http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayichlah_serie_1986/cours_1
Face B
…/…
Parfois, on voit de petits pays tenir face à de grands pays parce que l’ange du grand pays a été battu là-haut. L’exemple de la Finlande tenant tête à l’empire soviétique : tout se passe comme si ce pays avait un mérite céleste plus grand que cet énorme empire. Les Français avaient gagné la guerre d’Algérie sur le terrain, mais l’ont perdue parce qu’ils n’étaient pas sûr d’avoir raison.
S’il y a un effondrement de la conscience du bon droit, alors cela signifie que l’ange là-haut est vaincu là-haut, et la guerre sur le terrain est perdue même si elle était gagnée. Objectivement, on pourrait plaider le dossier inverse, que les Français n’avaient pas raison de faire la guerre d’Algérie, et qu’ils l’ont perdu parce que leur Sar ne voulait pas la gagner. Et Finalement leur Sar s’est incarné chez De Gaulle, il était leur Goël mais ils ne s’en rendaient pas compte…
Q : inaudible
R : Non, Jacob ne retourne pas chez son frère, mais il retourne chez lui sachant que son frère va le rencontrer en chemin pour l’en empêcher. Esaü n’est pas chez lui dans le pays d’Israël dans lequel Jacob revient. Esaü est chez lui à Séir, à Edom, mais il prétend que cette terre est sa terre sainte. Alors il se met en chemin.
L’exemple de typologie que je vous donnerais c’est ce que nous avons vécu en 1948, avec la ligue arabe ici à la tête de laquelle se trouvaient les britanniques. Il y avait une alliance entre Essav et Ishmaël. Jacob revient chez lui après 2000 ans d’exil dans l’hémisphère nord du monde civilisé et il trouve en chemin son frère qui l’attend avec la légion jordanienne. On va le voir dans un verset ultérieurement.
Q : Edom = Rome et la chrétienté, et les Britanniques ?
R : les Britanniques représentent une des dimensions de Rome.
A deux niveaux :
- l’identité chrétienne, la conscience chrétienne est née, lors d’une alliance entre Rome et les Iduméens qui occupaient la Judée. C’était au temps de la fin du deuxième temple. Au temps d’Hérode roi de Judée avait fait une alliance avec Rome. Il y avait l’armée romaine sur place qui était les alliés des Iduméens qui occupaient le pays de la Judée. C’est dans ce contexte lá que la conscience chrétienne est née, dans une alliance d’identité entre Rome et Edom. C’est pourquoi la tradition a diagnostiqué dans la civilisation romaine le potentiel de la civilisation de Edom-Esaü le frère jumeau de Jacob. C’est au niveau historique indéniable : l’identité de ce romain qui se prend pour Israël est née au temps où les Iduméens occupaient la Judée sous protection des Romains.
- Au point de vue typologique même théologique, ce frère de Jacob qui n’est pas Jacob et qui se prétend être Israël, dans l’histoire c’est l’Eglise chrétienne. Par conséquent, c’est bien dans cette manière d’être homme qu’est l’empire romain, d’abord dans sa première phase de Rome païenne et dans sa deuxième phase de la Rome chrétienne, et depuis tous les satellites de Rome – les sociétés de droit romain – la civilisation occidentale dont la religion est la religion chrétienne. Que les occidentaux soient chrétiens ou pas, pratiquants ou pas, croyants ou pas, ils sont cette civilisation-là. Les marxistes de Russie sont tout autant Rome que les fanatiques catholiques de Varsovie : tout cela c’est Rome dans toutes ces dimensions. Ils ont d’ailleurs peut-être inconsciemment repris le même emblème d’Esaü, la couleur rouge. Il y a une science des symboles de l’imaginaire individuel et collectif des sociétés : la science de l’héraldique. C’est très frappant de voir que les mêmes conduites se réclament des mêmes symboles. Vous avez par exemple dans le commentaire d’Abrabanel sur Isaïe, et déjà au temps de la Guémara, et la Mishna mëme : Edom est identifié à Rome. Il y a une projection de l’identité Edom sur l’identité Rome. Effectivement, nous voyons que dans l’histoire c’est ainsi que cela s’est concrétisé. Les Chrétiens sont pris d’angoisse de découvrir que leur situation dans le récit biblique n’est pas du tout celle d’Israël mais celle d’Esaü. Il y a ensuite oubli par phénomène de refoulement inévitable - sorte de soupape de sûreté de la conscience – sinon ils seraient pris de vertige de se découvrir perdus.
***
Dès le 1er verset nous avons ce double registre :
32:5
וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו: כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה
Vayetsav otam lemor koh tomrun ladoni le-Esav koh amar avdecha Ya'akov im-Lavan garti va'echar ad-atah.
Vayetsav otam lemor
Et il leur prescrit en disant
koh tomrun ladoni le-Esav
Ainsi vous direz à mon Seigneur à Esaü.
Cela s’hypertrophie. C’est là que l’on commence à mieux percevoir le double discours :
ladoni c’est en-haut.
le-Esav c’est en-bas.
koh amar avdekha Ya'akov
ainsi a dit ton serviteur Jacob
Avdekha c’est en-haut.
Ya'akov c’est en-bas.
im-Lavan garti va'e’har ad-atah.
J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent...
Il y a une sorte de double stratégie : Jacob doit lutter simultanément contre Esaü sur terre et aussi contre l’ange tutélaire d’Esaü dans le ciel. Et tant que l’ange tutélaire d’Esaü dans le ciel n’est pas vaincu, alors Esaü sur terre ne peut pas l’être. Jacob n’a pas peur d’Esaü sur terre mais ce dont il a peur c’est d’Esaü au ciel.
Il a une espèce de doute secret - peut-être Esaü a-t’il raison ? - qui lui donne la force du génie là-haut. Le mot français de « génie » recouvre très bien le sens du mot hébreu Sar. Il y a le sens du mot génie de la magie, djinn en arabe, et puis le génie d’une nation. Le génie d’une nation c’est lui qui est en jeu dans les conflits d’identité. Effectivement, il n’y a pas de doute que l’histoire juive témoigne de cela, qu’il y a dans la descendance de Jacob cette fascination pour l’autre : peut-être a-t’il raison ?
On ne trouve pas ce complexe dans les sociétés jives du monde de l’islam. Les musulmans ne disputent pas à Israël son identité d’Israël mais lui disputent sa terre. Ishmaël ne se prétend pas être Israël. Tandis que Esaü lui disputent son identité. Les Juifs qui ont vécu en univers chrétien, les Ashkénazim en dominante, n’ont donc pas eu la même problématique que les Séfardim vivant dans l’environnement musulman. Dans la conscience séfarade, il n’y pas ce doute d’identité comme dans la conscience ashkénaze où il y a ce traumatisme de l’environnement extérieur. « Peut-être est-ce lui qui est Israël ? »
On ne peut pas ne pas être admiratifs quelques soient les plumes qu’on y a laissé de voir ces communautés traverser 2000 ans d’histoire chrétienne et rester juives. Elles ont du secrêté des anticorps pour cela, carapce de protection par rapport à la foi chrétienne qui finalement a distillé un athéïsem juif qui est venu de là. J’explique le mécanisme : « si croire en Dieu c’est croire en Dieu comme les chrétiens je préfère être athée ! » Voilá grosso modo si vous voulez très schématiquement l’origine de l’athéïsem ashkénaze.
Les philosophes les penseurs juifs ashkénazes ont une espèce de coquetterie d’athéisme. On trouve cela dans tous leurs livres contemporains,. Dès qu’ils sont sortis des ghettos : coquetterie d’athéïsme qui s’explique aussi comme cela pour se démarquer de la foi, or la foi est chrétienne. Et la foi chrétienne c’est tellement idolâtre qu’ils choisirent l’athéisme. Mais ceci dévoile quand même que l’athéisme en milieu chrétien pour les Juifs c’est parfois aussi grave que la conversion au christianisme. Parce que c’est l’envers de la médaille sainte. Cet environnement là et la problématique qu’il représente a finalement déjudaïsé énormément d’intellectuels juifs.
Je crois que le modèle de cette identité que je tente de cerner ici cela restera Kafka : le labyrinthe de l’identité. Qui suis-je ? Vous n’aurez jamais de Kafka Séfardi, il n’aurait jamais pu être séfardi. Sauf maintenant où l’on trouve des Séfardim avec la problématique ashkénaze. C’est un problème qui n’est pas fini. Très tôt la tradition a diagnostiqué cela : cela se passe à Rome.
La rivalité de l’islam vis-àa-vis d’Israël ne concerne par l’identité théologique. Le musulman Ishmaël sait très bien que c’est Israël qui est Israël. Il n’a aucun problème théologique avec Israël. Il ne lui conteste pas son identité d’Israël, mais il lui refuse une plac esu terre, il lui refuse son autonomie politique. Les Chrétiens c’est l’inverse : ils aménagent une place sur terre mais pas au ciel. Les chrétiens ont pris le ciel, les musulmans pris la terre, et comme je le dis souvent il nous est resté l’horizon. Je crois effectivement que cela explique le je juif de l’exil. Le Juif de l’exil a toujours été un être à l’horizon. C’est aussi une dimension de survie. Il y a une expérience que nous sommes peut-être le seul peuple au monde à avoir vécu : le fait d’avoir été le peuple de l’horizon, le peuple du voyage. Cela a notablement enrichi l’expérience de l’âme juive mais ce n’est pas notre condition naturelle. Alors finalement un jour on a décidé de revenir sous le ciel de notre terre. Et pour cela il fallait arriver sur la terre de notre ciel. Et puis le monde entier se demande ce qui arrive ! Cette chose inouïe qu’Israël rentre chez lui...
Sa stratégie de guerre consista au retour des envoyés lui annonçant qu’Esaü venait à sa rencontre avec 400 hommes de guerre :
32:8
וַיִּירָא יַעֲקֹב מְאֹד, וַיֵּצֶר לוֹ; וַיַּחַץ אֶת-הָעָם אֲשֶׁר-אִתּוֹ, וְאֶת-הַצֹּאן וְאֶת-הַבָּקָר וְהַגְּמַלִּים--לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת
Vayira Ya'akov me'od vayetser lo vayachats et-ha'am asher-ito ve'et-hatson ve'et-habakar vehagmalim lishneh machanot.
Vayira Ya'akov me'od
Et Jacob eut très peur
vayetser lo
Il fut dans l’angoisse
vayachats et-ha'am asher-ito
Et il divisa le peuple avec lui
ve'et-hatson ve'et-habakar vehagmalim lishneh machanot.
Ainsi que tous les troupeaux en deux camps.
32 :9
וַיֹּאמֶר, אִם-יָבוֹא עֵשָׂו אֶל-הַמַּחֲנֶה הָאַחַת וְהִכָּהוּ--וְהָיָה הַמַּחֲנֶה הַנִּשְׁאָר, לִפְלֵיטָה
Vayomer im-yavo Esav el-hamachaneh ha'achat vehikahu
Il dit : Si Esaü vient contre le 1er des deux camps et le frappe
vehayah hamachaneh hanish'ar lifleytah
Le camp restant sera rescapé.
On retrouve tout à fait le plaidoyer des Juifs de diaspora. Si jamais cela ne va pas en Israël on est ici la réserve…
Un Midrash nous explique que c’est ce que les Juifs de Babel disaient des Juifs de Jérusalem : si l’ennemi vient détruire Israël les Juifs de Babel seront les rescapés...
Alors ensuite Jacob prie :
32 :10
וַיֹּאמֶר, יַעֲקֹב, אֱלֹהֵי אָבִי אַבְרָהָם, וֵאלֹהֵי אָבִי יִצְחָק: יְהוָה הָאֹמֵר אֵלַי, שׁוּב לְאַרְצְךָ וּלְמוֹלַדְתְּךָ--וְאֵיטִיבָה עִמָּךְ
Vayomer Ya'akov Elohey avi Avraham ve'Elohey avi Yitschak Adonay ha'omer elay shuv le'artsecha ulemoladetecha ve'eytivah imach
Vayomer Ya'akov Elohey avi Avraham ve'Elohey avi Yitschak
Et Jacob dit Dieu de mon père Abraham et Dieu de mon père Isaac
Adonay ha'omer elay
Hashem qui m’a dit (dans la fameuse vision à Béthel)
shouv le'artsekha ulemoladetekha ve'eytivah imakh
« Reviens à ton pays et à ta patrie et Je te ferai du bien ».
32 :11
קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים, וּמִכָּל-הָאֱמֶת, אֲשֶׁר עָשִׂיתָ, אֶת-עַבְדֶּךָ: כִּי בְמַקְלִי, עָבַרְתִּי אֶת-הַיַּרְדֵּן הַזֶּה, וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת
Katonti mikol hachasadim oumikol-ha'emet
Je suis trop petit de toutes les grâces
asher asita et-avdecha.
Que tu as faites à ton serviteur
ki vemakli avarti et-haYardenhazeh
Car c’est avec mon bâton que j’ai traversé ce Jourdain
ve'atah hayiti lishney ma’hanot
Et maintenant je suis (devenu - sous-entendu tellement riche que j’ai) deux camps.
Regardez un peu l’humour noir de Jacob !
Pourquoi a-t’il deux camps ? Parce qu’il a dû séparer pour essayer d’avoir des rescapés ! Et maintenant il rend grâce à Dieu en disant : « je sais que Tu m’as protégé puisqu’en traversant le Jourdain pour m’enfuir je n’avais que mon bâton et voilà que je reviens avec 2 camps... et donc la promesse s’est accomplie ». Vous voyez la dimension d’humour là-dedans !
32 :12
הַצִּילֵנִי נָא מִיַּד אָחִי, מִיַּד עֵשָׂו: כִּי-יָרֵא אָנֹכִי, אֹתוֹ--פֶּן-יָבוֹא וְהִכַּנִי, אֵם עַל-בָּנִים
Hatsileni-na miyad a’hi miyad Esav
Sauve-moi de la main de mon frère de la main d’Esaü
ki-yare anochi
Car j’ai peur de lui
oto pen-yavo vehikani
De peur qu’il ne vienne et me frappe
em al-banim.
La mère sur les enfants.
Je vous donne un enseignement important:
Ces deux camps-là sont les enfants de Léah d’abord et les enfants de Rachel en second. Voilá comment Jacob a divisé son camp en deux. On retiendra que c’est purement et simplement une stratégie militaire.
Retour en arrière avec les derniers versets de la Sidra précédente :
Après avoir conclu un pacte avec Laban Jacob reprend son chemin :
Verset 2 et 3 chapitre 32 :
וְיַעֲקֹב, הָלַךְ לְדַרְכּוֹ; וַיִּפְגְּעוּ-בוֹ, מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים
וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב כַּאֲשֶׁר רָאָם, מַחֲנֵה אֱלֹהִים זֶה; וַיִּקְרָא שֵׁם-הַמָּקוֹם הַהוּא, מַחֲנָיִם
VeYa'akov halach ledarko vayifge'ou-vo mal'achey Elohim
Et Jacob alla sur son chemin, le rencontrèrent (comme on rencontre quelqu’un subitement) des anges de Dieu
Vayomer Ya'akov ka'asher ra'am
machaneh Elohim zeh
vayikra shem-hamakom hahou Machanayim.
וַיֹּאמֶר, יַעֲקֹב, אֱלֹהֵי אָבִי אַבְרָהָם, וֵאלֹהֵי אָבִי יִצְחָק: יְהוָה הָאֹמֵר אֵלַי, שׁוּב לְאַרְצְךָ וּלְמוֹלַדְתְּךָ--וְאֵיטִיבָה עִמָּךְ
Vayomer Ya'akov Elohey avi Avraham ve'Elohey avi Yitschak
Et Jacob dit : « Dieu de mon père Abraham et Dieu de mon père Isaac »
Et maintenant il se rappelle qu’il avait des parents à ‘Hévron, à Beer Shéva.
Adonay ha'omer elay
Hashem qui m’a dit (dans la fameuse vision à Béthel)
shouv le'artsekha ulemoladetekha ve'eytivah imakh
Reviens à ton pays et à ta patrie et Je te ferai du bien.
קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים, וּמִכָּל-הָאֱמֶת, אֲשֶׁר עָשִׂיתָ, אֶת-עַבְדֶּךָ: כִּי בְמַקְלִי, עָבַרְתִּי אֶת-הַיַּרְדֵּן הַזֶּה, וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת
Katonti mikol hachasadim oumikol-ha'emet
Je suis trop petit de toutes les grâces
asher asita et-avdecha.
Que tu as faites à ton serviteur
ki vemakli avarti et-haYardenhazeh
Car c’est avec mon bâton que j’ai traversé ce Jourdain.
32 :12
הַצִּילֵנִי נָא מִיַּד אָחִי, מִיַּד עֵשָׂו: כִּי-יָרֵא אָנֹכִי, אֹתוֹ--פֶּן-יָבוֹא וְהִכַּנִי, אֵם עַל-בָּנִים
Hatsileni-na miyad a’hi miyad Esav
Sauve-moi de la main de mon frère de la main d’Esaü
Puisque j’ai la preuve de ta protection, alors j’ai encore une protection à te demander : « Sauve-moi de la main de Essav mon frère, j’ai peur qu’il me détruise… »Et là les deux versets sont vraimeents séparés. Indépendament de ce pshat, je vais vous donner une autre lecture en reliant tout simplement la fin du verset 11 et le début du verset 12 :
וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת
ve'atah hayiti lishney ma’hanot
Et maintenant je suis (devenu) deux camps
Cela suffit déjà pour montrer l’inquiétude de Jacob. Le fait qu’il y ait division dans Jacob : « de cela sauve-moi ! ». C’est une lecture drash.
Et il n’y a pas de doute que c’est le diagnostic de la société juive : dès que se pose un problème quelconque important, la société juive se divise en deux ! Alors sauve-moi ! Cette division fait que Esaü peut être vainqueur.
Et je crois que dans la société israélienne en tant que société juive, c’était au paroxysme : cela ne peut pas fonctionner parce que dés qu’il faut décider il y en a 49% et 51% comme à la Knesset. Ce sont finalement les trois lignes de fractures, avec la plus dangeureuse qui est la ligne de fracture entre Israël et la diaspora.
Cette division qui met en question aux yeux de l’ange d’Esaü finalement le droit du peuple juif à retourner sur sa terre. Esaü peut quant à lui toujours plaider qu’Israël n’est pas d’ici mais de là-bas...
En s’aidant des statistiques : « Comment affirmer qu’il s’agit de votre terre alors que 4/5 de votre peuple se trouve mieux ailleurs ? »
Voilà, il suffit de le formuler de cette manière. Et on voit bien que les événements que nous vivons
Lorsque cela se dévoile au niveau des événements nous permettent de comprendre le texte et réciproquement.
Or, il y a quand même plus, c’est le fait que Jacob dans son plaidoyer même indique quelle est sa ligne de faiblesse.
Revenons donc au verset 32:5 :
וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו: כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה
Vayetsav otam lemor koh tomrun ladoni le-Esav koh amar avdecha Ya'akov im-Lavan garti va'echar ad-atah.
C’est le message qu’il envoie à Esaü :
וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו: כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה
Vayetsav otam lemor
Et il leur prescrit en disant
koh tomrun ladoni le-Esav
Ainsi vous direz à mon Seigneur à Esaü
im-Lavan garti va'e’har ad-atah.
J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent.
im-Lavan garti va'e’har ad-atah.
J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent.
J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent.
Rashi sur Im Laban Garti :
גַּרְתִּי
לֹא נַעֲשֵׂיתִי שָׂר וְחָשׁוּב אֶלָּא גֵּר אֵינְךָ כְּדָאי לִשְׂנוֹא אוֹתִי עַל בִּרְכוֹת אָבִיךָ שֶׁבֵּרְכָנִי הֱוֵה גְּבִיר לַאֲחֶיךָ שֶׁהֲרֵי לֹא נִתְקַיְּמָה בִּי. דָּבָר אַחֵר גַּרְתִּי בְּגִימַטְרִיָּא תַּרְיָ"ג כְּלוֹמָר עִם לָבָן הָרָשָׁע גַּרְתִּי וְתַרְיָ"ג מִצְוֹת שָׁמַרְתִּי וְלֹא לָמַדְתִּי מִמַּעֲשָׂיו הָרָעִים
J’ai séjourné : Je n’y suis devenu ni un prince ni un notable, mais j’y suis resté un étranger, [le mot garti, (« j’ai séjourné ») étant de la même racine que guér (« étranger »)]. Tu n’as plus aucune raison, par conséquent, de me haïr à cause de la bénédiction que m’a donnée ton père : « sois un chef pour tes frères » (supra 27, 29), car elle ne s’est pas réalisée (Midrach tan‘houma Wayichla‘h 5). Autre explication : La valeur numérique des lettres de garti est six cent treize, comme si Ya‘aqov avait voulu dire : Tout en séjournant chez Lavan l’impie, j’ai continué d’observer les six cent treize commandements et je n’ai pas suivi ses mauvais exemples.
J’ai entendu une fois un très joli ‘Hidoush là-dessus : Mon père m’a béni pour être Guévir, mais je n’ai été que Guer dit Rashi : Guévir – Guer. Jacob dit qu’il a été béni par Guévir mais le Bi de Guévir ne s’est pas réalisé…
C’est dans le même verset.
im-Lavan garti va'e’har ad-atah.
J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent
J’ai tardé jusqu’à présent…