils en Egypte ?... etc.

 

J’ai donc bien besoin d’une préface  - en hébreu pti’hah du verber pata’h – au livre de la loi. Il faut que je sache qui est cet Israël auquel la loi est donnée. Mais la question de Rashi se restreint et concerne le fait de savoir pourquoi cette préface commence au commencement.

 

Donc la question de Rashi en réalité n’est que sur le 1er chapitre et non pas sur l’ensemble du texte.

 

Etudions sa réponse :

 

L’objection habituelle faite à l’apparence de lecture de Rashi est ainsi : si je parle à des Goyim qui contestent à Israël sa terre pourquoi employer un argument théologique aussi détourné et compliqué ? On apprendrait de ce livre que Dieu a créé le monde et que tout lui appartient et qu’il donne à qui est droit à ses yeux. Pourquoi passer par un argument si compliqué alors qu’il existe quantité de versets stipulant que Dieu donne cette terre aux descendants d’Abraham, de Isaac et de Jacob ?

 

Mais c’est que l’argument des Goyim porte sur autre chose. Leur argument c’est :

« Vous êtes des brigands listim parce que vous avez conquis par la force »

L’argument contemporain contre Israël est le même et on voit la force de Rashi dans sa prophétie.

L’argument des Goyim est de dire : cette terre est donnée par Dieu en héritage par la grâce. Vous l’avez prise par la conquête. Il ne nie pas qu’elle nous est promise. Ce à quoi ils s’opposent c’est que nous l’avons conquise. C’est la raison pour laquelle, nous dit Rashi, il faut que le récit de la manière dont, à la Création, Dieu a donné la terre au premier homme, soit connue de ces gens qui lisent la Bible pour savoir comment Dieu donne à l’homme la terre qu’Il lui promet.

 

Verset 28 chapitre 1 :

 

Ceci pour arriver à la réponse que j’ai donnée : le fait que la terre ait été conquise - kivoush - au temps de Josué et de notre temps comme le dit le verset n’empêche en rien que la terre appartienne légitimement à ceux qui l’ont reconquise.

 

Il s’agit du premier homme et de la terre en général :

וַיְבָרֶךְ אֹתָם, אֱלֹהִים, וַיֹּאמֶר לָהֶם אֱלֹהִים פְּרוּ וּרְבוּ וּמִלְאוּ אֶת-הָאָרֶץ, וְכִבְשֻׁהָ; וּרְדוּ בִּדְגַת הַיָּם, וּבְעוֹף הַשָּׁמַיִם, וּבְכָל-חַיָּה, הָרֹמֶשֶׂת עַל-הָאָרֶץ

Vayevarekh otam Elohim vayomer lahem Elohim perou ourevou oumil'ou et-ha'arets vekhiveshouha ouredou bidegat hayam ouve'of hashamayim uvechol-chayah haromeset al-ha'arets

 

וַיְבָרֶךְ אֹתָם, אֱלֹהִים, וַיֹּאמֶר לָהֶם אֱלֹהִים פְּרוּ וּרְבוּ וּמִלְאוּ אֶת-הָאָרֶץ, וְכִבְשֻׁהָ

Vayevarekh otam Elohim

Et Dieu les bénit

vayomer lahem Elohim perou ourevou oumil'ou et-ha'arets vékhivshouah

Et Dieu leur dit fructifiez et multipliez, emplissez la terre et conquérez-la.

 

La terre promise au 1er homme doit être remplie et conquise !

Le Kivoush « conquérir » ici ce n’est pas dans le sens français de « conquête » mais il s’agit de subjuguer la terre et de la rendre apte à donner une récolte.

 

Na’hmanide le signale à partir du Talmud : tant que les Hébreux n’habitent pas cette terre, elle est non fertile. Dès que les Hébreux y arrivent il y a récolte. Il ne s’agit pas du tout de la conquête des occupants auxquels il est offert un plan de paix. Ils l’acceptent ou pas. Déjà du temps de Josué, Israël est entré par des chemins mystérieux pour s’infiltrer dans le pays et une fois dans le pays il a proposé la paix aux habitants. Ils ont refusé et il y a eu la guerre. C’est exactement ce qui s’est passé de notre temps.

 

Regardez l’ordre anormal du verset « Emplissez la terre et conquérez-là » qui prouve qu’il ne s’agit pas d’une conquête habituelle. Toutes les guerres d’Israël sont parties du centre vers la phériphérie.

Et non pas de l’extérieur vers l’intérieur. On n’a pas débarqué ici en conquérant. On est rentré chez nous comme on a pu. Il y a eu la guerre. Alors on la faite depuis le centre vers la périphérie.

 

Le fait que les Hébreux sortis d’Egypte – kavshou - ont conquis la terre qui est la leur, ne change en rien le fait que c’est la leur. Nous avons cette idée à la racine dans le récit qui concerne le 1er homme mais surtout dans l’intuition de Rashi qui choisit parmi tous les midrashim possibles pour expliquer pourquoi cela commence au commencement, cette réponse-là. Il savait que nous aurions des problèmes avec le lien à la terre.

 

Ceci met en évidence qu’il y a un problème particulier. Si les nations du monde Oumot HaOlam disent «vous êtes des brigands –litsim- parce que vous avez conquis la terre (dont nous savons par ailleurs qu’elle est la vôtre) par la force » c’est qu’il y a un problème. Maharal explique que la force de cette argumentation contre Israël vient de l’ambivalence de ce peuple vis-à-vis de sa terre. Ce n’est pas plus compliqué que cela.

 

Il y a deux expressions différentes pour dire cette contestation :

Si les nations du monde - Oumot HaOlam - disent «vous êtes des brigands parce que vous avez conquis la terre des 7 peuples », il y a deux instances : les nations du mondes et les occupants.

 

Or, nous sommes de nouveau dans la même problématique. Il y a une instance des nations du monde qui s’appelle l’O.N.U. et qui elle a cette argumentation concernant les populations occupant ce pays. Tout se passe comme si cette instance des nations du monde ne devait apparaître que corollairement à ce problème. L’O.N.U. s’occupe exclusivement de ce qui se passe ici !  

 

L’argumentation vient de la mentalité théologique des Goyim : comment Dieu donne ce qu’il promet ? Pour les Goyim c’est par la grâce, sur un plateau. Alors que dans la structure de la Torah l’homme doit mériter et conquérir ce qui lui est promis. C’est la grande différence.

 

Il faut donc citer un verset pour dire à ceux qui savent lire la Bible que leur argumentation ne tient pas : regarder comment Dieu donne ce qu’il promet !

 

Na’hmanide dit que cela ne sert à rien : on aura beau leur dire, il n’entendront pas.

Il cite un verset [Ps. 147:19] :

מַגִּיד דְּבָרָו לְיַעֲקֹב;    חֻקָּיו וּמִשְׁפָּטָיו, לְיִשְׂרָאֵל

« il explique ses paroles à Jacob et ses lois à Israël ».

 

Et il le rapporte à ce problème de Rashi. Qu’est-ce que cela signifie ? Je paraphrase en gardant le sens donné par Na’hmanide : En fin de compte, même si on disposait de cet argument face aux Goyim cela ne changerait rien : cela fait 2000 ans qu’ils ne savent pas lire la bible. Leur argument est précisément celui de Rashi : « vous êtes des conquérants ». « La terre vous appartient mais attendez que Dieu, le messie, vous la donne sur un plateau du Golan... » Na’hmanide nous prévient: ne croyez pas que l’argument concerne uniquement les Goyim, l’argument concerne aussi Israël lui-même s’il a ce doute. Pour Na’hmanide ce Rashi-là est en usage interne : Ce sont les Juifs eux-mêmes qui doivent comprendre cela.

 

Dès l’origine il y a cette ambivalence :

Il sont tous sortis d’Our-Kasdim la famille de Téra’h. Haran n’a pas supporté et il est mort là-bas. Ce sont ceux qui n’ont pas quitté l’exil. Ils sont morts là-bas. Na’hor a accompagné le voyage mais il est mort comme son père qui n’a pas réussi à accomplir sa aliyah. Puis Abraham seul est le rescapé des rescapés. Il y a là une analyse thématique extrêmement claire. Ils connaissaient tous leur pays d’origine, « la terre que je Te montrerais… », le pays de Canaan. Mais il y a des résistances énormes. Quitter une civilisation comme Our-Kasdim est difficile. Même chose avec l’Europe. J’ai vércu cette époque du nazisme en Europe. Il était évident à ce moment-là que le juif qui restait en Europe était syphonné. Imaginez les résistances. Il y avait toute une idéologie ad hoc qu’on s’inventait, l’idéologie de Na’hor, l’idéologie de Haran, l’idéologie de Loth ... Il y a donc un problème dans les relations de ce peuple à sa terre. L’ambivalence du lien d’Israël à sa terre débute dès le commencement.

 

Je vous cite Elie Wiesel, je ne sais pas s’il dirait ce qu’il a dit à l’époque au sortir des camps de concentration, sur la question qui lui fut posée sur le lien entre la restauration d’Israël et la Shoah : « si nous étions vraiment à la hauteur au regard de ce que l’humanité nous a accordé, ce petit territoire indéfendable de l’ONU de 1947, après ce qui s’est passé nous devrions mettre l’Europe à feu et à sang. Mais nous n’en sommes pas capables, nous n’en n’avons pas le courage... »

Il avait raison c’est évident. Pas sur l’Europe à feu et à sang, c’est un autre problème. Mais sur le fait qu’on n’a pas le courage : Arrivé au moment de la décision, cela s’effondre, donc c’est qu’il y a un problème ! 

 

Quel problème ?

 

A deux niveaux : A deux niveaux parce que les deux argumentations existent et parce que les deux sont défendables.

 

Premièrement, une généralisation par commodité :

Il y a, prodondément ancré dans l’inconscient des Juifs, le fait qu’on a définitivement repoussé à un temps mythique de l’arrivée d’un messie mythique (surtout qu’il ne soit pas celui décrit par nos textes) cette histoire de « l’année prochaine à Jérusalem ».

 

« On a eu dans dans l’antiquité hébraïque une tentativesd’avoir une nation à nous cela a échoué, on n’est pas fait pour cela : on sera les Juifs des Goyims ». Je vous récapitule 3000 ans d’histoire.

Et on se cherche alors tous les alibis possibles imaginables pour camoufler cela qu’en réalité on ne veut pas… et pourtant on ne peut pas ne pas le vouloir puisque c’est notre être... et donc cela prend une dimension mythique : « l’année prochaine à Jérusalem ! »

 

Quand on refait l’histoire de la relation mystique des Juifs à Erets Israël c’est une histoire de fou !

 

Je vous raconte la formule du Rav Aviner pour imager une idée que j’ai aussi entendue du Rav Kook : il y a des Juifs pieux de la piété de Jérusalem qui prient et demandent à Dieu de revenir et qui reviendrait si d’après eux c’est Dieu qui les ramène. Et alors ils sont persuadés que c’est Dieu qui doit les ramener. Ils ont raison dit le Rav Kook, c’est Dieu qui doit les ramener. C’est Dieu qui les ramène, mais ils ne voient pas que c’est Dieu qui les ramène... 

 

Exemple : dans les textes du Qriat Shéma : « si tu pratiques les Mitsvot, Je donnerais la pluie en son temps...etc. et l’herbe des champs… » Il racontait l’histoire d’un juif qui est allé dans son champ et s’est assis sur son tabouret attendant que Dieu fasse tout ce qu’il a promis.

Un autre juif est passé qui lui a dit :

-Qu’est-ce que tu attends ?

-J’attends la pluie !

-Comment ? Et pourquoi tu attends la pluie ?

- J’attends la pluie pour que l’herbe pousse. C’est écrit ainsi : Si tu pratiques les commandements, je t’enverrais la pluie et l’herbe poussera. J’ai pratiqué les commandements et j’attends que la pluie vienne pour que l’herbe pousse…

- Et si tu prenais une pioche une pelle et que tu commençais à travailler de telle sorte que… car c’est comme ça que Dieu te donne: avec ta pioche et ta pelle!

  

Vous voyez ce qui se passe dans la mentalité du juif pieux de Jérusalem à l’étranger. Il a raison que c’est Dieu qui doit le ramener mais il n’accepte pas de voir que Dieu fait comme Il le fait. C’est finalement le problème : comment Dieu le fait ?

 

Histoire israélienne du juif qui prie Dieu au kotel tous les jours depuis 3 ans pour gagner à la loterie. Cela ne vient pas. Le chef des anges vient demander à Dieu de l’exaucer. Dieu répond: « Et s’il prenait un billet de loterie avant ? »

 

C’est le même problème.

 

En realité, il y a refus de ce lien et une acceptation que s’il est mystique ou mythique on prend. Que signifie d’avoir prié, sanglotté et supplié pendant 2000 ans et le jour où cela arrive on pense à autre chose ? On ne veut plus et on refuse d’entrer en Israël ? C’est la génération de la sortie d’Egypte qui ne veut pas entrer en Israël, alors qu’on est sorti d’Egypte pour ça !

 

 

 

Il y a une 2ème dimension :

Celle-là est négative totalement. Vous en discutterez avec des Juifs de la diaspora. Vous discernerez derrière tout ce qu’ils vous diront un refus pur et simple. En cherchant à midi et quatorze heures des raisonnements tordus pour essayer de démontrer que blanc c’est noir et noir c’est blanc…

Dans aucun peuple au monde cela n’existe! 

 

Il y a une dimension beaucoup plus profonde : l’identité hébraïque possède l’indice universel, d’emblée, qui se dévoilera à la fin des temps mais qui travaille dans sa conscience. C’est l’attachement aux diasporas. C’est d’autre part, même inconsciente, la tendance à l’universel. On sacrifie donc à Israël cette tendance à l’universel. Pourquoi ? Parce que cela les travaille plus que la relation spécifique de l’identité hébraïque. La critique de cette attitude c’est qu’il s’agit d’une escroquerie. Parce que ce soi-disant universel n’est en réalité que du cosmopolitisme. Ce qui n’a rien à voir.

 

Il faut avoir le courage d’avoir une nation et non pas le refus de cette attitude qui laisse cela aux Goyim pour rester la communauté juive des Goyims.

 

Cela se rattache au sujet : Il faut que Abraham se dégage de sa gangue d’Avram l’araméen pour devenir Avraham. Israël est encombré de Juifs qui ne sont pas encore devenus des israéliens. Même à la 3ème ou 4ème génération. 

 

J’ai un ami isrélien né dans le pays, descendant à la troisième génération d’un des fondateurs de Peta’h Tikvah. On s’était rencontré un jour dans cette région-là, je le rencontre en colère. Je lui demande la raison :

- « Tu te rends compte on est obligé de mettre des serrures sur les portes ! »

Je lui demande :

- « pourquoi tu mets des serrures sur les portes ? ».

- « Parce que les Juifs sont arrivés ! »

Et ce n’était pas antisémite. Lisez les journaux vous saurez que c’est comme cela que ça se passe.   

 

Effectivement, nous sommes des Juifs d’origine et nous ramenons avec nous toutes ces problématiques-là. Il faut s’en dégager et cela prend du temps, c’est difficile...

 

On pourrait en parlez pendant des heures. Il y a 2 polarités :  

- Le refus plus ou moins inconscient qui recule cela à un temps mythique.  

- Quelque chose de l’ordre de la valeur positive dans la relation à l’universel, mais vécue au niveau du cosmopolitisme pur et simple. Et cela c’est un problème très grave.

  <fin>

 

*****

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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 16:01

 

Parasha - Hayey Sara 1984

 

חַיֵּי שָׂרָה

 

Chapitre 23 jusqu’au Verset 18 chapitre 25

Avec la Parashah ‘Hayé Sarah on se trouve à la fin des récits concernant Abraham, et on entre en plein dans le cycle de l’histoire d’Isaac. Nous verrons en 1ère partie le contenu de la parashah pour approfondir sur tel ou tel thème..

 

Le 1er passage est le récit connu sous le nom de la caverne de Ma’hpelah, récit important pour lui même car c’est la 1ère fois que nous avons une indication dans la Torah des droits d’acquisition de la terre d’Israël par le peuple d’Israël. Et cela commence au niveau des Patriarches.

 

Au moment de la mort de Sarah qui est liée au thème de la fin de la Parashah précédente, qui est le thème de la ligature d’Isaac, Sarah est donc morte à ce moment-là ; et Abraham négocie avec les habitants du pays de ‘Hevron qui, au niveau du récit biblique, s’appelle Qriat Arba.

 

Aujourd’hui dans les temps contemporains, il semble apparemment qu’il y ait 2 villes différentes, ‘Hevron d’un côté et Qriat Arba de l’autre, avec tous les problèmes urgents et actuels autour des deux villes, mais d’après le récit biblique - Qriat Arba Hi ‘Hévron - il s’agit de la même ville. Je vais d’ailleurs anticiper dans l’histoire contemporaine et dire que c’est Qriat Arba qui est ‘Hévron. Il y a là un texte important. Ce n’est pas celui que j’ai choisi pour cette année.

 

Simplement, je vous indiquerais un thème d’étude à propos de ces passages du chapitre Chapitre 23.

On voit la discussion entre Abraham et les habitants du pays à l’époque qu’on appelait les Hittites, une des peuplades que l’on appellait en général les Cananéens. Mais en fait, les Cannanéens étaient une des peuplades qui habitaient le pays à l’époque d’Abraham et que l’on nommait les 7 peuples. Il y a différentes références, ils sont tantôt 7, tantôt 10, tantôt 13, mais ce sont d’autres problèmes qui s’étudient chacun pour eux-mêmes.

 

Le thème en question concerne le fait que la personnalité d’Abraham selon le récit est reconnue par les habitant du pays. En particulier dans cette expression du verset 6 du chapitre 23 lorsque Abraham se trouve devant la nécéssité d’obtenir un caveau, une tombe, pour enterrer Sarah, et dans sa discussion avec les habitant du pays, ces derniers le nomment Nessi Elohim : un prince de Dieu Atah betokhenou nous te considérons... Tu es parmi nous comme un prince de Dieu...

 

 

שְׁמָעֵנוּ אֲדֹנִי, נְשִׂיא אֱלֹהִים אַתָּה בְּתוֹכֵנוּ

Adoni Shma'enou

Ecoutes-nous Adoni

Nessi Elohim Atah betokhenou….

un prince de Dieu tu es parmi nous

 

La personalité d’Abraham est donc reconnue et cependant on voit qu’il a une réticence à lui céder les droits d’acquisition de la tombe qu’il réclame et décide de choisir pour enterrer Sarah. Ce n’est pas n’importe quelle tombe. Le Midrash nous dit que Adam et ‘Havah y ont été enterrés au commencement de l’histoire de l’humanité selon le récit biblique. On apprend d’après Rashi et les autres commentateurs pourquoi c’est d’emblée cette tombe que Abraham veut choisir. Il y a réticence des habitants du pays à lui donner les droits par acquisition, bien que Abraham est déjà perçu comme une grande personnalité.

Il est « Nessi Elohim atah betokhenou » aux yeux des habitants du pays qui sont les occupants du pays. En fait selon l’organisation des lignées humaines en relation avec chacun sa terre d’après le récit biblique, le pays qui finalement sera appelé le pays d’Israël – le problème des frontières est un tout autre problème -  appartenait à la descendance de la lignée de Shem et il a été conquis par des peuplades de la descendance de ‘Ham. En particulier les Cananéens, qui sont devenus les occupants du pays. C’est d’ailleurs une situation très analogue que nous avons aujourd’hui. Enfin revenons à  la racine de cette histoire en son temps.

 

On voit qu’il y a une discussion entre le possesseur de ce temps, provisoirement, de la caverne de Ma’hpelah, où selon le Midrash était le lieu de l’histoire de la lignée humaine avec Adam et ‘Havah, le 1er homme et la 1ère femme. L’histoire va recommencer avec Abraham et Sarah, et cet homme discutte avec Abraham en lui disant qu’il est prêt à lui donner un cadeau et Abraham insiste pour que ce soit un contrat d’achat. C’est un des thèmes les plus important de ce récit.

 

Il y a une différence de nature entre le fait de disposer d’une terre par contrat de donation ou d’en disposer par contrat d’achat, même si le contrat d’achat reste symbolique. Le contrat d’achat peut être avec une Perouta, un Shekel symbolique. Juridiquement, un contrat d’achat quelque soit le prix d’achat, a une force beaucoup plus grande qu’un contrat de donation qui est toujours quelque peu précaire (un jour on peut donner, un jour on peut reprendre). Alors qu’il est important de trouver ce texte concernant un contrat d’achat dans le récit de la Torah qui nous avertit à l’avance que nous aurons des problèmes à ce niveau.

 

Tout se passe comme si Abraham a le pressentiment qu’il y a là un problème particulier. Au niveau de la légalité biblique, il insiste pour que sa descendance puisse se référer à un texte qui parle de cette différence entre contrat de donation et contrat d’acquisition.

 

En fait, le sujet d’étude fondamental c’est le lien entre la nécéssité d’avoir à enterrer Sarah, et donc de trouver une tombe pour enterrer Sarah (paradoxe d’un pays, d’une société sans tombe pour les étrangers) et le droit d’acquisition de la terre. Ce lien entre la mort de Sarah reliée par le Midrash à l’épisode de la ligature d’Isaac, et d’autre part les droits d’acquisition à Erets Israël.

 

***

 

Ensuite, il y a un très long texte qui a pour sujet le mariage d’Isaac.

Après ce texte, à la fin de la Parashah, survient le thème de la reprise des généalogies d’Abraham en dehors d’Isaac. On arrive à la fin de la Parashah. Il y a un thème important qui reprend l’histoire du conflit entre Ishmaël, le 1er fils d’Abraham (alors qu’il s’appellait encore Abram) et Isaac.

Avec pratiquement une perspective prospective, si j’ose dire, qui nous indique les termes et les catégories de la solution de ce conflit entre Ishmaël et Israël.

 

Nous sommes là confrontés à un problème d’actualité importante, et peut-être nous aurons à le reprendre d’année en année, jusqu’à ce que la solution annoncée par le texte arrive à se dessiner à l’horizon si j’ose dire.

 

Nous allons malgré tout d’abord faire une identification des personnages :

Concernant l’identification d’Abraham :

Bien entendu nous aurions besoin d’énormément d’élucidations de détails à l’appui des textes précédents et je vais prendre comme postulat que vous en connaissez les contenus. En particulier dans les Parashiot précédentes, on nous parle d’Abraham comme de quelqu’un qui quitte la civilisation de Mésopotamie qu’on appelle à l’époque Our-Kasdim selon le nom de sa capitale. On l’habitude grosso-modo d’appeler cette région la Mésopotamie, c’est la Chaldée, où habitaient les Casdéens, indépendamment des Chaldéens. Nous savions par les Midrashim et nous savons maintenant du point de vue de l’historiographie contemporaine, en dehors de la tradition juive ellle-même, qu’il s’est agi de la grande civilisation de ce temps-là qui avait déjà une filiale en Egypte. Un peu comme la civilisation européenne de notre contemporanéité possède sa filiale en Amérique et qui forment le même ensemble de civilisations.

De la même manière, à cette époque, la civilisation c’était la civilisation de Babel, la Mésopotamie, et corollairement, de l’autre côté d’Erets Israël qui s’appelle à l’époque Erets Kenaan du nom des occupants, cela ressemble un peu à la situation actuelle où Erets Israël s’appelle la Palestine au yeux de Goyim du nom qu’ont donné les occupants. Et de l’autre côté il y avait l’Egypte. Bien sur ce sont deux civilisations indépendantes apparemment, mais c’est la même civilisation. Je crois que l’analogie la plus claire c’est l’Europe et l’Amérique, sinon l’Europe et la Russie. C’est la même civilisation finalement.  

 

Habituellement, on perçoit les premières données de ce récit de la manière suivante : un homme de cette civilisation-là de Our-Kasdim en Mésopotamie qui s’appelait Abram a quitté Our-Kasdim pour Israël comme un étranger absolument viendrait dans une terre étrangère absolue. Je voudrais corriger ce cliché-là en vous donnant une 1ère référence.

 

Chapitre 14 verset 13 :

A propos du récit de la guerre où Lot a été fait prisonnier et Abraham va à son secours, Abraham est appellé אַבְרָם הָעִבְרִי Abram ha ivri – Abram l’hébreu.

 

Il y a ici notion d’Abraham à la lignée des Sémites puisque Ever qui lui donne son nom d’hébreu ha ivri est un descendant de Shem.

 

La réponse que je vais vous donner au nom des midrashim qui en font foi : tout se passe comme si une des lignées des Hébreux était en exil dans la civilisation du temps. Et il y a là une sorte de préfiguration, de pré-modèle, de ce que sera très souvent à chaque étape de développement des grandes civilisations dans l’histoire, la situation du peuple d‘Israël : être en exil dans la civilisation du temps.

 

J’ouvre une parenthèse pour vous l’expliquer par un midrash très connu :

Un midrash très connu nous raconte la vocation d’Abraham.

Le père d’Abraham Tera’h-Tharé était un fabricant d’idoles. Et Abram enfant (âgé de 3 ans selon le midrash) (re)découvre l’intuition monothéiste face à l’idolâtrie polythéiste où l’on voit Tera’h vendeur d’idôles... Abraham a décidé de donner une leçon à son père, avec tout le respect le Kivoud av va-ém imaginable : il a détruit toute les idoles sauf la plus grande, dans les bras de laquelle il a mis une hache et une offrande à ses pieds. D’après le midrash c’était une assiette avec de la fine fleur de farine. Lorsque Tera’h arrive, il voit le massacre et demande des explications ? Abraham explique qu’un homme pieux est venu faire une offrance... et les idoles se sont disputées l’offrande et la grande a gagné.  Tera’h n’y croit pas : à moi tu vas me dire cela ? Le midrash s’arrête là. Un commentateur a ajouté une très jolie chose et a mis dans la bouche d’Abraham parlant à son père : « fais entendre à tes oreilles ce que tu dis avec ta bouche ».

 

La signification de cet événement tel que le raconte le midrash c’est qu’effectivement, Tera’h était le grand prêtre de la civilisation de ce temps-là Tout se passe comme si une identité hébraïque clandestine travaillait dans la civilisation de ce temps-là. Ce n’est que plus tard que cette identité hébraïque va sortir de cette clandestinité, et que - plus ou moins ès-qualité parce qu’il y a eu énormément d’efforts à travers les civilisations où c’était quand même clandestin - cette identité hébraïque travaille et se relie à la civilisation du temps dans une formule qui éclatera au moment de la sortie d’Egypte, lorsque la destinée d’Israël sera formulée par Moïse à la sortie d’Egypte : mamlekhet kohanim ve goy qadosh – la lignée des prêtres de la civilisation du temps.

Mais à cette époque c’est vraiment récessif, clandestin, camouflé.

 

Que signifie un fabricant d’idole ?

Etre « fabricant d’idôles » cela signifie être celui qui fabrique les symboles concrêts qui représentent les idéaux proposés au peuple en question. Cela veut dire le grand-prêtre. Le grand-prêtre au sein d’une civilisation polythéiste ne peut qu’être fabricant d’idoles, d’idéaux, proposés à la croyance des croyants.

 

La mutation qui se produit au niveau d’Abraham va, nous dit le midrash, déclencher des persécutions contre la famille d’Abraham – c’est le thème important de la fournaise d’Our-Kasdim – et ce midrash nous situe cette famille avec Tera’h, comme étant très exactement dans la situation qu’a connu souvent, mais surtout malheureusement de notre temps de manière énorme, les peuples juifs avec les fours crématoires. Ce sont exactement les mêmes termes.

 

Seulement, cette identité hébraïque est camouflée et devient une identité d’exil qui s’appelle l’identité araméenne. Dans cette lignée des Hébreux rescapés, d’autres se sont perdues, une des lignées mène à Abraham. Et elle est connue en ce temps-là comme étant l’identité « Aram », mot hébreu qui veut dire Araméen.

 

Nous avons un enseignement du Talmud qui interprête le niveau Avram par l’expression Av Aram  père-principe de l’identité Aram. Ce n’est que lorsqu’il s’appellera Avraham, qu’un autre niveau d’identité apparaitra, celui que nous connaissons comme Abraham de l’Israël des Hébreux dévoilés, et sortis de la clandestinité.

 

Dans ce verset cité supra chapitre 14 verset 13, אַבְרָם הָעִבְרִי Avram ha ivri Abram l’hébreu, il y a une indication de la Torah qui est très importante et qui nous oblige à réviser ce cliché qui fait d’Abraham un mésopotamien converti au judaïsme. C’était un hébreu en exil dans la civilisation mésopotamienne. L’identité d’un hébreu en exil dans cette civilisation était l’identité araméenne. De la même manière que dans le temps contemporain, l’identité du peuple hébreu en exil dans la civilisation contemporaine a été l’identité juive. L’indice juif de l’hébreu de notre temps est analogue de l’indice araméen de l’hébreu dans la civilisation méopotamienne.

 

Un araméen, du point de vue de l’identité humaine au temps de la civilisation méopotamienne, indépendament de la langue, c’est exactement le Juif dans la civilisation romaine.

 

Dans le temps de cette civilisation de Babel d’où va sortir la famille d’Abraham, sous la direction d’Abraham, et sous l’initiative seconde de Tera’h son père d’ailleurs d’après le récit, cette identité de l’hébreu en exil c’est l’identité araméenne.

 

On retrouve la même tension, dans cette polarité d’identité à ces deux périodes différentes, mésopotamienne et romaine. Il y a une identité seconde qui sert à la fois de protection et de camouflage à l’identité hébraïque. C’est l’identité juive de notre temps et c’est l’identité araméenne en ce temps-là.

 

De toutes les façons, les identités juives que nous avons connues de notre temps, le yiddish, le judéo-arabe, le judéo-espagnol, le judéo-provençal, le judéo-portugais...etc. ces valeurs-là s’intégrent dans l’identité hébraïque à chaque moment du retour au pays. Il y a un privilége à l’identité araméenne parce qu’elle était beaucoup plus collective et universelle à tous les hébreux que ne l’ont été les identités juives des juiveries partielles. Mais pour quelqu’un qui est d’identité juive yiddish, c’est cela son araméen. A la limite c’est aussi qadosh, marqué de sainteté, que l’araméen par rapport à l’hébreu. De la même manière pour le judéo-arabe... etc. Ces langues juives étaient le véhicule d’expression d’une identité de l’exil.

 

Un hébreu de l’exil en Espagne était  judéo-espagnol.

Un hébreu de l’exil en Allemagne était  judéo-allemand.

Un hébreu de l’exil en Chaldée en ce temps-là était araméen.

 

Par conséquent, l’identification de l’identité d’Abraham en propres termes est mise au point : c’est un hébreu de l’exil qui revient chez lui et non pas un mésopotamien qui déciderait bizarrement de faire sa aliyah et de fonder l’état d’Israël de ce temps-là.

 

Avant même le temps où les Hébreux, ès-qualité et à visages découverts, sont censés jouer leur rôle au sein de la civilisation dominante du temps, le premier modèle sorti de la clandestinité c’est le peuple des Hébreux en Egypte qui en sort sous la direction de Moïse, c’est le 1er modèle sorti de la clandestinité, avant ce temps-là il y avait quelque chose d’analogue : c’est la même lignée avant la lettre, la lignée des Hébreux, qui joue ce rôle. Mais dans la clandestinité totale. 

 

Un araméen du temps de Our-Kasdim c’est analogue à un juif du temps de Rome.

 

Je vais vous expliquer pourquoi l’hébreu chez les Romains va s’appeller juif :

Nous le situons à la fin du 2ème temple après le schisme qui a eu lieu au temps du 1er temple entre les tribus du Nord d’Israël qui ont pris le nom d’Israël et les tribus du Sud qui ont pris le nom de Judah, après la destruction du royaume du Nord, puis du 1er royaume de Judah, les rescapés des Hébreux étaient les Judéens du deuxième royaume de Judah. Et le mot de Juif n’est pas autre chose que la traduction en français à travers le latin du mot de Judéen. Un juif est un Judéen, c’est-à-dire un hébreu parti en exil.  

 

Q : L’ordre de Lekh Lekha : L’exil en Chaldée est-il un exil spirituel ?

R : Non. C’est prendre le problème à l’envers. Exil c’est un terme géographique. Spirituel c’est déjà de la théologie et finalement cela mène à de la Jérusalem céleste.  C’est un exil tout court, cela veut dire que l’on n’est pas chez soi. Il y a une fonction dans cet exil. Et j’essaie de restituer le fait que l’identité hébraïque était vraiment en dimension de stratégie de survie, camoufflée derrière l’identité araméenne, compromis entre l’identité hébraïque et l’identité chaldéenne, de la même manière que l’identité juive de l’exil a toujours été un compromis entre l’identité hébraïque et celle des Goyim chez lesquels nous étions en exil. J’explique cela parce que tout cela est à redécouvrir : Quelle différence entre un Juif du Maroc et un Juif de Pologne ? Le Maroc et la Pologne ! Car juif c’est juif. Il n’a jamais existé - sauf cas très particulier des Hébreux chez les Juifs - de Juif tout court comme il a existé un hébreu tout court. Un juif a toujours été judéo-quelqu’un d’autre. L’araméen c’est en fait l’hébréo-chaldéen. C’est de cette gangue de son exil géographique, et donc de tous les paysages géographiques culturels y compris, qu’Abraham va sortir pour revenir au pays de ses ancêtres occupé alors par les Cananéens. Et la Torah tient à l’appeller « Abram l’hébreu » alors qu’il est encore dans sa gangue araméenne nommée Abram. Cela veut dire qu’il se connaissait comme « hébreu » à Our-Kasdim.

 

Nous avons été envahis par la lecture chrétienne en français, venue du latin et du grec sur ce thème comme beaucoup d’autres qui nous renvoie cette image fausse d’un cliché faux d’un mésopotamien (nous dirions aujourd’hui un irakien) devenu hébreu par hasard.

 

Fin de Parasha de Noa’h juste avant Lekh Lekha :

chapitre 11  verset 27

On a rappellé dans ce chapitre la lignée de Shem issue de Noa’h. La fin de la lignée de Shem qui mène à Abraham commence au verset 27 :

 

וְאֵלֶּה, תּוֹלְדֹת תֶּרַח--תֶּרַח הוֹלִיד אֶת-אַבְרָם, אֶת-נָחוֹר וְאֶת-הָרָן; וְהָרָן, הוֹלִיד אֶת-לוֹט.

Ve'eleh toldot Tera’h.

Et voici les engendrements de Tera’h

Tera’h holid et-Avram et-Na’hor ve'et Haran

Tera’h engendra Abram et Nahor et Haran

veHaran holid et-Lot

et Haran engendra Lot.

 

וַיָּמָת הָרָן, עַל-פְּנֵי תֶּרַח אָבִיו, בְּאֶרֶץ מוֹלַדְתּוֹ, בְּאוּר כַּשְׂדִּים

Vayamot Haran al-peney Tera’h aviv.

Et Haran mourut du vivant de son père Tera’h

be'erets moladeto beOur Qasdim

Dans le pays de sa naissance à OurQasdim.

 

וַיִּקַּח אַבְרָם וְנָחוֹר לָהֶם, נָשִׁים:  שֵׁם אֵשֶׁת-אַבְרָם, שָׂרָי, וְשֵׁם אֵשֶׁת-נָחוֹר מִלְכָּה, בַּת-הָרָן אֲבִי-מִלְכָּה וַאֲבִי יִסְכָּה.

Vayikah Avram veNa’hor lahem nashim

Et Avram et Na’hor prirent des femmes pour eux

shem eshet-Avram Saray

le nom de la femme d’Avram est Saraï

veshem eshet-Na’hor Milkah

le nom de la femme de Na’hor est Milka

bat-Haran.

La fille de Haran (cela veut dire qu’il s’est marié à sa niéce)

avi-Milkah va'avi Yiskah

pére de Milka et père de Yiska.

 

De là on apprend que Sarah s’appelait aussi Yiska. C’est un autre sujet.

 

Verset 30 :

וַתְּהִי שָׂרַי, עֲקָרָה:  אֵין לָהּ, וָלָד

Vatehi Saray akarah eyn lah valad.

Et Sarah était ‘stérile’ et n’avait pas d’enfant.

 

Cela joue un rôle de grande importance dans le récit. Pourquoi les mères d’Israël étaient stériles et encore aujourd’hui, avant de pouvoir enfanter. Et si elles ont enfanté c’est qu’elles n’étaient pas stériles. Il faut donc traduire akarah différemment : "empêchée d’enfanter jusqu’au moment où elle enfante...""

 

וַיִּקַּח תֶּרַח אֶת-אַבְרָם בְּנוֹ, וְאֶת-לוֹט בֶּן-הָרָן בֶּן-בְּנוֹ, וְאֵת שָׂרַי כַּלָּתוֹ, אֵשֶׁת אַבְרָם בְּנוֹ

וַיֵּצְאוּ אִתָּם מֵאוּר כַּשְׂדִּים, לָלֶכֶת אַרְצָה כְּנַעַן

Vayikach Terach et-Avram beno

Et Tera’h prit Avram son fils

ve'et Lot ben-Haran ben-beno

Et Lot fils de Haran fils de son fils

 ve'et Saray kalato

Et Saraï sa brue

eshet Avram beno

femme d’Avram son fils

vayetse'ou itam meOur Kasdim

et ils sortirent avec lui d’OurQasdim

lalekhet artsah Kena'an

pour aller en direction de Canaan.

 

Ils n’ont encore reçu aucune révélation concernant le pays de Canaan.

 

וַיָּבֹאוּ עַד-חָרָן, וַיֵּשְׁבוּ שָׁם

vayavo'u ad-‘Haran vayeshvou sham.

Ils arrivèrent à ‘Haran et s’installèrent là.

 

Ensuite on nous dit combien de temps Tera’h a vécu.

Ce texte est avant Lekh Lekha. La question que tu poses s’est posée chez les commentateurs : l’ordre de Lekh Lekha pour aller on ne sait où est une phrase sybilline et ambigüe : « Pour aller vers la terre que je te montrerais... » mais on ne trouve pas le nom de Erets Kenaan.

 

Il y a discussion des Méfarshim pour savoir si « Lekh Lekha » a été dit à Avram à Our-Kasdim ou à ‘Haran ? Ce problème est très complexe chez les Méfarshim.

 

En fait, on apprend qu’il y a ici un récit récapitulé : Abraham est une première fois venu en Erets Kenaan avec toute sa famille et ensuite Tera’h a fait sa Yéridah, Abraham y compris, mais entre temps Abraham a eu une vision dans Erets Israël et ensuite Abram depuis ‘Haran est de nouveau revenu en Israël...

 

La discussion existe dans le Talmud et les Midrashim et entre temps il a eu la vision de Brit bein habetarim.

 

Mais considérant le texte en Pshat simple : il est clair que, le moment venu, pour les raisons indiquées brièvement précédemment, où cette famille doit s’enfuir de cette civilisation devenue concentrationnaire, elle sait où elle va car elle retourne chez elle.

 

וַיֵּצְאוּ אִתָּם מֵאוּר כַּשְׂדִּים, לָלֶכֶת אַרְצָה כְּנַעַן

 vayetse'ou itam meOur Kasdim

et ils sortirent avec lui d’Our-Kasdim

lalekhet artsah Kena'an

pour aller en direction de Erets Canaan...

 

Entretemps, ils se sont arrêtés en route, et là Dieu dit à Abraham « Lekh Lekha... Va quitte definitivement  les hésitations de Aliyah de ton père et fais ta Aliyah vers la terre que Je te montrerais... » sans préciser qu’il s’agit de Erets Kenaan. Or, c’est là-bas qu’Abraham va, c’est donc qu’il sait où il va !

 

Or, on apprend que plus tard à propos de l’histoire de Joseph, ce pays est appelé Erets Ha Ivrim le pays des Hébreux. Lorsque Joseph explique qui il est au Pharaon lorsqu’il est en Egypte, il dit comme quelque chose de connu qui va de soi dans la civilisation du temps : « j’ai été volé du pays des Hébreux ». Et Pharaon ne demande pas ce qu’est le pays des Hébreux ! Il sait ce que c’est.

La Torah précise d’Abraham qu’il est un hébreu !

Que fait un hébreu à Our-Kasdim ? Il est en exil de chez lui.

 

La parole, l’ordre de Dieu à Abraham, c’est la première chose que Dieu dit à Abraham dans le récit biblique et cela ne concerne pas un changement de spiritualité c’est l’inverse : il doit changer d’endroit géographique pour que sa spiritualité hébraïque se dévoile vraiment. Je paraphrase : « Abraham ! le moment est arrivé, va là-bas. Et si c’est là-bas que tu vas Je me montrerais à toi au pays que je t’indiquerais, cela veut dire en hébreu « au pays où Je me révélerais à toi... » Il n’y a pas du tout ici d’appel à changer de cathéchisme. Il y a un appel à un dépaysement dans le sens géographique strict.

 

Dans les parashiot précédentes cette réhébraïsation d’Abraham, le fait qu’Abraham se défasse de cette gangue araméenne, prend du temps. Jusqu’à ce qu’il arrive à se débarrasser de cette gangue, qui est un uniforme de stratégie de survie qui a fait corps avec sa peau : l’identité araméenne. Jusqu’à ce qu’il puisse être fécond dans le sens strict. A ce moment-là seulement il va s’appeller Abraham et il sera l’Abraham père d’Israël.

 

Entre temps, il a enfanté Ishmaël alors qu’il s’appellait encore Avram et nous aurons un problème avec ses descendants dans la rivalité d’identité.

 

Abraham est appelé « Abraham l’hébreu ». Donc il est appellé par sa nation d’origine et non par une nation à venir qu’il va fabriquer. C’est une nation qui existe déjà depuis le 1er homme mais qui est clandestine dans l’histoire. Et la Torah tient à nous le dire : les Hébreux. C’est une nation qui ressucite. Exactement comme l’identité israélienne contemporaine fait ressusciter l’identité hébraïque chez les Juifs revenus d’exil de chez tous les Goyim. Cela commence avec Abraham.

 

L’évidence à redécouvrir c’est que la nation des Hébreux existe dejà, depuis Ever. Elle se prépare depuis Shem, depuis Noa’h, et au-delà depuis la lignées des grands initiés entre la génération d’Adam et de Noa’h. Essentiellement ‘Hanokh, Enosh, Shet et Adam. Depuis Adam Harishone cela se prépare. Mais cela sort de la clandestinité de sa vie « embryonnaire » si j’ose dire, avec Abraham. Cela n’est pas facile. C’est un accouchement dans la douleur. Abraham est le point de départ d’une sortie au grand jour.  Mais cette nation existe déjà. Et la Torah en passant ne nous a parlé que de la famille des rescapés de la famille d’Abraham. Tous les autres hébreux se sont assimilés aux « Kasdiens ». Et cela a failli arrivé à Tera’h. Il jouait son rôle de juif clandestin.

 

Prenons l’exemple de l’époque de la civilisation contemporaine de la sortie des ghettos : l’émancipation. Enormément de Juifs assimilés ont bouleversé les coordonnées de la civilisation contemporaine, mais pas au titre de Juifs. C’était des hébreux assimilés. Ils ont joué leur rôle mais de façon caricaturale. Prenez toutes les grandes disciplines de la culture contemporaine, elles ont été bouleversées dans leurs objectifs, dans leurs objets et dans leurs méthodes par des Juifs sortis des ghettos émanant de l’émancipation d’Europe. Freud, Lévi-Strauss, Einstein, Cantor... etc. Toute la sociologie, la psychologie, la philosophie, la mathématique. Un bouleversement provenant des hébreux clandestins en tant que juifs assimilés chez les Romains qui, dès l’émancipation, jouent leur rôle de « mamlekhet kohanin ve goy kadosh » dans la caricature absolue.

 

Dans la civilisation de Mésopotamie, les Hébreux jouaient ce rôle-là comme ils vont le jouer en Egypte, en Perse, en Grêce, à Rome et jusqu’en France contemporaine... Qui sont les conseillers de Mitterrand ? [J’ai lu dans le journal que les Syriens ne veulent pas des Juifs de Mitterrand, et en particulier de Attali. On avait le mythe du juif errand et maintenant le juif du Mitterrand.] Ils jouent leur rôle, non pas ès-qualité, mais dans la caricature d’eux-même, c’est ce qui était arrivé aux Hébreux de Mésopotamie eux-mêmes, sauf pour une famille de rescapés.

 

Ces Mmdrashim racontant la sortie, le rescapage, le salut de la famille d’Abraham sortant de la fournaise d’Our-Kasdim, c’est le récit de la génération précédente contemporaine : les rescapés des camps nazis et des fours crématoires qui sont revenus chez eux. Ils savaient où ils allaient en rentrant chez eux !

  

L’idéologie sioniste politique pouvait hésiter : un pays pour les Juifs cela pourrait être l’Ouganda mais le sens viscéral des juifs sionistes eux-mêmes les a amené chez eux. Ils sont revenus chez eux.

C’est ce qui arrive à cette famille.

 

Q : Guer véToshav…

R : Ce n’est qu’à partir de Jacob devenu Israël qu’il y a l’identité Israël. A postériori de l’identité de Jacob devenu Israël, Isaac est d’Israël et Abraham aussi. Mais il y a un changement d’identité qui commence au niveau d’Abraham.

 

Q :

R : C’est pas lui c’est son ancêtre. La lignée des Hébreux qui ont été contraints pas les descendants de ‘Ham, conquérants du pays d’Israël qui était l’héritage de Shem. Ils ont été exilés dans cette civilisation qui est la civilisation du temps. Par exemple, c’est comme si vous demandez à un juif contemporain vivant à New York d’où vient son père. La réponse en fin de compte c’est l’exil, mais à travers toute une série de péripéties qui sont formellement analogiquement les mêmes en ce temps-là. Imaginez les descendants de ‘Ham occupant le pays et déportant les Hébreux du pays.

 

 

 

…/…

lire la suite ici

 

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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 14:21
Parasha - Vayera 95- 2ème Partie

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayera_serie_1995/cours_1

Face B

 

( Lire la 1ère partie ici  )

.../...

Chapitre 22 verset 1

וַיְהִי, אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה, וְהָאֱלֹהִים, נִסָּה אֶת-אַבְרָהָם; וַיֹּאמֶר אֵלָיו, אַבְרָהָם וַיֹּאמֶר הִנֵּנִי

Vayehi a’har hadevarim haeleh vehaElohim nissa et-Avraham vayomer elav Avraham vayomer hineni.

 

Analyse du Maharal sur les 3 sens du mot Neissa.

(Je vous invite vraiment à l’étudier dans son texte. Nous n’avons pas le temps).

En fait Dieu connait à l’avance la vertu du Tsadik, ce n’est pas n’importe qui qui peut être mis à l’épreuve. C’est un Tsadik qui est capable de surmonter l’épreuve.

 

וְהָאֱלֹהִים, נִסָּה אֶת-אַבְרָהָם

VehaElohim nissa et Avraham.

Et Dieu éprouva Abraham

 

Et pourquoi il l’a mis à l’épreuve ? Parce qu’Il sait que Avraham peut surmonter cette épreuve. C’est une explication très forte. Et elle se base sur un verset des Proverbes :  Hashem Tsadik Kham : Dieu met à l’épreuve le Tsadik.

 

Le Tsadik qui est vraiment Tsadik, seul celui qui est capable de surmonter l’épreuve. Alors pourquoi l’épreuve ? Ce n’est pas pour apprendre à Dieu que le Tsadik est Tsadik, c’est pour le faire savoir au monde : 

« Vehaelohim nissa et Avraham » a pour résultat que le monde entier sait que Avraham a surmonté cette épreuve et a été capable de renoncer à tout ce qui était son être : le fils de la promesse.

 

C’est énrome. Avraham ne pouvait pas avoir de descendance, et c’est cette même descendance miraculeuse que Dieu lui demande de mettre en question dans cette mise à l’épreuve, d’être capable de cela.

 

Il y a derrière tout un arrière fond du Midrash que je voudrais mettre en évidence. Mais cette épreuve-là concerne au contraire la ferveur religieuse de tous les idolâtres : le sacrifice du fils !

 

Voyez ce que le chistianisme a fait de ce récit. Parce que c’est un sacrifice idolâtre. Le sacrifice par excellence est le sacrifice du fils. L’horreur des horreurs ! Ici, Dieu demande à Avraham d’être capable d’être pieux à la manière des idolâtres, et il y réussit ! C’est énorme !

 

Le mythe chrétien est le mythe plus idolâtre possible pour la sensibilité juive.

 

Il contient les trois fautes fondamentales :

Shefi’hout Damim.

Guilouï Arayot.

Avodah Zara.


Shfi’hout Damim. Il y a le meurtre accompli du fils par le père. C’était la sensibilité religieuse des idolâtres. Cela aide à comprendre pourquoi ceux qui y croient prennent pour postulat que c’est cela le vrai sacrifice. C’est la sensibilité opposée à celle d’Avraham.


Guilouï Arayot: une naissance qui n’a pas de père : c’est d’une impureté énorme !


Avodah Zara: la pire des idolâtries : adorer un homme. Pire encore, un juif en plus!

 

Il y a une différence de sensibilité radicale.

Il faut bien mettre cela en évidence qu’avec cette mise à l’épreuve d’Avraham de savoir s’il est capable d’être Yiré haElohim. Parce que Avraham est le Tsadik de la Midat Ha’Hessed. Il est donc Yiré Hashem. Et il a été éprouvé par deux fois pour savoir s’il est Yiré Hashem. La dernière épreuve en tant que Tsadik de Midat Ha‘Hessed, c’est lorsqu’il surmonte son être et renvoie Ishmaël et Hagar. Il s’en débarrasse. Cela arrivera puisque nous vivrons cette histoire. Comment cela arrivera ? Vous êtes assez jeune pour le voir ! Je vous ai consolé ?  

 

La 10ème épreuve : Abraham va  être éprouvé par la Midat haDin. Cela ne suffit pas qu’il soit le Tsadik de la Midat Ha’Hessed, il faut qu’il soit le Tsadik de l’unité des valeurs. 

 

Alors, il met la pierre de la vertu de la charité mais compatible avec la vertu de rirgueur. Alors il faut que la vertu de rigueur l’éprouve.

 

Donc l’objectif de cette mise à l’épreuve c’est de savoir s’il est capable d’être Yiré Elohim.

 

Reste à savoir pourquoi cela se fait par le sacrifice d’Isaac ?

Et pourquoi pas autrement ?

Pourquoi comme ça ?

 

 

C’est notre problème de l’étude ce soir. Comme vu au début avec le Maharal, Dieu sait qu’il est capable, mais cette mise à l’épreuve est nécessaire pour le faire savoir au monde entier : Avraham est le juste de la vertu de charité qui est capable d’être le père de Isaac. Et dans cette scène, c’est Isaac qui est le maître d’Avraham.

 

C’est là le 1er sens de la mise à l’épreuve. C’est indiqué dans les Midrashim cités par le Maharal par le fait que le mot Ness a un sens second par rapport à Nissayon « mise à l’épreuve », c’est un « étandard ». C’est-à-dire pour faire savoir qui est Abraham et le proclamer. C’est la bannière du héraut qui proclame le Roi qui vient derrière.  Nissé et Avraham a fait savoir au monde entier qui était Abraham.

 

Il y a là quelque chose qui est que finalement il n’y a que les Juifs qui comprennent cette vertu. Toutes les nations du monde le comprennent à la manière idolâtre. La vertu d’Abraham n’est pas d’accepter de risquer de sacrifier son fils, parce qu’il sait qu’il ne le sacrifiera pas. La preuve ? Un verset dit : « Où est l’agneau du sacrifice ? - Dieu y pourvoira. » mais on trouve un bélier qui dans le Midrash représente l’Egypte. Effectivement, c’est l’Egypte à la sortie d’Israël qui va être sacrifier à la place d’Israël. Et ce bélier nous dit le Midrash, était préparé depuis la création du monde. Le Midrash parle ici au niveau de l’histoire des civilisations. Cela veut dire que pour qu’Israël soit sauvé, il faut que l’Egypte soit sacrifiée.

 

Na’hmanide intervient chaque fois qu’il en a l’occasion à ce sujet : Le Midrash dit que c’est pour le faire savoir aux nations, mais elles ne peuvent le savoir qu’à la manière des idolâtres. Croire que la vertu d’Abraham est d’égorger son fils alors que sa véritable vertu c’est qu’il est Yiré Elohim, qu’il est aussi capable de percevoir les impératifs de la justice absolue.

 

Je t’ai donné un être, donne-le !

On ne peut le payer qu’en le rendant. C’est au moment où on est prêt à le rendre qu’on l’a acquis. C’est cela l’épreuve pour Isaac. Et Isaac est impatient de la réaliser.

 

Mais nous sommes en général plus fils d’Abraham que fils d’Isaac. Je sais par expérience que notre sensibilité, sauf les ‘Hassidim de la Midat HaDin – les ‘Hassidim de Novardok – des ‘Hassidim dures et impitoyables – en général les ‘Hassidim sont ceux de la Midat HaRa’hamim.

Le grand Rav de Novardok était de la même communauté que le Torah Tmimah, Rav Lévi Epstein.

On les préparait à des épreuves.

 

Bien comprendre cette notion de Ness : rendre public la vertu d’Abraham.

Il n’y a qu’en Israël de la tradition hébraïque que l’on comprend bien cette vertu, que le juste de la vertu de charité soit sensible aux impératifs de la vertu de justice absolue, alors que dans la mentalité des nations c’est cette vertu qui consiste à accepter de sacrifier son fils pour montrer que l’on est pieux : c’est le dieu Molokh. Par analogie dans le comportement des nations c’est cette tendance à sacrifier des hommes pour des idéaux éphémères. C’est l’histoire des sociétés humaines.

 

3ème indication du Maharal : c’est le 3ème sens du mot Ness qui signifie miracle.

C’est le sens habituel qui vient à l’esprit avant celui de « mise à l’épreuve » ou de « bannière ».

 

Q : Dans Melakhim, l’épisode du roi de Moav qui sacrifie son fils sur les remparts et cela est efficace, pourquoi ?

R : Cela a l’air de réussir pour eux. Il y a plusieurs passages chez les prophètes à propos de ces rites de morts, où les prophètes accusent les Hébreux d’adopter ce type de rite parce qu’ils sont sûrs qu’ils sont efficaces. Un rite de construction, surtout un palais ou sanctuaire : le fils est enterré dans les fondations. Dans le Maghreb, on sacrifie une bête sur le seuil de la maison construite, pratique que les rabbins ont interdit pour les Juifs.

 

Invité à un « colloque sur les anges » dans une abbaye catholique française, un pasteur protestant avec humour me demande si je crois aux miracles de Lourdes, je répond que oui. Silence dans la salle... J’ajoute : à condition que ces miracles soient authentifiés par la commission catholique épiscopale des  évéques... Grand silence plus lourd encore. J’ajoute :  Cela  prouve seulement que Dieu s’occupe de toutes ces créatures et ne prouve rien sur la vérité ou non de la religion catholique. Ils se sont alors détendus en apprenant que Dieu s’occupe aussi d’eux…

 

Il faut bien comprendre ce qu’est le monothéisme : Le Dieu unique est le Dieu pour tous (et non comme il se le pense le Dieu de tous) Le Dieu un est celui qui est providence de toutes ces créatures, chacune à sa manière, chacun à travers son imaginaire religieux. Pour Israël, c’est l’interdiction des images. C’est un cas particulier. C’est à part.

 

Midrash inventé :

Quand Dieu a créé le premier homme, Il lui a dit : « Si tu es sage tu auras une image ! »

Et rendez-vous au Sinaï. Israël au Sinaï s’entend Dieu lui dire : « Tu seras sage et tu ne te feras pas d’image !». Et rendez-vous à Jerusalem... On y trouve des tas d’images...

 

Je crois très sincérement aux miracles chez les Goyim : c’est Dieu qui s’en occupe. Mais nous avons cette consigne : « vous ne serez jamais comme eux... » Parce que cela risque de marcher et nous risquons d’y croire comme eux...

 

Ness = miracle.

Ces mises à l’épreuve des Patriarches Abraham Isaac et Jacob sont des mises à l’épreuve d’êtres qui sont dans ce monde-ci, le monde terrestre de l’histoire des hommes, mais qui sont miraculeuses.

 

Le Maharal dit quelque chose de très d’important. On a tendance à parler des grands de la Torah comme si c’était des Juifs du coin, et de croire que la grande valeur de ces hommes d’exception c’est qu’il s’agit de gens normaux comme nous... Le Maharal bloque cette idée. L’histoire de ces hommes, Abraham, Isaac, Jacob, qui a secoué l’humanité entière, et personne n’a eu le courage d’analyser pourquoi dans l’inconscient de l’humanité entière, Abraham c’est Abraham, Isaac, c’est Isaac, et Jacob c’est Jacob et que surprise, cela existe : il y a un peuple comme ça ! Les gewns ont peur de rentrer dans cette quesiton alors ils banalisent le fait. J’ai entenud des gens dire sérieusmeent que la grande valeur d’Abraham c’est qu’il est comme nous. Il faut se méfier de ce genre d’attitude..   

 

Maharal : chapitre 11 dans Sanhédrin :

    « Ce n’est que pour Avraham que le texte a explicité ses 10 épreuves. Et il y a là un sujet très important, car les Avot engendreurs d’Israël en tant qu’engendreurs ne sont pas des hommes comme les autres hommes naturels, ce sont des « hommes divins » « Anashim Elohim »

 

Anashim Elohim : ce n’est pas comme en mentalité chrétienne des hommes qui participent de l’être de la divinité mais qui sont conformes au projet de Dieu lorsque Dieu a créé son monde - un oeuvre divine, cela veut dire telle que Dieu l’a voulue, qui reste créature et non divine au sens de Dieu lui-même. A partir de cet exemple on peut voir que la différence de mentalité entre les nations et Israël n’est pas un mythe, mais une réalité premiérement culturelle.

 

***

 

Explication du Midrash sur :

וַיְהִי, אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה

Vayhi A’har Hadevarim Haeleh

Et ce fut après ces choses-là.

 

Je vous cite les deux explications classiques que Rashi rappelle et je citerai une 3ème qui est celle du Rashbam – petit fils de Rashi.

 

Le Midrash va prendre le mot de Devarim non pas dans le sens d’événements mais dans le sens de paroles. Le terme Davar en hébreu a plusieurs sens importants, le lien entre la parole et l’événement doit être étudié un jour.

 

וַיְהִי, אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה

Vayhi A’har Hadevarim Haeleh

et il arriva après ces événements,

 

Le Midrash traduit : et il arriva après ces paroles.

Le Midrash : les paroles de qui ?

Le Midrash propose plusieurs réponses entre lesquelles Rashi a décidé de choisir 2 d’entre elles :

ð  Après les paroles d’Ishmaël concernant Isaac.

ð  Et aprés les paroles du Satan concernant Avraham.

 

Il y a aussi la réponse : Et après les paroles d’Avraham, où le Midrash fait parler Avraham pour énumérer tous les caractères invraisemblable de cette mise à l’épreuve :

« Comment ! l’enfant de la promesse doit être sacrifié ?  Rien n’aurait de sens ! » Il s’agit vraiment d’une épreuve colossale. Et croire tout de même au sens de l’expérience du non-sens, c’est vraiment le drame de la conscience religieuse dans les moments de mises à l’épreuve. Je me réfère à l’expérience de la Shoah.

 

Comme tous les juifs algériens, on avait perdu la citoyenneté française au temps de Vichy, et on a été quand même mobilisé pour le débarquement des Alliés pour une raison apparemment banale : les pieds noirs qui dirigeaient l’Algérie ne voulaient pas que les Juifs soient dans les rue pendant que le non-juifs soient à l’armée. Ils avaient peur pour leur femme. Nous avons donc été mobilisés à la légion étrangère. Je suis un ancien légionnaire. Après nous avons été versé à la Coloniale, je suis aussi un marsouin. On a vécu plusieurs mois dans une situation intenable : les Alliés avaient débarqué et le statut des Juifs continuaient. Avec les Allemands au pouvoir, c’était un malheur pour le statut des Juifs mais il y avait une issue possible. Avec les Alliés victorieux, le statut des Juifs continue ? On se disait : Il n’y a pas d’issu. C’est ce genre d’épreuve du non-sens. On a finalement été reclassé dans l’armée régulière avec l’arrivée de De Gaulle au pouvoir. Mais de Charybe en Schilla c’est grâce à lui qu’on est en grande partie en Israël.

 

1- Les paroles d’Ishmaël concernant Isaac, c’est Ishmaël qui dénonce la vertu de Isaac d’être circoncis à 8 jours alors qu’on lui a pas demandé son avis, tandis que lui fut circoncis majeur à 13 ans et qu’il a adopté volontairement le Dieu d’Avraham. Il y a là une interpellation du monde entier vis-à-vis d’Israël : Israël selon la chair par hérédité de naissance sans choix ou Israël selon l’esprit avec l’adhésion à l’âge majeur !

Réponse d’Isaac : Ishmaël a accepté le sacrifice d’un membre, moi si Dieu me le demandait j’offrirais tout mon être entier...

« Après ces paroles », alors Dieu demande et exige ce sacrifice !

Israël est interpellé par cela dans son histoire. C’est un thème très profond. « Après les paroles » d’Ishmaël à Isaac : Isaac doit être prêt à n’importe quel moment de son histoire à faire la preuve que si on lui demande il est prêt....

 

2- Il y a les paroles du Satan concernant Avraham : « Ce vieillard stérile, Tu lui donnes un enfant dans sa vieillesse et voilà qu’il  fait une grande fête pour tous et des troupeaux entiers en festin sans T’offrir un seul sacrifice ? Dieu répond : « Tout cela Avraham l’a fait pour son fils, mais si Je lui demande, il Me le donnera... »

 

C’est là le danger d’avoir à rendre compte qu’effectivement Israël est Israël. Ce qui n’est pas évident qu’Israël soit Israël au yeux du monde bien que cela le soit pour nous qui vivons cette histoire. 

 

A l’enterrement de Its’haq Rabin, le monde entier découvre le rite funéraire dans la tradition juive. En France, le grand rabbin Sitruk était interrogé pour expliquer la cérémonie : pas de fleurs dans la tradition juive mais des pierres : au même moment à la télé on apporte des couronnes mortuaires...

 

Il n’est pas du tout évident aux yeux des Goyim qu’Israël est Israël de la Bible. Il faut en faire la preuve.

 

Après la guerre des 6 jours, une rencontre au Kotel lors de Min’ha avec le Mufti de la mosquée : on s’est parlé en arabe sur le problème de savoir à qui est Jérusalem, invité à prendre le thé, le Mufti ne considérait pas les Juifs sionistes commes de vrais juifs d’Israël. C’est un vrai doute chez les Goyim... J’ai compris à quel point chez les Goyim c’est un vrai problème ce doute pour savoir si ce sont vraiment des juifs...  C’est cela qui est en question dans le Midrash.

 

Rashbam :

J’ai surtout compris cette question grâce au Rashbam :

La mise à l’épreuve d’Abraham c’est pour savoir s’il est Yiré Elohim.

Mais pourquoi par le sacrifice d’Isaac ? 

Le Rashbam explique : par le sacrifice d’Isaac parce que c’est une punition pour certains comportements d’Abraham. Il ne faut pas le prendre comme c’est écrit « Et il arriva après les événements antérieurs ». Qu’y a-t-il eu dans les événements antérieurs ? Une alliance entre Abraham et Abimelekh, roi du territoire de Gaza, la Philistie. Rashbam cite des versets qui montrent un 4ème sens du terme Nissa, dans le sens de punir. Il cite des versets, je vous renvoie au texte du Rashbam..

 

Dans la Revue Mahayav cette année il y a toute une étude sur l’explication du Rashbam. L’auteur le Rav Zisberg a fait le bilan de toutes les fois ou des responsables de la politique d’Israël ont donné des territoires d’Erets Israël. Cela commence par Abraham proposant à Loth de prendre Kikar HaYarden, et puis Abraham reconnaissant que Gaza appartient à Abimelekh, aux Philistins, puis d’autres exemples. On ajoutera, à la fin des temps, ce qui se passe de notre temps...

 

Alors que Dieu promet à Abraham le pays d’Israël - qui s’appellait à l’époque le pays du nom de ses conquérants, le pays de Canaan - Abraham consent à une alliance à Beer-Shevah pour reconnaître que ce territoire appartient à Abimelekh.

 

Le Rashbam y voit là la faute cause de Aqedat Its’haq.

 

Sans faire d’analogie arbitraire on peut se demander si ce que nous vivons en ce moment même est du même ordre.

 

Je vous citerais au moins un verset qui dans sa formulation même indique à quel point nous vivons ces événements.

 

Chapitre 20 verset 15 :

C’est avant l’alliance à Beer-Shevah aux septs puits.

וַיֹּאמֶר אֲבִימֶלֶךְ, הִנֵּה אַרְצִי לְפָנֶיךָ:  בַּטּוֹב בְּעֵינֶיךָ, שֵׁב

Vayomer Avimelech hineh artsi lefaneycha batov be'eyneycha shev.

 

Vayomer Avimelekh

Et Abimelekh dit

hineh artsi lefaneykha

voici ma terre devant toi

batov be'eyneyhha shev.

où tu veux tu t’installes.

 

On retrouve ici l’argument des Palestiniens : ma terre et vous y vivrez où vous voulez...

Abraham entend cela et ne dit rien et après cela il signe un accord avec Abimelekh avec comme garant les 7 brebis du sacrifices et le serment de Beer-Shevah « puit du 7 » et « puit du serment ».

Voilà ce qu’enseigne le Rashbam.

 

Maharal :

Maharal sur le comportement d’Abraham :

Abraham est le Tsadik de la Midat Ha’Hessed, il n’est pas encore d’Israël. Quand Israël agit comme cela c’est une faute mais quand Abraham agit comme cela c’est une vertu. C’est ainsi qu’agit le Tsadik du ‘Hessed absolu. L’autre passe avant moi : alors prend ! C’est Abraham, le modèle de cette vertu-là. Mais ce n’est pas encore Israël. Si Israël agit ainsi c’est une faute. En Abraham, dit le Maharal, c’est « une vertu exagérée ». En Abraham il n’y a pas faute, mais voilà que dans notre identité il y a cette tendance-là, en tant que fils d’Abraham, et on risque, en tant qu’Israël, de se comporter comme lui, et là c’est une faute.

 

Rashbam : la mise à l’épreuve d’Avraham, c’est de savoir s’il est Yiré Elohim.

Mais pourquoi par « le sacrifice d’Isaac » ?

C’est formulé par le Rashbam : en punition de l’alliance d’Abraham avec le roi de Philistie à Gaza.

 

Voyez à quel point c’est la même chose !

C’est pourquoi je vous dis : n’allez pas raconter que c’est la même chose, parce qu’il vous faudra une heure pour expliquer les choses et personne ne comprendra que c’est la même chose.

 

Cela aurait pu être autrement cette mise à l’épreuve pour savoir si Avraham est Yiré Elohim et le faire savoir. Pourquoi comme cela ? C’est formulé ainsi : « Je t’ai donné ce fils pour cette terre. Tu ne veux pas de cette terre ? Rends-moi ce fils ! »

Et  lorsque cela arrive comme cela c’est extrêmement impressionant. 

< Fin >

 

*****

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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 14:14

 

Parasha - Vayera 95

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayera_serie_1995/cours_1

Face A

 

[Contexte : 4 novembre 1995 : assassinat de Isaac Rabin]

 

Sans vouloir mélanger les niveaux différents des différents cours, je voudrais simplement préciser qu’il y a des correspondances dans le calendrier qui nous dépassent, et je voudrais vous citer quelqu’un qui n’est pas du tout une source traditionnelle, je ne pense pas qu’il soit normal de faire des liens arbitraires entre les événements de la semaine et la Parashah de la semaine, bien que suivant la tradition il y a toujours un lien entre les deux. Je me base sur une source non traditionnelle, c’est tout simplement le président d’Amérique qui dans son discours de Hesped a eu la délicatesse de faire allusion à la Aqédat Its’haq. Alors que parallèlement Shimon Perez s’est trompé de Parashah et a cité un verset faux comme d’habitude. Le verset était exact mais avec des fautes d’orthographes. Je ferais simplement cette allusion. L’année dernière nous avons vécu dans cette semaine ce qui est arrivé à Na’hshon Wachsman ( נחשון מרדכי וקסמן‎ ) za’l. On ne peut pas éviter de se rendre compte qu’il y a une réalité que je définis très simplement en rapport avec un grand principe de la Parashah que vous connaissez et que je voudrais expliquer en détail de telle sorte qu’il soit bien clair dans ces correspondance qui sont inévitables à faire :

 

Midrash Tan’houmah chapitre 7 qui est cité souvent par les grands commentateurs en particuliers Na’hmanide (Ramban sur Bereshit 12:6) : « Kol mah shé’ira laavot siman labanim  (Maassé avot siman lebanim) – « Tout ce qui est arrrivé aux pères (les patriarches) un signe pour les fils ».

 

Cela signifie que le peuple d’Israël dans son histoire revit les mêmes péripéties d’existence que celle que la Torah nous a raconté comme carte d’identité d’Israël. Avec cette grande différence, et c’est là qu’est la difficulté d’analyse, que les Patriarches ont vécu cette histoire à l’échelle individuelle – Abraham est tout Israël en une personne dans la modalité d’être juste qui était la sienne, le ‘Hessed - Isaac est tout Israël en une seule personne dans la modalité corollaire de Midat HaDin - Jacob pareillement.

Et la Guémara dit très clairement : il n’y a que ces trois-là qui sont dans ce cas  de représenter tout Israël en une seule personne – ce ne sont pas des sosies même si le Midrash indique qu’ils avaient le même visage car le visage d’un Tsadik ressemble au visage d’un Tsadik, mais il n’était pas des sosies dans la vertu. Abraham est le Tsadik de la Midat Ha‘Hessed - Isaac de Midat haDin et Jacob de Midat haEmet.

 

Mais eux seuls ont eu cette capacité d’être vraiment tout Israël en une seule personne dans leur envergure d’identité qui d’après le commentaire du Maharal est surnaturelle si c’est notre manière d’être homme qui est naturelle. Ils ont une identité klalite, au niveau du Klal de la collectivité en une seule personne. C’est un peu le privilège des Yé’hidim (Yé’hidéi sgoula ) ceux dont on dit qu’ils sont tout seuls à incarner une Yé’hidah, le niveau le plus haut de la Neshamah – il y en a quelques uns par générations à posséder un peu cette dimension de Neshamah klalite. Mais les Avot sont les seuls. La Guemara dans Brakhot dit  « Eïn Avot Elav Shloshah – il n’y a de Avot que trois ». Ce sont Abraham Isaac et Jacob.

 

Ceci signifie qu’Israël en tant que société, que collectivité, en tant que peuple dans l’histoire, a à vivre ces péripéties d’existence, cette mise à l’épreuve de Olam Hazeh de ce Monde-Ci.

Epreuve non dans le sens de vallée de larmes et de douleurs mais dans le sens de mise à l’épreuve -

nissayon - avec une nuance de sens bien précise. Le monde n’a pas été créé pour être un enfer. Le monde a été créé pour être un laboratoire, une mise à l’épreuve : mérites-tu vraiment d’avoir été créé ? Lorsque l’épreuve a fini, c’est là que commence vraiment l’être réel. Cette existence de mise à l’épreuve c’est cela Olam Hazé, mais à priori, ce n’est pas « la vallée de larmes » qui ressort d’une autre connotation et d’une autre sensibilité. C’est quand même « la vallée de larmes » mais pas à priori.

 

C’est pourquoi le diagnostic des correspondances entre ce qu’ont vécu les Patriarches à travers l’échelle du récit de leur histoire personnelle que nous relisons chaque shabat, chaque année, depuis des milliers d’années, et d’autre part la manière dont Israël revit les mêmes péripéties, ce diagnostic d’identification, ou d’analogie, est très difficile à faire pour ceux qui ne sont pas initiés aux régles de cette sagesse, à cette ‘Hokhmah-là.

C’est une partie de la connaissance du récit de la Torah qui fait partie de ‘Hokhmat HaNistarles choses cachées – parce que ce dont elle parle est cachée. C’est la ‘Hokhmah des choses cachées.

Cela ne veut pas dire que ce n’est incompréhensible, mais ce n’est compréhensible que si on l’étudie en réfléchissant avec les catégorie de la Kaballah, pour dire les choses directement.

 

Rares sont les grands commentateurs qui enseignent au niveau du Niglé mais en formulant leur enseignement en allusion à ces choses cachées. Le plus grand d’entre eux a été Na’hmanide, le plus systématique d’entre eux a sans doute été Judah Halévi, et le plus riche, si j’ose dire, est le Shla’h, grand maitre de tradition ashkénaze.   

 

Le principe « Kol mah shéira laavot siman labanim » renvoie à toute une science et ne peut pas être laissé à l’arbitraire de diagnostic idéologique ou de sensibilité qui par définition est toujours éphémère et contingente.

 

Par conséquent je vais vous citer un certain nombre de source, mais il est bien clair que il n’y a pas du tout dans ma pensée de faire une allusion de cause à effet ou d’analogie dans le sens massif pour ce que nous venons de vivre et le récit de la Aqedat Its’haq bien que on ne peut pas ne pas être impressionné par le parallèle des péripéties.

 

Simplement, il faut retenir, qu’une fois de plus, nous avons la preuve que cet enseignement que l’on trouve très exploité chez les ‘Hassidim, que si on veut comprendre  ce qui se passe dans l’existence de la semaine que l’on est en train de vivre, il faut lire la Parashat HaShavouah avec Rashi. Apparemment, quel rapport ? Après on peut comprendre ce qui se passe dans les journaux. Vous imaginez bien à quel niveau de sagesse cela se passe.

 

Au moment de la guerre des six jours, on avait bien l’impression de vivre, jour par jour, ce qui se passait dans la Haftarah.

 

***

 

Aqedat Its’haq :

Quelques mots très rapides pour définir le titre de ce récit : En français l’expression « sacrifice d’Isaac » est fausse. Il ne s’agit pas d’un sacrifice puisqu’il n’a pas eu lieu, c’est une mise à l’épreuve, et l’épreuve concerne Abraham et non Its’haq.

 

Chapitre 22 verset 1

וַיְהִי, אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה

Vayehi a’har hadevarim haeleh vehaElohim nissa et-Avraham vayomer elav Avraham vayomer hineni.

 

וַיְהִי, אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה

Vayehi a’har hadevarim haeleh

Et il arriva après les événements précédents

 

Nous étudierons beaucoup cette expression : Que s’est-il passé avant ? Est-ce une simple indication de succession, avant et après, dans l’ordre des événements ?  Ou bien s’agit-il ici du principe d’une relation de cause à effet ? Ce qui s’est passé avant est cause de ce qui se passe maintenant, la mise à l’épreuve d’Abraham ?

 

Le texte est très clair : « Et Dieu éprouva Avraham » !

 

C’est une épreuve pour Avraham. Ce n’est pas du tout une épreuve pour Isaac. Vous avez du remarqué, j’y reviendrais, que Isaac est prêt à ce qui est censé arriver si Dieu n’intervient pas. Il n’y a aucune allusion dans le récit à ce que Isaac résiste ou bien ait un doute.

 

Maharal analyse dans son commentaire de la Mishnah du 5ème chapitre des Pirqey Avot il y dit :

 

« Abraham a été 10 fois mis à l’épreuve, Aqedat Its’haq en est la dixième. Et il les a toutes surmonté ».

 

Il y a eu 10 épreuves. La première étant la sortie d’Our-Qasdim, la 9ème étant l’expulsion de Hagar et Ishmaël, la 10ème étant la Akédat Its’haq - la ligature d’Is’haq. Il y a deux enseignements-là : il fallait qu’Avraham traverse les 10 épreuve et les surmonte.

 

« Ce qu’il a fait, il les a réussi. C’est pour te faire connaître le prix qu’a Avraham aux yeux de Dieu puisque la Torah raconte ces 10 épreuves ».

 

(Cf. la Mishnah de Avot et la liste des 10 épreuves dans le commentaire de Rashi – et en particulier dans le Derekh Ha‘Hayim le commentaire du Pirqey Avot du Maharal)

 

Nous savons par une Guémara (Sanhedrin 107b) que les 3 Patriarches ont été mis à l’épreuve chacun dans l’ordre de sa vertu propre. Il fallait savoir - et c’est cela la difficulté, est-ce que Dieu ne le savait pas ? on y reviendra – il fallait savoir si Avraham est capable d’être le Tsadik de la Midat Ha’Hessed, Its’haq le Tsadik de la Midat HaDin et Yaaqov le Tsadik de la Midat haEmet.

 

Quoiqu’il en soit, on voit que la mise à l’épreuve vient de la Midat haDin, elle vient de Dieu qui réclame le rachat de l’être qu’il a donné en don à la Création. C’est là le Dieu d’Isaac.

 

Le Dieu d’Abraham, c’est le Créateur qui donne l’être à priori de toute acquisition de mérite qui ne vient qu’à postériori de la naissance. 

 

Nous avons là deux expressions dans les attributs essentiels du Créateur parmi les treize attributs de l’unité de Dieu, les deux essentiels sont :

 

Dieu se révèle en nous à travers l’attribut de la grâce absolue, la charité absolue, le  ‘Hessed – c’est celui qui créé, qui donne, sans se préoccuper si celui qui reçoit le mérite : c’est le principe de ‘Hessed. C’est ainsi qu’Abraham a connu le Créateur. Créateur dans le sens strict comme celui qui donne - la charité pure. Et la charité pure ne s’occupe pas de savoir si elle donne à des justes ou à des Reshayim. Exemple d’Abraham priant pour les pires pécheurs de Sodome et Gomorrhe. Pour comprendre comment Abraham vit sa relation au Dieu d’Avraham, nous avons l’exemple des ‘Hassidim, au sens étymologique et non sociologique. Dans toutes les communautés existent ces hommes ‘Hassidim qui vivent cette vertu de charité pure absolue : tout est ‘Hessed.

 

Isaac est le Tsadik de la Midah complémentaire et opposée, de la rigueur stricte, de la justice stricte. Isaac vient après Abraham. Il est d’abord le niveau de cette conscience qui sait qu’elle a reçu en grâce et alors arrive la maturité, la majorité de la conscience morale : elle découvre qu’il faut qu’elle mérite en quoique ce soit ce qu’elle a reçu en grâce. C’est le stade Isaac qui vient après Abraham. Il ne faut pas oublier Abraham. La grande difficulté de la foi juive, c’est l’unité de ce Dieu dont on parle en disant qu’Il est premiérement Dieu d’Abraham, deuxièment Dieu d’Isaac.

 

J’ouvre une petite parenthèse pour montrer à quel point la controverse avec les théologiens chrétiens sur ce point précis est complétement à l’envers.

 

Pour les Chrétiens, il y a d’abord le temps de la loi à travers lequel on mérite, et ensuite il y a le temps de la grâce. Le judaïsme serait en ce sens préhistorique au christianisme : d’abord la loi comme pédagogie et ensuite la majorité et la maturité de l’expérience religieuse serait la grâce.

 

Dans l’histoire des Patriarches c’est l’inverse : d’abord le temps de la grâce et ensuite le temps de la maturité où l’on se mesure à la loi pour mériter ce qui a été reçu par grâce.

 

Dans mes études d’éthnologie, j’ai étudié en monographie des rites religieux à l’ex-Congo. J’ai dû étudié les correspondances entre les missionaires belges et leurs évèques. Beaucoup de congolais qu’ils voulaient convertir au christianisme tenaient à garder des rites familiers dont la circoncision à leur manière. Ils pouvaient alors admettre de christianiser n’importe quel rite sauf ceux présents dans la Torah, dont la circoncision. J’étais étudiant à Paris et en atelier pratique, un jour un missionnaire belge, je lui ai demandé : lorsque vous convertissez un païen, est-ce que vous le convertissez d’abord au judaïsme et ensuite au christianisme ou bien directement ? Interloqué, il n’a pas su me répondre.

 

Dans cette controverse l’ordre est inversé. Il y a d’abord Abraham et ensuite Isaac.

 

D’autre part, il n’est pas facile lorsque l’on vit l’expérience de la relation au Dieu d’Isaac de se souvenir de l’expérience de la relation au Dieu d’Abraham. Si je vis cette Pa’had Its’haq cette terreur d’Issac de savoir qu’il doit payer le prix de son être, on risque de ne plus comprendre ni vivre la ferveur propre à Abraham : d’avoir reçu en grâce cet être, qu’il faut d’autre part racheter.

 

Pour Isaac, il n’y a aucun problème : le jour est venu pour Isaac d’avoir à racheter l’être qu’il avait reçu en grâce. La Midat HaDin éprouvant Its’haq, et bien son épreuve n’est pas une épreuve.

 

Effectivement, le seul prix à payer pour le rachat de l’être, c’est l’être lui-même. Par conséquent, Isaac est prêt à rendre son être lorsque le moment est venu de le racheter.

 

Le secret de cet enseignement c’est que Dieu ne voulait pas que Isaac meurt mais qu’il soit prêt à accepter d’être sacrifié. Et dès qu’il est prêt à accepter de l’être, l’ange vient et arrête le bras d’Abraham. C’est à dire que l’épreuve était dans la mise à l’épreuve. 

 

J’ouvre une parenthèse, et d’ailleurs le Midrash en parle : Abraham, Issac ne savaient-ils pas que ce Dieu Un, celui qui donne mais qui demande le rachat, n’est pas le Dieu monstreux des sacrifices humains ? Est-ce qu’ils ne savaient pas que Dieu inévitablement avant la fin de l’épreuve allait intervenir pour arrêter l’épreuve ?

 

La génération de la guerre et de la Shoah montre que lorsqu’on est dans une épreuve de cet ordre très parallèle à ce qui se passe là pour Isaac (je dis bien poru Isaac et pa spour Abraham c’est un autre type d’épreuve), de se rendre compte que tout est là jusqu’à la solution finale... Et que malgré tout il y a la foi que Dieu est un Dieu sauveur. Et ce sont là deux convictions. Il y a deux convictions présentes contradictoires : celle provenant de la réalité de l’existence (« c’est la fin ! »)  et puis celle qui vient de la foi qui est certitude d’être sauvé tout de même.

 

Nous avons eu cette expérience-là durant la Shoah, cette certitude d’être sauvé, par la foi. Mais qui sera sauvé ? C’est le mystère de la destinée individuelle de chacun. Et pourtant la réalité était telle qu’il n’y avait pas de salut possible. Les 2 choses étaient vécues simultanément : l’épreuve est vraiment une épreuve. Ce tourment de l’épreuve de savoir qu’il n’y a pas d’issu on l’a vécu comme s’il n’y avait pas de salut possible et pourtant d’autre part on avait la foi du salut.

A l’échelle collective du peuple c’est clair, mais à l’échelle individuelle, il y a ceux qui ont disparu dans la Shoah. Il sont considérés par la tradition comme morts Léqidoush Hashem.

 

J’ai indiqué cela pour essayer de faire comprendre pourquoi pour Isaac ce n’est pas une épreuve : lui il est prêt. Tout ceux qui sont allés au martyre, au sacrifice, dans l’histoire des hommes, juifs ou non, avec cette joie du sacrifice (avec aussi ces caricatures des kamikazes du ‘Hamas) montrent que ce n’est pas une épreuve. Ils sont de l’ordre de la Midah de Its’haq. Il faut être dans ce cas pour expérimenter vraiment de quoi il s’agit.

 

Simplement, en lisant le récit on s’aperçoit que ce n’est pas du tout Isaac qui est interpellé parce que lui est prêt.. Par conséquent, il est clair que l’épreuve concerne Abraham.

 

Sanhedrin 107b.

Je vous l’explique rapdiement en me référant à un enseignement de Sanhedrin 107b qui pose deux questions, j’en prendrais une seule :

Pourquoi le texte de la Torah n’a raconté explicitement que les épreuves d’Abraham alors que les épreuves d’Isaac et les épreuves de Jacob sont mentionnés et déduites des allusions du texte ?

Sans trop approfondir ; C’est Abraham le 1er des Patriarches, et à partir du moment où lui le 1er le point de départ, a surmonté ses épreuves, alors la généalogie qui mène à l’identité Israël émerge et se met en place. Et par conséquent, Isaac est second par rapport à Abraham, ce qui ne signifie pas secondaire, mais Abraham est premier dans cette mise à l’épreuve de l’identité d’Israël - Abraham, Isaac, Jacob – et lorsque l’on arrive finalement aux épreuves de Jacob – c’est beaucoup plus haut -  et qu’il réussit, alors il obtient le nom Israël.

 

La 2ème question :

 

Dieu ne savait-il pas qu’Abraham était Tsadik ? ie. capable de résister à une mise à l’épreuve de ce genre ? En quoi consistait-elle pour Abraham cette mise à l’épreuve ?

 

Question de fond du Maharal :

Est-ce que Dieu ne savait pas ? Le verset qui pose la question c’est lorsque l’ange arrête le bras d’Abraham  et lui dit :

 

Vayera 22:12 :

וַיֹּאמֶר, אַל-תִּשְׁלַח יָדְךָ אֶל-הַנַּעַר, וְאַל-תַּעַשׂ לוֹ, מְאוּמָה:  כִּי עַתָּה יָדַעְתִּי, כִּי-יְרֵא אֱלֹהִים אַתָּה, וְלֹא חָשַׂכְתָּ אֶת-בִּנְךָ אֶת-יְחִידְךָ, מִמֶּנִּי

Vayomer al-tishla’h yadkha el-hana'ar ve'al-ta'as lo me'oumah ki atah yadati ki-yere Elohim atah velo ‘hasakhta et-binkha et-yechidekha mimeni

 

וַיֹּאמֶר, אַל-תִּשְׁלַח יָדְךָ אֶל-הַנַּעַר

Vayomer al-tishla’h yadkha el-hana'ar

N’envoie pas ta main sur l’enfant

 

Un enfant de 33 ans, certains disent 37 ans, il y a deux sources. Mais l’âge cabalistique, c’est 33 ans. C’est ce qu’on appelle l’âge du « corps glorieux ». Je referme la parenthèse. En tout cas pour ceux qui n’ont pas encore 33 ans, méfiez-vous parce qu’à cet âge il y a toujours-là un choc. Vous l’expérimenterez…

 

וְאַל-תַּעַשׂ לוֹ, מְאוּמָה

ve'al-ta'as lo me'oumah

et ne lui fait rien.

 

un Midrash extraordinaire explique qu’Abraham a voulu agir au moins en faisant couler un peu de sang pour qu’il y ait quelque chose dans la réalité. Pour Abraham il y a finalement deux épreuves : l’épreuve d’amener son fils au sacrifice, et l’épreuve qui consiste à  sacrifier son sacrifice...

La deuxième épreuve est peut-être plus difficile, et il faut un désengagement à toute cette affectivité et cette ferveur. Encore une fois, on voit là à quel point la traduction « sacrifice d’Isaac » est fausse : le sacrifice n’a pas lieu ! Et par conséquent, prendre ce récit d’une part comme modèle de la passion chez les Chrétiens ; et surtout d’autre part, comme modèle pour la Shoah est une erreur : le sacrifice n’a pas eu lieu contrairement à celui de la Shoah qui a bien eu lieu pour 6 millions de juifs et avec « un ange 6 millions de fois en retard pour stopper le sacrifice » pour reprendre le mot de Elie Wiesel. JE referme cette parenthèse.

 

כִּי עַתָּה יָדַעְתִּי, כִּי-יְרֵא אֱלֹהִים אַתָּה

ki atah yadati ki-yere Elohim

car maintenant je sais que tu es Yiré Elohim

D’après les Taamim de la Massorètes on peut lire autrement :

maintenant je sais parce que tu es Yiré Elohim

Ki peut se traduire soit par « que » soit par « car ».

 

Mais alors Dieu sait quoi ?

C’est là la question que le Maharal avec la Guémara va poser. Que signifie « maintenant je sais » pour Dieu ???

 

J’ouvre une parenthèse. C’est dans la préface du Rav ‘Hayim de Volozine consacrée au Gaon de Vilna où il cite une des opinions sur ce verset et qu’il critique de suite.

 

Voilà la thèse, l’opinion critiquée :

Toutes les qualités, toutes les vertus, nous les apprenons de la révélation de Dieu dans le monde. Comment être charitable ? Nous l’apprenons de Dieu Lui-même lorsqu’il est charitable (Les Midrashim nous le rappellent : Il pare ‘Havah, habille les premiers hommes, s’occupe de l’enterrement de Moïse... etc.) et des grands hommes qui ont été les justes de ces vertus. C’est depuis Abraham que l’on sait ce qu’est être charitable mais Abraham en a appris l’essentiel de Dieu Lui-même. Je ne veux pas prendre trop de temps, mais toutes les démonstrations à la lettre de ce principe existe. Seulement il y a une seule vertu pour laquelle c’est l’inverse et c’est Dieu qui doit l’apprendre de l’homme et l’homme ne peut pas l’apprendre de Dieu. C’est cette vertu-là qui consiste à être « craignant Dieu ». La thèse semble très forte. Il y a une vertu que Dieu ne peut pas enseigner aux hommes : que signifie pour Lui d’être craignant Dieu ?

Et par conséquent, il faut attendre qu’un homme exemplaire ait cette vertu de « craignant Dieu » pour que Dieu sache ce que signifie être « craignant Dieu ». C’est une explication typiquement juive. Mais elle est critiquée par le Rav ‘Hayim de Volozine.

 

Critique de la thèse :

Le Rav ‘Hayim de Volozine criteque cette explication et dit, à partir de la source s’appuyant sur le Tomer Devorah du Ramak, que Dieu aussi possède cette vertu. Et c’est pour cela qu’on l’appelle El Shaday Dieu tout-puissant.

 

Le Midrash donne trois explications de El Shadaï - Dieu tout-puissant. Deux que je vous cite très rapidement puisque c’est la troisième qui va nous occuper:

 

1ère explication de El Shadaï = meshaded et hamahalakhot : Dieu qui est capable d’être plus fort que le monde qu’il a créé. Il peut alors intervenir pour changer les règles du jeu : Dieu est capable de faire un miracle. C’est un peu la signification que l’on retrouve dans la traduction banale de « Tout-Puissant ». Que signifie de Dieu l’expression de Tout-Puissant ? Cela signifierait-il qu’il pourrait y avoir quelqu’un de plus puissant que lui ? On perçoit là toute la difficulté de définition des attributs. Maïmonide a beaucoup étudié le problème de la définition des attributs divins. En réalité c’est dire qu’Il est plus puissant que Lui-Même : Plus puissant que Sa volonté lorsqu’Il a créé le monde. Il l’a créé selon un certain ordre et Il peut changer cet ordre. Etre plus puissant que quelqu’un d’autre ce n’est pas cela la puissance, c’est que l’autre est plus faible : Être plus puissant que lui-même, c’est là la véritable vaillance. C’est le véritable Guibor.

2ème explication du Midrash : El Shadaï : « bi she yesh lo daï : Celui qui a suffisamment (daï) pour donner ». Une des d+efinitions du Créateur : Il a suffisamment et donc Il peut  accomplir les promesses qu’Il a faite. Là aussi c’est difficile car si c’est Dieu qui promet pourquoi cela ne s’accomplit-il pas ? Mais c’est encore un autre sujet.

3ème explication sur El Shadaï « mi shé amar le Elakouto daï vé léolamo daï » « c’est celui qui a dit à son monde jusque-là et pas plus et à sa divinité jusque-là et pas plus ». Il y a une limite au-delà de laquelle Dieu s’interdit d’intervenir dans le monde. D’une certaine manière il a Yirat Shamayim pour sa créature. La Yirat Shamayim de l’homme à Dieu c’est le respect des valeurs.

 

Les valeurs sont exposées, non protégées, vulnérables, parce que nous sommes libres de les violer. Et alors cette force qui consiste à ne pas violer une valeur qui est exposée, c’est cela Yirat Elohim. Yirat Shamayim est un peu au-delà, Yirat Elohim cela va dans le même sens. La Guémara, dit en utilisant un verset de Shir HaShirim, pour dire la vertu des Tsadikim en Israël, c’est l’expression « Sougah bashoushanim » : une jeune femme qui n’est protégée que par une ceinture de rose et elle n’est pas violée. C’est cela la vertu du juste.

 

Je prends la formule quie me semble al plus simple : La loi de la nature protège la nature : si je viole la nature, j’en paie les conséquences. Mais les valeurs de la loi morale ne sont pas protégées.

A la longue la loi morale sanctionne, mais c’est très différent de la loi de la nature. Dans la loi de nature la sanction est immédiate. Alors que pour la loi morale, c’est en fin de compte que la sanction apparait. Entretemps, la valeur morale est exposée et peut être violée.

 

Yirat Elohim c’est la crainte de violer la valeur. Avec tous les niveaux possibles : la crainte du châtiment, la crainte du péché, la crainte de faire une faute... C’est à ce niveau de Yirat Elohim.  C’est une vertu encore plus haute : avoir peur de faire une faute.

 

Yirat Shamayim : Dieu se donne lui-même cette limite - « Daï lé Elakouto »  -  qu’Il ne dépasse pas pour que le monde puisse exister. Si Dieu ne réprime pas l’absolu de son être, le monde disparait. Alors il y a donc entre Dieu et le monde, c’est une figure symbolique, une limite qui s’appelle El Shadai. Dans le Torat ha-niglei expliqué par le Ari on retrouve cela. Nous avons une Mishnah qui dit : (Mishnah Avot) : « Ezeh hou guibor ? Ha kevesh et itsro : De qui peut-on dire qu’il est vaillant ? De celui qui maitrise ses penchants ». Comme dit précédemment, être plus fort qu’un autre c’est que l’autre est un faible.

 

Que signifie Atah Gibor lorsque l’on dit de Dieu qu’il est vaillant ? Alors cela veut dire plus fort que Lui-même. Il réprime Son absolu pour laisser la place à l’existence relative du monde. Cette frontière s’appelle El Shaday. Et dans cette frontière, il y a en Dieu la vertu corollaire de Yirat Shamayim que l’on trouve chez l’homme : Dieu a peur de faire du mal à son monde et alors Il se retient de l’envahir.   

         

Vous rapporterez cela à une remarque qu’il faut faire : Chaque fois que la Torah raconte une intervention de Dieu dans l’histoire avant la fin des temps de l’histoire, avant le rendez-vous de la fin des temps, c’est une catastrophe. Lorsque Dieu est obligé de faire irruption dans le monde, c’est une catastrophe. Je vous laisse le soin d’identifier les expériences que vous avez à ce sujet.

L’exemple le plus massif c’est les 10 plaies d’Egypte : une intervention pour sauver Israël est une catastrophe pour une civilisation entière qui disparait... L’Egypte des Pharaons.

Il y a aussi l’immense catastrophe du déluge. Nous avons là des modèles qui éclairent bien cela que lorsque Dieu décide de franchir Ses limites du El Shadday pour des raisons propres, c’est une catastrophe. Nous sommes à l’abri de ces catastrophes de chaque instant à chaque instant jusqu’à la la fin des temps : c’est cette force El Shadaï qui travaille.

 

Dans la religiosité populaire, surtout chez les Séfardim, sans doute aussi chez les Ashkénazim quelque chose d’équivalent,  que je connais, chaque fois qu’il risque d’avoir une catastrophe, la réaction immédiate est de dire « Shadaï ». Certains disent Rabbi Shimon Bar Yo’haï mais cela revient au même. On invoque cette force de la limite entre la Toute Puissance de Dieu et le monde dans sa relativité. Dans la politesse des Juif israélites français on dit « Dieu préserve !»    

JE refere donc certte parenthèse.

C’est donc le rav ‘Hayyim de Volozine qui nous a donné cette analyse. Ceci dit la question reste…

 

…/…

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*****
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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 14:54

Parashat Vayera (1984) - 2ème Partie.

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayera_serie_1984/cours_1

Face B
 

Le premier verset nous parle de Noa’h qui n’est pas présent et nous dit par conséquent l’entièreté de sa louange. Noa’h est Tsadik, selon le Malbim, Tsadik signifie qu’il s’agit du rapport avec autrui : ne pas faire le mal. Et il est Tamim c’est au niveau de sa valeur spirituelle propre, qu’il est intégre

 

Alors que là c’est Dieu qui parle à Noa’h et qui étant présent, Dieu ne lui dit pas l’entièreté de sa louange.

 

Malgré tout, nous savons d’une façon général que ce n’est pas par sa vertu que Noa’h a été sauvé du déluge. La fin du dernier verset de la Parashah de Béréshit qui nous rappelle les causes du déluge qui va arriver : cette fin des sursis donnés à cette tentative de la civilisation qui avait commencé dans le mal avec Caïn et Abel, et l’aggravation et la saturation de violence que cela finit par donner dans la société humaine de ce temps-là. Le dernier verset dit que Dieu a décidé de détruire toute l’humanité. Il y a un Midrash qui précise : Tout ! Y compris Noa’h dit le Midrash.

 

Le dernier verset (verset 8 du chapitre 6) :

וְנֹחַ, מָצָא חֵן בְּעֵינֵי יְהוָה

VeNoa’h matsa ’hen be'eyney Adonay

Et Noa’h a trouvé grâce aux yeux de Hashem

 

Il a trouvé grâce donc ce n’est pas par son mérite qu’il a été sauvé du déluge. Mais pourtant le verset suivant nous dit qu’il était un Tsadik, un juste.

 

Qui est ce Noa’h ?

 נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים הָיָה

Ish Tsadik Tamim Noa’h !

La Torah ne veut pas que nous croyons qu’il n’était pas Tsadik. Il vient de nous être enseigné que sa manière d’être Tsadik n’était pas suffisante pour qu’il mérite d’être sauvé du déluge.

La réponse donnée par le Midrash c’est que si parmi tous les justes de cette catégorie-là il y en avait beaucoup. Le Midrash nous cite par exemple un grand d’entre eux qui était Metoushelah. Plus grand que Noa’h peut-être, puisque Noa’h a eu le mérite de tenir 120 ans de sursis jusqu’au déluge, mais grâce à Metoushelah il y a eut encore 7 jours de plus...

Parmi tous ces justes-là, pourquoi Noa’h ? Il a trouvé grâce, il s’agit d’un arbitraire pur et simple.

 

La Torah ne souhaite pas que nous croyons en cette arbitraire. Il y a une raison qui est très cachée. La réponse du Midrash c’est que si Noa’h a été sauvé c’est que parmi tous les justes analogues de ces temps-là, il y avait une différence en lui que personne d’autre que Dieu ne pouvait diagnostiquer qui voit toutes les générations, c’est qu’il portait en lui Abraham.

 

Par conséquent, cette indication semble contredire notre verset 1 du chapitre 7,  le verset dit clairement :

     

וַיֹּאמֶר יְהוָה לְנֹחַ, בֹּא-אַתָּה וְכָל-בֵּיתְךָ אֶל-הַתֵּבָה:  כִּי-אֹתְךָ רָאִיתִי צַדִּיק לְפָנַי, בַּדּוֹר הַזֶּה

Vayomer Adonay le-Noa’h

Et Hashem dit à Noa’h

bo-atah vekhol-beytkha el-hatevah

entre toi et toute ta maison dans l’arche

ki-otkha ra'iti tsadik lefanay bador hazeh.

Car toi j’ai vu Tsadik devant moi dans cette génération

 

Le verset en hébreu nous donne la réponse. Il nous suffirait que le verset dise : Ki ra’iti kha...

Mais dans la forme otkha qui indique le complément d’objet dans la grammaire hébraïque,  le mot de « ot » d’autre part signifie un signe, d’où la lecture : « car en toi otkhah un ot de toi J’ai vu Tsadik devant moi. Pas toi, un autre qui est en toi et qui est Abraham. »  Donc il n’y a pas de contradiction.

 

Mais ce n’est pas encore là la véritable explication : la véritable explication, c’est qu’il y a une dialectique des mots employés par le texte pour dire Dieu. Lorsque Noa’h est définit comme Tsadik, c’est par rapport à Elohim. Le verset dit  et-ha'Elohim hithalekh Noa’h.

 

C’est-à-dire à  un certain niveau de piété et de sainteté naturel.  

Abraham a aussi été à ce niveau de piété jusqu’à un certain temps mais il a réussi cette mutation qui fait qu’il est devant Hashem. Dieu dans son Nom garant du fonctionnement stabilisé des lois de la nature, mais porteur de la promesse d’une espérance pour l’avenir. Là le texte emploie le Nom de Hashem. Pour tout ce qu’il y a encore d’inaccompli, c’est Hashem qui parle. Pour tout ce qui est accompli, c’est Elohim qui parle. Hashem hou Elohim.

Cette différence-là nous résoud tous nos problèmes.

Lorsque Hashem parle, alors il parle de Son diagnostic vis-à-vis de Noa’h. Ce Noa’h qui avait trouvé grâce aux yeux de Hashem parce qu’il n’avait pas en lui de mérite suffisant, Noa’h pour lui-même. Celui qui a ce mérite suffisant devant Hashem, c’est le Abraham futur. Seul Dieu Lui-même en tant que Hashem peut savoir que Noa’h porte Abraham. Les contemporains ne peuvent pas comprendre pourquoi c’est Noa’h qui est le rescapé du déluge, Dieu seul le sait et nous savons que ce n’est pas arbitraire.

 

Cela résoud aussi la question : Pourquoi pas le terme de Tamim dans ce verset 1 du chapitre 7 ?

Par rapport à Elohim, Noa’h est Tsadik Tamim mais par rapport à Hashem, Noa’h est Tsadik et pas encore Tamim.

 

Donc la question précédente : comment dire de Noa’h qu’il est Tamim alors qu’Hashem le demande d’Abraham qui ne l’est pas encore, est maintenant résolue.

 

Je vais me baser sur les Midrashim sur le Verset 1 chapitre 17

וַיְהִי אַבְרָם, בֶּן-תִּשְׁעִים שָׁנָה וְתֵשַׁע שָׁנִים; וַיֵּרָא יְהוָה אֶל-אַבְרָם, וַיֹּאמֶר אֵלָיו אֲנִי-אֵל שַׁדַּי--הִתְהַלֵּךְ לְפָנַי, וֶהְיֵה תָמִים

Vayehi Avram ben-tish'im shanah vetesha shanim

Abram était agé de 99 ans

vayera Adonay el-Avram

et Dieu (Hashem) se révéla à Abram

vayomer elav

et lui dit

ani El-Shaday

Je suis le Dieu Tout puissant

hithalekh lefanay

marche devant moi

veheyeh tamim.

Et soit parfait intègre entier complet

 

Rashi citant le Midrash sur Veheyeh tamim :

                          וֶהְיֵה תָמִים

אַף זֶה צִוּוּי אַחַר צִוּוּי הֱיֵה שָׁלֵם בְּכָל נִסְיוֹנוֹתָי וּלְפִי מִדְרָשׁוֹ הִתְהַלֵּךְ לְפָנַי בְּמִצְוַת מִילָה וּבַדָּבָר הַזֶּה תִּהְיֶה תָּמִים שֶׁכָּל זְמָן שֶׁהָעָרְלָה בְּךָ אַתָּה בַּעַל מוּם לְפָנַי. דָּבָר אַחֵר וֶהְיֵה תָמִים עַכְשָׁיו אַתָּה חָסֵר חָמֵשׁ אֵבָרִים שְׁתֵּי עֵינַיִם שְׁתֵּי אָזְנַיִם וְרֹאשׁ הַגְּוִיָּה אוֹסִיף לְךָ אוֹת עַל שִׁמְךָ וְיִהְיוּ מִנְיָן אוֹתִיּוֹתֶיךָ רְמָ"ח כְּמִנְיָן אֵבָרֶיךָ

Et sois intègre : C’est un ordre qui suit un autre ordre, [alors que souvent, lorsque deux verbes se suivent à l’impératif, le second n’est pas constitutif d’un ordre distinct, mais définit la conséquence de l’obéissance à l’ordre donné en premier] : « sois entier dans toutes les épreuves que je t’enverrai ». Et selon le midrach : « marche devant moi » par l’observance du commandement de la circoncision, et alors tu seras vraiment entier. Car aussi longtemps que tu conserveras ton prépuce, tu resteras imparfait devant moi (Beréchith raba 46, 4, Nedarim 32a). Autre explication : Toi, sois intègre maintenant ! Il manque à ton nom la lettre hé, représentative du chiffre « cinq », symbole de la maîtrise de l’ensemble de tes cinq membres : les deux yeux, les deux oreilles et le membre viril. Je vais ajouter cette lettre à ton nom, de sorte que la valeur numérique de l’ensemble de celles qui le composent atteindra deux cent quarante-huit, correspondant au nombre de tes membres.

 

« Conduis-toi devant moi » cela concerne la Mistvah de la Milah – la circoncision. Et par cette chose-là de la circoncision, tu seras Tamim.

 

Enormément de textes vont utiliser ce Midrash. Par exemple à la Brit Milah, est chantée la formule suivante : « il n’a été appelé parfait que lorsqu’il s’est circoncis ».

Tamim : cela veut dire intégre, parfait, physiquement, en tant que le corps physique est le véhicule de la présence de la personne, du Nefesh, de l’âme.

 

                          « Car tout le temps où il y a cette impureté en toi, tu es en défaut. »

 

Le Sfat Emet a posé la question de la manière suivante sur ce Rashi. « Par exemple, dans la Massekhet Nedarim il y a Guedolah hamilah – la Mitsvah de la Milah est grande, avec tous les commandements accomplis par Abraham il n’a pas été appellé Tamim, jusqu’à ce qu’il se soit circoncis... »

 

Effectivement c’est le verset qui introduit le commandement de l’alliance de la circoncision.

 

Alors le Sfat Emet a posé la question de la manière suivante : comment se fait-il que de Noa’h on dit qu’il est Tamim et de Avraham on ne le dit pas encore ? Il parle de ce Rashi et en souligne la difficulté : Rashi nous dit que tant qu’Avraham n’est pas circoncis il a un défaut. A partir du moment où il est circoncis, il est parfait. Mais n’importe quel physiologiste dirait que c’est l’inverse ! C’est lorsqu’il est circoncis qu’il lui manque quelque chose !

 

Sfat Emet explique de la manière suivante : le corps est le véhicule de la présence de la personne, du Nefesh, du Roua’h et de la Neshamah, et à qui est demandé l’accès à la sainteté. Lorsque la personne a été capable de sainteté, elle reçoit les lumières de la sainteté, et c’est le signe que son corps a pu être le véhicule des lumières correspondant à chaque organe de son corps.

 

C’est un grand principe dans la tradition de la Torah que quelque soit le nombre de mondes, la structure de chaque monde est parallèle à la structure du monde supérieur ou inférieur. Le monde spirituel est dans une structure parallèle au monde physique. Il y a analogie terme à terme et  correspondance absolue. Tout ce qui est en bas est en haut et tout ce qui est en haut est en bas, en haut à la manière d’en-haut et en-bas à la manière d’en-bas.

 

La personne humaine ne peut recevoir cet influx de lumière de sainteté que si elle dispose d’un véhicule qui puisse les recevoir. Et par conséquent, plus un organe est Metoukan et plus il reçoit. Et plus il est Tamim comme organe, plus il reçoit des Orot.

 

Sfat Emet explique ainsi : dans le monde de la nature, c’est vrai à l’échelle des individus mais à l’échelle des générations aussi, il y a ce que la Torah appelle la Orlah – l’opacité, la partie de l’échec qui a une finalité purement ponctuelle et circonstancielle, et dont on pourrait se passer mais qui est amenée par le fonctionnement de l’existence des choses qui font qu’il y ait des écorces.

Par exemple les ongles : une partie du corps tellement opaque qu’il n’y a aucune lumière qui lui corresponde.

 

C’est l’inverse de ce que les physiologistes auraient dit : si on a ce surplus d’opacité, c’est un défaut, c’est quand ce surplus d’opacité qui est appelé impureté et qu’il y a ablation, alors la lumière correspondante peut enfin survenir. 

 

Le Sfat Emet explique la différence de 2 niveaux entre Noa’h duquel on a dit Tamim par existence, et Avraham qui doit conquérir cette Témimout, qui doit l’obtenir par des changements.

 

Effectivement, dans les récits de l’histoire d’Avraham c’est lui qui doit prendre l’initiative, c’est lui qui opère un changement. Il change de pays, il change d’endroit, il change de nom et il change de corps par la Milah...

 

Chaque génération est comme la Galout. Dans notre génération il y a une Orlah. Pour toute cette première période de l’humanité, la Orlah de l’humanité c’était la génération du déluge. Et les nations du déluge étaient toutes entières Orlah. Il fallait donc enlever la Orlah et cela s’est fait par le déluge pour pouvoir sanctifier, et faire le Tikoun de l’humanité. C’est Noa’h qui va naître circoncis parce qu’il porte le signe de la circoncision bien avant Avraham.

 

Apparement, on pourrait croire que quelqu’un qui nait circoncis est supérieur à celui qui doit se circoncir, mais finalement le texte montre une dimension très importante qui révèle que c’est l’inverse. Cette supériorité de nature, de notre temps, est un miracle. C’est un produit statistique de la loi de grands nombres : je crois sur sur 10 000 enfant mâles qui naissent, un qui nait circoncis, mais on doit faire une forme de circoncision tout de même.

Sfat Emet nous aide à comprendre un peu notre problème.

 

En revenant au problème général :

C’est le fait qu’Avraham ait eu à inventer cela, c’est lorsque Avraham a établi d’après la loi de la sagesse essentielle que c’était sur la Milah que devait porter la Brit Milah, comme nous savons maintenant que cela doit se faire, alors que cela aurait pu se faire ailleurs. Avraham prend l’initiative de faire ce qu’il fallait faire.

 

Retenir cette notion d’opacité qui fait l’impureté.

Les Midrashim parle en général de ce thème du point de vue des valeurs morales : un surcroit de jouissance rend plus difficile le spirituel, ce qui est enlevé à la גשמיות Gashmiout est ajouté à la רוחניות Rou’haniout.

 

Et on l’apprend surtout de l’enseignement de la Kaballah, que il y a une partie de l’être que Dieu a crée, qui finalement est enfouie, engluée, pris dans l’impasse, dans une sorte d’attitude que l’on décrit de manière anthropomorphique par l’envie recevoir plutôt que l’envie de donner. Le signe dans le corps humain de cette attitude qui consiste à recevoir plutôt qu’à donner, et qu’on appellera en établissant les analogies de tout à l’heure, l’impureté, l’opacité, c’est précisément les parties du corps qui donne la jouissance. Donc amoindrir cette capacité de jouissance, c’est reconnaitre le Créateur. C’est pourquoi l’alliance de la circoncision est définie comme l’alliance de la foi d’Avraham. Elle consiste à enlever cette excroissance existentielle que la nature donne, et de telle sorte d’être Tamim lifney Hashem.

 

Question habituelle : et les filles ?

 

La Torah considère que les filles sont circoncis de naissance alors que l’homme doit accomplir la circoncision. On l’apprend de l’histoire de Moïse en particulier, lorsque Moïse n’avait pas circoncis son fils et après la vision du buisson ardent il retourne en Egypte sur ordre de Dieu et il ne prend pas la précaution de circoncir son fils qui faillit en mourir par punition divine. C’est Tsiporah sa femme qui prend l’initiative de circoncir l’enfant et dans une formule sybilline « Tu es prince du sang pour celles qui sont circoncis », verset pour lequel le Midrash affirme : elles sont circoncies de nature : dans leur nature même les femmes sont plus proches de la volonté du Créateur, et l’obligation d’avoir à rejoindre ce niveau-là est donnée aux hommes.

 

Point essentiel de ce thème :

C’est précisément ce courage de la mutation d’Avraham au moment de la circoncision qui fait que tout ce qui était resté en suspend alors va se réaliser.

Nous avons mainterant l’ordonnance de tous les récits qui suivent dans cette Parashah et c’est pourquoi la tradition a tenu à nous donner cette préface-là dans le récit de ces événements accélérés. C’est bien l’impression que l’on a chaque année lorsque l’on lit le texte à la Torah c’est que subitement dans la Parashah de Vayera tout ce qui était en suspend va s’accomplir.

 

***

 

Q : El Shaday ?

R : Ce thème est traité habituellement dans une autre Parashah, celle de Vaéra dans Shemot.

 

Verset 1 chapitre 17 “  אֲנִי-אֵל שַׁדַּי  Ani El Shaday”

Midrash : Resh Laqish a enseigné que signifie qu’il soit écrit « Ani El Shadaï » ?

 

C’est-à-dire que le texte nous dit que c’est en tant que Hashem que Dieu se révèle à Avraham et Hashem lui dit Je suis El Shaday ?

 

Réponse de ReshLaqish : « Anokhi shéamarti laolam daï » - C’est moi qui a dit à son monde : assez ! »

 

Cette formule de la Torah reprise par la Talmud lui-même dans ce même contexte, l’étymologie du nom Shaday est rattachée à la racine Léshaded. Shoded.  

Nous sommes en plein dans le sujet : Lorsque Dieu intervient en tant que El Shaday cela veut dire dans une intervention qui bouleverse les structures conditionnées du monde naturel, Il opère comme un Shoded qui doit briser la vitrine pour prendre des vivres, sinon il ne peut pas vivre. C’est un peu ce qui s’est passé là dans l’analyse des attendus de la foi d’Avraham : il fallait qu’il accède à ce niveau de foi d’arriver à comprendre cela que l’on peut faire éclater les conditionnements et qu’il puisse y avoir de nouveau fécondité pour une souche qui se croyait stérile.

 

C’est important à comprendre qu’il s’agit d’un des thèmes de l’histoire du peuple juif. Pendant très longtemps, il se croit dépouillé des promesses et subitement ce qu’on attendait arrive ! Cette capacité de foi c’est cela seulement ce qui peut expliquer ce mystère de la permanence du peuple juif dans son identité à travars l’histoire qu’il a eu.

 

Tous les matins dans la prière pendant 2000 ans des paroles sur soi-même qui contraste avec la réalité de façon totale. Finalement c’est arrivé : on avait foi en Hashem ! Et quelque soit l’apparence des conditionnements naturels, on avait foi contre tout espérance au niveau des conditionnements naturels. Finalement, ce en quoi on espérait est arrivé. Mais pour cela, il faut effectivement que les structures du conditionnement habituel soient renversées. Les contemporains ne s’en rendent jamais compte. 

 

Chaque fois qu’une promesse est faite, elle l’est au nom du Dieu El Shaday ! Pourquoi ?

Parce que pour qu’une promesse s’accomplisse il faut qu’il y ait une destruction - Shidoud.

L’exemple de cela nous est donné par notre récit. Chaque fois qu’un enfant nait c’est un mystère du type de la naissance d’Isaac. Il faut que quelque chose de la surnature apparaisse. Mais nous sommes victimes de la prodigalité de cette bénédiction. La prodigalité de la bénédiction banalise la bénédiction et masque et efface le miracle de toute naissance. Pas seulement la naissance d’Isaac. 

Quand une valeur est donnée avec prodigalité on perd finalement le goût de l’apprécier.

 

Le Midrash va intervenir sur cette étymologie – je ne vous lis qu’un des Midrashim lÀ-desssus, il y en a d’autres - et va lire Shadai comme shé daï : « assez ! »

Reish Laqish nous a fait lire “Shé amar léolamo daï » qui a dit à son monde « jusque là et pas plus ! »

La formule développée dit : she amar lé Elakouto daï veshéamar leOlamo daï ! 

Il y a encore une 3ème formule « shé amar leshamayou vélaarets daï ».

Et à chaque fois avec une  nuance.

Cela veut dire que le faisceau de définition qui va ensemble : Le Dieu de la promesse c’est le Dieu dévastateur des conditionnements naturels, et c’est le Dieu des limites : Daï est la limite entre l’ordre d’expansion de la divinité et l’ordre d’expansion de son monde.

Dieu a dit à Sa divinité « Jusque-là et pas plus ! » pour laisser une place pour le monde. Et Dieu a dit à Son monde « jusque-là et pas plus », parce qu’il l’a créé avec une force telle qu’il pourrait envahir tout l’espace de l’être.

 

Cette excroissance induite, non due, non méritée a pour exemple la Orlah de la Brit Milah.

C’est pourquoi sur ce thème précis, c’est le Nom de El Shaday qui est relié à l’annonce de la Brit. Et en général, on le retrouve à chaque fois qu’il y a promesse, surtout promesse de l’engendrement.

 

Parshat Vayera : verset 18-19 chapitre 18:

 

Promesse de la Torah pour la descendance de Avraham

Dans la Parashah précédente Lekh Lekha, c’est indiqué de façon allusive par l’expression.

« Tu seras bénédiction pour les nations ».

 

En quoi ? Parce que tu es porteur de la Torah... C’est clair. Mais on ne sait pas encore que c’est cela, mais c’est ici précisé. Verset 18 du chapitre 18, quand Dieu va annoncer qu’il va expliquer à Avraham le jugement de Sodome et Gomhorre.

 

וְאַבְרָהָם--הָיוֹ יִהְיֶה לְגוֹי גָּדוֹל, וְעָצוּם; וְנִבְרְכוּ-בוֹ--כֹּל, גּוֹיֵי הָאָרֶץ

Avraham est destiné à devenir une nation grande et puissante

Et se béniront en lui toutes les nations de la terre

יְדַעְתִּיו, לְמַעַן אֲשֶׁר יְצַוֶּה אֶת-בָּנָיו וְאֶת-בֵּיתוֹ אַחֲרָיו, וְשָׁמְרוּ דֶּרֶךְ יְהוָה, לַעֲשׂוֹת צְדָקָה וּמִשְׁפָּט--לְמַעַן, הָבִיא יְהוָה עַל-אַבְרָהָם, אֵת אֲשֶׁר-דִּבֶּר, עָלָיו

C’est pourquoi Je vais lui faire connaitre

Comment J’interviens dans ce jugement

afin qu’il enseigne à ses fils et à sa maison après lui

Et ils observeront la voie de Dieu

Pour agir selon la loi et la justice

Afin que Dieu fasse venir sur Avraham

Ce que je dis à ce sujet. 

[C’est à dire que les promesses que J’ai faites s’accomplissent].

 

Et il y a là l’indication que c’est la descendance d’Avraham qui va avoir l’expérience de ce qu’est la Torah.

 

L’enseignement du Maharal dans Gvourat Hashem aide beaucoup à comprendre l’identité d’Israël qui est un grand mystère de la lecture de la Torah : qui est cet être Israël ? Pourquoi finalement Dieu s’adresse-t’il à Israël en lui disant : « Benei Bekhori Israël.. »

Il faut comprendre qui sont les Patriarches. Notre identité dans son histoire et sa complexité est compréhensible au travers de l’histoire de l’identité des Patriarches.

 

Avraham était capable de sa vertu prorpre, Isaac était capable de sa vertu propre, et Jacob était capable de sa vertu propre...

Israël en ce sens-là n’a de légitimité pour être l’interlocuteur de Dieu devant la Torah que parce qu’il est la descendance des Patriarches et de tout ceux qui s’adjoignent à eux.  

 

<Fin>

******

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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 14:49
Vayera 1984 - 1ère Partie


http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayera_serie_1984/cours_1

 Face A

 

Contenu de la parasha :

C’est la 2ème parashah importante de la vie d’Abraham. Dans la Sidra précédente, Lekh Lekha, on a suivi par approximations de plus en plus claires et explicites, les promesses que Dieu fait à Abraham.

 

Ces promesses peuvent se récapituler en trois promesses de bases :

la promesse d’une descendance qui hériterait de la terre de la promesse Erets Israël,

la promesse de la terre,

la descendance en charge de la Torah.

 

Dans la Parashah de Lekh Lekha est déjà indiqué que ces 3 Segoulot privilèges qui vont définir l’identité d’Israël dès le début de son histoire sont donnés en promesse à Abraham.

 

De nombreuses questions surgissent :

Pourquoi à Abraham ? Pourquoi cette terre à ce peuple ? Mais le lien entre la terre le peuple et la Torah se récapitule à la racine dans les promesses faites à Abraham.

 

Et puis du temps passe à travers tous ces récits et l’accomplissement de ces promesses est suspendu.

Dans la Parashah de Vayera nous voyons que se trouve un récit accéléré d’événements d’accomplissement de ces promesses, ne fût-ce que dans l’accomplissement de ces promesses.

 

Parmi les différents thèmes que les commentateurs ont étudié de façon synthétique et globale sur ces textes, c’est une des questions posées : comment comprendre l’origine de l’accélération des événements ?

 

Cela commence d’abord par la scène où nous voyons Dieu visiter Abraham, à propos de l’alliance de la circoncision qui avait été indiquée à la fin de la Parashah précédente.

 

A partir de là un certain nombre d’événements surviennent:

l’annonce faite à Sarah et à Abraham de la naissance d’Isaac.

 

C’est déjà une des promesses restée en suspend. Il y a une tension dans le texte de Lekh Lekha où Dieu dit à Abraham qu’il aura une descendance et où Abraham n’arrive pas à entendre cette promesse. La plupart des commentateurs récapitulent les explications en disant qu’Abraham n’arrive pas à se connaitre, à se considérer, comme méritant d’être celui auquel ces promesses sont données. Il ne doute pas que Dieu puisse accomplir ces promesses. Mais il n’arrive pas encore à se connaitre lui-même comme étant digne de l’accomplissement de ces promesses. Commence alors le premier étonnement des promesses à Abraham qui font de manière générale l’objet de la foi, puisque la 1ère fois que le terme de foi est employé dans les récits c’est à propos de la promesse de descendance à Abraham. Le verset de Lekh Lekha dit que en fin de compte, c’est moi qui ajoute, « Abraham a eu foi en la promesse que Dieu lui a faite ».

 

Nous voyons tout de suite le problème qui se pose : est-ce que cela signifie que Avraham ait douté en quelque manière que Dieu puisse accomplir ses promesses ?

 

Nous découvrirons tout de suite l’étonnement réel qu’il y a dans ce problème. En réalité, les commentateurs expliquent qu’il n’arrive pas à envisager ce mérite exceptionnel qu’il faudrait pour que cette promesses s’accomplisse pour lui.

 

L’étonnement au fond vous le devinez déjà : Quelle est cette chose extraordinaire qui consiste à promettre à un homme qu’il aura un enfant ? C’est tellement banal et familier face à une telle prodigalité de la naissance ! Dès le début du 1er homme, la bénédiction qui s’attache à l’homme c’est Pérou ourbou – fructifier, engendrer, enfanter et se multiplier. Et voilà que le modèle de la foi de la tradition d’Israël telle qu’elle s’enracine dans l’expérience d’Abraham concernerait la foi qu’une telle chose puisse s’accomplir !

 

Nous prenons comme modèle la capacité de foi, de confiance, d’Abraham qui porte d’abord essentiellement sur ce fait que Dieu lui promet qu’il aurait un enfant, et en fin de compte il finit par le croire. C’est incompréhensible ! C’est un étonnement colossal ! On est tellement familier avec ce texte qu’on ne se rend plus compte de l’énormité de cet étonnement.

 

Midrash : Dieu avait dit à Abraham à Our-Qasdim, alors qu’il se trouvait en exil dans la civilisation mésopotamienne du nord, « Lekh lekha… » sors de ton pays de ton endroit...

Et un des Midrashim  sur un autre verset explique que cela revient à dire « ici tu ne peux pas avoir d’enfant – va, là-bas tu pourras... »

 

Abraham, d’après les récits des généalogies précédentes, est à l’aboutissement, à l’achèvement, de toute une 1ère tentative de civilisation qui aboutit à cette grande civilisation de Our-Qasdim de la Chaldée et la Mésopotamie...

 

On peut tenter de décrire le sentiment qu’Abraham a de lui-même lorsqu’il prend conscience de lui-même comme une personne arrivée à l’achèvement d’un cycle de civilisation. Ce type de conscience ne peut pas se connaître comme étant en fin de cycle d’histoire. Il ne s’agit pas tellement de savoir si Abraham, biologiquement, en tant que personnage normalement consitué peut avoir un enfant ou pas. Ce n’est pas l’objet puisqu’on apprend qu’il peut avoir un enfant, par exemple avec Hagar.

 

Le problème est à un tout autre niveau : il n’arrive pas à se connaître comme fécond du point de vue du projet de l’histoire humaine selon le Créateur. Le récit des engendrements dont il s’agit ici se situent à un tout autre niveau.

 

Si on pouvait avoir un doute, sur la constitution normale d’Abraham, survient Ishmaël le fils obtenu avec Hagar que le Midrash présente comme la fille de Pharaon. Ishmaël va avoir ses propres bénédictions de multiplication parallèlement au nombre des puits de pétrole. (C’est dans le texte aussi.)  Donc il ne s’agit pas de cela !

 

Il s’agit du fait que « Abram » prend conscience de lui comme « infécond » et « stérile » du point de vue du projet de l’histoire. Abraham est le point d’achèvement de la plus grande perfection de ce qui s’est passé jusqu’à présent. Et c’est à lui que Dieu s’adresse pour lui annoncer qu’il est le point de départ d’une lignée de fécondation.

 

Alors, c’est difficile à entendre parce que cela contredit l’expérience de l’histoire jusqu’à présent  telle qu’elle est dirigée et gérée par les lois du même Créateur.

 

Les civilisations ont une courbe d’histoire, elles ont une naissance, une apogée et un déclin, et lorsque l’homme se situe au temps de ce déclin, il en a conscience et il sait qu’il n’y a plus de fécondité. Cela ne veut pas dire que l’on ne peut plus se multiplier par copies conformes. Ishmaël est l’exemple de la démultiplication par le nombre issue de la bénédiction d’Abram avant qu’il ne s’appelle Abraham. Ce n’est pas n’importe quelle matrice mais l’identité culturelle de l’Egypte. Mais il s’agit ici du fait qu’Abraham s’entend dire qu’il va être le point de départ d’une histoire de fécondité alors qu’il se connait comme étant le produit achevé d’une civilisation qui est déjà   parvenu à son aboutissement.

 

Et donc, le fait d’arriver à croire qu’un processus naturel puisse être dépassé, brisé, explosé, et qu’un renouvellement de vie puisse apparaître alors que selon les lois normales du monde tel qu’il a été créé, et le fait humain obéit lui aussi à des lois et est conditionné par elles, c’est difficile à entendre. C’est le commencement de la foi. C’est donc à un tout autre niveau qu’il y a ce mérite considérable parce que c’est la 1ère fois qu’un homme va découvrir cette éventualité qu’au-delà de la nature, pieusement reconnue comme créée par le Dieu Créateur, il y a encore un autre niveau de dévoilement de la Providence qui permet un ‘Hidoush, un renouvellement, un recommencement, alors que c’était fini.

 

Je vous donne deux illustrations de ce thème :

 

1-      1er exemple :

C’est un peu ce qui est arrivé à la civilisation occidentale de notre temps. Cela ne touche pas tous les individus ni toutes les personnes conscientes d’elles-mêmes, mais on a bien l’impression que depuis quelques générations, la civilisation occidentale a une sorte de conscience d’elle–même  analogue, qu’elle est en fin de cycle et que l’histoire passe ailleurs. La jeunesse de l’Occident cherche son modèle dans les sociétés qui ont encore leur histoire devant elle. On appelle cela « les sociétés en voie de développement ». Au niveau socio-politique: pas seulement la jeunesse mais aussi les intellectuels de l’Occident cherchent à se greffer sur l’espérance des sociétés décolonisées parce qu’elles ont toute leur histoire devant elle, alors que tout se passe comme si l’Occident se connait tellement vieilli que c’est fini. C’est comme Abraham à la fin des 20 générations depuis Adam Harishon. Se connaître comme s’il n’y avait plus d’avenir. On peut se multiplier mais ce n’est pas le problème.

 

2-      2ème exemple:

Corollairement, c’est un peu ce que les communautés juives de la diaspora ont dit d’elles-mêmes et perçu d’elles-mêmes avant le sionisme. C’est la fin d’une très longue histoire de diaspora, une histoire d’exil héroïque qui essaya de perpétuer clandestinement à travers toutes les statégies  l’être juif qui était primitivement l’être hébraïque derrière tous les déguisements possibles et imaginables. Et puis on arrive à l’émancipation, au moment du temps de l’assimilation, à perdre souffle, à s’assimiler littéralement. Comme si la communauté juive de diaspora prenait conscience d’elle-même à ce niveau d’Abraham n’arrivant pas à entendre que c’est lui que concerne ces promesses de la fécondité d’éternité. Et puis finalement Isaac va naître. Tout le monde arrive comme au moment de l’apparition de l’Etat d’Israël. C’est la là correspondance. Avec 7 rires différents, dit le Midrash, et le rire d’Ishmaël étant très particulier.

 

Il y a donc cette 1ère promesse qui est la promesse de la fécondité, la promesse de la descendance en vertu de l’évidence des processus naturels qui gérent et régissent les phénomènes de civilisation. Et Abraham est le « Juif » de la civilisation d’Our-Qasdim. Vous voyez comment c’est corollaire. Et puis cela reste suspendu.

 

On retrouve ainsi plusieurs fois cette parole de la promesse de la descendance à Abraham jusqu’en fin de compte il arrive à opérer en lui cette mutation de conscience qui fait qu’il est capable de l’entendre. Cette difficulté d’entendre ces promesses nous accompagne dans notre histoire.

 

Le Maharal en particulier, lorsqu’il traite de ces problèmes, a expliqué très clairement que la Torah nous a, entre autres raisons, raconté le récit des commencements pour que nous sachions comment commencer notre propre histoire.

 

Nous retrouverons cette tendance-là à toutes les époques de notre histoire : une espèce de difficulté, interprétable comme de la modestie exagérée. (Une trop gande modestie est toujours le signe d’un orgueil épouvantable.)

 

On peut diagnostiquer dans la société juive contemporaine et même dans la société israélienne elle-même, cette incapacité de croire que l’on est vraiment celui dont la Bible a parlé.

C’est tellement vertigineux que cela donne le vertige. Alors on n’ose par regarder cela en face mais de profil et cela profite à l’ennemi...

 

La 2ème promesse est celle de la terre. Là aussi il y a un dialogue, Abraham va jusqu’à demander des signes d’être assuré de cette invraisemblance qu’Israël, comme tous les autres peuples, ait sa terre...

 

La 3ème promesse, moins dévoilée dans le texte,  c’est finalement la descendance d’Abraham lorsqu’elle deviendra Israël à qui sera révélée la Torah.

 

Dans tous les cas, toutes ces promesses sont suspendues. Comme si on attendait un événement cristalisateur pour que les événements s’accomplissent.

 

Après la scène de la circoncision, l’annonce de la naissance d’Isaac et puis immédiatement après le jugement de Sodome et Gomorrhe et toute cette fameuse scène de la discussion d’Abraham avec Dieu dont l’objet est les attendus de la justice et de la charité et de la bonté.

 

La question posée est la suivante : pourquoi est-ce à ce moment précis que Dieu décide de faire passer en jugement la civilisation de Sodome et Gomorrhe alors que cette civilisation n’est pas nouvelle ?

Pourquoi un tel sursis à Sodome et Gomorrhe, alors que dès qu’Abraham parait, la mutation humaine au niveau de la conscience morale qui fait que un juste d’un critère supérieur est apparu, disqualifie ce que peut être une société devenant Sodome et Gomorrhe?

 

Pour cette précipitation, cette accélération où tout se fait à la fois ?

 

Cela rappelle le thème du déluge : au fond le déluge sanctionne la faute de Qaïn ayant tué Abel mais Dieu avait donné à travers 10 générations, 7 sursis différents, pour que l’humanité dispose du temps éventuellement nécessaire pour se retrouver. Le jugement est suspendu et ce n’est qu’en fin de compte que le rendez-vous du déluge s’accomplit. Ici aussi, on pourrait s’attendre à ce que dès que cette identité humaine qu’inaugure Abraham apparait dans l’histoire, Sodome et Gomorrhe est disqualifié.

 

Mitat Sdom :

Les habitants de Sodome n’aimait pas l’hospitalité : si un étranger arrivait on le faisait dormir dans le lit de Sodome : si ses jambes n’atteignaient pas la fin du lit, on l’étirait et il en mourrait. Si elles étaient trop grand on les lui sciait, pour lui apprendre à être invité...

 

C’est très caractéristique de voir comment le Talmud a étudié ce type de société :

La Mishnah Pirqey Avot décrit 4 catégories d’attitude dans la vertu des rapport à autrui :

ארבע מדות באדם. האומר שלי שלי ושלך שלך, זו מדה בינונית

. ויש אומריםזו מדת סדום

שלי שלך ושלך שלי, עם הארץ. שלי שלך ושלך שלך, חסיד. שלי שלי ושלך שלי, רשע

Ce qui est à moi est à toi et ce qui est à toi est à toi, c’est le  pieux, le ‘Hassid.

Que ce qui est à moi est à moi, et ce qui est à toi est à moi c’est le méchant, le Rashâ.

Ce qui est à moi est à moi et ce qui est à toi est à toi, c’est la voie moyenne et certains disent, midat Sdom : c’est la fin de la morale dans la société. Alors que l’on pourrait croire que c’est la morale moyenne. C’est une société où l’on connait la loi morale et on l’étudie et on la connait de manière absolue de façon à la détourner. Cette société qui est le type même de la société de l’échec du point de vue du projet moral du récit de l’histoire, est en sursis. Pourquoi est-elle frappée à ce moment particulier ?

 

J’ouvre une petite parenthèse dans ce chapitre concernant la discussion d’Abraham pour sauver Sodome et Gomorrhe :

‘Hessed c’est la vertu d’Abraham : protéger l’humble et surtout celui qui ne mérite pas. Abraham tente d’obtenir de Dieu non pas le sursis pour Sodome mais la grâce, la miséricorde. Dieu refuse et lui explique que ce n’est pas possible.

 

En général, on s’arrête là, fier de citer la grandeur de charité d’Abraham qui discute pied-à-pied avec Dieu pour essayer de sauver qui ? les gens de Sodome et Gomorrhe ! C’est là que Dieu lui fait comprendre que ce n’est pas possible. Si la prière d’Abraham avait été entendue, cela aurait été catastrophique. Il y a là ce danger de la vertu de charité qui lorsqu’elle est isolée devient  hypertrophiée et qui fait que par définition elle va protéger les criminels. Nous vivons des épisodes de ce genre. Hypertrophier une vertu et croire qu’elle reste vertueuse. La vertu de charité est une vertu authentique, un absolu et une valeur authentique, mais lorsqu’elle est hypertrophiée car isolée des autres valeurs de la moralité, alors elle risque d’être catastrophique.

 

1er point : la grande louange faite à Abraham de sa capacité de charité.

 

2ème point : prendre acte du fait que Dieu refuse. En propre terme, Il donne une leçon de morale et de justice à Abraham.

 

3ème point : Pour Abraham il s’agit d’une vertu absolue : jusqu’à protéger le pire des criminels. Pour les descendants d’Abraham cela deviendra une faute parce qu’ils ont déjà l’identité Israël qui elle représente l’unité des vertus, des valeurs. Au niveau d’Abraham ce n’est pas une faute, c’est son rôle sa fonction son identité, parce que la charité vraie doit aller jusque-là sans réticence ni condition pour rester authentique. Mais pour tout celui qui prendra pour idéal cet Abraham-là de ce récit, pour lui il s’agira d’une faute. Et il faut faire une analyse pour savoir pourquoi il se conduit ainsi. Et de plus ce serait une faute d’incommensurable orgueil : se prendre pour Abraham !

 

1ère épisode : l’annonce de la naissance d’Isaac, ce qui était attendu d’Abraham et de Sarah dans les chapitres précédents va enfin s’accomplir.

Le jugement de Sodome et Gomorrhe.

Le voyage d’Abraham et de Sarah chez Abimelekh, roi de la Philistée, le territoire de Gaza, c’est le thème du progrès moral dans la relation entre le mari et sa femme. Le mari dit à sa femme et de sa femme qu’elle est sa soeur.

 

Il ya donc une mise à l’épreuve dans un surcroit de moralité dans les rapports entre Abraham et Sarah. A ce moment-là l’annonce de la naissance d’Isaac qui peut être alors être conçu et naître et sa séparation d’avec Ishmaël. Le tri de sélection qui se fait vis-à-vis de cette approximation de l’homme attendu qu’Abraham a eu avec Hagar.

 

Dans le faisceau accéléré des événements qui conduisent, à la naissance d’Isaac, immédiatement sa séparation d’avec Ishmaël. Et le texte de fin de Parashah concerne Aqedat Its’haq qui est la dixième et dernière des épreuve d’Abraham où il s’avère en fin de cycle qu’il est capable d’être le juste parfait qui va jusqu’à accepter cet épreuve-là qui consiste éventuellement à sacrifier Isaac.

 

Nous voyons bien dans le texte que l’épreuve ne consiste pas dans le fait de sacrifier Isaac mais dans le fait d’être décidé à le faire s’il le fallait. Ne pas oublier que le sacrifice d’Isaac n’a pas eu lieu.

 

Je me base sur des Midrashim du Zohar.

La tradition a découpé cet ensemble d’événements qui font la sidra de Vayera pour expliquer que l’événement catalyseur qui va déclencher l’accomplissement des promesses ne serait-ce que dans leur commencement, est le fait qu’Abraham a contracté l’alliance de la circoncision. C’est pourquoi la Sidra commence par la visite de Dieu à Abraham qui venait d’être circoncis.

 

Verset 1 chapitre 17 :

Annonce du commandement de la circoncision à Abram. La mutation d’identité qui sera exprimée par le changement de nom n’est pas encore arrivée.

 

וַיְהִי אַבְרָם, בֶּן-תִּשְׁעִים שָׁנָה וְתֵשַׁע שָׁנִים; וַיֵּרָא יְהוָה אֶל-אַבְרָם, וַיֹּאמֶר אֵלָיו אֲנִי-אֵל שַׁדַּי--הִתְהַלֵּךְ לְפָנַי, וֶהְיֵה תָמִים

Vayehi Avram ben-tish'im shanah vetesha shanim vayera Adonay el-Avram vayomer elav ani El-Shaday hithalech lefanay veheyeh tamim.

 

Vayehi Avram ben-tish'im shanah vetesha shanim

Abram était agé de 99 ans

 

Nous sommes encore à l’époque de la vie d’Abraham où il s’appelle encore Abram. La mutation d’identité qui sera exprimée par le changement de nom de Abram en Abraham, n’est pas encore arrivée.

 

J’ouvre une petite parenthèse parce que ce n’est pas pour rien que la Torah nous dit qu’il avait 99 ans, lorsque Dieu va lui donner le commandement de l’alliance de la circoncision.

Abram arrive du point de vue de l’expérience qui lui est donnée par l’âge, du point de vue du façonnement de sa personnalité par l’existence même, indépendamment des épreuves précédentes qui ont scandé tout ce développement de son identité, juste au bord de l’âge de perfection. Prenant les chiffres dans leur symbolique la plus formelle : 10x10 = 100.  Il y a dix stades d’épreuves à passer et il arrive ici à 99 ans. Au seuil des 100 ans, il aura Isaac lorsqu’il aura 100 ans. Sarah aura à ce moment là 90 ans. Il arrive si j’ose dire à la 9ème Sefirah de la 10ème Sefirah c’est à dire presqu’au bout du Tiqoun.

 

וַיֵּרָא יְהוָה אֶל-אַבְרָם, וַיֹּאמֶר אֵלָיו אֲנִי-אֵל שַׁדַּי--הִתְהַלֵּךְ לְפָנַי

vayera Adonay el-Avram

et Dieu (Hashem) se révéla à Abram

vayomer elav

et lui dit

ani El-Shaday

Je suis le Dieu Tout puissant

hithalekh lefanay

marche devant moi

 

Cela veut dire « fais ce que je te demande mais débrouille-toi pour inventer par toi-même ce que Je te demande ». Nous avons un exemple, c’est déjà le mystère de la sagesse d’Israël qui commence là, qui affleure là. Tout se passe comme si Israël est censé disposé d’une capacité de prescience de connaissance de ce que Dieu va lui demander. Et c’est pourquoi c’est à lui que Dieu lui demande. C’est le mystère de la Torah Shébéalpéh d’une façon générale.

 

וֶהְיֵה תָמִים

veheyeh tamim.

Et soit parfait intégre entier complet

 

Cf. le verset dit à propos de Noa’h :

Verset 9 chapitre 6 :

אֵלֶּה, תּוֹלְדֹת נֹחַ--נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים הָיָה, בְּדֹרֹתָיו:  אֶת-הָאֱלֹהִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ

Eleh toldot Noa’h Noa’h ish tsadik tamim hayah bedorotav et-ha'Elohim hithalekh Noa’h.

 

Les deux sont dits Tamim mais de façon différente.

=> Noa’h est déjà Tamim alors qu’Abram doit devenir Tamim

=> Pour Noa’h le texte dit et-ha'Elohim hithalekh Noa’h cela veut dire, là où Dieu va, Noa’h va,  

tandis que pour Abraham le verset dit hithalekh lefanay marche devant Moi, Abraham doit ouvrir le chemin à Dieu où Dieu veut aller. On voit le projet de destinée de cette identité Abraham. Il est  exceptionnel.

 

Exemple au début de Lekh Lekhah lorsque Dieu dit à Abraham : « quitte ta diaspora et va au pays que je te montrerai ... ». On s’attendrait à ce que Dieu lui dise où aller. Mais la formule est dans le genre : « Va là où je t’attend. Si tu y arrive Je me révélerai à toi. »

Et Abraham savait là où il fallait aller. 

 

En général, les Midrashim se basent sur ces différences de forme de la qualification entre Abraham et Noa’h pour dire la supériorité d’Abraham. On a suffisamment vu pourquoi. Noa’h accompagne un chemin dejà exploré. Abraham doit se comporter en éclaireur d’un chemin. Pas n’importe quel chemin.

 

Cela se rattache à la définition très importante de la capacité de Torah Shébéalpeh. Tout se passe comme si il y a en Israël cette capacité de posséder naturellement la connaissance de la Torah et c’est pourquoi c’est à nous que la Torah a été révélée. D’une certaine manière cette capacité de Torah Shébéalpeh précède la Torah Shébikhtav. J’entends ici par Torah Shébéalpeh non celle de l’explication de la Torah Shébikhtav mais la Torah Shébéalpeh de signification de la Torah Shébikhtav.

Exemple :

Dt. 16:20 :

צֶדֶק צֶדֶק, תִּרְדֹּף

Tsedek tsedek tsirdof - Tu rechercheras la justice

 

A qui s’adresse un tel verset sinon à celui qui comprend déjà par lui même ce qu’est le Tsedek car ce verset n’explique pas ce qu’est la justice. Il donne un commandement supplémentaire de la rechercher avec entêtement. A la limite on pourrait traduire « cherche la justice de la justice – la justice juste ». (La justice légale ne l’est pas forcément). Celui qui entend cette parole est censé savoir ce qu’est ce Tsedek sinon il ne s’adresserait pas à lui. C’est ainsi pour toute la Torah. La révélation a eu lieu en hébreu et c’est pas un hasard si la révélation a été donnée aux Hébreux.

 

Je reviens sur la qualification même de Noa’h, les Midrashim vont analyser que plus qu’une différence de valeur de niveau de qualité, la confrontation de ces expressions et-ha'Elohim hithalekh Noa’h / Hithalekh lefanay disqualifie Noa’h par rapport à Abraham. Ce n’est pas seulement que c’est différent mais c’est que l’un disqualifie l’autre.

 

C’est la série des Midrashim qui vont dans ce sens que Noa’h devait se séparer des hommes pour aller avec Dieu. L’expression et-ha'Elohim hithalekh Noa’h implique « avec Dieu » mais pas « avec les hommes ». Il fait partie de cette lignée des grands justes de cette 1ère partie de l’humanité dont nous avons un autre exemple un peu plus haut dans le texte où nous avons la même expression avec ‘Hanokh qui pour pouvoir se perpétuer dans l’état de juste était obligé de se séparer de l’humanité environnante qui risquait de le contaminer.

 

Il ne faut pas juger le comportement de ces justes qui ont dû prendre leur quant-à-soi par rapport à la cité parce que la cité était corrompue. L’étude abstraite compare des vertus de ces grands justes mais ne doit pas masquer leur niveau réel. Confronté à la réalité de l’existence on sait que ce n’est pas si simple que cela. Malgré tout, il y a des niveaux de grandeurs dans la vertu.

 

Il y a une différence, plus que de degrés, de nature entre la manière dont le texte qualifie Noa’h et Abraham dans ces expressions et-ha'Elohim hithalekh Noa’h / hithalekh lefanay  

 

Une difficulté : de Noa’h on dit qu’il est déjà Tamim ?

J’aborderais la réponse par un autre biais :

 

Verset 1 Chapitre 7 :

וַיֹּאמֶר יְהוָה לְנֹחַ, בֹּא-אַתָּה וְכָל-בֵּיתְךָ אֶל-הַתֵּבָה:  כִּי-אֹתְךָ רָאִיתִי צַדִּיק לְפָנַי, בַּדּוֹר הַזֶּה

Vayomer Adonay le-Noa’h

Et Hashem dit à Noa’h

bo-atah vekhol-beytkha el-hatevah

entre, toi et toute ta maison, dans l’arche

ki-otkha ra'iti tsadik lefanay bador hazeh.

Car toi j’ai vu Tsadik devant moi dans cette génération

 

Plusieurs difficultés dans ce verset:

Noa’h était Tsadik devant Dieu (Hashem) ! Cela semble contredire le verset du chapitre 6 et-ha'Elohim hithalekh Noa’h.  Ce discours sur Noa’h ressemble à celui sur Abraham.

L’autre verset nous dit Tsadik Tamim alors qu’ici il est dit que Tsadik.

 

Rashi le cite depuis le Midrash Raba :

et le texte n’a pas dit tsadik tamim comme le verset précédent.

Explication : de là on apprend qu’on ne dit qu’un peu de la louange de quelqu’un devant lui mais toute sa louange pas devant lui.

 

…/…

Lire la suite ici

 

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