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14 mars 2010 7 14 /03 /mars /2010 10:13

Pessah la Hagada, l'être père et l'être fils (1987)

 

Mea Maron - Commentaire de la Hagadah du Rav Harlap

 

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/pessah_la_hagada_l_etre_pere_et_l_etre_fils/cours_1

Face A

 

J’ai choisi comme sujet d’étude sur la Hagada les passages où la Hagadah formule le dialogue entre les pères et les fils. Ce sont les passages des 4 enfants que vous connaissez. Et nous allons d’abord en introduction découvrir le sujet lui-même, ensuite nous aurons une première lecture habituelle classique de la catégorisation des 4 enfants, c’est-à-dire des 4 manières pour l’enfant le soir de Pessa’h de poser la question à ses parents pour comprendre ce qu’il y a de différent dans le destin des familles d’Israël : Mah Nishtana ? Qu’y a-t’il de différent ?

 

Et cela est bien sûr focalisé sur l’événement de commémoration de la sortie d’Egypte, puisque cet événement de la sortie d’Egypte est le principe fondateur de l’histoire d’Israël. S’il y a donc une spécificité, s’il y a une différence, suivant le sens de «Mah Nishtana ? », dans l’histoire et l’identité d’Israël, cela s’enracine bien évidemment dans  l’événement commémoré le soir de Pessa’h, c’est-à-dire l’événement fondateur de l’histoire d’Israël en tant que peuple : la sortie d’Egypte.

 

Et j’ai choisi pour l’étude proprement dite le commentaire de ces passage de la Hagadah par le rav Harlap (Rav Yaakov Mosheh Harlap) Talmid ’Haver du Rav A.I. Kook, qui a formulé cela de façon suffisamanent claire, et nous aurons là une deuxième catégorisation des 4 enfants.

 

Le sujet est ce dialogue entre les pères et les fils à propos de Pessa’h et l’objectif met en évidence ce qu’il y a de spécifique, de différent, dans l’identité d’Israël et dans son histoire.

 

Je me baserais dans cette introduction sur une remarque du Rav Harlap qui se relie à la Haftara que l’on lit le Shabat HaGadol. Le Shabat qui précède Pessa’h est nommé Shabat HaGadol car il se réfère à un événement important 4 jours avant Pessa’h : la préparation du sacrifice de Pessa’h (4 jours avant Pessa’h) aux vues et aux sus des Egyptiens. Et cet évènement est considéré dans la tradition comme un événement miraculeux que je voudrais vous expliquer brièvement :

 

Dans la sensibilité religieuse dans cette civilisation égyptienne, on adorait les forces divines représentées sous des formes animales. C’est à comprendre à un niveau plus profond au-delà de l’apparente idolâtrie primitive. Ils reconnaissaient dans les morphologies animales ce que qu’elles représentaient comme modèle de destin pour la vie humaine. Ces religions de l’antiquité reconnaissaient comme divinités ce qu’on pourrait appeler en langage moderne « les forces de la nature », mais à un niveau beaucoup plus profond que simpement ce que nous connaissons dans la mentalité scientifique contemporaine, les lois qui régissent les phenomènes, les lois de la nture. Ils avaient une sorte de diagnostic des forces cosmiques qui étaient en travail dans les phenomènes naturels eux-mêmes et qu’ils considéraient comme étant le dévoilement de la divinité. Cela a été une sensibilité religieuse qui a été très riche, c’est une culture païenne extrëmement riche à laquelle les modernes sont peu sensibles, incapables de diagnostiquer ce que pouvaient être la ferveur religieuse de ces paganismes de l’antiquité. Et cela a été effectivement une richesse culturelle considérable, mais dans une atmosphère de fatalisme. On considérait que la vie humaine était soumise à des lois du destin de la même manière que les objets inertes sont soumis aux lois impersonnelles et déterminées que nous appellons « lois de la nature ». Ceci devrait être considérablement nuancé, mais enfin le terme qu’emploie les historiens des religions pour désigner ce  type de sensibilité religieuse que nous appelons païenne ou idolâtre est nommée l’astro-biologie.

 

C’est le terme consacré pour dire que les astres ont une influence sur l’histoire des êtres vivants, y compris l’homme. C’est cette sensibilité religieuse par rapport à laquelle Israël, lors de la sortie d’Egypte, va décrocher. Avec la révélation de la Torah se révélera un moment considérable de mutation dans la sensibilité religieuse de l’humanité : Ce n’est plus le destin qui est considéré comme étant la divinité mais c’est la Providence - une Volonté libre et qui juge la destinée de hommes d’après la loi morale. Il y a là une mutation radicale dans la sensibilité religieuse à ce moment-là. Elle n’est pas encore achevée si l’on considère l’histoire de l’humanité comme en cours d’évolution pour arriver à réussir cette mutation qui a commencé à la sortie d’Egypte. Elle a bien entendu été préparée par l’identité des Patriarches. Et nous suivons en filigrane ce qui se passe pour Israël en tant que peuple, en tant que société, à la sortie d’Egypte, mais nous le lisons déjà en filigrane dans l’expérience individuelle qui a été celle des Patriarches, Abraham, Isaac et Jacob. Et c’est le peuple de leur descendance qui va être le sujet principal de cette révolution religieuse considérable à l’échelle de l’humanité toute entière.

 

A la sortie d’Egypte, on sort et se déconnecte de l’influence astro-biologique, pour se retrouver comme sujet libre devant une Providence dont l’essentiel de la révélation de divinité est la loi morale.

 

Voici donc que la sensibilité religieuse des Égyptiens s’était habituée à considérer comme sacrées les formes de la vie, telles que représentées dans les espèces animales. Et c’est pourquoi les divinités reconnues par la conscience religieuse de cette civilisation étaient représentées sous des formes animales.

 

Or, voici que précisèment, Israël reçoit comme Mitsvah, comme commandement préparatoire à la sortie d’Egypte, le fait d’avoir à se préparer à sacrifier ce qui était considéré comme la divinité par les Égyptiens.

 

Il y a avait donc là un élément de provocation à cette sensibilité égyptienne dans cette préparation qu’il faut mettre en évidence : il y a eu un courage considérable de la part de ce peuple encore soumis à l’esclavage qui aux vues et aux sus de leurs maîtres, les Égyptiens, prépare l’agneau du sacrifice de Pessa’h, l’agneau du sacrifice pascal. Lorsque les Égyptiens leur demandaient ce qu’ils allaient faire ces animaux, ils répondaient : « dans 4 jours nous allons sacrifier ce qui est considéré par vous comme divin ! »

 

C’était le 10 du mois de Nissan, cette année là c’était un Shabat. C’est pourquoi le Shabat qui précéde Pessa’h, lorsque la convergence du calendrier fait que lorsque le Shabat Hagadol tombe à nouveau un 10 Nissan, il y a une plus grande convergence. Certaines communautés ne retiennent que cette date pour le Shabat Hagadol dans toute sa plénitude liturgique. Mais dans la majorité des communautés il est cependant fêté même en dehors du 10 Nissan comme Shabat Hagadol.  

 

Il y a eu donc un grand miracle qui s’est produit : Les Égyptiens ont été attérés et pris de panique par ce courage des Hébreux, peuple esclave, et n’ont rien fait pour venger leur sensibilité religieuse ce jour-là. Il ne se passe rien du côté des Egyptiens et la sortie d’Egypte s’est déroulée 4 jours après dans les circonstances que vous savez.

 

Je ne sais pas si les générations contemporaines seraient capables du même courage de défi ?

Il y a dans la sensibilité juive contemporaine une espèce de vulnérabilité au « quand dira-t’on » des Goyim. Alors qu’à l’époque il n’y a eu aucune réticence. Pas sûr qu’aujourd’hui, dans le même contexte, on puisse trouver le même courage, la même attitude... on est plutôt attentif à l’ONU...etc.

 

La Haftarah lue lors du Shabat Hagadol est une Haftarah qui prévoit le jour de la fin des temps, de l’ultime délivrance de tous les exils, et donc avec soujacente l’idée de commencement des temps messianiques. Il est prévu dans ce texte que en ce temps-là, Eliyahou le prophète se révélera avec pour fonction la réconciliation entre les pères et les fils.

 

Le Rav Harlap établit un parallèle entre cette notion de base de la Haftarah de Shabat Hagadol – le lien entre les pères et les fils - et d’autre part ce moment essentiel de la liturgie de la Hagadah où va s’établir ce dialogue entre les pères et les fils concernant la question de l’enfant découvrant le caractère singulier de sa propre destinée.

 

Analyse du Rav Tsvi Yéhoudah Kook.

 

Avant de pénétrer dans l’analyse, je cite un des enseignements du Rav Tsvi Y. Kook mon maitre z’al. Parmi ces 4 enfants, un des 4 enfants est considéré comme Rashâ que l’on traduira une fois par le terme de méchant si vous voulez, c’est le révolté. Alors que les autres dans leur interrogation et dans leur interpellation à la génération précédente ont une attitude positive et leur question implique qu’ils attendent une réponse et qu’ils sont prêt à s’y relier positivement. La Rashâ est dans l’attitude de l’interpellation de révolte. Le Rav Kook mettait ceci en évidence: La Torah a prévu que l’enfant doive interroger. Il ne faut pas s’étonner si la génération qui n’a pas eu l’expérience des événements dont il est parlé doive normalement se demander : « Que se passe-t’il ? »

Et c’est même un devoir que la Torah prescrit pour le père d’avoir à répondre.

 

Au niveau de la pédagogie, très souvent la génération des pères a tendance à considérer comme négative et insolente et indécente cette attitude : comment se fait-il que l’enfant de la famille mette en question l’identité de la famille ? On perçoit cela comme l’attitude du Rashâ, du révolté, alors que le Rav et le verset l’indique nous montre que la Torah l’a prévu et que cela est normal et positif.

 

Le Rav nous montre que la Torah a prévu et que cela est normal. Cela est perçu comme l’attitude du Rashâ mais la torah a prévu que cela est normal. Si une de ces 4 attitudes des enfants, celle du Rashâ dans l’attitude de révolte devient négative c’est qu’il s’est passé quelque chose entre les parents et les enfants qui a conduit à cette attitude de révolte et qu’il faut élucider à priori.

 

Le Rav Kook analysait ainsi:

A l’âge de l’adolescence se produit une sorte de pudeur qui rend le dialogue entre les parents et les enfants très difficile. On n’ose pas parler de l’essentiel. Les conversations familiales entre parents et enfants de l’âge de l’adolescence sont dans une sorte de tabou et semble contourner l’essentiel de cet enfant dont la conscience est en train de s’éveiller à une destinée historique particulière. Et l’on ne peut pas nier que l’histoire juive de la dispersion a condamné les enfants juifs à savoir qu’ils étaient différents des autres. Et même maintenant que nous avons retrouvé une histoire nationale avec la nation d’Israël on ne peut pas nier que cela a changé de niveau avec la formule habituelle que vous connaissez : « Israël juif des nations », nous vivons à l’échelle nationale, ce que les Juifs ont vécu au niveau individuel dans l’exil des nations : l’humanité toute entiére d’un côté et nous de l’autre côté. C’est juste un changement de niveau.

 

L’enfant finalement  a un jour le courage de demander « que dois-je faire dans la vie ? » je le formule exactement comme je l’ai entendu du Rav Kouk. Et le père se trompe de réponse : Il lui répond : « Toi, tu sera avocat, médecin, ingénieur... »  Or, ce n’est pas ce que l’enfant a demandé !

J’espère avoir mis en évidence cette espéce de pudeur très délicate de l’adolescente, un tabou qui empêche de parler de l’essentiel. Comme s’il était indécent de parler dans le foyer familial du vrai problème : « Que sommes nous, nous les hommes et parmi les hommes que sommes-nous, nous les juifs ? Dites-nous vous les adultes à nous les enfants, expliquez-nous ! » Il y a une pudeur qui paralyse cela, un tabou.

 

Et finalement lorsque l’enfant a enfin le courage de dire et de demander de quoi il s’agit « Mah zot ?», il s’entend répondre dans une stratégie socio-économique du père soucieux d’assurer la promotion sociale de ses enfants, il n’entend pas la vraie question et donne une réponse qui finalement mène l’enfant à révolte. Le Rashâ est l’enfant qui n’a pas obtenu de réponse à sa question et se bloque dans l’attitude de révolte.

 

***

 

La phénoménologie de cette question qui reste mystérieuse chez les commentateurs :

Dans quelle famille juive y-a-t’il 4 sorte d’enfants ausi différents ? 

Un Hakham-sage, Un Tam-simple, un Rashâ-revolté et celui qui ne sait même pas qu’un question se pose et qu’il y a à la poser, qui ne sait même pas interroger.

 

Avant d’entrer plus avant dans l’analyse je citerais un enseignement provenant de la Kabalah, surtout véhiculé par l’enseignement de la ‘Hassidout, et qui nous apprend qu’il s’agit de la famille d’Abraham.

 

Dans la famille d’Abraham on trouve 4 personnages principaux en relation au problème de la révélation de la Torah :

 

1- Le ‘Hakham est Yitshaq. Sa question : que faut-il faire ? Il a ce présentiment que quelque chose a réussi dans l’histoire de la destinée mais que faut-il faire ? Remarquez immédiatement qu’il ne se pose pas une question au niveau du pourquoi, il ne pose pas de question métaphysique. Il se pose des questions au niveau du comment. Il a admis par postulat qu’il y a une signification à tout cela. Et même si on ne la connait pas, on va se mettre à l’abri du comportement qui a pour objet de faire réussir cette signification entrevue, présentie. La question métaphysique est, en dernière analyse, la question plus importante mais elle sera laissée de côté jusqu’au dernier moment où l’on pourra s’y mesurer. En attendant, il faut réussir ce qu’il y a à faire. Et par conséquent, la question du ‘Hakham c’est « Qui y-a-t’il à faire ? » C’est Isaac, et lorsque on analyse le profil d’identité d’Isaac dans la famille des Patriarches on sait qu’il est l’homme prêt à faire ce qu’il faut pour réussir même si c’est le sacrifice ultime. S’il y  a une  Aqédah, Yitshaq va jusqu’au sacrifice suprême : « S’il faut être le korban Pessa’h, je suis prêt ! » Comment faut-il réussir ce qu’il y a à réussir.

 

Exemple :

En ce qui concerne les Mitsvoth de l’ordre de la cacheroute, très souvent on se demande ce que cela signifie ? Pourquoi tout cela, quel est le sens de tout cela ? M’est arrivé l’image suivante : Imaginons un homme qui n’accepterait de manger que lorsqu’il saurait comment le tube digestif fonctionne ! Il mourrait de faim avant d’avoir commencer. Il faut donc se mettre à l’abri de l’acte pour arriver au niveau de cette question. De même pour le corps tout entier. Pour savoir comment il fonctionne et ce que cela signifie il faut avoir la science totale de l’univers pour pouvoir accepter de manger... Mais il faut d’abord manger ! C’est la même chose au niveau de la cacheroute.

 

2- Le Rashâ c’est un des deux fils d’Isaac, c’est Esaü. Lorsqu’on étudie le profil et la destinée du personnage d’Esaü on s’aperçoit qu’en tant que 1er né dans l’ordre naturel, il aurait été destiné à être le Kohen le prêtre dans sa propre famille, mais il ne veut pas de cet Avodah de ce service. Il méprise ce qu’on appelle en français le droit d’aînesse disant dans une philosophie pessimiste (la vie s’arrête avec la mort) 25.32 :

וַיֹּאמֶר עֵשָׂו, הִנֵּה אָנֹכִי הוֹלֵךְ לָמוּת; וְלָמָּה-זֶּה לִי, בְּכֹרָה

 « Et dit Esaü : Voici que je vais à la mort, à quoi me servirait l’aînesse… »

C’est très proche de l’attitude de l’enfant Rashâ : « Mah avodah hazot lakhem - Quel est ce service pour vous faites pour vous ? » Je n’en veux pas… Il se met en dehors.

 

3- Le Tam c’est bien évidemment le terme qui définit Yaaqov :

25.27 :  וְיַעֲקֹב אִישׁ תָּם, יֹשֵׁב אֹהָלִים

VeYaaqov ish tam yoshev ohalim..

 

4- Le sheino yode'a lishol - שאינו יודע לשאול Celui qui ne pose pas de question : c’est Ishmaël.

On a remarqué que dans tous les personnages de la Torah, et e particulier de la famille d’Abraham,  un seul qui ne parle jamais, c’est Ishmaël. Il y a une correspondance avec ce que nous vivons dans nos temps contemporains dans nos démêlés avec Ishmaël qui ne veut pas nous parler. Il ne veut pas nous parler, il n’accepte qu’au sein d’une conférence internationale. Il y a une dimension universelle de ce problème avec ce silence d’Ishmaël. Tous les personnages bibliques parlent. Même le serpent. Mais Ishmaël ne parle pas, en tout cas ne veut pas nous parler.

 

Ce qu’il faut mettre en évidence : La Torah a prévu à l’avance qu’il est normal que l’enfant interroge. Elle nous a déjà donné une catégorisation des types d’enfants et des types de questions. Le verset que je voudrais vous lire à ce sujet :

 

Bo 13 :14

וְהָיָה כִּי-יִשְׁאָלְךָ בִנְךָ, מָחָר--לֵאמֹר מַה-זֹּאת:  וְאָמַרְתָּ אֵלָיו--בְּחֹזֶק יָד הוֹצִיאָנוּ יְהוָה מִמִּצְרַיִם, מִבֵּית עֲבָדִים

Vehayah ki-yish'alkha vinkha ma’har lemor mah-zot

ve'amarta elav be’hozek yad hotsi'anou Adonay miMitsrayim mibeyt avadim.

Et il arrivera lorsque ton fils t’interrogera demain en disant que se passe t-il, de quoi s’agit-il ? alors tu lui répondras : c’est avec une main forte que Dieu nous a fait sortir de la maison d’esclave...

 

Tout commence dans cet événement commémoré le soir du Séder et qui est l’événement de la sortie d’Egypte. On voit dans ce verset que la Torah a prévu que cela a été normal. Cela nous est aussi indiqué par un des derniers verset de la Haftarah lue au Shabat HaGadol qui est très caractéristique et qui donne la réponse à notre question.

 

Haftarah Shabat Hagadol : Malakhi 3:4-24

 

Verset 3:22 – 3:24

זִכְרוּ, תּוֹרַת מֹשֶׁה עַבְדִּי, אֲשֶׁר צִוִּיתִי אוֹתוֹ בְחֹרֵב עַל-כָּל-יִשְׂרָאֵל, חֻקִּים וּמִשְׁפָּטִים

22 :Zikhrou torat Moshe avdi asher tsiviti oto ve’Horev al-kol-Yisra'el ’Houkim oumishpatim.

22 : « Souvenez vous de la Torah de Mosheh Mon serviteur que Je lui ai ordonné à ‘Horev pour tout Israël avec Mes statuts et Mishpatim.

הִנֵּה אָנֹכִי שֹׁלֵחַ לָכֶם, אֵת אֵלִיָּה הַנָּבִיא--לִפְנֵי, בּוֹא יוֹם יְהוָה, הַגָּדוֹל, וְהַנּוֹרָא

23 :Hineh anokhi sholea’h lakhem et Eliyah hanavi lifney bo yom Adonay hagadol vehanora.

23 : Voici que Je vous envoie Eli le prophète avant que n’advienne le jour de Hashem grand et redoutable. (le jour de la fin des temps)

וְהֵשִׁיב לֵב-אָבוֹת עַל-בָּנִים, וְלֵב בָּנִים עַל-אֲבוֹתָם--פֶּן-אָבוֹא, וְהִכֵּיתִי אֶת-הָאָרֶץ חֵרֶם

24:Veheshiv lev-avot al-banim velev banim al-avotam pen-avo vehikeyti et-ha'arets ’herem.

24 : et il raménera le coeur des pères sur leurs enfants et le coeur des enfants sur leurs pères, de peur que Je ne vienne et frappe la terre d’interdit (‘Herem.)

 

Pour éviter que l’histoire par manque de mérite aboutisse à une catastrophe comme par analogie avec la 1ère tentative humaine qui aboutit au déluge parce qu’elle n’a pas réussi, une dernière chance sera donnée : un prophète viendra pour réconcilier les pères et les fils.

 

On voit donc ainsi l’importance qui est donnée par la bible à ce problème intergénérationnel, entre la génération des pères et la génération des fils, comme étant le foyer même de la signification de l’histoire. Pour que l’histoire réussise, il y a une première condition fondamentale: il faut qu’il y ait un shilouf dorot, un lien entre les générations des pères et des fils. Si le lien est coupé alors la signification de cette histoire s’évanouit et elle perd toute chance de réussir.

 

Pourquoi ?

Parce que les événements qui donnent un sens à l’histoire humaine sont par définition des événements historiques. Et si la mémoire de ces événements historiques ne passe pas (pour qu’elle passe il faut shilouv hadorot, ce lien) alors tout est coupé et il faut recommencer tout à chaque génération et repartir à l’origine et l’histoire humaine fait un surplace absolu du point de vue de sa signification spirituelle et morale et nous voyons bien que c’est le danger de la civilisation moderne au niveau de l’amélioration morale. Il y a un un développement des techniques et un surplace au niveau moral. Malgré les sciences et les techniques, nous sommes au même niveau du problème moral non résolu que celui du niveau des premières générations de l’histoire humaine. Les tensions entre le bien et le mal restent de même nature, alors que l’évolution intellectuelle scientifique et technique de l’humanité est considérable. Nous avons un coeur moral primitif avec une civilisation sur-évoluée. C’est un des plus grand danger, la plus grave des impasses du monde actuel contemporain. Il semble bien que le coeur de l’homme du point de vue du problème moral – le choix entre le bien et le mal - n’ait en rien évolué depuis le début de l’humanité.

C’est toujours la problématique de Qaïn tuant Hével : la sempiternelle histoire de Qaïn tuant Hével.

Il semble bien que le coeur de l’homme n’a en rien évolué. Apparememnt il n’y pas de progrès moral à l’échelle collective de l’histoire de l’humanité. Au niveau individuel, il y a des réussites de performance d’évolution morale, il y a à chaque générations des saints ou des « héros » chez les Goyim, que nous nous appellons les justes.

 

[Et d’ailleurs il y a 3 sensibilités différentes derrières ces trois termes en français:

Considérer que l’homme réussi est un « juste » comporte une connotation morale.

Considérer que l’homme réussi est un « saint » comporte une connotation religieuse.

Considérer que l’homme réussi est un « héros » comporte une connotation grecque ou latine, de force... La vertu chez les Juifs sont morales, mais étymologiquement le « vir » c’est le guerrier...]

 

Pour revenir à notre sujet. C’est ce verset qui nous donne la réponse.

Malakhi 3 :22 :

זִכְרוּ, תּוֹרַת מֹשֶׁה עַבְדִּי

Zikhrou torat Moshe avdi…

Souvenez-vous de la Torah de Moïse mon serviteur…

 

Si on ne s’en rappelle pas on l’oubliera !

Etant donné qu’il y a un dévoilement de la signification de la destinée humaine à travers l’histoire, c’est à travers la mémoire d’abord que doit passer une tradition. Et donc le véhicule de la tradition ce n’est pas l’intelligence, ni la raison. On ne peut pas reconstituer par l’intelligence un événement qui aurait été oublié. La perception du sens de l’histoire d’après la tradition juive est dabord par la mémoire historique. En 2nd lieu seulement, il y a un système intellectuel qui va formuler en croyances, en dogmes, en connaissances, l’objet de la foi. Mais la foi elle-même est d’abord de l’ordre d’une mémoire historique. Et si la Hagadah, le récit explicatif de l’événement, ne passe pas d’une génération à l’autre, alors cette hérédité traditionnelle est coupée.

 

Par comparaison schématique : De la même manière si l’hérédité biologique est coupée elle ne peut pas se reconstituer, de la même manière l’hérédité spirituelle si elle est coupée ne peut pas se reconstituer. Il s’agit de la mémoire. Le terme employé ici par le verset est important Zikhrou mémoriser. Si on ne se souvient pas de ce qui s’est passé, et bien on l’oubliera. Les mots ayant leur sens simple. Aucun prodige intellectuel ne nous permettra de reconstituer l’événement dont il s’agissait sinon par hasard dans l’aléatoire total.

 

Je croirs que les événements contemporains nous montrent bien qu’il en est ainsi.

Je le dirais très rapidement : Il y a eu une génération, en train de disparaitre, qui a assisté aux événements contemporains de la Shoah et de la restauration de la nation d’Israël. Deux événements massifs au centre de la signification de notre histoire : l’exil et la fin d’exil, la Shoah d’un côté et la restauration de la nation d’Israël après 2000 ans d’interruption de l’autre. Ceux qui ont vécu cela ont assisté à ces événements. Si ceux qui n’y ont pas assisté ne reçoivent pas la transmission de ce récit de ceux qui l’ont vécu, ils ne sauront jamais de quoi il s’agit.

 

Les premières enquêtes en France sur les événements du temps de la Shoah et du nazisme ont montré cette ignorance des événements du nazisme  dans la jeunesse. C’est très rapide.

 

De même pour la nouvelle génération de jeunesse juive qui n’a pas connu ce passage du monde ancien au monde nouveau et qui ne connait pas ce qu’était l’histoire du monde sans Israël, du monde des Hébreux comme au temps d’Egypte soumis à l’esclavage total, et où subitement la sortie d’Egypte a eu lieu avec l’événement de restauration de l’état et de la nation d’Israël.

Et je crois que c’est très parallèle : si cela n’est pas gardé par une comémoration de mémoire qui remémorise, aucune idée n’arrivera à restituer ce dont il s’agissait : l’événement de la Shoah d’un côté et l’apparition de l’Etat d’Israël de l’autre.

 

C’est banalisé lorsque que cela passe par l’intelligence intellectuelle pure et simple, si cette intelligence n’a pas gardé le contenu de mémoire, le Zekher dont il s’agit.

 

C’est ce que la Torah a prévu.

 

Étant donné que la sortie d’Egypte qui est la base historique de l’identité de ce peuple qui recevra la Torah corollaire de la sortie d’Egypte est un événement historique, il est donc normal que la génération suivante doive interroger la génération précédente. D’où cette catégorisation en 4 attitude de la question de l’enfant.

 

On retiendra surtout ce verset du chapitre 13 verset 14 de l’Exode.

Un verset corollaire se trouve dans le Deutéronome, Chapitre 6 verset 20.

 

Veat’hanane 6:20-23

כִּי-יִשְׁאָלְךָ בִנְךָ מָחָר, לֵאמֹר:  מָה הָעֵדֹת, וְהַחֻקִּים וְהַמִּשְׁפָּטִים, אֲשֶׁר צִוָּה יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, אֶתְכֶם

Ki-yish'alcha vinkha ma’har lemor  mah ha'edot veha’houkim vehamishpatim asher tsivah Adonay Eloheynou etkhem.

« Lorsque ton fils t’interrogeras demain en disant :

 que sont ces témoignages, lois et statuts que Hashem notre Dieu vous a ordonné ?

וְאָמַרְתָּ לְבִנְךָ, עֲבָדִים הָיִינוּ לְפַרְעֹה בְּמִצְרָיִם; וַיֹּצִיאֵנוּ יְהוָה מִמִּצְרַיִם, בְּיָד חֲזָקָה

Ve'amarta levinkha avadim hayinou le-Far'oh beMitsrayim

vayotsi'enou Adonay miMitsrayim beyad ‘hazakah

tu répondras à ton fils : « nous étions esclave de Pharaon en Egypte.

Et Dieu est intervenu pour nous faire sortie avec une main forte... »

 

La Torah indique ici que de cet exil on ne sort pas : C’est indiqué de façon très claire dans le Talmud : il y avait une telle programmation de l’esclavage dans la nation d’Egypte que c’était impossible sans l’intervention divine. Si Dieu n’était pas intervenu nous serions encore là-bas.

 

Encore une fois :

On n’aurait pas pu diagnostiquer cela si l’on avait pas vécu les événements du temps de la Shoah !

Lorsque le piège s’est refermé sur l’Europe, et sur l’Asie et l’Afrique, là où se trouvaient les colonies de l’Europe et où les Juifs étaient tout aussi en danger, il était impossible d’en sortir.

On ne sortait pas plus de la prison d’Egypte que de celle de l’Europe au temps du nazisme.

Il faut une intervention miraculeuse pour que cela puisse se faire.

 

Je crois que nous pouvons prendre appui sur ce qui s’est passé – à condition de le mémoriser suffisamment et ne pas l’oublier – de telle sorte de comprendre ce que voulait dire tous ces textes en nous disant que la sortie d’Egypte était un évènement miraculeux, qui d’après les situations existentielles quis ont désignées ne pouvaient pas avoir d’issu sinon par une intervention de l’extérieur même.

 

Je vous propose de commencer par étudier très succintement la structure de la Hagadah :

 

Q : si le problème moral de Qaïn-Abel est resté le même jusqu’à aujourd’hui n’est-ce pas finalement aussi une faillite de la Torah du peuple juif ?

R : C’est une faillite de l’humanité. La Torah nous a donné la problématique qu’il faut résoudre en allant directement à l’essentiel.  Dès que deux personnes sont en présence se pose le problématique de Qaïn et Abel. Ce n’est pas pour rien que le message essentiel des prophètes donné pour les temps dits messianiques : c’est un temps où Qaïn ne tuera plus Abel. Le temps de la paix. Et on voit bien que l’humanité est encore aux prises avec ce problème. Elle ne trouve pas la solution existentielle pour que cela réussisse. J’ouvre une petite parenthèse sur cette problématique-là. Il faudrait beaucoup de temps pour analyser l’exégèse des versets qui la formule, et je vais donc schématiser de façon abstraite sans prendre le temps de trouver les versets qui la fondent : il y a a eu 4 théories ou solutions entrevues dans l’histoire de l’humanité pour résoudre le problème Qaïn-Abel :

 

Dès que deux sujets humains sont en présence, l’acte d’histoire, quel qu’il soit, de relation entre les deux, fait que l’un des deux devient objet. Il est aliéné comme on dit dans le vocabulaire contemporain. En principe, il y a deux sujets en relation. Mais toute relation de sujet à sujet finit par transformer un des deux sujets en objet.

 

Je vous donne un exemple simple : Je suis en train de vous parler : dans ce fait que je vous parle je suis sujet et vous êtes objets. Et par conséquent, je dois, pour résoudre ce problème de la relation à autrui, parler de manière telle que la dignité du sujet reste intacte ; et que je ne vous transforme pas en objet. Il y a une manière de parler qui transforme l’interlocuteur en objet et qui est interdite. Inversèment, vous m’écoutez, et là vous êtes sujets et moi je suis l’objet. Dans le même événement.

Il y a donc aussi une manière d’écouter qui doit réintègrer la dignité du sujet qui parle.

 

C’est ce qu’on appelle dans toutes les civilisation, la politesse, dans le sens étymologique, préalable à toute morale : l’art de vivre ensemble dans la cité... (Cf. le terme grec « Polis » la cité.)

 

1- Il y a donc une tendance de la civilisation humaine qui prend acte de ce caractère fatal. Si tout geste d’histoire conduit fatalement à ce qu’il y ait un sujet et un objet : tu seras l’objet et je serais le sujet... Ce sont les totalitarismes. On voit de suite le profil de la maison d’Egypte en tant que maison d’esclavage. S’il faut un Melekh et un Éved, tu seras le Éved et je serais le Melekh.

 

2- Ensuite il y a eu une réaction contre cette problématique totalitaire qui est une sempiternelle attitude dans l’histoire. On la trouve officiellement dans le christianisme. Puisque toute geste de relation à autrui conduit à cette fatalité du maitre et de l’esclave, je serais l’esclave et tu seras le maitre. C’est préférable plutôt que le crime d’être maitre d’un esclave. L’autre c’est le Seigneur. Et moi je suis son serviteur. Je dis bien que c’est théorique, c’est le sermon sur la montagne. Aucune société chrétienne n’a vécu comme cela. C’est le sermon sur la montagne dans les textes évangéliques, c’est juste théorique. Aucune civilisation chrétienne ne l’a mis en pratique. C’est un idéal théorique mais les sociétés vivent dans le 1er modèle. Il y a là aussi ici échec. C’est une sorte d’héroïsme « sacerdotal ». Voir tous ces personnages des romans chrétiens qui montrent l’idéal du héros de la vertu qui consiste à être le sacrifié. Mais en fait cela ne fonctionne pas come ça dans la société. Il n’y a que dans certains couvents, cette attitude d’humilité du sacrifice comme étant la solution, la réponse, au problème moral mais qui ne résoud pas vraiment le problème ou tout juste au niveau individuel ou local (le couvent...), mais il y a toujours une victime !

 

3- 3ème tentative : C’est le fait des spiritualités, philosophie religieuse d’extrême-orient. Je pense en particulier au bouddhisme. Puisque tout geste d’histoire entraine ce crime qu’il y ait un maître et un esclave alors il faut donc arrêter l’histoire : la formule n’est plus sujet-objet mais objet-objet. C’est la disparition du sujet ; on arrête l’histoire : objet-objet, il n’y a plus de sujet – le terme technique philosophique c’est l’ataraxie. Relation objet-objet. J’ai l’habitude de citer un proverbe chinois à ce sujet : « Il veut mieux être assis que debout, il vaut mieux être couché qu’assis, il vaut mieux être mort que couché... ». La seule manière d’arrêter la souffrance c’est d’arrêter l’histoire. C’est là l’idéal de l’ataraxie. Vous voyez se profiler derrière tout ce qui fait au fond l’étoffe même de ce qui fait la spiritualité extrême-orientale : la dissolution de l’individu dans le grand tout, l’état de Nirvana... l’individu est dissous... pour pouvoir être heureux il ne faut plus être...etc. Là encore, le problème est vu mais on ne trouve pas la solution !

 

4- La 4ème position : c’est celle que propose la Torah. Solution juive : pour pas qu’il n’y ait d’objet il faut que chacun considère son prochain comme supérieur, il faut que cela soit réciproque : chacun reconnait l’autre comme supérieur : il y a donc deux supérieurs et pas d’inférieur ! Mais c’est l’échec si cela n’est pas réciproque - tu aimeras ton prochain comme toi même. – double relation sinon échec. Au niveau du langage le salut « Monsieur » c’est « Mon Seigneur » comme « Adoni » en ivrit. Chez les Goyim « mon Seigneur » : je te reconnais comme mon maitre. Mais il faut une réciprocité pour éviter l’échec du sujet transformé en objet.

 

Vous voyez à quel point c’est simple à comprendre mais c’est très difficle à entreprendre. Comment se comporter pour réintégrer la dignité du sujet dans toute relation à autrui ?

 

On en voit l’exemple dans ce dialogue qui se cherche entre Yaaqov à Essav : il lui dit Adoni et Essav se prend au sérieux, alors il y a échec…

…/…

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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 10:10
Pessah (1993) Quatre manières de délivrance Maharal

 

Pessah (1993) Quatre manières de délivrance Maharal 2ème partie

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/pessah_quatre_modes_de_delivrance/cours_1

Face B

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Ils doivent devenir sous la souveraineté de Dieu

 

Et d’ailleurs on apprendra d’autre part que pour Israël il n’y a que deux possibilités, deux éventualités : Êved de Paro ou Ôved de Hashem, soit l’un soit l’autre.

Et nous avons énormément de versets qui disent : « Je vous ai fait sortir de la Âvdout d’Egypte pour que vous soyez mes Âvadim ». C’est la différence entre Avdout et Avodah.

Dans la Âvdout on est Êved, et dans la Âvodah on est Ôved.

 

« Et ils ne seront pas comme les autres nations, et c’est ce que dit le verset : « Velakakhti … Et Je vous prendrais pour Moi comme peuple. Et aussi, une autre explication de ces 4 niveaux qui sont dit ici : c’est parce que Israël se trouvait en Egypte, il était inévitable qu’ils soient asservis.

 

Le seul fait d’être en Egypte, nous dit Maharal, rendait inévitable le fait qu’il soit asservi !       

En s’appuyant sur Maïmonide dans les Shmoneh Prakim : il y a un phénomène de saturation, et surtout le fait de s’entêter à rester juif. Ceux qui s’entêtent le plus à rester juifs sont ceux qui sont le plus déjudaïsés !

J’ai vécu 20 ans en Algérie. Nous étions chez nous en Afrique du Nord, comme en Tunisie au Maroc, on avait des villes juives, on n’était pas chez les Goyim. Ils étaient chez nous ! D’ailleurs les Juifs étaient en Afrique du Nord bien avant les Arabes à fortiori avant les Français, qui le savaient d’ailleurs.

J’ai vécu 20 ans en France, j’ai remaqué cela : les Goyim qui étaient antijuifs ne l’étaient pas vis-´vis des Juifs authentiques. Les Juifs authentiques n’étaient pas ces Juifs des ghettos qui étaient des caricatures de Juifs à leurs yeux. Les Juifs authentiques étaient ceux qui se réclamaient de l’identité nationale juive. Preuve en est donnée par la communauté juive à Paris qui n’est pas regardée du tout de la manière que la communauté israélienne. Je me rappelle du temps où il était marqué dans les  métro parisiens : « Vive Israël à bas les Juifs ! »

 

Maïmonide l’a expliqué : phénomène de saturation qui vient de cet entêtement à rester un corps étranger. Alors c’est inévitable. Il y a un mécanisme sociologique de rejet qui joue. Le Maharal l’indique allusivement. La source est dans Rambam aux Shmoneh Prakim chapitre 8 : lorsqu’il pose la question : puisque Dieu a endurci le coeur du Pharaon pourquoi le punir ensuite d’avoir été méchant avec les Hébreux ? Il revient alors à ce verset qu’on a lu tout à l’heure. Dieu annonce à Abraham : « Savoir tu sauras que ta descendance sera étrangère et donc c’est inévitable qu’on les persécutera. Saches-le ! »

 

Rambam l’explique ainsi : ce n’est pas Dieu qui a décidé que les Égyptiens allaient persécuter les Hébreux, mais Dieu révèle à Abraham une loi des sociétés humaines : une minorité étrangère qui s’entête dans sa différence est cause de la persécution xénophobe. 

 

C’est ce qu’on voit en Europe actuellement, pas seulement avec les minorités juives qui sont des cas particuliers à mon sens, mais avec les autres minorités étrangères dès qu’il y a un phénomène de saturation du nombre. 

Il y a une particularité juive agravante : les Juifs avec une naïveté extraordinaire et une maestra respectable se prétendent plus autochtones que les indigènes.

Un Turc en Allemagne c’est un turc en Allemagne alors qu’un Juif en Allemagne c’est un Allemand plus allemand que l’Allemand !

 

Ce problème ne se réfère pas à une catégorie religieuse mais nationale. Les sociologues parleraient de problèmes ethniques, de minorité éthniques.

Et les problèmes contemporains actuels sont des problèmes de minorité éthniques plus que des problèmes religieux. Par exemple, entre Serbes et Croates la différence orthodoxe et catholique vient d’une différence ethnique et non pas religieuse. De la même manière qu’entre Portugais et Espagnols…

Retour au Maharal :

 

« Puiqu’il n’y avait (en ce temps-là) en Israël aucun lieu de résidence particulier. Ils n’avaient pas de pays particulier comme il y a pour toute nation, et ils sont nés dans un pays qui n’est pas le leur. »

 

C’est ce cas particulier d’Israël qui se constitue en nation d’abord, à l’étranger. C’est du jamais vu dans l’histoire de l’humanité ! Nation au dedans d’une autre nation. Il faut donc retenir que l’Egypte a été la matrice d’engendrement de la nation hébraïque comme nation. De la même manière que je dirais en schématisant : l’Europe a été la matrice d’engendrement de la nation israélienne comme nation. Plus que cela la mère tout court. C’est devenu l’amertume par la suite, c’est devenu une marâtre. On le ressent : bien que tout les juifs du monde ont rejoint Israël, il y a toujours une marque de coquetterie européenne à l’anglo-saxone, économiquement américaine, mais en réalité britannique, qui grève encore le pays. C’est un autre thème mais il faut avoir à l’esprit que Israël c’est l’Israël de l’humanité, et l’humanité engendre Israël. Et les moments de fin d’exil sont des moments d’accouchement. Et c’est ainsi que le Midrash en parle.

L’accouchement de la sortie d’Egypte a été un accouchement au forceps. Pourquoi ? Parce que l’enfant le voulait pas naître et la mére ne voulait pas le laisser naître.  Et ce’est ce qui est arrivé en Europe : ‘Hévlei Leidah.  

 

Judah Halévi l’explique à sa manière : lorsque le temps de la délivrance survient, si l’enfant ne veut pas naître et la mère ne veut pas laisser naître l’enfant : l’un empoisonne l’autre et réciroquement : l’enfant empoisonne la mère qui empoisonne l’enfant... etc. Cela s’appelle l’antisémitisme.

 

Vous voyez pourquoi le Midrash choisit ces images-là qui sont beaucoup plus que des images. Un Midrash célèbre décrit la sortie d’Egypte exactement comme un accouchement avec le passage par les eaux…

 

Et il fallait qu’Israël ait la sagacité de décrocher lorsque les premiers signes arrivent, ie. lorsque la symbiose arrive, il faut décrocher. Malheureusement, chaque fois que la symbiose a réussi on s’est entêté à s’incruster. Il faudrait dire à s’inchrister.  A s’enkister.

 

Ex. dans le temps contemporain : la symbiose judéo-espagnole a été une réussite absolue. Les séfarades espagnols peuvent en témoigner. Au point qu’il y a une fidélité au judéo-espagnol chez les juifs qui ont connu cette civilisation qui est extraordinaire. Cela a vraiment été une réussite comme symbiose. C’est le signe du décrochage nécessaire. Beaucoup de sources en particulier dans Torat Temimah. Au lieu de décrocher et de revenir être Israël pour l’humanité entière - et la messianité d’Israël aurait eu le visage culturel espagnol - on s’est entêté à être espagnol. D’où la réaction espagnole : l’inquisition. Les Juifs espagnols sont allés vitalisés Amsterdam, Salonique, Casablanca , Tunis...etc… délaissant Jérusalem pour la venue du Messie…

Et les grands rabbins d’Espagne comme Rambam, Judah Halévi, et beaucoup d’autres, et surtout Na’hmanide ont eu beau leur dire d’aller à Jérusalem, ils n’ont pas été suivi !

 

Le 2ème exemple de la symbiose réussie et de laquelle il aurait fallu décrocher c’est l’Allemagne : Au siècle dernier la symbiose judéo-allemande fut au siècle dernier une réussite culturelle fantastique. On fait semblant de ne pas s’en rendre compte mais c’est cette symbiose qui s’est entêtée à rester sur place qui a déclenché le nazisme. Les nazis ne se sont pas gênés pour le dire à leur manière.Il y a eu dans tous les domaines cette réussite. La philosophie, la littérature…etc.  Des livres parlent de la pensée judéo-allemande de la fin du 19ème siècle... Comme Heine qui était très allemand….

 

Or, aujourd’hui la synthèse judéo-goy est en train de réussir en particulier en France. Il y a en France un phénomène de pensée judéo-française faramineux ! Les grands penseurs français sont Juifs et les Français le savent : toute cette bande des « nouveaux philosophes ».  Et aux USA, il y a un phénomène en tout cas au niveau de la littérature. La symbiose judéo-américaine a pris de manière telle qu’énormément de mots juifs à travers le yiddish beaucoup plus que l’hébreu d’ailleurs sont passés dans l’américain…

 

A partir du moment où une symbiose de ce type est en train de prendre, il faut se méfier. Et chose paradoxale, ce sont les noirs d’Amérique qui ont tiré la sonnette d’alarme…

 

Rambam :

pourquoi punir les Égyptiens si c’est un mécanisme « naturel » ? C’est parce qu’ils ont frappé trop fort. Ils ont exagérés ! La réaction de xénophobie est naturelle mais pas la méchanceté ! C’est pour cela qu’ils ont été punis. Rambam cite d’ailleurs un verset des prophètes à propos de Babel qui est comme une verge dans la main de Dieu pour frapper Israël, mais la verge sera brisée parce qu’elle a frappé trop fort...

 

Je me suis posé une question sur ce Rambam qui est restée sans réponse :

Le raisonnement de Maïmonide est très beau mais cela concernerait des anges. Les Égyptiens ne sont que des Égyptiens. Quand une minorité étrangère étrange qui s’entête à rester égyptienne, ils réagissent comme des hommes et non comme des anges.

 

Je me permets donc de dire que l’explication de Rambam est très forte mais insuffisante à régler le probléme parce qu’il reste que les Égyptiens ne sont que des Égyptiens.  

 

Il y a eu différentes occasions où Israël aurait dû décrocher de l’Egypte mais s’est entêté à rester en Egypte à se prétendre égyptien. On a d’une certaine maniére râté le coche.

 

Il est bien clair que ce shéma explique la situation en Europe antérieure à la Shoah.

On s’est entêté à une symbiose caduque préhistorique qui avait déjà réussie à peu près au 11ème siècle. 

 

Enseignement de Torat Temimah sur Devarim :

Le Torat Temimah ne va pas situer cela au 11ème siècle mais on pourrait le situer-là parce que c’est la réussite de la symbiose judéo-européenne avant le moyen-âge.

 

Q : Peut-on dire de Babel qu’il fait partie des epuples oppresseurs qui n’ont pas été trop loin ?

R : Au contraire ! Nous avons des Psaumes terribles sur Babel.

Q : Quel peuple n’est pas allé trop loin ?

R : Tous ont été trop loin, il n’y a pas d’exception. C’est pourquoi je suis très inquiet pour les Juifs de l’étranger. Ils sont assis sur un volcan.

Q : S’il y a une universalité sociologique de la minorité qui apparait comme corps étranger dans le corps majoritaire : quelle est la spécificité d’Israël ?

R : C’est l’entêtement à être étranger tout en se prétendant plus autochtone que les indigênes. C’est parce qu’en fait l’identité Israël est universelle. En réalité profondément nous sommes chez nous partout. C’est ce que les Goyim ne seront jamais. Ce n’est pas un mystère, et Dieu l’a dit dans la Torah: « ki li kol haarets » ce n’est pas seulement Erets Israël c’est toute la terre !

D’ailleurs relisez le premier Rashi sur Bereshit.

 כֹּחַ מַעֲשָׂיו הִגִּיד לְעַמּוֹ לָתֵת לָהֶם נַחֲלַת גּוֹיִם

« La puissance de Ses hauts faits, Il l’a révélée à Son peuple, en lui donnant l’héritage des nations » (Tehilim 111, 6).

Il y a vraiment dans l’identité israël une dimension de l’universel qui est réelle, mais malheureusement chez les Juifs de diaspora elle se transforme en cosmopolitisme. Il y a très peu de juifs qui sont réellement universalistes. Pour cela il faut être membre de sa propre nation pour être capable d’être universel à l’échelle de l’universel.  Cosmopolite c’est tout á fait autre chose. Il y a une analyse marxiste sur l’anti-cosmopolitisme juif. Et les marxistes ont raison. Les Juifs qui prétendent ne pas être une nation ne sont donc par universels mais cosmopolites.

 

En fait, l’identité Israël est une identité universelle. Ce n’est pas pour rien que chaque fois qu’un juif va n’importe où il est chez lui. Il le ressent. Ce n’est pas qu’une façon de parler.

J’ai compris cela avec deux types de juifs que j’ai connu : les Alsaciens et les Algériens. Il n’y a pas plus alsacien qu’un juif alsacien et il n’y a pas plus algérien qu’un juif algérien. C’est vrai aussi pour les autres. Mais il est bien évident que dès qu’un hébreu se trouve quelque part, les gènes correspondant au paysage prennent le dessus. Et les Juifs français sont fronçais jusqu’aux sourcils !

 

C’est vrai parce qu’il y a dans l’identité juive parce qu’hébraïque une dimension de l’universel qui est réelle. Raison pour laquelle quand cela fonctione il peut y avoir des râtés.

 

Le fond du problème ce n’est pas tellement de savoir qui a raison, juif de diaspora ou juif israëlien, mais le problème est de savoir dans quel temps on se trouve. Se trouve-t’on dans le temps de Joseph alors c’est Joseph qui a raison ! Se trouve-t’on dans le temps de Moïse alors c’est Moïse qui a raison ! Mais Joseph et Moïse c’est le même homme en inversé: Yossef est un hébreu qui s’habille en égyptien et Moïse est cet hébreu habillé en égyptien qui enléve l’habit égyptien. Mais tous les deux sont à leur place en leur temps. C’est pourquoi Moïse ne peut pas quitter l’Egypte sans emporter avec lui les ossements de Yossef, sinon il disqualifie l’identité de Yossef et il ne peut plus sortir.

 

A retenir :

La dimension universelle de l’identité juive est réelle et lui vient de son identité hébraïque. Mais la plupart du temps, au moment des sorties d’exil, elle devient cosmopolite et c’est très grave.

 

Ce qui se passe en ISraël en ce moment. C’est un tournant historique pour Israël. Il y a un rassemblement de Juifs qui a fait l’état d’Israël. Et jusqu’à la semaine dernière de Pourim, il y avait 2 facteurs ont masqué le fait qu’il y avait différentes motivations derrière ce rassemblement qui sont incompatibles l’une avec l’autre. et qu’on appelle le sionisme mais cela a des dimensions très différentes. Cela s’est dévoilé grâce aux  Arabes israéliens. C’était une société israélienne qui était une société assiégée et la solidarité masque les différences. Et il y avait la jubilation de se retrouver 2000 après ensemble rescapés des différents exils. Cela a joué de manière telle que l’on ne s’est pas rendu compte des différences de motivations du mouvement sionisme.

 

ð  les principaux fondateurs du mouvement sioniste politique diagnostique que l’assimilation, lémancipation ne pouvait pas sauver l’identité juive. Il on fait l’analyse que pour sauver l’identité nationale juive, il fallait se déjudaïser en hébreu. Cest l’analyse du sionisme ‘Hiloni.

ð  Les sionistes religieux : raseemblés en Israël pour pouvoir être enfin vraiment juifs : non pour se déjudaïser mais pour s’hébraïser.

ð  les ‘Harédim qui refusent le sionisme de l’état juif mais vivent la vie israélienne à leur manière pour le privilège qu’elle donne d’habiter la terre sainte. Ils ne s’en cache pas avec un cynisme total.

ð  Les Juifs cosmopolites qui ont pris le pouvoir aux dernières élections, avec la complicité des 3 autres.

 

Ce qui s’est dévoilé c’est qu’en fait on a camouflé le fait que c’est un état bi-national et pas du tout un état juif. Présence de la culture arabe officielle qui démasque cela. Par conséquent, on est au bord d’une nouvelle période du sionisme.  

 

Très grosso modo cela se branche sur la définition de l’identité juive cosmopolite qui était latente, souterraine, dans la société israélienne, qui a été fondée pour expulser cela de l’identité juive. Et ce sont finalement les Juifs cosmopolites qui ont pris le pouvoir…

 

Maharal :

« tout se passe comme si l’intitulé ‘esclavage’ était sur Israël depuis le début de leur naissance, comme l’esclave qui est appelé  « né de la maison », ainsi Israël qui sont nés dans le pays d’Egypte, était donc destinés inévitablement à être asservis, et il était donc inévitable que la charge de l’Egypte soit sur eux. Et ceci vient du côté d’Israël par eux-même qui étaient comme des domestiques de l’Egypte. Par rapport à cela Il a dit : « Et Je vous ferai sortir de dessous les fardeaux de l’Egypte ». Il veut dire en disant Sivlot, Massah la charge (Pour dire de la même manière qu’un esclave est chargé de son maître) qui leur était dévolue Et en plus de cela, les Égyptiens les ont asservis par force (travaux forcés) et cela venaient des Egyptiens eux-mêmes (c’est leur méchanceté- même question : ce sont des Égyptiens et pas des anges. Il faut vraiment être des ‘Hassidei HaOlam pour pas tomber dans l’anti-sémitisme.) Par rapport à cela Il a dit : « Et je vous délivrerai » Cela ressemble à un homme par rapport à qui quelqu’un d’autre vient avec force et quelqu’un d’autre vient pour délivrer (un prionnier ne peut pas se délivrer tout seul) comme pour dire : Je vous sauverais de dessous la main mise de l’Egypte, mais Je vous délivrerai. Il veut dire que même si l’asservissement avait déjà cessé, ils ne sont pas encore libres de faire ce qu’ils veulent, puisqu’ils sont sous la dépendance d’autres. Et c’est pourquoi il dit : « Je vous délivrerai ». Et là encore, bien qu’ils aient été délivrés, ils n’ont pas le niveau d’être un peuple pour Hashem, c’est pourquoi Il dit : Et Je vous prendrais pour Moi comme peuple.

 

C’est expliqué plus loin encore plus en détail. Prenez la feuille pour l’étudier.

    

33   

Q : Comment peut-on être universel sur la terre d’Israël entre Juifs si notre identité est celle du monde ? Comment être universels entre Juifs sans être cosmopolites ?

R : D’une part dans le rassemblement des exilés on ramène les différentes manières d’être homme.

Et puis le résultat c’est la reconstruction de l’identité hébraïque. Et l’identité hébraïque est à l’origine une identité universelle. Je vous ai dit à contrario comment cela se perçoit dans l’exil quant cette identité hébraïque, quand elle éclate, elle réalise l’identité mixte judéo quelqu’un d’autre à l’échelle de l’universel

Mais les Juifs risquent de devenir cosmopolites parce qu’ils ne retiennent que l’équation personelle judéo quelqu’un d’autre, la leur. L’israélien comme tel est censé être un homme universel. Pour cela il doit se déjudaïser dans le sens socio-politique et pas dans le sens religieux. S’il reste tribal, il est cosmopolite tout en étant israélien. Il y a trop de Juifs encore en Israël et pas assez d’Hébreux.

 

Q : Ce risque du cosmopolitisme, n’est-ce pas plus qu’un risque puisque cela c’est passé à chaque fois ? N’est-ce pas presque inéluctable ?

R : Alors je reprends l’image de l’accouchement. A un certain stade du processus il y a une distinction entre l’embryon et le placenta. Il y a des Juifs de type placentaire, ils cherchent une place en terre. Il y a une fonction du placenta et c’est ça. C’est énorme mais cela nous est dit en clair dans les sources. La même cellule peut choisir, et c’est un mystère, d’être celle de l’enfant qui va naitre ou de rester une cellule du placenta. Il y a une proportion inéluctable (c’est le fameux 1/5) lorsqu’on se laisse aller aux événements. C’est malheureusement ce qui a l’apparence de fatalité. A partir du moment où le peuple juif se laisse aller aux événements: cela  fonctionne. C’est ce qui est arrivé à la sortie d’Egypte et c’est ce qui est arrivé à la sortie d’Europe : on s’est laissé aller aux événements, on a démissionné de la liberté hébraïque et on a été juifs des Goyim alors cela a fonctionné de cette manière-là. Nous sommes encore au stade où il y a une vocation du « juif placentaire » qui nous encombre. Moi je suis admiratif devant la patience des Goyim. Si les Juifs ont la science les Goyim ont la patience.

 

Un verset des Psaumes me revient toujours à l’esprit dans l’enseignement du Rav Kook :

Psaume : « Sauve-moi d’un goy qui ne serait pas ‘hassid et délivre moi d’un homme de perversité » 

Rav Kouk explique: si on a à faire a un Goy il faut se méfier : s’il n’est pas ‘Hassid on est perdu. C’est pour cela qu’on parle des ‘Hassidei HaOlam. Mais par rapport aux Juifs ce sont des « hommes de ruses et d’iniquités ». C’est là le problème. Si on se laisse aller.

 

Vous voyez le sesn des événements que nous sommes en train de vivre. Il y a énormément de sources et le Rav Kook les a rassemblé de son temps, avant que l’état d’Israël n’existe où il y a toute une tendance de la société israélienne qui est d’une cruauté absolue pour les Juifs et d’une complaisance absolue pour les ennemis des Juifs. C’est ce verset qui fonctionne.

 

Verset met en lumière cette tendance de la société israëlienne qui est d’une cruauté absolue pour les juifs et d’une complaisance absolue pour les ennemis des Juifs.

 

Cela ressemble à de la fatalité, mais l’histoire d‘Israël n’est pas une histoire grecque. Mais c’est que les Juifs ont abdiqués et se sont laisser aller aux mécanismes des événements et alors les mécanismes des événements jouent.

 

Ce que nous savons d’après les textes c’est qu’on s’en sortira. Mais à quel prix ?

Il y a actuellement un mécanisme qui est mis en place et qui fonctionne… jusqu’au moment où cela va éclater, et cela va éclater.

 

Q : A chaque sortie il a fallu un Manig ?

R : Et qui vous dit qu’il n’y a pas un Manig ?

A force de se méfier des idolâtries de la manière des Goyim d’être croyant, les Juifs finissent par être athées, mais il y a un chef d’orchestre !

J’ai connu de grands penseurs juifs qui craignaient de croire parce que croire pour eux signifiaient croire à la manière des Goyim. Cela veut dire qu’il a très peu de juifs croyant du Dieu d’Israël : il y a une véritable peur de croire pour ne pas croire comme les goyim : il y a beaucoup de juifs athées des idoles ! Le peuple juif a inventé toutes les hérésies du monde. C’est sorti de nous. Tous les « ismes » sont sortis de chez nous.

 

 

< fin >

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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 10:09
Pessah (1993) Quatre manières de délivrance Maharal

 

Pessah 1993 Quatre manières de délivrance Maharal

 

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/pessah_quatre_modes_de_delivrance/cours_1

Face A

 

Début de Parashat Vaéra.

 

Pour ce soir j’ai envisagé d’étudier un enseignement du Maharal sur les 4 coupes de Pessa’h

La prochaine fois j’ai pensé étudier le problème de la 5ème coupe ou peut-être les 4 enfants de Passa’h ?

 

Nous allons voir d’abord la source dans la Torah de l’enseignement le plus classique du Midrash portant sur la raison pour laquelle le soir du Seder de Pessa’h on prend 4 coupes de vin. On étudiera, si on y arrive, pourquoi en réalité il y en a 5. La raison pour laquelle, pendant le temps de l’exil, on ne buvait plus que 4 coupes mais on laissait une 5ème coupe sur la table qu’on appellait la coupe d’Eliyahou Hanavi que le chef de famille buvait à la fin du Séder.

Je vous parlerais si on y arrive de la réinstauration de la Halakhah de la 5ème coupe et à quoi cela correspond. On le verra déjà dans le texte.

 

Bien que ce soit un enseignement classique, ce n’est qu’une des réfèrences qui expliquent pourquoi il y a 4 coupes de vin au Séder de Pessa’h. Nous verrons dans la 2ème partie de l’étude qu’il y a d’autres enseignements à ce sujet.

 

La référence principale se trouve dans Shémot Vaéra au chapitre 6 :

Je lis rapidement les 1er versets pour arriver au texte qui nous concerne et on étudiera directement ensuite sur le texte du Maharal.

 

Vaera 6:2

וַיְדַבֵּר אֱלֹהִים, אֶל-מֹשֶׁה; וַיֹּאמֶר אֵלָיו, אֲנִי יְהוָה

Vayedaber Elohim el-Moshe vayomer elav ani Adonay

Et Dieu parla à Mosheh et Il lui dit Je suis Hashem. 

 

On pourrait étudier ce verset mais il ne fait pas partie de notre sujet. Simplement je rappelle d’une façon trés générale que jusqu’au temps de la sortie d’Egypte, il y a une tradition depuis le 1er homme de la reconnaissance d’un Dieu UN et Unique, Créateur du monde, et qui est désigné par le terme de Elohim dans le récit biblique. Ce n’est qu’au moment de la génération de la sortie d’Egypte que le Dieu Créateur se révèle en tant que maître de l’histoire sous le nom de Hashem (Youd-Ké-Vav-Ké). Nous avons ici un des versets centralement important où cela est rappelé. Ce n’est pas un sujet simple. Il y a différents termes pour désigner la manière dont Dieu est dénommé dans le Miqra – dix noms différents. Les deux plus connus sont Hashem et Elohim. 

C’est un verset lu de la Haftarah du dernier Shabat dans le livre des Rois. Au moment de la controverse entre Elie le prophète et les prophètes de Baal. Le verset qui cloture cet épisode est « Hashem hou haElohim ». Il faudrait étudier ici pourquoi il devient nécessaire au moment de la sortie d’Egypte que Dieu s’adresse à Moïse en tant que Elohim pour lui dire : « Sache que Je suis Hashem ». C’est un verset très caractéristique parce qu’il semble qu’ici l’ordre de la formule soit l’inverse : c’est Elohim qui dit Je suis Hashem. Alors que l’affirmation biblique claissque c’est que c’est Hashem qui est Elohim. Je n’ai rien expliqué sauf à signaler toute une série de problèmes en hébreu.Il y a ici un sujet d’étude. C’est relié au problème de l’accélération des souffrances de l’exil au moment précisément où Moïse vient annoncer la délivrance. Alors Moïse interroge Dieu.

 

Shemot 5.22:

וַיָּשָׁב מֹשֶׁה אֶל-יְהוָה, וַיֹּאמַר:  אֲדֹנָי, לָמָה הֲרֵעֹתָה לָעָם הַזֶּה--לָמָּה זֶּה, שְׁלַחְתָּנִי

Vayashav Moshe el-Adonay vayomar

Et Moïse revint vers Hashem et lui dit

Adonay lamah hare'otah la'am hazeh lamah zeh shlachtani.

Seigneur pourquoi as-Tu fait du mal à ce peuple-là ?Pourquoi m’as-Tu envoyé ?

 

C’est une formule difficile, terrible de Moïse qui semble s’insurger.

 

וּמֵאָז בָּאתִי אֶל-פַּרְעֹה, לְדַבֵּר בִּשְׁמֶךָ, הֵרַע, לָעָם הַזֶּה; וְהַצֵּל לֹא-הִצַּלְתָּ, אֶת-עַמֶּךָ

Ume'az bati el-Par'oh ledaber bishmekha hera la'am hazeh vehatsel lo-hitsalta et-amecha.

Et depuis que je suis venu chez le Pharaon pour parler en ton Nom ce peuple a eu du mal et délivrer Tu n’a pas délivré ton peuple.

 

On voit à quel point cela correspond schématiquement aux événements qui ont entouré la fin de l’exil actuel et les débuts de l’état d’Israël. Au moment de la délivrance tout se passe comme s’il y a une accélération de ce que l’exil représente qui était dilué pour nous pendant 2000 ans, et dilué là pendant 410 ans. Et Moïse lui-même se fait le porte-parole de cette interrogation. Interrogation que peu de Juifs pieux ont le courage d’oser se formuler. Mais que beaucoup de Juifs non pieux ont le courage de formuler pour les Juifs pieux. Et c’est Moïse qui la formule. 

La réponse basée aussi sur l’enseignement du Maharal, mais d’abord sur Judah Halévi dans le Kouzari, en schématisant, c’est que c’est au moment de la délivrance que les douleurs de l’enfantement se font les plus fortes. On sait à quel point la fin de l’exil est appelée dans la tradition:  ‘Hévlei lédah = les douleurs de l’enfantements. On trouve aussi l’expression ‘Hevlei Mashia’h. C’est la même chose. Il y a semble-t’il une intensification du Shiaboud, de l’asservissement de l’exil, précisément au moment où va arriver la délivrance. Les implications de ce problème sont très importantes.

 

Je me souviens d’un enseignement d’Edmond Fleg qui nous disait : à la fin de la nuit, il y a un moment où il fait très noir et très froid. Il a d’ailleurs écrit dessus un vers très beau : « car la nuit la plus noire est une aube qui vient… ». Il y a un peu cette idée-là dans cette idée de Shiaboud de l’accélération de l’asservissement au moment de la Guéoula.  

 

Vaera 6.2:

וַיְדַבֵּר אֱלֹהִים, אֶל-מֹשֶׁה; וַיֹּאמֶר אֵלָיו, אֲנִי יְהוָה

Vayedaber Elohim el-Moshe vayomer elav ani Adonay

Et Dieu parla à Mosheh, et Il lui dit Je suis Hashem. 

וָאֵרָא, אֶל-אַבְרָהָם אֶל-יִצְחָק וְאֶל-יַעֲקֹב--בְּאֵל שַׁדָּי; וּשְׁמִי יְהוָה, לֹא נוֹדַעְתִּי לָהֶם

Va'era el-Avraham el-Yitschak ve'el-Ya'akov be'El Shaday

Et Je me suis montré-révélé à Abraham, Isaac et Jacob, en tant que Dieu Tout-puissant.

 

Rashi nous aide à comprendre : en tant que Dieu qui promet. Il y a un lien entre la Toute-Puissance et la capacité de promesse. Seul celui qui peut, peut promettre.

 

וּשְׁמִי יְהוָה, לֹא נוֹדַעְתִּי לָהֶם

oushmi Adonay

Et Mon Nom de Hashem

lo nodati lahem.

Je ne me suis pas fait connaître par ce nom-là à eux.

 

C’est dire je me suis fait connaître comme Dieu de la promesse mais pas comme Dieu qui réalise.

C’est parce que le moment de la réalisation vient qu’il y a ces ‘Hévlei Lédah ces souffrances de l’enfantement dont j’ai parlé précédemment.

 

On reprend briévement le 1er verset : vbous comprenez ce que signifie « Elohim dit à Moïse Ani Hashem ». Et parce que le temps est venu où Je me révèle comme Hashem c’est la raison pour laquelle la réalisation améne les difficultés de la réalisation. Tant qu’il y a un projet c’est un projet et la fidélité au projet peut être totale, elle n’engage qu’à l’espérance. Tandis que dès qu’il y a le processus de réalisation, c’est là que l’épreuve commence. L’érpeuve de la foi est un des niveaux de l’épreuve, une épreuve de la capacité d’espérance. Mais l’épreuve de la réalisation  est une épreuve d’identité. On sait à quel point le peuple juif, en ces moments-là, n’est pas toujours capable de réagir comme il faut ! Ceux qui sont restés les rescapés de la fidélité ne sont pas forcément ceux qui savent réagir aux difficultés de la réalisation. Vous voyez toutes les implications de cela…

 

וּשְׁמִי יְהוָה, לֹא נוֹדַעְתִּי לָהֶם

oushmi Adonay

Et Mon Nom de Hashem

lo nodati lahem.

Je ne me suis pas fait connaître par ce nom-là à eux.

 

La traduction est difficile. Je vous cite l’enseignement de Ibn Ezra, j’ai traduit comme s’il y avait écrit oubishmi Hashem lo nodati lahem et « par Mon Nom de Hashem Je ne me suis pas fait connaître à eux ».

Mais ceux qui savent lire les Taamim

Va'era el-Avraham el-Yitschak ve'el-Ya'akov be'El Shaday

Et Je me suis révélé (dans le sens de montré dans un promesse) à Abraham Isaac et Jacob, en tant que Dieu Tout-puissant

oushmi Hashem 

Mais Mon Nom c’est Hashem

lo nodati lahem.

Donc il en résulte que Je ne me suis pas fait connaître à eux en tant que Hashem.

 

C’est la différence entre Vaéra et Nodâti. C’est un sujet pour lui même. Je referme la parenthèse.

 

וְגַם הֲקִמֹתִי אֶת-בְּרִיתִי אִתָּם, לָתֵת לָהֶם אֶת-אֶרֶץ כְּנָעַן--אֵת אֶרֶץ מְגֻרֵיהֶם, אֲשֶׁר-גָּרוּ בָהּ
Vegam hakimoti et-briti itam latet lahem et-erets Kena'an et erets megureyhem asher garu vah

Et même J’ai maintenu-réalisé fait duré, ma promesse jusqu’à ce que vienne le temps de la réalisation... mon alliance avec eux pour leur donner le pays de Kenaan, le pays où ils étaient en pérégrination (littéralement « en séjour d’étranger ») où ils ont voyagé comme étrangers. (Il s’agit des Patriarches)

 

Vaera 6.5:

וְגַם אֲנִי שָׁמַעְתִּי, אֶת-נַאֲקַת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר מִצְרַיִם, מַעֲבִדִים אֹתָם; וָאֶזְכֹּר, אֶת-בְּרִיתִי

Vegam ani shamati et-na'akat beney Yisra'el asher Mitsrayim ma'avidim otam va'ezkor et-briti.

Et même quant á Moi j’ai entendu la plainte des enfants d’Israël dans le fait que les Egyptiens les ont asservi, et J’ai fait venir devant Moi le souvenir d’eux – Mon alliance.

 

On commence là : je vous conseille pour ce texte-là les Méfarshim habituels mais surtout le Or Ha’Hayim. Je vous en donnerai en passant l’essentiel de son commentaire. C’est une des commentaires principaux de la Torah. En particulier, citant un enseignement du Talmud il met en évidence que le terme Lakhen introduit toujours un serment.

 

Vaera 6.6:

לָכֵן אֱמֹר לִבְנֵי-יִשְׂרָאֵל, אֲנִי יְהוָה, וְהוֹצֵאתִי אֶתְכֶם מִתַּחַת סִבְלֹת מִצְרַיִם, וְהִצַּלְתִּי אֶתְכֶם מֵעֲבֹדָתָם; וְגָאַלְתִּי אֶתְכֶם בִּזְרוֹעַ נְטוּיָה, וּבִשְׁפָטִים גְּדֹלִים

Lakhen  emor livney-Yisra'el ani Adonay

vehotseti etkhem mita’hat sivlot Mitsrayim

vehitsalti etkhem me'avodatam

vega'alti etkhem bizroa netouyah ouvishfatim gedolim.

C’est pourquoi (dans le sens irréversible comme Shvouah) dis aux enfants d’Israël

Je suis Hashem et je vous ferais sortir de dessous (Sivlot de Sivel) les fardeaux de l’Egypte – 1er verbe qui correspondra au 1er Kos 1er verre de Pessa’h.

Et Je  les sauverai de leur servitude – c’est le 2ème verbe 2ème Kos

Et Je les délivrerai par un bras étendu et par de grands prodiges (Shfatim : prodiges, catastrophes, qui sont des jugements : même racine que Mishpatim avec le sens de punition parce qu’il y a un jugement)

 

Vaera 6.7 :

וְלָקַחְתִּי אֶתְכֶם לִי לְעָם, וְהָיִיתִי לָכֶם לֵאלֹהִים; וִידַעְתֶּם, כִּי אֲנִי יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם, הַמּוֹצִיא אֶתְכֶם, מִתַּחַת סִבְלוֹת מִצְרָיִם

Velakachti etchem li le'am vehayiti lachem le'Elohim

Et je vous prendrai pour Moi comme peuple et Je serais pour vous Elohim.

 

[Cela va ensemble -  Dans le Miqra deux formules différentes : soit « Je vous prendrai pour Moi comme peuple et alors Je serais votre Dieu. Soit « Je serais votre Dieu et alors vous serez Mon peuple ». Je ne vous dis pas la différence maintenant parce qu’il me faudrait ¼ d’heure. Si vous trouvez la formule inversée, regardez les commentateurs, cela ne s’adresse pas à la même partie d’Israël.]

 

vidatem ki ani Adonay Eloheychem hamotsi etchem mitachat sivlot Mitsrayim.

Et vous saurez que je suis Hashem votre Dieu qui vous fait sortir de dessous les fardeaux de l’Egypte.

 

Tout cela est indexé au 4ème verbe : Velakakhti.

 

Et puis il y a un 5ème verbe :

Vaéra 6.8:

 וְהֵבֵאתִי אֶתְכֶם, אֶל-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר נָשָׂאתִי אֶת-יָדִי, לָתֵת אֹתָהּ לְאַבְרָהָם לְיִצְחָק וּלְיַעֲקֹב; וְנָתַתִּי אֹתָהּ לָכֶם מוֹרָשָׁה, אֲנִי יְהוָה

Veheveti etchem el-ha'arets

Et Je vous emmenerai au pays

asher nasati et-yadi

pour lequel J’ai juré (littér. J’ai élevé Ma main pour le serment)

latet otah le-Avraham le-Yitschak oule-Ya'akov

de le donner à Abraham à Isaac et à Jacob

venatati otah lachem morashah ani Adonay

Et je le donnerais à vous comme héritage, Je suis Hashem.

 

Vous comprenez tout de suite pourquoi pendant l’exil, on ne buvait plus la 5ème coupe qui correspond à ce 5ème verbe. On étudiera plus en détail le problème de la 5ème coupe.

Il y a donc là un test : La 5ème coupe est bue de notre temps uniquement par ceux qui reconnaissent que ce 5ème verbe s’est réalisé, que c’est vraiment Dieu qui nous a ramené ! Ceux qui ne reconnaissent pas que c’est Dieu qui nous a ramené ne boivent pas la 5ème coupe. Ce que je vous dit là est terrible ! Cela veut dire que ceux qui ne boivent pas la 5ème coupe ne reconnaissent pas que c’est Dieu qui nous a ramené. Et qui nous a ramené si ce n’est pas Dieu ? Qui nous aurait ramené ? Les sionistes ? C’est comme si nous disions que c’est Moïse qui nous a fait sortir d’Egypte ! 

Alors que la Torah répète et répète : Sachez que c’est Moi, Dieu, qui vous ai fait sortir d’Egypte ! Grâce à Moïse bien sûr, mais cela c’est secondaire. On voit à quel point cette religion non-sioniste c’est déjà une autre religion !!!

Gaon de Vilna : Au point que le nom de Moïse n’apparaîtra pas dans la Hagadah, pour pas qu’on croit que c’est Moïse qui nous a fait sortir d’Egypte. Or, c’est Moïse qui nous a faity sortir d’Egypte…

Le Gaon l’explique à propos du verset :« Ani velo Malakh : Moi et pas un envoyé », et il dit :

« Ani velo Malakh ? Zeh Mosheh Rabénou !» Cela veut dire qu’on va jusqu’à risquer l’ingratitude vis-à-vis de Moïse, on ne le cite pas dans la Hagadah de Pessa’h pour pas tomber dans l’erreur de croire que c’est Moïse qui nous a fait sortir d’Egypte.

 

Or Ha’Hayim a posé la question suivante :

Puisque Lakhen est un serment, comment se fait-il que pour la génération de la sortie d’Egypte elle-mëme, il n’y a que les 4 premiers verbes qui se soient réalisés et pas le 5ème ? Ici, nous sommes avant la sortie d’Egypte. Or, Lakhen veut dire « voilà ce que Je vais faire pour vous... » :

Vehotseti- vehitsalti - vega'alti – Velakakhti – Veheveti.

 

Et commence cela se fait-il que le Vehévéti ne se soit pas réalisé pour la sortie d’Egypte ?

 

Relisez le verset 7 , c’est là que se trouve la réponse nous dit le Or ha’hayim.

Les grands commentateurs, leur génie est dans la simplicité. C’est là qu’est la réponse pour laquelle le 5ème verbe ne s’est pas réalisé pour la génération de la sortie d’Egypte.

 

Vaera 6:7

וְלָקַחְתִּי אֶתְכֶם לִי לְעָם, וְהָיִיתִי לָכֶם לֵאלֹהִים; וִידַעְתֶּם, כִּי אֲנִי יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם, הַמּוֹצִיא אֶתְכֶם, מִתַּחַת סִבְלוֹת מִצְרָיִם

Velakachti etkhem li le'am

Et Je vous prendrai pour Moi comme peuple

vehayiti lakhem le'Elohim

Et Je serais pour vous Elohim

vidatem ki ani Adonay Eloheykhem

hamotsi etkhem mitachat sivlot Mitsrayim.

Et vous saurez que Je suis Hashem votre Dieu

Qui vous fait sortir de dessous les fardeaux de l’Egypte.

 

Vaéra 6.8:

וְהֵבֵאתִי אֶתְכֶם, אֶל-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר נָשָׂאתִי אֶת-יָדִי, לָתֵת אֹתָהּ לְאַבְרָהָם לְיִצְחָק וּלְיַעֲקֹב; וְנָתַתִּי אֹתָהּ לָכֶם מוֹרָשָׁה, אֲנִי יְהוָה

Veheveti etkhem el-ha'arets…

Et Je vous emmenerai au pays...

 

Voilà la réponse : c’est-à-dire que à partir du moment où l’on ne sait pas que c’est Dieu qui nous a fait sortir d’Egypte.

Il y a Atnaï pour le 5ème verbe, le 5ème niveau de délivrance, il y a une condition : 

וִידַעְתֶּם, כִּי אֲנִי יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם, הַמּוֹצִיא אֶתְכֶם, מִתַּחַת סִבְלוֹת מִצְרָיִם

vidatem ki ani Adonay Eloheykhem

hamotsi etkhem mitachat sivlot Mitsrayim.

Et vous saurez que je suis Hashem votre Dieu

qui vous fait sortir de dessous les fardeaux de l’Egypte…

Vaéra 6:8

וְהֵבֵאתִי אֶתְכֶם, אֶל-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר נָשָׂאתִי אֶת-יָדִי, לָתֵת אֹתָהּ לְאַבְרָהָם לְיִצְחָק וּלְיַעֲקֹב; וְנָתַתִּי אֹתָהּ לָכֶם מוֹרָשָׁה, אֲנִי יְהוָה

Veheveti etkhem el-ha'arets…

Alors Je vous emmenerai au pays...

 

Vous voyez à quel point la ‘Hokhmah d’Israël est indépendamment du temps des générations. Ce commentaire du Or Ha’hayim nous explique ce qui s’est passé au temps de la sortie d’Egypte, mais en réalité parle pour nous. Vous voyez à quel genre de croyants je fais allusion : ceux qui n’arrivent pas à se rendre compte que c’est Dieu qui nous ramène en Erets Israël et c’est la  raison pour laquelle ils n’y viennent pas. Par piété faussée parce qu’il craindrait à une impiété de suivre Herzl. Comme cette génération de la sortie d’Egypte a craint à une impiété de suivre Josué. 

 

Q : Cela implique-t’il que Herzl et les 1ers sionistes aient reconnu le Dieu d’Israël ?

R : Bien si un curé avait demandé à Herzl s’il croyait en son dieu Herzl aurait dit non !

Cela m’évoque l’histoire d’un Rosh Yeshivah de Aix-les Bains. Un de ses élèves en dépression a été convoqué. L’élève lui dit prenant son courage à deux mains : je crois que je ne crois pas en Dieu. Le Rav lui a répondu : tu sais le Dieu auquel tu penses, moi non plus je n’y crois pas. Cela l’a rassuré... Avec ce genre de question, il faut tout de suite demander de quoi on parle ? Fallait-il que Herzl croit dans le Dieu d’Israël pour faire ce qu’il a fait pour Israël ? Avec Moïse c’est la même chose. Quand Moïse est venu dire à cette généraiton de la sortie d’Egypte, la même chose qu’Herzl est venu dire aux Juifs de son temps, il lui ont répondu de la même maniére : tu bégayes !

C’est ce qu’a entendu Herzl.

 

Q : Qu’est-ce qui nous dit que Herzl a été inspiré au même niveau que Moïse ?

R : Pas au même niveau.  On est au niveau où l’on est. Il y a différents nivaux de réponses d’ailleurs. Herzl est né dans une famille Séfarade qui était des fidèles du Rav Alkalaï, l’inspirateur du sionisme religieux dans le monde séfarade, avant Herzl par définition ! Rendez-vous compte d’où cela sort ! Et je vous conseille d’ailleurs d’étudier les oeuvres du Rav d’Alkalaï. C’est impressionant de voir qu’énormément d’enseignements dont nous avons besoin pour la constitution de l’état d’Israël d’aujourd’hui se trouvent chez le Rav Alkalaï, et pas seulement l’état juif. Corellairement et à peu près à la même époque, chez les Ashkénazim c’était le Rav Kalisher. Bien après est venu le Rav Kook.

Par conséquent, il faut savoir de quoi on parle, mais ces questions sont importantes. Il faut être très prudents dans la qualification des gens. Aujourd’hui la piété est devenue monnaie courante alors nous avos des qualifications à l’emporte-pièce : Celui-là est croyant, celui-ci est apikoros, religieux, pieux, celui-là est Gaon...

 

Je vous raconte une anecdocte de mes études avec le Rav Kouk dans les Mishnei Torah sur les renégats. Qui appelle-t’on Apikoros ?

Rav Kouk : peut-être que de notre temps, il y a un Apikoros. Après il nous a expliqué le peut-être mais sans nous dire qui. Pour être Apikoros il faut être Talmid ‘Hakham. Seul un Talmid ‘Hakham peut être Apikoros, sinon il s’agit d’un ignorant.

 

J’ai lu « l’état juif » de Herzl, c’est mal traduit. Il a parlé de l’état des Juifs et il n’a jamais parlé de « l’état juif ». C’est d’un niveau primaire, cela ne dépasse pas le niveau de la 3ème . Et pourtant c’est de là qu’est sorti l’état des Juifs ! Il faut être prudent en disant d’Herzl qu’il n’a pas la foi. A quoi a-t’ilréagi en disant qu’il n’avait pas la foi ? A l’église ! Il ne connaissait que l’église et non pas la synagogue. Pourquoi ? Parce qu’il a fallu que les Juifs d’Europe parviennent à ce degré d’assimilation pour que le sionisme apparaisse. Devant le risque de la disparition de l’identité juive, alors le sionisme est apparu. Et l’assimilation n’est pas une catégorie religieuse, c’est une catégorie nationale. La preuve c’est qu’il a existé au temps de Herzl énormément de Juifs très religieux mais qui étaient assimilés. Herzl a fondé le sionisme mais eux sont restés des Allemands des Britaniques, des Français, des Italiens...etc.

Je connais énormément de Juifs très pieux et très croyants (et je ne sais pas en quoi ils croient puisqu’ils vivent en dehors d’Israël) qui sont complétement assimilés. La situation existentielle des Juifs de diaspora est très compliquée.

 

Je connais des rabbins authentiquement rabbins mais qui se prennent pour des Français. L’un s’appelle d’ailleurs « le grand rabbin de France ». Il n’arrive pas à se rendre compte qu’être français c’est être goy ! C’est cela l’assimilation !

 

Il faut en parler avec beaucoup de pudeur, et de doigté, parce que c’est dangereux. Mais c’était la situation des Hébreux en Egypte qui se prennaient pour des Égyptiens. D’où la réaction des Égyptiens... « On va vous montrer ce que c’est qu’un égyptien ! »

 

Essayer d’imaginez, juste par l’imagination, le drame de Moïse confronté à cette génération des Hébreux et à l’ensemble des Ziknei Israël de ce temps-là, les chefs du peuple qui représentaient la tradition d’Israël de ce temps-là et qui l’ont refusé. En ce temps-là, des Hébreux on dit exactement ce que vous avez dit : Il y en a d’ailleurs eu trois dans la Torah, Datan, Abiram et Qorah.

 

Q : Le verset guimel, avec lo nodati lahem.

Je ne me suis pas fait connaître par ce nom-là à eux

Quelle est la différence avec lo hodarti ?

R : C’est très simple : c’est une question de grammaire : lo hodarti je n’ai pas fais connaître c’est un Hif’hil - lo nodati je ne me suis pas fait connaître c’est un Nifâl

Oushmi Hashem lo hodarti : Et mon nom de Hashem Je ne leur ai pas fait connaître .

Mais il y a écrit : Oushmi Hashem lo nodati Et mon nom de Hashem Je ne me suis pas fait connaître.

Grammaticalement cela ne marche pas. C’est pourquoi Ibn Ezra dit : il faut lire comme s’il y avait   écrit : Oubishmi Hashem lo nodati : et par Mon Nom de Hashem Je ne me suis pas fait connaître.

Je vous ai indiqué que d’après la Kaballah avec les Taamim il n’y a aucun mystère.

Oushmi Hashem: “lo nodati lahem”

Ce qu’il faut comprendre c’est la différence entre « je me suis montré » et « je me suis fait connaître ». Le verbe de Rao c’est promettre. C’est une révélation qui promet. Une prémonition si vous voulez. Tandis que le verbe de Véodatikha veshem, ça c’est pour Moïse : c’est « faire connaître la réalité de » et non pas « l’intuition que ». Entre voir et savoir c’est très différent.

Alors la génération de la sortie d’Egypte est appelée Dor Déa : la génération de la connaissance. Alors que les générations précédentes, il y a eu des visionnaires. Mais cela a un tout autre sens en hébreu : ceux qui ont vu, pas en imagination, ils ont vu ! Mais ils ont vu un projet. Tandis que Moïse annonce la réalisation. C’est cela la grande différence. Vous voyez que derrière des problèmes apparemment grammaticaux, il y a des problèmes de fond.

 

Enseignement du Shla’h :

C’est à la 26ème génération de l’humanité, la génération de Moïse que le nom de Hashem a été révélé. Il ne le pouvait pas avant parce que la valeur de Shem Havayah est 26 !

Il y a un thème à étudier : il faut 26 étape du développement de l’histoire de l’humanité pour que le nom d‘Hashem soit révélé. Cela ne veut pas dire que les Patriarches ne savaient pas qui était Hashem mais il ne l’ont pas connu comme cela, mais ils l’ont connu comme El Shadaï.

 

***

 

Maharal

 

Lakhen

 

« Ces 4 formules de la délivrance, Vehotseti- vehitsalti - vega'alti – Velakakhti – par rapport à ces 4 formules, ‘hazal ont institué 4 coupes comme cela va ëtre epxliqué plus en détail. Et Il faut expliquer ces 4 choses par rapport au verset (l’annonce de l’éventualité de l’exil qui a été faite à Abraham) : Yadoakh Tedakh Savoir tu sauras que Guer étrangère sera ta descendance, dans un pays qui ne leur appartient pas, et on les asservirra, et on les persécutera, 400 ans, et même la nation qui les aura asservi Je la jugerai ensuite de quoi ils sortiront avec un grand butin ».

 

On ne va pas étudier le verset, mais le Maharal va citer que ces 4 niveaux de la Guéoula, et nous savons qu’il y en a un cinquième, correspondent aux 4 niveaux de l’asservissement qui sont annoncés dans ce verset qui indique l’éventualité de l’exil, déjà à Abraham.

 

                               

« L’explication de cela : trois choses essentielles à retenir :

Te’hilah guerout : d’abord le fait d’être étranger. Même si un étranger n’est pas asservi à quelqu’un d’autre, par le seul fait d’être étranger, il n’a pas de force comme le résident, puisqu’il est sous la domination d’autres. (1er niveau le fait d’être guér).

Et ensuite, niveau supplémentaire, Shiaboud l’asservissement. (Non seulement il est étranger mais il est asservi. En fait nous avons d’autres explicaitons un peu plus fine avec un degré supplémentaires. Vous avez remarqué qu’il en a cité trois mais il y en a 4. Guer Beerets lo lahem : étranger dans un pays qui n’est pas le leur, c’est deux choses différentes. On peut aussi être étranger chez soi mais être étranger dans un pays qui n’est pas le sien c’est encore autre chose.) L’aliénation de la même manière que l’esclave est aliéné. Et ensuite 3ème niveau, hinouï, c’est plus encore que le niveau où l’esclave est asservi, la persécution c’est ce qu’on appelle le hinouï. (Cela va jusqu’à la torture d’ailleurs.)

Et déjà cela a été éclairci plus haut dans l’épisode de Brit bein habetarim (l’épisode de la vision prémonitoire d’Abraham des 4 exils successifs dont l’exil d’Egypte était le modèle). 

 

Et lorsque Dieu est venu les délivrer, Il commence par le dernier degré (hinouï) le plus dur.

Vehotseti correspond au niveau du Hinouï c’est-à-dire le dernier degré de l’asservissement qui est le plus dur, et c’est de ce degré-là qu’Il les a fait sortir d’abord. Et c’est ce qu’il dit : je vous ferai sortir Sivlot Mitsraïm.. C’est ce qui est dit sur la souffrance: lorsque quelqu’un éprouve une souffrance plus forte que la force de résistance de l’homme cela s’appelle Sevel. (Vous voyez ce qu’est la Savlanout!)

Et ensuite, il dit : vehitsalti Et je vous sauverai de leur asservissement. C’est que même du travail des camps Il les a délivré et ensuite par rapport à ”Savoir tu sauras qu’étrangère sera ta postérité”, Il a dit vega'alti – Et Je les délivrerai pour que vous ne soyez pas sous la souveraineté d’autrui.

 

Par conséquent, comprenez bien que dès qu’un juif n’est plus sous la souveraineté d’un goy ou d’un juif, la Guéoula a commencé, c’est le terme qui est employé. La différence entre un israélien et un juif français c’est que la Guéoula a joué. Parce qu’un juif français est asservi à une souveraineté étrangère, alors qu’un israélien est citoyen de son propre pays. Tous ceux qui demandent où se trouve la Guéoula ne savent pas de quoi ils parlent ! Renvoyez-les au Maharal !

 

Et là Je vous délivrerai d’être en leur sein. Puisque jusque-là bien qu’Il les ai déjà fait sortir de la souveraineté d’autrui et qu’ils étaient dans 

 

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11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 14:44

Rabbi de Gour (Sfat Emet) Les fêtes (1971)

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/rabbi_de_gur_sefat_emet_les_fetes/cours_1

 

Le Sfat Emet fut un des grands maîtres ashkénazes de la génération précédente.

 

Dans le calendrier biblique, il y a une différences entre les fêtes bibliques - les moadim - commémorant les grands événements qui se sont produits après la sortie d’Egypte.

Se rappeller la place particulière du temps de la génération d’Egypte dans la Torah.

Les fêtes de Pessah, Shavouot, Soukot, de Rosh hachanah et de Kipour commémorent des événements de la génération de la sortie d’Egypte : les grandes fêtes que l’on appelle les Moadim.

De la même manière que les Mitsvot de Mi deOraïta, de la base de la Torah, sont les Mitsvot telles qu’elles sont données à cette génération-là.

D’autre part dans le calendrier se trouvent d’autres fêtes relatant des événements postérieurs. En particulier ‘Hanoukah et Pourim.

 

Enseignement du Sfat Emet :

Hanoukah ouPourim hem hearot min haregualim

Héarot => Or c’est la lumière et le halo de la lumière s’appelle earah.

La lumière = Or.

Le or donne une earah.

« ‘Hanoukah et Pourim sont par rapport aux régalim (shalosh regalim les 3 fêtes de pélerinage Pessah Soukot Shavouot) comme une hearah par rapport à une Or – comme la lumière et son halo, son aura.

 

C’est dire qu’il y a une correspondance.

 

« Uniquement les 3 regalim qui sont données de façon explicite dans la Torah sont Torah shebikhtav. Et il y a par rapport à cela (aux trois regalim de la Torah proprement dits) il y a aussi les regalim de la Torah shebéalpé. Et ce sont les lumières que l’on reçoit à peu près à la manière de la lumière de la lune qui reçoit la lumière du soleil » 

 

Tout se passe comme si la Torah Shébikhtav est comparée au soleil, la Torah Shébéalpeh est comparée à la lune. Dans le problème des Regalim, la lumière des Regalim Torah Shebikhtav Pessa’h Soukot Shavouot, c’est comme la lumière que donne le soleil. Mais il y a les fëtes de l’histoire juive qui reçoivent leur signification comme un halo de lumière qui vient de ces lumières-là…

 

« Par la force des enfants d’Israël, lorsqu’ils reçoivent les Yom Tov convenablement »

 

c’est-à-dire si les fêtes de la Torah Shébikhtav sont pratiquées comme il faut le faire, c’est-à dire si on s’identifie vraimeent en tant que Juif dans l’événement historique de l’identité  hébraïque, alors arrive dans l’histoire juive, l’événement correspondant de l’événement survenu dans l’identité hébraïque. C’est-à-dire que la fidélité à Pessah va nous donner la possibilité de délivrance… etc.

 

« Et de chacun de ces jours de fêtes des temps bibliques, reste une trace dans l’assemblée d’Israël, et par cette force-là, l’assemblée d’Israël a pu faire apparaitre par rapport aux fêtes bibliques d’autres fêtes correspondantes. ‘Hanoukah est reliée à Soukot. Pourim est reliée à Shavouot »

 

Kabalat HaTorah Mératson - la Torah à Pourim a été acceptée en toute liberté alors qu’à Shavouot elle a été imposée. Donc il y a une relation entre Shavouot et Pourim. Pourim c’est le Shavouot de l’histoire juive. ‘Hanoukah correspond à Soukot dans l’histoire juive. Dans la Guémara, l’étude des Dinim de ‘Hanoukah : la Guemarah établit que la progression des lumières est parallèle à la progression des sacrifices effectués à la fête de Soukot.

 

« La génération au temps d’Assuérus a accepté la Torah imposée au temps de Shavouot, et au sujet de ‘Hag haPessa’h :nous espérons encore comme il est dit dans Mikha Michée 7:15 : « comme au temps de ta sortie d’Egypte montre-nous tes merveilles »

 

A partir de ce verset, il existe cette tradition que les événements de la fin des temps, de la Guéoula de notre présent exil, seront une reprise des événements de la sortie d’Egypte. Il existe des correspondances claires.

 

On s’attendait à un événement du type de Pessa’h, et finalement il est arrivé. D’après cela, le 7ème jour de Pessa’h a comme correspondance le Yom hastsmaout. Et ce 7ème jour de Pessa’h est celui qui commémore le passage de la mer rouge. Au moment du passage de la mer rouge, Moïse rassurant les Hébreux dit aux Hébreux : « regardez bien les Egyptiens car vous les voyez maintenant vous ne les verrez plus tels jusqu’à la fin des temps ». Or, on les a revu à la fin de notre temps, donc c’est qu’on est à la fin des temps de l’histoire !

Cf. le 1er bateau israélien qui a traversé le canal de Suez.

 

Calcul de la date de Yom Haatsmaout

 

Ceux qui font des mathématiques savent que c’est une coïncidence extraordinaire, inouïe, qui confirme qu’il existe une loi des temps, et à partir du moment où les événements arrivent au temps fixé par la prophétie, c’est qu’ils ont une valeur absolue.

 

C’est le compte du Gaon de Vilna (plus grand maitre d’Israël après le Ari).

Après le Ari, il y a eu dans la lignée des ‘Hassidim le Baal Shem Tov et dans la lignée des Mitnaguim, le Gaon de Vilna. C’était la grande école des juifs d’Europe. Il en est issu de très grands maîtres. Dans le temps contemporain, c’est le Rav A.I. Kook. 

 

 

Le 5 Iyyar on commence à se préparer à la réception de la Torah à Shavouot.

 

C’est une donnée de la Halakhah depuis toujours : on commence à se préparer à Shavouot (Matan Torah) à partir du 5 Iyyar, parce que c’est le 5 Iyyar qu’a été gagné la guerre contre Amaleq au moment de la sortie d’Egypte.

Il y a eu une mise en doute concernant  la révélation... Vayabo Amaleq....

5 Iyyar depuis toujours on commence l’étude des Dinim pour se préparer à Shavouot. Le 5 Iyyar c’est le jour où on bascule dans la période du Ômer de la polarité Pessa’h à la polarité Shavouot.

Cela se rattache donc au principe que tous les événements de la délivrance viennent se ranger dans la période du Ômer jusqu’à ce qu’on rejoigne le Shavouot de la fin des temps.

 

Vous voyez d’ailleurs que par le seul fait que le Yom shel Yeoushalayim le jour de la délivrance de Jérusalem soit tellement près de Shavouot indique la proximité d’avec le Shavouot de la fin des temps... Mais comme on dit en français «  qui vivra verra »...

 

Texte du Gaon de Vilna : Commentaire du Sifrei Detzniouta :

 

« A la fin de 5700 années de la création du monde, approximativement, soit un peu avant, soit un peu après, arrivera notre terme de l’exil, avec l’aide de Dieu, afin que les enfants d’Israël puissent résider en sécurité sur leur terre. »

 

Pendant les événements de la dernière guerre mondiale, le Yishouv d’Erets Israël a été sauvé miraculeusement. Il existe dans le rite Séfardim, une prière dans le Shmoneh Esrei pour que le Mashia’h Ben Yossef ne soit pas détruit.

 

« C’est-à-dire 300 ans avant la fin du 6ème millénaire »

 

Or, la date de la proclamation de l’état d’Israël est 5708. Il est bien évident que le Rav qui enseigne ici savait la date comme le Gaon de Vilna, ce sont des traditions qui viennent des Prophètes.

 

Je vous rappelle le principe : S’il y a un mérite suffisant, cela peut-être n’importe quand, sinon cela viendra en son temps. Si cela vient par le mérite, alors cela vient par les miracles dévoilés, et le Temple descend tout construit du ciel. Sinon cela vient par les lois de la nature avec les catastrophes. Cela vient comme c’est venu. Nous avons vécu ces catastrophes. Aujourd’hui si vous voulez, si vous ne voulez pas cela se passera quand même comme cela se passera.

 

Ce mérite, c’est le mérite de se trouver en Erets Israël, il n’y a pas d’autres Mitsvah par rapport à ce problème de mérite. Nous verrons d’après ce contexte de la Guémara de Sanhédrin qu’il n’y a pas d’autre mérite que cette décision d’habiter en Erets Israël qui contient tout entier ce mérite.

 

Exemple :

Pendant la Shoah, ont été détruit les juifs pieux et les juifs non-pieux. Ils avaient en commun une   seule mitsvah qu’ils ne pratiquaient ni les uns ni les autres. : celle d’habiter en Erets Israël !

C’est dire que par rapport, à la promesse du retour en Israël, il y a une seule Mitsvah qui compte c’est de revenir. Il n’y a jamais eu un autre mérite que celui-là.

 

« Afin que ce soit dévoilé aux yeux de tous que la vérité est avec eux (les Bnei Israël) et qu’ils puissent jouir dans leurs corps et leurs esprits de ce monde-ci. »

 

C.à.d. que les seuls temps où les Juifs sont de ce monde, sont les temps où ils habitent Erets Israël. Pendant le reste du temps, ils habitent en enfer.

 

« En compensation du fait qu’ils ont été persécutés par le joug de l’exil chez les nations dans leur corps et dans leur esprit »

 

Avant d’aborder cet enseignement du Gaon de Vilna :

Dans les rites Séfardim, il y a une kavanah (une intention de prière) lorsqu’on dit la Brakhah du Shmoneh Essei :

 

 « Réside dans Jésuralem Ta ville comme tu l’as promis et le trône de David ton serviteur, prépare-le au sein de Jérusalem rapidement et contruit là d’une contruction éternelle de notre temps, Baroukh Atah Hashem Boneh Yeroushalayim ».  

 

C’est l’invocation à Dieu comme construisant Jérusalem et c’est la relation au temps de Mashia’h Ben Yossef dont l’une des prérogatives est de reconstruire Jérusalem. Or, Jérusalem se reconstruit ! Depuis 1948 c’est considérable, c’était une petit bourgade, il y avait la vieille ville etc...

 

Au moment où l’on dit cette prière, il y a une Kavanah dans le rite Séfarade: on doit demander que le Mashia’h BenYossef ne soit pas tué par un certain Rashâ qui s’appelle Armelious.

 

1- Pourquoi dans le rite des Séfardim ?

Le monde askénaze,  c’est Jacob chez Esaü et le monde séfarade, c’est Isaac chez Ishmaël. Il y a donc 2 galout différentes, 2 conflits différents. C’est pourquoi l’identité sefarade et l’identité ashkenaze sont différentes. Et l’identité israëlienne va réacapituler tout cela.

 

Les conflits ne sont pas les mêmes.

Le conflit de Jacob-Esaü est un conflit spirituel : Qui est Israël ? La querelle est celle vécue par le monde ashkénaze dans le monde chrétien. Tandis que le conflit entre Isaac et Ishmaël est un conflit politique : A qui appartient l’héritage d’Abraham, la terre de Kénaan ?

 

On apprend par beaucoup de sources que c’est Jacob qui aide Isaac dans son conflit contre Ishmaël, et c’est Isaac qui aide Jacob dans son conflit contre Esaü.

 

Comment ?

 

ð  Le sionisme politique est sorti du monde ashkénaze et il s’appelle Mashi’ah benYossef. Yossef est le fils de Jacob.

ð  Alors que le sionisme spirituel sort du monde séfarade. David descendant de Isaac. C’est grâce à la Kaballah que le judaïsme a pu triomphé du chritianisme. Or, la Kabalah est sortie des Séfardim.

 

C’est donc normal que ce soient les Séfardim qui prient pour le Mashia’h BenYossef qui sort des Ashkenazim. Effectivement l’état juif est sorti des Ashkénazim.

Le Mashia’h ben David sort des Séfardim : la Torah sort des Séfardim

C’est la collaboration des 2 forces en Israël.

 

C’est donc normal que ce soient les Séfardim qui prient pour le Mashia’h BenYossef qui risque, selon une tradition kabaliste, à la fin des temps d’être tué par un certain  « Armélious ». 

 

Or, je vais vous indiquer que nous avons vécu ces événements là.

Qui est ce Armélous ? Ce nom est tout simplement le nom de Romulus fondateur de Rome tel qu’il est passé dans le Midrash au temps des Grecs. Et d’après le Midrash c’est le nom du chef d’état major des armées goy qui feront la guerre contre le Mashia’h BenYossef.

 

Or, au temps de la 2nde guerre mondiale le Yishouv était protégé par la brigade juive. Il y avait le risque que l’armée allemande et italienne de l’Afrique du Nord et d’Egypte qui était dirigé par un certain Rommel, conquiert le Yishouv et détruise dans l’oeuf l’état d’Israël en construction. Cela veut dire que la prière des Séfardim a réussi et que Rommel n’a pas réussi à tuer Mashia’h ben Yossef !

 

Puisqu’il est bien évident que si la brigade juive avait été détruite par l’Afrika Korps, l’armée de Rommel, le Yishouv aurait été balayé et il n’y aurait pas eu l’état d’Israël.

 

Vous allez me dire c’est une coïncidence. Bien sûr que c’est une coïncidence ! 

Mais je vous répond : Qu’est-ce qu’un Maréchal allemand au nom italien de Rommel ?

Il fallait donc qu’il y ait cette alliance italo-allemande et qu’il arrive cette chose inouïe que ce maréchal de l’armée d’Afrique du Nord s’appelle Rommel qui est « Rome El » : le dieu de Rome »... etc.

 

Il faut toujours continuer à faire cette Kavanah parce qu’on ne sait pas ce qui peut arriver.

 

 

J’en arrive à l’enseignement du commentaire du Gaon de Vilna

Sur un des passages les plus difficiles du Zohar – Safra di tsiounata. 

5ème chapitre p 33b de l’édition de Jérusalem.

 

L’histoire du calendrier hébraïque depuis le 1er homme jusqu’au temps messianiques dure 6000 ans.

Or, ces 6000 ans correspondent aux 6 jours du commencement. Les 6000 ans sont le développement de ce que la Torah nous raconte dans le récit des 6 jours du commencement. Il y a donc une correspondance de jour à jour pour ce qui s’est passé dans le 1er millénaire de la civilisation qui correspond au 1er jour du commencmeent... etc. jusque dans le détail.

 

D’autre part, il y a une Guémara qui nous explique tout ce que le 1er homme a fait durant ce 6ème jour.  Le Gaon de Vilna nous dit ceci :

 

« Et sache que ces 6 jours (6 jours du commencement) sont une allusion au 6000 ans de l’histoire qui sont les 6 jours, et (comme le dit le Zohar) les 6000 ans dépendent des six antérieurs. (Les 6 jours du Maasseh Béreshit). Et tous les détails qui sont dans ces 6 jours-là, se retrouveront dans les 6000, chacun dans son jour et dans son heure. Et de là, tu apprendras ce que sera le Qets de la délivrance lorsqu’elle vient en son temps, ‘has ve shalom, Dieu préserve (car le peuple est sans mérite et cela signifie que les catastrophe vont arrivé) »

Et quand ils n’auront pas de mérite et il s’agit de la fin ultime (il n’y a pas d’autres date de rdv possible après). « Et je fais jurer le lecteur au nom du Dieu d’Israël, qu’il ne dévoile pas cela »

 

C’est la promesse de ne pas dévoiler le temps de la fin de l’exil avant la fin de l’exil.

 

Voilà l’explication qui en ressort d’après la Guémara de Sanhédrin :

Chaque jour correspond à 1000  ans.

Mais chaque jour comporte 12h de nuit et 12h de jour

La Guémara nous raconte ce qu’a fait Adam Harishone à la 1ère heure du JOUR jusqu’à la 6ème heure. (Pendant la nuit il est en exil) A la fin de la 5ème heure et au début de la 6ème la Guémara nous dit : « il s’est dressé sur ses pieds » Qam c’est le même mot que Tqoumah.

L’allusion du Gaon de Vilna c’est que de la même manière que Adam harishon s’est dressé sur ses pieds à fin de la 6ème heure, de la même manière la fin de la galout sera à la fin de la 6ème heure du 6ème jour.

 

On ôte 500 ans de la nuit de 6000 car 1000 ans c’est un jour de 24h donc la nuit 5500.

On a la surprise de voir que c’est la date de naissance du Gaon de Vilna.

On divise 500/12 pour obtenir le nombre d’année qui correspondent à une heure. On établit la fin de la 5ème heure et on obtient le jour même où à Jérusalem fut reçut le télégramme de l’ONU indiquant que l’état d’Israël était né. Ce calcul élémentaire donne la date du 14 mai 1948.

 

1000 an est un jour. Dans un jour = 24h. Enlevez 12h de nuit donc 500 ans. On est déjà à 5500.

Ensuite, il reste 12 heure de ces 500. On divise 500 par 12 et on a le nombre d’année pour une heure. Alors on établi comnbien fait la fin de la 5ème heure. On cherche dans le calendrier et on trouve que c’est le jour où l’état d’Israël a été créé !

 

Il fait jurer qu’on ne dévoile pas la date avant qu’elle arrive.

 

Avec cela c’est un problème si un juif croyant ne veut pas voir dans le sionisme politique l’événement messianique prophétisé par les prophètes.

 

Si vous avez une capacité d’étude suffisante, étudiez l’histoire du monde dans ce 6ème millénaire.

Ce qui s’est passé durant les 500 1er ans de la nuit de Adam harishon... jusqu’à la fin du 6ème jour.

On voit l’accélération foudroyante de l’histoire depuis l’an 5500 et on est dans la fin du 6ème jour.

 

Et vous suivez parallèlement ce qui se produit dans l’histoire juive : à partir de la date 5500 commence les premières prises de conscience du nationalisme juif, et l’opposition avec les autres tendances : l’assimilation de l’émancipation française, l’entrée dans l’internationale socialiste, la réaction de l’orthodoxie etc...

  

Une belle Mishnah des Pirqey Avot : Chapitre 2.20:

« Rabi Tarfon dit : le jour est court et l’ouvrage est nombreux, les ouvriers sont paresseux, pourtant le salaire est grand,  et le maitre de maison est pressé. » 

 

C’est l’exemple type de la maison juive le vendredi avant Shabat. Dans tous les cas cela se passe comme ça. Le jour est court, les ouvriers sont paresseux pourtant on sait que le salaire est grand et le maître de maison est pressé de dire le Qidoush de Shabat, c’est-à-dire les temps messianiques. Cette Mishnah concerne clairement le 6ème jour ! 

 

C’est exactement l’état du monde avant la fin du 6ème millénaire et la précipitation des événements de fin des temps : la cuisine de préparation du Kidoush du Shabat.  

 

37:45

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13 décembre 2009 7 13 /12 /décembre /2009 12:47

 

HANOUKAH - 2ème partie


http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/hanouka/cours_1

Durée : 31,6 minutes
Face B

 

 

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…il tranfigue la matière. Tandis que si Esaü s’occupe du problème de Jacob qui est le problème de l’esprit, alors Esaü assasine l’esprit. Si vous lisez, à tous les niveaux de lecture d’ailleurs, ce que la Torah dit de Jacob et d’Esaü, cela affleure à tous les niveaux. Je vous en donne un exemple :

 

Jacob est celui qui est capable, alors qu’il est l’homme de l’étude, de fabriquer l’élixir de vie. Quand Esaü revient fatigué du champ, fatigué de vivre, Jacob est en train de préparer un plat de lentilles qui est un élixir de vie., Et Esaü dit à Jacob : donne-moi à manger de cela sinon je meurs…

Tandis que lorsqu’Esaü s’occupe du problème de Jacob qui est celui de la vie de l’esprit, alors il y met la mort. La grande différence entre le judaïsme et le christianisme, l’un issu de Jacob et l’autre issu d’Esaü, c’est que dans le judaïsme le Dieu vivant est vivant, alors que dans le christianisme il  est mort. C’est une religion qui adore la mort comme voie de salut, avec les mots de la religion du Dieu vivant, le judaïsme. C’est à peu près dans le même ordre d’idée.

Lorsque l’hébreu s’occupe du travail du grec, les sciences de la matière, il y collabore et les transfigure. Lorsque le grec s’occupe du travail de l’hébreu, les sciences de l’esprit, alors il y met l’obscurité.

 

Voilà quel était l’enjeu de ce conflit. C’est asymétrique. Il y a un objet légitime du génie grec et un objet légitime du génie hébraïque au niveau de la sagesse. Mais encore une fois c’est asymétrique et c’est ce conflit qui est enjeu.

 

A l’échelle du Klal Israël, les Makabi ont triomphé, c’est irréversible : ‘Hanoukah = inauguration.

A l’échelle individuel, les Moumarim, c’est la blessure de Jacob et cette lutte est incachevée.

C’est l’essentiel de ce qu’il faut retenir et découvrir pour la compréhension du sujet.

 

Or, l’essentiel du propos de la Grèce c’est dans la force de sagesse qui lui est spécifique.

 

Et nous avons vu de quoi il s’agit. J’ajoute quelque chose d’important, et nous devons surtout à Nietszche d’avoir renouvellé le sujet. C’est que la conscience grecque à l’origine a été capable des deux possibilités. De la même manière que nous pouvons voir que la conscience hébraïque est capable des deux possibilités. Mais il y a eu une option. En fin de compte, le génie grec a opté pour ce qui est devenu la culture grecque. De la même manière que le génie hébraïque a opté pour ce qui est devenu la culture hébraïque. Il y a dans la conscience grecque une expérience du tragique qui va avec le génie et surtout l’objet de ce génie. Parce que si le monde est impersonnel comme le dit la mathématique, alors le fait pour une personne de vivre ce monde impersonnel est une tragédie absolue sans aucune issue. C’est pourquoi la conscience grecque est esthétique et tragique, alors que la conscience hébraïque est optimiste. Il n’y a pas de tragédie dans la conscience hebraïque. Je crois que c’est un sujet pour les psychologues très important : lorsqu’un juif est en situation de tragédie c’est que quelque chose ne va pas dans son identité.

 

Un juif est capable d’être tragique mais l’option de la culture et de l’identité juive c’est l’optimisme et l’espérance. Un grec est capable d’optimisme mais l’option de la culture grecque a été la tragédie.

Ces problèmes m’ont été beaucoup éclairé par ce que Nietszche dit de la culture grecque.

 

Et par conséquent même son opposition à Israël était orientée, dirigée, en particulier face à la sagesse propre à l’assemblée d’Israël. Et par le fait même, le miracle de la délivrance du temps de la Grèce se relie à un culte concernant l’illumination de la ménorah, puisque cela se relie au fait  renforcer et d’agrandir la force de Knesset Israël. 

 

Il est évident que ceci demande à être expliqué. Puisqu’on trouve dans les décrets des Grecs contre les Judéens, des décrets qui n’avaient aucun lien avec des problèmes de la sagesse. Par exemple: toute vierge juive qui devait être mariée devait être prise d’abord par le gouverneur de la ville.

 

Petite parenthèse : ces gzeirot là ont eu lieu assez souvent dans l’histoire. Dans certaines commaunautés, la coutume pour les femmes de se raser la tête vient de là. Le soir du mariage le seigneur venait prendre la jeune mariée qui se rasait la tête pour lui déplaire… C’est resté dans certaines communautés.              

 

Rashi a expliqué une Halakhah à ce sujet. Le fait que les femmes doivent allumer la ‘Hanoukiah [c’est une mitsvah à temps fixe mais les femmes en sont obligées] cela vient de ce que le miracle de ‘Hanoukah les a concerné. L’intention est ce décret des Grecs dont les femmes ont été sauvé.

 

Lorsque les femmes allument la ‘Hanoukah en fin de compte il y a une Kavanah particulière pour elles qui a été cette Gzeira des Grecs contre les femmes d’Israël.

 

Mais la source de la compréhension de notre sujet (le conflit des deux sagesses) se trouve dans une Braïta du traité Taanit : le 8ème jour du mois de Tevet c’était un jour de jeûne parce que c’est le jour où la Torah a été traduite en grec. Et l’obscurité est descendue dans le monde. 

 

Nous avons étudié lundi ces deux sources selon lesquelles Yavan représente l’obscurité du monde. C’est là la définition négative. D’autre part, il représente la beauté du monde, c’est la définition positive. Quand cette obscurité est-elle apparue ? C’est quand la Torah a été traduite en grec. La Guémara rappelle qu’en ce temps-là il y avait un jour de jeûne, le 8 Tévét, qui n’est plus usité.

Il y a ainsi des commémoration qui ensuite avec le temps s’oublient. Lorsque les Français ont donné la citoyenneté française aux Juifs algériens, les rabbins algériens ont décrété un jour de jeûne. Ce jeûne a été pratiqué pendant quelques générations, et ensuite les Algériens sont devenus des Français, et on a oublié ce jour de jeûne. Je me souviens très bien de la motivation : ce n’était pas tellement parce qu’on ne voulait pas être français, mais parce qu’on devait aller à l’armée, et c’était la porte à la dénaturation d’identité. A partir du moment où la première génération est allée à l’armée, alors ont commencé les Juifs qui ne mangeaient plus cachère, les Juifs qui n’observaient plus chabbat, les Juifs qui se mariaient avec des goyim…etc.  Cela a commencé par là. Les rabbins avaient diagnostiqué cela à l’avance. Il n’en reste pas moins que les Juifs algériens sont devenus français et tout le reste y compris. Alors ce jeûne est tombé en désuétude.

 

Et nos maîtres ont expliqué que cette obscurité que cette traduction a fait descendre dans le monde vient de ce que par cette traduction s’est réalisée cette prétention que les peuples du monde finirait par dire : « c’est nous Israël ! »

 

C’est en s’appuyant sur la Bible traduite.

 

La racine de cette traduction était l’intention d’annuler la différence entre Israël et les peuples.

 

L’idée est claire : jusque là la grande différence entre Israël et les nations c’est la Torah. Mais voilà que les nations se réclament de la Torah qu’ils appellent la Bible. C’est pourquoi c’est un événement important.

 

Nous apprenons de là que la nation particulière qui a voulu cette annulation de la différence entre Israël et les nations était la Grèce-Yavan. C’est dire que le vis-à-vis d’Israël dans le principe de la différence entre Israël et les Nations c’est Yavan.      

 

Cela veut dire que ce problème qui est exprimé par cette expression « Israël d’une côté et les nations de l’autre », le visage des nations qui luttent contre Israël sur ce problème c’est précisément Yavan. Alors je crois que là c’est le niveau de ‘Hanoukah dans le premier sens. On y a échappé. La naiton d’Israël a survécu à ce danger. Mais à l’échelle individuelle, au niveau des Moumarim la blessure reste ouverte. C’est l’essentiel du sujet. On peut arrêter là la traduction. Je crois qu’une des choses les plus intéressantes indiquées par cette enseignement, c’est que la différence entre la lutte contre les Grecs et la lutte contre les Mityavnim.

 

Q : … on ne se contente pas de citer la différence entre Shabat et jours de la semaine, on ajoute deux données : la différence entre l’obscurité et la lumière, et la différence qu’il y a entre les peuples et Israël. Est-ce que cela peut se attacher au sujet ? 

R : évidemement aussi très directement. Je dirais qu’il faut un peu nuancer. La nuit a sa propre lumière. La différence c’est par rapport à la lumière du jour. Je me réfère à ce que dit la Torah très directement : le soleil est pour éclairer le jour, et la lune pour éclairer la nuit. C’est relatif. Mais il y  effectivement une Havdalah. Or, c’est cette Havdalah qui était en jeu dans la lutte des Makabi contre les Grecs.

 

Q : (ndlr. la voix d’Alain Michel ? ): sur l’histoire des Mitnyavnim et leur présence en Israël…

R : Les Mitnyavnim physiques ont disparu mais pas leurs positions. Leur position était de faire une distinction entre les deux dimensions de l’identité Israël par la nation et par la Torah. Une fois cette séparation faite, ils étaient par la nation une des provinces de la culture grecque, et ils ont gardé la Torah comme religion. Mais cette religion qu’ils ont gardé est devenue d’ailleurs le saduccéïsme et s’est dénaturée. Ils ont donc disparu physiquement mais le résultat a été Alexandrie.

Si les Mitnyavnim ont disparu d’Israël c’est parce que la Judée a disparu. Les Saduccéens ont disparu parce que la Judée a disparu. Ce problème se renouvelle de notre temps. Le grave danger que ce soit en Israël, ou en ‘Houts Laarets même, c’est la séparation entre ces deux dimensions de la définition de l’identité d’Israël. Simultanément Israël par la nation et Israël par la Torah. Lorsque l’on sépare cela il y a Moumar.  C’est ce qu’étaient les Mitniavnim au niveau nation. Au niveau nation, Judée voulait dire une des provinces de la Grèce. Alors leur religion, leur fidélité à la Torah c’était la religion saduccéenne. Elle s’était dénaturée, ce n’était plus le judaïsme très rapidement. C’est ce qui est arrivé à Alexandrie. A un autre niveau, c’est le phénomène d’Alexandrie qui a nourrit le christianisme. C’est certain.

 

Q : Question d’Alain Michel: historiquement les ‘Hassidim opposés aux ‘Hashmonayim…

Réponse: c’était pour moi un mystère, j’ai appris cela au Talmud Torah en juif et pas en historien. Du point de vue de la mémoire traditionnelle, nous avons appris l’inverse. C’était pour moi un mystère chaque fois que j’ai entendu les historiens parler de cela. Je crois que la première fois que j’ai entendu un universitaire dire les choses à l’endroit à ce sujet c’était Monsieur Néher. Les Pharisiens sont ceux qui sont restés fidèle à l’identité juive par la nation. Alors la religion est cachère. Alors que les Saduccéens c’était l’inverse. Et les Makabi c’était un mouvement pharisien et non pas saduccéen. Les ‘Hassidim dont tu parles c’étaient des Pharisiens plus pieux et pas du tout ces gens-là auxquels on impute la position des Saduccéens.

 

Ce sont les descendants des Makabim qui deviennent saduccéens alors les Pharisiens les excommunièrent. Et c’est pourquoi ‘Hanoukah est expulsé du Talmud à ce moment-là plusieurs génération plus tard. Le Talmud c’est les Pharisiens, et les Pharisiens n’aiment pas les descendants des Makabim à cause de cela, parce qu’ils ont violé deux principes de la Torah :

 

-          L’interdit de théocratie : ils ont instauré une royauté de prêtre. C’est permis ponctuellement : les prêtres prennent le pouvoir royal mais ils doivent le rendre, dès la paix revenue, au pouvoir politique. Or, ils l’ont gardé et sont devenus saduccéens.

 

-          Ils ont converti de force des populations entières en groupe. Ils ont converti des Iduméens et c’est de ces Iduméens convertis au judaïsme qu’est sorti le christianisme. « Guyour shé lo kahalakhah ».

 

Et je crois que le problème aujourd’hui est très grave. Aujourd’hui l’orthodoxie juive a pris le courant sadduccéen. Il y a alors un Pilpoul de positions qui est extrêmement néfaste. Il y a encore un seul parti religieux qui a des chances de rester cachère, c’est le Mafdal parce qu’il est orthodoxe national. Aux dernières élections, je n’ai pas voté pour le Mafdal, tout simplement parce que c’est un parti où il n’y a que des religieux. S’il y avait un Mafdal avec des ‘Hilonim peut-être aurais-je voté Mafdal. Alors j’ai voté pour un parti où il y a religieux et ‘hilonim…

C’est là qu’est le danger : à partir du moment où une orthodoxie se définit uniquement par la religion elle est déjà sadducéenne.

 

Q. Question d’Alain Michel sur Leibovitch…

R : Du point de vue de son option politique existentielle il est à gauche, mais du point de vue de sa conception de la Torah c’est Deguel Hatorah en plein ! C’est l’idéologue de Deguel hatorah ! Au niveau de l’idéologie religieuse, pour lui, un Juif qui ne pratique pas le Shoukhan Aroukh ce n’est plus un Juif ! Or, la vraie Halakha est contre cette position. J’ai eu l’occasion de connaitre Leibovitch dans la vie privée parce qu’un des mes gendres a été un de ses élèves pendants des années. Dans la vie privée il est gentil comme tout, mais en public c’est une catastrophe ! Je crois que c’est cela les orthodoxes : en public ils manquent de Derekh Erets ! Alors que dans la vie privé ils ont l’air de Juifs normaux…

 

Interrogé par un journaliste français sur le problème de « Mi Hou Yehoudi ? ». Cela m’a obligé à mettre au clair ces choses-là. Il y a une double inconséquence. D’abord du côté du Guyiour réformé. Lorsque la religion réformée a été formée elle a été fondée sur la séparation absolue entre la religion et l’identité Israël. Dans leurs premiers livres de prières toute allusion à Erets Israël avait été expurgée. C’est depuis la guerre des 6 jours qu’il s’est produit ce miracle que les réformés et les conservateurs sont devenus pro-israélien. Jusque-là pour eux c’était l’abomination. Valait mieux être américain, germanique ou britannique…etc. A partir de la guerre des 6 jours tout a changé.

C’est pourquoi tout ce problème de « Mi Hou Yehoudi ? » à la Knesset, est basé sur toute une série d’incompréhensions. Il faudra du temps avant que le langage arrive à se recoder. Et inversément, les orthodoxes qui réclament à juste titre du point de vue de la Halakha : ce n’est pas un problème orthodoxes-réformés c’est un problème vérité et mensonge : un juif est un juif et un non-juif est un non-juif. Eux, les orthodoxes, ne participent pas du tout à la Aliah sioniste. Or, il s’agit d’une loi de l’état d’Israël ! Il y a donc une double imposture. Ce qui fait que le seul parti qui aurait le droit de demander cela - mais l’occurrence politique semble bouchée - ce serait le Mafdal. Raison pour laquelle c’est un problème extrêmement grave.

 

On est en plein dans le problème que Pa’had Its’haq a décelé. Cette distinction entre le niveau national et le niveau religieux est catastrophique. Elle est la plus grave chez les orthodoxes (antisionistes) parce qu’ils sont en train d’inventer une autre identité juive qui n’est plus celle du Klal Israël, et qui est de type Babel. Babel c’est Jérusalem de l’étranger. Surtout pas Médinat Israël ! Et la Qedoushah de Babel a toujours été considérée par la Halakhah comme inférieure à celle d’Erets Israël, mais du même ordre. Babel c’est un Juif en suspend mais c’est un Juif. Tandis qu’Alexandrie c’est un pré-Chrétien. Vous voyez le drame.

…/…

Nous sommes vraiment un peuple où on ne peut pas s’ennuyer  !

 

Q : C’est le Talmud de Babel ?

R : Non pas du tout. Le Talmud de Babel c’est le commentaire des écoles babyloniennes sur la Mishnah d’Erets Israël. Et sans la Mishnah d’Erets Israël, il n’y a aucun Talmud. Seulement dans l’exil on a appris le Talmud de Babel, beaucoup plus facile que le Talmud de Jérusalem plus condensé, succint. La grande différence c’est que dans le Babli l’essentiel c’est la Halakha alors que dans le Yeroushalmi l’essentiel c’est la Hagada. Au point que la Hagada est devenue hermétique dans le Babli. Dans une Yéshivah de type Babel quand on arrive dans un sujet qui nécessite la Hagadah pour comprendre de quoi parle la Halakha on passe…

Cela veut dire qu’on ne comprend pas. On ne peut comprendre la Hagadah qu’en Erets Israël parce que la Hagada est de l’ordre de la Névoua. C’est un grand enseignement du Rav Kook. Il faut Erets Israël pour comprendre de quoi il s’agit.

 

Du point de vue de l’étude, lorsqu’on est formé au Talmud de Jérusalem, la mentalité est différente de ceux formés au Talmud de Babylonne. C’est évident.

 

Je vous ai cité l’exemple de Rabbi Zeirah. Lorsqu’il a fait sa Aliah, il a jeûné 40 jours en priant pour oublier tout ce qu’il avait appris à Babel. Il cite un verset de Isaïe : « un peuple dans un tunnel obscur a vu au bout la lumière… » On raconte de lui que pendant son jeûne, il faisait des exercices pour voir s’il pouvait supporter d’avoir le pied dans les braises. On lui a demandé pourquoi ? il a dit : si jamais je vais en enfer...  Il se préparait. Il avait peur d’aller en enfer quand il a vu la différence entre Babel et Jérusalem… 

 

Nous sommes arrivés au bout du sujet :

Le véritable enjeu de ‘Hanoukah n’est pas achevé. Il y a eu une victoire à l’échelle globable au niveau de la nation. La nation d’Israël est sauvée des Grecs, mais à l’échelle individuelle la lutte contre les Mitnyavnim n’est pas finie.

 

Paradoxe énorme : les Mitnyavnim ce ne sont pas ceux qui introduisent la mentalité grecque dans les études juives, c’est finalement les orthodoxes eux-mêmes qui risquent de déclencher ce qu’ils sont en train de déclencher…

 

 

< fin >

 

***

 

 

 

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13 décembre 2009 7 13 /12 /décembre /2009 12:46

'HANOUKAH

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/hanouka/cours_1

Durée : 45,9 minutes
Face A

 

 

J’avais intitulé ce sujet le véritable enjeu de ce que commémore ‘Hanouka c’est-à-dire la victoire des Makabim contre les Grecs.

Je ne reviens pas sur la description du moment et des problèmes qui se sont posés au Judéens qui étaient l’Israël de ce temps, Erets Israël c’était la Judée et nous sommes au temps du Bayit Shéni. Puisque vous l’avez déjà en mémoire, j’aurais implement à m’y référer si nécessaire à analyser tel ou tel point plus particulier.

Le sujet auquel j’ai pensé en préparant cet exposé c’est ce qu’était le véritable enjeu de la victoire des Maccabées, de la lutte des Maccabés contre les Grecs qui a été sanctionnée par la victoire des Maccabées. Nous savons déjà que au moment de la victoire, la victoire a été positive : il y a eu un événement - disons ponctuel, bien qu’il ait pris un certain nombre d’années, l’espace d’au moins une génération - qui est commémoré par la fête de ‘Hanouka, et ici le mot de ‘Hanoukah a le sens de inauguration. C’est le fait qu’on ait pu ré-inaugurer le service du temple après qu’il ait été rendu impur par l’objectif des Grecs dans leur lutte contre la Judée.

 

La Judée a été au temps de Grecs - comme cela a été le cas plus tard au temps des Romains – un cas particulier, un problème spécial, posé aux empires de ce temps. Les empires de ce temps avaient l’habitude, une fois leur conquête opérée dans telle ou telle province ou pays, d’intégrer la culture de ce pays dans l’ensemble de l’empire. Que ce soit l’empire grec d’ailleurs à sa manière, l’empire romain à sa manière… C’était d’ailleurs une des habitudes culturelles de ce temps-là puisque le modèle se trouve déjà dans ce qui s’est passé en Perse.

La fête de Pourim et l’événement qu’elle commémore est de nature différente de la fête de ‘Hanouka et de l’événement qu’elle commémore, mais malgré tout, c’était déjà le même principe : une tentative d’intégrer dans l’ensemble d’un empire donné les différents peuples qui étaient conquis. Et déjà au temps des Perses, il y a un problème particulier avec les communautés juives qui étaient en exil en Perse - c’est le problème de Pourim et de la Méguilat Ester que je rappelle pour mémoire - mais en particulier au temps des Grecs et des Romains, c’était inassimilable.

 

Et donc quel est ce véritable enjeu de cette lutte des Makabim contre les Grecs, au-delà de l’événement ponctuel de la victoire qu’on pourrait définir comme étant le fait de retrouver l’indépendance politique ?

L’indépendance politique étant la clef en principe de l’indépendance tout court, et donc aussi le fait de pourvoir garder son identité, sa personnalité propre, le fait de pourvoir être autonome, souverain, maître de sa propre histoire et de sa propre identité.

 

Nous allons voir qu’au-delà de l’événement de la victoire, cet événement ponctuel commémoré par ‘Hanouka, ‘Hanoukah est la fête de la réinauguration du temple. Il y a derrière cela une lutte beaucoup plus insidieuse et plus profonde, dont je voudrais parler ce soir dans cet intitulé : le véritable enjeu de l’événement de ‘Hanouka.

 

L’empire grec et la culture grecque de ce temps a pris acte que l’identité Israël de ce temps – c’est-à-dire les Judéens – était inassimilable au projet impérial de l’empire grec. Et par conséquent, il y a une tentative de dénaturer l’identité judéenne elle-même. J’utilise l’expression de judéen pour être fidèle à la précision historique, mais à partir de maintenant je dirais Israël parce que le sujet est beaucoup plus profond.     

 

Je voudrais surtout parler en me basant sur un des enseignements du Pa’had Its’haq qui, je vous le rappelle, est le Rav Hutner mort il y a quelques années, un des principaux, sinon le plus grand des commentateurs du Maharal de notre temps, que j’ai eu le privilège de connaître personnellement.

 

Il a mis en évidence un deuxième sens du terme de ‘Hanouka dont le Rav Kook dans son enseignement avait déjà abondament parlé. C’est que ‘Hanoukah renvoie à la notion d’inauguration mais aussi à la notion de ‘Hinoukh c’est-à-dire d’éducation. C’est le deuxième niveau dont nous allons parlé avec le texte que je vais vous lire simultanément en hébreu et en français en l’expliquant lorsque nécessaire.

 

Je voudrais introduire cette étude par le thème suivant : c’est un enseignement du Maharal sur le verset de base concernant l’éducation et qui est [Proverbes 22.6]:

חֲנֹךְ לַנַּעַר, עַל-פִּי דַרְכּוֹ--    גַּם כִּי-יַזְקִין, לֹא-יָסוּר מִמֶּנָּה

« Hanokh lanaar al pi darko, gam ki yazkine, lo yassour miménah » 

 

C’est un verset très important pour comprendre la conception juive de l’éducation et du Naar, le jeune l’adolescent : celui qui est en train de s’éveiller à la conscience adulte.

« Eduque l’enfant Al Pih Darkov selon son chemin de tel sorte que lorsqu’il vieillira il ne s’en écartera pas. »

 

Il y a deux significations du verset :

1-       1ère lecture :

Le Pshat direct : si on donne une éducation réussie à un enfant et pour que cette éducation soit réussie, il faut emprunter la méthode éducative qui est propre à son tempérament, à son caractère, à son identité, à son derekh, à sa manière de se conduire en général. Puisque l’objectif de l’éducation ce n’est pas s’assujettir l’enfant à une éducation perpétuelle mais au contraire d’aboutir à cette inauguration du fait qu’il devienne majeur. Et à partir du moment où l’enfant devient majeur et fonctionne comme homme par lui-même, alors c’est le signe que l’éducation a réussi.

 

Il y a donc une opération, un Maasséh qui est le ‘Hinoukh, qui, si il réussit, se transforme en ‘Hanoukah si j’ose dire, le fait qu’on inaugure la majorité de l’enfant que l’on a éduqué.

 

Le secret de ce verset c’est qu’il ne faut pas que l’éducateur impose son derekh à lui à l’enfant, mais l’inverse. Il doit imposer le contenu du ‘Hinoukh mais adopter le Derekh de l’enfant. C’est le secret de la réussite d’une éducation. Ceux qui ont étudié la Torah des Loubavitch savent que c’est le verset de base par lequel commence l’énseignement du Tanya d’ailleurs, en posant une question, que le Pshat du verset lui-même pose : quelle est cette éducation qui semble abdiquer l’autorité de l’éducateur et semble prendre l’enfant comme éducateur alors qu’il doit être l’éduqué ?

 

2-       2ème lecture :

Mais il y a un 2ème pshat qui apparait : l’éducation n’a réussi que si l’enfant devenu adulte est devenu Zaqen. Ce n’est pas une question d’âge mais une question de maturité. « Zaqen : Zeh Qanah ‘Hokhmah - Celui qui a acquis la sagesse». On peut donc être Zaqen très jeune de la même manière que l’on peut être Naar très âgé.

 

La lecture qui apparait-là c’est : Proverbes 22,6

חֲנֹךְ לַנַּעַר, עַל-פִּי דַרְכּוֹ--    גַּם כִּי-יַזְקִין, לֹא-יָסוּר מִמֶּנָּה

« Hanokh lanaar al pi darko, gam ki yazkine, lo yassour miménah ».

Et ce derekh-là, il s’agit du ‘Hinoukh lui-même.

 

Il s’agit d’une éducation perpétuelle. Si l’éducation donnée a réussi, alors cet enfant même devenu Zaqen ne s’écartera pas de cette éducation-là.

 

Le premier Pshat c’est חֲנֹךְ לַנַּעַר, עַל-פִּי דַרְכּוֹ   « Hanokh lanaar al pi darko - Eduque l’enfant selon sa  voie, sa manière de se comporter à lui.

Résultat :    גַּם כִּי-יַזְקִין, לֹא-יָסוּר מִמֶּנָּה     

Même lorsqu’il deviendra âgé, il ne s’écartera pas d’elle (cette éducation qu’on lui a donné une fois pour toutes).

Il y a là une opération qui transmet une certaine identité. Si cette identité est transmise de façon efficace, en tenant compte de la personnalité de celui à qui on la transmet, alors l’éducation réussira Et c’est un événement irréversible. Même lorsque le Naar n’est plus Naar mais Zaqen, il ne s’eccartera pas de cette éducation qui lui a été donnée. A partir du moment où cette éducation est transmise, c’est irréversible et l’éducateur n’a plus rien à voir avec l’éduqué, il a réussi l’éduqué étant devenu adulte.

 

Dans la 2ème lecture c’est que si l’éducation a réussi, l’enfant qui est devenu Zaqen ne s’écartera pas du ‘Hinoukh lui-même, et non pas du contenu de connaissances qu’on lui a transmis. C’est-à-dire qu’il continuera dans la voie de cette éducation.

 

Q : A la limite il deviendra éducateur lui-même ?

R : Il continuera à s’éduquer lui-même dans cette voie d’éducation même une fois devenu adulte. Il ne s’écartera pas du ‘Hinoukh, non pas en termes de contenus d’instructions, mais en tant que formation d’éducation.

 

Le 2ème pshat est beaucoup plus profond parce qu’il rend compte de la deuxième partie du verset.

גַּם כִּי-יַזְקִין, לֹא-יָסוּר מִמֶּנָּה

gam ki yazkine, lo yassour miménah

Le Gam est expliqué par la 2ème lecture : Même lorsqu’il deviendra Zaqen, il ne s’écartera pas de cette voie éducative.

 

Dans la 1ère lecture ce Gam est inutile puisqu’à partir du moment où il est devenu Zaqen, la question de savoir s’il s’écarte ou non de l’éducation donnée n’aurait pas de sens, puisque s’il s’en écarte c’est que l’éducation n’aurait pas réussi. Or, l’objectif du verset parle du cas où l’éducation a réussi. Donc, la deuxième lecture est beaucoup plus profonde.

 

A partir de cette lecture חֲנֹךְ לַנַּעַר, עַל-פִּי דַרְכּוֹ    en relation avec les deux sens du mot ‘Hanoukah – inauguration et ‘Hinoukh éducation – il y a aussi d’autres nuances indiquées par le Maharal, reprises par le Pa’had Its’haq – en relation avec l’événement lui-même de ‘Hanoukah on s’aperçoit qu’il y a eu deux enjeux  dans le même événement de la victoire des Makabi contre les Grecs:

-           1- D’une part ‘Hanoukah, la réinauguration de l’identité hébraïque au temps des Judéens, alors qu’elle avait été opprimée par les Grecs. Et rappelons-nous que l’objectif des Grecs n’était pas de supprimer la Judée mais d’en dénaturer la spécificité de manière à pouvoir l’intégrer dans un empire « universel », c’était la prétention de l’empire grec.

 

Il y a là un principe important : dans toutes les tentatives impérialistes on se rend compte que l‘empire en question a la capacité d’intégrer toutes les manières d’être homme, leurs cultures y compris, suivant les stratégies des différentes empires, sauf une : Israël. Cela reste toujours réfractaire. Je crois qu’on pourrais faire le bilan de toutes les tentatives d’universalisme pour s’apercevoir que c’est une règle sans exception : il y a place pour toutes les identités humaines, sauf pour l’identité Israël, à moins qu’elle n’accepte de se dénaturer. Je prendrais un seul exemple qui me semble le plus massif : c’est le christianisme. Le christianisme apparait dans son idéal comme un idéal d’universalisme total. Toute manière d’être homme peut être sauvée du salut de l’Eglise sauf les Juifs, à moins de condition de dénaturement d’identité. Et nous verrons dans ce cas-lá ce qu’on appelle un Moumar : un membre du peuple d’Israël qui n’est pas Rashâ (celui qui fait des trangressions de son identité mais reste Israël) mais qui dénature son identité. Et la question est de savoir s’il perd son identité Israël ou pas.

Rappelez-vous le principe : Af âl pi shé-‘hatah Israël Hou même si un Israël a fait une faute il est Israël. Dans toutes les fautes de comportement. Mais si cela atteint l’identité, c’est la question qui va se poser : un Moumar fait-il encore partie d’Israël ?   

Nous verrons que d’après cet enseignement le Moumar en question ne fait pas partie d’Israël mais sa descendance continue à faire partie d’Israël. Léaamir : c’est plus que rénégat en française, c’est changer d’identité.

 

Au fur et à mesure qu’on étudie on s’aperçoit à quel point aucune langue n’arrive à traduire l’hébreu, même les langues les plus nuancées comme par exemple le français. Renégat en français renvoie à toute une perspective intellectuelle qui est décalée et différente de celle auquel renvoie le mot de Moumar en hébreu.

L’identité Israël n’est pas une quesiotn d’adhésion à des idées. C’est une question d’identité dans le sens strict, une manière d’être homme. C’est au niveau de l’être que cela se définit beaucoup plus qu’au niveau du contenu de la personnalité de cet être.

Du point de vue de la Halakha si quelqu’un est Moumar, sa descendance par la femme est juive. Il y a des régularisations d’identité. Si par exemple le fils d’une femme juive qui est devenue chrétienne revient au judaïsme, on ne le convetit pas. Il y a un acte légal de Kaballat Mitsvot mais ce n’est pas une conversion. Tant que cela n’est pas fait il est dans le cas de Israël Moumar. Mais s’il demande sa place en Israël, il a sa place en Israël dans le principe. Ce nest pas un cadeau qu’on lui fait, seulement il faut régulariser. Je pense que dans les temps qui viennent ce sera le cas pour les enfants de mariages mixtes se considérant comme juifs. La cérémonie de conversion des enfants de mariages mixtes deviendra de plus en plus de l’ordre de la régularisation. C’est un problème pour lui-même, une des préoccupations profondes des tribunaux rabbiniques actuellement : c’est un problème  qui devient énorme du point de vue de la quantité, en Israël même. Faut-il les convertir ou pas ? Ayant étudié cette question dans la Halakhah, il s’agit d’une des niveaux du Guiyour - et qui n’est pas le Guiyour que nous connaissons maintenant – qui s’appelle Kabbalat Mistvot. Il y avait 7 procédures de conversion radicalement différentes l’une de l’autre. La conversion absolue s’appelle Guer Tsedek. Celle qu’on pratique de nos jours depuis des siècles. Mais au temps de la société hébraïque il y avait 7 genres de Guérim. Et un seul pouvait demander Shémirat Mitsvot complet c’est le Guer Tsedek.

 

Nous avons un événement ponctuel : ‘Hanoukah inauguration c’est la victoire des Makabi avec réinauguration du temple, on retrouve notre souveraineté politique avec tout ce que cela implique du point de vue de l’être hébreu.

 

-           2. Un 2ème niveau qui est ce qu’on appelle en hébreu la lutte contre les Mityiavnim – les Hellénisants – les membres du peuple d’Israël qui ont accepté cette dénaturation que les Grecs voulaient imposer à la nation toute entière. Au niveau de la nation toute entière, ils n’ont pas réussi : c’est l’événement de ‘Hanoukah au niveau ponctuel, la victoire des Makabi, d’où ‘Hanoukah, inauguration. A l’échelle individuelle, ils ont réussi puisqu’ils ont fabriqué des Mityiavnim à l’intérieur de la nation d’Israël.

 

Le 1er événement est irréversible. C’est une victoire pure et simple, alors que le 2ème enjeu n’est pas achevé. Voilà le thème que nous allons étudier. L’enseignement en préface du Pa’had Its’haq à ce sujet est de relier cela avec le problème du changement de nom Jacob-Israël.

 

Je vous rappelle très briévement le sujet tel que la Torah l’enseigne : Jacob a lutté avec l’ange d’Esaü. Chaque manière d’être homme a un génie propre qui fait partie du projet du Créateur pour l’homme. Le projet du Créateur pour l’homme a autant de visage qu’il y a de réalités de manières d’être homme au niveau concret. Ces génies humains sont appelés les Sarim de chaque nation. Ici, le français nous aide : le mot de « génie » a les deux sens : le génie dans le sens de spécificité culturelle, et d’autre part, un niveau des anges qui en hébreu s’appelent les Sarim - les princes célestes. Et on pourrait admettre utiliser la signification « démonique » - je ne dirais pas démoniaque - du mot génie dans un sens positif : un génie au temps où les hommes savaient encore ce qu’était les génies, les fées, les farfadets… etc. Tous ces êtres dont les modernes ont perdu toute notion. On peut admettre que c’est le produit de l’imagination païenne, mais les païens admettent faire allusion à des réalités dont ils avaient expérience. 

Jacob doit se mesurer avec le génie d’Esaü. Dans le texte de la Torah, il y a deux indications qui semblent apparemment contradictoires. Ce génie d’Esaü a été vaincu par Jacob, et c’est là que Jacob reçoit le nom d’Israël. Mais, la Torah le formule : Vayar Ki lo yakhol lo : Il (l’ange) a vu qu’il ne pouvait pas le vaincre. D’autre part, Jacob est blessé à la hanche il semble y avoir une contradiction !

En fait, Jacob a tromphé de l’ange d’Esaü et a reçu le nom d’Israël. Mais cependant il est blessé. Il est atteint à la paume de la hanche. Ce n’est qu’après que la Torah raconte qu’à la fin de la nuit, quand le soleil brillera pour lui, il arrive Shalem dans sa perfection. Cela veut dire qu’il y a un événement qui est irréversible, une fois pour toute nous savons que Jacob a triomphé de l’ange d’Esaü et qu’il a le nom d’Israël. Mais il en est blessé. Jusqu’à ce que cette blessure soit guérie, il se nomme de nouveau Jacob dans certaine circonstances de son histoire.

 

Le parallèle que le Pa’had Its’haq fait avec ‘Hanoukah :

Au niveau de la victoire des Makabi contre les Grecs c’est irréversible. C’est Jacob ayant vaincu l’ange d’Esaü et recevant le nom d’Israël. Cependant, au niveau des Mityiavnim, c’est la blessure à la hanche de Jacob. Tant qu’elle n’est pas guérie, il y a cette dualité des noms : Jacob qui est quand même Israël et Israël qui est quand même Jacob…

La différence peut être comprise d’après le principe qui nous vient de la Torah du Rav Kook : la différence au niveau collectif et individuel. Au niveau collectif, Israël est déjà irréversiblement Israël parfait. Au niveau individuel, il est encore atteint à cette blessure de la hanche. Or, le Talmud a interprété cette blessure de la hanche à propos des malédictions éventuelles que le peuple d’Israël risque de rencontrer dans son histoire (Parashat Be’houqotaï) : les pires ennemis d’Israël sortent d’Israël lui-même ! Et cela se dévoile BéDor Hashmad : dans les époques où se produit quelques chose d’identique à ce que voulaient faire les Grecs : imposer une dénaturation d’identité à Israël.   

Lorsque dans la descendance de Jacob quelqu’un se dénature dans son identité, se convertit à une identité étrangère. C’est là que ce modèle de la blessure de Jacob à la hance se réalise dans l’histoire.

 

Petite parenthèse sur le Guid hanashé :

Le nerf qui innerve cette partie de la hanche où Jacob a été blessé est traduit habituellement par le « nerf sciatique ». Il ne s’agit pas du tout de cela. En réalité, le Guid hanashé est le nerf qui innerve les organes sexuels. C’est le nerf qui commande l’engendrement, la descendance. Cela veut dire que Jacob a été atteint dans sa descendance, à l’échelle individuelle de son Koa’h Haholadah. Alors que du point de vue de son identité de sa personne le triomphe est déjà assuré.

 

Je referme cette parenthèse et cette préface pour dire que l’événement ponctuel est irréversible : Il y a une Mitsvah de ‘Hanoukah de commémorer la victoire des Makabi contre les Grecs. Mais il y a quelques chose d’inachevé : Israël se nomme encore Jacob dans certaines circonstances : la victoire contre les Mityavnim n’a pas réussi complétement, n’est pas achevée. La dénaturation entreprise par les Grecs a l’échelle collective a échoué, mais ce qu’ils ont entrepris à l’échelle individuelle n’a pas complétement échoué.

 

C’est donc le 2ème sens du verset  חֲנֹךְ לַנַּעַר, עַל-פִּי דַרְכּוֹ    qui sera  utilisé pour le problème de la lutte contre les Mityavnim. Alors que dans le premier c’est déjà acquis et irréversible.  

 

Je vais lire un texte assez rapidement du Pa’had Its’haq qui va élargir ce sujet: en expliquant quel a été l’enjeu de cette lutte des Makabi et des Grecs en ce temps.

 

 

Voici ce qu’ont enseigné nos sages: (Et on cite dans cet enseignement un verset du cantique des cantiques qui s’étudie pour lui-même et qui va être utilisé par une Drashah dans la Guémara) :

פִּתְחִי-לִי אֲחֹתִי רַעְיָתִי יוֹנָתִי תַמָּתִי   - Pit’hi li A’hoti Raayati Yonati Tamati

Dans le Cantique des cantiques le bien-aimé dit à la bien-aimée:

«Ouvre-moi (ta porte) ma sœur, mon aimé, ma colombe, ma parfaite».  

A’hoti bé Bavel, Raayati Bé Madaï, Yonati Bé Yavan, Tamati Bé Edom.

 

 

Dans la comparaison que fait le Midrash, Shir hashirim est le dialogue entre Dieu et Israël. Alors Dieu dit à Israël « ma sœur », c’était au temps des événements de l’exil de Babel. Rayati mon aimée Madaï c’est au temps de la Perse. Yonati ma colombe au temps de la Grèce. Tamati ma parfaite au temps de Rome.

Et nous avons de nouveau un parallèle souvent cité dans les sources entre les 4 grands empires qu’Israël traverse et l’identité d’Israël confrontée et interpelée par le problème que pose la revendication d’identité de ces 4 empires successivement. Il y a 4 niveaux de la définition d’Israël comme  A’hot, comme Raayah comme Yonah comme Tamah. Et Yonati c’est Yavan.

 

Et pourquoi Dieu nomme Israël, Yonati, ma colombe au temps de la Grèce ? Parce qu’en ce temps-là on avait l’habitude d’amener en sacrifice des colombes et des pigeons sur l’autel.

Nous apprenons de là que le caractère spécifique de l’oppression de la Grèce est en cela que l’empire de la Grèce est l’unique empire parmi tous les empires qui ont opprimé Israël chez lui en Israël. Puisque tout le temps de cette oppression a eu lieu en ce temps-là où le temple existait.

Quelle est la signification intérieure de cette spécificité ?

Nous avons reçu par tradition de nos maîtres (et il s’agit du livre du Maharal intitulé Ner Mitsvah) que le miracle de la Ménorah est spécifique de la délivrance du temps de la Grèce parce que la Ménorah se réfère à la force de la sagesse.

 

Il y a d’autre part dans la Guémara, l’enseignement suivant qui doit vous être familier:

« Celui qui veut devenir sage doit habiter au sud. Celui qui veut devenir riche doit habiter au nord ».

Il y a des significations proprement spirituelles à cela.

C’est quand même frappant de voir que dans la géopolitique mondiale, les pays riches sont au nord et les pays sages sont au sud. La philosophie n’est pas un phénomène nordique, et la banque n’est pas un phénomène sudiste…

 

                  Mais le signe donné dans le temple c’est :

Menorah baDarom : la ménorah était au sud. Or, l’essentiel du propos de Yavan c’est dans la capacité de sagesse qui lui est propre.

 

Nous en avons souvent parlé. Ce qui caractérise le génie de la Grèce a été une certaine conception du monde qui a permis l’éclosion des sciences et des techniques que nous connaissons. Ce qui a commencé en Grèce est devenu universel. Le monde entier a pour modèle l’intuition grecque concernant les sciences et les technique. Cela a pris des siècles pour devenir ce que nous appelons la science, la technique, en général dans l’ère actuelle, mais c’est surtout l’indice de l’universel qui doit être mis en évidence.

 

Il se produit deux phénomènes parallèles : un avec Israël et un avec la Grèce. Je voudrais rattacher à ce dont parle la Torah lorsqu’elle parle de la perte de la langue unique. L’humanité avait connu le temps de l’universel avant la tour de Babel. Le signe était que l’humanité parlait une langue commune, unique. Cette langue unique a disparu et est resté les langages particuliers, d’où la confusion des langues. D’où la diaspora des nations, la diaspora des cultures avant même qu’Israël n’apparaisse dans le projet messianique de restauration de l’universel. Or, l’humanité depuis ce temps-là est à la recherche de la langue unique. Un phénomène comme l’espéranto est initié par un juif. C’est une espérance de l’universel qui s’exprime au niveau le plus profond de l’identité humaine, c’est-à-dire le langage. Il y a d’ailleurs dans la linguisitique contemporaine la recherche d’une langue unique. En littérature je me souviens de Mallarmé qui cherchait la langue poétique unique. Il devait être mal armé pour cela ! Au fond ce qu’il cherchait c’est l’hébreu…

 

Il n’y a pas de doute que les Grecs ont réussi à rétablir un langage universel unique pour tout ce concerne le monde matériel. Le langage des sciences c’est la mathématique. Et, cela commence plus tard, mais cela a été le génie des Grecs d’avoir permis d’instaurer un langage unique des sciences. Le système des sciences modernes serait impossible sans l’installation de la mathématique comme langage unique des sciences. Toute exploration de la connaissance devient scientifique quand son langage devient mathématique. Et c’est irréversible à l’échelle universelle. Ce qui fait que des savants de toutes les cultures et de toutes les nations, quelque soit la différentiation diasporique de la réalité humaine, se comprennent parce qu’ils ont une langue unique universelle pour tout ce qui concerne l’exploration de la matière, c’est le génie de la Grèce.

C’est probablement l’intention profonde des textes qui parlent de la langue grecque comme véhicule de la beauté et de l’harmonie et donc de l’ordre du monde extérieur. 

 

Dans l’autre cas de la recherche de la langue universelle, c’est au niveau non plus de la réalité matérielle mais de la réalité spirituelle. Et en fin de compte, alors que la Grèce a achevé, si j’ose dire son rôle dans l’histoire universelle, elle a donné à l’humanité - et c’est irréversible et elle a disparu et quitté la scène de l’histoire – la langue unique pour la matière.

 

L’autre niveau de la langue unique c’est pour l’esprit. Et c’est l’hébreu de la prophétie hébraïque qui lui aussi a un impact universel. Lorsque dans l’universel humain on recherche la langue unique des choses de l’esprit on ne peut pas ne pas arriver à ce dont ont parlé les prophètes hébreux. Mais cela est encore en cours d’histoire, en contestation, en rivalité, inachevé.

 

Pour le dire d’une autre manière : pour atteindre la langue unique il faut l’atteindre des deux côtés à la fois: la langue unique pour dire la matière, la langue unique pour dire l’esprit. Et la langue unique pour dire la matière est déjà émergée dans l’histoire des cultures, et c’est la Grèce qui l’a donné.

La langue unique pour les choses de l’esprit est en cours, elle a émergé une fois pour toute au niveau de l’événement ponctuel, avec les prophètes hébreux, mais ce combat n’est pas encore achevé.

 

C’est très frappant de voir que pour la sagesse de la Kaballah la langue unique a précisément ces deux versants. Chaque mot a une signification dans l’ordre de la qualité, et une signification dans l’ordre de la quantité. Chaque mot a sa valeur numérique. C’est un langage qui signifie, et la vision qualitative du monde, et la vision quantitative du monde. Les Kabalistes ont toujours été habitué à cela : un langage a simultanément deux registres de significations. Lorsqu’un kabaliste a sous les yeux un chapitre de la Torah, il a en même temps sous les yeux un message qui s’adresse au sujet humain intellectuel, spirituel, dans l’ordre de la compréhension des significations, l’ordre de la qualité, et en même temps une page d’équations. Et il lit cela simultanément comme cela.

 

Tout se passe comme si cette langue unique est cassée en deux : il y a la lecture spirituelle d’un côté et la lecture matérielle du monde de l’autre, et une lutte entre les deux.

 

On comprend pourquoi nos maîtres ont parlé de cette inévitable tension, conflit et rencontre, entre ces deux génies. La Grèce d’un côté, et Israël de l’autre.

 

Je voudrais anticiper sur la suite, par une parenthèse sur un autre sujet qui est relié à ce moment de l’analyse: lorsque l’hébreu s’occupe du problème du Grec il peut y collaborer et aider le Grec dans son travail. A ce moment-là, il « hellénise » dans un sens légitime parce que c’est l’objectif légitime de la Grèce. Et donc un hébreu peut devenir prix nobel de « mathématique », cela veut dire de physique, de chimie de n’importer quoi des sciences. En réalité il y ajoute quelque chose, une nuance, qui n’est pas vraiment grecque. Et cela, on le sait en histoire des sciences. Si je prends par exemple le vocabulaire qu’il y avait au temps de Descartes et de Pascal : vous vous rappelez de la lutte entre l’esprit de géométrie (Descartes) et l’esprit de finesse (Pascal). Disons un peu dans cet ordre d’idée : lorsqu’un Juif fait des mathématiques, il ajoute un peu d’esprit de finesse dans l’esprit de géométrie. Je pense par exemple aux mathématiques parallèles qui ont eu derrière elles des mathématiciens juifs. Je pense en particulier à Cantor mais il y en a  sûrement d’autres.

    

Voilà donc un point où s’accroche ce conflit. Lorsque l’Hébreu s’occupe du problème du Grec, il l’aide…

 

…/…

lire la suite

 

***

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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 12:10

Hoshanah Rabba les deuxièmes tables de la loi – 3ème partie.

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/hoshana_raba_les_deuxiemes_tables_de_la_loi/cours_1

Durée : 17,2 minutes
Face C

 

…/…

Avec une part de l’héritage de son maitre. Et s’il ne veut pas être libéré parce qu’il juge qu’il n’est pas capable d’être libre à cause de l’enracinement dans les passions, alors il est esclave à vie (jusqu’au Jubilée).

 

Etant donné cette situation de l’esclave hébreu, il fallait s’attendre à ce que cette loi soit à la fin de toute la jurisprudence de la Torah. Commence par me dire quelle est la constitution de cette société et après tu me diras...

Mais la Torah doit intervenir pour le libérer.

J’ai souvent entendu des rabbins dire que ce sont des lois de justice sociale. Il y a un malentendu dans les termes : c’est une injustice sociale que la Torah impose que la relation maitre-esclave soit brisée.

 

La justice de la société veut qu’il y ait des maitres et des esclaves. La Torah intervient pour briser la justice sociale et imposer la loi de charité en libérant les esclaves. C’est la mentalité de l’humanisme occidental qui feint de prendre la charité pour de la justice. Toutes les lois d’assistance sont des lois de charité. Et on appelle cela de la justice. Réfléchissez-y bien. C’est une inversion des valeurs.

 

Rashi va se baser sur le 1er mot du verset :

Mishpatim 21.1

 

21.1

וְאֵלֶּה, הַמִּשְׁפָּטִים, אֲשֶׁר תָּשִׂים, לִפְנֵיהֶם

Et voici les lois de jurisprudence que tu placeras devant eux.

 

On vient de dire les 10 commandements, et maintenant on dit : Et voici la constitution d’application de ces principes de législation.

 

Rashi va citer un principe du Talmud : chaque fois qu’il y a Eleh Voici cela sépare ce qui va suivre de ce qui précède. S’il y a « VéEleh : Et voici » cela relie ce qui va suivre à ce qui précède. Plus encore : dès qu’il y a « Eleh » cela disqualifie ce qu’il y a avant. S’il y a « VéEleh » cela relie ce qu’il y a avant à ce qu’il y a après.

 

Le Midrash dit :

Kol Maqom shénéemar Eleh...

Dans tout endroit où il est dit « Voici » cela disqualifie les choses précédentes.

Dès qu’il y a VéEleh cela ajoute aux précédentes.

 

Le pshat de Rashi ici signifie :

De même que les lois précédentes étaient du Sinaï ceux-là aussi les lois de jurisprudence - de restauration de l’être hébreu après la faute ou le récit de faute de l’apprentissage de réparation - sont aussi du Sinaï.

 

C’est très important : les 613 Mitsvot sont du Sinaï. Cela va plus loin. Cela veut dire que de même que les 10 commandements sont du Sinaï, de même ces lois de rattrapages sont aussi du Sinaï. 

 

Le Shlah intervient pour enseigner ceci : Eleh ce ne sont pas les Mitsvot. Ce sont les hommes d’Israël. De même que les hommes d’Israël qui n’ont jamais fauté et qui coïncide dans leur identité avec les 10 commandements, sont du Sinaï, de même ceux qui ont fauté et qui ont restauré leur identité sont du Sinaï !

 

S’il y a eu réparation il n’y a pas de casier judiciaire. Il y a équivalence : ceux-là sont du Sinaï comme ceux-ci sont du Sinaï !

 

Voilà l’enseignement important de ces deuxièmes tables : ce sont les tables de la réparation, après la brisure inévitable des commencements, mais le réparé est aussi intact que celui qui n’avait pas été brisé.    

 

Beaucoup croient qu’ils n’arriveront jamais à la « revirginisation » de leur identité s’il y a eu écart et faute. L’enseignement des deuxièmes tables ajouté à l’enseignement du Shlah nous montre que c’est une erreur. L’histoire du monde n’est pas l’histoire d’une perfection à priori. C’est l’histoire d’une imperfection inévitable à priori et qu’il faut réparer. Et par conséquent, nous sommes les hommes de la réparation. Nous sommes les réparés. Et les réparés se réparent à Sion.

 

Il faut dénoncer cette espèce d’atmosphère de fatalité et tragique du péché originel. L’histoire du monde ne commence pas par un péché. Le chaos du monde ne commence pas par un péché. La première faute, la faute de l’origine de l’homme a compliqué le chaos du commencement. Mais le chaos du commencement aucun homme n’en a été responsable, et aucun homme n’est responsable.

Il y a une erreur, un raté, de la conscience morale qui consiste à confondre responsabilité et culpabilité. C’est une maladie des Juifs. On se prend pour coupable de choses dont on n’est que responsable.

 

Le chaos du monde vient de la Shévirat Ha-Kélim. Le chaos du monde vient de l’identité du monde. Pour que le monde existe il faut qu’il commence par le chaos, parce que l’autre que Dieu ne peut pas être Dieu. L’origine du mal dans le monde c’est Shévirat HaKélim et non pas la faute du premier homme. C’est une culpabilité innocente. Nous sommes responsables de la réparation du chaos mais pas coupables. Il faut retrouver la bonne santé de la conscience juive et se désintoxiquer de ce mythe du péché originel. On ne peut retenir le mot originel que dans le sens de l’origine. Chaque fois qu’il y a une faute, le commencement de la faute : « La loi c’est ma loi ». C’est l’origine de toute faute.

 

Midrash : chaque fois qu’un homme meurt. Le premier homme vient à son chevet : mon fils ma fille  sache que ce n’est pas pour ma faute que tu meurs mais pour la tienne. Il faut que les choses soient claires.     

 

***

 

Q: inaudible

R: J’ai utilisé le mot de rattrapage. Il faut bien lire le pshat : la Torah le dit en clair. Après, à postériori, on a énormément de midrashim qui vont louer le désert. Le fait que la Torah ait été donnée c’est à postériori. A priori, c’est Jérusalem. Et chaque fois que Dieu s’est révélé pour mettre fin à l’exil : il a parlé à Abraham pour lui dire « rendez-vous là-bas ! » Il a parlé à Moïse, et lui a dit « rendez-vous là-bas ! » Il faut voir les choses en clair, ce n’est qu’à postériori que le midrash intervient et va nous expliquer la grandeur du désert où la Torah a été révélée. Mais ce n’était pas son lieu de révélation à priori. C’était vraiment inattendu, dans le sens de ce que cela n’était pas dans le projet primordial. C’est arrivé, et il faut comprendre pourquoi c’est arrivé...

 

Q: A propos des premières lois… (inaudible)

R: tu te réfères à une autre question que je n’ai pas abordé : mais là les textes ne sont pas les mêmes. Le texte des deuxièmes tables est différent du texte des premières tables. Bien sûr, c’est le Kéli qui a été atteint mais le Kéli est celui du Or. Et le Or aussi a changé. Ce n’est pas pour rien que les premières tables ont été données à la génération de la sortie d’Egypte et les deuxièmes tables à la génération qui n’ont pas connu l’expérience de vie mais qui vont connaitre l’expérience de l’histoire de Kenaan. Et un midrash se relie à ce que tu dis : dans l’arche, il y avait les deuxièmes tables et les débris des premières. Mais les lettres des premières tables se sont envolées là-haut. Et ce sont les lettres des deuxièmes tables que nous avons.

 

Quoiqu’il en soit, il s’agit bien de la Torah de la rédemption de la réparation du tiqoun. Alors que la Torah primordiale c’est la Torah de à priori de Shévirat HaKélim, à priori de la faute.

 

Ceci pour dire que l’on peut étudier ce thème sans aucune référence à la Kabalah. Cela s’étudie dans le pshat du Midrash et du Talmud. Mais les Kabbalistes ont indiqué ce qu’il y a derrière.

 

Q: inaudible

R: Yafé, très bien explique pour les autres. Très bien. J’achète pour l’année prochaine.

 

Q: inaudible

R: En fait Sim’hat Torah est le lendemain de Hoshaanah Raba. Il faut y arriver pour que le pardon soit achevé. Et c’est le lendemain de  Hoshaanah Raba, qui est l’achèvement de Kipour, qu’il y a Sim’hat Torah.

 

Le jour de Rosh Hashana c’est le jugement des Tsadikim.

Le jour de Kipour c’est le jugement des Beinonim.

Et Hoshaanah Raba c’est le jugement des Reshayim.

 

Cela veut dire qu’à Rosh Hashana on est jugé par la Midat HaDin. Seul ceux qui peuvent traverser la Midat Hadin sont sauvés.

 

A Yom Kipour, on est jugé par la Midat HaRa’hamim. Ce sont les Beinonim pour la grande majorité. J’ai remarqué qu’il y a plus de monde à Kipour qu’à Rosh Hashana.

 

Et à Hoshaanah Raba, c’est même les Reshayim parce que c’est la Midat Ha’Hessed qui juge.

 

Et ce n’est pas fini, il y a encore un sursis jusqu’à ‘Hanoukah. Mais à ‘Hanoukah sont jugés ceux qui ne sont ni Tsadikim, ni Beinonim, ni Reshayim. Les hors-la-loi. Ils se relient à la réparation du temple qui a été détruit à cause du 17 Tamouz et de Tishâ BéAv. A ‘Hanoukah c’est la ré-inauguration du Temple. C’est ce qui se relie à l’histoire en dehors même de la Torah. Remarquez qu’en Israël pour ceux qui délaissent Rosh Hashana, Yom Kipour et Hoshânah Raba, que ‘Hanoukah reste ‘Hanoukah.

 

< fin >

****

 

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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 11:58

Hoshanah Rabba - les deuxièmes tables de la loi - 2ème partie 

 

 

Hoshanah Rabba les deuxièmes tables de la loi – 2ème partie

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/hoshana_raba_les_deuxiemes_tables_de_la_loi/cours_1

Durée : 44,9 minutes
Face B

 

Un retard de 6 heures qui a déclenché la faute du veau d’or ! De quoi parle-t-on ?

Vous voyez à quel point le mystère de la Torah affleure le récit. Et on lit cela comme ça sans s’en rendre compte...

 

Alors le peuple affolé, à l’idée que Moïse ne redescendrait pas demande à Aaron de lui faire un symbole de divinité pour remplacer Moïse et non pas pour remplacer Dieu. Formellement c’est cela la faute du veau d’or. Ne tombez pas dans l’erreur de croire que c’est pour remplacer Dieu, quelque soit la responsabilité de ceux qui ont induit la faute du veau d’or, et on va apprendre qu’il s’agit du Erev Rav, un symbole de divinité pour replacer Moïse.

 

Voici que le peuple dit à Aaron suite au retard de 6 heures de Moïse:

 

32.1

קוּם עֲשֵׂה-לָנוּ אֱלֹהִים אֲשֶׁר יֵלְכוּ לְפָנֵינוּ--כִּי-זֶה מֹשֶׁה הָאִישׁ אֲשֶׁר הֶעֱלָנוּ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם, לֹא יָדַעְנוּ מֶה-הָיָה לוֹ

Allons! Fais-nous des dieux qui marcheront à notre tête, car ce Moïse, l'homme qui nous a fait sortir du pays d'Égypte, nous ne savons ce qu'il est devenu

¨

Moïse l’homme : il savait déjà qu’il y avait dans leur pensée idolâtre « Moïse l’homme » et « Moïse pas l’homme » ! Voyez comment cela se récidive dans l’histoire : le besoin du médiateur ! Le médiateur qui à un certain niveau terrestre était un homme, mais à un autre niveau c’est un Dieu.

 

C’est intentionnellement que je vous indique cette grille de lecture : la Torah nous a raconté comment le christianisme s’est préparé à la sortie d’Egypte. Surtout dans les églises où l’on adore la vierge noire... Mais en tout cas c’est un sujet qu’on étudiera au fond. Ne croyez pas que la Torah nous laisse à une surprise massive dans l’histoire. L’apparition du christianisme c’est une tendance d’idolâtrie du médiateur. Je n’ai pas fait allusion à ce qui s’est passé dans l’histoire messianique des Loubavitch. Cela n’a rien à voir. Ce n’est pas la même chose. Mais il y a une tendance à diviniser le médiateur, déjà là, à la sortie d’Egypte. Parce que c’est terrible d’être en présence de Dieu. Le grand ‘hidoush, la grande nouveauté que Moïse va porter dans l’histoire de l’humanité : la religion ne passe plus par les intermédiaires. Cela passe par la loi morale. C’est cela le grand ‘hidoush. Alors imaginez ce peuple habitué, quel qu’aient été les traditions des patriarches, à des civilisation où se sont les forces médiatrices qui sont les divinités.

 

.../...

 

L’image entre Dieu et l’homme : le symbole. Symboliser la présence de la divinité. Des images...

Et encore une fois, cela ne concerne pas le mouvement Loubavitch. Cela concerne à la rigueur des convertis de ‘Habad qui n’ont pas été vaccinés comme les fondateurs du ‘Habad, vis-à-vis de ces problèmes-là.

 

Mais en tout cas pour revenir à notre sujet : dans la tradition juive on a fini par s’habituer à ne donner comme représentation symbolique que les lettres de l’alphabet hébraïque.

Vous avez remarqué que dans les figurations des dix commandements des tables de la loi, il y a soit le premier mot de chacun des 10 commandements, soit les lettres Alef, Beit ... Yod.

Parce que c’est la parole qui est médiatrice entre Dieu et l’homme. Entre Dieu et l’homme c’est la prophétie, entre l’homme et Dieu c’est la prière. C’est la parole, uniquement la voix. La parole c’est le mystère de notre monde. La parole est une réalité qui est à la fois spirituelle et matérielle. Elle est le mystère de notre monde. Lorsque je parle ce sont des vibrations et lorsque ces vibrations atteignent le centre auditif et cela se transforme dans le cerveau en signaux, puis en esprit... C’est un mystère.

 

Et c’est la prérogative de Jacob :

 

Gen. 27.22

הַקֹּל קוֹל יַעֲקֹב

Haqol Qol Yaaqov

 

Il l’a légué par héritage à Juda :

 

Deut. 33.7

שְׁמַע יְהוָה קוֹל יְהוּדָה

Shéma Hashem Qol Yehudah

                             Ecoute Hashem la voix de Yehoudah.

 

Mais le mystère de la voix c’est la seule représentation autorisée du lien que nous avons avec Dieu. C’est donc en fin de compte les lettres de l’alphabet hébraïque.

 

Je suis très sensible à cela que les peintres, juifs ou non, utilisent tellement les lettres de l’alphabet hébraïque.

 

C’est vrai que dans des synagogues on trouve les signes du zodiaque, ou des représentations de ce genre, mais la seule représentation cachère, si j’ose dire, c’est les lettres de l’alphabet hébraïque. Cela on l’apprend dans Judah Halévi. 

 

Mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’ils ont voulu remplacer Moïse. Et que l’essentiel de la faute du veau d’or, ce n’est pas que le veau était en or (c’est l’accusation antijuive) mais lorsqu’un croyant croit vraiment il fait son idole en or.

Or, lorsque finalement Dieu lui dit : « Va, descend ton peuple s’est mal conduit, ils ont fait une idole... Dieu ne lui demande pas de briser les tables de la Loi. Moïse descend et Josué monte à sa rencontre. Et alors Moïse demande ce qu’est ce bruit qu’il entend ?

C’est le bruit du conflit qu’il y avait entre ceux qui étaient restés fidèles à la révélation sans image et ceux qui voulaient une image. 

 

32 :7

וַיִּשְׁמַע יְהוֹשֻׁעַ אֶת-קוֹל הָעָם, בְּרֵעֹה; וַיֹּאמֶר, אֶל-מֹשֶׁה, קוֹל מִלְחָמָה, בַּמַּחֲנֶה

Josué, entendant la clameur jubilante du peuple, dit à Moïse: "Des cris de guerre au camp!"

וַיֹּאמֶר, אֵין קוֹל עֲנוֹת גְּבוּרָה, וְאֵין קוֹל, עֲנוֹת חֲלוּשָׁה; קוֹל עַנּוֹת, אָנֹכִי שֹׁמֵעַ

Moïse répondit: "Ce n'est point le bruit d'un chant de victoire, ce n'est point le cri annonçant une défaite; c'est une clameur affligeante que j'entends!"

 

Un ‘hidoush entendu : il y a une tradition que le peuple n’a été capable d’écouter directement que les deux premiers commandements :

20.2

אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ

Anokhi Hashem Eloheikha…

20.3

לֹא-יִהְיֶה לְךָ אֱלֹהִים אֲחֵרִים, עַל-פָּנָי

Lo Yihyé lekha Elohim A’herim Al Pani…

 

C’est bien moi qui suis Hashem ton Dieu – Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face...

Tu n’auras pas d’autre foi que le fait que l’exil peut prendre fin. Gaal Israël.

Le Rav expliquait que les hébreux répétaient ce qu’ils avaient entendu :

« Anokhi - Lo Yihyé lekha »

« C’est moi, toi tu n’auras pas... »

 

Moïse voit ce spectacle et prend les tables et les brise.

On a l’habitue de décrire ce geste par l’attitude de colère, ce n’est pas du tout cela. Pourquoi n’est-ce pas écrit que Dieu voulait que Moïse brise les tables ?

Je vais vous lire le verset : dans le récit du Deutéronome où Moïse reprend cet épisode, il dit ceci :

Quand Moïse va prier 40 jours après le 6 Sivan, là nous sommes le 17 Tamouz au moment de la brisure des premières tables. C’est le 17  Tamouz qu’a lieu la première brèche sur la muraille de Jérusalem au temps des Babyloniens. Et cela nous renvoie dans la 2ème partie de l’étude sur ce point, à la grande question : Pourquoi existe-t-il dans le monde la brisure qui nécessite la réparation ?

Nous l’étudierons dans un schéma de Kabalah.

 

Voilà ce que dit le verset :

Deutéronome 10.2 de Parashat Eqev :

10.2

וְאֶכְתֹּב, עַל-הַלֻּחֹת, אֶת-הַדְּבָרִים, אֲשֶׁר הָיוּ עַל-הַלֻּחֹת הָרִאשֹׁנִים אֲשֶׁר שִׁבַּרְתָּ; וְשַׂמְתָּם, בָּאָרוֹן

J’écrivais sur les tables les paroles qui se trouvaient sur les premières tables que tu as brisées

 

« Vaékhtov - J’écrivais » au présent inaccompli.

Les paroles qui se trouvaient sur les premières tables que tu as brisées

Tout de suite la Guémara va nous dire : « que tu as brisé » c’est de trop car on sait qu’il les a brisées ! Cela veut donc dire : « les tables que tu as bien fait de briser ». Le raisonnement est très clair. Les deux mots Asher Shibarta sont de trop. Si Dieu les emploie pour le dire à Moïse c’est pour dire qu’Il était d’accord pour les briser.

 

Asher Shibarta :

Yeroushalmi Taanit 4

Rabi Ishmaël enseignait : C’est HaQadosh Baroukh Hou qui lui a dit de les briser puisqu’il est dit « asher shibarta - que tu as brisé » – et Il lui a dit par là : « tu as bien fait de les briser ! ». Une autre version dit : « Il félicite Moïse de les avoir brisé » 

La Guémara veut nous expliquer dans le Yeroushalmi que Dieu lui a demandé de les briser.

 

Avant d’expliquer le fond de ce Maamar, je vais vous citer un ‘hidoush d’un des élèves du rav Naouri que j’ai entendu il y a deux jours. Le rav ‘Hazan en compagnie du Rav Koushna un des principaux élèves du .... Il a cité cela au nom d’un de ses maîtres en Algérie au Talmud Torah qui disait : et pourquoi la Torah ne dit pas que Dieu a demandé : c’est parce que de toute façon l’homme est libre ! Si Dieu avait exprimé Son désir de voir les tables brisées alors le peuple aurait été quitte de la faute qu’il a faite pour que les tables soient brisées. C’est parce que l’homme est libre que ce n’est pas écrit et que les tables devaient êtres brisées.

 

Dieu ne peut pas briser les tables de la Loi. Dieu ne peut pas porter atteinte à sa vérité. Mais Il souhaite et espère que Moïse brise les tables pour que le peuple soit sauvé. Parce que tant que les tables sont là et que la Loi est là, le peuple est condamné. Par rapport à cette loi, le peuple est condamné, c’est ce que Dieu dit à Moïse : « ne prie pas, laisse-Moi... que Je détruise ce peuple pour faire de toi une grande nation... »

 

Tant que la loi est là, la faute fait que l’homme doit être puni. Et la faute fait qu’Israël n’est plus Israël. Si Israël n’est plus Israël, il n’y a aucune raison qu’il reste dans l’histoire. Israël est témoin de ce que Dieu est le Dieu de la délivrance de l’exil et est capable d’être médiateur et voilà qu’on a demandé un symbole astrologique dit le Midrash ! Le signe du zodiaque du temps qui était le signe du taureau pour remplacer Moïse qui les a fait sortir du signe du bélier pour passer dans la maison suivante…

 

On est retourné à l’adoration des dieux à travers le déterminisme astral. A travers les déterminismes du cosmos. Parce que Moïse, qui les avait installés dans la loi morale comme médiation entre Dieu et l’homme, a disparu. Sans Moïse le peuple est désorienté. Moïse une fois absent alors on lui substitue le dieu intermédiaire du temps suivant celui du bélier : le taureau. En réalité, le taureau est avant le bélier... C’est un problème que les historiens des religions étudient en détail.

Surtout les midrashim qui disent que c’est le bélier qui a été demandé comme sacrifice à Pessa’h (ce n’est pas un homme) et que c’est le taureau qu’ils ont pris comme signe en remplacement du libérateur. Et lorsqu’on passe d’un signe du zodiaque à l’autre, arrive le temps de la libération. Nous sommes passés dans les années 50 du signe du poisson au signe du verseau. Il y a longtemps, on est passé du signe de la vierge au signe suivant, et les païens ont dit : le sauveur est né de la vierge ! Dans les textes fondateurs du christianisme, cf. la phrase : « il y a beaucoup de portes dans la maison de mon père », c’est de l’astrologie…

 

Pour en revenir au sujet :

Ils ont demandé un intermédiaire entre Dieu et l’homme à la manière des religions astrobiologiques pour remplacer Moïse. Il faut remettre en évidence que si loi s’opère le peuple est condamné. C’est dit en clair : [Manitou cite un verset]

 

Sur ce verset : 

Ki-Tissa 32.10 

 וְאֶעֱשֶׂה אוֹתְךָ, לְגוֹי גָּדוֹל

Et de toi Je ferais sortir une grande nation.

 

Le Midrash intervient en disant : Moïse intercède en disant à Dieu : « Souviens-toi d’Abraham d’Isaac et de Jacob et de la promesse que Tu leur a faite pour leur descendance ».

Objection : Si une grande nation sort de Moïse, elle sortira aussi d’Abraham d’Isaac et de Jacob ! Alors pourquoi Moïse intercède-t-il de cette manière ?

Réponse dans la Guémara elle-même : « Comment ! Une table avec trois pieds n’a pas tenu debout Tu veux qu’une table à un seul pied tienne debout ? »

4 pieds moins 1 n’a pas tenu debout, tu veux qu’une table qui ait 4 pieds moins trois tienne debout ?

Il y a une différence entre l’identité des patriarches qui sont les engendreurs de la nation et l’identité de Moïse qui est le maitre de la nation. Faire sortir un Israël de Moïse ce serait former une église qui s’appellerait Israël. C’est encore une fois ce qui est arrivé dans l’histoire. Le véritable Israël que Dieu veut pour l’humanité c’est la nation d’Israël des descendants d’Abraham d’Isaac et de Jacob, qui sont d’autre part les disciples de Moïse. Mais la nation des disciples de Moïse c’est les ‘Harédim, c’est l’Église, à la place de la nation d’Israël des descendants d’Abraham d’Isaac et de Jacob. C’est cela que la Guémara nous enseigne.

Il faut bien le comprendre. C’est comme cela que l’Église est fondée : une religion fondée sur la loi de Moïse et coupée de la nation d’Israël. Cela a pris le temps que cela a pris et c’est devenu l’Eglise. Et en général, c’est une religion de diaspora, d’exil.

 

Pour revenir au sujet :

C’est le Dieu d’Israël et dans aucun liturgie on ne s’adresse au Dieu de Moïse. C’est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Le maitre qui enseigne comment on sert le Dieu d’Israël d’Abraham d’Isaac et de Jacob c’est très diffèrent. C’est ce que Moïse dit à Dieu : Je sais très bien que ce que Tu souhaites c’est le peuple d’Israël des descendants d’Abraham d’Isaac et de Jacob et pas une église des disciples de la loi de Moïse. Finalement, Dieu accepte grâce à Moïse. C’est Moïse qui a eu le courage de dire : « Moi ? Je ne veux pas de la religion de Moïse! C’est la religion de la foi d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ! » Voilà ce qu’il faut comprendre, pshat, simplement.

 

Finalement, Dieu accepte de suspendre la sanction.

 

Après le 17 Tamouz, Mosheh prie pendant 40 jours pour que la faute soit suspendue et que la sanction qui devait détruire le peuple - « Je lâcherais la montagne et ici sera votre tombeau » pour utiliser ce que dit la Guémara dans Shabat – soit quand même impliquée, mais voilà ce que le mélamed du Talmud Torah nous avait expliqué : cela ressemble au fils qui a fait une faute : le père dit à la mère : As-tu vu ce que ton fils a fait ? La mère lui répond : N’est-ce pas ton fils ?

C’est exactement le dialogue entre Dieu et Moïse : « Va descends de la montagne parce que ton peuple a fauté » et Moïse prie disant : « Sauve ton peuple ! ».

La mère a accepté que la montagne soit jetée sur le peuple mais a demandé que ce soit caillou par caillou. Regardez d’où cela vient les pierres... [ de l’intifada - Rires dans la salle]

C’est ce que le Talmud enseigne que à chaque faute d’Israël à l’échelle collective ou individuelle on paie double : pour la faute effectuée et un petit peu pour la faute du veau d’or.

 

A travers toutes les mises à l’épreuve à travers l’histoire ne sera le rescapé des rescapés que ceux qui n’ont pas cette faute en eux de la divinisation du médiateur qui mène à la religion païenne à la place de la religion morale. C’est cela notre grand problème de la génération actuelle. La maraboutisme.

 

Shévirat Hakélim et deuxièmes tables :

 

En tout cas pour revenir au sujet, voilà que 40 jours de prières de Moïse...

40 jours après le 6 Sivan c’est le 17 Tamouz  la brisure – 40 jours après, c’est 1er Eloul, et du 1er Eloul au 10 Tishri il y a 40 jours - Moïse reçoit les deuxièmes tables.

 

La question que je vais poser c’est que nous avons deux fêtes de la révélation de la Torah :

6 Sivan : la Torah est donnée a priori de la faute

La fête de la Torah à Sim’hat Torah après Kipour et toute la liturgie de Tishri où la Torah est reçue après la faute et le pardon de la faute suite au repentir.

 

Les deuxièmes tables sont cette même Torah mais donnée compte tenu de ce que l’homme est faillible et qu’il peut y avoir faute, mais dès qu’il y a repentir, il y a pardon. Alors qu’au Sinaï, la Torah est donnée à priori de la faute. S’il y a faute c’est qu’il ne s’agit pas de cet Israël ! 

 

Je vais laisser le 1er schéma en mémoire et vous donner la structure d’un schéma d’enseignement de la Qabalah qui donne la signification de cette question : pourquoi faut-il que le monde soit détraqué puis réparé ?

 

Ce schéma d’un enseignement de la Qabalah est ce qu’on appelle Shévirat HaKélim, la brisure des vases.

 

Lorsque Dieu a voulu créer le monde il a d’abord fait apparaitre un espace d’être vide d’être pour qu’il y ait une place pour le monde. C’est ce que les Kabbalistes appelle la’ Hallal. C’est dire que dans l’être absolu il y a un reflet de l’être pour qu’il y ait place pour le monde. C’est un acte moral qui précède et rend possible la création du monde : Faire place à autrui. Créer, cela veut dire créer l’autre. Et donc, il lui faut une place d’être. Et alors les kabbalistes nous expliquent cela très en détail. Ce sont des problèmes très importants que les autres n’arrivent pas à comprendre. La notion de création ex-nihilo est une création à partir de rien, c’est un casse-tête pour les théologiens philosophes parce que c’est une fausse notion - de rien il n’apparait rien, que signifie dire que l’être apparait de rien ?  Philosophiquement c’est absurde.

 

Donc c’est un objet de foi : nous savons que le monde est créé à partir de rien parce que la Torah l’a dit. Parce qu’en hébreu c’est ce que signifie Briah.

Mais aucune intelligence philosophique, ni orientale, ni occidentale, n’est arrivée à rendre logique et cohérent cette idée absurde, parce que de rien il ne vient rien !

 

Les kabbalistes l’expliquent en disant : c’est le néant qui est apparu dans l’être et non pas l’être qui est apparu dans le néant. Et dans ce néant apparu dans l’être, Dieu a émané le monde. Et les principes de cette émanation du monde les kabbalistes l’appellent les Séfirot. Dix absolus qui président au fait de faire exister le monde dans le vide d’être primordial.

 

Le philosophe lève la tête vers le ciel et tombe dans le trou. La Kabalah c’est le trou.

 

Lorsque la lumière primordiale s’est retirée d’un point de l’être, c’est le point primordial où le monde va finalement être logé à la suite d’une infinité de processus répétés de vide d’être pour qu’en fin de compte la créature projetée puisse supporter la lumière qui lui sera donnée de l’être absolue, il faut que cette lumière soit infiniment diminuée. Il y a donc un infini processus de retrait et il y a une pensée contemporaine qui nous aide à comprendre cela c’est l’homéopathie. Une dilution à l’infini et une dilution infiniment diluée, et la présence de la substance agissante est là bien qu’elle ait disparu. Si elle était présente on ne la supporterait pas, elle est présente dans son absence, dans son retrait. Dans son retrait elle a laissé une trace. C’est cette trace de rien qui fait être l’être de créature. 

 

Lorsque la lumière revient dans ce ‘Hallal, ce vide d’être, elle rencontre les niveaux d’être, et lorsqu’elle rencontre les niveaux d’être à chaque niveau de retrait, apparait une sphère dont la lumière irradie autour de cette trace d’absence que les kabbalistes appellent le Réshim, le Roshem en hébreu.

 

Lorsque la lumière revient les trois Séfirot supérieures sont capable de la supporter mais pas les 7 Séfirot inférieures. Pourquoi ? Parce qu’il y a 10 lumières.

Les 10 lumières sont proposées à la 1ère Séfirah d’en-haut.  Mais elle est tellement proche de l’infini qui est en dehors du vide, tellement haut, que le Kéli, le vase, le véhicule qui va recevoir cette lumière peut la recevoir. Sans éclater, sans être brisée. Et c’est vrai de la lumière des Séfirot : Keter ‘Hokhmah, Binah. Mais dès qu’on arrive aux Séfirot des valeurs morales, cela commence par ‘Hessed, le Kéli éclate. Il n’a pas la force, la transparence, le Zakout véZékhout, de pouvoir recevoir la lumière. Alors la lumière remonte et des débris de ces Kélim tombent au centre.

         

Et c’est pourquoi le 1er verset de la Torah dit : « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre. Et et la terre était chaos… ».  Les cieux ont disparu. Les lumières des cieux sont remontées parce qu’il n’y avait pas de Kélim capables de les retenir et au centre il y a eu un chaos des débris des Kélim des cieux. Il y avait les cieux des cieux les trois supérieures, les cieux sont les 6 inférieurs, la terre c’est la 7ème, c’est la 10ème.  Je parle vite pour que vous oubliez mais pour que vous comprenez qu’il y a une cohérence absolue.

 

Alors commence l’histoire de la réparation des mondes – le tiqoun. En bas sont les créatures et lorsqu’apparait les créatures capables de restituer, de restaurer, ces Kélim brisés, alors ces lumières redescendent.

 

Abraham a restitué le Kéli de ’Hessed, la lumière du ‘Hessed redescend. Grâce à Abraham il y a de nouveau ‘Hessed dans le monde. Et on sait ce que c’est.

Abraham-‘Hessed

Isaac-Gvourah

Jacob-Tiféret,

Mosheh-Netsa’h,

Aharon-Hod,

Yossef-Yesod, et

David-Malkhout.     

 

Ce sont les 7 piliers du monde qui ont restauré les Kélim qui ont été brisés.

Mais avec ce schéma, on est derrière notre histoire, le principe est très simple à comprendre.

C’est le grand enseignement de la Kabalah Séfaradite : l’histoire réalise les structures de la création.

 

Dans l’histoire se passe ce qui s’est passé à la création. Le monde a été créé mais il ne supporte pas d’être. Il n’est pas encore assez méritant : Zékhout-Zakout – pas assez transparent. Et il est brisé, il faut le réparer. C’est l’histoire du monde. C’est le schéma de l’histoire du monde. A l’origine il y a un chaos parce que le monde est brisé puisqu’il est loin de Dieu : tout ce qui n’est pas Dieu est en chaos. Le monde c’est l’autre que Dieu, et le monde à l’instant de son existence est chaos. Il faut réparer cela. C’est le rôle des grandes âmes d’Israël qui ont réparé cela. Ils sont les véhicules de la Shékhinah. A comprendre pshat, et le monde à l’état de chaos doit être réparé.

 

Le monde dans son absolu nous est inaccessible parce que nous sommes des créatures. Il faut que nous réparions la brisure du monde. C’est arrivé dans l’histoire de la génération de la sortie d’Egypte : l’absolu de vérité est révélé le 6 Sivan, brisé le 17 Tamouz, et grâce à Moïse restauré, grâce au fait que s’il y a faute mais repentir il puisse y avoir pardon.

 

Le pardon est celui du 1er Yom Kipour de l’histoire. Le 10 Tishri on a sû que le pardon était possible puisque la Torah fut rendue. Et alors, on va fêter la Torah à Sim’hat Torah la Torah des deuxièmes tables.

 

C’est-à-dire que les premières sont inaccessibles parce que cela ne concernerait que les Tsadikim. Mais nous ne sommes pas des Tsadikim. La Torah demande « sois Tsadik !», mais c’est au niveau du projet, du tikoun, de la fin de la restauration, de la rédemption. Mais pendant toute l’histoire cela nous est inaccessible. Sauf à ces Yé’hidim, ces êtres exceptionnels qui étaient déjà « Israël » avant la fin des temps.

 

Dieu nommé d’un nom que Dieu a agréé :

Il s’appelle Dieu d’Abraham, Il est Dieu d’Abraham. Pas des autres.

Dieu d’Avraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, Dieu de Moïse… etc. Mais dans l’ordre des dimensions des pères dont nous sommes les fils. Israël adore le Dieu des pères et non le Dieu des maitres. C’est là le paganisme des idolâtres. Dieu à l’image du gourou. C’est le problème de la faute du veau d’or.

 

Retour au sujet :

L’importance de Sim’hat Torah c’est que nous avons la preuve dans notre histoire que même s’il y a faute il peut y avoir réparation par le repentir, il peut y avoir pardon. Le 10 Tishri, les tables nous sont rendues.

 

.../...

 

Lévinas :

Comment Dieu a créé le monde ? C’est comme une mère qui met au monde son enfant hors d’elle et lui dit : Reviens !

 

Mais si l’enfant pouvait parler, il demanderait : mais comment revient-on ?

Voilà la Halakha débrouille-toi !

 

L’histoire du monde c’est l’histoire d’une téshouvah. C’est l’enfant qui revient à sa mère. Mais c’est la mère qui l’a mis au loin.

Pourquoi ? Pour qu’il apprenne à marcher, et pour qu’il revienne sachant marcher par lui-même…

Et puis, surtout, plus profondément que cela, il va apprendre à marcher pourquoi ? Pour aller chez sa mère ou pour aller ailleurs ? C’est cela l’épreuve de la création. Il va apprendre à marcher mais pourquoi ? Effectivement, c’est un enseignement du rav Kook, l’histoire  du monde c’est l’histoire d’une teshouvah. Le monde revient, mais avec un acquis. C’est le sens de l’histoire qui dramatise c’est parfois tragique, il y a trébuchement. On marche sur le chemin du retour mais parfois on trébuche… 

 

C’est cela l’histoire de notre calendrier :

Depuis le 6 Sivan Matan Torah à Sim’hat Torah.

 

Je vous donne un enseignement du Shlah à propos d’un verset de Shémot sur le commentaire de Rashi, qui va récapituler en une phrase ce que nous avons appris sur les deuxièmes tables de la Torah:

Parshat Mishpatim 21.2:

 

21.2

כִּי תִקְנֶה עֶבֶד עִבְרִי, שֵׁשׁ שָׁנִים יַעֲבֹד; וּבַשְּׁבִעִת--יֵצֵא לַחָפְשִׁי, חִנָּם

Si tu achètes un esclave hébreu, il restera six années esclave et à la septième il sera remis en liberté sans rançon. (Traduction du Rabbinat)

 

Dès que tu acquerras un esclave hébreu, libère-le...

Tout de suite on est secoué : d’où sort cet esclave hébreu ? On est dans le livre de l’Exode, pendant de nombreux chapitres on nous a raconté l’intervention de Dieu dans l’histoire pour libérer les Hébreux de l’esclavage, on nous donne les 10 commandements et tout de suite après, la première loi de jurisprudence de cette Torah des 10 commandements dans Mishpatim nous dit :

כִּי תִקְנֶה עֶבֶד עִבְרִי

D’où sorti cet esclave hébreu ? Cela éclate !

 

On apprend par le Talmud qu’il y avait deux situations où un hébreu pouvait être esclave : soit un hébreu juge par lui-même qu’il n’est pas capable de vivre comme homme libre dans la société des Hébreux, il est libre de devenir délinquant Avariam, alors il se vend comme esclave. Pour ne pas tomber dans le risque de voler ou de tuer pour voler alors il prend acte qu’il n’est pas capable d’être libre et il va devenir Eved, il vend son temps de travail à l’homme libre. Il y a un deuxième cas. La faute a eu lieu, le vol a eu lieu. On a convaincu le délinquant et alors c’est le tribunal qui le vend comme esclave chez un homme libre. Et la législation de la relation entre le maitre et ses esclaves c’est celle d’une pédagogie pour apprendre à devenir un homme libre. Et au bout de 6 ans, la 7ème année, l’esclave devait être suffisamment formé pour être capable d’être homme libre, et alors à ce moment là il est libéré.

 

 

.../...
lire la suite ici           

 

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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 11:56

Hoshanah Rabba les deuxièmes tables de la loi

 

 

Hoshanah Rabba - les deuxièmes tables de la loi

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/hoshana_raba_les_deuxiemes_tables_de_la_loi/cours_1

Durée : 45,3 minutes
Face A

 

Le 1er cours que je vais faire va porter sur les deuxièmes tables de la loi. Et le sujet sera essentiellement centré sur la signification de Sim’hat Torah à Shémini Atseret la fête qui aura lieu lendemain de Hoshaanah Raba qui commence ce soir.

 

Le sujet que je vais aborder est un sujet où le fond et la forme doivent coïncider à la lettre. C’est vrai en général de toute étude : dès qu’on commence à paraphraser surtout dans une langue autre que l’hébreu on croit parler du sujet mais on le laisse complètement, Il faut toujours qu’il y ait une vérification pour que la forme et le fond coïncident. Cela ne peut être que si on étudie un texte et que c’est du texte qu’on parle. Ceux qui sont familiers à l’étude du Talmud, c’est l’étude par excellence. Toutes les autres études sont des études pour connaître, qui se relient à l’enseignement du Talmud, et étudier l’enseignement du Midrash, la Qabalah, la Maharshavah, si on n’a pas aussi le Talmud, il faut savoir à l’avance que c’est en l’air, accroché sur rien parce qu’on n’a pas la prise du miqra, c’est-à-dire du sens traditionnel que nous donne le Talmud, et lui seul, de ce qui est écrit dans la Bible.

 

Et c’est cela qu’il faut bien comprendre que nous allons aborder un sujet important et quand on a décidé du programme à Yaïr, je ne savais pas personnellement à quel point les événements contemporains de l’histoire d’Israël se reliaient au sujet que nous allons étudier.

 

Mais je vous demande de séparer ces deux problématiques dans vos têtes.

Les problèmes politiques ce n’est pas du tout le sujet de ce soir.

 

La première approche sera une approche historique basée sur le calendrier.

Comme vous le savez lorsqu’on parle de la révélation de la Torah on fait allusion à deux niveaux, d’une part la Torah dans le sens de Torat Mosheh les 5 livres du Pentateuque – Béréshit, Shémot, Vayiqra, Bamidbar, Devarim – tout cela c’est Torah révélée, le Miqra du ’Houmash, les ‘Hamishah ‘Houmshei Torah, mais d’autre part, il y a aussi allusion à un événement historique bien précis qui est la révélation du 6 Sivan sur le mont Sinaï où Moïse a reçu les deux tables de la Loi, les dix commandements, comme on dit en français, gravés sur les deux tables de la loi, à charge pour lui de les transmettre à tout Israël qui avait assisté à l’expérience que je définirais simplement maintenant avant d’y revenir : expérience du fait que lorsque Moïse parle, il dit bien ce que Dieu lui a dit de dire. C’est cela l’essentiel de ce qui s’est passé au Sinaï. Dieu s’est révélé à Moïse, le peuple assista à cette révélation de telle sorte que le peuple ait l’expérience que c’est bien Dieu qui se révèle à Moïse.

 

J’explique tout de suite pourquoi dans une petite parenthèse: parce que jusque-là on ne connaissait Moïse que comme chef politique. Et ensuite, tous les mots que je vais employer ont un sens simple et un sens plein. Ce ne sont pas des façons de parler parce que cela concerne des problèmes d’identité de l’histoire de notre peuple : une histoire confrontée dans le temps immédiat contemporain à ces problèmes-là. Avant la révélation du Sinaï, c’est la tribu de Lévi qui était déjà dans le secret de Moïse inspiré par Dieu qu’il y aurait une Torah. Mais jusque-là, la foi d’Israël en exil en Egypte et dans les événements de la sortie d’Egypte est définie par la formule connue dans la Torah elle-même : l’accomplissement des promesses aux patriarches que l’exil prendrait fin. C’était cela la foi d’Israël.

 

Par exemple au passage de la mer rouge, lors d’un événement qui confirme de façon plus qu’évidente, indélébile et irréversible que Moïse avait raison. Mais il y a eu comme nous dirions aujourd’hui c’est-à-dire de mettre fin à l’exil et de ramener le peuple d’Israël qui était en diaspora en Egypte au pays des Hébreux, le pays d’Abraham, d’Isaac et de Jacob et que les Chrétiens ont appelé la promesse, mais le terme qui est employé dans le Miqra ce n’est pas du tout une promesse mais un serment : « le pays que J’ai juré à vos pères...»

 

C’est dans le vocabulaire chrétien ou christianisant que l’on lit : « le pays que J’ai promis... »

C’est là un sens piège : « j’ai promis »... Il faut avoir foi dans une promesse mais une promesse c’est quelque chose qui n’est pas encore accomplie. J’en ai discuté avec mon ami André Chouraqui, grand exégète et grand poète, qui avait employé dans sa traduction « le pays des promissions ». C’est très beau en français. Mais par rapport à la Torah ce n’est pas un pays promis mais c’est un pays donné et juré et confirmé. Et quand on va se demander pourquoi il a fallu que Dieu confirme de façon aussi répétée à Israël que son pays c’est vraiment son pays, c’est donc qu’il y a un problème dans l’identité d’Israël. Il s’agit du pays des hébreux qui à l’époque était occupé par les envahisseurs qui s’appelaient les Cananéens et l’une des peuplades était les Philistins, nom qui en hébreu signifie « les conquérants », « les envahisseurs ». On voit comment les définitions s’inversent et deviennent des calomnies aujourd’hui pour le monde entier.

Mais malheureusement, pour beaucoup de juifs eux-mêmes et de leur rabbins, ce sont les juifs qui sont les conquérants et les envahisseurs sur le pays des Hébreux, alors que Pilishtim en hébreu veut dire les « conquérants », les « envahisseurs ». On a oublié cela. Même l’histoire, et j’en parlerai plus en détail.

 

Mais ce que je veux dire c’est que ce qui s’est passé au Sinaï le 6 Sivan, et on ne comprend pas le choc qu’a eu Israël dans sa relation à Moïse : jusque-là il était relié à un chef politique qui a mis fin à l’exil. Et puis voilà que ce chef politique se révèle – si on a le temps je vous citerais le verset dans Rashi lui-même – comme un Zaqen Malei ‘Hakhamim, un Dayan, un Rosh Yeshivah, c’est ce qu’enseigne la Torah. Imaginez le choc ! Et même Moïse qui était connu pas tellement de temps avant comme étant le juif le plus assimilé, le modèle, le paradigme du juif assimilé. Fils adoptif du Pharaon et héritier présomptif du Pharaon élevé dans le palais du Pharaon et dans les universités pharaoniques… et il est venu dire - 3000 avant Herzl qu’on a accusé lui-même d’être assimilé – de mettre fin à l’exil ! Et c’est ce Moïse-là enfin reconnu par 1/5ème des Hébreux à propos duquel au moment du passage de la mer rouge :

Exode - Shémot Beshala’h :

14.31

וַיַּאֲמִינוּ, בַּיהוָה, וּבְמֹשֶׁה, עַבְדּוֹ

Vayaamim bashem OuvMosheh Abdou

Et ils eurent foi en Dieu et en Moïse son serviteur  

Il ne s’agit pas encore du tout de Torah, il y a quelques mitsvot qui ont été données, et en particulier la mitsvah du Shabat. Je vous disais tout à l’heure à quel point toute la Torah c’était la manière d’être – le Derekh Erets - des patriarches que Moïse a transmis à Israël sous forme de Torah.

 

Devarim VéZot Haberakha

33.4

תּוֹרָה צִוָּה-לָנוּ, מֹשֶׁה:  מוֹרָשָׁה, קְהִלַּת יַעֲקֹב

Tora Tziva Lanou Moché, Moracha Qehilat Yaaqov

Une torah pour nous dicta Moïse; héritage de la communauté de Jacob.

 

C‘est un verset qu’il faudrait étudier mot par mot.

Et voilà donc que l’on arrive au Sinaï 50 jours après la sortie d’Egypte. Et là, le peuple va avoir un choc : il va recevoir un message, c’est le début du chapitre 19 de Shémot lorsque Moïse transmet la consigne à Israël sous la forme suivante :

Exode – Shémot,Yitro

 

19.4

אַתֶּם רְאִיתֶם, אֲשֶׁר עָשִׂיתִי לְמִצְרָיִם; וָאֶשָּׂא אֶתְכֶם עַל-כַּנְפֵי נְשָׁרִים, וָאָבִא אֶתְכֶם אֵלָי  

Vous avez vu ce que J’ai fait à l’Egypte

Vous, je vous ai portés sur les ailes des aigles, je vous ai rapprochés de moi.

 

Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Egypte, vous avez vu ce que j’ai fait pour vous. Non seulement mettre fin à l’exil mais Je vous ai amené vers Moi sur les ailes des aigles. Vous deviendrez les prêtres de cette foi-là que l’exil peut prendre fin. Puisque vous avez cette expérience, je vous investis comme témoins de cette expérience pour l’humanité entière. (Cf. 19:5-6). Un jour nous approfondirons un peu ce thème-là. Quel lien y a-t-il ? Et c’est dit plusieurs fois dans le texte du Pentateuque, et en particulier dans le début du Deutéronome lorsque Moïse reprend le récit des événements que je suis en train de vous citer brièvement. 

 

Vous avez eu l’expérience que la fin des exils est possible, vous allez devenir le peuple des prêtres de cette foi-là.

 

                             19.6

וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ

Véatem tihyou li mamlekhet kohanim végoy qadosh

Et vous serez pour moi royaume de prêtres et peuple saint.

 

Il y a eu pour le peuple un choc. On s’attendait à une fin d’exil, élevée à un sionisme « dé-sionisé » dans l’eau, et puis voilà que Moïse parle comme le Rav Kook !

 

La justification de la spécificité de notre histoire nationale c’est la Torah. La Torah d’une foi dont les Hébreux font l’expérience, et dont en tant que modèle de point de départ Abraham avait l’expérience.

 

Quand vous lirez les textes du Pentateuque vous serez frappés par le parallèle qu’il y a entre l’histoire d’Abraham sorti d’Our-Qasdim et l’histoire d’Israël sorti d’Egypte. Le style et la forme des versets sont les mêmes. Quand Dieu s’adressa à Abraham pour lui dire : « Je suis celui qui t’a fait sortir d’Our-Qasdim » ; et lorsqu’il s’adresse à Israël pour lui dire « Je suis celui qui t’ai fait sortir d’Egypte », c’est la même expérience. Elle a lieu avec Abraham, elle va être évoluée en destinée – je n’ai pas dis destin – en projet d’identité des nations qui va apparaître à partir de Jacob, après la sélection d’identité qui sépare Ishmaël d’un côté (et vous savez qu’Ishmaël est en rivalité pour la terre d’Abraham) et Esaü de l’autre (et vous savez qu’Esaü est en rivalité pour le ciel d’Abraham).

 

Et nous arrivons de notre temps après tant de péripéties de ce qui a été deux millénaires d’histoire à un règlement de compte. Mais, semble-t-il, tout le monde sait que seul Israël est Israël sauf les Juifs, enfin une grande partie d’eux, ceux au pouvoir en tout cas.  

 

Je reviens au sujet : il y a une analogie dans le fond et dans la forme entre l’expérience d’Abraham et l’expérience de la nation d’Israël issue de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham. C’est cela la preuve d’Israël. La preuve d’Israël ce n’est pas des problèmes de théologie philosophique. Et vous savez à quel point c’est traditionnel : à travers les contenus philosophiques nous ne nous adressons pas au premier moteur de l’univers - comme dirait Spinoza: la cause première - on s’adresse à celui qui nous a fait sortir d’Egypte. Et c’est la force de l’enseignement de Judah Halévi dans le Kouzari en particulier.

 

Et voilà que la foi d’Israël a été entendue par l’humanité entière, à travers toutes les rivalités que vous savez, à travers toutes les contestations que vous savez, tant du côté de la chrétienté que du côté de l’islam ou du côté de l’humanisme, c’est que la condition de créature qui est une condition d’exil est aussi l’exil du Créateur. Et toutes les créatures quel qu’elles soient, qu’elles en soient conscientes ou pas, ont en tête le salut de la fin de l’exil de la condition de créature. Et voilà que l’humanité en question qui est la conscience de l’univers, et toute créature est dans cette situation existentielle de se savoir exister dans l’exil de l’être, et voilà que l’humanité découvre un peuple dont l’histoire est faite par ce rythme Galout-Géoulah. Et on croit au salut d’Israël parce que le salut d’Israël c’est le témoignage qu’on peut sortir de la condition d’exil jusqu’au niveau de la sortie d’exil métaphysique de la condition de créature, rendez-vous au Gan HaEden. Et l’humanité finit par croire dans la foi d’Israël à un point tel que croit Israël. Et c’est la raison de l’histoire des Justes qui a été l’histoire d’une contestation d’identité à 3 niveaux : la Torah, le peuple, la terre.

 

Et voilà donc ce qu’il en est de Moïse pour Israël jusqu’au type qu’il va amener au 6 Sivan. Moïse se révèle comme étant le prophète qui donne la Loi. Et alors là, relisez attentivement le chapitre 19 de l’Exode : le peuple, c’était tout à son honneur, exige que s’il y a un « nouveau testament » que Dieu lui-même vienne le révéler.

 

Et Rashi cite un midrash très important pour expliquer le verset qui dit que Moïse a rapporté la réponse du peuple à Dieu [19.8], il lui a expliqué ce n’est pas qu’ils m’ont refusé mais ils veulent que Toi tu leur parles, ils ont dit : « nous voulons voir le Roi ! » 

 

Il y a un autre midrash qui compare la relation entre Dieu et Israël à une relation d’alliance conjugale, comme disait notre maître Monsieur Neher za’l, et Israël a dit « nous voulons voir le fiancé ! » Il les a marié par procuration, c’est un mariage légal, mais nous voulons voir le fiancé. Et c’est tout à l’honneur d’Israël que lorsque le guide spirituel pense changer le discours, on exige que ce soit authentifié par Dieu lui-même. On ne croit pas aveuglément. C’est vraiment à l’honneur d’Israël que de dire « nous voulons voir le Roi ! », « Nous voulons entendre directement ! »

 

D’où la réponse de Dieu à Moïse :

 

19.9

הִנֵּה אָנֹכִי בָּא אֵלֶיךָ בְּעַב הֶעָנָן

Puisqu’il en est ainsi alors je viens vers toi dans l’opaque de la nuée...

 

S’il n’y avait pas l’opaque de la nuée, il serait brulé. Il faut que Dieu le protège il n’est pas encore à la hauteur pour pouvoir être en présence de la lumière, et

                             19.9

בַּעֲבוּר יִשְׁמַע הָעָם בְּדַבְּרִי עִמָּךְ, וְגַם-בְּךָ יַאֲמִינוּ לְעוֹלָם

Afin que le peuple m’entende quand Je te parle

et qu’en toi aussi ils aient foi.

 

Vous avez compris la contradiction avec le premier verset : au passage de la mer rouge :

Exode - Shémot Beshala’h :

 

14.31

וַיַּאֲמִינוּ, בַּיהוָה, וּבְמֹשֶׁה, עַבְדּוֹ

Vayaamim bashem OuvMosheh Abdou

Et ils eurent foi en Dieu et en Moïse son serviteur 

 

Et là Dieu dit :

                      19.9

וְגַם-בְּךָ יַאֲמִינוּ לְעוֹלָם

Végam békha Yaaminou Léolam

et qu’en toi aussi ils aient foi

 

Indépendamment de tous les commentaires de ces dimensions d’études, l’analyse qu’on avait trouvée était très claire : ils avaient fini par avoir foi en Moïse comme chef politique. Mais il fallait aussi qu’ils aient foi en Moïse comme chef religieux. Le drame de notre peuple c’est qu’on fait comme si il y avait deux Moïse, on fait comme si l’un est ‘Hiloni et on fait comme si l’autre est ’Harédi ! Mais c’est ni l’un ni l’autre.

Vous savez le prix à payer de ces inconséquences de ces histoires des Juifs.

Les Juifs ont eu beaucoup de malheur. Et même s’ils ne sont pas eux-mêmes responsables de leurs malheurs, est-ce qu’il n’arrive pas à certaines occurrences, à certaines étapes de notre histoire, que les responsables de l’histoire d’Israël, de l’existence spirituelle de l’histoire d’Israël, soient eux et non pas Dieu les responsables du malheur des gens. J’y reviendrais plus en détail.

 

Et voilà donc que d’après le 2ème verset que je vous ai cité :

Je le répète pour que ce soit bien clair à cause de l’habitude que nous avons de comprendre l’événement à postériori. Les événements sont dans l’ordre la sortie d’Egypte, et juste après révélation du Sinaï. Mais c’est à postériori que ce qui s’est passé au Sinaï des 10 commandements s’est passé. A postériori de la nécessité d’habiliter Moïse comme prophète de la loi. Relisez attentivement le chapitre 19 de l’Exode. 

 

Primitivement, il s’agissait de transmettre un message à Israël. Vous avez une espérance d’histoire singulière mais elle est singulière au nom de l’universel humain : vous allez donc devenir les prêtres

de l’universel humain.

 

En premier, tel était le message :

 

                             19.6

וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ

Véatem tihyou li mamlekhet kohanim végoy qadosh

Et vous serez pour moi royaume de prêtres et peuple saint

 

Et voilà que le peuple a besoin de savoir comment on fait cela ! Ça c’est le niveau auquel on est tombé au Sinaï après la révélation. J’ai l’habitude d’expliquer cela dans d’autres cours, à propos d’un passage de la Hagadah de Pessa’h : Dayénou.

 

אִלּוּ קָרַבְנוּ לִפְנֵי הַר סִינִי

וְלֹא נָתַן לָנוּ אֶת הַתּוֹרָה

דַּיֵּנוּ

S’il nous avait approché devant le mont Sinaï

et qu’Il ne nous avait pas donner la Torah

Dayénou !

 

C’est un slogan d’Hashomer Hatsaïr !!!

Comment, nous, pouvons-nous chanter cela à Pessa’h ?

S’il nous avait approché devant le mont Sinaï et ne nous aurait pas donné la Torah Dayénou !

Alors qu’est-ce qu’on est allé faire au Sinaï ?

Qu’est-ce que c’est que ce Dayénou ?

 

Vous avez compris qu’il y a deux niveaux très différents : approcher du Sinaï cela veut dire nous investir Stam :

 

« מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ  

Mamlekhet Kohanim véGoï Qadosh

Peuple de prêtres et nation sainte ». [ Ex.19 :5-6]

 

Mais on n’a pas été capable de savoir comment on fait ça ! En Israël on dit : « Comment cela s’avale-t-il ? » « Comment cela se mange-t-il ? » Ce qui veut dire : Comment devient-on les prêtres de l’humanité ? Alors, on nous a donné le code. Cadeau ! En plus !

Cela veut dire qu’on aurait dû être capable comme les patriarches de savoir comment on est Israël. Il a fallu qu’on nous donne un mode d’emploi.

 

Au fond, vous savez, il y a énormément de Juifs dits religieux qui utilisent le mode d’emploi – le Shoulkhan Aroukh -  exactement comme un garçon de laboratoire ignorant qui essaie d’appliquer les ordonnances. Avec une telle méticulosité qu’on n’arrive pas à la distinguer de la maniaquerie. C’est un problème : comment Israël a-t-il besoin de garçons de laboratoire ? On a besoin qu’on nous explique comment être Israël ! Regardez à quel point nous sommes descendus si bas dans notre identité. Encore une fois, le verset que je vous ai cité est très clair :

 

Ex. 19.5-6

וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ

Véatem tihyou li mamlekhet kohanim végoy qadosh

Et vous serez pour moi royaume de prêtres et peuple saint.

אֵלֶּה, הַדְּבָרִים, אֲשֶׁר תְּדַבֵּר, אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל

Eleh hadébarin asher tédaber el Benei Israël. Néqoudah!

Voici les paroles que tu diras aux enfants d’Israël.

 

Et Israël a besoin qu’on lui explique le mode d’emploi…

C’est un verset suffisamment clair.

 

Je vais vous donner l’exemple que j’ai l’habitude de donner :

Imaginez un pompier auquel il faut demander un manuel pour lui expliquer que le feu brûle et que l’eau éteint le feu...  C’est que ce n’est pas un pompier !

Et si vous devez dire à Israël à Israël : voilà ton code de « peuple de prêtres » pour l’humanité entière pour la foi d’Israël. Je ne reviens pas sur la définition : premièrement, deuxièmement, troisièmement... 613èmement. C’est que ce n’est pas Israël !

 

C’est pourquoi à la Hagadah de Pessa’h on parle du redoublement des dons et des cadeaux qui nous ont été fait. D’ailleurs je continue le Dayénou puisqu’on en parle : vous avez des ‘Harédim qui lisent la suite :

 

אִלּוּ נָתַן לָנוּ אֶת הַתּוֹרָה

וְלֹא הִכְנִיסָנוּ לְאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל

דַּיֵּנוּ

Ilou Natan Lanou Et HaTorah

v'lo hikhnisanou l'eretz yisra'el

dayénou!

S’Il ne nous avait donné la Torah

Et ne nous avait pas amener en Erets Israël

Cela nous aurait suffit !

 

Vous voyez jusqu’au cela peut aller ! Il y a des gens sincères qui disent cela comme ça. C’est dit pour Dieu ! On est habitué à postériori à ce rythme des événements : Sortie d’Egypte – Sinaï – pour faire un petit stage, un camp d’essai de Torah avec comme Madrikh Mosheh Rabénou. Et cela nous a tellement plu qu’on est resté là-bas 40 ans. Mais ce n’est pas ce qui était prévu à priori. C’est à postériori que cela a été nécessaire. Alors il faut se remettre dans l’ordre du récit de la Torah. C’est une découverte que tous les pédagogues devraient faire : la Torah se lit dans l’ordre des récits. Ce n’est pas pour rien que la Torah a choisi cet ordre.

 

Osez ! Je suis sûr que j’entends vos questions non formulées. 

 

Q : « ein mouqdam oumou’har baTorah » ?

R : Et d’ailleurs c’est vrai : « ein mouqdam oumou’har baTorah ». Mais je vais vous citer un enseignement du Gaon de Vilna, sur un autre sujet apparemment mais qui va éclairer le nôtre:

Il y a dans le Zohar [Vol. 17 Nasso section 18 Tikoun 148] : la phrase suivante :

[Rabbi Elazar a ouvert et il a dit:]

Hakol Talouï BéMazal véAfilou Sefer Torah BéHeikhal

Tout dépend du Mazal (cela veut dire les signes et les lois du déterminisme donc du vieillissement) même le Sefer Torah à l’intérieur du sanctuaire.

Le Zohar, il faut avoir un maître pour le comprendre. Ce sont des phrases très simples et belles, mais sans maître qui nous explique ce qu’il y a dedans on ne comprend rien.

Et alors le Gaon de Vilna a expliqué cette phrase que je répète en hébreu :

Hakol Talouï BéMazal véAfilou Sefer Torah BéHeikhal

Et que signifie le Sefer Torah qui est dans le Heikhal ? Et s’il n’était pas dans le Heikhal serait-il  protégé ? Il l’a expliqué par un mot : Sefer ! Le livre est soumis au déterminisme mais pas la Torah ! C’est la différence entre Torah et Sefer Torah.

 

Quand on lit dans la Guémara : « ein mouqdam oumou’har baTorah », pas d'avant et d'après dans la Torah, on parle de la Torah et pas du Sefer Torah ! Dans le Sefer Torah il y a mouqdam oumou’har. Il y a la Massorète, c’est ainsi ce qu’elle a fait en mettant ces versets dans leur ordre. Selon la Guémara: un texte qui n’est pas lu dans l’ordre n’a plus de valeur. Vous voyez qu’il faut lire exactement ce qu’il y a d’écrit.

Et la vérité qui n’a pas d’ordre, c’est la vérité au niveau de l’éternité, c’est dans l’ordre du dévoilement de la vérité qu’il y a un ordre historique et logique. Dans l’ordre de la révélation de la Torah, il y a un ordre. Pas dans la Torah. Toutes les vérités sont édictées simultanément et éternellement simultanément. Et c’est la raison pour laquelle Rashi qui a un but à différentes profondeurs infinies commence par dire quelque chose d’énorme.

 

בראשית: אמר רבי יצחק לא היה צריך להתחיל [את] התורה

Lo hayah tsarikh lehat’hil [et] hatorah

אלא (שמות יב ב) מהחודש הזה לכם

Ela meha’hodesh hazeh lakhem...

ומה טעם פתח בבראשית

Oumah taam pata’h bébéreshit

 

La Torah ne devrait pas commencer au commencement ! Pour une fois qu’on a un livre qui commence au commencement, Rashi nous dit que ce n’est pas normal ! Parce qu’il n’y a pas de commencement et de fin dans la Torah. Raison pour laquelle comme vous le savez à Sim’hat Torah dès qu’on a fini les derniers versets on recommence les premiers versets tout de suite.

 

***

 

Il y a donc un ordre à priori. On est tellement familier avec ce qui s’est passé à postériori qu’on ne sait plus comprendre quel était le plan premier qui a dû être corrigé à cause des péripéties de l’exil, et qu’il était vrai qu’Israël n’était pas d’emblée à la hauteur du projet d’identité auquel il a été appelé. Alors que je comprends bien pour ceux qui entendent cela la première fois que c’est quelque chose de difficile à entendre : la révélation des 10 commandements au Sinaï était inattendue. Le verset dit :

 

Isaïe 2.3 :

כּי מציוֹן תּצא תוֹרה   

Ki MiTsion Tetsé Torah !

 

La Torah doit sortir de Sion et non pas du Sinaï. Seulement, il était nécessaire que Dieu se révèle à Israël pour habiliter Moïse. Alors, si déjà on a profité des 10 Divrei qui ne sont d’ailleurs pas n’importe lesquels mais qui récapitulent l’ensemble de la Torah dans les principes mêmes de la Torah (c’est un autre sujet), et si déjà... alors au moins que... on en profite !

Relisez bien donc ce chapitre 19 de telle sorte d’avoir connaissance de cela que l’événement du Sinaï, comme il y a eu lieu les dix commandements a été commandé par la nécessité d’habiliter Moïse comme prophète de la loi. Et que l’un c’est l’autre.

 

Je voudrais bien mettre en évidence l’image de la fracture entre ces deux profils des maîtres d’Israël : le chef de guerre et le Rosh Yéshivah. C’est devenu presque contradictoire. Alors que c’est  l’enseignement du chapitre 19 que l’un c’est l’autre. Et le début du chapitre 20 dans ces premiers mots des dix commandements :

 

אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, אֲשֶׁר הוֹצֵאתִיךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם מִבֵּית עֲבָדִים

Anokhi Hashem Eloheikha Asher...

 

On traduit habituellement comme s’il y avait écrit Ani Hashem Eloheikha Asher... Je suis ...

Mais ce qui est écrit c’est Anokhi : C’est moi qui, c’est bien moi... Et voilà l’intention : c’est bien moi qui vous ai fait sortir d’Egypte qui vous donne cette Torah : l’un c’est l’autre !  

 

Sur la mer, ils l’ont vu comme un chef de guerre, et au Sinaï ils le voient comme un Rosh Yeshivah... Par là on apprend qu’un Rosh Yeshivah doit être Zaqen Malé Ra’hamim un vieillard plein de miséricorde. Aujourd’hui, nous avons à la tête des Yeshivot des jeunes gens !

 

Pour revenir au sujet : tout cela pour habiliter Moïse comme prophète de la loi, et c’est à ce propos qu’ont été révélées et données les deux tables de la loi.

 

Je vous donne une première analyse d’ordre historique appuyée sur la structure du calendrier.

Et ensuite nous essaierons de réfléchir à la signification profonde, d’après un enseignement de la Kabalah, des premières et deuxièmes tables.

Et ensuite en fin d’étude, nous aborderons la signification des deuxièmes tables : quelles sont les différences entre les premières et les deuxièmes tables ? Il y a énormément de différences, énormément de sujets et de dimensions du problème .../...  par rapport à la relation entre l’homme comme conscience libre et morale qui unit les devoirs et la loi.

 

Schéma historique :

Voici ce qu’il s’est passé historiquement : le 6 Sivan, 50 jours après la sortie d’Egypte, il y l’événement de la révélation du Sinaï, et Moïse reçoit les deux tables. Et avec les deux tables va commencer cette génération. Avec ce don des deux tables va commencer une période de 40 jours où Moïse sur la montagne reçoit l’ensemble de la Torah et l’étudie avec Dieu comme maître. C’est pourquoi d’ailleurs lorsque dans la première Mishnah du Pirqey Avot on lit « Mosheh Qibel Torah MiSinaï » et non pas Mosheh Rabénou parce que là-bas, il n’était pas le maitre mais l’élève. Il y a un autre enseignement du Talmud qui précise les différents niveaux de dignité rabbinique : le plus haut niveau c’est Shmo. Rav, Ribbi et Rabbi, Raban et Gadol meraban shmo : plus haut que Raban : Shmo, son nom.

 

Au 6 Sivan, la révélation des premières tables. Commence cette période de 40 jours où Moïse est sur la montagne et il avait donné rendez-vous au peuple : N’ayez pas peur. Je vais redescendre... Et il a tardé. On va se demander comment ?

 

וַיַּרְא הָעָם, כִּי-בֹשֵׁשׁ מֹשֶׁה לָרֶדֶת מִן-הָהָר

Le peuple, voyant que Moïse tardait à descendre de la montagne

 

Mosheh c’est la Beshesh. Un retard de 6 heures 

 

.../...
lire la suite ici 

 

*****

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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 11:53

Hoshana Raba. Redoublement des noms de fêtes IV

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/hoshana_raba_redoublement_des_noms_de_fetes/cours_2

Durée : 49,6 minutes
Face B

 

Le temps de A’hashvérosh c’est le temps où la révélation va s’arrêter et où le judaïsme va commencer.

 .../...

(Quelques minutes inaudibles)

 

Il y a un midrash sur les signes que Dieu donne à Moïse pour l’habiliter.

Dieu lui dit « Va délivrer Israël !» et Moïse dit : « ils ne vont pas avoir foi en moi !»

Alors le midrash dit : Dieu lui répondit : « Comment ? Eux sont croyants, fils de croyants, et toi tu dis qu’ils ne vont pas croire ? »

Alors Il lui donne comme signe afin d’habiliter sa mission de rentrer sa main sur sa poitrine et elle devient blanche de lèpre, de la remettre sans sa poitrine et elle est ressortie guérie.

Ce signe c’est le signe de transformer le pur en impur, l’impur en pur. La transformation des contraires c’est un des signes profonds de l’identité messianique.

 

Les commentateurs du midrash ont posé la question suivante : Si Moïse avait besoin de ce signe pour habiliter sa mission, celui qui est capable de rendre impur ce qui est pur et pur ce qui est impur, c’est lui le Mashia’h ! Vous devinez tout ce que cela implique.

Les commentateurs objectent : pourquoi ce signe se transmet-il par l’atteinte de son intégrité corporelle ? Vous pouvez étudier les réponses, l’une d’elles : parce que la lèpre est la punition de la calomnie. Il a calomnié les Hébreux en disant : « Ils ne vont pas me croire !»

[D’ailleurs, il y a une question dans la question : il aurait dû dire : « Ils ne vont pas croire en toi ! » Il a dit : « Ils ne vont pas croire en moi ! ». C’est encore un autre problème.]

Quelle calomnie ? Celle que rapporte le midrash : « Ils sont croyants, fils de croyants, et toi tu dis qu’ils ne vont pas croire... ».

 

Alors qu’en fait on s’aperçoit que Moïse avait raison ! Ils ne l’ont pas cru !

L’oppression de l’Egypte était tellement lourde qu’ils n’avaient pas la capacité de le croire quand Moïse est venu leur dire : « l’heure de la délivrance est arrivée ! ».

Donc il avait raison dans ce qu’il a dit ? Alors, en fait, Dieu a expliqué à Moïse où était la faute de calomnie : ce n’est pas parce qu’ils n’avaient pas la foi, ils croyaient comme il fallait croire au temps de leurs pères. Ils étaient  maaminim bnei maaminim croyants fils de croyants. Alors qu’il fallait être maaminim. Au temps de leur père, la foi, l’espérance c’est la foi du juif de l’exil. Et alors qu’ils sont au temps des fils, ils continuent à croire comme au temps des pères !!! Les pères croyaient que l’exil prendrait fin. Mais quand l’exil a pris fin, croire que l’exil prendra fin c’est une erreur de la foi. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de foi, mais c’est une erreur de la foi. La pire des infidélités c’est une erreur de fidélité. Ils sont restés fidèles à une étape déjà réalisée du projet, alors qu’il fallait être fidèle au projet ultime. Alors ils croyaient au temps des fils comme il fallait croire au temps des pères. Et c’est cela que Dieu explique par ce Midrash. Leur faute n’est pas de manquer de foi mais de se tromper de foi.

 

Les contemporains de Moïse étaient en retard d’une époque concernant ce que Moïse leur révélait.

Et bien je crois que c’est exactement ce que la société juive contemporaine est en train de vivre, et continue à croire au temps des pères alors qu’on est déjà au temps des fils.

 

A quoi croyaient les pères ? Un jour il y aura un état juif !

Continuer à croire cela alors que l’état juif est déjà là c’est cela le problème auquel se confronte Moïse. On ne peut pas demander des signes alors que l’événement est là !

 

Q : inaudible –

R : il y a avait un cran à réaliser, j’ai parlé du temps hébreu et c’est le temps de la révélation. Bon, la question est : est-ce que nous sommes à un temps de recommencer la révélation ? C’est cela la question. Il y a des conditions pour cela... De la même manière que c’est le même problème pour la Shemitah : C’est quand la majorité du peuple est sur la terre d’Israël que la Shemitah est DeOraïtah. Mais si ce n’est pas toute la majorité d’Israël qui est en Erets Israël, elle est DeRabbanam. Je réponds ainsi par analogie.

Je suis persuadé pour ma part qu’il y a quelque chose de cet ordre qui a recommencé. C’est la langue hébraïque. Il ne faut pas oublier que la révélation était en hébreu. Il y a maintenant la restauration du véhicule de la révélation. Vous êtes déjà d’une génération pour qui c’est une expérience quotidienne de vivre sa vie juive et de penser et parler de son judaïsme en hébreu. Mais rendez vous compte que pour la génération passée c’était impensable ! L’hébreu n’était pas accessible à notre génération, et subitement il a été restauré !

Quand j’ouvre la radio et que j’entends les chansonniers chanter en hébreu c’est quelque chose qui ne s’est pas produit depuis 2000 ans ! Prenez bien attention à cela. Il y a eu un temps où il y a eu des érudits qui comprenaient l’hébreu et se communiquaient entre eux dans des communautés d’élites... Mais aujourd’hui, les Juifs communiquent en hébreu. Et le judaïsme est exprimé en hébreu. Et les Goyim s’abreuvent au judaïsme dans sa source hébraïque. C’est quelque chose de cet ordre. Je crois qu’il faut mettre cela en évidence.

La prodigalité du miracle fait qu’on banalise l’événement. C’est devenu tellement « cadeau », « donné », que cela a été banalisé.

Je suis du temps où j’ai vu les premiers avions, les premiers téléphones... Avant ce temps c’était impensable... Alors subitement nous sommes privilégiés, l’hébreu nous a été restauré. Quand les prophètes ont prophétisé c’est parce qu’ils étaient hébreux.

Le Midrash Raba sur l’expression « Abraham Ha-Ivri » : que signifie cette expression ? Nous savons qu’il était hébreu descendant de Ever ? Le Midrash explique c’est parce qu’il parlait hébreu. Tous les descendants de Ever ne parlaient plus hébreu. Lui parlait hébreu. Alors il a pu être prophète. Vous allez me dire que je vous fais un plaidoyer sioniste.  Mais c’est pire que ça !

.../...

 

Q : (inaudible)

R : Je crois que j’ai compris la question. Lorsqu’on étudie le livre d’Esther on s’aperçoit effectivement qu’il y a là une césure : le risque dans le fait de dénaturer complètement la Torah des Hébreux en une Torah d’exil qui serait une Torah d’exil sans tenir compte des éléments de lien avec Erets Israël. Mais la tradition ne s’y est pas trompée : il y a ouvert une parenthèse mais cette fidélité de parenthèse bien que de parenthèse est une fidélité. Je crois que je l’ai dit tout à l’heure de différente manière que l’adhésion au judaïsme a son mérite propre indépendamment de la fidélité à l’hébraïsme. Mais d’une certaine manière c’est très différent d’être juif ou d’être hébreu, il faut être juif pour être hébreu. Je ne sais pas comment dire cela. Et c’est ce qui c’est produit au temps d’Assuérus. Enormément d’hébreux ont démissionné à la fin du temps hébraïque. Ils se sont perdus chez les Goyim. En particulier l’allusion aux dix tribus perdues. Et bien, ces hébreux qui n’ont pas complètement démissionné sont restés fidèles à l’hébraïsme en tant que juif. C’est cette fidélité-là alors que c’était plein de danger, et effectivement il y a toute une idéologie de « faux juif » qui consiste à privilégier l’exil et à parler de rédemption de la terre d’Israël comme si ce serait une Torah sans Erets Israël. Ce que vient de dire David sur la différence entre ‘Hanoukah et Pourim. ‘Hanoukah c’est un miracle que nous vivons en Erets Israël et on dit le Hallel. Pourim c’est un miracle qui a eu lieu en dehors d’Israël et on ne dit pas le Hallel.

 

***

 

Nous étions sur un thème précis que nous avons traduit.

Je reprends à la 2ème colonne.

 

Pourquoi la Torah a-t’elle été imposée ? Parce que toute chose qui est obligatoire, nécessaire, imposée, n’est pas dans le cas d’être annulée puisqu’elle est nécessaire. Et cela est annoncé dans le midrash dans le cas du mariage où la femme est prise par force et où le mari ne peut pas la divorcer.

 

Cela veut dire que nous avons ce privilège du Sinaï que Dieu a jugé que la bonne foi d’Israël était à un tel niveau qu’Il s’interdisait de reprendre Son alliance avec Israël quelque soit les aléas de l’histoire postérieure. Il faut donner toute une épaisseur existentielle à cette indication du midrash.

 

Israël passe son temps à faire comme s’il fallait justifier cette calomnie qu’il est un peuple rebelle. Dès que quelque chose est évident du point de vue de la Torah, on décide du contraire. Et parfois ce sont les grands rabbins qui sont à la tête. C’est quelque chose de spectaculaire. A tel point que cela pose problème. Je crois qu’on devrait étudier ce problème. Laissons de côté la mauvaise foi des antisionistes prêtant à Israël une cause rebelle, mais il y a un problème objectif. Tout se passe comme si on passe notre temps à jouer à cela. Dieu s’adressant à Israël par le prophète dit : Y-a-t’il seulement un peuple qui se conduit avec ses dieux comme vous vous conduisez avec Moi ? Ce n’est même pas la peine de l’illustrer il n’y a qu’à lire le journal. N’importe lequel. En Israël, mêmes les grands d’Israël passent leur temps à faire le contraire de ce qu’ils devraient faire. Je ne veux pas vous donner d’exemple pour éviter de rentrer dans la politique israélienne. C’est dramatique.

 

Il a tout de même toute une élite avant-garde qui montre le chemin, mais c’est plein de difficultés épouvantables et nous vivons maintenant les problèmes qui ont été les problèmes de toutes les générations depuis l’origine.

Il y a aussi une dimension d’humour assez colossale.

Je vais vous résumer l’histoire d’Abraham :

C’est l’histoire d’une perplexité systématique à tout ce que Dieu lui promet. Alors imaginez l’incohérence du récit. Dans le récit, il faut prendre cela au sérieux c’est Dieu qui parle à Abraham. Dès que Dieu promet des choses à Abraham, Abraham lui répond : « tu es sûr ? ». Et nous sommes les descendants d’Abraham !

 

Cela nous le vivons vraiment à l’échelle quotidienne à travers toutes les péripéties de l’histoire. Mais parfois, je suis pris de respect devant le laxisme des Goyim. Ils ont matière à être dix fois anti-juifs qu’ils le sont, et finalement ils sont gentils, comme on dit dans la théologie chrétienne. Je me suis inventer une manière de m’expliquer cela : un jour Dieu a décidé de sauver l’humanité. Il s’est demandé par qui commencer ? Alors il a eu une idée de génie : je vais prendre le peuple le plus difficile, si cela marche avec lui je ferais passer les autres...

Tout se passe comme si c’est comme ça.

 

D’ailleurs je vous dirais que ce n’est pas une stratégie pédagogique, une partie de vos question, et pas seulement ce soir, en général procède de cette perplexité. C’est-à-dire de s’ingénier à se démonter le contraire de ce à quoi on croit soi-même.

 

Je continue le texte en hébreu :

                     

Puisqu’il en est ainsi que Dieu a imposé la Torah par contrainte au Sinaï, Israël est violé/violenté par HaQadosh Baroukh Hou. Ce n’est pas le cas pour celui qui demande à se séparer [à divorcer d’une femme] après le mariage, le divorce est envisageable.

 

En principe la Torah n’aime pas le divorce. Il y a des textes très profonds dans la Guémara concernant les difficultés du divorce. Mais la Torah est une Torah de vérité, et par conséquent, elle s’exprime et donne la loi pour le monde tel qu’il est. Elle envisage donc la clause de la possibilité de divorcer. Mais en fait, comme le dit la théologie catholique, un mariage authentique se pense en dehors de l’éventualité du divorce. Le mariage est par définition irréversible. Si, à Dieu ne plaise, il faut divorcer, alors la Torah prévoit que le divorce soit possible, mais n’aime pas cela. Je ne sais pas qui disait : « un mariage fait deux heureux, mais un divorce peut faire quatre heureux ! »

Dans l’ordre des traités du Talmud, on étudie Massekhet Guitin avant Massekhet Kidoushin. 

Dans les Yeshivot, on a l’habitude de dire que makdim refouah lamakah : le remède précède le mal.

Mais en réalité, il y a une raison beaucoup plus importante, c’est qu’on étudie d’abord les cas de divorce si, à Dieu ne plaise, il y a divorce, et ensuite on étudie les cas de mariage après lesquels il n’y a pas de divorce. Alors d’abord on étudie Guitin, et après on étudie Kidoushin.

Voilà donc la notion qu’il y a là.

 

Je termine l’analyse :

Lorsqu’on prend acte de la manière dont la Torah a raconté l’histoire de cette alliance entre Dieu et Israël, et c’est à travers les différents niveaux de l’histoire des patriarches, alors on s’aperçoit qu’il en est ainsi. Exemple de l’alliance avec Abraham : c’est Dieu qui a choisi Abraham. Regardez bien le texte. C’est évident le fait que Abraham a choisi Dieu. C’est Dieu qui a choisi Abraham. Mais c’est le midrash qui nous dit que c’est Abraham que Dieu a choisi. Mais le récit de la Torah commence quand Dieu choisi Abraham : il n’y a pas de caprice de motivation. C’est absolu et irréversible. C’est le problème des fiancés : un jour fiancé, un jour pas fiancé… mais le mariage c’est le mariage.

 

Et voilà comment le Maharal nous dit ce qui se passe à Shavouot :

A Shavouot, la Torah a été donnée par contrainte, et la Torah donnée à Shavouot est à priori de la faute. Alors qu’à Sim’hat Torah, la Torah est acceptée dans la joie et elle est acceptée après l’expérience que compte tenue de l’éventualité de la faute, il y a la certitude du pardon – la téshouvah est possible.

 

C’est à travers la structure du calendrier que s’éclaire tout ce décalage entre Shavouot et Soukot. Mais ensuite,  il y a une analogie. De la même manière que Shavouot est en quoi que ce soit le 8ème jour de Pessa’h, Shémini Atseret est le 8ème jour de Soukot, c’est Sim’hat Torah.

Sim’hat Torah est le 8ème jour de Soukot comme Shavouot est le 8ème jour décalé de 7 semaines de Pessa’h. Vous avez suffisamment d’éléments pour comprendre ce parallèle.

 

Juste encore une indication à ce sujet, Yom Kipour est la fête de la Torah, parce que c’est à Yom Kipour que la Torah a été de nouveau donnée, les deuxièmes tables ont été données le 10 Tishri.

 

Mais je voulais mettre en évidence cela :

Alors que dans toutes les fêtes la Torah prévoit  « ושׂמחתּ בּחגך vésamakhta  bé’hagékha - tu te réjouiras dans tes fêtes », à Soukot il y a quelque chose de plus : « vesamakhta b'khagekha veha'yita akh same'akh - tu te réjouiras dans ta fête et tu seras seulement joyeux » c’est que le lien à la Torah est dans la joie parce que la Torah est acceptée au niveau de l’existence pour ce monde : peccables, dans l’éventualité de la faute, mais la téshouvah existe.

 

***

 

Q : inaudible

R : rappelez-vous j’ai fait allusion au verset : Dieu a félicité Moïse d’avoir brisé les premières tables. Je vous rappelle le texte en hébreu [Shémot 34.1] :

 

34.1

וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה, פְּסָל-לְךָ שְׁנֵי-לֻחֹת אֲבָנִים כָּרִאשֹׁנִים; וְכָתַבְתִּי, עַל-הַלֻּחֹת, אֶת-הַדְּבָרִים, אֲשֶׁר הָיוּ עַל-הַלֻּחֹת הָרִאשֹׁנִים אֲשֶׁר שִׁבַּרְתָּ

Vayomer HASHEM el-Moshe psol-lecha shnei-luchot avanim karishonim vechatavti al-haluchot et-hadevarim asher hayu al-haluchot harishonim asher shibarta

 

al-haluchot harishonim asher shibarta – Le midrash dit: Yasher Ko’hekha Sheshibarta que tu as bien fait de briser

 

Vous avez donc les données de la question en tête.

Lorsque le peuple est en train de faire la faute du veau d’or, on est confronté à une situation difficile. La loi vient d’être promulguée et voici que pendant ce temps la faute qu’interdit la loi est en train d’être faite. Alors de deux choses l’une : ou bien le peuple est détruit ou bien les tables seront détruites. Pour sauver le peuple Moïse supprime la loi. Voilà ce qui se passe. Dans le courant du récit, on est tenté de croire, mais ce n’est pas ce que dit le pshat, que de colère Moïse a pris les tables et les a brisées. Or, Moïse qui porte la loi au peuple, vue la signification de l’événement ne va pas se laisser aller à une colère pour briser les tables de la loi. Il ne s’agit pas de cela. C’est que Moïse intentionnellement brise les tables de la loi pour que le peuple soit sauvé, parce que le peuple est en faute que par rapport à cette loi. Si cette loi n’était pas donnée le peuple n’est pas en faute.

 

Et ce qu’il nous faut comprendre c’est pourquoi Dieu félicite Moïse d’avoir fait cela. C’est-à-dire que c’est le désir de Dieu de mettre la loi entre parenthèse pour que le peuple soit sauvé. On peut l’expliquer de la manière suivante, il y en a d’autres. C’est dire que le peuple n’est pas encore au niveau de cette loi-là.

 

Pour le comprendre, un midrash le dit en clair :

Moïse plaide et dit :

« Quand Tu t’es adressé à Israël tu as utilisé le singulier !

  לֹא-יִהְיֶה לְךָ אֱלֹהִים אֲחֵרִים, עַל-פָּנָי

Tu n'auras point d’autres dieux devant ma face.

C’est à moi, Moïse, que Tu parlais. Ils ne sont pas dans le coup ! C’est une loi qui ne concerne que moi !

Cela veut dire qu’en ce temps-là Moïse était au niveau de cette Torah. Les autres pas encore.

Il s’est échelonné sur la montagne. Chacun a entendu cette même voix au niveau où il se trouvait. Cela veut dire que c’est eux qui sont concernés par cette loi. Mais au stade du moment de cette histoire où ils ne sont pas encore suffisamment à ce niveau, mais cela ne veut pas dire qu’un jour ils ne le seront pas. Par conséquent, c’est la loi qui est anticipée, ce n’est pas le peuple qui est en faute. 

Je crois que d’abord il faut bien comprendre ce principe. D’un point de vue plus que juste, d’un point de vue moral, il n’y a faute que par rapport à une norme. Et par conséquent, si ce n’est pas encore le temps de légitimité de cette norme, alors il n’y a pas encore faute.

 

Je vais vous donner un exemple :

D’après la Kabalah, avant que Moïse…

 .../...

Le tsadik de la génération c’était Tera’h. Et Tera’h d’après cet enseignement de la Kabalah c’est Job à une différente réincarnation. Et une des incarnations de Job c’était Tera’h. Il a commencé à souffrir quand Abraham est apparu. Cela veut dire que Job est le juste du temps précédent. Il est incapable de s’adapter aux nouvelles normes et aux nouvelles valeurs du temps qui vient, alors il commence à souffrir quand le juste du temps suivant est apparu. C’est-à-dire que tant qu’Abraham n’est pas là, c’est Tera’h qui est le tsadik. D’une certaine manière c’est à cause des vertueux que les non-vertueux sont punis. Ces pourquoi les gens non-vertueux n’aiment pas les gens vertueux.

 

La question est la suivante : l’initiative qu’a pris Moïse c’était : si la loi est mise sous le boisseau, il n’y a pas de faute ! Cela veut dire : c’est une manière préhistorique de reconnaitre Dieu, mais au temps de cette préhistoire c’était la manière légitime. C’est parce que la Torah est là que cela devient préhistoire. Alors Moïse a pris cette initiative, et Dieu l’en a félicité. La Torah c’est la vérité, Dieu ne peut pas porter atteinte à la vérité, mais Il souhaite que Moïse le fasse. Et quand Moïse le fait, Il le félicite, mais Lui ne le fera pas. Dieu ne va pas briser les tables de la loi parce que la loi c’est la vérité. Et c’est la grandeur de Moïse de pouvoir le faire.

 

Q: inaudible

R: C’était le temps où la loi venait d’être donnée. C’est-à-dire qu’au temps immédiatement précédent elle n’était pas donnée. Par rapport au temps précédent cette conduite des Hébreux n’était pas une faute. L’initiative de Moïse a été de remettre la génération du peuple dans les conditions du  temps immédiatement précédent où reconnaitre Dieu à travers les signes du zodiaque n’était pas une faute. C’était la religiosité du temps. C’est par rapport à la Torah que c’est une faute.

 

Q: inaudible

R: Il faut comprendre que ce n’est pas tout le peuple qui a fauté. Il y a une intercession de Moïse. Je vais d’abord parler de cette intercession, et on arrivera  à ta question.

Dans la Parashah de Ki-Tissa il y a deux prières de Moïse. La première concerne Israël alors que le Erev Rav avait fait la faute. Voilà le raisonnement de Moïse : si le Erev Rav est détruit, Israël est obligé de retourner en exil parce qu’une des raisons de la sortie de l’exil est d’emmener le Erev rav avec soi. Une des raisons de l’exil est d’aller retrouver les étincelles de sainteté qui sont enfouies dans l’impureté chez les nations. C’est le Erev Rav qui représente ces étincelles de sainteté encore enrobées de l’impureté des nations que le peuple Israël a pris avec lui à la sortie d’Egypte. Alors si le  Erev Rav est détruit, un des objectifs de l’exil disparait et il faut retourner en exil.

Donc pour sauver Israël, il fallait revenir avec le Erev Rav. C’est la raison pour laquelle la 1ère prière de Moïse concerne Israël, alors que la faute était faite par le Erev Rav ! Lorsque Dieu accepte de pardonner au Erev Rav pour sauver Israël alors Moïse va prier pour le Erev Rav. Maintenant que le Erev Rav est considéré comme Israël, alors la faute est une faute et donc il faut prier. 

 

Q: inaudible

R: où est la responsabilité des israéliens par rapport aux juifs ? Je crois que la faute c’est la complaisance des premiers envers les seconds. Il faut un réaménagement dans le vocabulaire entre juifs et israéliens. Les rabbins israéliens qui s’occupent des communautés juives de diaspora ne sont pas entendus pour ce qui concerne tout ce qui pourrait être perçu comme du sionisme.

 

 

 

.../...
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*****

 

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