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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 19:37
Vayishlah 1986 - 2ème Partie

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1986/cours_1

Face B

 

…/…

Parfois, on voit de petits pays tenir face à de grands pays parce que l’ange du grand pays a été battu là-haut. L’exemple de la Finlande tenant tête à l’empire soviétique : tout se passe comme si ce pays avait un mérite céleste plus grand que cet énorme empire. Les Français avaient gagné la guerre d’Algérie sur le terrain, mais l’ont perdue parce qu’ils n’étaient pas sûr d’avoir raison.

S’il y a un effondrement de la conscience du bon droit, alors cela signifie que l’ange là-haut est vaincu là-haut, et la guerre sur le terrain est perdue même si elle était gagnée. Objectivement, on pourrait plaider le dossier inverse, que les Français n’avaient pas raison de faire la guerre d’Algérie, et qu’ils l’ont perdu parce que leur Sar ne voulait pas la gagner. Et Finalement leur Sar s’est incarné chez De Gaulle, il était leur Goël mais ils ne s’en rendaient pas compte…

 

Q : inaudible

R : Non, Jacob ne retourne pas chez son frère, mais il retourne chez lui sachant que son frère va le rencontrer en chemin pour l’en empêcher. Esaü n’est pas chez lui dans le pays d’Israël dans lequel Jacob revient. Esaü est chez lui à Séir, à Edom, mais il prétend que cette terre est sa terre sainte. Alors il se met en chemin.

 

L’exemple de typologie que je vous donnerais c’est ce que nous avons vécu en 1948, avec la ligue arabe ici à la tête de laquelle se trouvaient les britanniques. Il y avait une alliance entre Essav et Ishmaël. Jacob revient chez lui après 2000 ans d’exil dans l’hémisphère nord du monde civilisé et il trouve en chemin son frère qui l’attend avec la légion jordanienne. On va le voir dans un verset ultérieurement.

 

Q : Edom = Rome et la chrétienté, et les Britanniques ?

R : les Britanniques représentent une des dimensions de Rome.

A deux niveaux :

l’identité chrétienne, la conscience chrétienne est née, lors d’une alliance entre Rome et les Iduméens qui occupaient la Judée. C’était au temps de la fin du deuxième temple. Au temps d’Hérode roi de Judée avait fait une alliance avec Rome. Il y avait l’armée romaine sur place qui était les alliés des Iduméens qui occupaient le pays de la Judée. C’est dans ce contexte lá que la conscience chrétienne est née, dans une alliance d’identité entre Rome et Edom. C’est pourquoi la tradition a diagnostiqué dans la civilisation romaine le potentiel de la civilisation de Edom-Esaü le frère jumeau de Jacob. C’est au niveau historique indéniable : l’identité de ce romain qui se prend pour Israël est née au temps où les Iduméens occupaient la Judée sous protection des Romains.

 

Au point de vue typologique même théologique, ce frère de Jacob qui n’est pas Jacob et qui se prétend être Israël, dans l’histoire c’est l’Eglise chrétienne. Par conséquent, c’est bien dans cette manière d’être homme qu’est l’empire romain, d’abord dans sa première phase de Rome païenne et dans sa deuxième phase de la Rome chrétienne, et depuis tous les satellites de Rome – les sociétés de droit romain – la civilisation occidentale dont la religion est la religion chrétienne. Que les occidentaux soient chrétiens ou pas, pratiquants ou pas, croyants ou pas, ils sont cette civilisation-là. Les marxistes de Russie sont tout autant Rome que les fanatiques catholiques de Varsovie : tout cela c’est Rome dans toutes ces dimensions. Ils ont d’ailleurs peut-être inconsciemment repris le même emblème d’Esaü, la couleur rouge. Il y a une science des symboles de l’imaginaire individuel et collectif des sociétés :  la science de l’héraldique. C’est très frappant de voir que les mêmes conduites se réclament des mêmes symboles. Vous avez par exemple dans le commentaire d’Abrabanel sur Isaïe, et déjà au temps de la Guémara, et la Mishna mëme : Edom est identifié à Rome. Il y a une projection de l’identité Edom sur l’identité Rome. Effectivement, nous voyons que dans l’histoire c’est ainsi que cela s’est concrétisé. Les Chrétiens sont pris d’angoisse de découvrir que leur situation dans le récit biblique n’est pas du tout celle d’Israël mais celle d’Esaü. Il y a ensuite oubli par phénomène de refoulement inévitable - sorte de soupape de sûreté de la conscience – sinon ils seraient pris de vertige de se découvrir perdus. 

 

***

 

Dès le 1er verset nous avons ce double registre :

 

32:5

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Vayetsav otam lemor koh tomrun ladoni le-Esav koh amar avdecha Ya'akov im-Lavan garti va'echar ad-atah.

 

Vayetsav otam lemor

Et il  leur prescrit en disant

koh tomrun ladoni le-Esav

Ainsi vous direz à mon Seigneur à Esaü.

 

Cela s’hypertrophie. C’est là que l’on commence à mieux percevoir le double discours :

ladoni  c’est en-haut.

le-Esav c’est en-bas.

 

koh amar avdekha Ya'akov

ainsi a dit ton serviteur Jacob

Avdekha c’est en-haut.

Ya'akov c’est en-bas.

 

 im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent...

 

Il y a une sorte de double stratégie : Jacob doit lutter simultanément contre Esaü sur terre et aussi contre l’ange tutélaire d’Esaü dans le ciel. Et tant que l’ange tutélaire d’Esaü dans le ciel n’est pas vaincu, alors Esaü sur terre ne peut pas l’être. Jacob n’a pas peur d’Esaü sur terre mais ce dont il a peur c’est d’Esaü au ciel.

 

Il a une espèce de doute secret - peut-être Esaü a-t’il raison ? - qui lui donne la force du génie là-haut. Le mot français de « génie » recouvre très bien le sens du mot hébreu Sar. Il y a le sens du mot génie de la magie, djinn en arabe, et puis le génie d’une nation.  Le génie d’une nation c’est lui qui est en jeu dans les conflits d’identité. Effectivement, il n’y a pas de doute que l’histoire juive témoigne de cela, qu’il y a dans la descendance de Jacob cette fascination pour l’autre : peut-être a-t’il raison ?

 

On ne trouve pas ce complexe dans les sociétés jives du monde de l’islam. Les musulmans ne disputent pas à Israël son identité d’Israël mais lui disputent sa terre. Ishmaël ne se prétend pas être Israël. Tandis que Esaü lui disputent son identité. Les Juifs qui ont vécu en univers chrétien, les  Ashkénazim en dominante, n’ont donc pas eu la même problématique que les Séfardim vivant dans l’environnement musulman. Dans la conscience séfarade, il n’y pas ce doute d’identité comme dans la conscience ashkénaze où il y a ce traumatisme de l’environnement extérieur. « Peut-être est-ce lui qui est Israël ? »

On ne peut pas ne pas être admiratifs quelques soient les plumes qu’on y a laissé de voir ces  communautés traverser 2000 ans d’histoire chrétienne et rester juives. Elles ont du secrêté des anticorps pour cela, carapce de protection par rapport à la foi chrétienne qui finalement a distillé un athéïsem juif qui est venu de là. J’explique le mécanisme : « si croire en Dieu c’est croire en Dieu comme les chrétiens je préfère être athée ! » Voilá grosso modo si vous voulez très schématiquement l’origine de l’athéïsem ashkénaze.  

 

Les philosophes les penseurs juifs ashkénazes ont une espèce de coquetterie d’athéisme. On trouve cela dans tous leurs livres contemporains,. Dès qu’ils sont sortis des ghettos : coquetterie d’athéïsme qui s’explique aussi comme cela pour se démarquer de la foi, or la foi est chrétienne. Et la foi chrétienne c’est tellement idolâtre qu’ils choisirent l’athéisme. Mais ceci dévoile quand même que l’athéisme en milieu chrétien pour les Juifs c’est parfois aussi grave que la conversion au christianisme. Parce que c’est l’envers de la médaille sainte. Cet environnement là et la problématique qu’il représente a finalement déjudaïsé énormément d’intellectuels juifs. 

Je crois que le modèle de cette identité que je tente de cerner ici cela restera Kafka : le labyrinthe de l’identité. Qui suis-je ? Vous n’aurez jamais de Kafka Séfardi, il n’aurait jamais pu être séfardi. Sauf maintenant où l’on trouve des Séfardim avec la problématique ashkénaze. C’est un problème qui n’est pas fini. Très tôt la tradition a diagnostiqué cela : cela se passe à Rome.

 

La rivalité de l’islam vis-àa-vis d’Israël ne concerne par l’identité théologique. Le musulman Ishmaël sait très bien que c’est Israël qui est Israël. Il n’a aucun problème théologique avec Israël. Il ne lui conteste pas son identité d’Israël, mais il lui refuse une plac esu terre, il lui refuse son autonomie politique. Les Chrétiens c’est l’inverse : ils aménagent une place sur terre mais pas au ciel. Les chrétiens ont pris le ciel, les musulmans pris la terre, et comme je le dis souvent il nous est resté l’horizon. Je crois effectivement que cela explique le je juif de l’exil. Le Juif de l’exil a toujours été un être à l’horizon. C’est aussi une dimension de survie. Il y a une expérience que nous sommes peut-être le seul peuple au monde à avoir vécu : le fait d’avoir été le peuple de l’horizon, le peuple du voyage. Cela a notablement enrichi l’expérience de l’âme juive mais ce n’est pas notre condition naturelle. Alors finalement un jour on a décidé de revenir sous le ciel de notre terre. Et pour cela il fallait arriver sur la terre de notre ciel. Et puis le monde entier se demande ce qui arrive ! Cette chose inouïe qu’Israël rentre chez lui...

 

La stratégie de prière de Jacob :

 

Sa stratégie de guerre consista au retour des envoyés lui annonçant qu’Esaü venait à sa rencontre avec 400 hommes de guerre :

 

32:8

וַיִּירָא יַעֲקֹב מְאֹד, וַיֵּצֶר לוֹ; וַיַּחַץ אֶת-הָעָם אֲשֶׁר-אִתּוֹ, וְאֶת-הַצֹּאן וְאֶת-הַבָּקָר וְהַגְּמַלִּים--לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Vayira Ya'akov me'od vayetser lo vayachats et-ha'am asher-ito ve'et-hatson ve'et-habakar vehagmalim lishneh machanot.

 

Vayira Ya'akov me'od

Et Jacob eut très peur

vayetser lo

Il fut dans l’angoisse

vayachats et-ha'am asher-ito

Et il divisa le peuple avec lui

ve'et-hatson ve'et-habakar vehagmalim lishneh machanot.

Ainsi que tous les troupeaux en deux camps.

 

32 :9

וַיֹּאמֶר, אִם-יָבוֹא עֵשָׂו אֶל-הַמַּחֲנֶה הָאַחַת וְהִכָּהוּ--וְהָיָה הַמַּחֲנֶה הַנִּשְׁאָר, לִפְלֵיטָה

Vayomer im-yavo Esav el-hamachaneh ha'achat vehikahu

Il dit : Si Esaü vient contre le 1er des deux camps et le frappe

vehayah hamachaneh hanish'ar lifleytah

Le camp restant sera rescapé.

 

On retrouve tout à fait le plaidoyer des Juifs de diaspora. Si jamais cela ne va pas en Israël on est ici la réserve…

Un Midrash nous explique que c’est ce que les Juifs de Babel disaient des Juifs de Jérusalem : si l’ennemi vient détruire Israël les Juifs de Babel seront les rescapés...

 

Alors ensuite Jacob prie :

 

32 :10

וַיֹּאמֶר, יַעֲקֹב, אֱלֹהֵי אָבִי אַבְרָהָם, וֵאלֹהֵי אָבִי יִצְחָק:  יְהוָה הָאֹמֵר אֵלַי, שׁוּב לְאַרְצְךָ וּלְמוֹלַדְתְּךָ--וְאֵיטִיבָה עִמָּךְ

Vayomer Ya'akov Elohey avi Avraham ve'Elohey avi Yitschak Adonay ha'omer elay shuv le'artsecha ulemoladetecha ve'eytivah imach

 

Vayomer Ya'akov Elohey avi Avraham ve'Elohey avi Yitschak

Et Jacob dit Dieu de mon père Abraham et Dieu de mon père Isaac

Adonay ha'omer elay

Hashem qui m’a dit (dans la fameuse vision à Béthel)

shouv le'artsekha ulemoladetekha ve'eytivah imakh

« Reviens à ton pays et à ta patrie et Je te ferai du bien ».

 

32 :11

קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים, וּמִכָּל-הָאֱמֶת, אֲשֶׁר עָשִׂיתָ, אֶת-עַבְדֶּךָ:  כִּי בְמַקְלִי, עָבַרְתִּי אֶת-הַיַּרְדֵּן הַזֶּה, וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Katonti mikol hachasadim oumikol-ha'emet

Je suis trop petit de toutes les grâces

asher asita et-avdecha.

Que tu as faites à ton serviteur

ki vemakli avarti et-haYardenhazeh

Car c’est avec mon bâton que j’ai traversé ce Jourdain

ve'atah hayiti lishney ma’hanot

Et maintenant je suis (devenu - sous-entendu tellement riche que j’ai) deux camps.

 

Regardez un peu l’humour noir de Jacob !

Pourquoi a-t’il deux camps ? Parce qu’il a dû séparer pour essayer d’avoir des rescapés ! Et maintenant il rend grâce à Dieu en disant : « je sais que Tu m’as protégé puisqu’en traversant le Jourdain pour m’enfuir je n’avais que mon bâton et voilà que je reviens avec 2 camps... et donc la promesse s’est accomplie ». Vous voyez la dimension d’humour là-dedans !

 

32 :12

הַצִּילֵנִי נָא מִיַּד אָחִי, מִיַּד עֵשָׂו:  כִּי-יָרֵא אָנֹכִי, אֹתוֹ--פֶּן-יָבוֹא וְהִכַּנִי, אֵם עַל-בָּנִים

Hatsileni-na miyad a’hi miyad Esav

Sauve-moi de la main de mon frère de la main d’Esaü

ki-yare anochi

Car j’ai peur de lui

oto pen-yavo vehikani

De peur qu’il ne vienne et me frappe

em al-banim.

La mère sur les enfants.

 

Je vous donne un enseignement important:

Ces deux camps-là sont les enfants de Léah d’abord et les enfants de Rachel en second. Voilá comment Jacob a divisé son camp en deux. On retiendra que c’est purement et simplement une stratégie militaire.

 

Retour en arrière avec les derniers versets de la Sidra précédente :

Après avoir conclu un pacte avec Laban Jacob reprend son chemin :

 

Verset 2 et 3 chapitre 32 :

וְיַעֲקֹב, הָלַךְ לְדַרְכּוֹ; וַיִּפְגְּעוּ-בוֹ, מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים

וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב כַּאֲשֶׁר רָאָם, מַחֲנֵה אֱלֹהִים זֶה; וַיִּקְרָא שֵׁם-הַמָּקוֹם הַהוּא, מַחֲנָיִם

 

VeYa'akov halach ledarko vayifge'ou-vo mal'achey Elohim

Et Jacob alla sur son chemin, le rencontrèrent (comme on rencontre quelqu’un subitement) des anges de Dieu

Vayomer Ya'akov ka'asher ra'am

machaneh Elohim zeh

vayikra shem-hamakom hahou Machanayim.

Et dit Jacob quand il les vit :

« C’est un camp de Dieu »

et il appela le nom de cet endroit les camps.

 

Ma’haneh dans sa forme duelle : ma’hanayim

Dans le ciel il y avait deux camps et sur terre il y a avait deux camps . Je vais essayer de vous montrer le parallèle entre ces deux camps. Qui sont ces anges  dont Yaaqov perçoit qu’ils sont de deux sortes ?

 

Rashi sur le verset 32:2: וַיִּפְגְּעוּ בוֹ מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים

מַלְאָכִים שֶׁל אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל בָּאוּ לִקְרָאתוֹ לְלַוּוֹתוֹ לָאָרֶץ

Et le rencontrèrent les anges de Dieu…

Des anges d’Erets Israël sont venus à sa rencontre pour l’y accompagner (Beréchith raba 74).

Les anges tutélaires d’Erets Israël vont à sa rencontre.

 

Rashi sur verset 3:  מַחֲנָיִם

שְׁתֵּי מַחֲנוֹת שֶׁל חוּצָה לָאָרֶץ שֶׁבָּאוּ עִמּוֹ עַד

Deux camps, [le mot ma‘hanayim étant au duel] : les anges de l’extérieur du pays qui étaient venus avec lui jusque là, et ceux d’Erets Israël qui s’étaient portés à sa rencontre (Midrach tan‘houma Wayichla‘h).

 

Les anges de ‘Houts Laarets l’ont accompagné  jusqu’à la frontière et les anges d’Erets viennent à sa rencontre.

 

Lorsque Jacob rentre en Israël, à ce moment-là il y a deux camps d’anges qui se rencontrent.

Les Malakhim de ’Houts Laarets et les Malakhim d’Erets Israël. Or, sur ce même modèle, pour des raisons apparemment différentes, Jacob est obligé de diviser son propre camps en deux camps.

 

En haut, c’est Ma’hanayim duel au masculin pluriel: Lashon Zakhar.

En bas, c’est Ma’hanot au féminin pluriel : Lashon Nouqvah.

 

La différence d’après le Zohar, c’est que Ma’hanayim bien qu’il y ait deux camps là-haut, les anges sont unis. Mais en bas, c’est vraiment désuni.

 

Or, on finira par diagnostiquer que cette typologie des enfants de Léah c’est la descendance de Jacob en Erets Israël, alors que la typologie des enfants de Rachel c’est la descendance des enfants de Jacob en dehors d’Erets Israël. Yossef et Binyamin. C’est quand Binyamin devient sioniste si j’ose dire que le Mashia’h arrive (coïncidence c’est le prénom de Herzl !). Binyamin joue un très grand rôle dans le temps messianique du retour de l’exil. Je vous en parlerais la prochaine fois : La naissance de Binyamin dans l’histoire de la famille de Jacob, ce qu’il représente dans l’histoire messianique de fin d’exil....

 

Effectivement, nous savons que Rachel n’est pas enterrée  dans la caverne de Makhpelah mais à Bethle’hem, « sur le chemin de l’exil » dit le texte très clairement. Et le Midrash indique : Pour prier pour ses enfants dans l’exil.

 

C’est peut-être la raison pour laquelle les Juifs de l’exil  souhaiteraient que l’on rende Beit Le’hem aux Arabes de telle sorte que Rachel continue à prier pour eux, parce que maintenant Rachel est en Erets Israël, et il n’y plus de protection des Juifs de la Galout.

Lorsque Biniamin revient alors c’est la fin de l’exil. C’est vraiment un moment d’identité important.

 

Noua allons reprendre : cette dualité des 2 camps nous renvoie à la dualité qui est une coupure, une fracture d’identité du peuple de Jacob instauré dans l’histoire en tant que nation : une rupture entre deux manières d’être enfant de Jacob radicalement différentes :

Les enfant de Léa - Erets Israël.

Les enfants de Rachel -  Galout. 

 

La société d’Israël a plusieurs lignes de fracture possible, mais celle-ci est l’une des principales. Et puisque cette typologie nous est donnée sur cette ligne-là c’est peut-être la plus grave.

 

Je vous donne les deux autres qui correspondent ensemble aux trois dimensions d’identité d’Israël :

Au niveau Am Israël la fracture est entre les tribus. De notre temps nous vivons l’affrontement Sefardim-Ashkenazim mais c’est très compliqué, il y a douze tribus en Israël. Ce n’est pas simplement deux tribus, les Séfardim et Ashkénazim se divisent en plusieurs tribus… c’est très compliqué. Il y a une ligne de fracture au niveau du peuple par les tribus.

Au niveau de Torat Israël : il y a une ligne de fracture entre ceux qui sont pour la Torah et ceux qui sont contre ceux qui sont pour (ils ne sont pas contre la Torah).

Au niveau de Erets Israël : c’est la 3ème ligne de fracture peut-être la plus grave, au niveau de Erets Israël – entre Israël et la Diaspora.

 

Q : inaudible.

R : c’est à cause de VeYa'akov halach ledarko :c’est-à-dire quand quelqu’un s’en va en voyage on lui souhaite VeYa'akov halach ledarko , et qu’il rencontre des anges, un eproteciton, une providence as des malakhei ‘habala.

Le voyage est toujours dangereux. Les Juifs ont vécu cela. C’est très profond dans l’inconscient juif le traumatisme des voyages. Voir le quai de la gare de l’est pour les colonies de vacances juives. C’est spécial.

  

Plaidoyer de Jacob :

Je vais reprendre le plaidoyer de Jacob

On peut se demander la raison de sa peur puisqu’il sait que Dieu est Providence pour lui. Mais rattaché au problème général : il a peur parce que peut-être Jacob a un dossier qui peut plaider contre lui : lequel ?

 

D’après le Pshat, la peur de Jacob commence au verset 32:10

 

וַיֹּאמֶר, יַעֲקֹב, אֱלֹהֵי אָבִי אַבְרָהָם, וֵאלֹהֵי אָבִי יִצְחָק:  יְהוָה הָאֹמֵר אֵלַי, שׁוּב לְאַרְצְךָ וּלְמוֹלַדְתְּךָ--וְאֵיטִיבָה עִמָּךְ

Vayomer Ya'akov Elohey avi Avraham ve'Elohey avi Yitschak

Et Jacob dit : « Dieu de mon père Abraham et Dieu de mon père Isaac »

Et maintenant il se rappelle qu’il avait des parents à ‘Hévron, à Beer Shéva.

Adonay ha'omer elay

Hashem qui m’a dit (dans la fameuse vision à Béthel)

shouv le'artsekha ulemoladetekha ve'eytivah imakh

Reviens à ton pays et à ta patrie et Je te ferai du bien.

 

קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים, וּמִכָּל-הָאֱמֶת, אֲשֶׁר עָשִׂיתָ, אֶת-עַבְדֶּךָ:  כִּי בְמַקְלִי, עָבַרְתִּי אֶת-הַיַּרְדֵּן הַזֶּה, וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Katonti mikol hachasadim oumikol-ha'emet

Je suis trop petit de toutes les grâces

asher asita et-avdecha.

Que tu as faites à ton serviteur

ki vemakli avarti et-haYardenhazeh

Car c’est avec mon bâton que j’ai traversé ce Jourdain.

 

32 :12

הַצִּילֵנִי נָא מִיַּד אָחִי, מִיַּד עֵשָׂו:  כִּי-יָרֵא אָנֹכִי, אֹתוֹ--פֶּן-יָבוֹא וְהִכַּנִי, אֵם עַל-בָּנִים

Hatsileni-na miyad a’hi miyad Esav

Sauve-moi de la main de mon frère de la main d’Esaü

 

Jacob commence par dire la louange de Dieu, des remerciements : quand il est parti il avait simplement un bâton : le bâton du juif errant, et maintenant il est riche de deux camps.

Puisque j’ai la preuve de ta protection, alors j’ai encore une protection à te demander : « Sauve-moi de la main de Essav mon frère, j’ai peur qu’il me détruise… »Et là les deux versets sont vraimeents séparés. Indépendament de ce pshat, je vais vous donner une autre lecture en reliant tout simplement la fin du verset 11 et le début du verset 12 : 

 

Fin de verset 32:11:

וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

ve'atah hayiti lishney ma’hanot

Et maintenant je suis (devenu) deux camps

 

Cela suffit déjà pour montrer l’inquiétude de Jacob. Le fait qu’il y ait division dans Jacob : « de cela sauve-moi ! ». C’est une lecture drash.  

 

Et il n’y a pas de doute que c’est le diagnostic de la société juive : dès que se pose un problème quelconque important, la société juive se divise en deux ! Alors sauve-moi ! Cette division fait que Esaü peut être vainqueur.

 

Et je crois que dans la société israélienne en tant que société juive, c’était au paroxysme : cela ne peut pas fonctionner parce que dés qu’il faut décider il y en a  49% et 51% comme à la Knesset. Ce sont finalement les trois lignes de fractures, avec la plus dangeureuse qui est la ligne de fracture entre Israël et la diaspora.

 

Cette division qui met en question aux yeux de l’ange d’Esaü finalement le droit du peuple juif à retourner sur sa terre. Esaü peut quant à lui toujours plaider qu’Israël n’est pas d’ici mais de là-bas...

En s’aidant des statistiques : « Comment affirmer qu’il s’agit de votre terre alors que 4/5 de votre peuple se trouve mieux ailleurs ? »

 

Voilà, il suffit de le formuler de cette manière. Et on voit bien que les événements que nous vivons

Lorsque cela se dévoile au niveau des événements nous permettent de comprendre le texte et réciproquement.

 

Or, il y a quand même plus, c’est le fait que Jacob dans son plaidoyer même indique quelle est sa ligne de faiblesse.

Revenons donc au verset 32:5 :

 

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Vayetsav otam lemor koh tomrun ladoni le-Esav koh amar avdecha Ya'akov im-Lavan garti va'echar ad-atah.

 

C’est le message qu’il envoie à Esaü :

 

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Vayetsav otam lemor

Et il  leur prescrit en disant

koh tomrun ladoni le-Esav

Ainsi vous direz à mon Seigneur à Esaü

 im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent.

 

וַיְהִי-לִי שׁוֹר וַחֲמוֹר, צֹאן וְעֶבֶד וְשִׁפְחָה; וָאֶשְׁלְחָה לְהַגִּיד לַאדֹנִי, לִמְצֹא-חֵן בְּעֵינֶיךָ

Vayehi-li shor vachamor tson ve'eved veshifkhah

 va'eshlechah lehagid ladoni limtso-chen be'eyneykha.

 

Rashi : Ne crois pas que cela me vient de la bénédiction que tu prétends que je t’ai prise, tout cela me vient de mon travail...

 

עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent.

 

C’est ce verset qui explique cette grande terreur du verset 8 auquel j’ai fait allusion tout à l’heure.  

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent.

Nous avons deux Midrash. Parce que là encore deux informations que nous connaissions déjà :

Premiérement le fait que Jacob avait séjourné chez Laban, c’est la parashah de la semaine dernière. Et on sait très bien qu’il a tardé jusqu’á présent ! Et avec une grande patience Esaü l’attendait. Il sait qu’il arrive. Il est prêt. Peut-être si Jacob était revenu plus tôt la légion jordanienne n’aurait pas été sur pied, enfin je veux dire l’armée d’Esau…  Imaginez que les Juifs soient revenu deux siècles avant. Il n’y aurait peut-être pas eu de ligue arabe à ce moment-là. Enfin, c’est un autre problème, mais c’est le problème de Jacob et Esaü antique.

 

Rashi :

Rashi sur Im Laban Garti :

גַּרְתִּי

לֹא נַעֲשֵׂיתִי שָׂר וְחָשׁוּב אֶלָּא גֵּר אֵינְךָ כְּדָאי לִשְׂנוֹא אוֹתִי עַל בִּרְכוֹת אָבִיךָ שֶׁבֵּרְכָנִי הֱוֵה גְּבִיר לַאֲחֶיךָ שֶׁהֲרֵי לֹא נִתְקַיְּמָה בִּי. דָּבָר אַחֵר גַּרְתִּי בְּגִימַטְרִיָּא תַּרְיָ"ג כְּלוֹמָר עִם לָבָן הָרָשָׁע גַּרְתִּי וְתַרְיָ"ג מִצְוֹת שָׁמַרְתִּי וְלֹא לָמַדְתִּי מִמַּעֲשָׂיו הָרָעִים

 

J’ai séjourné : Je n’y suis devenu ni un prince ni un notable, mais j’y suis resté un étranger, [le mot garti, (« j’ai séjourné ») étant de la même racine que guér (« étranger »)]. Tu n’as plus aucune raison, par conséquent, de me haïr à cause de la bénédiction que m’a donnée ton père : « sois un chef pour tes frères » (supra 27, 29), car elle ne s’est pas réalisée (Midrach tan‘houma Wayichla‘h 5). Autre explication : La valeur numérique des lettres de garti est six cent treize, comme si Ya‘aqov avait voulu dire : Tout en séjournant chez Lavan l’impie, j’ai continué d’observer les six cent treize commandements et je n’ai pas suivi ses mauvais exemples.

« Garti : en réalité cette information véhicule une information importante, un plaidoyer : Im Laban Garti j’ai séjourné chez Laban. Le verbe Garti c’est un verbe que vous connaissez Lagour, cela veut dire séjourner comme un étranger Guer. Et le Midrash que cite Rashi dit : « ne crois pas que je sois devenu prince important mais je suis resté Guer métèque ».

Cela veut dire dans son plaidoyer : « Je n’ai jamais oublié Erets Israël et ne me suis jamais cru chez moi chez Laban… »

Et par conséquent, tu n’a pas à me haïr  à cause des bénédictions de ton père que ton père m’a donné parce qu’il m’avait dit « Sois Guévir sur ton frère » mais je n’ai pas été Guévir, j’ai été Guer cela ne s’est pas réalisé pour moi…

Guévir ce n’est pas « noble ». Etymologiquement le mot de « baron » vient de guibor. Alors c’est dans le sens de baron dans l’ancien français. Il lui dit : « Je n’ai pas été Guévir, j’ai été Guér ! ».

 

J’ai entendu une fois un très joli ‘Hidoush là-dessus : Mon père m’a béni pour être Guévir, mais je n’ai été que Guer dit Rashi : Guévir – Guer. Jacob dit qu’il a été béni par Guévir mais le Bi de Guévir ne s’est pas réalisé…

 

Première explication du Midrash cité par Rashi : « j’ai séjourné chez Laban » cela veut dire « j’ai été Guer » lis mon histoire j’ai été métèque et dans les ghettos pendant 2000 ans donc Esaü n’a aucune raison de jalouser son frère. On retrouve le plaidoyer de l’Agence Juive à l’ONU...

 

Deuxième explication de Rashi : Garti begematria Tariag = 613 mitsvot.

Une allusion à Essav : « non seulement je ne suis pas devenu prince de cet endroit mais j’ai gardé les 613 commandements, et bien que ce soit chez Laban le méchant et je n’ai pas appris de ces mauvaises conduites... »

 

Dans les dimensions de ce Midrash que cite Rashi il y a quelque chose de très important. Je vais vous l’expliquer directement comme le Ben Ish ‘Haï l’a expliqué:

Se dévoile ici un plaidoyer de Jacob qui va aller jusqu’au moment de la lutte avec l’ange, où l’ange va être obligé de lui reconnaître le nom d’Israël.

 

Ben Ish ‘Haï indique:

Yaaqov c’est le principe du peuple d’Israël, Am ce peuple doit passer au niveau Israël mais pour cela il faut qu’il mérite deux autres dimensions. Or, rappelez-vous ici cette dimension Guer à travers l’explication de Rashi: la dimension Guer signifie qu’il a gardé son identification par Erets Israël. Or finalement c’est au temps du roi David que cette souveraineté politique sur Erets Israël sera en fin obtenue. D’autre par ce que dit Jacob : non seulement je fais partie d’Erets Israël mais j’ai gardé la Torah. Et la Torah c’est Mosheh qui l’a donné. Alors voilà ce que dit le Ben Ish ‘Haï :

Jacob c’est le peuple, Am Israël.

David c’est la terre, Erets Israël.

Mosheh c’est la Torah.

Et c’est l’identité qui fait que Jacob devient Israël : Am Israël, Erets Israël, Torat Israël.

Le Ben Ish ‘Haï nous le montre avec le procédé cabaliste habituel de la guématria. Et dans ce cas-là, vous allez le comprendre par vous-même, i ne peut pas y avoir de coïncidences de ce genre ce n’est pas possible :  

Yaaqov + David + Mosheh = Israël

182 + 14 + 345 = 541

 

Nn seulement c’est comme cela comme 2+2 font 4 mais c’est aussi ce que dit le Midrash cité par Rashi : Jacob dit à Esaü quelque soit tes prétentions : premiérement je suis resté Guer et deuxièmement j’ai toutes les Mitsvot. Cela veut dire : moi Jacob et donc fidèle à Am Israël, je suis resté Guer et donc fidèle à la terre, et j’ai gardé les 613 mitsvot et donc fidèle à la Torah

Jacob + David + Mosheh = Israël...

C’est si vous voulez le point de force de Jacob devenant Israël.

Quelle était alors son inquiétude ?

C’est dans le même verset.

 

im-Lavan garti va'e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent

 

J’ai tardé jusqu’à présent…

Il avoue que quelque soit les mérites dont il peut se prévaloir quant à la promesse que Dieu lui avait faite au moment où il est parti, il y a une faille: peut-être que le mérite ne va pas lui être imputé. Pourquoi ? Parce qu’il a tardé !

 

La Guémara de [Sanhedrin 68b - Brakhot 4a] :  

« Et Jacob eut très peur… » Rabbi Yaaqov met en évidence une contradiction entre deux versets :

Dieu dit à Jacob : « tu peux partir, Je suis avec toi et Je te préserverai là où tu iras ».

Ici il a très peur ? Réponse : la peur que la faute invalide le mérite. Quelle faute ?

C’est ici que cette faute se dévoile : c’est-à-dire que la consigne était de partir et de revenir tout de suite dès que possible. Mais voilà que Jacob lui-même va s’avouer son retard dans une expression précise : « j’ai tardé ». Il aurait pu employé une toute autre expression mais il dit sous forme d’aveu : « j’ai tardé ! ». On tarde toujours par rapport à une certaine date, c’est évident !

C’est très éclairant : cette peur de Jacob dans cette rencontre, elle vient de ce retard. Et c’est très lié avec ces Ma’hanot ces deux camps...
…/…

lire la suite ici 

 

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