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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 18:03

Qohelet Sukkot (1986)

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/soukkot_et_qohelet/cours_1

Durée : 47,3 minutes
Face A

Je présenterais le premier sujet que je vais traiter, qui traitera surtout de la lecture de la Méguilah de Qohelet qui est l’Ecclésiaste, pendant la fête de Soukot. Et j’introduirais cette étude par une première introduction générale sur la place de Hoshana Raba et de Shemini Aatseret qui est Sim’hat Torah dans l’ensemble de la liturgie des fêtes de Tishri. Pour cela je vous rappellerais des notions qui vous sont, pour la grande majorité, familières sur le calendrier hébreu, que nous essaierons d’organiser pour situer le moment de Tishri dans son ensemble, et en particulier Hoshanah Raba et Sim’hat Torah comme le point culminant de la rencontre des différentes lignes de forces du calendrier, comme nous allons le voir. Ceci sera la première étude centrée surtout sur l’étude de Qohelet avec une introduction sur la définition de Sim’hat Torah et de Hoshana Raba. Ensuite vers 11h30 une Hafsaka jusqu’à minuit, où l’on commencera les Sli’hot. Après les Sli’hot, le Rabbin Hazan fera une étude sur le ‘Hidoush, le renouvellement de sens que le Rav Kook a apporté sur la notion de Teshouvah. Il a intitulé cela : Or ‘Hadash Al haTeshouvah. Ensuite David ben Ezra étudiera sur une page de la Guémara de la Massékhet Soukah un certains nombres de problèmes concernant la Mitsvah du Loulav, et à travers lesquels il analysera le thème général de la problématique ou la tension qui existe entre l’aspect proprement éthique et l’aspect esthétique dans la Mitsvah.

 

Sur l’institution de ces nuits d’études dans les trois fêtes de pèlerinage : la nuit de Shévii shel Pessa’h : la nuit du 7ème jour de Pessa’h, celle de Shavouot, et celle du 7ème jour de Soukot qui est la nuit de Hoshanah Raba. Par définition, la nuit d’étude qui est la plus connue – c’est pratiquement un minhag commun à toutes les communautés – c’est la nuit de Shavouot. J’en dirais très peu de chose. Je veux dire que la logique du rite va de soi, il s’agit de la préparation au Matan Torah. Et donc toute la nuit est consacrée à des textes concernant l’importance de la Torah, le moment qu’a représenté dans l’histoire humaine en général, le fait que Dieu sur le Sinaï a confirmé que le monde a été créé, qu’il a un sens, et a révélé Sa volonté pour l’histoire de l’humanité avec pour objectif de réussir le sens qu’Il a assigné à l’histoire du monde. C’est dit de façon très schématique.

…/…

La nuit de Shavouot est consacrée donc à la préparation de Matan Torah qui est commémorée le lendemain matin.

D’autre part, la nuit de Shévii Shel Pessa’h, c’est-à-dire le 7ème jour de la fête commémore le passage de la mer rouge.

Il faut noter là qu’à Pessa’h il y a 2 fêtes différentes :

 

Les premiers jours de la fête de Pessa’h commémorent la sortie d’Egypte à proprement parler :

Yetsiat Mitsraïm. Et le 7ème jour de Pessa’h qui s’appelle Atseret Shel Pessa’h – la clôture de la fête de Pessa’h, est une fête pour elle-même qui commémore le passage de la mer rouge. C’est un sujet que nous étudions à propos de Pessa’h, mais c’est ici pour dire que la nuit d’étude de Shévii Shel Pessa’h est consacrée en général à des thèmes concernant la émounah, la foi, que le midrash associe en relation aux événements du passage de la mer rouge qui a finalement rendue efficace la sortie d’Egypte. Tant que la mer rouge n’était pas encore traversée, il y avait encore le danger que l’Egypte reprenne Israël sous son esclavage. Après le passage de la mer rouge la sortie d’Egypte a été effective.

 

Et puis, la nuit de Hoshanah Raba qui a été instituée un peu plus tardivement et qui n’est pas forcément commune à toutes les communautés. Raison pour laquelle je voulais vous signaler cela en introduction générale.

 

Chacune de ces nuits a un tiqoun particulier, c’est-à-dire toute une liturgie particulière, et avec les générations finalement on n’a plus été capable simplement en lisant tous ces textes qui concernent des sujets de la commémoration à chaque fois de s’instruire de leur contenu.

 

Et puis nous sommes déjà dans des générations très orphelines où l’on choisi quelques thèmes de tous ces textes pour les découvrir en les étudiant.

 

Je me souviens, enfant, de ce qu’on lisait toute la nuit, ce qu’on avait l’habitude de lire le soir de Hoshanah Raba : tout le Sefer Devarim qui est la récapitulation de toute la Torah pour l’entrée de la génération des fils qui va entrer dans le pays de Kenaan, puisque les 4 premiers livres concernent la révélation de la Torah à la générations des pères jusqu’à ceux qui sont sortis d’Egypte, et le 5ème livre, le Sefer Devarim, est la récapitulation de toute la Torah pour la génération qui est entrée en Israël.  Ensuite, on lisait tous les Psoukim des Mitsvot, plus un certains nombres de commentaires du Zohar qui avaient pour objet les temps messianiques, et aussi des commentaires des textes de la Guemara qui ont le même objet. Et ceci était entremêlé des sli’hot du jour de Kipour. Je vais essayer d’expliquer tout cela, cela va faire un faisceau d’éléments qui vont s’expliquer tous ensemble. Et je dirais immédiatement d’ailleurs pourquoi.

 

Il en résulte donc que le thème principal de lecture de Hoshanah Raba, c’est le thème messianique.

 

Retenez bien cela parce que nous allons le retrouver avec Qohelet.

En particulier, la première question qui se pose à propos de l’étude du livre de Qohelet : Pourquoi sa lecture fut-elle instituée à la fête de Soukot ?

 

Alors, quelques mots d’introduction sur les Méguilot qui forment la 3ème partie du Tanakh, les Ketouvim qu’en général on appelle « les livres de la sagesse ». Et à chacune des fêtes, les grandes commémorations nous reliant aux événements fondateurs de l’histoire d’Israël, l’une de ces Meguilot est étudiée le Shabat de la fête.

 

Je vous l’indique très rapidement :

A Pessa’h on lit Shir haShirim.

A Shavouot on lit Meguilat Rout et Mishlei.

A TishaBéAv, on lit Eikha et Iyyov.

A Soukot on lit Qohelet, le livre de l’Ecclésiaste.

A Pourim on lit Meguilat Ester.

 

La question qui se pose : comment se fait-il que la tradition fasse correspondre un tel livre à la fête de Soukot dans son point culminant dans le 8ème, Shemini Aatseret après les 7 jours de Soukot, jour de clôture de la fête, qui comme vous le savez en exil se dédouble ? Le 2ème jour de fête en exil c’est Sim’hat Torah, alors qu’en Erets Israël cela coïncide : c’est le jour de Shemini Atseret lui-même qui est Sim’hat Torah. Cela culmine dans cette perspective messianique de laquelle je parlerais plus abondamment tout à l’heure et pour laquelle on a choisi de lire un livre qui apparemment est un livre pessimiste ?

Je dis bien apparemment, et vous devinez que toute l’étude aura pour objet d’évacuer cette apparence de pessimisme du livre de l’Ecclésiaste. Je vous rappelle simplement le verset de base qui est censé fonder ce pessimisme du livre de Qohelet : « Vanités des vanités tout n’est que vanité ». En hébreu c’est encore plus fort : הֲבֵל הֲבָלִים אָמַר קֹהֶלֶת, הֲבֵל הֲבָלִים הַכֹּל הָבֶל.

On traduit habituellement vanité mais nous verrons le sens du mot en hébreu qui encore beaucoup plus pessimiste apparemment.

Je vais essayer,  en me basant sur un certain nombre de midrashim, d’inverser cette apparence pour montrer au contraire que c’est un livre optimiste, et qui se relie très étroitement avec la signification de Soukot comme fête messianique.

Je reviens donc à la 1ère partie : sur la situation du moment de Tishri que Georges Lévine alias David Yacine a appelé dans un de ses livres « le rendez-vous d’octobre ». Je vous expliquerais comment toute cette liturgie de Tishri se situe dans l’ensemble du calendrier et cela nous donnera une introduction à l’abord du livre de l’Ecclésiaste.

Je voudrais d’abord rappeler un principe important du calendrier hébraïque en schématisant beaucoup: C’est qu’il y a dans le calendrier hébreu de l’année le chevauchement de deux années de commémorations différentes.

La première année de commémoration qui commence à Tishri a pour objet une envergure de  commémoration universelle, à l’échelle du monde tout entier, de la création toute entière. Je ne donne qu’un point de repère mais suffisant pour situer cela : Cette année commence à Tishri et se termine à la fin du mois d’Eloul, c’est le fait que le 1er Tishri commémore la création du monde. Et celle-ci concerne toutes les créatures. C’est un thème connu que Rosh Hashanah et même Kipour qui apparemment est le jour de l’expiation et du pardon pour Israël, et en réalité même le jour de Kipour et la fête de Soukot qui se situent à Tishri, concernent l’humanité toute entière comme nous allons le voir dans plusieurs références.

C’est une 1ère année. S’inscrivent dans cette année de Tishri les événements qui concernent les grandes étapes de la réalisation du projet du Créateur à travers l’histoire universelle.

Une 2ème année chevauche cette 1ère année-là : et elle commence le Rosh ‘Hodesh Nissan. Cette année qui commence au mois de Nissan se termine à la fin du mois de Adar.

Il y a 6 mois entre Nissan et Tishri. Tishri est le 7ème mois à partir de Nissan. De la même manière Nissan est le 7ème mois à partir de Tishri. Nous avons donc deux années qui se chevauchent et qui d’une certaine manière se prennent en relai l’une l’autre.

Retenons bien ce premier principe : Il y a un thème important qui apparait là et qui pourrait faire à lui seul l’objet d’une étude. C’est le thème qui se formulerait ainsi : c’est qu’il n’y a pas de fin d’année dans la conception du temps de l’année hébraïque. Si vous le comparez avec l’année civile d’un calendrier quelconque, il y a un jour de l’an où l’année commence et il y a finalement un 31 décembre, le jour où l’année finit, le jour où l’année se clôt sur elle-même et disparait et est achevée. C’est schématique car chaque tradition a sa propre conception du temps et cela se reflète dans sa manière de structurer le calendrier, mais cela renvoie inévitablement à un temps cyclique qui est un temps pessimiste : les choses recommencent, les choses reviennent. Et vous retrouvez là un des premiers thèmes du livre de l’Ecclésiaste : tout revient, semble-t-il.

J’ai l’habitude d’expliquer cela de la manière suivante :

L’année du soleil a pour nom Shanah dont le mot qui a pour sens fondamental la racine qui a donné le mot de Shinouï dont le sens est le changement, mais c’est une définition très précise du changement. On va s’aider d’un autre mot qui s’y rattache un peu plus lointainement mais c’est la même racine : c’est le mot de Shnayim, Shéni, Shanaï : deux, deuxième. C’est le changement qui fait devenir autre.

 

Selon un midrash, ce temps de l’année qui se referme sur elle-même et qui disparaît pour laisser la place à une année seconde, une année qui vient après, c’est le temps qui mesure ou rythme l’histoire des nations, l’histoire des grandes civilisations des Oumot HaOlam, l’histoire des grandes cultures qui se sont succédées.

 

Et il n’y a pas de doute que du point de vue du midrash - et nous sommes confrontés à cette histoire parce que nous nous situons à la fin de ce cycle des quatre grandes civilisations qui se sont succédées et qu’Israël a traversé - tout se passe comme si l’histoire était la succession de grandes années de civilisations, de cultures, qui s’achèvent et disparaissent et laissent la place à énormément de travaux d’archéologie, de thèses d’histoire…, et qui laissent la place à une autre civilisation. Chacune est sheniyah par rapport à la première.

 

J’ai en tête un livre important du temps de mes études générales – « Le déclin de l’Occident » d’un philosophe allemand nommé Oswald Spengler, philosophe de l’histoire, qui a visé ce thème-là. Tout se passe comme si les structures de développement d’une grande culture sont fondamentalement les mêmes, seul le style change. D’après la conception juive de ce problème c’est plus que le style qui change, ce qu’il faut mettre en évidence c’est le Shinouï. Il y a un changement radical, c’est changé, on devient autre.

 

Un adjectif en français venant du latin qui nous montre bien cette idée de Shinouï ce changement néfaste, qui achève et fait mourir, le Shinouï est interdit et est contraire à la sensibilité juive car il mène à la disparition. L’idée du Shinouï, c’est un changement qui fait devenir quelqu’un d’autre : en français il y a le mot autre – alter - qui a donné deux substantif français : altérité (autre) et altération (altéré, changé). Devenir autre en tant que changé, altéré.

 

C’est ce à quoi nous renvoie l’année de Tishri. C’est-à-dire que l’idée du temps universel  finalement mène à la notion de temps cyclique. Il y a une fin de l’année dans la conception des calendriers de toutes les cultures autres que celle d’Israël. Commencement-déploiement-apogée-déclin...etc.

 

Exemple : la culture occidentale a eu son grand siècle au 17ème siècle. Or, dans la symbolique, ne fut-elle qu’inconsciente, des nations, c’est le siècle du roi soleil. L’année du soleil. Shamash.

Le midrash nous explique que le temps des nations est compté d’après le cycle du soleil. Cela nous renvoie aussi à un thème de Qohelet [1.9] :

 וְאֵין כָּל-חָדָשׁ, תַּחַת הַשָּׁמֶשׁ

eïn ‘hadash ta’hat ha shamash –il n’y a pas de nouveau sous le soleil.

 

Pas de nouveau dans un autre sens : il s’agit d’un autre mot ‘Hadash qui renvoie au mot de ‘Hidoush.

 

Pour établir une équivalence, c’est comme si l’Ecclésiaste avait voulu dire : il ne se passe rien de nouveau chez les Goyim. Eïn ‘hadash ta’hat ha shamash rien de nouveau sous le soleil.

Cela veut dire que dans le temps qui se compte par Shanah et Shinouï, tout se passe comme s’il y n’y a rien de nouveau. Effectivement, en tant qu’Israël, nous sommes témoins de cela que les différentes civilisations se sont succédées et ont vraiment disparu en laissant un héritage dans la mémoire mais non plus dans la réalité. Et pendant ce temps, Israël traverse le temps des nations dans la dimension du ‘Hidoush.

Cela nous mène à un 2ème terme qui signifie aussi changement mais dans un sens complètement différent. Et il ne faut pas confondre ces deux termes. Shinouï est un terme péjoratif, négatif, pessimiste. Alors que ‘Hidoush c’est tout l’opposé. C’est le fait de changer mais en restant soi-même, en restant le même. Se renouveler.

De même que Shanah renvoie à Shéni ou Shnaïm, ‘Hidoush renvoie à E’had, par la racine ‘Had qui en araméen signifie « un ». Tout se passe comme si l’histoire est une lutte entre le temps et la personne elle-même, le Nefesh. Si le temps est plus fort que la personne, il y a dégradation, il y a Shinouï. C’est l’année du soleil. Si la personne est plus forte que le temps, il y a ’Hidoush et donc Netsa’h Israël. C’est la dimension d’éternité qui est acquise lorsqu’on dispose de cette force du ‘Hidoush.

C’est précisément la 2ème année, celle qui prend en relai la 1ère et qui la chevauche, qui fait qu’il n’y a pas de fin d’année. Lorsque l’année de Tishri arrive à son apogée, on est au mois de Adar. L’année de Tishri va descendre et s’achever. Pendant ce temps, l’année de Nissan la prend en relai et la pousse plus haut. Donc, il n’y a pas un cercle cyclique qui se referme sur lui-même, il y a une sorte de spirale où une année prend l’autre année en relai. Et il y a donc un temps optimiste qui vient du Koa’h de la force du ‘Hidoush.  Or, ce n’est pas par hasard que la 1ère des Mitsvot qui sera donné à Israël à la sortie d’Egypte à Nissan concerne précisément ce thème :

 

Shémot – Parshat Bo 12:2 :

הַחֹדֶשׁ הַזֶּה לָכֶם, רֹאשׁ חֳדָשִׁים

 Ha’Hodesh Hazeh lakhem rosh ‘hodashim

 

C’est-à-dire qu’en sortant d’Egypte, Israël entre dans l’histoire avec la capacité de ce ‘Hidoush. Alors que le temps a pour résultat une érosion de l’être, et c’est le témoignage de toutes les civilisations, on voit que le temps en Israël a une toute autre dimension, une toute autre réalité. C’est un temps de renouvellement. C’est pourquoi le Midrash dans sa 2ème formule dit : alors que le temps d’Israël est compté suivant le renouvellement de la lune. Le ‘Hodesh que l’on traduit par le mois, signifie en hébreu l’année de la lune. Le mois de la lune c’est une année de la lune.

Ce qui est visé dans le thème messianique général de toutes les prophéties, c’est la coïncidence, l’unité de ces 2 années.

Je donnerais par manque de temps un seul exemple concernant précisément la fête de Soukot: normalement, si à la sortie d’Egypte l’état général universel de l’humanité était arrivé au même point de Tiqoun que cette avant-garde qu’a été Israël sortant d’Egypte, alors les deux années calendaires auraient été fusionnées. Il n’y aurait pas eu ce décalage que nous avons entre le cycle de Nissan et le cycle de Tishri.

Entre tout le mois de Nissan qui est un ‘Hodesh de fête, qui a son 8ème jour décalé de 7 semaines à Shavouot et nous verrons pourquoi -  c’est le même rythme : 7 jours de Pessa’h et Atseret le 8ème Shavouot cela devrait être le lendemain du jour de Pessa’h mais c’est décalé de 7 semaines. Mais Shavouot n’a pas de date particulière dans la Torah, on le fixe en comptant 50 jours, 7 semaines à partir de Pessa’h. C’est pourquoi Shavouot est appelé d’une certaine manière le 8ème jour de Pessa’h. Voilà pour Nissan.

Et à Tishri la fête de Soukot avec le 8ème jour Shemini Atseret qui est Sim’hat Torah.

Avec les deux points d’appui : Matan Torah à Shavouot c’est l’achèvement du cycle de Nissan. Et Sim’hat Torah à Soukot c’est l’achèvement du cycle de Tishri.  Nous allons voir que le parallèle est encore plus précis que cela.

Mais je reviens sur le point que j’expliquais : si l’état général de l’humanité, ce qu’on appelle le mérite de la génération – chaque occurrence de cette expression dans les textes ne signifie pas seulement la génération du peuple d’Israël mais la génération globale et générale de l’universel humain - si le mérite de la génération avait été suffisant, alors Tishri et Nissan aurait coïncidé.

Et en fait, tout se passe comme si la fête de Pessa’h aurait dû se faire dans les Soukot. Je ne veux pas trop charger en érudition de versets, mais ceux qui connaissent les textes s’y référeront de suite pour trouver le lien et les autres rencontreront ces textes et raccorderont à ce moment-là.

C’est-à-dire que lorsque Israël sort d’Egypte, il entre dans le temps de la Hashga’hah (providence). Il entre dans le temps où il est délivré, libéré, il en a eu la preuve, des conditionnements de tout ordre, à tous les niveaux – le point culminant étant le passage de la mer rouge – c’est-à-dire même  les conditionnements naturels, et il entre dans le temps de la Hashga’hah, c’est-à-dire le temps où il est directement lié à la Providence.

Or, cela n’a réussi que pour Israël. Mais ce temps-là c’est le temps des Soukot. La Soukah représente précisément ce fait – cf. les versets correspondants : Vayiqra 23.43

 

23.43

כִּי בַסֻּכּוֹת הוֹשַׁבְתִּי אֶת-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל  
Ki BaSoukot Hoshavti et Benei Israël...  »

« que j’ai fait résider les enfants d’Israël dans des Soukot quand ils sont sortis d’Egypte...

Et effectivement, il y a comme cela une allusion dans le récit biblique : dès la sortie d’Egypte, Israël sous la conduite de Moïse, arrive dans un endroit qui s’appelle Soukot.

L’idée est importante. Tout se passe comme si c’est l’humanité qui doit sortir d’Egypte – c’est-à-dire faire l’expérience d’être délivré des conditionnements qui mènent aux déterminations.

C’est cette expérience-là qui est l’expérience Galout-Géoula. La Guéoula étant l’expérience que l’on peut être délivré des conditionnements et des déterminismes quel qu’ils soient....

A partir du moment où cette expérience a eu lieu, alors on sait que c’est vrai que le monde a un Créateur. La notion selon laquelle Dieu a créé le monde à Tishri n’est rentrée dans l’expérience au niveau de la  réalité qu’à Nissan avec l’expérience de la Géoulah.

Je le dirais de façon très simple, mais c’est un sujet pour lui-même, parce que les initiés depuis le 1er homme et à travers la grande lignée des initiés qui a mené à Abraham et dont la bible nous raconte l’histoire. Ce n’est pas pour rien que la Bible nous raconte l’histoire des générations depuis le premier homme jusqu’à Abraham, en nous donnant le nom des initiés à chaque génération. Je dis initiés parce que c’est le mot qu’on emploie en français pour ces choses-là mais je devrais dire les prophètes, les Avot HaOlam – les pères de l’humanité - comme on le trouve dans nos textes. Ils savaient que le monde avait un Créateur, mais c’est devenu évident au niveau de l’expérience à la sortie d’Egypte. Voilà l’explication simple que le Kouzari nous donne mais qui mène d’ailleurs à des choses beaucoup plus profondes : à quoi cela sert-il de savoir que le monde a un Créateur s’il n’est pas évident qu’Il intervient pour achever et parfaire sa création ?

Il est évident que le sort de la créature n’est pas suffisamment honorable par rapport à l’idée du Créateur tant que la Géoulah n’est pas totale. Tant qu’on n’est pas complètement délivré de la condition de créature à partir du néant, alors il y a contradiction spirituelle entre l’idée de Créateur et la condition de la créature.

 

C’est à Pessa’h que l’idée que Dieu a créé le monde de l’homme a trouvé son évidence expérimentale, si j’ose dire. C’est pourquoi, dans l’ensemble de la liturgie se trouve toujours associé Zekher LéMaasséh BereshitZekher Letsiat Mitsraïm, la commémoration de l’œuvre du commencement, la création, et la commémoration de la sortie d’Egypte.

 

Enormément de midrashim d’ailleurs font un parallèle très étroit entre le commencement à la création et le commencement à la sortie d’Egypte.

 

Au niveau de l’exégèse c’est extrêmement riche : on lit les textes de la création du monde à travers l’éclairage des événements de la sortie d‘Egypte. Et on lit les textes de la sortie d’Egypte à travers l’éclairage des textes de la création du monde. Je ne sais pas si vous voyez où cela mène…

 

Effectivement, il y a là 2 commencements différents :

Le commencement à l’échelle universelle qui est Tishri.

Rabénou Be’hayé en citant le Zohar à sa manière a montré cela en disant que Tishri commémore la création du monde. Bereshit = Alef BéTishri. Ce qui est extraordinaire, c’est que Tishri n’est pas un mot hébreu mais araméen. Cela se relie à notre premier thème : le calendrier du temps des patriarches était le calendrier dont le premier mois était à Tishri. C’est à la sortie d’Egypte que le calendrier a commencé à être celui dont le premier mois est à Nissan.

Dans toute l’époque de gestation, que nous appelons la période des pères, le temps des Avot, Israël émerge de la civilisation universelle, alors le calendrier est celui de la civilisation universelle, c’est-à-dire celui qui commence à Tishri.

 

Mais lorsqu’Israël est constitué comme tel, alors commence son temps propre qui est à partir de Nissan. Parce que pour la Torah, le mois de Tishri va être appelé le 7ème mois, or il est paradoxal que le 1er mois de l’année soit le 7ème mois du calendrier. Ce changement se fait au moment de la sortie d’Egypte.

 

Cela nous mène au parallèle entre les événements qui se sont passés après la sortie d’Egypte et qui sont commémorés au mois de Nissan qui inaugure l’année où viennent se ranger les événements propres à l’histoire d’Israël en particulier.

 

Je ne sais pas comment éclairer cela : Par exemple, le 14 juillet qui est un événement important de l’histoire de l’humanité se rangerait plutôt dans l’année de Tishri, alors que Yom Haatsmaout se range évidemment dans l’année de Nissan.

 

On comprend bien qu’il y ait des harmoniques, des correspondances, et qu’un événement universel important dans la visée messianique ait un retentissement sur l’histoire d’Israël ; et réciproquement, un événement de l’histoire d’Israël important dans la visée messianique a un retentissement sur l’histoire universelle.

 

Voilà donc le premier principe que nous pouvons mettre en évidence : Pourquoi le temps des hébreux est-il un temps optimiste ?

 

C’est parce qu’il n’a pas de fin d’année !

Parce que du dedans même de l’année universelle qui elle a toujours tendance à cause du Shinouï à aller vers la mort, surgit de façon renouvelée, et perpétuellement, cet élan propre à l’histoire d’Israël qui s’appelle le ‘Hidoush et qui mène  aux temps messianiques. Cela est pris en relai.

Vous pourrez tout réécrire toute l’histoire de la dialectique Israël-diaspora à travers les siècles, à la limite on pourrait réécrire l’histoire d’Israël de deux manières :  les historiens de la diaspora font l’histoire d’une diaspora coupée de quelques temps de vie nationale. Alors que les historiens d’Israël font l’histoire d’une nation coupée de longs temps d’exils.  Ce sont deux histoires très différentes, mais c’est la réalité de deux points de vue sur l’histoire qui sont complètement différents. Et on pourrait la réécrire dans cette polarité de Nissan-Tishri aussi. Il y a cette même dialectique de la spécificité de l’universalité de l’identité d’Israël.

 

Très brièvement, avant d’aborder le thème de Qohelet : je voudrais pousser ce parallèle de façon encore plus précise.

 

Le premier jour du mois de Nissan, le Rosh ’Hodesh Nissan correspond au Rosh ’Hodesh Tishri qui est Rosh Hashanah de Tishri. Parashat Ha’hodesh ce sont les premières mitsvot qui sont données à Israël : c’est le 1er du mois de Nissan. C’est le commencement de la Torah au niveau des Mitsvot.

Dans différents midrashim, 7 fois le Midrash a posé la question de savoir pourquoi le texte de la Torah ne commence-t-il pas à la sortie d’Egypte puisque que c’est là que commence l’histoire d’Israël ?

 

Et surtout la manière dont Rashi cite ces Midrashim : puisque la première Mitsvah donnée à Israël concerne la sortie d’Egypte, pourquoi ne considère-t-on pas ce qui précède la sortie d’Egypte comme la préhistoire ? Puisque notre histoire ne commence à prendre son sens qu’à partir de la sortie d’Egypte ?

 

La Torah nous a donné malgré tout cette préface qui commence à la création.

Le Rosh ’Hodesh Nissan correspond à Rosh ’Hodesh Tishri qui est Rosh Hashanah. Le 10 de Nissan correspond au 10 de Tishri qui est Kipour. Mais le 10 de Nissan est un jour très important dans le mois de Nissan : c’est le jour où s’est décidée la sortie d’Egypte.

 

Je vous le rappelle très brièvement: c’est le 10ème jour de Nissan, 4 jours avant la sortie d’Egypte, les Hébreux devaient préparer l’agneau du sacrifice. Or, cet agneau était censé représenter dans la mythologie égyptienne la divinité elle-même. Imaginez l’événement et ce courage de ces Hébreux qui étaient un peuple soumis en esclavage dans des camps de concentration et qui décident sur la Mitsvah de Moïse de prendre un agneau aux vues et aux sues des Égyptiens !. Et là je vous cite les midrashim : les Egyptiens leur demandèrent ce qu’ils faisaient avec leur « divinité » – et vous savez ce que le christianisme a fait de cela : l’agneau du sacrifice – imaginez le courage qu’il fallait aux Hébreux pour prendre aux vues et aux sues de Egyptiens pour prendre un agneau et répondre tranquillement aux Egyptiens qu’ils se préparaient à sacrifier leur divinité ! Et la Torah témoigne qu’ils l’ont fait, c’est-à-dire qu’ils ont eu ce courage de se révolter contre la civilisation égyptienne et d’attester qu’ils allaient briser cet asservissement à la religion païenne de mentalité astrobiologique qui était celle de l’Egypte de l’époque ; et qui, suivant la constellation du zodiaque considérée, établissait à cette époque que le symbole de la divinité était l’agneau.

 

C’est là le 10 du mois de Nissan qui correspond à Kipour au 10 du mois de Tishri.

 

Ensuite il y a le 14 Nissan qui correspond au 14 Tishri : d’un côté Pessa’h, et de l’autre côté Soukot. Puis, il y a le 21 Nissan qui est le 7ème jour de Pessa’h qui correspond à la journée de Hoshanah Raba qui est le 21 Tishri.

 

Et normalement le 8ème jour de Pessa’h aurait du être Shavouot. C’est à dire la révélation de la Torah. Mais l’état d’impureté dans lequel Israël est sorti d’Egypte a demandé une préparation qui est mesurée en 7 semaines, de la même manière qu’au moment de la naissance de l’individu, l’état d’impureté est mesurée en 7 jours, au niveau de la nation cela est mesuré en 7 semaines de désintoxication de telle sorte d’arriver au Sinaï pour la Torah. Et cela correspond pour nous à Sim’hat Torah le lendemain de Hoshana Raba.

 

Il y a une 2ème correspondance que j’indique rapidement:

Dans le mois de Tishri, et précisément dans la fête de Soukot, les deux cycles de fêtes bibliques, les fêtes de pèlerinage qui commémorent l’histoire d’Israël, l’histoire des événements fondateurs de l’histoire d’Israël - Pessa’h-Shavouot-Soukot – rejoignent la liturgie de Tishri, c’est-à-dire Rosh Hashanah et Yom Kipour qui est à l’échelle universelle – Dieu juge sa création – et se rejoignent très précisément dans Soukot. Il y a à Soukot aussi un aspect qui concerne l’ensemble de l’humanité et plus particulièrement Hoshanah Raba qui est l’achèvement de jour de Soukot.

Voilà ces deux principes à expliquer avant d’aborder le livre de Qohelet.

 

Dans plusieurs textes, tant dans la Guémara que dans le Midrash, et en particulier dans la Guemara de Soukah, et Shabat aussi, on explique que pendant les 7 jours de la fête de Soukot on apportait comme sacrifice au temple, indépendamment des sacrifices demandés par la fête elle-même de par la liturgie habituelle de chaque jour de la semaine, 70 Parim, 70 taureaux pour les 70 nations. C’est-à-dire que la fête de Soukot c’est le fait que la liturgie d’Israël rejoigne l’universel humain. C’est le premier principe. Je vous le dis très brièvement puisque nous l’avons étudié l’année dernière, c’est le fait que la Guémara de Sota cite un midrash extraordinaire qui raconte le jugement dernier.

…/….

(suite)

Au niveau individuel : On va comparer, on va juger ce qui s’est passé dans la réalité par rapport à la norme de la vérité qui est la Torah. Chaque homme a un livre qui s’écrit pendant sa vie et le jour du jugement  consiste en la comparaison des livres.

Il y a trois catégories de livres : celui des Tsadikim, des Bénonim et des Reshayim....

וכל מעשיך בספר נכתבין  

« Et tous tes actes s’écrivent dans un livre... » Avot 2:1

 

Au moment du jugement les anges s’aperçoivent qu’on ne peut pas faire le jugement à moins de juger uniquement Israël parce que seul Israël a accepté la Torah ! La formule est très simple. Les autres sont hors-la-loi puisqu’ils n’ont pas accepté d’être jugés d’après la loi. Ils seront jugés d’après Epker. Etymologiquement c’est Apikoros, lashon Epker. Alors Dieu répond aux anges de juger Israël. Je vous paraphrase ce que dit la page Beit de Sotah : A ce moment les nations, comme un seul homme, disent « nous allons témoigner que nous avons…

  .../...
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***

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25 septembre 2009 5 25 /09 /septembre /2009 12:44

Yom Kipour 71 (Radio Kol Israël) 03:47

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/yom_kipour_radio_kol_israel/cours_1

 

Pour le calendrier hébraïque, comme on le sait, les 10 jours qui relient le jour de Rosh hashanah le jour de jugement à Yom Kipour, le jour du pardon, sont les 10 jours de la teshouvah, c’est-à-dire du retour et du repentir.

 

Ils rappellent la fin de la période de 40 jours commencée à partir du 1er Eloul où Moïse a obtenu une seconde fois que lui soit données les tables de la loi reçues le 6 Sivan et brisées le 17 Tamouz.

 

Ainsi le jour de Kipour a lui aussi un souvenir historique à rappeler. 

Il est l’apogée du temps du repentir mais il est d’abord la commémoration du premier grand pardon de l’histoire d’Israël.

 

Que les tables de la loi aient été redonnées à Israël après l’échec du 17 Tamouz, où l’on rappelle la destruction de Jérusalem au temps des Romains d’autre part, c’est donc le signe qu’en Israël aucun errement n’est irrémediable, que le passé peut être transformé en avenir, que selon les textes bibliques, l’alliance est maintenue éternellement confirmée comme la parole du fiancé à la fiancée  quelque soit la faute ou la tentation de la faute, quelque soit l’errance, précisément parce que le repentir est possible.

 

Nous rencontrons par là ce Midrash selon lequel si Israël fut la seule nation à avoir le courage d’accepter la loi morale comme charte de son destin, c’est que dans l’âme d’Israël était inscrite la possibilité du repentir.

 

La liturgie de l’expiation en effet est caractéristique du calendrier hébreu et sans doute de lui seul.

A cela nos théologiens ajoutent qu’en fait la possibilité du repentir est la condition même de la loi. Si le repentir et le pardon n’était pas possible la première des fautes ménerait à la damnation.

On sait que pour les malheurs du monde bien des hommes de bonne volonté ont refusé la religion de la morale, c’est-à-dire la loi de Moïse, par crainte d’une telle damnation. Mais c’est sans doute qu’ils n’avaient pas compris que le Créateur de notre monde n’est pas seulement le Juge de l’histoire des hommes, ce qu’Il est aussi, mais qu’Il est aussi le pére de la miséricorde Av HaRa’hamim capable d’accueillir le repentir et de donner le pardon. 

 

D’ailleurs, Maïmonide pour sa part enseigne que le repentir n’est pas un des commandements de la loi. Selon lui le retour à la droiture est un processus naturel de la conscience de l’homme de bonne volonté et c’est pourquoi la loi n’a pas à le commander.

 

Mais ce que la loi commande parce que l’homme en a l’entière liberté, c’est d’avoir le courage de l’aveu, de la confession. Et l’on sait bien que la difficulté du repentir consiste précisément dans l’aveu.

 

Et en ce sens, Maïmonide ajoute que si le repentir est la tendance à la guérison et au vouloir-vivre, l’aveu est le signe de la guérison elle-même.

 

Or, on ne peut pas ne pas remarquer que notre histoire contemporaine donne raison à cette doctrine de Maïmonide à l’échelle générale de l’histoire d’Israël.

 

L’antique promesse de Moïse qu’à la fin des temps d’errance, Israël connaitrait inévitablement les temps du retour, s’est accomplie, ou est en train de s’accomplir sous nos yeux.

Consciemment ou non, les Juifs vivent le temps de la proximité à Dieu et du retour à Sion.

 

Au-delà des explications que nous nous donnons à nous-même, ou même des raisons que les autres appliquent au retour des Juifs à Jérusalem, la vérité nue demeure : c’est le temps de la Téshouvah qui advient semble-t’il par lui-même. 

 

L’aveu qui reste à formuler à tous les échelons de la nation, et afin que cela se sache que le temps de la révélation a commencé, et que Israël revive à sa terre, à on peuple à son pays à sa loi et à son Dieu. Au-delà des repentir de l’échelle individuelle que nous sommes souvent malhabiles à décrire, c’est sans doute cette parole-là que nous aurons à nous dire dans notre prière de Yom Kipour 5731.

 

<Fin>

 

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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 14:46

Yom Kipour AhareiMot - Suite et fin

 

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/yom_kipour_aharei_mot/cours_1

Face B

.../...

Pour ceux qui ont eu l’expérience du mariage il est bien évident que les rapports d’un époux et d’une épouse après le mariage sont tout à fait autre après le mariage. 

 

Au temps des fiançailles, il y a évidemment liberté absolue. C’est librement qu’on s’engage. On se donne sa foi.

C’est ce qui est arrivé au Sinaï. Il y a eu le temps des fiançailles. Alors Dieu a imposé le mariage.

Le Midrash que j’ai cité avant sur le fait que Dieu propose la Torah aux nations n’est pas du tout contradictoire avec celui-ci. 

Mais le Midrash explique qu’avant de s’adresser finalement à Israël pour la Torah au Sinaï, Dieu a fait le tour des nations. Le Midrash met en évidence les familles de la terre proches d’Israël parce que ce sont les anciennes familles de la familles d’Abraham.

 

Devarim-haazinou 33:2

וַיֹּאמַר, יְהוָה מִסִּינַי בָּא וְזָרַח מִשֵּׂעִיר לָמוֹ--הוֹפִיעַ מֵהַר פָּארָן

Vayomar Adonay miSinay ba vezarach miSe'ir lamo hofia mehar Paran

Il (Moïse)dit: "L'Éternel est apparu du haut du Sinaï, a brillé sur le Séir, pour eux! S'est révélé sur le mont Pharan…

 

Et la question posée à partir de la Guemara de Avoda Zara 3 :

Dieu savait très bien que les Goyim ne sont pas Israël et qu’ils n’ont pas la catégorie de la Teshouvah et donc qu’ils ne peuvent pas recevoir la Torah ! Ils ne peuvent pas confier leur sort à ce risque qu’à la première faute ils seraient damnés, puisqu’ils ne maîtrisent pas la catégorie de la Teshouvah. Ils ont donc peur de la loi. Vous voyez pourquoi la loi chez les Goyim a un tout autre sens que celui qu’elle a en Israël. La loi en Israël, la Torah, est la clause du salut. Alors que pour les Goyim la clause du salut repose sur des stratégies religieuses, en général magiques par rapport à notre conscience hébraïque. Il n’y a qu’à voir le christianisme et par quelle stratégie magique les chrétiens sont sauvés.  

 

Une stratégie d’ailleurs épouvantable. Il faut communier avec le plus grand crime qu’il puisse y avoir au monde : le père qui tue son fils ! Et quel père et quel fils ? Dieu le père et Israël !

Tout cela par impossibilité d’admettre la tradition juive normale que c’est par la Torah qu’on est sauvé. Pourquoi ? Parce qu’il manque la catégorie de la Téshouvah !

 

La notion de la loi chez les Goyim existe et est importante,  mais c’est le Derekh Erets en hébreu. La politesse dans son sens grec. La conduite dans la polis, la vie dans la cité. La civilité, la politesse, la convivialité. C’est cela la loi chez les Goyim cité. Les normes (norma en latin, nomos en grec) ce sont les coutumes. Les coutumes érigées en légalité. Alors que pour Israël, la Torah est la loi révélée par le Créateur pour le salut de la créature.  Ce qui différencie Israël des autres dans ce problème c’est la catégorie de la Teshouvah.

 

C’est pourquoi j’ai voulu mettre en évidence ce verset et la citation du Yéroushalmi:

lorsque Moïse entend que le Vidouï est possible alors il chante Mizmor Létodah. Cela veut dire qu’il y a un ’Hidoush qui se passe dans le monde à ce niveau.

 

Je vais vous citer maintenant un psaume :;

Le Psaume 51 est très important dans la liturgie de la Teshouvah. Et dans ce Psaume, il y a en particulier le verset (51:17) de

אֲדֹנָי, שְׂפָתַי תִּפְתָּח;    וּפִי, יַגִּיד תְּהִלָּתֶךָ

Seigneur, puisses-tu m’ouvrir les lèvres, pour que ma bouche proclame tes louanges!

C’est un Psaume qui se relie à notre problème, et on y trouve le verset suivant, le verset 15.

אֲלַמְּדָה פֹשְׁעִים דְּרָכֶיךָ;    וְחַטָּאִים, אֵלֶיךָ יָשׁוּבוּ

Je voudrais enseigner tes voies aux pécheurs, afin que les coupables reviennent à toi

 

Je commence par le verset 13 pour que ce soit bien clair : Dans ce Psaume voilà ce que dit David :

אַל-תַּשְׁלִיכֵנִי מִלְּפָנֶיךָ;  וְרוּחַ קָדְשְׁךָ, אַל-תִּקַּח מִמֶּנִּי.

Ne me renvoie pas de devant ta face...

 

Par postulat du contexte, David avait fait une faute. Et il dit :

Verset 18 :

 

כִּי, לֹא-תַחְפֹּץ זֶבַח וְאֶתֵּנָה;    עוֹלָה, לֹא תִרְצֶה.

Car tu n’agréerais pas un sacrifice, quand bien même je le ferais, un holocauste tu ne l’agréerais pas.

 

David est dans un cas où le sacrifice est impossible. Alors il demande le pardon par la Teshouvah.

Ici il y a un problème très précis. S’il s’agit d’une faut volontaire, le sacrifice n’est pas efficace. Il faut d’abord qu’il y ait Teshouvah et ensuite, il y a l’expiation.

Mais le sacrifice à l’échelle collectif, celui que le prêtre ou le grand-prêtre fait pour l’ensemble de la collectivité expie les fautes involontaires.

 

Tehilim 51:13-15 :

 

תַּשְׁלִיכֵנִי מִלְּפָנֶיךָ;    וְרוּחַ קָדְשְׁךָ, אַל-תִּקַּח מִמֶּנִּי

Ne me renvoie pas de devant toi

ne me retire pas ton esprit de sainteté. (le roua’h haqodesh l’avait quitté)

הָשִׁיבָה לִּי, שְׂשׂוֹן יִשְׁעֶךָ;    וְרוּחַ נְדִיבָה תִסְמְכֵנִי.

Rend-moi la joie de ton salut

 Et gratifie moi de l’inspiration généreuse.

אֲלַמְּדָה פֹשְׁעִים דְּרָכֶיךָ;    וְחַטָּאִים, אֵלֶיךָ יָשׁוּבוּ

J’enseignerais aux fauteurs tes voies et les pécheurs feront Teshouvah vers toi.

 

Tous les commentateurs sur ce verset 15 l’explique de cette manière :

Le péché de David est rendu public afin que l’humanité sache que la faute de l’individu peut être pardonnée.  Cela veut dire qu’il y a là un enseignement qui met en évidence que le monde entier a besoin de savoir que la faute de l’individu peut être pardonnée. Cela se rattache à ce qu’on vient d’apprendre : Il y a un ‘Hidoush dans l’histoire de la révélation de la Torah : il faut que l’humanité apprennne que la faute peut être pardonnée, que la Teshouvah puisse être efficace. Et c’est ce que dit David : Pardonne-moi pour que j’en témoigne vis-à-vis des pécheurs, alors ceux qui font des fautes feront repentir... 

 

Pourquoi ne faisaient-ils pas repentir ? Parce que cela leur était impensable, impossible, invraisemblable.

 

Dans cette même Guemara Shabat de la même maniére, la faute de la génération du désert a été dévoilée pour que le monde entier sache que la faute d’une collectivité peut être pardonnée. Et la faute de David a été dévoilée pour que le monde entier sache que la faute de l’individu peut être pardonnée.

 

Nous y sommes telllement habitués en raisons des 4000 ans d’éducation biblique (Kipour…etc.) que l’on ne perçoit plus ce ‘Hidoush que la Talmud de Jérusalem avait enseigné : quand Moïse a entendu qu’on pouvait se confesser, alors il a chanté des actions de grâces : enfin la reception de la Torah est possible !

 

Le Talmud dit : la génération du désert n’était pas apte à cette faute ! Pourquoi l’a-t’elle faite ?

Et c’est là qu’est l’étude : pourquoi l’a-t’elle faite ou  bien pourquoi la Torah a-t’elle révélé qu’elle l’a faite ? C’est pour qu’on apprenne que même si une collectivité faute elle peut être pardonnée ! De la même manière n’était pas vouée à une telle faute invraisemblable. De nouveau c’est la mëme étude : Pourquoi David, le grand Tsadik, fait une telle faute ? Pourquoi la Torah la dévoile t’elle ? C’est pour qu’on apprenne que lorsqu’un individu fait une faute, il peut être pardonné !

 

Il y a vraiment là un ‘Hidoush de l’enseignement de la Torah, qui est accrochée sur ce verset où il y a le mot Vehitvadah.

 

Q : idem pour la faute de Moïse ?

R : personne ne sait quelle faute il a faite. Tout le monde croient connaitre la faute lorsqu’ils disent qu’il a frappé le rocher au lieu de lui parler… La Torah dit : parce que vous ne m’avez pas sanctifié aux yeux des Bnei Israël au moment de cet épisode où la Torah raconte que Mosheh a frappé le rocher au lieu de...

J’ouvre une parenthèse là:

Dieu ne lui reproche pas d’avoir frappé au lieu de parler, d’autant plus que la première fois il lui a demander de frapper le rocher. D’autant plus qu’en hébreu c’est la même racine qui veut dire frapper et parler. Médaber

 

Maïmonide dit que c’est dans le fait que Moïse se soit mis en colère que consiste sa faute. Cette thèse de Maïmonide est une thèse classique. Opn la retrouve dans les Shmonei Prakim. Beaucoup de citations dans la Guemarah expliquent que la colère fait évanouir la révélation, la lucidité, le Roua’h HaQodesh, l’inspiration...etc. Et Maïmonide cite cela de façon extrêmement circonstanciée. Je me souviens d’un enseignement du professeur Baruch qui citait cela en disant qu’il y a parfois de saintes colères qui sont tout le contraire d’une faute.

 

Le professeur Baruch expliquait que cette explication de Maïmonide n’arrivait pas à élucider ocmplétement la question qu’il avait lui-même posée. Quelle est cette faute de Moïse qui l’empêche d’entrer en Erets Israël ? La réponse est ainsi : Chaque fois que le peuple avait fait une faute, Moïse intercédait et obtenait le pardon divin. Cette fois-ci, il n’intercède pas et qualifie le peuple de « rebelles ». Cela signifie que Moïse ne peut plus être le dirigeant du peuple, il est trop haut pour eux et n’a plus la patience qu’il faut pour les supporter. Et donc il doit donner le relai à un Moïse plus bas qui s’appelle Josué. Ce n’est pas du tout une faute de Moïse mais c’est que son niveau est trop haut pour le peuple. Or, cela se passe au moment où Israël va entrer en Erets israël. Le peuple au niveau du Sinaï est très haut – aussi haut que Moïse – et il faut qu’il descende et descende pour entrer dans l’histoire. Josué prend le relai car Moïse n’est pas fait pour cela.

 

Les commentateurs de la Kaballah soulignent le fait que cette fois-là Moïse n’a pas prié ! 

Dieu dit alors : ce n’est pas toi qui les fera entrer si tu ne peux plus prier pour eux...

Il faut se mettre à la place de Moïse : à un moment il a dit « Daï ! ».

Moïse plus tard dans Devarim, a cru à l’annulation de la Gzeirah parce que Dieu lui a demandé de diriger la conquête de la transjordanie en deça du Jourdain. Et comme la transjordanie à un certain niveau fait partie d’Israël il a pensé que la Gzeira avait été levée.

Pourquoi pas aussi la Cisjordanie...

 

Midrash de Bezot HaBrakah :

Au moment de rendre son âme l’âme de Moïse refusa de quitter Moïse. Le Midrash raconte le dialogue entre l’ange de la mort et l’âme de Moïse, et elle lui démontre qu’il n’a fait aucune faute.

 

Elle se compare aux mérites de tous les grands qui ont chacun leur défaut, et l’ange de la mort ne sait quoi faire. C’est Dieu lui même qui s’adresse à Moïse :

-          « Tu as fauté en tuant l’égyptien ! »

-          « Moi, j’en ai tué un, et Toi Tu les a tué tous ! »

-          « Oui, mais Moi Je peux les ressuciter, pas toi... »

Alors Moïse a dit « ah! » et son âme est partie, c’est la version séfarade. Dans la version ashkénaze il a dit « oh ! »...

 

Si on réfléchit à ce Midrash on s’aperçoit qu’un thème inattendu apparait : c’est la condition du salut d’Israël. Mais voilà qu’il y a une clause encore beaucoup plus profonde : étant donné que la condition du salut d’Israël c’est la disqualification de ce qui était la civilisation antérieure, alors ce n’est pas Moïse qui a été celui qui fait sortir Israël d’Egypte qui peut les faire rentrer en Israël. Il faut un Moïse de l’histoire qui s’appelle Josué et non pas un Moïse du désert qui s’appelle Moïse.

 

En réalité il n’y a pas eu de faute de Moïse. Ce n’est pas un Drash. Il est « Ki Tov ».

Il y a une situation où ce n’est pas une faute au niveau de l’acte mais une faute au niveau de l’être. Ce n’est pas sa faute que Moïse soit Moïse quand Israël est trop bas.

On aborde un 2ème sujet.

***

  

Chapitre 16 verset 30.

Verset qui va renforcer encore ce que nous avons vu et c’est un verset important de la liturgie du jour de Kipour.

 

16 :30

כִּי-בַיּוֹם הַזֶּה יְכַפֵּר עֲלֵיכֶם, לְטַהֵר אֶתְכֶם מִכֹּל, חַטֹּאתֵיכֶם, לִפְנֵי יְהוָה, תִּטְהָרוּ

Ki-vayom hazeh yechaper aleychem letaher etchem mikol chatoteychem lifney Adonay titharu.

 

Ki-vayom hazeh

yechaper aleychem

letaher etchem

mikol chatoteychem

lifney Adonay titharu.

Car en ce jour-là (le 10 Tishri Yom Kipour)

Sera expié-pardonné sur-pour vous (c’est là que le principe du comportement collectif à cette liturgie conduit à ce que le jour expie pour vous...)

Pour vous purifier (il y a plus que recouvrir la faute Kaparah – il y a Taharah de la faute)

De toute vos fautes

Devant Hashem vous serez purifiés.

 

Il y a un événement historique qui est le 10 Tishri au niveau de la génération du désert. C’est le jour où les 2èmes tables ont été rendues à Israël. Les premières étant détruites le 17 Tamouz. Ensuite il y a 40 jours où Moïse prie pour que le Erev Rav soit pardonné et intégré à Israël. On arrive au 1er Eloul. Et ensuite il y a 40 jours du 1er Eloul au 10 Tishri où ils reçoivent les 2ème tables. Et c’est donc le 10 Tishri qu’a lieu l’expérience d’un événement qui a fait comrpendre que bien qu’on reçoive la Torah on n’est pas perdu si la Torah est violée. La Kaparah reste possible.

D’où l’importance du jour de Kipour pour la collectivité d’Israël.

 

A l’échelle individuelle il est bien évident que la Teshouvah et la Kaparah peuvent se faire n’importe quel jour, mais la participation à la liturgie collective le jour de Kipour fait que on est dans ce cas historique que le jour fait jouer le mérite de l’événement de ce jour-là. L’événement du 10 Tishri c’est que les 2ème tables ont été rendues.

 

Quelle est la différence entre les 1ères tables et les 2èmes tables ?

=> Les 1ères tables c’est : « Voici la Loi ! Et celui qui viole cette loi a violé sa charte d’identité et n’est plus Israël ! »

 

=> Les 2èmes  c’est : « Voici la loi ! Et celui qui aurait violé la loi par la faute peut être réintégré dans l’identité d’Israël ».

 

Les 2èmes tables ont été rendues après la faute du veau d’or. Grâce au fait que le mérite de la Teshouvah était récapitulé au niveau de Moïse. C’est le grand prêtre qui prend le relai chaque année. Le rite collectif fait que c’est le jour même qui a ce pouvoir.

 

Et je crois que instinctivement les Juifs ont compris cela. Même ceux qui ne font plus rien ils sont les juifs de Kipour. Ils ressentent cela de manière plus profonde que jamais aucun enseignement ne peut enseigner avec des mots. Ils ressentent cela que là on est protégé dans la mesure où l’on est relié à la collectivité le jour de Kipour.

 

Quelques mots sur l’ensemble du texte:

Il y a deux boucs et les deux sont sacrifiés mais les deux de manière très différente. Un dans l’opprobre et le déshonneur, jetté dans le désert, et l’autre avec l’honneur d’être le bouc de l’expiation dans le temple – le Seder haAvodah  qui est la liturgie la plus extraodinaire de toutes les liturgie de la Torah. On récite un Moussaf de Kipour qui est le moment le plus exceptionnel de la Avodah de Kipour.

 

Or, j’ai été tré impressionné par un article du docteur Israël Eldad, personnage important dans la pensée juive traditionnelle. Il n’est pas rabbin mais c’est un grand penseur de la tradition juive israélienne. Il commence par mettre l’accent sur une des idées que je vais analyser : le fait que le Vidouï est d’ordre collectif et puis il dit qu’il manque dans ce Vidouï au fond l’aveu essentiel que nous devrions faire après le bilan de 2000 ans d’exil et cela continue. On n’a jamais demandé pardon ni fait Teshouvah, on n’a jamais avoué cette faute collective que pendant 2000 ans on était en exil. Cela m’a frappé parce que c’est un enseignement du Talmud à propos d’un verset d’Isaïe. Alors il a explique très bien qu’à un certain moment l’exil devient une faute. Et l’exil devient alors la punition de l’exil lui-même.

 

Comme il n’est pas Dayan il peut se permettre de faire des sujets sur les Dayanim et il suggère qu’on ajoute dans le Vidouï une phrase pour avouer qu’on a été en faute pendant 2000 ans pour ne pas vraiment revenir en Israël.

 

Pendant tout le temps où ce n’était pas possible on était censé être sincère mais dès que cela est redevenu possible cela a dévoilé qu’pon n’était pas tellement sincère que cela.

 

Il explique avec des mots terrible à quel point c’est le plus grand crime que notre peuple a pu commettre sur lui-même et cela a été payé de catastrophes épouvantables et cela continue...

 

Il demande qu’on institue à Kipour une liturgie pour avouer cela. Et il demande cela aux Talmidei ’Hakhamim dont c’est le devoir de cet aveu.

 

Cela m’a frappé  car j’avais un peu fait allusion à cela sous une autre forme lors d’une conférence précédente.

 

Cela m’a donné l’idée de vous parler maintenant de ce que représente dans l’enseignement d’un Midrash cette dualité qu’il y a des 2 Séïrim, les deux boucs, les plus identiques possibles. Ce qui a été indiqué dans la conférence d’hier par Marc Kujavski et que l’un est envoyé dans une histoire catastrophique alors que l’autre vit la même histoire mais dans l’honneur. Et cette histoire assumée, lucide est dans l’honneur – et là je commence déjà à interprêter – est expiatrice. C’est à propos de l’analogie que le Talmud fait entre Pourim et Kipourim.

 

C’est un problème que l’on a surtout l’habitude d’étudier à Pourim.  

Je vous en signale simplement les dimensions du problème.

Il y a selon le Talmud 2 fêtes qui resteront à la fin des temps : Pourim et Kipourim. Voyez le jeu de mot apparent : Kipour est comme Pourim. Cela s’étudie. Surtout que Kipourim est un mot hébreu alors que Pourim n’est pas un mot hébreu. Le mot hébreu est Goral. « Pour » est un mot persan. Au pluriel hébreu cela donne Pourim. Seulement on trouve le mot de Goral et dans la Maguilat Ester et à propos de Kipour dans notre liturgie de ces deux boucs. On tire au sort celui des deux qui va être envoyé dans le désert et celui qui va rester dans le temple pour le sacrifice « dans l’honneur ». 

 

A Pourim, la fête des sorts, Haman avait tiré au sort le jour de la destruction d’Israël. Ce terme de Goral est commun.  

 

Enseignement important :

Depuis que le temple est détruit, c’est l’exil qui assure la Kaparah qu’assurait le temple.

 

Or, il y a deux manières d’être en exil pour Israël :

=>  A la manière du bouc envoyé dans le désert : on ne sait plus où il est et il ne sait pas qui il est. Disons l’exil des dix tribus perdus par exemple.

=>  A la manière du bouc sacrifié dans le temple.

 

Pendant la guerre et le temps du nazisme j’ai compris cela assez existentiellement. Quand le nazisme s’est déclenché, tous les Juifs ont été touchés. Tant les Juifs conscients que les Juifs assimilés. Les Juifs assimilés ont ressentis cela de manière beaucoup plus grave que les Juifs conscients. Pour les Juifs conscients c’était le paroxysme de choses familières qui font partie de l’identité d’exil. C’est l’exil que l’on peut maîtriser parce que l’on est conscient du sens de sa propre histoire. Mais pour un Juif assimilé, c’est le tragique au 13ème degré. Pourquoi lui qui précisément a tout fait pour l’éviter et en est atteint ? Les Juifs assimilés ont vécu cela plus tragiquement que les Juifs pieux. Et en particulier je me rappelle des épisodes en Autriche avec le nombre d’intellectuels juifs qui se sont suicidés. La communauté juive autrichienne a été très assimilée et a reçu cela comme une espèce de tragédie épouvantable.

 

Finalement le Midrash dit que Haman n’arrivait pas à trouver en jettant le sort un jour néfaste pour Israël pour l’atteindre car chaque mois de l’année avait le mérite d’un grand Tsadik d’Israël.

Quand il est tombé au 14 Adar qui est le jour de la pleine lune du mois de Adar et c’est le mois du départ de Moïse et cela lui a semblé le jour néfaste pour Israël. Mais il ne savait pas que c’est le même mois que Moïse était né et qu’il y a une permanence éternelle de la Torah de Moïse en Israël.

Il a pensé l’histoire d’Israël à la manière de l’histoire des nations : naissance - apogée – fin. Et il a cherché la fin et a cru la trouver en Adar, fin de l’année avant Nissan, et il a cru que là il allait atteindre Israël sans Moïse.

 

Un Midrash corollaire dit que Mardochée chef de la communauté était désespéré, il marchait dans le ghetto, et dès qu’il passait devant un petit Talmud Torah il entendit deux petits étudiants en discussion alors que la ville était dans le desespoir, pour savoir quelle était la longueur de la gerbe du Omer que l’on offrait... alors Mardochée a été rassuré. Avec une telle Torah on est invicible ! 

 

C’est ce qui arrive à Haman qui ne s’est pas rendu compte que il n’y a pas de fin en Israël. A partir du moment où le cycle de 120 ans de Moïse s’achève jour pour jour il devient éternel.

 

Quel est le Goral qui va choisir entre ces deux manières d’être en exil ?

=>  La partie d’Israël qui s’est perdu : les 10 tribus perdues.

=> La partie d’Israël qui s’est conservé et qui vit le Seder HaAvodah dans le temple, alors que l’autre le vit aussi mais comme le Seïr laAzazel.

 

C’est finalement savoir qui reste fidèle à la Torah et qui ne reste pas fidèle à la Torah. Le royaume de Judée qui est resté fidèle à la Torah a vécu la même hitoire que le royaume d’Israël qui n’était pas resté fidèle à la Torah, mais dans le temple. Alors que l’autre l’a vécu en dehors à la manière du bouc envoyé dans le désert.

 

Je voulais vous montrer la différence : quel est ce Goral qui peut sembler apparemment mystérieux dans la destinée ? Ce n’est pas du tout mystérieux dans la destinée de l’exil qui remplace les sacrifices. Le Goral c’est l’option de la Torah.

 

Nous sommes maintenant dans un temps de rassemblement de ces deux manières d’être juif. Et ceux qui le sont sans l’être et ceux qui le sont en l’étant.

 

Là aussi il y a un paradoxe. Peut-être que le mérite des Juifs qui étaient assimilés est plus grand que le mérite de la Teshouvah des Juifs non assimilés.

 

Nous sommes maintenant dans un temps de rassemblement de ces deux manières d’être Israël. Celle qui l’était à la manière de l’ancien royaume d’Israël perdu comme c’est arrivé au bouc envoyé à Azazel. Et celle qui l’était à la manière du royaume de Judah, se connaissant, se sachant vivre l’histoire de la Kaparah, mais la vivant dans le Seder haAvodah. Alors que les autres la vivaient aussi mais dans le non-sens absolu.

 

Notre génération a connu cela : ceux qui sont revenus sans savoir d’où ils venaient et où ils allaient ni pourquoi ils revenaient.

 

C’est dire que l’expression de Baalei Teshouvah aujourd’hui est mal employée.

Un Baal Tshouvah du point de vue de la Halakhah est un Tsadik qui avait fait une faute et qui s’est repenti, alors que les Baalei Teshouvha aujourd’hui ne le sont pas selon la Halakhah. On les appellait d’ailleurs les ‘Hozrim Bitshouvah. C’était un barbarisme.  En réalité, ils sont des revenants et non des partis…

 

C’est cela qui est joué dans la scène de la Kaparah et ce que je voulais indiquer par la comparaison qui nous est donnée avec l’exil, c’est que ce Goral n‘est pas ce que nous croyons, un tirage au sort, un hasard. Ce qui fait que le Goral – la destination – de chacun est tellement différente et a un sens dans la mesure où elle est reliée ou non à la Torah. C’est ce qui est joué par le Kohen Gadol au moment du Goral.

 

Très peu de rabbins savent donner un Goral mais cela existe encore. On pose une Sheelah à un Rav qui répond par le Goral. On croit que c’est un sort, mais c’est d’après ce que la Torah dit.

 

Dans des civilisations d’Amérique du Sud et chinoises, il y a des techniques d’interrogation du calendrier qu’on appelerait le hasard, le Goral, mais qui sont des techniques d’une certaine sagesse qui répond en posant d’une certaine manière des questions au calendrier.  

 

Par exemple, dans le ’Hassidisme on pose une question à un Rav qui prend de suite son Tanakh et l’ouvre. Il regarde un mot et il donne la réponse... Personne n’a compris comment il a fait, mais c’est la réponse...

<Fin> 

 

 

*******

 

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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 12:01

Yom Kipour AhareiMot

 

 

Yom Kipour - AhareiMot

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/yom_kipour_aharei_mot/cours_1

 

En introduction à l’étude de la Parashah je rappelle un des grands principes qui nous a servi de fil conducteur depuis le début de la semaine sur la Teshouvah.

 

Le thème de la Parashah est celui de la liturgie de la Kaparah, de l’expiation, du jour de Kipour. Le terme de Kaparah a d’abord deux sens fondamentaux en hébreu. C’est d’abord l’expiation et c’est ensuite le pardon. Ces deux sens sont intimement liés dans la racine hébraïque. Etymologiquement la racine hébraïque Lekhaper signifie « recouvrir ». La notion qui apparait là est qu’il y a une liturgie qui permet de recouvrir la faute, de la cacher. Et c’est le début de cette liturgie, et ensuite comme nous le verrons dans le texte, de s’en purifier, et d’évacuer toute trace de ce qu’a pu être l’atteinte de quelque faute que ce soit qui aurait été faite dans le courant de l’année avant le jour de Kipour.

 

Un des principes de cette étude c’est le fait que cette liturgie de l’expiation du jour de Kipour est collective. Cela veut dire qu’au-delà de la notion de responsabilité individuelle apparait la notion d’une conduite, d’un comportement, par rapport à la faute et au repentir qui est d’ordre collectif.

 

Au début du séminaire j’avais insisté sur ce point :

Il y a dans l’identité de chaque membre du peuple d’Israël par rapport à notre sujet, deux niveaux qui sont étroitement liés et qui s’identifie dans la personne de chacun, mais que pour l’étude de ce problème je vais essayer de distinguer :

 

D’une part, il y a le niveau de l’identité strictement individuelle que chacun est seul à être, et à vivre et à pouvoir effectuer. Et d’autre part, il y a le niveau de notre insertion individuelle à l’identité collective d’Israël.

 

Nous l’avons étudié dans différentes dimensions, je n’y reviendrais pas en détail mais j’en rappelle le principe.

 

Or, ce qui est frappant c’est que les textes de la liturgie que nous allons étudier mettent l’accent sur le fait que cettte liturgie de l’expiation est essentiellemeent d’ordre collective.

 

Le point qui nous avait le plus frappé, c’est que tout ceci dépend et est relié à la conduite du repentir. C’est la notion de la Teshouvah : on se situe essentiellement dans Asseret Yemei Teshouvah - עשרת ימי תשובה - qui sont entre Rosh Hashanan et Kipour. A l’occasion de la soirée de Hoshanah Raba j’aurais l’occasion de faire une récapitulation de la liturgie de tout le mois de Tishri, mais pour le moment la notion principale est celle de la Teshouvah.

 

La Teshouvah que l’on traduit donc par le repentir qui est une condition sine qua non de la possibilité de l’expiation et donc du pardon. Il y a donc un lien très étroit que nous allons d’ailleurs étudier avec un verset très précis de notre Parashah.

 

Et le fait qui nous était apparu : par rapport à cette possibilité de cette Teshouvah et donc de l’expiation, et donc du pardon, et cet ensemble permet le fait que la Torah puisse être reçue, la tradition de la Torah, c’est que le salut de l’homme dépend de la conduite par rapport à la loi morale. Ceci ne peut fonctionner, être basé, avoir une effectivité, que si l’expiation des fautes est possible. Nous avons vu que le ‘Hidoush de la Torah à ce sujet c’est que la Teshouvah soit possible.

 

Je résume ce point :

Nous avons vu que pour la pensée naturelle, pour la conscience naturelle – et c’est le cas fondamentalement pour toutes les traditions en dehors de la la tradition de la Torah et de la révélation prophétique hébraïque – la notion de Teshouvah est invraisemblable et impensable et ne peut être vécue, effectuée.

 

Depuis que la Torah a été révélée, depuis que l’enseignement de la Bible en général et pas seulement à travers le judaïsme mais à travers tout ce que l’histoire de la révélation elle-même depuis le temps des hébreux, a eu une influence sur la culture universelle, alors on trouve en dehors d’Israël les catégories du repentir, mais c’est par le fait qu’on l’a reçu de la révélation biblique.

Il y a un ‘Hidoush de l’enseignement de la Torah que la Teshouvah est possible.

 

Et la pensée naturelle, pour des raisons que nous avons étudié en détail ne connait pas cette notion. C’est la raison pour laquelle le judaïsme est la seule tradition pour qui le salut religieux et le problème moral sont étroitement liés.

 

Le ‘Hidoush de la Torah par rapport au problème de l’expiation et du pardon c’est que le repentir soit possible.

 

La caractéristique du judaïsme comme religion et comme liturgie par rapport à toutes les autres religions, y compris celles qui se réclament de la Torah elle-même - je pense au christianisme d’un côté dans toutes ses nuances et à l’islam de l’autre dans toutes les siennes - ne comportent pas cette définition que le salut religieux de la créature dépende de la conduite morale. Il y a une tout autre stratégie religieuse et spirituelle qui vise ce que l’on appelle le salut.   

 

Cela ne signifie pas que dans ces religions les hommes de piété soient immoraux, en dehors du souci moral. Mais le souci moral pour eux ne s’identifie pas du tout avec le problème du salut religieux. C’est relié je dirais en parlant essentiellement de la tradition chrétienne, je pourrais vous citer de grands ecclésiastiques qui le disent en clair et en cela ils sont chrétiens essentiels, la théologie dans la tradition chrétienne ne se base pas du tout dans la définition du salut sur le problème moral. Cela ne signifie pas que le chrétien soit immoral, mais que sa préoccupation du salut est a-morale, en dehors du souci de la moralité. C’est un sujet pour lui-même.

 

Nous allons étudier un premier texte sur un des versets de notre Parashah qui va montrer à quel point la tradition talmudique a tenu à mettre en évidence cette notion que je résume maintenant.

 

=> D’une part, l’expiation ne peut pas se borner à être individuelle, mais il y a une nécessité de liturgie de l’expiation à l’échelle collective.

 

=> Et d’autre part, il y a un ‘Hidoush, quelque chose de nouveau qui apparait dans l’expérience religieuse dont les grands intitiés des générations passées, auxquelles la Torah fait allusion dans son récit des généalogies depuis le premier homme, avaient intuition et pressentiment, mais c’est une révélation de la loi de Moïse que la Teshouvah est possible.

 

A’harei Mot Chapitre 16 verset 21 :

 

A un certain moment du détail de la liturgie de l’expiation du jour de Kipour, et il s’agit de la cérémonie du sacrifice du bouc émissaire « Saïr laAzazel » (dont la traduction de bouc émissaire est pleine d’implication d’antisémitisme dans la littérature des nations lorsqu’elle parle d’Israël, considérée comme le bouc émissaire de l’humanité).

Le grand prêtre ici va imposer ses deux mains sur la tête du bouc vivant.

Il y avait deux boucs, l’un est envoyé au désert, et l’autre qui reste vivant et est sacrifié dans le camp. C’est la cérémonie de la Smikhah. Le grand-prêtre au nom de la collectivité d’Israël va imposer ses mains sur le Saïr, le bouc.      

 

16:21

וְסָמַךְ אַהֲרֹן אֶת-שְׁתֵּי יָדָו, עַל רֹאשׁ הַשָּׂעִיר הַחַי, וְהִתְוַדָּה עָלָיו אֶת-כָּל-עֲו‍ֹנֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, וְאֶת-כָּל-פִּשְׁעֵיהֶם לְכָל-חַטֹּאתָם; וְנָתַן אֹתָם עַל-רֹאשׁ הַשָּׂעִיר, וְשִׁלַּח בְּיַד-אִישׁ עִתִּי הַמִּדְבָּרָה

Vesamach Aharon et-shtey yadav al-rosh hasa'ir hachay

vehitvadah alav

et-kol-avonot beney Yisra'el ve'et-kol-pish'eyhem lechol-chatotam venatan otam al-rosh hasa'ir veshilach beyad-ish iti hamidbarah.

Et Aharon imposera ses deux mains sur la tëte du bouc vivant

Et il confessera sur lui

 

J’emploie intentionnellement le terme de confession - Lehitvadot cela veut dire se confesser, avouer ses fautes – c’est la liturgie de la confession. Je suppose que vous êtes un peu choqués d’entendre ce terme classique du vocabulaire chrétien, mais j’y reviendrais tout à l’heure pour rappeller qu’il y a dans la liturgie chrétienne énormément de choses imitées du judaïsme. Et ce n’est pas une raison parce que les Goyim nous ont emprunté un certain nombre de valeurs qu’il faut s’en mutiler. Et le terme de Vidouï qui se traduit littéralement par « l’aveu » renvoie au verbe Lehitvadot qui signifie non seulement « avouer » de façon précise le contenu de la faute qui a été faite, mais le comportement de l’aveu c’est effectivement « la confession ». C’est-à-dire avoir le courage d’exprimer et de confesser ce qu’a été la faute commise et pour laquelle on demande réparation et expiation. C’est ce mot de Véhitvadah Alav.

 

אֶת-כָּל-עֲו‍ֹנֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, וְאֶת-כָּל-פִּשְׁעֵיהֶם לְכָל-חַטֹּאתָם; וְנָתַן אֹתָם עַל-רֹאשׁ הַשָּׂעִיר, וְשִׁלַּח בְּיַד-אִישׁ עִתִּי הַמִּדְבָּרָה

 et-kol-avonot beney Yisra'el

pour toutes les fautes des enfants d’israël

ve'et-kol-pish'eyhem

pour tous leurs péchés

lechol-chatotam

pour tous leurs péchés-fautes

venatan otam al-rosh hasa'ir

veshilach beyad-ish iti hamidbarah.

Et ils les projettera sur la tête de ce bouc

Et l’enverra dans les mains d’un homme en direction du désert.

 

A propos de l’expression vehitvadah:

Notez déjà que cela signifie déjà qu’aucune liturgie de l’expiation ne peut être effective, efficace, dans le pardon corollaire, s’il n’y a aveu – Vidouï.

Un des exposés de la semaine a étudié cette question à travers l’enseignement de Maïmonide. Il met bien en évidence que l’essentiel de la Teshouvah c’est le Vidouï.

 

Au point que Maïmonide ne considère pas que le comportement de Teshouvah soit en lui-même une Mitsvah, c’est-à-dire que la Torah ne donne pas obligation de de se repentir, mais que la Torah onblige et institue que lorsqu’il y a repentir il y a obligation – Mitsvah - d’avouer la faute, sinon le repentir n’est pas autentifié.

 

Maïmonide considère que le comportement du repentir est conaturel à l’homme de bonne volonté. Et le comportement de repentir est conaturel à l’homme que la Torah appelle Tsadik. Or, on considère que seul le Tsadik a en fait une faute. Que signifie ce terme de Tsadik dans cette expression ?

 

Il n’y a véritablement « faute » dans le signe strict de ’Heth (qui est d’abord le sens fondamental, les termes de Pésha et Avon sont plus spécifiés) que pour celui qui a reconnu l’autorité de la loi comme telle. C’est cela la définition du Tsadik. Le Tsadik est celui dont l’attitude systématique de la volonté est de préférer se conduire d’après la loi plutôt que contre elle. C’est celui dont la volonté préfère systématiquement le bien au mal. Et le Tsadik éclairé par la révélation connait la table des valeurs, pour nous c’est la Torah, et par conséquent le Tsadik est celui qui est sensible à l’autorité de la Torah. De lui on dit qu’il y a une faute quand il y a une faute. Quelqu’un qui n’est pas Tsadik dans ce sens fondamental est hors-la-loi, dans une conduite de perversion, ce qui est autre chose, c’est pire d’un certain point de vue. Il n’y a pas faute dans le sens strict. Il n’y a de faute que par rapport à une conscience qui a été sensible à l’autorité de la loi.

 

Et par conséquent selon Maïmonide s’il en est ainsi et s’il s’agit d’un Tsadik, alors la Torah n’a pas à plaider comme obligation de se repentir s’il y a faute parce que c’est la conduite naturelle du Tsadik. On peut faire confiance au Tsadik que s’il y a eu faute sa conscience ne le laissera pas en paix tant que lui-même ne se repentira pas.

 

Le grand principe de Maïmonide par rapport à ces catégories et sujets, c’est que tout ce qui est comportement naturel n’est pas objet d’obligation de la loi.

 

Un exemple : on ne trouve pas de commandement de se marier. Mais on trouve le commandement de comment se marier quand on se marie. Se marier, au niveau existentiel, le fait de faire couple est un comportement naturel, et la Torah ne va pas légiférer là-dessus.  Maïmonide  choisit cet exemple parce que de son temps il avait à se mesurer avec des tas d’attitude de tendances à la superstition qui se rattachaient à une espèce de type de conscience superstitieuse selon laquelle tout ce qui arrive à l’homme est fatalement prévu, imposé, par la volonté de Dieu. C’est une ambiance de l’islam contre laquelle Maïmonide devait se mesurer. Il donne pour exemple : si un homme contracte un mariage interdit cela voudrait dire que cela lui a été imposé par Dieu lui-même ? Alors comment la Torah peut-elle interdire un mariage imposé par Dieu lui-même ?

 

C’est un problème important à remettre au point en mentalité juive : cette notion selon laquelle tout ce qui se passe dans notre existence est voulue par Dieu n’a pas du tout le même sens qu’on lui donne habituellement : une fatalité imposée à priori.

 

Je ne rentre pas dans ce sujet qui mérite d’être étudié et je vous en donne la source : c’est au chapitre 8 des Shmonei Prakim du Rambam qui traite du problème de la liberté où il donne précisément cet exemple.

 

Apparait le principe suivant :

Tout ce qui est conduite naturelle ne peut pas être l’objet d’obligation de la loi, parce qu’on n’est pas libre dans une conduite naturelle. On est libre dans la forme du comportement mais pas dans l’accomplissement de la tendance. Pas dans le comportement lui-même.

 

Autre exemple : aucun commandement de manger mais de « comment manger » !

Dans la thèse de Maïmonide, la Torah ne légifère pas là où il n’y a pas de liberté. Sans liberté, pas de responsabilité. Sans responsabilité, pas de place pour l’obligation, de quelque niveaux que ce soit, moral juridique, légal....

 

Maïmonide considère que la Torah n’a pas à imposer une Mitsvah de Teshouvah au niveau du comportement de la Teshouvah. Ce qu’elle impose c’est le Vidouï. C’est-à-dire que pour que la Teshouvah soit autenthique, il faut qu’il y ait aveu. La Mitsvah de la Teshouvah selon Maïmonide est l’aveu. Ce que j’ai appellé à propos de ce verset, la confession.

 

Je continue sur ce verset. Je voudrais vous citer un texte du Talmud Yeroushalmi Massekhet Shavouot chapitre 1 Halakhah 5 qui appuie ce que j’ai dit précédemment en résumant l’introduction générale que la Teshouvah est un ‘Hidoush de la Torah. Mais retenez que la Teshouvah consiste essentiellement en la confession au moment du repentir. 

 

Q : Quid de la Mitsvah le commandement Perou ourbou ?

R : Oui il y a une Mitsvah de Perou Ourbou, c’est une quesiton á sa place, mais elle est dans la forme beaucoup plus que dans le... On rattache habituellement la Mitsvah d’avoir des enfants à un autre verset qui n’est pas un verset de la Torah : lo tohou beraa lashevet et Sarah.  

Et ce verset va aussi pour la femmme et pas seulement pour l’homme. Et le commandemnt de Pérou ourbou qui va pour le couple (Vayomer lahem au pluriel) c’est qu’il faut qu’il y ait Pérou et Rbou et dans l’ordre : Pérou avant Rebou. Pérou pour le Zakhar et Ourbou pour la Neqevah.

La Gémarah demande si cette formule « Perou Ourbou - croissez et multipliez » est la bénédiction donnée à l’homme ? ou bien est-ce qu’Il les a béni c’est-à-dire les rendus fécond et que puisqu’ils sont dans le cas naturel d’être fécondsVayibarekh otam cela veut dire qu’ils ont des enfants ?

Puisqu’ils sont dans le cas naturel d’être féconds ils reçoivent le commandement de Pérou ourbou ? La Guémara conclut comme vous l’avez dit que c’est une Mitsvah et non pas une Brakhah. Rappelez vous le verset : «  Et Dieu les béni et leur dit ‘Croissez et multipliez !’ »

Est-ce que le ‘Croissez et multipliez !’ c’est la bénédiction que Dieu leur a donné ?

En hébreu cela ne marche pas : cela voudrait dire : « Et Dieu leur a dit : Que Dieu vous bénisse ! ».

 

Il les a béni en hébreu cela veut dire Il les a rendu bénis, féconds. Et donc leur situation naturelle, leur nature, est d’être fécond et alors il y a Mitsvah « Pérou Ourbou ». La Guémara établi qu’il faut que ce soit un garçon et une fille pour que la Mitsvah soit accomplie. Cela va dans énormément de détail de Halakhah. Il y a Ma’hloquet entre Beit Hillel et Beit Shamaï. Beit Hillel demande un garçon et une filles et Beit Shamaï deux garçons et une fille.

 

Je reviens au sujet :

Dans tous les cas, c’est dans la forme de la Mitsvah que la Torah légifère toujours. Si vous voulez, il y a dans chaque Mitsvah l’élan et la forme que l’élan doit prendre. Or, cet élan nous est donné par la sanctification du fait que nous sommes cet Israël qui a reçu les Torah et les commandements.  « …asher kideshanou bemitsvotav vetsivanou… qui nous a sanctifié par Ses commandements et nous a ordonné… » Et la Mitsvah vient après la Qdoushah. Cela se rattache à la thèse de Maïmonide. Je reprends la formule « asher kideshanou bemitsvotav », c’est une chose, et puisque nous sommes Qdoshim par ces Mitsvot, alors « Tsivanou ».

 

Je résumerais de la manière suivante :

Au fond que veut nous dire la Torah en nous donnant Sa loi ?  

Elle veut nous dire : « Fait le bien, ne fait pas le mal ». Mais si la pulsion à faire le bien ne vient pas de moi la Torah n’a rien à me dire. La Torah ne parle qu’à un homme qui veut faire le bien et ne pas faire le mal, et elle indique quel est le bien à faire et le mal à ne pas faire.

L’élan est premier et la Torah légifère dans la forme de cet élan.

 

Et comme nous ne sommes pas capable d’être à la hauteur de cette identité d’Israël au niveau Moïse qui a reçu la Torah, alors la Torah nous explique aussi quel est le bien qu’il faut faire en nous expliquant la manière de le faire. Mais son objectif et de nous dire comment faire ce qu’elle demande beaucoup plus que de nous imposer à être ce qu’il faut être dans cette formule de l’homme qui veut faire le bien et ne pas faire le mal.

 

Il y a un nombre plus grand de commandements négatifs que de commandements positifs. Un enseignement qui ressemble à la ’Hassidout dit que la Torah considère qu’elle doit plus nous aider à nous expliquer le mal qu’il ne faut pas faire plutôt que de nous expliquer le bien qu’il faut faire. Parce qu’Israël est censé connaître par lui-même plus le bien qu’il faut faire.

Le mal qu’il ne peut pas faire, comment pourrait-il le savoir ?

Vous voyez comment la Torah est optimiste !

Alors la Torah le lui explique… 

 

J’ai insisté sur le fait de dire que c’est la doctrine de Maïmonide.

Celle de Na’hmanide par exemple est tout à fait différente. Na’hmanide pense qu’il y a une Mitsvah de la Torah qui oblige celui qui a fait une faute à faire Teshouvah et oblige de faire le Vidouï pendant qu’il y a Teshouvah. Il y a une pédagogie différente.

 

Expliqué dans les termes suivants : L’enseignement de Maïmonide est très aristocratique. Il parle de celui qui est au niveau le plus élevé d’idéal. Un homme normal est comme Maïmonide. Mais Na’hmanide s’occupe des hommes tels qu’ils sont par l’obligation.

 

Pour Na’hmanide il faut aider l’homme tel qu’il est par l’obligation. C’est de la pédagogie beaucoup plus que de la loi. Si on n’aide pas la consience par la consigne, elle n’est pas aidée.

On peut dire de la thèse de Na’hmanide est un ‘Hidoush alors que le Pshat de la Torah c’est plutôt la thèse de Maïmonide. Si nous étions comme il faudrait être, on n’a pas à nous dire dès qu’il y a faute : « Repens-toi ! ». Seulement Na’hmanide prend les juifs comme ils sont et estime nécessaire l’obligation de laTeshouvah sinon peut être ne feront-ils pas Tshouvah....

 

Q: quand les Juifs ne sont pas mûrs mentalement, quelle est leur obligation vis-à-vis des commandements ?

R:  Pas mûrs mentalement la formule est trop vague: il y a une formule très précise pour la Halakhah : le Shoteh n’est soumis à aucune obligation. « Pas mûr mentalement » c’est  vague il y a tous les niveaux. Il y a des critères dans la Guémara, alors il faut faire un diagnostic pour savoir s’il s’agit vraiment d’une déficience mentale telle qu’il est ou non hors-la-loi.

 

C’est un pricinpe important : chaque fois que vous rencontrerez la position de Maïmonide dans ce genre de problèmes : Maïmonide est très aristocratique, il a une morale aristocratique, il parle pour des hommes idéaux à notre sens mais qui pour lui sont les hommes normaux. Parce qu’il parle au niveau où la Torah a parlé à Moïse. En particulier sur le problème de la liberté, le postulat de Maïmonide c’est que l’homme est libre. Or, nous savons très bien que nous ne sommes que « quasi-libres ». Et chacun à son niveau est conditionné de façon infinie. Mais Maïmonide parle de l’homme tranquillement comme si cela allait de soi que l’homme soit libre, parce qu’il parle de l’homme normal.

 

Se rappeler que  Maïmonide était médecin et savait de quoi il parlait lorsqu’il parlait de la nature humaine, la psychologie y compris. A ma connaissance en tout cas, le premier grand livre de psychologie qui a été connu dans l’histoire de l’humanité, de manière aussi systématisé, c’est les Shmonah Prakim du Rambam. La tradition dit qu’il l’a écrit à l’âge de 22 ans !   

 

Je reviens à notre verset.

Voici le texte du Yeroushalmi qui va mettre en évidence un fait que nous allons relier à cette notion que c’est un ’Hidoush de la Torah  que la Teshouvah soit possible :

 

Rabi Tan’houmah a enseigné au nom de Reish Laqish :

Au moment où Dieu a dit à Moïse « vehitvadah alav et il fera confession » Moïse a chanté un Psaume (un Psaume de reconnaissance le Psaume 110) מִזְמוֹר לְתוֹדָה  Mizmor Létodah, le Psaume lu d’ailleurs à Rosh Hashanah.

 

Todah – Tvadah

Ce n’est pas la même racine bien que très proche

Todah – racine léodot - signifie une conduite d’action de grâce (cela veut dire merci comme en Espagnol gracias)

Hitvadah- racine léhitvadot - reconnaître ce que l’on a fait -  c’est l’aveu.

 

Cette Guémara dans le Yeroushalmi met en relation le fait que lorsque Moïse a entendu que le Vidouï était possible, c’est-à-dire que la Teshouvah était possible, alors il a entonné l’action de grâce de Mizmor Létodah.

 

Ce texte de manière très directe met en évidence que c’est dans la loi de Moïse qu’il y a ce ‘Hidoush dans l’histoire de l’humanité où l’on a rendu la Teshouvah possible.

 

Dans les conclusions du séminaire je reprendrais en hébreu ce point que j’ai commencé à étudier en introduction du séminaire. C’est-à-dire que la pensée naturelle ne connait pas la conduite du repentir et que c’est une révélation de la prophétie hébraïque que le repentir soit possible.

 

Quelques explications très briévement à ce sujet : il y a une raison d’ordre morale que l’on retrouve dans les mentalité juridiques et légales chez toutes les nations, et une raison d’ordre logique.

 

1- La raison d’ordre morale, c’est que la pensée naturelle qui ne prend comme critère de loi pour la société que la légalité considère comme injuste le fait qu’une faute ayant été faite, elle puisse être expiée et pardonnée. Si la société au niveau du problème moral ne devait fonctionner qu’au travers des catégories de la légalité, ces notions qui ont mis des siécles à la suite de l’imprégnation de la bible dans l’universel humain comme la prescription, les circonstances atténuantes... ont fini par imprégner la  mentalité des codes que nous connaissons, c’est impensable pour une intelligence qui considère la morale uniquement d’après des critéres intellectuels et logiques. Parce que si une faute a été faite la logique demande qu’elle soit payé et qu’on soit puni. L’idée qu’on puisse être pardonné vient d’ailleurs. Ce n’est plus du droit.

 

En particulier cette mentalité qui est un problème pour la société israélienne: le droit qui se fait prendre pour le moral. On cherche à savoir ce qui est légal avant de savoir ce qui est moral. Et le droit pour la tradition talmudique protège le moral. Alors que dans beaucoup de constitutions le droit s’oppose au moral.

 

Vous avez en tête ce qui s’est passé ces jours-ci avec le Gabats : on se préoccupe de savoit ce qui est ‘Houki ou pas ‘Houki... Le vrai problème est de savoir où est le Tsedek !

 

Voilà c’est très important que ce soit ‘Hok sinon il y a un désordre intellectuel et de sensibilité absolu : chaque individu aurait une sensibilité différente du point de vue de sa perception de la valeur morale. Il faut qu’il y ait un droit collectif. Mais le postulat de la Torah c’est que le droit

doit s’identifier avec le moral. Et il ne peut pas y avoir de valeur de légalité en soi : une légalité qui n’est pas la légalité de la moralité devient néfaste. Cest la définition même du droit romain : la légalité qui est la valeur morale. Alors que pour la conception juive de ce problème, c’est la moralité qui doit être légale.   

 

Et vous voyez que lorsque cette mentalité légaliste envahie la société juive cela veut dire que c’est une mentalité étrangère qui envahit la tradition juive.

 

Le grand paradoxe c’est que les chrétiens qui sont précisément les hommes du droit romain  accusent les pharisiens d’être des légalistes. Alors que ce sont les jésuites qui sont des légalistes.

 

Sans révélation, si nous étions livrés à la force de notre intelligence, la plus sophistiquée soit-elle, livrée à elle-même sans éclairage de la révélation prophétique, alors la notion du repentir nous apparaîtrait comme injuste et immorale. Si la morale ne se basait que sur la logique la notion de Teshouvah serait immorale.

 

Des grands hommes ont des mentalités de ce type dans la culture occidentale : on peut arriver à ce paradoxe que ce qui n’est pas légal mais moral est désigné comme immoral parce que illégal...

Et l’inverse : ce qui est immoral est jugé comme moral parce que légal...

 

2- La 2ème difficulté est d’ordre intellectuelle et logique : c’est que la pensée naturelle se heurte à une difficulté avec la Teshouvah : pour que la notion soit pensable il faudrait que le temps soit réversible. Il faudrait revenir au passé pour faire réparation de ce qui a eu lieu dans le passé. Or, nous vivons dans un monde où apparemment le temps est irréversible. En tout cas le temps réel. Le temps de la vie intérieur peut paraître comme étant réversible. C’est en tout cas la sensibilité hébraïque et la seule langue qui posséde cette catégorie de la réversibilité du temps est l’hébreu.

Il y a une régle grammaticale, qui est plus qu’une régle grammaticale, qui fait qu’un passé peut s’inverser en futur et un futur peut s’inverser en passé. Il y a énormément d’exempe, très important, d’enseignement du Talmud à ce sujet. 

Des expressions comme « Vayéhi » - indique un futur transformé en passé, ou « Véhayah » - un passé transformé en futur – n’existent qu’en hébreu.

 

Il y a dans l’identité et la conscience hébraïque la capacité d’inverser les contraires au niveau des catégories du temps.

 

Alors on comprend pourquoi c’est l’hébreu qui a pu recevoir la Torah parce que l’hébreu est sensible à la possibilité de la Teshouvah.

 

Pour la pensée naturelle au niveau des autres nations on ne peut pas avoir le courage de recevoir la Torah. Cf. ce Midrash indiquant que Dieu a proposé la Torah à toutes les nations qui ont toutes refusé tour à tour, chaque fois à cause d’un argument spécifique d’incompatibilité avec une interdiction précise de la Torah. La question qui se pose immédiatement : quid de la Teshouvah ?

Le Midrash met bien en évidence que l’identité des nations auxquelles il fait allusion est telle que la l’éventualité de Teshouvah ne peut pas leur venir à l’esprit, sinon elles auraient accepté de suite la Torah.

 

Ce Midrash est difficile : est-ce qu’a priori Dieu ne connaissait pas leur identité et leur réaction prévisible ? Pourquoi leur proposer ? La réponse du Talmud (Avodah Zara 3) est géniale : pour éviter qu’au jugement dernier ils argumentent que la Torah ne leur a pas été proposée... 

 

Q : Quid du Midrash qui dit que la Torah fut imposée aux Bnei israël ?

R : Ce Midrash se base sur le verset : « Et ils se rassemblent au pied de-sous (Tahat) la montagne »

Le Midrash dans le traité Shabat dit que cela apprend que Dieu a soulevé la montagne sur eux en leur disant : « soit vous acceptez la Torah, soit c’est ici votre tombeau ».

Mais dans le texte juste avant un verset précise que le peuple a accepté. Alors la vraie question c’est de savoir pourquoi Dieu la leur impose puisqu’ils l’ont acceptée ?

Puisque le peuple est prêt à accepter pourquoi la lui imposer ?

Dieu a voulu que ce soit imposé !

Le Maharal résoud le paradoxe en donnant l’exemple du mariage : on ne marie que des fiancés. Les fiancés se fiancent librement mais on les marie par contrat qu’on impose qu’à ceux qui sont prêt à accepter. Mais une fois qu’ils y sont prêts on leur impose, pour que ce ne soit plus soumis au caprice, tout simplement. Le mariage est imposé aux fiancés, mais on ne l’impose qu’à des fiancés.

 

Q. Il n’y a pas vraiment de libre arbitre alors dans ce mariage ?

R : Le libre arbitre est au temps des fiançailles. Et une fois que Dieu est sûr que les fiançailles sont de vraies finaçailles, Il impose le mariage. L’expression en hébreu Messirah La‘Houpah : c’est très dur. Pris au piège. Comme Il a retourné le Sinaï.

 

Je relie cela à un verset de Jérémie : C’est la difficulté de la Teshouvah : il faut revenir en arrière et on sait très bien que même si le temps intérieur est réversible, il y a la mémoire. Et une fois que la faute a eu lieu la mémoire fait que le remords est éternel. Je ne pourrais jamais oublier.

Le verset de Jérémie dit ceci :

 

זָכַרְתִּי לָךְ חֶסֶד נְעוּרַיִךְ

אַהֲבַת כְּלוּלֹתָיִךְ--לֶכְתֵּךְ אַחֲרַי בַּמִּדְבָּר, בְּאֶרֶץ לֹא זְרוּעָה

Zakharti lakh ‘hessed neourayikh ahavat keloulotayikh lekhtekh

Dieu dit à Israël :

Je me souviens pour toi de ta fidélité de ta jeunesse    

De l’amour de tes fiançailles...

 

Au temps où tu étais fiancé, et au temps où tu était libre, le jour où tu étais sincère, tu as mérité. Dieu se souviens de ces jours-là.
.../...
lire la suite ici...

 

***


 

 

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18 septembre 2009 5 18 /09 /septembre /2009 16:33

 

.../...
Retour au texte :

 

נִבְנֶה בְנִי הַיּוֹם לְפָנָיו כִּסֵּא

Mon fils nous allons construire aujourd’hui devant lui un trône

אָז יַאֲמִיר זֶבַח וְהַזּוֹבֵחַ

Alors sera dit qui sera le sacrifice et le sacrificateur

עוֹקֵד וְהַנֶּעְקָד וְהַמִּזְבֵּחַ

 

On voit comment le texte est précis : alors seulement on saura lequel des deux sera le sacrifié et lequel des deux sera le sacrificateur.

 

Théoriquement, nous aurions pu avoir une issue autre : que la Midat Ha’Hessed soit ligotée par la Midat HaDin. Mais voilà par où passe le judaïsme : par la Midat HaDin ligotée par la Midat Ha’Hessed.

 

Dit de manière un peu symbolique : avant de monter sur l’autel pour y être ligotée par Abraham, Its’haq est le père d’Esaü – c’est-à-dire Essav-Edom le droit romain et la raison d’état. Après être monté sur l’autel il est le père de David duquel on dit aussi « Admoni » mais « Yéfé eïnayim ».

Il est la royauté, mais la royauté aux « yeux doux ». Un roi aux yeux gentils.

Alors que Essav est le type du roi tyrannique. Et la Midat Hadin est tyrannique. C’est le Din Qashé, alors que c’est le Din Rafé que représente la Midah de Malkhout de David.

 

Il y a un très beau texte du Rav Kouk lorsqu’il dit :

« Nous avons abandonné la politique aux Goyim jusqu’à ce qu’arrive le temps où une société humaine puisse ne pas être barbare ».

 

Cela veut dire que Malkhout appartient à Essav tant que Malkhout c’est la barbarie. Lorsqu’on pourra avoir une société basée sur la morale, alors les Juifs auront leur société. Il a prophétisé cela il y a 50 ans, et le temps est arrivé.

 

Effectivement, dans le temps de l’histoire des civilisations, c’est le moment de la civilisation humaine toute entière où l’on a commencé à parler de cette utopie que la société humaine pourrait être basée sur un projet moral et non plus sur un projet de puissance. C’est là que le sionisme a commencé à exister et à fomuler sa chartre. 

 

En termes symbolique de la Kaballah cela s’appelle la naissance de Joseph. Ce sont les Orot du Mashia’h ben Yossef qui commencent.

 

Du même événement, la révolution française, ont surgi parmi d’autres, deux réactions du peuple juif : l’assimilation qui a mené au consistoire central des israélites... etc. Et le sionisme.

Et cela a été formulé par la France: liberté-égalité-fraternité comme charte de la société, et les Juifs ont cru à l’arrivée du Mashia’h ben Yossef, et attirés par la flamme comme un papillon ils se sont assimilés. Mais c’est la première fois qu’un signe clair de la fin de l’empire romain dans le sens traditionnel de l’histoire juive, ou si vous voulez, la fin du cycle romain quand on a commencé à entendre que la société humaine pouvait être basée sur un projet moral. Alors c’est là que les Juifs ont commencé à parler d’avoir leur propre état... Et le Rav Kouk l’a dit de façon simple et claire.

 

On peut garder cette image en tête si vous voulez:

Avant la Akédat Its’haq, d’Its’haqa sort Essav- Rome la Midat HaDin.

Après la Akédat Yits’haq il sort David. 

 

דָּפְקוּ בְּשַׁעְרֵי רַחֲמִים לִפְתֹּחַ

Ils ont frappé aux portes de la miséricorde pour les ouvrir.

 

הַבֵּן לְהִזָּבַח וְאָב לִזְבֹּחַ                                                          

Le fils pour être sacrifié et le père sacrificateur

קֹוִים לָאֵל וּבְרַחֲמָיו לִבְטֹחַ

Ils espérent en Dieu – El - et ont confiance en sa miséricorde

וְקֹוֵי יְיָ יַחֲלִיפוּ כֹחַ

Et ceux qui ont foi en Hashem renouvelleront leur force

(C’est un verset des Psaumes – renouveller leur force comme on renouvelle un habit)

דָּרְשׁוּ בְּנַחְלַת אֵל לְהִסְתַּפֵּחַ

Ils ont cherché à s’annexer à l’héritage de Dieu.

עוֹקֵד וְהַנֶּעְקָד וְהַמִּזְבֵּחַ

 

הֵכִין עֲצֵי עוֹלָה בְּאוֹן וָחַיִל

Il a préparé les bois de l’holocauste avec force et vaillance.

וַיַּעֲקֹד יִצְחָק כְּעָקְדוֹ אַיִל

Et il a attaché Isaac comme on attache le bélier

וַיְהִי מְאוֹר יוֹמָם בְּעֵינָם לַיִל

Et le luminaire de leur jour était pour leurs yeux la nuit

(La lumière du jour était pour eux la nuit)

וַהֲמוֹן דְּמָעָיו נוֹזְלִים בְּחַיִל

Et l’abondance de leurs larmes ruisselait avec force

עַיִן בְּמַר בּוֹכָה וְלֵב שָׂמֵחַ

L’oeil pleurant amèrement mais le coeur en fête.

עוֹקֵד וְהַנֶּעְקָד וְהַמִּזְבֵּחַ

 

Ensuite vient l’interpellation à Sarah : c’est Isaac qui parle.

שִׂיחוּ לְאִמִּי כִּי שְׂשׂוֹנָהּ פָּנָה

Racontez à ma mère que sa joie l’a quitté

הַבֵּן אֲשֶׁר יָלְדָה לְתִשְׁעִים שָׁנָה

Le fils qu’elle avait enfanté à 90 ans

הָיָה לְאֵשׁ וּלְמַאֲכֶלֶת מָנָה

A été la proie du feu et du couteau

אָנָה אֲבַקֵּשׁ לָהּ מְנַחֵם אָנָה

Comment/ de grâce lui trouver un consolateur pour elle

צַר לִי לְאֵם תִּבְכֶּה וְתִתְיַפֵּחַ

Je suis désolé lorsque la mère pleure et se lamente

עוֹקֵד וְהַנֶּעְקָד וְהַמִּזְבֵּחַ

 

מִמַּאֲכֶלֶת יֶהֱמֶה מִדְבָּרִי

Mon palais est ému à cause du couteau

Ce n’est pas la langue c’est la cavité buccale intérieure profonde : Midbar.

נָא חַדְּדָהּ אָבִי וְאֶת מַאְסָרִי

S’il te plait ne tremble pas dans

Isaac demande qu’Abraham ne tremble pas dans son geste

חַזֵּק וְעֵת יְקַד יְקוֹד בִּבְשָׂרִי

 

קַח עִמְּךָ הַנִּשְׁאָר מֵאֲפְרִי

Prend avec toi ce qui restera de ma cendre

וְאְמֹר לְשָׂרָה זֶה לְיִצְחָק רֵיחַ

Et tu diras à Sarah ceci est le parfum restant de Isaac

Il y a une autre allusion c’est que la combustion du sacrifice s’apellait Rea’h.

 

עוֹקֵד וְהַנֶּעְקָד וְהַמִּזְבֵּחַ

וְיֶהֱמוּ כָּל מַלְאֲכֵי מֶרְכָּבָה

Tous les anges du trône céleste se sont émus

אוֹפַן וְשָׂרָף שׁוֹאֲלִים בִּנְדָבָה

Ofan et saraf interrogent avec générosité

מִתְחַנְּנִים לָאֵל בְּעַד שַׂר צָבָא

Supplient El par l’intermédiaire du chef des armées

(c’est une des catégories des anges)

אָנָּא תְּנָה פִדְיוֹם וְכֹפֶר הָבָה

Donne la possibilité d’un rachat Pidion vé Kofer Havah ce sont des mots parallélles.

אַל נָא יְהִי עוֹלָם בְּלִי יָרֵחַ

que le monde ne reste pas sans la lune.

 

On voit bien que celui/ceux (si ce sont ces trois frères) qui a/ont écrit ce poème est/sont de l’école de Judah Halévi parce que là il est évident qu’il parle d’après les sources de la Kabalah : que le monde ne reste pas sans la lune. Or c’est la lune qui représente la Midat Hadin. Le Tsimtsoum de la Midat haDin : la Midat HaDin ligotée est représentée par la lune.

 

עוֹקֵד וְהַנֶּעְקָד וְהַמִּזְבֵּחַ

אָמַר לְאַבְרָהָם אֲדוֹן שָׁמַיִם

Alors le maître du ciel a dit à Abraham

אַל תִּשְׁלְחָה יָד אֶל שְׁלִישׁ אוּרַיִם

Ne porte pas ta main sur celui qui est l’une des trois lumières

(‘Hessed-Din-Ra’hamin)

שׁוּבוּ לְשָׁלוֹם מַלְאֲכֵי מַחְנַיִם

Retournez en paix les anges des camps

Cf. ceux qui accompagnent le voyage de Jacob

יוֹם זֶה זְכוּת לִבְנֵי יְרוּשָׁלַיִם

Ce jour (RoshHashanah et Kipour) est un jour de mérite pour les enfants de Jérusalem

בּוֹ שַׁעֲרֵי רַחֲמִים אֲנִי פּוֹתֵחַ

En ce jour-là je pardonne la faute des enfants de Jacob

 

עוֹקֵד וְהַנֶּעְקָד וְהַמִּזְבֵּחַ

לִבְרִיתְךָ שׁוֹכֵן זְבוּל וּשְׁבֻעָה

Pour ton alliance toi qui réside dans les cieux zevoul et

זָכְרָה לְעֵדָה סוֹעֲרָה וּנְגוּעָה

Rappelle le serment que tu as fait pour l’assemblée (Knesset Israël) qui est tourmentée et atteinte de blessures.

וּשְׁמַע תְּקִיעָה תּוֹקְעָה וּתְרוּעָה

Et écoute Tekiah Tokeaah et Térouah (Shvarim)

(Les trois formes du Shofar)

 

וֶאֱמֹר לְצִיּוֹן בָּא זְמַן הַיְשׁוּעָה

Et dis à Tsion :le temps du salut est arrivé

יִנּוֹן וְאֵלִיָּה אֲנִי שׁוֹלֵחַ

J’envoie Yinon et Eliyah

(le nom du Mashia’h et Eliyahou HaNavi qui le précède)

עוֹקֵד וְהַנֶּעְקָד וְהַמִּזְבֵּחַ

 

C’est la fin du texte. Si on avait eu le temps on l’aurait chanté dans les différents airs des différentes communautés.

<fin>

 

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18 septembre 2009 5 18 /09 /septembre /2009 16:28

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/roch_hachana_et_chaharei_ratson_la_ligature_d_isaac/cours_1

FACE B

 

 

עָנָה שְׁבוּ פֹה עַם מְשׁוּלִים לַחֲמוֹר

Restez ici avec l’âne

וַאֲנִי וְהַנַּעַר לְהִשְׁתַּטֵּחַ

Et moi et l’enfant irons nous prosterner

 

 

Bereshit 22 Verset 5

ה וַיֹּאמֶר אַבְרָהָם אֶל-נְעָרָיו, שְׁבוּ-לָכֶם פֹּה עִם-הַחֲמוֹר, וַאֲנִי וְהַנַּעַר, נֵלְכָה עַד-כֹּה; וְנִשְׁתַּחֲוֶה, וְנָשׁוּבָה אֲלֵיכֶם

Vayomer Abraham el naarav nelékhah ad koh

Vénishta’haveh vénashouvah eleikhem

Et Dit Abraham à ses gens : Tenez vous ici avec l’âne, et moi et l’enfant nous irons jusque là-bas

Nous nous prosternerons et nous reviendrons vers vous.

 

Une des manières de l’étudier que nous avons eu l’occasion de voir en relation avec un enseignement très important du Rav Na’hman de Braslav sur ce qu’on appelle la Hitbodedout qui est un des comportements de la piété des ‘Hassidim qui consiste à se retirer de la cité, de l’environnement actuel, pour s’isoler – cela s’appelle Bédidout – pour prendre des forces spirituelles – et nous avions étudier assez longuement à propos de ce verset que cela n’est légitime que si c’est en vue de revenir.

 

Il y a une visée de quelque chose d’au-delà du monde où nous sommes mais y aller pour s’y perdre alors qu’on est encore là ce n’est plus la Torah. Cela n’est légitime que si c’est en vue de prendre des forces pour revenir dans ce monde-ci.

 

Il y a un moment très important dans le récit. C’est qu’Abraham prophétise que le sacrifice d’Isaac n’aura pas lieu puisqu’il dit : nous reviendrons.

 

Q : …

R : Il ne savait pas encore qui de lui ou d’Isaac devait être sacrifié. Bien que le 2ème verset avait dit à propos de Isaac : Véhaâlahou sham laôlah  וְהַעֲלֵהוּ שָׁם, לְעֹלָה. Il faudrait reprendre l’ensemble du contexte, sinon chaque année on réétudie cela inévitablement. On arrive à un stade où il y a 2 Tsadikim. Un Midrash va dire qu’ils étaient comme des sosies, et c’est là pour la première fois qu’Abraham va prier pour que la vieillesse entre dans le monde et qu’on distinue les âges des Tsadikim entre le père et le fils. Jusque-là ils étaient comme deux sosies. Or, ils ne sont pas les Tsadikim de la même Midah. Abraham est le 1er à avoir prier pour la Ziqnah la vieillesse, de telle sorte qu’on les distingue. Cela se réfère au fait que la Midat Ha’Hessed c’est la Midah des vieillards et la Midat HaDin est la Midah des jeunes gens.   

C’est pourquoi d’ailleurs la Halakhah ancienne – qui devrait être appliquée par la société israélienne - enseigne qu’on ne nomme comme juge que quelqu’un qui est Zaqen. Si on nomme un homme trop jeune comme juge c’est une catastrophe parce qu’il va être juridique, méticuleux, maniaque.. recherchant l’absolue de la forme de la loi…etc.  N’avait le droit d’être Shofet qu’un Zaqen parce qu’il a l’expérience de la vie.

 

Il y a beaucoup de sources là-dessus. Quand j’ai lu Hugo j’ai trouvé un beau vers de Victor Hugo qui décrit cela:

« La flamme dans le regard des jeunes gens

Et la lumière dans le regard des vieillards ».

C’est Midat HaDin et Midat Ha’Hessed. Isaac et Abraham.

Vous voyez comment Abraham et Isaac sont וְנַפְשׁוֹ, קְשׁוּרָה בְנַפְשׁוֹ. venafsho kshurah venafsho.

 

On  peut le dire de cette manière : de telle sorte que les deux Midot soient distinguées.

Cette vieillesses dont on parle ce n’est pas forcément celel qui vient avec l’âge.

Ziqnah n’est pas Sévah – un vieillard n’est pas un vieux. Il y a une expérience de la sagesse du vieillard qui peut être acquise jeune. On l’appelle dans le Midrash : « Zéh shéqanah ‘Hokhmah -

Celui qui a acquis la sagesse ». Cest la démultiplicaiton du mot Zaken = Zeh shé Kanah ‘Hokhmah.

 

הָלְכוּ שְׁנֵיהֶם לַעֲשׂוֹת בִּמְלָאכָה

Ils sont allés tous deux ensemble pour accomplir son devoir

וְיַעֲנֶה יִצְחָק לְאָבִיו כָּכָה

Et voici ce que commence à dire Its’haq à son père :

 

אָבִי רְאֵה אֵשׁ וַעֲצֵי מַעֲרָכָה

Père, vois le feu et les bois que l’on va disposer sur l’autel

אַיֵּה אֲדֹנִי שֶׂה אֲשֶׁר כַּהֲלָכָה

Mais où est l’agneau qu’il faut selon la règle

 

Voyez la perplexité : ils sont partis pour le sacrifice : Abraham, Isaac, le feu et le bois. Et l’animal du sacrifice ? Il y a là un élément d’une dimension profonde qui ne va se dévoiler qu’à la fin. Cela ne peut être que Abraham ou Isaac. C’est cela qu’il y a entre les deux.

 

הַאַתְּ בְּיוֹם זֶה דָּתְךָ שׁוֹכֵחַ

Oublies tu ta « religion » aujourd’hui ?

 

וְיַעֲנֶה אָבִיו בְּאֵל חַי מַחְסֶה

Et son père lui répondit :aies confiance en le Dieu vivant

כִּי הוּא אֲשֶׁר יִרְאֶה לְעוֹלָה הַשֶּׂה

Car c’est lui qui verra l’agneau pour l’holocauste

דַּע כָּל אֲשֶׁר יַחְפֹּץ אֱלֹהִים יַעֲשֶׂה

Sache que Dieu fait ce qu’il veut.

 

Je continue ici sur le fait que le Midrash dit de ces deux Tsadikim qu’ils étaient des sosies, c’est pourquoi Abraham a du prier pour avoir la vieillesse. Et voilà qu’il y a 2 Tsadikim tous deux absolument Tsadikim. Il faut donc décider quelle est la volonté de Dieu. Ce sont deux manières d’être Tsadik. Mais quelle est la volonté de Dieu. Est-ce que sa créature est réussie lorsqu’elle devient le Tsadik de la Midat Ha’Hessed ou bien est-elle réussie lorsqu’elle devient le Tsadik de la Midat HaDin ? Ce sont deux vertus que nous serons par la suite amener à rendre complémentaire et à unifier mais qui sont incompatibles l’une avec l’autre. Ou celle-ci ou celle-là.

 

Je voudrais expliquer la perplexité d’Abraham à travers un commentaire du Or Ha’Hayim qui s’appelle le Maor Hashemesh :

On arrive à une impasse avec deux religions possibles : celle d’Abraham et celle d’Isaac. Servir Dieu en tant qu’être l’homme de la vertu de charité ou servir Dieu en tant qu’être l’homme de la vertu de la justice. Et vous savez à quel point c’est incompatible. Le mystère d’Israël c’est que c’est la même identité qui est capable des deux.

C’est incompatible parce qu’au moment où je suis occupé à la vertu de charité je viole la vertu de justice, et au moment où je suis occupé à la vertu de justice je viole la vertu de charité.

Et le drame d’Israël c’est qu’il y a énormément de Tsadikim comme Abraham d’un côté et énormément de Tsadikim comme Isaac de l’autre côté, mais dans la société israélienne, il y a très peu d’enfants d’Israël, c’est-à-dire des Tsadikim de l’unité des valeurs.

Or, nous ne sommes pas Abraham, nous ne sommes pas Isaac, mais nous sommes Israël. Et quand les enfants d’Israël se conduisent comme Abraham, et comme Abraham seulement, ils sont en porte-à-faux avec l’identité d’Israël et nous créent milles problèmes. Et quand ils se conduisent comme Its’haq et comme Its’haq seulement, c’est la même chose de l’autre côté et ils nous créent milles problèmes de l’autre côté.

 

Sans Abraham et sans Isaac il n’y a pas d’Israël, mais Abraham seul ou Isaac seul, ce n’est pas Israël. C’est d’un côté Ishmaël et de l’autre côté Essav par ailleurs.

 

Maor HaShemesh :

Abraham ne sait pas encore laquelle des deux Midot doit être sacrifiée. Il faut donc supprimer un des deux exemplaire du Tsadik.

 

Où est la volonté de Dieu ? Etre Tsadik de la Midat Ha’Hessed ou bien être le Tsadik de la Midat HaDin ? Et Abraham ne sait pas ce qu’il va entendre au moment du sacrifice. Si c’est Isaac qui va être justifié, Abraham s’efface ? Ou si c’est Abraham qui va être justifié et Isaac doit s’effacer ?

 

Je vous donne de suite la solution :

Il ne faut pas supprimer la Midat HaDin. Its’haq ne sera pas sacrifié. Il faut la ligoter, la réprimer. Qui va réprimer en la ligotant la Midat HaDin ? Les mains d’Abraham c’est-à-dire la Midat Ha’Hessed. Voilà la solution. Alors Israël peut naître.

 

La tentation, où a basculé le chritianisme, serait d’annuler la justice au nom de la charité. La tentation inverse serait d’annuler la charité au nom de la justice. Cela a été la réaction au christianisme qui je pense, très schématiquement, est représentée par la révolution socialiste. On va annuler la charité au nom de la justice. Mais cela vient enr réaction à l’échelle du christianisme qui avait annulé la justice au nom de la charité.

Et vous voyez à quel point les Juifs ont été tenté par ces deux hérésies-là.

Sacrifier Isaac au nom d’Abraham ou sacrifier Isaac au nom d’Abraham.

La solution nous est donnée par une formule qui revient très souvent dans les sources : c’est Mateh kelapei ‘Hessed. (Il incline vers le ’hessed).

Cela veut dire que l’unité des valeur est inclinée du côté de Abraham. Du point de vue de l’imagerie des Midot, nous voyons Jacob qui est au mileu d’Abraham et d’Isaac. Abraham est à droite et Isaac à gauche. Et Jacob est au milieu. Midat Ha’Hessed, Midat HaDin et Midat HaRa’hamin.

Mais la tête de Jacob est penchée vers Abraham. C’est Mateh kelapei ’hessed.

Et nous avons énormément de sources dans les Souguiot de la Guémara, la juridiction talmudique qu’on ne peut pas comrpendre sans cela. Cela veut dire : dans la juridiction formelle pure, on ne peut pas trancher, les deux valeurs sont en compétition et la Halakhah de la Torah demande de trancher du côté du ‘Hessed.  Inclination vis-à-vis du ‘Hessed : c’est le ‘Hidoush de la Torah chaque fois qu’il y a un problème insoluble d’après la législation rationnelle, romaine.

La formule de la Mishnah c’est Merouba midat tashoul e kefel

Cela se lit du point de vue des Midot : Meruba Midat Ha’Hessed méMidat HaDin. Et cela s’appelle la Midat HaRa’hamin.

C’est-à-dire que c’est une clef qui est donnée aux Dayanim. Lorsque vous avez á choisir entre deux décisions juridiques, il faut privilégier la décision par ‘Hessed à la decision par Din.

Cela va beaucoup plus loin, la Guemara Yoma dit : Jérusalem a été détruite parce qu’on appliquait Din Emet Laaamito (un jugement de vérité complétement vrai). Cela va loin : Jérusalem a été détruite parce que les juges décidaient d’après la loi ! Et non par Mateh kelapei ’hessed. Et vous savez à quel point nous sommes en grand danger de cela.

C’est le manque d’humour absolu.

Tous les problèmes de cassures en milles morceaux de cette société viennent de ce que les juges manquent d’humour.

On pourrait ici mettre en forme un enseignement im,portant à partir des sources de la Guémara pour notre temps. L’échec de la société humaine survient lorsque les juges se prennent au sérieux. C’est très grave.

 

Il y a une phrase un Passouk de de la Torah (Devarim 25:1) qui dit :

וְהִצְדִּיקוּ, אֶת-הַצַּדִּיק, וְהִרְשִׁיעוּ, אֶת-הָרָשָׁע

 on déclarera innocent l'innocent, et coupable celui qui a tort.

 

C’est la fonction du juge de dire que le Tsadik est Tsadik et que le Rashâ est Rashâ. Mais si ce n’était que cela on n’aurait pas besoin de lui ! Un ordinateur aplliquerait tout aussi bien mécaniquement le code.

En réalité le Pshat dit וְהִצְדִּיקוּ, אֶת-הַצַּדִּיק ils justifieront le Tsadik.

Cela veut dire qu’il ne s’agit pas de condmaner mais de rendre juste. Ils rendront Tsadik le Tsadik et ils rendront Rashâ le Rashâ. Aujourd’hui que fait-on ? On accuse !

C’est la grande différence. Ce n’est pas le métier du juge d’accuser. Le métier du juge c’est de rendre Tsadik : de justifier dans le sens étymologique.

Et on arrive à ces situations où le droit est satisfait mais pas la justice (morale). On bascule dans la mentalité romaine tout simplement. Ce n’est pas par hasard que ce sont les scoiété de droit romain qui sont les sociétés les plus injustes. C’est un grave problème et il faut bien le comprendre.

 

Je reviens à la Guémara d’où j’étais parti:

Jérusalem a été détrite parce qu’oin jugeait Din Emet Laamito (un jugement de vérité complétement vrai). Les juges sont devenus des mécaniques du jugement.  

 

Au fond on a déjà la réponse à l’expression « Akédat Its’haq ».

Si Isaac est omnté sur l’autel dans l’impétuosité de la Midat HaDin. Il en est redescendu avec un Midat HaDin adoucie. Voilà ce qui s’est passé au Har HaMoriah et ce n’est pas du tout qu’un père voulait tuer son fils parce que Dieu l’aurait demandé ! Cela c’est du paganisme d’idolâtres extérieur à la Torah. J’espère vous l’avoir montrer très clairement.

 

Mais avec toutes ces dimensions dont nous avons parlé avec le Midrash précédemement, imaginez à quel point nous devons faire effort de purification de toute cette fausse mentalité biblique qui s’est imprégnée des mythes chrétiens. Puisque finalement le christianisme a pour objectif de nous faire vivre le sacrifice d’Isaac. Notre histoire c’est cela vis-à-vis du chrisitianisme. Nous sommes le peuple du Siegneur tant qu’oin vit le sacrifice d’Isaac. Dès qu’on sort de ce cadrede la mentalité païenne – les psy savent à quel point il s’agit de conduites névrotiques.  

Leur mythe c’est le sacrifice de Isaac pleinement réussi. Et ils nous font vivre cette histoire.

Et ne sont pas contents quand on en veut pas la vivre : cela dérange leur confort spirituel...

 

Il faut bien comprendre que c’est un danger lorsque la piété juive elle-même risque de basculer là-dedans, et de croire que c’est là le rôle d’Israël d’être la victime expiatoire de l’humanité alors que c’est un mythe païen qui nous est raconté. Le texte de la Akedat Its’haq n’a rien à voir avec cela.

 

Je dirais si j’osais – c’est un thème trop énorme pour en parler en 4 phrases - que ce récit de la Akedat Its’haq c’est l’anti-oedipe. Chez les Goyim le fils tue son père. Le récit de la Torah nous montre que chez les Hébreux le père ne tue pas son fils. S’il y avait une tentation hébraïque ce n’est pas l’Oedipe. C’est celle du juif assimilé mais pas celle du Juif de la Torah. La tentation

Hébraïque serait de subjuguer et réprimer l’impétuosité de la Midat HaDin qui apparait dans le sosie du père qu’est le fils adolescent. Mais la tentation, le vertige serait de tuer le fils. Ce serait la piété par excellence.

Alors que le récit nous raconte que le père ne tue pas son fils, contrairement à l’Oedipe ou le fils tue son père. On ne peut pas faire entrer l’âme juive, ou la psyché juive comme diraient les Grecs, là-dedans. 

 

La première fois où j’ai eu cette éclairage c’est par l’auteur Choupak qui a étudié ces choses-là à Strasbourg, la première fois qu’il en a parlé. Je crois que cela mériterait d’être mis en forme pour mettre un point final à l’utilisation du thème de l’Oedipe par les auteurs juifs contemporains qui cherchent cela dans la société juive. Cela peut se trouver à la rigueur dans une société juive de type hellénisante chez les Juifs.

 

Mais le véritable probléme de la vie psychique chez les Juifs c’est celui de la Akedat Its’haq.

Il s’agit d’empêcher l’échec de l’unité des valeurs. Il faut d’abord installer la Midat Ha’Hessed, ensuite installer la Midat HaDin, mais empêcher que la Midat HaDin supprime la Midat Ha’Hessed. Pour cela la solution hébraïque c’est d’atténuer la Midat HaDin. Sinon on va oublier la Midat Ha’Hessed.

 

C’est au fond pour arriver à la Kavanah de la prière dans la liturgie même de Rosh hashanah : ce qu’on demande à Dieu c’est de réaliser cela même dans les valeurs d’en-haut. Cela veut dire de ligoter la Midat HaDin d’en-haut comme la Midat HaDin d’en-bas l’a été par Abraham. Ce n’est pas plus compliqué comme Kavanah. C’est la que réside l’appel au Zekhout (mérite) de Akédat Its’haq. Fais pour nous ce que nous avons fait.


 

.../...
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18 septembre 2009 5 18 /09 /septembre /2009 09:35

***

Q : …

R : On revient sur la même question. Rashi cite un certain nombre de Midrashim parmi d’autre. La quesiton du Midrash c’est que :  Vayéhi A’harei HaDevarim haEleh « Et il arriva après ces paroles... » [Gn. 22:1:  וַיְהִי, אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה, וְהָאֱלֹהִים, נִסָּה אֶת-אַבְרָהָם ]

Le sens habituel c’est « Il arriva après les événements précédents... »

Une indication du Midrash dit qu’il faut lire « Méa’horei HaDevarim HaEleh.  Et il arriva que ce qui était impliqué dans les événements précédents doit être mis en évidence dans une épreuve pour voir de quoi il s’agit vraiment.

 

Un des Midrashim dit que le Satan conteste le choix par Dieu d’Abraham en disant : « Hazaken hazeh ce vieillard tu lui a donné un fils, il a fêté à l’âge de son seuvrage et abattu des troupeaux entiers pour ses invités mais rien pour Toi ? » Et Dieu répond : « Tout cela il l’a fait pour Its’haq mais si Je lui demande Its’haq en sacrifice il Me le donnera »

 

Pour bien comprendre la cohérence de ce Midrash : où est l’épreuve ?

Où est l’épreuve ? Il faut que Abraham fasse la preuve qu’il est Tsadik !

Vous voyez que cela répond à la tentation qu’ont les Goyim lorsqu’ils parlent de cette histoire en disant que le choix d’Abraham a été gratuit. Il faut qu’Abraham le justifie en en faisant la preuve.

 

Nous savons d’autre part que le choix d’Abraham n’est pas gratuit. C’est une autre étude qui vient avec les textes précédents le nôtre. Abraham n’est pas n’importe qui ! Si la Torah nous dit de façon circonstanciée depuis Adam Harishon d’où vient Abraham c’est pour nous faire comprendre pourquoi c’est Abraham qui a été choisi.

 

L’approche des Goyim de ce récit consiste au contraire à fonder la notion de choix arbitraire de la grâce absolue de celui que Dieu choisit. Or, le récit de la Torah dément cela : il y a des raisons pour lesquelles Abraham est choisi. Et c’est pourquoi la Torah nous donne une très longue préface de la carte d’identité d’Abraham pour nous dire qui est Abraham. Cela ne signifie pas qu’Abraham ne doit pas justifier l’identité qu’il a en potentiel, d’où ces 10 épreuves dont nous avons parlé. Il faut qu’Abraham fasse la preuve qu’il est bien Abraham, mais il n’y a qu’Abraham qui peut être choisi.

 

Et donc la contestation est de dire qu’il y a une espèce d’injustice à priori. On peut élargir d’ailleurs la formule de cette constestation qui consiste à dire: pourquoi « asher ba’har banou » ? Pourquoi ce choix gratuit de ce peuple plutôt qu’un autre ?

 

On retrouve d’ailleurs cela dans un Midrash qui fait parler Ishmaël se déclarant véritable aîné et véritable fils d’Abraham, car Isaac a eu sa circoncision à 8 jours sans mérite alors que lui c’est adulte à 13 ans...

 

Ce sont les deux contestations des religions bibliques qui affirme qu’il n’y a pas de mérite à l’élection d’Israël et que le mérite selon l’esprit va à ceux qui ont par eux-même accepté la parole de Dieu alors qu’elle est imposée à Israël. Alors il faut faire cette preuve.

 

Je reviens sur ce point précis : Le Satan réclame qu’Abraham fasse la preuve qu’il est au moins capable de la piété des Goyim.

Alors semble-t’il tout s’enclenche : Abraham est tenté de faire la preuve qu’il est capable de cette piété suprême qu’on trouve chez les Goyim : le premier né est offert en sacrifice en l’honneur de la divinité.

 

On pourrait se demander, revenu à ce stade culturel, où est le mérite d’un tel sacrifice ? C’était cela le sacrifice religieux banal chez les Goyim : offrir le 1er né en sacrifice !

Vous vous rappelez ce que disent les historiens des religions à ce propos.

 

De la même manière on pourrait se demander où est le mérite de la foi d’Abraham quand Dieu lui promet d’avoir un enfant ? Avoir un enfant c’est banal ! 

Donc c’est que les choses ne sont pas si simples…

 

Abraham si j’ose dire est tenté de conduire cette épreuve selon la « Halakhah » en usage pendant ce temps-là. Lorsque Dieu demande « Lehaalot Olah » il comprend « Halakhah leMaasseh : laassot olah », mais ce n’est pas ce que Dieu a demandé.

 

Il y a un verset que je vous ai cité la dernière fois de Jérémie (3:19) qui dit :

-אֲשֶׁר לֹא צִוִּיתִי, וְלֹא עָלְתָה עַל-לִבִּי

asher lo tsiviti vélo âltah al libi

…Que je n’ai pas ordonné et qui ne m’est jamais venu à l’esprit

 

Vous êtes en train de sacrifier vos enfants en croyant que c’est ce que j’ai demandé à Abraham » dit Rashi. Et je ne vous ai jamais demandé cela.

Regardez bien le texte c’est ce que Malbim souligne: « Lehaalot Olah » et non pas : laassot olah !

 

L’explication que je voulais vous citer est la suivante :

Abraham est ici interpellé : es-tu capable d’être pieux au moins à la manière des Goyim ?

C’est un sujet qu’on pourrait étudier pour lui-même. Il comporte deux dimensions qui me semblent importante, au moins à signaler:

Précisément la tentation des Juifs de conduire leur culte à la manière de celui des Goyim. Je ne veux pas dire que c’est pour faire cette prueve-là qu’ils font cela comme ça, mais on pourrait le mettre en évidence.  Et deuxièmement l’interpellation des Goyim eux-mêmes qui nous accusent – rappelez-vous les historiens romains - d’être le peuple le plus athée de la terre. Il faut dire d’ailleurs que les Juifs jouent à cela.  

 

Simplement je vous citerais un comportement à la mode chez les intellectuels juifs : si être croyant c’est l’être à la manière des Goyim alors autant être athée… Vous voyez comment cela se rattache au problème…

 

C’est dire qu’il n’en reste pas moins qu’il y a une revendication des Goyim par rapport à Israël : comment se fait–il que ce peuple théophore - « porteur de Dieu » - soit un peuple athée ?

 

Il y a là une double tentation du peuple d’Israël :

-          imiter la manière des Goyim d’être devant Dieu.

-          donner aliment à cette contestation du Satan qui porte la revendication des Goyim et qui souligne l’athéisme d’Israël peuple choisi par Dieu...

 

Midrash sur le Satan :

Rabi Yohanan a dit (Sanhédrin 89b) : Après quoi est-ce arrivé que Dieu ait demandé à Abraham « prends-moi ton enfant bien-aimé et élève-le en Olah » ? Après les paroles du Satan !

 

 

Chaque fois qu’il y a un doute sur un Tsadik, le Satan est celui qui formule à voix haute ce doute-là. Pour le Midrash, le Satan ne s’occupe que des Tsadikim. C’est une surprise car chez les Goyim le Satan ne s’occupe que des Reshayim. Les Reshayim, il les a déjà, il les laisse tranquille ! Là où il y a doute, le Satan intervient. Il est l’accusateur public au tribunal céleste.

 

Q :

R : Les 9 premières épreuves sont pour éprouver Abraham pour savoir s’il est le Tsadik de la Midat Ha’Hassed. La 10ème c’est pour savoir s’il peut être le point de départ de ce peuple qui doit être Tsadik de l’unité des valeurs : « VéAmekh Koulam Tsadikim » mais « Shéma Israël Hashem Eloqeinou Hashem E’had ». Ce n’est pas que Midat Ha’Hessed ou que Midat HaDin, en résumant car il y a 13 Midot, mais le Yi’houd HaMidot.

 

Abraham doit faire la preuve qu’il est le Tsadik de la Midat Ha’Hessed. En cela il est le commencement d’Israël mais pas encore Israël.

 

Seulement, il ne peut être vraiment le Abraham d’Israël - et pas seulement le « Ibrahim » d’Ishmaël - que si étant le Tsadik de la Midat Ha’Hessed, il est capable aussi d’être Tsadik de la Midat Hadin bien que ce ne soit pas sa spécialité. Le Tsadik de la Midat HaDin doit être Its’haq.

 

On retrouve cela chez Its’haq qui va être éprouvé 9 fois pour savoir s’il est le Tsadik de la Midat HaDin, et la 10ème fois pour savoir s’il est capable d’être aussi le Tsadik de la Midat Ha’Hessed. Sinon, ils ne sont pas dirigés vers Jacob-Israël qui est l’unité des valeurs.

 

Par conséquent, cette mise à l’épreuve nous la voyons. Rashi a cité parmi les Midrashim deux d’entre eux. Parc equ’un 3ème groupe de Midrashim disent les i’hourim d’aAbraham lui-même. Les Devarim de qui ? Les Devarim d’Abraham lui-même. Les Devarim sont alors ici ceux d’Abraham lui-même. « Cette enfant que tu m’a promis c’est lui que tu me réclames ? »

 

On indexe cela au mérite des pères : ils n’ont vu que des promesses sans voir le commencement d’une réalisation. On cite pour Abraham cela. L’enfant a été promis à Abraham mais c’est l’enfant qui lui est demandé ! Il a vécu ces épreuves-là et les a surmonté.

 

Par conséquent, dire à voix haute le doute possible sur l’intégrité d’Abraham en tant que Tsadik c’est le Satan qui s’en fait le porte-parole.

 

Je continue le Midrash :

... Le Satan qui portait accusation : De tout le festin qu’Abraham a fait pour fêter son fils, il n’a pas approché de Toi ni un taureau ni un bêlier ? Dieu lui a répondu : tout cela, il ne l’a fait que pour son fils et si Je lui avait dit : « zevakhoto léfanaï sacrifie-le devant moi ! » il ne l’aurait pas empêché.

 

 Malgré le mot de Zévar qu’on a ici, je reviens au Malbim,  c’est l’épreuve d’avoir à faire la preuve qu’on est capable de ce qui est demandé mais jamais la chose en elle-même.

 

Retoruvez ici ce verset de Jérémie avec Rashi qui cite le Talmud là-bas :

-אֲשֶׁר לֹא צִוִּיתִי, וְלֹא עָלְתָה עַל-לִבִּי

asher lo tsiviti vélo âltah al libi

…Que je n’ai pas ordonné et qui ne m’est jamais venu à l’esprit

 

« une chose qui n’est pas venue à l’esprit ».

Ici, Jérémie a une prophétie de To’ha’hah, une admonestation contre tous ces Hébreux pieux de ce temps-là qui faisant comme les Goyim sacrifiaient leurs enfants au Molokh parce que c’était cela la piété.

 

Je reviens á ce que je disais :

Il y a une interpellation des Goyim vis-à-vis d’Israël dont le Satan se fait le porte-parole : faites la preuve que vous être capables d’être pieux comme nous !

 

Et les juifs se laissent prendre à ce piège... 

 

Quel est le contenu de cette contestation ?

Le contenu de la contestation porte sur l’athéisme supposé du peuple d’Israël.

Or, les juifs jouent à cela…

 

קוּם הַעֲלֵהוּ לִי לְעוֹלָה בָרָה

עַל הַר אֲשֶׁר כָּבוֹד לְךָ זוֹרֵחַ

lève-toi et érige-le en Olah pur

sur la montagne sur laquelle pour toi le Kavod brillera

 

אָמַר לְשָׂרָה כִּי חֲמוּדֵךְ יִצְחָק

Il a dit à Sarah ton fils Isaac  

גָּדַל וְלֹא לָמַד עֲבוֹדַת שַׁחַק

Il a grandi et il n’a pas appris l’adoration du ciel

 

L’idolâtrie : sha’haq est un certain niveau des cieux she’haqim עֲבוֹדַת שַׁחַק c’est l’adoration du ciel, c’est-à-dire l’idolâtrie).

Q : Sha’haq et Ist’haq ?

R : C’est un joli Midrash parce qu’une fois dans tout le Miqra, Its’haq est écrit avec la lettre Sin en place du Tsadik. C’est à ce propos-là.

 

אֵלֵךְ וְאוֹרֵהוּ אֲשֶׁר לוֹ אֵל חָק

J’irais lui révéler ce qui est la vérité de Dieu pour lui

(C’est-à-dire sa loi)

 

Le mot de ‘Haq ici est très peu employé en hébreu et il a le sens de l’expression arabe : le ‘Haq la vérité absolue – en hébreu le ‘Hoq.

 

אָמְרָה לְכָה אָדוֹן אֲבָל אַל תִּרְחַק

Elle a dit : Va mon maître mais ne t’éloigne pas

עָנָהּ יְהִי לִבֵּךְ בְּאֵל בּוֹטֵח

Il a répondu « Que ton coeur ait confiance en Dieu»

 

שָׁחַר וְהִשְׁכִּים לַהֲלֹךְ בַּבֹּקֶר

Il se réveilla de bon matin et se leva pour aller au matin

                      וּשְׁנֵי נְעָרָיו מִמְּתֵי הַשֶּׁקֶר

                      Et avec lui les 2 jeunes gens « mortels du mensonge »

 

מִמְּתֵי הַשֶּׁקֶר  Il faut toute une paraphrase pour traduire cela : Il font partie de ceux dont la vie s’arrêtera à la vie terrestre – on les appelle les Métim – mais qu’on traduit en général par les mortels – il faut entendre « ceux qui n’ont pas Olam haba », parce qu’ils ne sont pas les hommes du Emet mais les hommes du Sheqer – mimetei hasheqer : Ishmaël et Eliezer.

 

יוֹם הַשְּׁלִישִׁי נָגְעוּ אֶל חֵקֶר

Le 3ème  jour ils se sont heurtés – sont arrivés à – ‘Heqer – destination

וַיַּרְא דְּמוּת כָּבוֹד וְהוֹד וָיֶקֶר

Et (Abraham) vit l’apparence de la gloire et la magnifiscence de ce qui qui a du prix

עָמַד וְהִתְבּוֹנָן לְהִמָּשֵׁחַ

Il s’est tenu debout et a réfléchi pour commencer le rite (de la cérémonie de l’onction).

 

יָדְעוּ נְעָרָיו כִּי קְרָאָם לֵאמֹר       

Ont su les deux jeunes gens qu’ils les avait appellé pour leur dire

אוֹר הַרְאִיתֶם צָץ בְּרֹאשׁ הַר הַמֹּר
Vous avez été appellé à voir la lumière qui scintille au sommet du mont Moriah

וַיֹּאמְרוּ לֹא נֶחֱזֶה רַק מַהְמוֹר

Ils ont répondu nous ne voyons qu’un trou - un abîme.

 

Il faut lire Mahamor avec un Sheva-Pata’h.  Ce mot existe une fois dans le Tanakh dans le Psaume 140 verset 11. Il existe au pluriel sous la forme Mahamorot, avec Shéva-Pata’h. Traduit par l’abime.

Abraham veut savoir si Ishmaël et Eliezer sont capables de percevoir ce que lui Abraham et Its’haq sont capable de percevoir, c’est-à-dire la manifestation de la gloire de Dieu sur le Har HaMoriah. Ils ne voient que l’horizon...

 

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suite du texte ici...

 

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18 septembre 2009 5 18 /09 /septembre /2009 08:38
ROSH HASHANAH - ET SHAAREI RATSON - LA LIGATURE D'ITS'HAQ

 

 

עת שערי רצון

 

 

Etude des Sli’hot qu’on appelle la Akedat Its’haq qui reprend le récit de la Akedat Its’haq dans le Marzor lui-même.

 

Je vous ai promis de vous donner une petite  biographie de l’auteur : retenez que traditionnellement on l’attribue à Judah Halévi. Les critiques historiographes contemporains en se basant sur les acrostiches de chaque paragraphe nous donnent les noms : A’him Abass Yehoudah Shmouel.

 

Indépendament de cela le Rabin Kalifa a établi qu’il s’agit quand même de la famille de Judah Halévi. Et que ce nom est celui des trois frères avec celui de Yehoudah au milieu. Donc c’est probablement de Judah Halévi lui-même, quoique d’une façon générale le style n’est pas le sien. Mais ce poème a gardé une très grande notoriété dans toutes les communautés séfardim et a été adopté dans certaines communautés ashkénazes aussi.

 

Il y a un 2ème Piyout bâti sur le même modèle poétique qui est attribué à Maïmonide et qui lui n’a pas pour thème la Aqédat Yits’haq mais la Teshouvah les jours de Yamin Noraïm. Texte un peu plus difficile.

 

 

Je vous propose d’avoir sous les yeux le texte de la Akédat Its’haq dans Bereshit.

Bereshit Parshat Vayera Chapitre 22 versets 1. Pour pouvoir se référer aux versets eux-mêmes.

Nous verrons que dans le poème le sens exact d’après la tradition du Midrash et du Talmoud est repris dans le récit.

 

 

עֵת שַׁעֲרֵי רָצוֹן לְהִפָּתֵחַ

Et Shaarei Ratson léhiPatea’h

Lorsque c’est le temps pour les portes de la bienveillance le bon vouloir

 

Celui qui demande l’ouverture des Shaarei Ratson demande à être agréé dans sa prière :

 

יוֹם אֶהְיֶה כַפַּי לְאֵל שׁוֹטֵחַ

Yom ehyeh khapaï ...

Au jour où je serais tendant mes paumes vers Dieu

 

Il y a donc un moment privilégié dans le temps de Rosh hashana et dans le temps de Kipour, où dans le temps qui est visé ici, les Shaarei Ratson s’ouvrent.

Il y a ‘Hamishim Shaarim 50 portes différentes et l’une de ces portes entre notre monde et les mondes supérieurs est Shaarei Ratson.

 

Certains textes du Talmud déjà font allusion à cette notion qu’entre les mondes supérieurs et nous, il y a des Shaarim qui s’ouvrent ou qui se ferment suivant l’ordre du mérite.

 

Par exemple une Guémarah célébre [Baba Metsiah 59a – Brakhot 32b] dit :

Rabi Eleazar : « Depuis que le Beit hamiqdash a été détruit les portes de la prières ont été vérouillées, Comme le dit le verset Lamentations 3 :8 : "Même si tu cries, je n’entends pas ; ta prière est fermée." Mais les portes des larmes n’ont pas été fermées. Psaume 31
"Ecoute ma voix, Dieu, et entends ma plainte. Ne te rends pas sourd à mes larmes." »

 

La prière entraine très souvent les pleurs ou l’envie de le faire.

On raconte d’un grand ‘Hassid, le Tsadik de la communauté qui n’arrivait pas le soir de Kol Nidrei à commencer la Tfilah. Et la communauté s’impatientait. Et il annonce son incapacité car les Shaarei Tefilah sont fermées... Il leur dit : Allez dans la villes me chercher 10 brigands juifs.  

Ils les a mis autour de la Tévah et il a commencé la Tefilah qui est montée. On lui a ensuite demander des explications. Il a répondu : les portes étaient vérouillées, j’ai utilisé ceux dont c’est la spécialité d’ouvrir les portes en les forçant.

 

Et Shaarei Ratson léhiPatea’h

Pour Rosh Hashanah, ce moment est aprés la lecture de la Torah. C’est le moment du commencement du Moussaf. Après la lecture de la Torah et avant Bat Kehat Shofar qui est entre Sha’harit et Moussaf. Et pour le jour de Kipour c’est le moment de Min’hah.

 

D’après la tradition de la Kaballah, le Zohar en particulier, la Akédat Its’haq a eu lieu le jour de Kipour. Si nous avons le temps je reprendrais le compte du calendrier pour l’indiquer.

Je reprends la lecture :

 

Et Shaarei Ratson Léhipatea’h

Lorsque c’est le temps pour les portes de la bienveillance - shaarei ratson

Le jour oú je serais tendant mes paumes vers Dieu

 

אָנָּא זְכֹר נָא לִי בְּיוֹם הוֹכֵחַ

Ana zakhar na li beyom tokha’ha

De grâce rapelle le souvenir pour moi le jour de la To’ha’hah

 

Le jour de la réprimande, admonestation, le jour du jugement, le jour où il faut faire la preuve, le jour d’interpellation de réprimande...

 

עוֹקֵד וְהַנֶּעְקָד וְהַמִּזְבֵּחַ

de celui qui a attaché, celui qui a été attaché et l’autel sur lequel cela s’est passé

 

C’est le sens de Akedat Its’haq, le fait que Its’haq a été attaché sur l’autel - Laaqod                     

C’est-à-dire trois moment ou trois facteurs Oqed - HaNééqad - HaMizbea’h

Il y a 3 niveaux du mérite de la sainteté auxquels il est fait allusion.

C’est le refrain.

 

Nous avons déjà un peu parlé de ce thème la semaine derniére : le jour où nous sommes interpellés par la Midat Hadin nous demandons que le Zekhout du Tsadik de l’épreuve de la Midat HaDin soit rappellé en faveur d’Israël, en protection pour Israël.

   

Nous aurons à étudier après la lecture du texte le 1er thème indiqué par ce verbe Laaqod, ce qui s’est passé dans cette Akédah. Ce sera la premiére étude.

 

A la fin, l’allusion est ici que  Abraham a été éprouvé 10 fois. C’est une Mishnah du 6ème chapitre des Pirqey Avot. Et la dernière des 10 épreuves est celle de Akédat its’haq.

 

בָּאַחֲרִית נֻסָּה בְּסוֹף הַעְשָׂרָה

A la fin a été éprouvé à la fin des 10 (épreuves)

                      הַבֵּן אֲשֶׁר נוֹלַד לְךָ מִשָּׂרָה

                      Le fils qui t’a été enfanté de Sarah…

                      אִם נַפְשְׁךָ בוֹ עַד מְאֹד נִקְשָׁרָה

 

Cela renvoit au fait que très longtemps Abraham a hésité de comprendre, de savoir, que le fils promis dans la promesse de fécondité de sa postérité serait Ishmaël ou Its’haq. Cela se réfère au 2ème verset dans le ‘Houmash - Bereshit Vayera 22 :2

וַיֹּאמֶר קַח-נָא אֶת-בִּנְךָ אֶת-יְחִידְךָ אֲשֶׁר-אָהַבְתָּ, אֶת-יִצְחָק

, וְלֶךְ-לְךָ, אֶל-אֶרֶץ הַמֹּרִיָּה; וְהַעֲלֵהוּ שָׁם, לְעֹלָה, עַל אַחַד הֶהָרִים, אֲשֶׁר אֹמַר אֵלֶיךָ

Vayomer kach-na et-bincha et-yechidecha asher-ahavta et-Yitschak

velech-lecha el-erets haMoriah veha'alehu sham le'olah al achad heharim asher omar eleycha

(Dieu) dit : prend stp ton fils ton unique celui que tu aimes Isaac...

 

Regardez la progression : le Midrash nous dit qu’il fallait que Abraham se prépare d’étape en étape à l’épreuve elle-même, d’avoir à rendre à Celui qui lui avait donné Its’haq lui-même. Mais à travers même ce Midrash nous voyons qu’il y a les différents critères de sélection pour arriver à Its’haq.

 

Je cite le Midrash :

Quand Dieu lui demande :

-          « ton fils ! » Il répond : - « lequel ? les 2 sont mes fils !»

-          « ton unique ! » – « les 2 sont uniques pour leur mère ! »

-          « celui que tu aimes ! » – « les 2 je les aime ! »

-          et « Its’haq » – c’est le niveau final.

 

Donc on retrouve ici l’atmosphère de cet enseignement.

 

                      הַבֵּן אֲשֶׁר נוֹלַד לְךָ מִשָּׂרָה

                      Le fils qui t’a été enfanté de Sarah…

 

Et là il y aurait à reprendre la différence d’identité entre ces deux lignées, toutes deux ayant pour principe le même Tsadik Abraham. L’une qui va aboutir à Ishmaël et l’autre qui continue l’histoire des Toladot, à travers Its’haq.

 

Vous voyez donc que la forme même qui nous est donnée dans le texte est très directement reliée à l’enseignement traditionnel. Ce nest pas une information stam.

 

                      אִם נַפְשְׁךָ בוֹ עַד מְאֹד נִקְשָׁרָה    

                      Im Nefshkha bo ad meod niqsharah

Bien que ton Nefesh est très liée à lui… 

 

« Im » a ici le sens de Bien que comme souvent dans le Miqra.

L’expression est prise dans l’un des récits de l’histoire des patriarches mais pas d’Abraham. C’est avec Yaaqov pour Benyamin: Venafsho kshurah venafsho.

Le Nefesh du fils est attaché au Nefesh du père.

C’était lorsque Judah plaide pour que Joseph ne fasse pas descendre Binyamin d’Erets Knaan en disant :

 

Vayigash 44 : 30

וְעַתָּה, כְּבֹאִי אֶל-עַבְדְּךָ אָבִי, וְהַנַּעַר, אֵינֶנּוּ אִתָּנוּ; וְנַפְשׁוֹ, קְשׁוּרָה בְנַפְשׁוֹ.

Ve'atah kevo'i el-avdecha avi vehana'ar eynenu itanu venafsho kshurah venafsho.

(C’est Judah qui dit à Joseph :) 

Et maintenant, en retournant chez ton serviteur, mon père, nous ne serions point accompagnés du jeune homme et son Nefesh est attaché à son Nefesh !

 

Cela veut dire : Si Jacob voit que Binyamin n’est plus là, il risque d’en mourir. La fin de Biniamin serait la fin de Jacob.

 

Avant de voir ici le lien qu’il y a ici entre le Nefesh de Yts’haq et le Nefesh de Abraham, nous avions appris à propos de Yaaqov et Benyamin que Benyamin représente la dernière chance d’Israël. L’expression venafsho kshurah venafsho n’est donc pas une information Stam des liens affectifs qui les lient et dont on voit ces implications littéraires auxquelles elle pourrait donner lieu, mais c’est que Benyamin représente la dernière chance d’Israël. Si Benyamin disparait, il n’y a plus d’Israël ! Le Nefesh de Jacob dépend du Nefesh de Benyamin.

 

Et cela jour un très grand rôle ensuite dans la lutte des deux tendances messianiques dans l’histoire d’Israël, celle qui va du côté de Joseph et celle qui va du côté de Judah : c’est là où se trouve Benyamin que passe l’avenir messianique de l’histoire d’Israël…

 

Alors, nous avons le même problème ici :    

 

                      אִם נַפְשְׁךָ בוֹ עַד מְאֹד נִקְשָׁרָה    

                      Im Nefshkha bo ad meod niqsharah

Bien que ton Nefesh est trés liée à lui… 

 

Bien que ton Nefesh est très liée à celle de Its’haq, mets-la en question dans cette épreuve.  Cela veut que si Its’haq ne continue pas l’identité d’Abraham, Abraham disparait. Parce que Abraham est la première étape de l’identité d’Israël.  Si elle ne mène pas à l’identité Its’haq la Bible n’aurait jamais parlé d’un Abraham qui aurait engendré Ishmaël. Elle n’en parle que parce que les engendrements ont abouti jusqu’à Israël. Et donc le Nefesh d’Abraham est lié - Qshourah - au Nefesh de Its’haq. Cela veut dire que la mise en question d’Its’haq met en question Abraham.

Vous voyez ce qu’il y a soujacent dans l’expression.

 

Pourquoi la Torah nous raconte-t’elle l’histoire d’Abraham ? Parce qu’elle devait raconter l’histoire de Its’haq ! Et pourquoi raconte-t’elle l’histoire de Its’haq ? Parce qu’elle devait raconter l’histoire de Jacob...

 

L’histoire d’Abraham nous est racontée comme une préface préhistoire de l’histoire de Jacob qui est Israël. Alors un Abraham qui aurait donné Ishmaël et non pas Its’haq aurait disparu du récit. Il aurait été dans un quelconque Midrash des Toladot qui auraient repris à un certain moment pour donner un Israël vraiment. Le Tsadik de la Midat Ha’Hessed qui n’aurait pas donné le Tsadik de la Midat HaDin - Abraham–Yits’haq - n’aurait pas été raconté par la Torah comme quelque chose d’exceptionnelle. Il y aurait eu un Remez à propos des Tsadikim depuis Adam Harishon...

 

Au même titre que nous savons par les Midrashim qu’il y a aussi eu des Tsadikim, des ‘Hassidim, des Neviim, mais qui n’ont pas fait partie de la lignées des Toladot qui ont mené à Israël.

 

Je vais vous dire comment le Midrash exprime ce même thème : Cela veut dire que la gravité de l’épreuve c’est qu’il s’agit de rendre à Dieu ce fils de la promesse qui a été si difficile à engendrer et à mettre au monde. A la limite, il y a le fait que cela annule par l’absurde tout l’enthousiasme de sainteté qu’il y a eu jusque-là. L’énorme capacité de fidélité d’Abraham à la promesse de Dieu va s’annuler dans cette épreuve-là. Cet enfant que Tu m’as promis Tu me le redemande en sacrifice ? Par conséquent, cela annule dans l’absurde tout ce qui s’est passé auparavant.

 

Après nous verrons la logique et la cohérence de cette mise à l’épreuve.

 

קוּם הַעֲלֵהוּ לִי לְעוֹלָה בָרָה

                      Lève-toi et érige-le en Olah (holocauste sacrifice qui tout entier brûlé et monte) pur

                     

Ici l’auteur a tenu compte d’un enseignement que va reprendre le Malbim en nous disant dans le Pshat du verset de Bereshit Vayera 22:2 :

 

וַיֹּאמֶר קַח-נָא אֶת-בִּנְךָ אֶת-יְחִידְךָ אֲשֶׁר-אָהַבְתָּ, אֶת-יִצְחָק

, וְלֶךְ-לְךָ, אֶל-אֶרֶץ הַמֹּרִיָּה; וְהַעֲלֵהוּ שָׁם, לְעֹלָה, עַל אַחַד הֶהָרִים, אֲשֶׁר אֹמַר אֵלֶיךָ

Vayomer kach-na et-bincha et-yechidecha asher-ahavta et-Yitschak

velech-lecha el-erets haMoriah veha'alehu sham le'olah al achad heharim asher omar eleycha

(Dieu) dit : prend stp ton fils ton unique celui que tu aimes Isaac...

veha'alehu sham le'olah Littéralement : Fais le monter en Olah

 

Il n’est pas du tout indiqué qu’il doit y avoir sacrifice dans le sens de She’hitah. Pourquoi ? Parce que l’expression du Miqra pour dire le sacrifice de Olah c’est Laassot Olah et non pas comme ici Léhaalot Olah. Faire monter en Olah.

 

Par conséquent, dès le début nous sommes avertis qu’il se passe là quelque chose d’autre que le fait de répondre à cette interpellation d’ « assomption » n’a pas à se faire par un sacrifice. Cela c’est la Haslakhah de ce temps-là si j’ose dire. C’est la coûtume de ce temps-là que pour offrir son fils à Dieu on l’égorgeait. Ce n’est pas cela qui est forcément demander par le verset qui aurait précisé : « Assoh Olah tu le feras Olah » et non pas « tu le feras monter en Olah ».

 

Un Midrash explique qu’il fallait l’envoyer à la Yeshivah, c’était là l’holocauste…

D’ailleurs on sait qu’à la fin de la Aqédah, Isaac va passer 12 ans à la Yeshivah de Shem et Ever...

 

קוּם הַעֲלֵהוּ לִי לְעוֹלָה בָרָה

 

On voit l’intervention du Midrash qui nous dit que Dieu avait d’une certaine manière besoin d’Abraham :  Vayomer kach-na prends-le je t’en prie-aide-moi  dit Rashi en citant le Midrash.

Dieu avait besoin qu’Abraham démontre par son témoignage qu’il était capable aussi de la religiosité des Goyim. Parce que la grande contestation du Satan en haut c’est de comparer Israël aux païens. Alors il faut faire la preuve de la capacité d’être religieux comme les Goyim. Alors qu’il nous faut aussi faire la preuve d’être capable de l’être mais sans l’être.

 

Le Satan dirait : « Les Goyim te construisent des cathédrales, mais Tes Juifs en sont incapables ? » Alors les Juifs doivent faire la preuve qu’ils sont capables de construire des grandes synagogues. Mais de ne pas aller y prier...


.../...
suite du texte ici 

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14 septembre 2009 1 14 /09 /septembre /2009 13:23
Naissance d’Isthaq création du monde et Roshashanah (1987)

 

Face B - Durée : 33,0 minutes

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/la_naisance_d_isaac_et_la_creation_du_monde/cours_1

 

 

 

…/…

Il y a donc à la création du monde une impossibilité et il faut donc une alliance entre Dieu caché et l’homme pour construire un monde vrai, parce qu’un monde sans Dieu n’est pas un monde.

 

Le Rav Na’hman de Braslav disait qu’un monde sans Shekhinah n’est pas un monde mais un Guéhinam.

 

Selon l’expression du Talmud : à partir du moment où le monde fonctionne comme la nature, le Talmud (Avodah Zarah 54b): définit le déterminisme naturel par l’expression : Olam KeMinhago Noheg. (le monde poursuit sa nature normale) Le Minhag haolam. 

 

Le Midrash a déjà indiqué que les lettres du mot Minhag sont les mêmes que celles du mot Guéhinam. Cela veut dire le monde de Olam keminhaguo nohég zeh guéhinam.

 

De la même manière un monde sans l’homme n’est pas un monde : la preuve c’est que Dieu a voulu que l’homme habite le monde. Enfin Dieu sait pourquoi un monde sans l’homme n’est pas un monde. Et nous avons des sources à ce sujet : « Dieu a décidé qu’il préférait être dans les mondes d’en-bas et non dans les mondes d’en-haut » Dans les mondes d’en-hautil n’y a pas d’homme, et sans l’homme on s’ennuit, dans les mondes d’en-bas, il y a l’homme et aussi le mal....etc.

 

Voilà donc le problème.

Il faut donc une alliance pour pouvoir créer le monde, parce que l’existence du monde est une impossibilité. Et on pressent déjà que le thème de « Bereshit bara Elohim et hashamayim veet haarets » et le thème de « véhashem paked et Sarah » (Bereshit 21:1) ont le même contenu.

 

J’en arrive au 2ème volet de la comparaison :

Nous avons une telle familiarité avec les naissances d’enfants qu’on ne se rend plus compte qu’à chaque fois c’est le même problème qu’avec la naissance d’Isaac.

 

Seulement, la Torah nous a raconté  la naissance d’Isaac pour nous faire comprendre toute naissance. En principe à priori, toute naissance est aussi impossible que la naissance d’Isaac. Le commencement du monde d’un homme, le commencement de l’histoire d’un homme, pose le même problème que Briat HaOlam: il n’y avait rien et subitement il y a.

 

Nous sommes familiers à la signification traditionnelle du problème, il y a un passage très célebre de Descartes à ce sujet, mais nous l’expliquerons selon notre propre sensiblité : il est bien évident que si on croit qu’un homme, c’est son corps on ne comprend rien à ce problème.

 

On ne verra pas une création ex-nihilo Yesh meayin mais uniquement que ce sont les parents qui ont collaboré à fabriquer un corps qui est ce qu’il est selon sa carte d’identité génétique...etc.

Mais il est bien évident qu’un homme n’est pas son corps. A partir de là, il est bien évident qu’il s’agit d’une création ex-nihilo.         

Il y a expérience au niveau pratique lorsque l’on a un enfant et qu’on devient à son tour père et surtout mére. On sait très bien que quelqu’un apparait-là qui n’était pas là. On le comprend d’autant mieux comme grand-père ou grand-mère. Parce que jusque-là on a l’impression de jouer à la poupée. C’est là que cela commence à devenir sérieux. Et ce quelqu’un qui vient vient avec son monde tout entier et se fiche éperdument de sa préhistoire.

 

Donc c’est la même réalité : l’une au niveau de l’histoire du Olam et l’autre au niveau de l’histoire du Adam.

 

J’espère vous avoir donner suffisamments d’indications pour avoir des éléments de réponse à notre question:

Pourquoi à Rosh hashanah, commence-t’on par la naissance d’Isaac au lieu du Maasséh Bereshit ?

 

*****

 

Des questions ?

Comme dit la Gémarah, ne pas poser ses questions quand il faut les poser, cela s’appelle Guézel !

 

Q : Sur le verset : « Eleh toldot hashamayim vé haarets béhibéaream » quelqu’un a dit béAbraham,

R : C’est le Midrash.

Q : ... Abraham alors qu’ici c’est Its’haq ?

R : Je répond très rapidement : La réponse est dans le mot Toldot : les Toldot ce n’est pas Abraham. Le mot n’apparait vraiment dans la Torah qu’à partir de Isaac. Aussi avec Noa’h mais la Parashah de Noa’h s’appelle Noa’h et pas Toldot.

Je vous rappelle le ‘Hidoush que l’on a étudié à ce sujet qui est très joli. Je vous lis le verset:

Gn. 6:9:

אֵלֶּה תּוֹלְדֹת נֹחַ--נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים הָיָה, בְּדֹרֹתָיו

אֶת-הָאֱלֹהִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ.

Eleh toldot Noa’h Noa’h ish tsadiq tamim hayah bédorotav

Et Elohim Hitehalekh Noa’h

 

Le ’Hidoush en question dit ceci:

נֹחַ אֵלֶּה תּוֹלְדֹת נֹחַ

Eleh toldot Noa’h Noa’h. Nekouda.

Cela veut dire : voilà les Toldot de Noa’h : c’est Noa’h ! Cela veut dire qu’il se multiplie par copie plus ou moins conforme, on les appelle les Bnei Noa’h. Et ce ne sont pas les véritables engendrements les Toldot vraiment. C’est de la multiplicaiton démultiplicaiton, la machine à photocopier. Des duplicata…

Alors la Massoret a indiquée cela de façon très claire.

On aurait du dire Parshat Toldot, mais elle la nomme Parshat Noa’h et non Parshat Toldot.

 

La Parashat Toldot c’est Its’haq ben Abraham. On est en plein dans le sujet.

Je ne reprends pas l’analyse de Behibaréam - BéHé Baréam : Al tiqré béhibaréam elav béAbraham : Ne lit pas behibaréam mais BéAbraham.

Mais simplement très rapidement : tout le problème tourne autour de cette lettre Hé écrite en petit dans le verset. Sans le petit Hé là, il faudrait lire « Eleh toldot hashamayim vé haarets béboram ».  Béboram c’est le transitif. Le sujet c’est le Créateur seul. Tant qu’Abraham s’appelait Abram il y avait écrit « beboram » Seul Dieu est sujet de la Création. Dès qu’Abraham apparait il y a Béhibaréam, et le mérite est déjà aussi du côté de la créature.

Béhibaréam est un mode verbal dénommé « nifral » où l’objet collabore comme sujet avec le sujet.

Béhibaréam => par le fait d’avoir été créé mais le sujet c’est le créature.   

Béborham => par le fait de les avoir créé mais le sujet c’est le Créateur.

 

Exemple : L’expression traditionnelle talmudique est « Min briato shel olam »   on ne dit pas « briat haolam » (le sujet c’est Dieu qui a créé) cela vient du olam : briato shel olam.

 

***

 

Je reprends l’analyse :

Le théme du la création du monde et de la naissance d’Isaac sont identiques à deux niveaux différents. Il y a autant d’impossibilité c’est vraiment Briah Yesh Mi Ayin. Et c’est là qu’on comprend comment l’analogie s’exprime au niveau de la Midat HaDin : Puisque le monde doit être justifié à postériori d’avoir été créé, c’est la Midat HaDin qui préside à la création :

« Bereshit Bara Elohim ».

 

Nous avons la Midah opposée : « VéHashem Paked et Sarah » mais là, la Pkidah, c’est au nom de Hashem, la Lédah c’est au nom de Elohim. Vous voyez la différence, la Midat HaDin.  

 

Q: Pourtant le verset « Olam ‘Hessed Libané » ?

R: Il y a un verset qui dit « Olam ‘Hessed Libané » « le monde est construit par ‘Hessed ». ‘Hessed c’est la Midah de grâce, de charité. Cela veut dire qui ne réclame pas de mérite. Exactement à l’opposé de la Midat HaDin : il faut rendre compte, payer et c’est justifié à postériori. C’est l’histoire du Tikoun Haolam qui commence par ce verset. « Olam ‘Hessed Libané » C’est ce qu’on appelle dans la Qabalah : Binian HaOlam. Davka ! Le Binian haolam commence par ‘Hessed.

Briat HaOlam c’est plus haut et provient de Binah. La Briat HaOlam c’est par la Midat hadin. Et le Tikoun HaOlam commence par Midat ‘Hessed.

Vous l’avez dans les mot :   Olam ‘Hessed Libané  c’est le Tiqoun HaOlam, le Binian HaOlam.

Briat haOlam, c’est Midat haDin

Le Shoresh de la Briah c’est dans le Olam HaBriah qui est le Shoresh de la Midat HaDin.

Alors que le Shoresh du Tikoun HaOlam est beaucoup plus haut que Briah, c’est ‘Hessed Elyon qui est avant Keter, c’est-à-dire beaucoup plus haut. Dans la Maharshavah, Koulo ‘Hessed, dans le Maasséh Midat HaDin, mais le Tikoun commence par ‘Hessed.

 

Nous avons là un exemple très important du point de vue de l’étude : il faut étudier la question dans les termes même où elle est posée. La réponse est finalement très simple : c’est la différence entre Briat HaOlam et Binian HaOlam. Binian HaOlam ce n’est pas Briah, c’est Tikoun HaOlam.

 

Le verset dit:  

Vayomer Elohim Yéehi Or                     =>  ‘Hessed

Vayhi Or                                                 => Gevourah

Vayar Elohim Et-HaOr Ki-Tov              => Tiferet

Vayavdel Elohim Beyn Ha'Or                => Netsa’h

Ouvein ha’hoshekh                                 => Hod

(Vayikra Elohim La-Or Yom Vela’hoshekh Kara Laylah)

Vayhi Erev                                               => Yessod

Vayhi Voqer                                             => Malkhout

tout cela c’est Yom E’had

Mais cela c’est le Tikoun HaOolam et non pas le Briat HaOlam.

La conséquence de Briat haolam c’est Tohou Vavouhou

Le Tikoun HaOlam commence par Vayomer Elohim Yéhi Or. 

Alors le Tikoun HaOlam commence par Abraham, mais le Shoresh de Briat HaOlam c’est Davka  Its’haq -  Midat HaDin. Puisque ‘Hessed est sous ‘Hokhmah mais que Gvourah est sous Binah.

 

***

 

Q : inaudible.

R : Abram est vraiment  en train de devenir Abraham à partir d’Abram quand il est capable de dire de sa femme qu’elle est sa soeur. C’est là que Its’haq peut naître. Ce n’est pas la littérature occidentale du couple qui engendre et le dialogue fécond, cela c’est de la philosophie. Mais il faut d’abord construire la Briah authentique du point de vue morale.  

Je vous rappelle le thème en question : Tant que lui ne peut pas lui dire à elle « tu es ma soeur », elle ne peut pas enfanter. On ne s’occupe pas ici de la reproduction à l’identique. On s’occupe des Toladot qui doivent mener au Mashia’h. Alors tant qu’on n’arrive pas à ce niveau de progrès dans son identité, l’enfantement est arrêté. 

 

C’est Jacob qui dévoile cela à Ra’hel quand il dit [Gn. 30:2]:

וַיֹּאמֶר, הֲתַחַת אֱלֹהִים אָנֹכִי, אֲשֶׁר-מָנַע מִמֵּךְ, פְּרִי-בָטֶן

Hata’hat Elohim Anokhi Asher-mana mimekh pri-vaten.

Suis-je à la place de Dieu qui t’a empêché d’enfanter ?

 

Cela veut dire que c’est Dieu qui empêche l’enfantement tant qu’il risque d’être un brouillon d’approximation. C’est la différence entre Ishmaël et Its’haq. Ishmaël n’est pas Its’haq parcq u’il est une approximation. Pour engendrer l’approximation, n’importe quelle princesse suffit. Hagar d’après le Midrash est la femme du Pharaon. En terme de société, cela signifie que n’importe quelle société comme matrice de civilisation peut enfanter Ishmaël par Abraham. Abraham peut faire Ishmaël dans le monde, à travers n’importe quelle société.  Il se trouve qu’à l’époque la société fécondable c’était Mitsraïm. Alors le Midrash dit tranquilement que Hagar est fille du Pharaon. Ce n’était pas Abram qui était empêché puisqu’il pouvait avoir Ishmaël. C’est facile d’obtenir Ishmaël. C’est donc Sarah qui est empêchée, parce que tant qu’elle n’est pas au stade d’enfanter Isaac alors elle enfanterait aussi Ishmaël et ce serait la catastrophe. Imaginez qu’Ishmaël soit Israël ! D’ailleurs il ne demanderait pas mieux ! Vous voyez donc que c’est cette histoire que nous vivons.

Q : Comment Sarah est-elle arrivée au niveau ?

R : Abraham a commencé par dire « tu es ma soeur », mais il faut aussi qu’elle dise « il est mon frère ». 

 

 

***

 

Rite Sfardi : 4-5 Sli’hot prennent pour théme la Aqédat Its’haq, il y en deux très connus à Rosh hashanah et à Kipour.  Une est attribuée à Maïmonide qui est un texte difficile de grande poésie, et une autre à Judah Halevi bien qu’en principe elle est attribué à 3 frères espagnols dont on ne sait rien d’autre si ce n’est qu’ils aient écrit cela : les frères Abbass. Le Rav Kalifah de Jérusalem a établi qu’il s’agirait de Judah Halévi. C’est le texte le plus populaire en tout cas. On choisira l’une ou l’autre pour l’étudier avec le texte de la Torah.

 

***

 

Pour finir le cours on va reprendre le théme pour aller plus loin.

Je vous explique le schéma, la structure même de l’histoire de Isaac même, en tant qu’il est le Tsadik par rapport à la Midat HaDin.

 

Il ne devait pas naître et il est né, il devait mourir et il n’est pas mort.

 

Ce sont exactement nos deux Parashiot de Rosh hashanah :

ð  Sa naissance impossible c’est le théme de la création du monde, c’est un miracle dans le sens strict.    

ð  Le théme inverse avec Akedat Its’haq : il devait être « sacrifié » et puis il est sauvé.

 

Il est justifié par rapport à la Midat hadin. Celle-ci exige que je paye le prix de l’être que le Créateur, en tant que Dieu d’Abraham, m’a donné en cadeau. Il a suffit qu’il soit capable de cela pour que Dieu dise à Abraham : « maintenant Je sais ». 

 

Seulement, du point de vue du texte hébreu, malgré tout, l’épreuve est pour Abraham et pas pour Isaac. Parce que pour Isaac ce n’est pas une épreuve : il est le Tsadik de la Midat HaDin. Lorsqu’il sera éprouvé ce sera par la Midat Ha’Hessed, et il va échouer. De la même manière que lorsque Abraham est épouvé par la Midat HaDin, il risque d’échouer. Puisqu’il était prêt à le sacrifier.

Cf. les nombreux Midrashim autour de ce théme.

 

Remarquez tout simplement qu’après cette scène, la révélation à Abraham s’arrête et cela passe à la révélation à Isaac. Et même la dernière révélation où Dieu dit à Abraham « ne lui fait rien !», c’est par un Malakh et non plus directement. Il a surmonté la 10ème épreuve ; mais le trébuchement reste possible : si Dieu ne l’avait pas arrêté, il faisait un sacrifice...

Pourquoi ? Parce que ce n’est pas sa Midah. Lorsque Abraham est éprouvée il est éprouvée par la Midah opposée pour que l’unité des valeur soit prouvée. Les 9 premières épreuves adviennent pour savoir s’il est ‘Hassid.  Ce sont les épreuves de la Midat Ha’Hessed. Un fois sûr qu’il est ‘Hassid presque complétement, l’unité des valeurs réclame qu’il soit éprouvée par la Midat Hadin.

De même pour Its’haq.

 

Un verset de Jérémie dit : Abikh harishon atah oumishkha pashroubi

Les commentateurs disent : Abikh harishon c’est Abraham : je n’ai pas dit de le sacrifer, tu as voulu le sacrifier. Oumishkha pashkhoubi => c’est Its’haq qui a aimé Esaü.

 

Vous voyez comment la Midat HaDin est malhabile dans l’épreuve à la Midat Ha’hessed. Il aime son fils Esaü ! On voit à quel point c’est énorme, mais quel fils ? Esaü !

 

Le trébuchement d’Abraham c’est dans l’épreuve par la Midat HaDin : il va le sacrifier.

Le trébûchement de Its’haq c’est dans l’épreuve de la Midat Ha’hessed : il aime Esaü.

 

C’est la base du probléme difficile que nous avons à résoudre : celui des Bnei Israël qui ne sont pas que Bnei Abraham ou que Bnei Ist’haq mais Bnei Yaaqov qui s’appelle Israël parce que fils d’Isaac,  fils d’Abraham.

 

Quand les Bnei Israël jouent à Abraham, c’est la catastrophe.

Quand les Bnei israël jouent à Ist’haq, c’est la catastrophe.

Il faut jouer à être les enfants de Jacob.

 

Si Abraham vivait comme Abraham parmi nous, il serait le fondateur de Shalom Akhshav !

Si Yits’haq vivait parmi nous il prendrait la tête du mouvement de Kahaga (?) !

Mais nous sommes les Bnei Israël !

 

Alors cela va de soi que ce n’est pas une épreuve pour Isaac. Isaac parlerait ici comme Rabbi Akiva : « toute ma vie j’ai attendu cela... »

 

Lu une fois dans Mikhtav miEliyahou du Rav Dessler, j’ai lu la citation d’un Midrah qui dit que dommage que le sacrifice ne se soit pas fait, il y aurait eu déjà  la Kaparah du monde. Ce Midrash a été mal utilisé par les élèves du rav Dressler. Il est utilisé de manière christianisante. Parce que c’est ce que disent les Chrétiens : l’histoire du sacrifice d’Isaac réussi et qui aurait sauvé le monde.

 

Le Midrash en réalité ne dit pas qu’Its’haq a été tué mais seulement que son Nefesh l’a quitté, pas sa Neshamah. C’est ce que Sarah a vu de loin...

 

Effectivement, lorsque Its’haq n’était pas encore ligoté sur l’autel, son Nefesh engendrait Essav. Mais lorsqu’il a perdu son Nefesh, alors il engendre David, ce qui est la Midat HaDin du Tsadik alors que Essav est la Midat HaDin du Rashâ.

 

Dans tous les cas, il faut retenir que la Torah dit que c’est l’épreuve d’Abraham : parce que pour Isaac ce n’est pas une épreuve. Lorsque Isaac est éprouvé, c’est Davka par la Midat Ha’Hessed. Comme l’homme de la rigueur absolue aime t’il ? Il aime des gens pas aimables, parce que ce n’est pas sa Midah.  

 

Q : inaudible.

R : En hébreu il n’y a pas écrit « VaElohim paked et Sarah » ce serait les naissances qui s’effectuent sans difficulté  mais il y a écrit « VéHashem paked et Sarah ». Ce verset est énorme. Comme dit le Talmud, quand il ne veut pas nous faire peur : si ce verset n’était pas écrit on ne pourrait pas le dire. Regarder ce qu’il y a écrit : « Vehashem paked et Sarah ». Comment un théologien chrétien lirait cela ? « et le Seigneur a fécondé Sarah... » purement et simplement !

 

Le problème est enseigné par un Midrash très familier : lorsque l’homme est vraiment Ish-époux et que la femme est vraiment Ishah-épouse alors leur union fait apparaitre le nom de Yah - la Shekhinah est parmi eux. Sinon la Shekhinah fuit et il reste Esh-Esh.

Ici on a « Vehashem paked et Sarah » alors les Toladot peuvent commencer.

 

Je vous cite, pour terminer, un enseignement qui fait un autre rapport avec Maasseh Bereshit de rabbi Yehoudah El’hassid dont j’ai parlé à propos de la Teshouvah.

Il y a 3 grands noms dans l’école des ‘Hassidim allemands de rite ahkenaze  

Shmouel ‘Hassid - rabbi Yehoudah El’hassid – et rabi Eleazar miWorms. 12ème et commencement du 13è siécle famille des Rokéa’h.)

 

Dans le sefer ha’hassidim  rabbi Yehoudah El’hassid pose la question suivante : pourquoi dans la Meguilat Ester le Shem Havayah n’apparait pas sinon par allusion ?

Il répond que c’est parce que le Shem Havayah n’apparait qu’à propos des Toladot . Or les engendrements s’arrêtent avec Ester. Je vous cite le verset :

 

2:4

  אֵלֶּה תוֹלְדוֹת הַשָּׁמַיִם וְהָאָרֶץ, בְּהִבָּרְאָם:  בְּיוֹם, עֲשׂוֹת יְהוָה אֱלֹהִים--אֶרֶץ וְשָׁמָיִם

Eleh toledot hashamayim veha'arets behibare'am beyom asot Hashem Elohim erets veshamayim.

 

Le nom de Hashem n’apparait dans le récit de la Torah qu’à propos des Toladot. Cela commence donc en principe avec Adam harishon. Zeh sefer toldot haAdam

En réalité, cela commence avec Its’haq. Donc le Shem Havayah apparait avec la naissance d’Its’haq : vehashem paked et Sarah

Et se cache avec Ester qui devient la femme d’Assuérus.    

 

Remarquez dans le Maassé Bereshit 32 fois le nom de Elohim mais la 26ème fois c’est quand le verset 26 dit :

וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים, נַעֲשֶׂה אָדָם

Vayomer Elohim naassé Adam.

Il y a donc un Remez que c’est le Shem Havayah qui apparait parce que les Toladot vont commencer.

 

Cela peut peut-être relié à ce que je disais tout à l’heure à propos de David :

Il y a 13 fois le mot de Toladot dans tout le Tanakh

La 1ère fois au verset 4 du chapitre 2:
 אֵלֶּה תוֹלְדוֹת הַשָּׁמַיִם וְהָאָרֶץ, בְּהִבָּרְאָם

Eleh toledot hashamayim veha'arets behibare'am.

Le mot de toldot est écrit Malé avec toutes ces lettres et ensuite c’est toujours écrit ‘Hasser, il manque une lettre Vav ou les deux.

 

La 13ème fois c’est pour la naissance de David (Rout- Ruth 4:18)  où le mot de Toldot est de nouveau écrit Malé. תוֹלְדוֹת

Pour rappeler qu’il s’agit des Toldot du Mashia’h.  

 

Là où le mot de Toldot est  ‘Hasser bé’Hasser il manque les deux vavim  pour Toldot Ishmaël.

( Voir 11 références ici : http://akadem.org/photos/contextuels/4689_Doc1_Toldot_1.pdf)


<Fin> 

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13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 12:22
Naissance d’Isthaq, création du monde et Rosh hashanah (1987)

 

 

 

Face A - Durée : 46,4 minutes

 

 http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/la_naisance_d_isaac_et_la_creation_du_monde/cours_1

Je vais essayer d’abord de vous donner une petite introduction concernant le fait que la Massekhet a choisi le récit de la Torah concernant l’histoire de Yits’haq comme Sidra ou Parasha du jour de Rosh Hashanah.

 

Comme vous le savez Rosh Hashanah c’est le commencement de l’année d’après le calendrier rituel des Avot. D’après le calendrier rituel de la Torah elle-même à partir de la sortie d’Egypte, le commencement de l’année c’est le mois de Nissan. Alors que Rosh Hashanah c’est le commencement de l’année au mois de Tishri.

C’est une chose peu connue ou peu étudiée que la Torah situe toutes les Mitsvot concernant le mois de Tishri au 7ème mois. Puisque au moment de la sortie d’Egypte vous avez cet enseignement déjà dans la Parashat Ha’Hodesh qui se trouve au début du livre de Shemot racontant la sortie d’Egypte : c’est le mois de Nissan qui est choisi comme étant le commencement de l’année. 

 

En fait, lorsqu’on étudie la Massekhet Rosh Hashanah dans le Talmud on sait qu’il y a 4 commencements de l’année. Pour le moment je vais parler que de ces deux principaux. Le commencement de l’année qui commence à Nissan et le commencement de l’année qui commence à Tishri.

 

C’est un sujet très large que vous pourrez suivre dans les cours concernant le calendrier en général, en ne parlant que d’un point très précis, c’est cette surprise que l’on peut avoir, si on n’est pas suffisamment au courant des sources plus anciennes, qu’il aurait eu deux calendriers hébreux. L’un commence à Tishri et l’autre qui commence à Nissan.

Or, le récit de la Torah est le récit donné à la génération de la sortie d’Egypte. 

Donc pour la génération de la sortie d’Egypte le commencement de l’année est à Nissan. Et voilà que la Torah elle-même définit notre Rosh Hashanah comme étant le Rosh ‘Hodesh du 7ème mois !

 

L’explication est très simple. Il y a eu deux périodes différentes de notre histoire. La 1ère est la période des Avot, et le calendrier au temps des Avot était le calendrier où le commencement de l’année est à Tishri. Ensuite, la 2ème période qui n’est pas terminée mais finira aux temps messianiques (qui commencent déjà mais c’est un autre problème, bimhéra béyaménou)  c’est à partir de la sortie d’Egypte, c’est le temps de Banim. La Torah s’adresse aux Bnei Yisraël : « Daber el Bnei Yisraël… » Et elle rappelle les révélations des promesses qui ont été faites aux Avot.

 

Le temps de Avot est encore intégré dans le temps universel, qui lui commence à Tishri.

La commémoration du 1er Tishri, c’est la Création du monde. Alors que la commémoration de Nissan, c’est la sortie d’Egypte, c’est-à-dire le commencement de l’histoire d’Israël comme nation.

 

C’est un problème qui a énormément de dimensions d’études à travers tel ou tel texte, surtout les commentaires de la Torah, et il faut réintégrer le passé immédiat de cette histoire d’Israël qui apparemment devrait commencer au temps des Patriarches, mais qui pour la Torah commence en réalité à la sortie d’Egypte.

 

La réponse essentielle c’est que l’histoire d’Israël commence vraiment quand Israël est une nation. Alors qu’Israël est encore à l’échelle des individus qui commencent avec Abraham, ce n’est pas encore le temps de révéler la Torah. Ce qui signifie que pour la Torah, l’entité Israël à qui la Torah s’adresse, ne commence qu’avec le temps des Bnei Israël.

 

C’est pourquoi ensuite on réintégre le fait que les Patriarches ont déjà reçu des Mitsvot mais pas la Torah. C’est un sujet en lui-même : Adam harishone a reçu une Mitsvah ensuite Noa’h a reçu les Shevat Mitsvot des Bnei Noa’h, ensuite Abraham a reçu une Mitsvah... Jacob a reçu une Mitsvah… mais la Torah c’est vraiment au temps de la sortie d’Egypte...

 

Ce problème est étudié en particulier par le Maharal dans le Gvourot Hashem lorsqu’il pose la question de savoir pourquoi la Torah n’a pas été déjà donnée au 1er homme Adam harishone ? Et si déjà on a une réponse, qu’il nous donne, pourquoi la Torah n’a-t’elle pas été donnée à Avraham ?

Le Maharal met en forme là, les enseignements précédents qu’il a systématisé, pour nous faire comprendre que la Torah ne s’adresse à Israël que lorsqu’Israël est un Klal. On retrouve-là déjà le vocabulaire du Rav Kook.

 

C’est aussi un sujet en lui-même : la Torah ne s’adresse comme Mitsvah à l’individu qu’à travers le Klal Yisraël. Tant que le Klal Israël n’est pas constitué, et il ne se constitue qu’à la sortie d’Egypte sous la direction de Moïse, la Torah ne s’adresse pas en tant que Mitsvah à l’individu.

 

Les Avot, et après le temps des Avot, Abraham, Yits’haq et Yaaqov, la tribu de Lévi tout entière et les Rashéi Sanédraot des autres tribus, ont vécu d’après la Torah, mais pas dans la dimension de la Mitsvah. C’est-à-dire obligation que l’on doit appliquer pour être quitte de l’obligation.

(J’ai traduit en français 4-5 mots importants mais le mot important c’est Mitsvah dans le sens de ‘Hiyouv, ‘Hovah.)

 

On a l’habitude d’expliquer ce problème en disant que les Avot, jusqu’au temps de la sortie d’Egypte et de Moïse, ont vécu la Torah sous forme de Middah – leur modalité d’être.

 

L’individu des Bnei Israël reçoit l’obligation de cette « manière d’être », à travers l’obligation de la ‘Hovah, de la Mitsvah ; mais à travers le Klal de la société d’Israël. 

 

J’ai donné cet exemple pour montrer la différenciation de 2 époques : nous ne vivons pas le temps des Avot, nous vivons le temps des Banim, et donc à partir de la sortie d’Egypte, le temps est organisé d’après la structure du calendrier de l’année, à partir de Nissan.

L’événement fondateur de commémoration est la sortie d’Egypte, le commencement de l’histoire d’Israël. Et la parenthèse portait sur le fait que l’histoire d’Israël est l’histoire du Klal Israël. Avant c’est une préhistoire.

 

Si l’histoire des Patriarches n’avait pas abouti à l’histoire du Klal Yisraël, la Torah ne l’aurait pas raconté. Cela se serait résorbé comme les tentatives depuis le 1er homme de faire exister le Klal Yisraël et qui ont échoué avant Avraham. Elles ont été résorbées dans le récit et ce n’est que le Midrash qui les réintègre.

 

Donc, nous avons, indépendament des 4 polarités des Arbâ Rosh hashanim des 4 commencements de l’année, je ne parle que de ces deux-là : deux calendriers hébraiques qui s’entremêlent :

 

ð   le calendrier de l’histoire universelle dont l’événement fondateur de commémoration porte sur la Création du Monde.

 

ð   Le calendrier de l’histoire d’Israël dont l’événement fondateur de commémoration est la sortie d’Egypte. 

 

C’est pourquoi nous avons dans énormément de textes liturgiques en particulier le Qidoush :

« Zekher Lémaassé Bereshit » ou « Zekher litsiat Mitsraïm »

 

A un certain niveau, c’est la même signification de commencement mais dans deux registres différents : le commmencement de l’histoire universelle où vient se ranger des événements de l’histoire d’Israël mais en filigrane, et le commencement de l’histoire d’Israël où également viennent se ranger aussi des événements de l’histoire unniverselle mais en filigrane.

 

Nous avons ainsi deux années à commémorer simultanément, en réalité 4.

 

Ce paradoxe apparent que le commencement de l’année c’est bien Rosh ‘Hodesh Tishri  - que l’on nomme jamais ainsi mais sous l’appellation Rosh Hashanah - ce paradoxe que le commencement du point de vue de « Zekher léMaassé Bereshit » c’est bien Tishri, alors que la Torah parle de « Ha’Hodesh hazéh la’hem Rosh ‘hodashim » en parlant de Nissan. Parce que c’est la Torah d’Israël.

 

Et ce que je disais précédemment, c’est que le temps des Avot, d’une certaine manière, est encore dans le temps de la nuit universelle dont il n’émerge qu’à la sortie d’Egypte.

 

Pour le dire autrement dans un autre vocabulaire:

Le calendrier qui commence à Tishri c’est le calendrier de la civilisation d’où les Avot sont sortis -  la civilisation chaldéenne – alors que le calendrier de la civilisation d’où les Banim sont sortis – la civilisation égyptienne - commence à Nissan. C’est un autre registre d’analyse mais cela se recoupe finalement dans le contenu et revient au même.

 

Votre question pour la situation des Sidrot de Rosh hashanah dans le Sidour, dans le Ma’hzor plus exactement, puisque vous savez que le Sidour des fêtes s’appelle le Ma’hzor tant chez les Séfardim que chez les Ashkénazim avec des emplois différents du mot de Ma’hzor. Ma’hzor cela veut dire le cyle qui revient.

 

Finalement notre problème c’est que au lieu de commencer à lire le commencement de la Torah Bereshit Bara Elohim.... (lecture qui ne se produira qu’à Sim’hat Torah) on lit l’histoire de la naissance d’Isaac, le 1er jour.

Cela commence par וַיהוָה פָּקַד אֶת-שָׂרָה   Et Hashem se souvint de Sarah… au chapitre 21. Et puis Aqédat Its’haq le 2ème jour, le récit du « sacrifice d’Isaac ». Non pas le « sacrifice d’Isaac »  mais c’est le sacrifice l’épreuve d’Abraham : il y a écrit (Gn. 22:1) :

וְהָאֱלֹהִים, נִסָּה אֶת-אַבְרָהָם  

Vé-HaElohim nissah et Avraham 

Et Elohim éprouva Abraham.

Et non pas Isaac. La traduction ne traduit rien mais trahit beaucoup.

Il faudrait dire Aqédat Its’haq - ligature d’Isaac.

 

La question est :

Pourquoi pas commencer par la Sidra de Maasseh Bereshit ? Et après la réponse, question dans la question : Pourquoi pas par l’histoire d’Abraham plutôt que celle d’Isaac ?

C’est très paradoxal. On comprendrait qu’on commence l’histoire des Patriarches à Pessa’h. Mais pourquoi commencer par l’histoire des Patriarches à Rosh Hashanah de Tishri ? Cela a l’air paradoxal. Et s’il y a réponse pourquoi commencer par Isaac davka et pas par Abraham ?

 

C’est donc qu’il y a un lien dans le contenu de ce récit avec le thème de Rosh hashanah. Je vous le rappelle brièvement : Tous les jours commémoratifs du calendrier commémorent, indépendamment de leurs significations spirituelles, métaphysiques ou religieuses traditionnelles, un événement historique. Quels que soient les cas où il y aurait exception, c’est une apparence, car on trouve  toujours un événement historique.

 

Rosh hashanah, c’est l’événement historique par définition : la Création du monde. C’est un événement historique. C’est avec la Création du monde que le temps commence mais c’est déjà dans le temps. Comment commence le 1er verset ? Bereshit Bara Elohim…

 

Rabénou Be’hayé était un élève de l’école de Na’hmanide, vers le 11ème siècle, note un enseignement de la Kabalah qui voit dans le mot de Bereshit le Notarikon de Alef BéTishri 1er de Tishri.

 

Mais dans cette note un peu particulière parce que Tishri n’est pas un mot hébreu mais araméen, nous savons par tradition que Tishri commémore la création du monde. Ce qui est dit de façon très explicite dans les prières de Rosh hashanah.

 

Comment relier cela avec le récit de l’histoire d’Isaac ?

 

On trouve un début de solution dans le fait que la Torah shébikhtav l’appelle Yom hazikaron et la Torah shébéalpeh l’appelle Yom hadin.

 

L’évangile de Saint-Jean dit : « Au commencement était le Verbe »

Ce qui est différent de l’expression traditionnelle hébraïque que Dieu a créé le monde par Sa parole. Parce que ce mot de Verbe est en réalité dans les sources chrétiennes le mot de Logos. En français Logos se traduit par « Verbe » mais c’est différent de parole en hébreu.

 

En termes juifs on devrait dire au contraire : « Au commencement était l’adverbe » et non pas le Verbe. Bereshit est un adverbe. Pas n’importe lequel : l’adverbe « au commencement de ».

 

Et donc, l’événement historique qui est commémoré à Rosh hashanah c’est bien l’événement du commencement.

 

Il faut retenir la correspondance entre la manière dont la Torah Shébikhtav désigne ce jour de Rosh Hashanah en l’appelant Yom hazikaron et la manière dont la Torah Shébéalpeh le désigne : Yom HaDin. Il y a une correspondance entre les deux que je vous indique rapidement.

 

Dans notre question, nous cherchons un lien positivement direct entre les deux événements : en quoi la naissance d’Isaac et la création du monde sont-elles analogues ?

 

Q : inaudible… (?) Pessa’h est la sortie d’Egypte et concerne Israël…  Les Goyim sont-ils concernés par Rosh hashanah à travers la Torah ?

R : Toute la liturgie de Rosh hashanah en tient compte : c‘est le monde entier qui est jugé à Rosh hashanah.

Q :  inaudible (?)

R : Etant donné que seul Israël est Metsouvé et comme les Goyim et même les Shivat Mitsvot Bnei Noa’h ne sont pas Metsouvim dans le sens d’Israël, par conséquent c’est délégué à Israël. C’est Israël qui entre en jugement comme délégué de l’humanité entière. D’où la question que je pose : comment comprendre que l’on commence à Isaac ?

 

Avant d’arriver à la question elle-même, je vous donne deux indications :

D’une part, une des clefs de réponses se trouve dans la Haftarah de Rosh hashanah qui est le 1er chapitre du livre de Shmouel : la naissance de Shmouel.

 

Et deuxièmement, préalablement nous allons reprendre la commémoration de l’événement historique et c’est relié au problème du jugement : la Torah shébikhtav dit Yom hazikaron.

Zikaron c’est le superlatif de Zekher qui veut dire « souvenir », mais plus exactement « mémoire » dans un sens un peu renouvellé d’une littérature israélienne contemporaine mais que nous avons appris avec mon maitre Jacob Gordin bien avant. « Zekher » cela ne veut pas seulement dire « se souvenir » en tant que quelque chose est de l’ordre du passé mais tout le contraire, car si je me souviens d’un souvenir en tant que souvenir je le rends d’autant plus passé. « Zekher » signifie « aujourd’hui remémorisé au présent ce qui avait été au passé ». C’est un sens hébreu bien particulier : lezakharta ne signifie pas « tu te rappeleras » dans le sens de ne pas avoir oublié mais cela signifie « tu rendras présent par la commémoration ce qui avait été de l’ordre du passé ». Cela est vrai pour toutes les commémorations.

 

Par exemple, au moment du Seder de la sortie d’Egypte,  je ne me rappelle pas de la sortie d’Egypte de mes ancêtres, mais je sors d’Egypte au niveau où je suis des identités d’Israël, jusqu’au moment de la sortie définitive que l’on appelle la Géoula définitive.

 

Cela se traduit même par les Mitsvot elles-mêmes : les Mitsvot nous font vivre, et non pas seulement revivre seulement, l’événement commémoré.

 

Si c’est l’idée simple de commémoration, nous aurions dans le Seder de Pessa’h, une sorte de Zekher dans le sens non juif du terme hébreu: nous aurions un symbole de rappel du repas de nos ancêtres à la sortie d’Egypte. Nous aurions sur le plateau de la Matsah tout en mangeant du pain et puis nous aurions symbolisé… Certaines synagogues juives qu’on appelle « libérales » procédent comme cela. Un rite religieux avec une Matsah symbolique.  Vous savez d’ailleurs ce qu’il en est devenu chez les Chrétiens. Dans la mentalité chrétienne, l’ostie prend une autre dimension encore : « Symbole priez pour nous ! »

Autre exemple : le jour de la commémoration de l’indépendance en Amérique où l’on reprend symboliquement le repas des premiers émigrants dans le Mayflower.

 

Zikaron c’est la mémoire totale – la mémoire depuis le commencement : rien n’a été oublié. Si le monde a un Créateur la mémoire est totale. C’est là l’expression de la Torah Shébikhtav.

Ce jour-là s’appelle le Yom haZikaron.

 

Pour la Torah shébéalpéh, c’est Yom hadin : parce que tout simplement lorsqu’on est jugé on l’est par sa mémoire. Le jugement de Rosh hashanah – celui du Yom HaDin - est le jugement par excellence parce qu’on y est jugé par le Zikaron, la mémoire, par excellence. La relation entre les deux est claire.

 

On voit à quel point on est loin du jour de l’an des Goyim, qui serait plutôt Pourim et non pas Rosh hashanah.

 

L’implication est très simple : c’est le jugement par excellence, car il s’agit de la mémoire par excellence. Qui est le juge ? C’est la mémoire !

 

Les psychologues modernes ont entrevu ces choses-là dans leur panique, leur terreur, de ce qui se passe dans l’inconscient. Il s’y trouve la mémoire totale et donc le jugement total, la loi, le père etc. le Créateur...

 

2ème question :

 

Pourquoi n’est-ce pas le Maassé Bereshit que l’on lit à Rosh hashanah ?

Il nous restera un problème qu’on étudiera à Hoshana Raba : Pourquoi recommence-t’on à lire la Torah à Shemini ‘Hag Ha-Atseret qui s’appelle Sim’hat Torah ? C’est un problème autre.

 

Je reprend la question en m’aidant du Maharal cité précédemment: pourquoi, si déjà on commence par l’histoire des Patriarches, ne pas commencer par Abraham ?

 

Je vais vous donner quelques indications du récit lui-même, très brèves :

Abraham sort du texte existant déjà : il sort d’une préhistoire où il s’appelait Abram et il était déjà né quand il rentre dans le texte. On ne nous fait pas assister au commencement. Isaac commence à exister à travers le récit, alors que pour Abraham, le récit prend son histoire en marche. Il y aurait là toute une analyse à faire mais je vais l’éclairer par une analyse du Talmud qui étudie une des obligations de la Torah interdisant le retour en Egypte. C’est là encore un sujet pour lui-même.

Cela signifie que la sortie d’Egypte est irréversible. S’agit-il des voyages de tourisme dans l’Egypte contemporaine ? Et quid des communauté juives en Egypte depuis la destruction du temple ? Et même en particulier Maïmonide a été le grand rabbin d’Egypte en son temps ?  

 

Juste après la guerre j’ai reçu une lettre dans un français très fleuri du 18ème siècle de la communauté juive d’Alexandrie pour me demander d’être grand rabbin d’Alexandrie, je l’ai échappé belle. J’ai répondu - j’étais naïf à l’époque, je le suis resté un peu – que j’étais trop jeune à l’époque, mais je ne me rendais pas compte à quel point je l’ai échappé belle ! Grand rabbin d’Alexandrie, par les temps qui court !

Je devais remplacer un grand rabbin Ventura.

http://sefarad.org/diaspora/egypt/vie/egypt.php/id/17/

Il leur fallait quelqu’un parlant français, ashkénaze ou séfarade ce n’était pas important mais quelqu’un parlant français. Ils parlaient le français. Vous voyez, on rentre dans les mystères de la providence concernant l’histoire des nations. L’Egypte et le français quel rapport ?Je veux dire pour être rabbin, il fallait déjà parler l’hébreu, à l’époque on ne savait pas cela… Cela ne les préoccupait pas. A l’époque c’était très rare les rabbins qui parlaient hébreu…   

 

Retour au sujet : Le problème est sérieux. Est-ce que les Israéliens aujourd’hui ont le droit de faire du tourisme en Egypte ? C’est un autre problème. Est-ce qu’on a le droit de retourner en Espagne ? en Allemagne ? et finalement dans le monde entier ? C’est un problème de Halakhah qui s’étudie pour lui-même.

 

Mais à ce propos le Talmud enseigne que la sortie d’Egypte est irréversible : on ne revient pas en arrière. Vous voyez que J’ai changé de registre : Cela veut dire que la Midah - la qualité, la valeur, la vertu - que nos ancêtres ont acquis dans leurs épreuves du récit de la sortie d’Egypte est irréversible. Or, elle correspond à l’histoire d’Abraham.

 

Je vous rappelle quel est le thème :

Les 3 grands exils sont parrallèles à l’histoire des 3 patriarches :

Abraham, l’Egypte – Ist’haq, Babel – Jacob, Rome : les trois grandes civilisations que nous avons traversé.

 

Or nous avons là une indication importante c’est que l’acquis de la vertu d’Abraham est irréversible. Et que notre mise en jugement commence avec la Midah de Yits’haq. Il y a déjà là un commencement de réponse, formelle en tout cas.

 

Peut-on avancer ou avez-vous des questions là-dessus ?

Moi à votre place j’aurais milles questions ! Vous allez me dire qu’on n’a pas eu les mêmes professeurs….

 

Dans le contenu du problème, essayons de mieux comprendre plus loin en quoi le récit de la naissance d’Isaac, c’est « comme » la création du monde ? Tout le problème est dans ce « comme ».

 

Nous avons là un récit qui concerne l’histoire de l’humanité et nous comprenons comment, par rapport à ce que représente Rosh Hashanah pour nous, cela commence à la naissance d’Isaac et pas à la naissance d’Abraham.

 

Cela pourrait être enrichi de différentes manières : le thème central de ce que l’on peut trouver à ce sujet dans les explications traditionnelles c’est que l’acquis d’Abraham est irréversible.

 

Autre exemple : le Talmud dit [T.B. Moed Katan 25a]  :

Quelqu’un qui est cruel ne descend pas d’Abraham

Quelqu’un qui dans sa vie n’a pas cette Midah de ‘Hessed d’Abraham, le Talmud dit qu’il est évident qu’il ne descent pas d’Abraham. Cela veut dire que l’acquis de la vertu du ’Hessed d’Abraham est irréversible.

 

Je reprend le tableau de ce parrallèle :

A l’échelle individuelle, le problème vient de la question de savoir pourquoi Israël ne provient pas d’un seul fondateur mais de trois. Un fils de l’autre fils de l’autre. Un problème dont on est tellement familier que l’on ne voit pas la question elle-même. N’importe quelle nation va se réclamer du fondateur de la tradition : là nous en avons 3 !

 

Il y avait donc à l’échelle individuelle une mise à l’épreuve de l’équation d’identité pour arriver à l’identité Israël. Il y avait trois vertus dont il fallait faire la preuve. L’ordre est à la fois métaphysique, logique et historique :

 

ð   la vertu du Tsadik qu’avait été Abraham, et cela ne suffit pas pour être Israël,  

ð   puis celle du Tsadik qu’a été Ist’haq mais cela ne suffit pas encore mais il y a progrès pour être Israël,

ð   puis la vertu du Tsadik qu’a été Jacob pour arriver au fait que Jacob fils d’Isaac fils d’Abraham reçoive le nom Israël.

 

Cela s’est produit à l’échelle des Tsadikim fondateurs de notre identité à l’échelle individuelle. Et voilà que l’histoire d’Israël en tant que « Bnei Israël » va commencer. Et nous traversons un histoire dont la signification est parallèle, à l’échelle collective:

 

ð   Dans l’exil d’Egypte nous avons vécu l’histoire d’Abraham,

ð   Dans l’exil de Babel nous avons vécu l’histoire d’Isaac,

ð   Dans l’exil de Rome, qui s’achève de notre temps, nous vivons l’histoire de Jacob.

 

Nous avons été interpellés, en tant que société, de l’interpellation à laquelle ont répondu les 3 Avot successivement.

 

Dans ce vocabulaire nous retrouvons la proposition précédente : l’acquis de la vertu d’Abraham est irréversible, c’est parallèle à « on ne revient pas en Egypte ! »

 

Il nous reste à voir en quoi la naissance d’Isaac est « comme » la création.

Vous verrez comme d’habitude que la réponse est très simple. Il va rester de l’inexpliqué par manque de temps à travers la question posée : comment comprendre que davka à Rosh hashanah on devrait raconter l’histoire du monde et qu’on raconte l’histoire d’Israël ? C’est dans cette question globale que j’ai posée la question du Maharal : et si déjà, pourquoi pas commencer par Abraham ?

Je viens d’y répondre.

 

L’interpellation d’identité à l’échelle de la collectivité d’Israël est irréversible et a été acquise et justifiée irréversiblement à la sortie d’Egypte. D’où l’importance du commandement : on ne revient pas en Egypte. Au niveau touristique, c’est autre chose.  

 

La question est donc maintenant sur le fond de la correspondance. Et je vous ai donné comme indication le contenu de la Haftarah de Rosh Hashanah : La naissance de Shmouel et la prière de ‘Hannah.

 

Je vous rappelle le thème général :

Il y a un récit qui traverse tous les récits : les mères d’Israël ne peuvent pas enfanter avant d’enfanter. Sarah, Rivcah, ne peuvent pas enfanter avant d’enfanter, avec Léah c’est facile. Ensuite Ra’hel ne peut pas enfanter avant d’enfanter. Et on retrouve ce même récit avec ‘Hannah, mère de Shmouel. Chaque fois qu’il faut mettre au monde la mutation d’identité qui nous fait progresser dans les engendrements, dans les Toladot, il y a barrage, empêchement.

 

Et si nous prenons les choses à la racine, c’est un thème propre à la tradition hébraïque, inconnu ailleurs. Si j’avais le temps je vous montrerais ce que les Chrétiens ont fait de ce thème-là. Ce qu’ils appellent eux « la sainte table ».

 

Dès le début on s’aperçoit que la naissance d’Isaac est à priori impossible. Comme la création du monde. A ces deux niveaux, c’est la même impossibilité qu’il faut surmonter.

 

J’expliquerais très rapidement pour la création du monde elle-même et nous comprendrons la correspondance, le lien avec la naissance d’Isaac.

 

Je vous donne déjà le lien : puisqu’à priori c’est impossible, il faut le justifier. D’où la prépondérance de la Midat HaDin pour ces deux problèmes-là : création du monde et naissance de l’enfant. Et après on retombe sur les données de tout à l’heure : étant donné qu’Israël - au niveau Yts’haq - a fait la preuve qu’il était Tsadik par rapport à la Midat HaDin, c’est ce mérite-là dont on va se réclamer le jour du jugement à la commémoration de la création du monde.

Voilà, j’ai essayé de vous rendre la correspondance la plus simple possible. 

 

Comprenons-le d’abord pour la création du monde et on comprendra ensuite pour la naissance d’Isaac.

 

Pour la création du monde, ceux qui ont suivi le séminaire de l’année dernière sur la Kabalah ont déjà des indications, mais je rappelle le principe le plus simple concernant notre problème :

Si Dieu est, Il est tout, et il n’y a pas de place pour le monde, la création du monde est impossible. L’existence du monde est impossible. Ou alors comme pour certains philosophes qui n’ont pu résoudre le problème, c’est le monde qui est Dieu, et c’est plein de difficultés : c’est la perspective du panthéisme, ou du palenthéisme, c’est à peu près la même chose sauf que le mot un peu plus savant pour y inclure Spinoza.

 

[Puisqu’on en parle dans les milieux rabbiniques, on a jamais lu Spinoza qui fait trop philosophique. On a toujours dit « ben hakots » « le fils de l’épine ». Spinoza cela veut dire le fils de l’épine. La malédiction de la terre après la faute du 1er et du 2ème  homme : Gn. 3 :18 :

וְקוֹץ וְדַרְדַּר, תַּצְמִיחַ לָךְ

et la terre ne te donneras que des ronces et des épines : alors les rabbins y ont vu Spinoza, comme Ben Hakots...] 

 

Si Dieu est, il n’y a pas de place pour le monde.

Le mystère auquel veut répondre la Torah en commençant par dire :

בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ

Ce n’est pas un problème théologique. Ce n’est pas quelles conditions théoriques donner à l’idée de Dieu pour que Dieu existe,  ou quelles conditions théoriques donner à l’idée de l’homme pour que l’homme existe, mais c’est quelles conditions théoriques donner au monde pour que le monde existe. Ce qui préoccupe l’homme de la Torah ce n’est pas la théologie - l’existence de Dieu - dont il est sûr. Ce n’est pas la philosophie - l’existence de l’homme - c’est l’existence du monde. C’est cela qui fait problème et cela qui fait mystère. L’existence du monde est perçue par le Talmid ’Hakham, par l’homme de la Torah, comme impossible.

 

Parce que de deux choses l’une :

ð   soit le monde est le fantasme de notre perception et c’est l’homme qui existe,

ð   soit Dieu est et il n’y a pas de place pour le monde.

 

Donc, pour les raisons qui sont les Siennes, si Dieu qui est tout (le mot de « tout » me gène il faudrait dire l’Infini car le mot de « tout » renvoit à la totalité qui a une limite) l’infini, décide de créer un monde, il y a un problème insoluble à résoudre.

 

Dieu en tant que Créateur va contracter une alliance avec l’homme pour pouvoir faire exister le monde : lorsqu’il y a une alliance, c’est qu’il y a un ennemi commun. Ici, il ne s’agit pas d’ennemi mais d’une impossibilité commune à résoudre.

 

Dans le récit du Maasséh Bereshit pendant les 6 premiers jours, la Torah nous parle d’un monde où le seul sujet est Dieu, il n’y a pas d’homme. Ensuite Dieu cesse d’intervenir comme Créateur, et le 7ème jour commence : le sujet de l’histoire du monde c’est l’homme et Dieu se cache. Cela signifie que dans le monde de Dieu il n’y a pas de place pour l’homme: Si Dieu est il est tout.

 

Les rabbins du Midrash, surtout de la Kabalah, ont donné une image pour aider à comprendre cela: l’être de Dieu est l’être absolu: dans le soleil il n’y a pas de place pour une bougie. Dans l’être absolu, il n’y pas de place pour l’existence de la présence de l’homme qui serait brûlée, noyée, engloutie.

 

Pour la même raison, inverse mais analogue, dans le monde de l’homme, il n’y a pas de place pour Dieu: l’homme nait athée. On ne peut pas le reprocher aux Goyim. C’est le grand problème de savoir ce qu’il vaut mieux pour eux: être athées ou être idolâtres ? Parce que dès qu’ils ne sont pas athées, ils inventent des idoles ! Mais l’état naturel de l’homme, c’est donc d’être athée. Pour la même raison : là où se trouve la bougie, il n’y a pas de place pour le soleil. Dans le monde de l’homme, il n’y a pas de place pour Dieu !

 

Il y a par conséquent toute une stratégie du Créateur – les 6 jours puis le 7ème - par laquelle Dieu aménage un monde pour l’homme, pour ensuite,  je ne dirais non pas « s’en retirer » parce que trop de philosophies ont utilisé cela à mauvais escient, mais pour ensuite se cacher comme dit la Torah (« El mistater ») , il se cache et alors commence l’histoire du monde dont le sujet est l’homme.

 

Et le problème qui est l’objet de l’alliance entre le Créateur et l’homme (suivant la terminologie de André Neher), c’est d’arriver à construire un monde où l’homme et Dieu puissent être présent ensemble.

 

Et on n’a pas fini, dans cette alliance, de résoudre la difficulté : cela s’appelle en hébreu la sainteté. C’est-à-dire qu’il n’y a que dans la sainteté que l’homme et Dieu puissent être présents.

Vous voyez que ce thème est en plein dans le problème des Yamim Noraïm.

 

Donc, pendant les six 1er jours Dieu est seul dans le monde qu’il commence à aménager pour que l’homme puisse l’habiter. Dès que l’homme entre dans l’histoire du monde, Dieu se cache ; et alors commence l’histoire du monde dont le sujet est l’homme. Cela commence au chapitre 2 verset 4 de la Genèse :

אֵלֶּה תוֹלְדוֹת הַשָּׁמַיִם וְהָאָרֶץ, בְּהִבָּרְאָם:  בְּיוֹם, עֲשׂוֹת יְהוָה אֱלֹהִים--אֶרֶץ וְשָׁמָיִם

Eleh toldot shamayaim vaarets behibaream...

 

C’est l’histoire du monde où l’homme est sujet et où Dieu s’est caché. Et comme disait le rav Kouk, de temps en temps il y a un clin d’oeil, incognito, pour dire : « Je suis là », « Je veille » (en français « Je surveille » c’est relié au Yom Hadin).

 

 

 

.../...

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