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13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 11:39

Premier Jour de Roch Hashana : engendrement et jugement

 

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/roch_hachana_premier_jour_des_engendrements_et_jugement/cours_1

Durée : 43,9 minutes
Face A

[ Inversion des cours sur Toumanitou ! Cela commence a la Face B et poursuit sur Face A ]

 

…/…

la racine Bara même en araméen cette langue la plus proche de l’hébreu, cette racine existe et elle ne signifie pas créer, elle signifie « mettre en dehors », alors qu’en hébreu elle signifie « créer à partir du néant ». Il y a une analogie, au niveau de l’imagerie intellectuelle même, entre « mettre en dehors » et « faire exister » : ek-sistere en latin signifie « situer à l’extérieur » : j’existe en tant que j’existe hors de quelqu’un d’autre. C’est ce que véhicule la notion latine « d’existence » qui est différente de la notion « être ».

 

Il n’en reste pas moins que nous sommes en présence, pour la pensée humaine livrée à ses propres forces, d’une impossibilité. Pour la pensée rationnelle et la pensée humaine, c’est d’abord la sécurité des lois de la raison. Ceci dit, il y a d’autres cohérences que celle de la pensée rationnelle, et cela peut être de la pensée vraie. Mais en tout cas pour la pensée rationelle, la notion de commencement ne fait pas partie de la pensée humaine. Parce que la notion de commencement prise au sérieux, c’est celle du commencement de, apparaître à partir de rien : il n’y avait rien et il y a. Yesh Méayin en hébreu. Ayin= il n’y a rien. Yesh= il y a. Mais C’est une notion à laquelle nous sommes familiers par l’éducation biblique, mais au point qu’on a oublié que ce n’est pas une notion rationnelle.

 

Il y a un autre mystère, c’est celui de la naissance d’un enfant, et c’est un mystère beaucoup plus grand. Dans l’apparence, c’est un corps qui a engendré un corps avec la collaboration d’un autre corps. Mais en réalité, c’est une apparition, à partir d’un néant absolu, d’un être différent !

Ceux qui ont eu des enfants le savent:  la venue d’un enfant au monde, c’est un monde qui vient au monde ! Il est là et n’a rien à voir dans sa vie intérieur qui est son « jardin secret » comme disent les poètes, avec les corps qui lui ont donné naissance. C’est pourquoi la Torah prévoit un respect des parents. Parce que c’est grâce aux corps des parents que l’âme de l’enfant est venue au monde.

 

D’ailleurs, ce mot de respect enveloppe toute une série de lois et de prescriptions de la Halakha à ce sujet, mais la base c’est de respecter le corps des parents. Il y a une expression très familière aux rabbins. On respecte quelqu’un en respectant premièrement son corps car c’est grâce au corps qu’il y a une présence. Ce à quoi je fais allusion, ce qu’en termes simples on appelle l’âme de la personne qui apparait à la naissance, c’est la présence de quelqu’un qui est autre et n’a rien à voir avec ceux qui lui ont donné naissance au niveau corporel.

 

C’est pourquoi la Guémara va dire : à chaque naissance trois associés : le père, la mère et Dieu lui-même. Le père et la mère ont fait les corps et c’est Dieu qui donne la présence.

Or, bien sûr qu’il y a un lien. On dira à la limite, je schématise beaucoup car tous les cas particuliers sont possibles, dans l’apparence en tout cas : pas n’importe quelle âme ne vient dans n’importe quel corps. Effectivement, le corps est le véhicule de la présence de l’âme et donc le corps va conditionner à postériori la manière de la présence de cette âme au monde.

Donc dans tous les cas c’est très lié mais pour le comprendre je distingue ces notions. La naissance d’un enfant est autant mystérieuse que la création du monde. Voilà, c’est la première réponse à un niveau formel.

 

Pour relier ces deux notions, je dirais très rapidement : en fait le jour de Rosh Hashanah désigne le jour de la commémoration de la création du monde, mais il faut préciser qu’en fait, il commémore le 6ème jour de la création du monde.

 

L’homme apparait au 6ème jour du récit qu’on appelle le récit de la création.

Et la liturgie de Rosh Hashanah (vous le verrez surtout à Moussaf dans le passage que je vais vous citer) ne dit pas que Rosh Hashanah est Hayom Briat HaOlam mais Hayom harat olam - Jour de la naissance du monde.

 

Le 6ème jour du récit de la création du monde, c’est la création de l’homme.

 

Essayer de bien relier ces deux notions : En fait le jour de Rosh hashanah, dans beaucoup d’expressions traditionnelles, l’histoire du monde commence avec le 1er homme. Ce qu’il y a avant c’est la préhistoire du monde de l’homme.

 

Je voudrais arriver à formuler le lien entre ces deux notions de création de l’homme et création du monde. Il s’agit de la création du monde de l’homme qui n’apparait qu’avec l’homme.

 

Pour donner une explication formelle :

S’il n’y a pas de conscience humaine pour percevoir le monde extérieure, le monde extérieur a une toute autre manière d’exister qu’il a dans notre représentation, tellement autre que par rapport à notre propre représentation c’est un néant.

Un événement du monde extérieur qui n’est pas perçu par une conscience, à travers les catégories de la conscience que sont l’espace et le temps (et nous devons cette analyse en particulier à Kant – on ne peut pas penser ce problème comme on le pensait avant, en tout cas dans le monde philosophique)  le monde extérieur que nous nous représentons, n’est ce qu’il est, que perçu par une conscience humaine. Donc, cette référence au 1er jour du monde, c’est la référence au 1er jour du monde de l’homme. Or, le monde apparait le 6ème jour du récit.  

 

Il y a une indication dans la liturgie ashkénaze: les Seli’hot sont lues à partir du 25 Eloul. Et à partir du 1er Eloul dans le rite Séfarade. Cela se réfère au verset : « Yéhi Or qu’il y ait lumière », et Yéhi a pour valeur numérique 25.

 

Et donc la 1ère réponse à notre question :

Pourquoi est-ce le récit de la naissance d’Isaac qui est relié au commencement du monde ?

C’est parce que c’est le commencement de l’histoire d’Israël dans le récit dévoilé tel que nous l’avons dans la naissance d’Isaac et pas celle d’Abraham qui d’une certaine manière représente la fin de la préhistoire d’Israël. Et l’histoire d’Israël va vraiment commencer avec la naissance d’Isaac d’après cette analogie qui fait que l’événement lui-même est de même nature : La naissance d’un enfant est toujours un mystère quelque soit l’enfant, nous l’apprenons de la aissance d’Isaac.

 

Il y a une telle prodigalité de ce miracle de la naissance de l’enfant dans l’histoire des hommes, que l’on a perdu la familiarité avec ce miracle en tant que miracle. On le perçoit de nouveau quand il y a impossibilité d’avoir un enfant. Alors on se rend compte à quel point avoir un enfant est un miracle.

 

Une telle prodigalité du miracle empêche de voir le miracle du miracle : c’est ce fameux thème du petit prince que je vous cite souvent :  dans le chapitre où il parle d’une planète où il y a une seule rose : on sait ce qu’est une rose ! La prodigalité de la valeur masque la valeur. (La rareté en fait la valeur) Mais chaque valeur est singulière.

Chaque rose est en fait unique et seule, dans l’expérience que l’on en a.

 

Le Midrash met en lumière le fait que chaque naissance quelqu’elle soit est aussi miraculeuse que la naissance d’Isaac. Or, on sait très bien que la naissance d’Isaac est la naissance d’un enfant qui ne pouvait pas naître. C’est cette promesse donnée à Abraham, et la foi biblique commence dans la foi d’Abraham, que cette promesse qu’il aurait un enfant s’accomplira. C’est-à-dire qu’une préhistoire aboutissant à la stérilité absolue s’entend dire le commencement de fécondité, et Isaac se fait attendre, et ce n’est qu’en fin de compte qu’il y a possibilité pour Abraham et Sarah d’enfanter Isaac. C’est là que l’histoire des engendrements d’Israël commence. Par définition, puisque Isaac est le 1er fils de l’homme, l’homme étant Abraham. Et c’est l’histoire du fils de l’homme qui commence avec Isaac.

 

Q : On est passé de la création de l’homme en général, de l’humanité, à celle d’Israël ?

R : Il s’agit de l’histoire d’Israël qui surgit du dedans de l’humanité. L’histoire de l’homme ne va prendre sa signification messianique qu’à partir de la naissance d’Isaac. Et dès ce moment même, l’histoire de l’homme depuis l’origine du 1er homme va se transformer en préhistoire de l’histoire du fils de l’homme. Et il s’agit de l’histoire du fils de l’homme qui nous est racontée en tant que préface à la Torah comme Loi. Tout ce qui nous est raconté avant la naissance d’Isaac, au niveau du problème qui s’est posé à nous parce qu’il y a d’autres seuils, devient préhistoire dès la naissance d’Isaac… En fait le seuil important ce sera le Rosh Hashana de Pessa’h à la sortie d’Egypte. C’est à la sortie d’Egypte que la descendance des Patriarches devient la nation d’Israël à qui la révélation est faite. Mais cette identité de la nation d’Israël, à qui la révélation sera faite, se prépare dans les  engendrements de la famille des Patriarches, lesquels engendrements ne commencent qu’avec la naissance d’Isaac. Je vais vous donner tout de suite une référence dans le texte.

 

Parashat Noa’h :

 

A la naissance de Noa’h au chapitre 6 verset 9

Il nous est d’abord décrit l’histoire des 10 premières générations humaines depuis Bereshit jusqu’à ce verset 9 du chapitre 6. La naissance de Noa’h

Il y a une première tentative de l’histoire humaine qui aboutit à l’échec total. Le déluge. C’est vraiment effacé. Il y a un rescapé Noa’h qui va commencer les engendrements de l’identité humaine.

 

Dès que nous percevons l’histoire de l’homme dans la perspective des engendrements, cela nous renvoie à un sujet très important : c’est que l’histoire de l’homme n’a de signification qu’en vue de la mise au monde du « fils de l’homme ». En hébreu c’est le même mot qui dit « histoire » et « engendrements », le terme Toldot. On est très familier à cela que l’histoire de la bible c’est un récit de généalogies.

 

Il y une modification de l’identité humaine depuis le 1er homme jusqu’à la réalisation de cet objectif qui est l’objectif messianique de l’homme réussi, l’homme vivable, qui sera l’homme vivant.

 

Tout ce passe comme si la perspective de ce récit nous montre que toute l’histoire de l’humanité est un effort d’engendrer l’homme pour qui le monde a voulu être créé et que le texte du récit appelle le « fils de l’homme » : l’histoire de l’humanité, c’est l’histoire de l’engendrement du fils de l’homme.

C’est pour le fils de l’homme que le monde a été créé. Si c’était pour l’homme que le monde avait été créé c’est un échec. Or, il est bien évident que dans la cohérence biblique il ne s’agit pas d’échec.

 

Je veux dire que l’homme nous apparait dans son histoire comme absolument inapproprié à la réalité qui est celle de ce monde.

 

Si le monde de l’homme c’est le dernier mot de la création alors c’est un échec. Parce qu’il y a le problème posé à l’histoire humaine : la coexistence des individus, la coexistence des frères. C’est le problème de l’histoire humaine qui n’a pas de solution. Le récit biblique est le récit des différentes  tentatives de résoudre le problème de l’équation de la fraternité. On voit qu’il n’a pas de solution.

 

Par conséquent, dès le début on a l’intuition profonde que toute l’histoire de l’humanité est une sorte d’histoire d’une matrice d’engendrement du fils de l’homme. C’est donc pour le fils de l’homme que Dieu a voulu créer le monde.

 

Je me branche-là sur la signification de cette expression de « fils de l’homme » telle qu’elle est chez les prophètes hébreux, en particulier Ezéchiel, car dans la catégorie chrétienne elle a un tout autre sens.

 

Ceci dit, les récits bibliques de la Torah nous révèlent que cette matrice d’engendrement du fils de l’homme, c’est l’identité Knesset Israël, c’est la nation d’Israël, qui en est la matrice d’engendrement du fils de l’homme. Chose qui est reconnue par la théologie chrétienne elle-même. (Si les Juifs n’en était pas convaincu, Dieu a créé les Chrétiens pour les en convaincre).

 

On va s’apercevoir que les engendrements vraiment, qui s’appellent Toladot, commencent avec Isaac. La preuve : Gn. verset 9 chapitre 6.

On a fini avec l’humanité d’avant le déluge par un échec et cela recommence :

 

6 :9 « Et voici les engendrements de No’ah. Noa’h homme juste et intégre dans ses générations et il se conduisait avec Dieu. »

 

Pourquoi la tradition n’a-t’elle pas nommé cette Parashah Toldot mais No’ah ?

 

Il va falloir attendre Isaac pour qu’une Parashah soit nommée Toldot, engendrements. Et c’est là une règle : la tradition va toujours donner comme nom d’une Sidra le 1er mot important du verset. Or, le 1er mot important du verset ici c’est Toldot ?

 

Une lecture inspirée par un des commentateurs du Zohar : c’est parce que dans la lignée de Noa’h, il n’y a pas vraiment Toldot dans le sens plein, c’est-à-dire modification positive d’identité qui fait passer d’une étape à l’autre, de l’identité père à l’identité fils. Il y a une sorte de répétition par copie conforme. Il faudra attendre la famille d’Abraham pour que les Toldot soit vraiment des Toldot.

 

Qohelet - l’Ecclésiaste : « rien de nouveau sous le soleil ». Cela veut dire que tout se répète, dans des formes tellement différentes que cela nous trompe, mais tout se répète. C’est cette espèce de pessimisme apparent du temps selon Qohelet - Ecclésiaste 1:9 :

וְאֵין כָּל-חָדָשׁ, תַּחַת הַשָּׁמֶשׁ   - eïn ‘hadash ta’hat hashemesh - rien de nouveau sous le soleil.

Or, c’est cela l’histoire universelle.

 

Il y a 2 auteurs (Oscar Spengler – Arnold Toynbee) que j’ai étudié qui ont mis cela en évidence qu’il y a des grandes structures dans l’histoire des civilisations qui se répètent sous des formes phénoménologiques différentes, mais le fait de civilisation est le même. Le développement des civilisations passent par tous les âges quelle que soit la civilisation considérée.

Celle de Babel l’a connu, celle des Perses l’a connu, celle du Niger l’a connu. J’ai étudié la chevalerie chez les Nigériens et cela ressemble étrangement à la chevalerie européenne, surtout française que je connais mieux (le roman de la rose).

 

אֵלֶּה, תּוֹלְדֹת נֹחַ--נֹחַ

Eleh Toldot Noa’h Noa’h 

Voici les engendrements de Noah: Noah.

 

Un fils de Noa’h sort d’une machine à photocopier qui s’appelle Noa’h…

Il y a répétition à l’identique : « rien de nouveau sous le soleil ! ». Le temps fait du surplace. Dans une espèce de kaleidoscope de formes diverses et avariées , mais finalement c’est la même chose.

Le Midrash sur ce verset de Qohelet dit « rien de nouveau sous le soleil, mais sous la lune oui ».

Et vous connaissez le Midrash qui compare le temps des Goyim au temps solaire et le temps d’Israël au temps lunaire. Le temps des Goyim est le temps de l’année solaire où il y a des choses autres mais qui sont mêmes.

 

Les deux auteurs auxquels je faisait allusion sont Oscar Spengler et Arnold Toynbee, l’un allemand et l’autre anglais, mais ils ont sur ce problème à peu près la même thèse des structures de développement d’une civilisation.

« Rien de nouveau sous le soleil », d’après le Midrash cité cela signifie alors : il se passe rien chez les Goyim, cela recommence et c’est toujours la même chose. Tandis que le ‘Hidoush - le renouvellement - les Toladot, cela se passe sous le signe de la lune. Et vous savez d’ailleurs que les jours de la fécondité féminine sont comptés par la lune et non pas par le soleil, tout le monde connait la correspondance.

 

***

 

Retour au sujet :

 

C’est la raison pour laquelle l’histoire du fils de l’homme commence à Isaac. Mais il s’agit bien du fils de l’homme.

 

La seule identité qui peut s’acquérir c’est l’identité juive : elle est universelle. Un homme ne devient jamais un autre homme, sauf les Goyim quand ils deviennent juifs. C’est le seul cas. Etudiez bien le problème et voyez qu’il n’y en n’a pas d’autre.

 

Q. un français qui va en Amérique et devient américain ?

R : C’est un français de citoyenneté américaine. Ces descendants sont des américains d’origine française, mais un français toute sa vie reste français même quand il est citoyen américain. Tandis que dès qu’un Goy devient juif, il est juif, le jour même, en sortant de la Tévilah.

Talmud: « au sortir de la Tévila, le Goy est juif à part entière ».

Parmi l’universel humain, il n’y a qu’une seule identité qui est universelle, qui est le véhicule d’une identité unique. La preuve très paradoxale c’est l’exil : les Juifs ont prouvé dans l’exil qu’un hébreu peut être n’importe quel être à la fois. Un juif peut être français, mais aussi allemand…etc. Croyez vous qu’un français puisse être allemand et un allemand être français ? Mais un juif peut être où l’un ou l’autre. A multiplier par toutes les manières d’être non-juifs, toutes honorables par ailleurs.

Les Juifs français croient que la seule manière d’être juif c’est d’être juif-français… Dès qu’on leur parle d’un juif non-français, ils ont un regard de pitié… : « comment est-ce possible ? » « Comment peut-on être persan ? »

Je peux vous le dire d’expérience car en tant que juif de l’exil, je l’ai vécu cela en tant que juif de l’exil en Algérie. la première fois que j’ai appris qu’il y avait des Juifs qui n’étaient pas français ma réaction a été de dire : « les pauvres ! ». Comment est-ce possible de ne pas être français. Nous on était « froncés » jusqu’aux sourcils !  C’est ainsi que l’on parlait là-bas…

 

***

 

Q : Isaac est un enfant qui ne doit pas naître, tout comme Adam harishone selon le Midrash, c’est l’opposition des anges...

R :  Oui, pas seulement pour le Midrash, c’est la même chose. Ta question aurait dû être préalable à la question précédente, tu rejoins. Et Adam a été créé comme père du fils de l’homme.

 

Q : Y a t’il un parallèle entre les engendrements de Adam Harishone et ceux d’Abraham ?

R : On verra ce thème avec les enfants d’Isaac. Il y a une 1ère tentative de l’histoire humaine qui a échoué, et donc il est normal que l’on trouve les structures de la tentative des engendrements dans un certain parallélisme. On le trouve tout d’abord entre la lignée de Caïn et la lignée de Shet. Ensuite, cette structure profonde se retrouve dans la famille d’Abraham.

Le récit biblique commence avec un pessimisme énorme. C’est un récit d’échec successifs qui mènent à des catastrophes successives. Etant le message prophétique de l’espérance humaine comment comprendre que la Bible commence par nous asséner de manière massive et froide, imperturbable, un récit d’un tel pessimisme où tout échoue ?

Le récit de l’histoire humaine : de la première période jusqu’au déluge, on ne se rend pas compte à quel point c’est froid comme impression ! La Torah qui va être le véhicule d’une message d’espérance commence par de tels récits d’échecs et de catastrophes ? On ne se rend pas compte ce pessimisme absolu. Tout est bouché. Chaque équation qu’il faut résoudre aboutit à une catastrophe.

 

Dans ce récit du pessimisme universel, il y a un récit d’optimisme d’espérance qui commence avec Abraham. Un récit dans le récit où les mêmes situations sont reprises dans la perspective d’une espérance de solution. Dans le récit de l’histoire universelle le frère tue le frère. C’est l’histoire universelle où Caïn tue Abel de façon sempiternelle. Cf. toutes ces réunions mondiales pour la paix et que la seule qui les intéresse c’est la nôtre ?

 

Dans la famille d’Abraham l’histoire va commencer lorsqu’on est sûr que le frère ne tue plus le frère. C’est l’amour de Joseph et ses frères. C’est là que Bereshit s’arrête et que l’histoire va commencer. Joseph est un 1er fils aîné qui aime ses frères, alors on a réussi à résoudre le problème Caïn-Abel.

 

Il est donc normal de retrouver les mêmes structures de l’équation de l’identité humaine dans les différentes généalogies. 13 fois dans tout le Miqra, le mot de Toladot qui signifie l’histoire est employé. Il n’est écrit en toutes lettres (avec deux Vav) que 2 fois. La première occurence se trouve en « Eleh Toldot Shamayim Vaarets Béhibaréam », et le dernière qui se trouve dans le livre de Ruth pour annoncer les engendrements de David à partir de Ruth. Dans toutes les autres étapes intermédiaires le mot de Toladot est écrit « ’Hasser - défectif » avec un des Vavim manquant. Pour tous les autres engendrements, il manque un Vav. Il y a un cas particulier ce sont les engendrement de Ishmaël où il manque les deux Vavim, c’est « ‘hasser  vé’hasser », doublement défectif pour indiquer la stérilité absolue. C’est des copies conformes, pur et simple. C’est la bénédiction du nombre. (Très schématiquement, la quantité sans la qualité). La théologie musulmane ne connait pas (et la rejette totalement) la notion de « l’évolution créatrice » pour employer les termes de Bergson, l’idée qu’il se passe quelque chose dans la durée. C’est complétement évacué de la pensée de l’islam : la durée n’a pas de sens, l’histoire n’a pas de sens.

Chez les Grecs on trouve la Ma’hloqet (controverse) entre les deux tendances Héraclite et Démocrite. L’un qui tient compte de la durée et l’autre qui évacue la durée. C’est un controverse dans toutes les traditions philosophiques. Il y a toujours une tradition existentielle pour laquelle la durée est importante, il se passe quelque chose dans l’histoire et une autre qui évacue complétement la durée. 

 

***

 

Deuxième manière de percevoir cette question :

Pourquoi commence-t’on à l’histoire d’Isaac ? et pas à l’histoire de la création du monde donc de l’homme ?

 

Nous allons réfléchir sur un des points de l’analyse : Pour quelles raisons la naissance d’Isaac est-elle si difficile ?

 

ð   Il y a d’abord ce thème d’une stérilité d’une préhistoire antérieure à laquelle est annoncée un message d’espérance de fécondité. C’est lorsque Abraham - qui fait encore partie de cette histoire d’avant les Patriarches d’Israël – il en est la transition – dans la Guémara la question se pose de savoir si Abraham était un Ben Noa’h ou déjà Israël (c’est un sujet important que je me borne à vous signaler) – lorsque Abraham se connaissant comme fin d’histoire, aboutissant à une stérilité absolue,  quand il y a épuisement de « l’élan vital » (Bergson encore), lorsqu’Abraham est capable d’entendre et d’intégrer ce message, la Bessorah, l’annonce qu’il sera fécond, qu’il engendrera et qu’il s’appelle Abraham. C’est la foi biblique qui commence.

 

ð   Il y a un 2ème niveau de lecture qui est important – je m’appuie ici sur les catégories du Midrash - nous avons 3 Patriarches. Pourquoi l’identité d’Israël ne commence-t’elle pas par un profil d’identité comme dans toutes les traditions mais par 3 ? C’est encore un sujet pour lui-même. On apprend que ces trois justes Tsadikim, Abraham, Isaac et Jacob ne sont pas des sosies, des copies conformes. L’un est le fils de l’autre dans le sens des engendrements. Il se passe quelque chose entre chacune de ces 3 identités : Abraham, Isaac et Jacob.

 

Au niveau des vertus fondamentales de l’identité du juste, il y a trois vertus fondamentales très différentes qu’il est nécessaire d’unifier et de faire converger pour que l’identité d’Israël apparaisse.

Israël est fils de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham.

 

Fils d’Abraham ce sont les fils d’Abraham. Fils d’Isaac, ce sont les fils d’Isaac. Fils de Jacob ce sont les fils de Jacob. Ce sont trois identités importantes dans l’histoire du monde. Mais Israël c’est fils de Jacob, fils de Isaac, fils d’Abraham. Les trois à la fois ! C’est pourquoi c’est finalement une identité surhumaine.

 

Prises séparément se sont trois identités importante dans l’histoire du monde, mais Israël unifie les trois à la fois. C‘est presque une identité surhumaine finalement. Disons « humaine plus ». L’humanité a passé son son temps à nous rendre sous-humain, ce n’est pas pour rien…

 

La vertu dominante d’Abraham en tant que Tsadik et d’Isaac en tant que Tsadik sont opposées.

La vertu dominante d’Abraham c’est Midat ha’Hessed, la grâce absolue dans le sens théologique, la Bonté absolue, l’altruisme absolue. Alors que la vertu dominante d’Isaac, c’est Midat HaDin la Justice stricte. Son histoire est celle de la mise à l’épreuve selon la justice.

 

Je le dis en 4 phrases mais c’est le sujet du 2ème chapitre que l’on lit le 2ème jour de Rosh hashanah. Il ne pouvait pas naître, il est né, il devait mourir et il n’est pas mort. C’est l’histoire de son épreuve. Il est exemplaire d’ailleurs que comme pour tout individu dans l’histoire du monde Isaac est au centre des 2 patriarches du commencement des engendrements et de l’achèvement des engendrements.

 

Isaac est le fils du père et le père du fils. Mais lui qui est-il ?     

 

Tout un chacun dans l’histoire du monde c’est d’abord Isaac !

 

Alors la destinée de l’individu pour lui-même (c’est intentionnellement que j’emploie le terme d’individu et non celui de personne) est exemplaire chez Isaac. Il a cette vertu d’être capable de mériter le droit d’être, en payant le vrai prix de ce qu’il a reçu en don, son être. Il n’y a qu’un seul vrai prix de cet être que j’ai reçu en don, c’est cet être lui-même ! Quand il est capable de le rendre, il s’acquiert ! C’est au moment où il est capable de rendre son être que Dieu lui dit : c’est à toi ! Et il dit à Abraham : ne le touche pas ! C’est cela l’épreuve !

 

Donc Its’haq a vécu l’intimité de la Midat HaDin. Il est le Tsadik de la Midat HaDin. Il est capable de la Midat hadin (vertu de rigueur et justice stricte).

 

Il a reçu l’être en don et pour que ce don lui soit confirmé comme lui appartenant vraiment – c’est le sens de l’histoire de notre destinée sur terre : acquérir le droit d’être – il faut le payer. Mais à quel prix ? Il n’y a pas d’autre prix que cet être lui-même ! Il n’y a pas d’autre monnaie que « moi » pour payer « moi ». Alors, dès qu’il est prêt à en payer la prix, cela s’acquiert. Vous voyez pourquoi pour Isaac ce n’est pas une épreuve parce que c’est sa vertu d’être Isaac.

 

Par contre, pour Abraham c’est une véritable épreuve parce qu’il est le Tsadik de la Midat ha’Hessed. Il est généreux par excellence, et on lui demande d’être le plus terrible qui soit du point de vue de la rigueur : sacrifier son fils !

 

Regardez ce récit : Dieu après tellement d’efforts pour Abraham finit par faire croire à Abraham qu’il aura un enfant et dès qu’il l’obtient, Il lui dit « rend le moi ! » ? 

On ne se rend jamais compte de ce qu’on lit quand on lit ce qu’on lit ! Le Midrash le met en évidence. D’où la stupéfaction d’Abraham mise en évidence par le Midrash : « l’enfant de la promesse, Tu veux que je Te le rende ? » A quoi joue le monde ?

 

On est tellement imprégné de la mentalité de la culture chrétienne qu’on parle du sacrifice d’Isaac comme s’il avait eu lieu ! Il faut s’en dégager. L’essentiel du message de ce récit c’est justement de nous apprendre que ce sacrifice n’a pas eu lieu. Et on le lit comme s’il avait lieu…

 

Je veux mettre en évidence la différence d’identité entre Abraham et Isaac.

Qu’Abraham engendre un autre Abraham c’est facile. Engendrer Isaac c’est difficile ! Que le Tsadik selon Abraham engendre le Tsadik selon Isaac, c’est cette mutation-là qui est la difficulté. Que la miséricorde absolue engendre la rigueur absolue c’est cela la difficulté.

 

Pour Abraham, engendrer Ishmaël est très facile, il lui suffit de poser le regard sur Hagar...

Abraham est capable de faire un Ichmaël. La bénédiction d’Ichmaël c’est le nombre effarant. Rendez-vous compte à quel point le monde manque d’humour : il présente Israël comme le tortionnaire d’une minorité humaine : le monde arabe ! Manque d’humour total. Et finalement, derrière le monde arabe, tous les musulmans et tous leurs alliés. C’est-à-dire le monde entier : Israël tortionnaire du monde entier…

 

Créer le monde c’est le même thème : créer le monde c’est la miséricorde absolue, c’est-à-dire donner l’être. Le ‘Hessed absolu c’est mettre au monde, faire exister l’autre. La création c’est un acte de ’Hessed absolu. Et ce qui est créé, c’est le monde qui est soumis à la loi de détermination la plus rigoureuse que l’on appelle la loi de la nature.

 

La création du monde c’est la Midat ha ‘Hessed qui créé la Midat HaDin (qui est la Midah de ce monde-ci). Isaac est le Tsadik de ce monde-ci par excellence. Il est le Tsadik de la Midat HaDin. C’est le même thème.  

 

***

Le bon Dieu en a marre de la terre, il convoque Bush, Gorbatchov et Shamir : « la terre j’en peux plus dans 10 jours, Teshouvah ou c’est fini ! ».

Bush convoque son peuple : j’ai deux nouvelles à vous annoncer une bonne et une mauvaise :

Premièrement, Dieu existe mais deuxièmement, dans 10 jours c’est fini parce que vous ne ferez jamais Teshouvah !

Gorbatchov convoque son peuple : j’ai 2 mauvaises nouvelles à vous annoncer : 1- Dieu existe et 2- dans 10 jours plus de terre ! 

Shamir convoque son peuple : j’ai 2 excellentes nouvelles : 1-Dieu existe, on le savait et 2- dans 10 jours il n’y a plus d’Intifada...

 

< fin >

*****

 

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13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 11:37

 

 

Premier Jour de Roch Hashana : engendrement et jugement

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/roch_hachana_premier_jour_des_engendrements_et_jugement/cours_1

Durée : 47,3 minutes
Face B

[ Inversion des cours sur Toumanitou : Début Face B – Suite Face A ]

 

Parashah de Rosh hashanah :

La Parashah de la semaine c’est la Parashah de Rosh Hashanah. Comme vous le savez nous avons 2 jours de suite: 1er jour au Chapitre 21 de Bereshit, et le 2ème jour au Chapitre 22 du livre de Bereshit.

Je vous énumère rapidement les sujets des différents chapitres et je diviserais l’étude en 2 parties : 

 

D’abord une introduction sur la question de savoir pourquoi la tradition a choisi le thème de la naissance d’Isaac et le récit de ce qu’on appelle faussement le récit du « sacrifice d’Isaac » et non pas le commencement de la Torah. Puisque Rosh Hashanah est le commencement de l’année et que l’événement historique qui est commémoré c’est la Création du monde, on pourrait s’attendre à priori que la tradition ait choisi comme lecture du commencement de l’année, le commencement du livre de Béréshit ? Or, comme vous le savez, on ne recommencera à lire le début de la Torah à partir de Bereshit qu’à partir de Sim’hat Torah, c’est-à-dire le dernier jour des fêtes de Tishri, le lendemain de la fin de la fête de Soukot. 

 

Pour le temps restant j’étudierais avec vous les thèmes que vous choisirez dans ces 5 thèmes que je vais vous énumérer à partir du chapitre 21 :

 

1-       le récit de la naissance d’Isaac et le conflit avec Ishmaël. La séparation d’Ishmaël de la maison paternelle : on apprend entretemps la naissance d’Ishmaël qui est agé de 13 ans au moment de la naissance d’Isaac. Tout se passe comme si la circoncision d’Ishmaël a lieu à l’âge de Bar-Mitsvah pour Its’haq alors que la circoncision de Isaac a eu lieu à 8 jours. Il y a là un thème qui a été étudié, formulable ainsi de façon rapide: il y a une situation d’identité de préhistoire par rapport à l’identité Yits’haq en tant que descendance d’Avraham. En fait, il faut de suite le préciser : Ishmaël n’est pas le fils d’Avraham mais le fils d’Avram qui est à un autre stade d’identité que Abraham et ce n’est qu’à postériori que la Torah le reconnaitra comme fils d’Abraham, après ce que la Torah appelle la Teshouvah d’Ishmaël par rapport à Yits’haq. Le conflit entre les deux identités commence dès la naissance de Yits’haq et ne s’est pas encore achevé puisque nous vivons en plein les péripéties de la fin. Mais la Torah prévoit qu’il y aura un achèvement à un certain moment du développement de l’histoire des rapports entre Ishmaël et Yits’haq - voyez à quel point c’est très important pour notre histoire générale mais surtout pour l’histoire des générations contemporaines - par une Teshouvah de Yishmaël par rapport à Yits’haq.  

 

2-       Le récit du conflit entre Abimelekh roi de Philistée et Abraham. La Philistée est grosso modo le territoire de Gaza – Azah en hébreu. On a des problèmes avec cela depuis l’origine des temps. Il faut bien comprendre pourquoi c’est situé précisément à l’endroit où c’est situé dans l’enchainement des enseignements de ce récit: premièrement naissance d’Isaac et conflit avec Ishmaël, et immédiatement après la séparation d’Ishmaël d’avec Its’haq, intervention de Abimelekh qui réclame la possession de la terre promise à Israël ? Remarquez encore une fois de plus à travers le temps et un si long temps, le parallèle entre les événements du commencement et les événements de la suite des temps jusqu’à nous. Le véritable conflit sur la terre d’Israël nous l’avons avec la Jordanie puisque la terre d’Israël est censée comprendre la Jordanie. Et s’il y a une solution d’ailleurs il faudra en tenir compte. Je crois que la réalité de l’histoire a une providence qui lui est propre et qui tient toujours compte de la réalité de l’histoire. Mais malgré tout, il est bien évident qu’il n’y a eu que de très rares moments dans toute l’histoire, histoire contemporaine comprise, où ce territoire de la Philistée  - le territoire de Gaza -  Azah - a pu être libéré par Israël, et comme vous le savez, il est un des foyers du problème.

 

3-       Ensuite, il y a la Aqédat Its’haq traduit par le « sacrifice d’Isaac » mais qu’on ne peut appeller ainsi parce que le sacrifice n’a pas eu lieu. C’est important à signaler parce qu’il y a trop de bons esprits qui ont tendance à faire un parallèle entre ce récit de cet épisode de la Bible et la Shoah, en prenant pour modèle de la Shoah un sacrifice d’Isaac qui aurait été accompli. Vous pressentez qu’il n’y a aucune base à ce parallèle sortant de mentalités que je préfère ne pas qualifier, mais malheureusement, tant chez les non-Juifs que chez les Juifs eux-mêmes, il y a une sorte de tendance à établir ce parallèle qui est faux dans l’essentiel et dans toutes ces implication. C’est extrêmement dangeureux.

 

4-       Après la fin de ce récit de la Aqédat Its’haq on s’aperçoit que l’épreuve n’était pas pour Isaac mais pour Abraham. Vous verrez le premier verset du chapitre 22 :

וְהָאֱלֹהִים, נִסָּה אֶת-אַבְרָהָם  

« Et Dieu mit Abraham à l’épreuve ». Aucune allusion au fait qu’Isaac soit mis à l’épreuve dans cet épisode. Le titre traditionnel c’est Aqédat Its’haq : allusion au fait qu’Isaac a été lié (Laaqod = lier, ligoter) sur l’autel. C’est une des passages les plus importants de la liturgie de Rosh HaShanah et de Yom Kipour. En particulier, dans les Seli’hot du rite séfarade et ashkénaze. C’est une des pièces maitresses de la liturgie des Yamim Noraïm.

 

5-       A la fin de ce récit, il y a un tout petit récit qui annonce la naissance de Rivqah qui deviendra épouse de Yits’haq. On l’apprend par quelques versets important que la suite de la lignée dont était issu Abraham, la lignée de Tera’h. Téra’h a eu trois enfant, Haran mort à Our-Kasdim, son fils était Loth le neveu d’Abraham, ensuite Abraham et Nahor. Abraham et Nahor ont quitté Our-Kasdim mais Nahor est resté à ‘Haran. Et Abraham est revenu au pays de Canaan. Dans la lignée de Nahor on annonce qu’il y a une fécondité qui continue dans cette préhistoire de l’exil d’Our-Kasdim, les Hébreux se sont perdus et sont rescapés dans la familles d’Abraham ; et c’est là dans cette matrice d’où était sorti Abraham, que les descendants d’Abraham qui méneront à la lignée d’Israël pourront trouver femme pour continuer les engendrements.

   

Voilà les 4-5 principaux thèmes des récits de ce 2ème chapitre.

Une autre approche d’étude aurait été d’étudier d’abord les différents thèmes que représente ce jour de Rosh Hashanah dans l’année qui est double d’ailleurs puisqu’il y a 2 jours de Rosh hashanah.

 

Nous avons l’habitude de lire l’ensemble de la Torah pendant l’année. Chaque Shabat on lit une partie du ’Houmash, les 5 livres du Pentateuque. On pourrait s’attendre à ce que normalement la tradition décide de recommencer la lecture à partir de Rosh Hashanah. Puisque le récit de la préface historique de la Torah comme Loi commence à la Création du monde et que Rosh Hashanah est la commémoration de la Création du monde et donc le Jour du Jugement.

 

Ce n’est pas le cas et la tradition a décidé que la lecture de la Torah le jour de Rosh hashanah serait ces différents épisodes cités dont le thème général reste centré sur l’identité d’Isaac. Il y a une sorte de commencement de l’histoire d’Israël avec Isaac. Il y a une question dans la question : si on a choisi de commencer le récit par le commencement de l’histoire d’Israël pourquoi a t-on choisi Isaac et pas Abraham ? C’est une question intérieure à une question beaucoup plus générale : pourquoi pas à la création du monde ? Chaque approche de ces questions sont des sujets pour eux-mêmes mais je vous indique la structure du problème.

 

Quelques mots quand même pour désigner l’identité de commémoration de Rosh hashanah:

Le jour de Rosh hashanah a trois dénominations :

 

ð   Rosh hashanah : on s’est habitué à l’appeller Rosh hashanah par excellence. Or, le calendrier hébraique possède 4 Rosh Hashanah différents. C’est encore un autre thème d’étude : pourquoi celui-là a-t’il le privilège d’être le Rosh-Hashanah par excellence ? Thème relié : le calendrier n’a pas de fin d’année, il n’a que des commencements d’années. Je ne peux pas entrer dans ce thème-là qui me prendrait trop de temps: rendez-vous à ‘Hanoukah !  Indépendamment de cette appélation la plus familière de Rosh hashanah, il y a deux autres noms.

 

ð   Yom HaZikaron celui que lui donne le texte de la Torah shebikhtav

 

ð   Yom HaDin le nom que lui donne la Torah shebéalpéh la tradition orale du Talmud,

 

Quelques mots sur ces deux dénominations:

Lorsque la Torah insitue la liturgie du jour de Rosh hashanah, c’est le 1er jour du 7ème mois du calendrier des patriarches. Ce n’est qu’à la sortie d’Egypte que le 1er mois du calendrier hébraïque deviendra le mois de Nissan. Il y a ici encore un sujet pour lui-même. Le pourquoi des deux chronologies dans le calendrier hébraïque : l’un avant la sortie d’Egypte et l’autre à partir de la sortie d’Egypte ? Or, dans le texte de la Torah le mois de Tishrei est appelé le 7ème mois. C’est donc dans le calendrier des Avot jusqu’à la sortie d’Egypte le 1er mois de l’année c’est le mois de Tishri.

Ce n’est qu’à partir de la sortie d’Egypte que le 1er mois de l’année sera le mois de Nissan.

Là encore c’est un sujet pour lui-même dans lequel je ne veux pas pénétrer non plus.

Le texte de la Torah nomme ce jour Yom hazikaron le jour du souvenir.

 

Souvenir en hébreu se dit Zekher bien que la connotation du terme de zekher soit beaucoup plus ample que celle de souvenir du point de vue de ce que serait une philosophie de la mémoire. Mais il y a bien correspondance du point du vue du dictionnaire : un souvenir c’est un zekher. Lorsque  je me souviens d’un événement et que je le rends présent par la mémoire à mon esprit, cela se dit un zekher. La fonction de mémoire se dit Zikaron. Nous avons un autre mot rattaché aussi à la même racine qui est zikhron – petit souvenir.

En général la désinence en « on »  après un substantif a en hébreu en général le sens de diminutif mais peut aussi signifier le superlatif. Zikhron petit souvenir mais Zikaron c’est la mémoire totale le superlatif de Zekher.

 

(Exemples : Shabaton petit shabat, mais la désinence en on peut aussi désigner le superlatif : Elyon superlatif de  Al (sur) - Adam c’est un homme et l’homme ‘plus’ est Adon – un maître qui est comme un superlatif de Adam... etc.)

 

Yom hazikaron, au niveau de la Torah shebikhtav le jour de Rosh hashanah est appelé Yom hazikaron - le jour de la mémoire totale. Nous allons tenter d’en comprendre la signification avec le lien de sens avec la dénomination qui va être donnée par la Torah shebéalpéh : Yom hadin qui est le jour du jugement.

 

Etant donné que le contenu de l’événement de commémoration se relie au commencement de l’histoire du monde, il est évident que par le biais de la relation de sens entre commémoration et mémoire, cela signifie que l’événement de commémoration met en jeu la mémoire totale à partir du commencement de l’histoire du monde.

 

Tous les jours du calendrier, indépendamment de leurs significations religieuses, spirituelles, de préfiguration messianique… etc, d’autre part, sont aussi des jours de commémoration d’un événement historique.

 

Le jour de Rosh Hashanah apparait comme un cas particulier : l’événement historique qui y est  commémoré est l’événement transhistorique de la création du monde.

 

Que signifie alors que la Torah nomme ce jour-là Yom hazikaron - jour de la mémoire totale ?

Cela veut dire que ce qui est mémoré, remémoré, commémoré, c’est la mémoire totale depuis le commencement de l’histoire du monde ! D’où le sens du mot Zikaron - mémoire absolue.

Voilà pour la 1ère définition : Au niveau de la Torah shébikhtav, le jour de Rosh hashanah s’appelle Yom Hazikaron. Zikaron est une sorte de superlatif de Zekher. (En français le superlatif est toujours celui d’un adjectif alors qu’en hébreu nous avons cette catégorie de superlatif des substantifs.)

 

D’autre part, nous voyons tout autrement que la Torah shebéalpéh, elle, va nommer Rosh hashanah: Yom hadin : le jour du jugement.

 

Quel rapport y-a-t’il entre la notion de mémoire et la notion de jugement ?

 

Je vous donne de suite la réponse pour gagner du temps : C’est que nous sommes jugés par la mémoire. Il y a une mémoire totale qui enregistre tout ce qui se passe dans le monde. Le sujet est extrêmement passionnant. Quel est le critère sélectif de la mémoire subjective de chacun qui fait que l’on retient certains souvenirs et pas d’autres ?

 

Avant même d’aborder l’analyse très importante de la psycho-analyse à ce sujet, et les différents niveaux de la conscience du subconscient et de l’inconscient, déjà au niveau de la philosophie de Bergson par exemple, il y a un critère assez répandu dans la culture occidentale : c’est que l’on a tendance à retenir des souvenirs en tant qu’ils sont disponibles pour la mémoire, des souvenirs qui peuvent servir à une action éventuelle plus tard.

 

Au moment de l’enregistrement des représentations, sont engrangées dans une mémoire réserve que l’on appelle sous forme de souvenir à la conscience des représentations que l’on a perçu dans la perspective d’une utilisation future. Si cela sert à… C’est d’allure pragmatiste, c’est un thèse développée dans la philosophie des anglo-saxons qui est marquée par l’utilitarisme et le pragmatisme (alors que la philosophie des latins est plutôt rationaliste).

 

Quelques indices de biologie médicale qui le corroborre : Au-delà de cette mémoire sélective qui est le propre de la subjectivité de chacun, chacun se construit un passé de personalité consciente selon des critères qui lui sont propres. Malheureusement, on ne sait plus maitriser ses propres critères. Les grands, les anciens, savaient maitriser leurs propres critères et étaient vraiment eux-mêmes. Au-delà de cela, admettons qu’il y a une mémoire totale.

 

Si déjà un souvenir de ma vie passée est enregistré - hors de quoi il n’y aurait aucun « moi » derrière mon « je » - et bien c’est que tous les souvenirs sont enregistrés. Seulement, c’est que je suis incapable de les appeler tous à la conscience.  Quels sont les critères de sélectivité ? On en a parlé tout à l’heure, je n’y reviens pas.  Certains sont complétement refoulés, et se vengent : on appelle cela des complexes. D’autres restent disponibles dans une sorte de coffre-fort – de réserve de disponibilité de la mémoire et sont dans le subconscient – non présents dans la lucidité de la conscience mais on peut les appeler si c’est nécessaire.

 

On peut, par le biais de l’étude de la psychanalyse, approfondir ce sujet de manière très profonde. Ce stock considérable de mon passé me juge de façon permanente. Nous verrons que cette notion de la mémoire totale est beaucoup plus impitoyable que la notion dont se sert la Torah Shebéalpéh avec Yom haDin.

 

Yom haDin signifie le Jour où Dieu gère le monde dans la perspective du jugement, c’est-à-dire dans la méditation de la Midat HaDin – la mesure du jugement. On confronte ce qui s’est passé avec une loi de vérité. Sous une forme un peu midrashique : on ouvre le livre de la loi et on ouvre le livre de la mémoire de chacun et on compare.  Mais c’est quelqu’Un qui compare, et avec ce quelqu’Un si j’ose dire, on peut s’arranger...

 

La notion de Din est une notion terrible dans le vocabulaire traditionnel, mais c’est le Din de quelqu’Un, c’est le Din d’un Dayan. On est devant quelqu’un dont on sait que c’est le Créateur et il y a une liturgie possible, il y a une négociation possible. On peut plaider. Mais devant la mémoire absolue, alors là c’est terrifiant!

 

Cela peut apparaître paradoxal mais le terme dont se sert la Torah shébéalpéh est beaucoup plus gentil que le terme dont se sert la Torah shébikhtav qui emploie un terme impitoyable : Yom hazikaron. Et on ne triche pas avec la mémoire ! Les psychanalystes, les psychologues, le savent que lorsque la mémoire se venge, ou plutôt juge, elle est impitoyable. Tandis qu’avec le jugement d’un juge on est rassuré, il y a un juge derrrière la mesure du jugement.

Je referme cette parenthèse.

 

***

 

Ceci renforce d’autant plus la question que nous allons étudier :

S’il en est ainsi, pourquoi ne pas lire le récit de la création du monde plutôt que de commencer par le récit de la famille des Patriaches ?  Et question dans la question, pourquoi commencer par le récit de la naissance d’Isaac et non pas par le récit de la vocation d’Abraham ?

Puisque nous n’avons pas le récit de la naissance d’Abraham, mais nous avons le récit de la vocation d’Abraham qui est une Alyiah : il décide de quitter l’exil d’Our-Kasdim et décide de rentrer chez lui au pays de Canaan.

 

Il y a une controverse chez les commentateurs : est-ce que déjà à Our-Kasdim la capitale de l’empire de Nimrod ou sur le chemin à la frontière dans la ville de ’Haran il a une révélation qui lui confirme que son initiative était authentique ?

 

Dans toutes les décisions à prendre qui sont décisives, cruciales, l’initiative doit venir de l’homme en toute autonomie, et il y a révélation de confirmation par la suite. Mais en principe on devrait pouvoir s’en passer.

 

C’est-à-dire que le geste d’Abraham décidant pour lui et sa famille de quitter Our-Kasdim pour entrer dans le pays de Canaan c’est là l’essentiel. Ce n’est pas un voyage simple, entretemps certains restent en cours de route et sont devenus les présidents de la fédération sioniste de ‘Haran et sont restés là-bas...

 

Pour en revenir à notre question, nous n’avons pas le récit de la naissance d’Abraham mais nous avons au moins le récit de sa vocation. Que cherche-t’on donc dans ce commencement historique en situant la lecture de la Torah du Rosh Hashanah à la naissance d’Isaac ?

 

Je vais vous donner deux lectures du problème parmi d’autres.

 

***

 

Q: Qui a décidé des lectures des Parashiot dans le calendrier ?

 

R:  Il y a une règle traditionnelle depuis le temps du 2ème Temple, du retour de l’exil de Babel, après la destruction du 1er royaume de Judah que Ezra a institué un cycle de 3 ans permettant de lire l’ensemble de la Torah - les 5 livres du Pentateuque - sur une période de 3 ans. Un peu plus tard les Tanaïm - les maitres de la Mishnah – ont décidé que le cycle de lecture de la Torah serait d’un an.

C’est très important. Nous nous trouvons à l’époque de la cessation de la prophétie. Or, tout le récit de la Torah, y compris la préface historique, était la mémoire commune de la carte d’identité d’Israël connue par chacun. Mettez vous dans l’aire culturelle française : pour un français moyen on n’a pas à expliquer ce qu’est être français. L’histoire de chaque identité commence du dedans de l’évidence d’une identité nationale. Mais voilà que l’identité juive qui est, elle, d’origine hébraïque a besoin de se ressourcer à sa propre connaissance d’identité de façon perpétuelle. Pourquoi ? Parce que l’identité hébraïque était à un temps du monde d’une toute autre nature. Le temps où il y avait prophétie. Par conséquent, l’hébreu vivait dans un monde baignant de Névouah de prophétie et de Bible, la Torah imprégnées des évidences bibliques. La prophétie s’arrête entre la destruction du 1er temple et le retour, 70 ans après, de Shivat Tsion, de l’exil des Judéens de Babel dirigé par Ezra et Néhémie. Et c’est le temps du récit de l’épisode raconté par le livre d’Esther. C’est la fin de la révélation biblique. Le Talmud enseigne que Ezra est descendu en exil comme « fils de prophètes » et est remonté de l’exil comme « père des sages ». Jusque-là il y a avait le temps de la Prophétie qui nous est maintenant non identitifiable : aujourd’hui on vit dans un monde sans prophétie ! Sauf pour ceux qui étudient de quoi il s’agit, on les appellent des Kabbalistes. Cela existe mais je ne vous en dirais pas plus. Or, notre monde n’est pas celui de la prophétie.

 

Exemple : la Bible parle des anges avec une tranquilité d’ange. Qui sait ce qu’est un ange ? Cet être ange est étrange ! C’est évident qu’on n’est pas dans le même monde. Le monde de la bible nous est très familier parce que c’est le nôtre, mais il est très décalé. Celui qui dit comprendre ce qu’est un ange, où bien il fait semblant où bien il faut le soigner…

 

Il faut rendre cela à la poésie, à l’art, mais il est bien évident qu’à partir de ce moment de l’arrêt de la prophétie, l’identité de l’hébreu va changer pour devenir l’identité juive.

 

Alors, la tradition juive dès le début va instituer la répétition, dans le sens noble, de la lecture de notre carte d’identité chaque année, de telle sorte de ne pas nous couper de notre propre mémoire.

 

D’ailleurs, on peut dire que beaucoup de choses ont préservé notre identité à travers ces 3000 ans d’histoire depuis la fin de la prophétie - 3000 ans et plus – ce qui est un phénomène inexplicable dans l’histoire humaine. Comment cette identité juive d’origine hébraïque résurgit en tant qu’identité hébraïque, 3000 ans après ?

 

Beaucoup de choses ont été préservées mais en particulier cette fidélité de la récitation de ce récit chaque Shabat. Ceux qui ont vécu dans une communauté de l’exil savent à quel point le Kahal, l’assemblée, même lorsqu’elle ne comprenait pas du tout ce que le ‘Hazan cantilait sur la Tévah hurlait à la moindre faute car ils connaissait par cœur par onomatopée le chant. C’est une des choses qui ont préservé cette mémoire…

 

Et alors on a découpé le texte du ’Houmash en autant de sections - Sidra ou Parasha- et les érudits les nomment péricopes.

 

D’où notre question :

On recommence donc à lire la Torah chaque année pourquoi pas le jour de Rosh hashanah ?

La Guématria du mot Vayavdel est 52 : il y a autant de Havdalah le samedi soir que de Parashiot.

 

Q: Yits’haq est né à Rosh hashanah ?

R: C’est un autre problème, je ne veux pas entrer là-dedans. Je vous donne le nom d’un livre : Seder hadorot qui donne tous ces secrets pour tous les personnages bibliques jusqu’à nous.

 

***

 

Les deux questions qui se recoupent :

=> Pourquoi  ne recommence t’on pas la lecture de la Torah à Rosh hashanah ?

=> Pourquoi c’est le récit d’Isaac et pas Bereshit qui est lue à Rosh hashanah ?

 

Rabénou Be’hayé, maitre du moyen-âge espagnol, a signalé que le mot de Bereshit met en évidence

les lettres de Alef béTishrei = 1er de Tishri. C’est intéressant car l’expression est araméenne mais Bereshit est en hébreu.

 

Je vais vous citer 2 lectures du problèmes parmi d’autres réponses traditionnels:

 

Si nous prenons le concept de création au sérieux, alors il faut se rendre compte que c’est un concept qui dépasse l’intelligence humaine, seulement nous y sommes habitués par l’enseignement biblique. Nous sommes tellement familiers à l’évidence qu’il véhicule pour une conscience de foi qu’il nous semble que c’est un concept qui fait partie de la pensée humaine. Je vous donne un certain nombre de raisons très rapidement qui montrent qu’il n’en est rien. Ce n’est pas « un être de raison » comme disent les logiciens mais « un être de foi » en tant qu’être de connaissance. Parce que ce mot de Bereshit -  au commencement -  fait allusion à un événement qui ne s’est produit qu’une fois, et auquel aucune conscience humaine n’a assisté.

 

Nous avons dans la pensée humaine des concepts clairs, rationnels, mais analogues à l’idée du commencement absolu. Il s’agit par exemple de « début », « avant », « auparavant »..., mais l’idée d’un commencement absolu avant lequel il n’y avait rien est une notion qui ne fait pas partie de la raison humaine. Elle nous est familière mais nous est connue uniquement par la révélation biblique.

 

Je vous donne une autre argmentation pour vous montrer jusqu’où plonge ce problème.

On s’est demandé pourquoi c’est le 1er mot du 1er verset, ce qui fait que la Torah, la Bible, commence par un Beit. La sagesse juive pousse la logique de ses propres questions jusqu’au bout ; et cela semble même parfois exagéré. On s’est demandé pourquoi par la lettre Beit qui est la 2ème lettre de l’alphabet et non par la lettre Alef 1ère de l’alphabet ? Les 10 commandements commencent par Alef avec Anokhi. Aors le Midrash donne une réponse, ce n’est pas notre sujet.

Je relie la réponse que donne le Midrash avec notre question :

בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ

Bereshit Bara Elohim et Hashamayim véet Haarets.

Traduction littérale:

Au commencement créa Dieu les cieux et la terre.

 

La question demande pourquoi pas « Dieu créa au commencement les cieux et la terre ».

(Le terme Elohim « Dieu » commence par la lettre Alef première lettre de l’alphabet)

 

D’autant plus qu’il y a une discussion entre les maîtres du Talmud et les philosophes de l’antiquité grecque conservée par le Talmud : il y avait un danger et malgré ce danger ce verset est tel qu’il est. Dans les traditions pré-philosophiques mêmes du monde pré-philosophique en Grèce déjà, il y avait la notion d’une super divinité qui serait le commencement qui aurait créé Dieu en même temps que les cieux et la terre. Malgré ce danger-là la Torah a maintenu cet ordre.

Exemple de la mythologie grecque : Chronos dans la mythologie grecque engendre les Titans qu’il dévore perpétuellement. C’est le temps qui engendre les 12 mois de l’année et les 12 mois sont avalés par le temps chaque année. Le mystère du début du temps - en tant que la durée - ferait apparaitre une super divinité qui s’appellerait Bereshit. On retrouve cela dans le langage de la franc-maçonnerie pour ceux qui connaisse un peu ce monde.

Malgré cela on a gardé l’ordre. Si le verset avait commencé par « Dieu créa au commencement », il y aura eu un Alef initial ! Elohim Bara Bereshit…

 

L’enseignement donné à ce sujet:

Bereshit Bara Elohim

Au commencement créa Dieu…

Pour pouvoir aborder la notion de Dieu, il faut d’abord posséder la notion de création et pour pouvoir posséder la notion de création il faut posséder la notion de commencement. C’est un ordre des valeurs révélées : d’abord admettre la notion de commencement, ensuite on peut comprendre celle de création et à ce moment-là seulement on peut entendre la notion de Dieu.

La première définition que l’enseignement biblique nous donnera de Celui que nous nommons Dieu c’est Qu’Il est le Créateur.

Donc, première révélation, la notion de commencement.

Deuxième révélation la notion de création.

Troisième révélation, la notion de Dieu : Bereshit Bara Elohim…

 

Dans tous les cas, ce que je voulais indiquer c’est que nous n’avons pas dans la pensée humaine une notion sui generis qui désigne ce que désigne ce mot hébreu de Bereshit le commencement absolu.

 

Vous savez comment les philosophes et les théologiens le définisse par le terme latin ex-nihilo : à partir du néant. 

 

On ne parlera, les choses étant prises au sérieux, de la notion de création comme en parle la Bible que d’une création ex-nihilo. S’il s’agissait de la modification de ce qui existait auparavant c’est un autre terme que la Torah emploierait, le terme Yatsar (façonner), le terme Asso (faire).

 

D’ailleurs, dans la plupart des traductions, c’est souvent un terme qui signifie le verbe faire qui traduit le verbe hébreu de créer. Je pense par exemple au grec et au latin : Facit et Poeïn. Ce terme de Bara – créer - n’existe qu’en hébreu dans le sens qu’il a dans la Bible : à partir de rien.

Ensuite, une fois entendu l’enseignement de la Bible, dans n’importe quelle langue, on peut y projeter le sens de « créer » sur un autre mot.

 

 

 

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10 septembre 2009 4 10 /09 /septembre /2009 14:27

 

Rosh hashanah (1985) Suite et fin

 

 

J’ai préparé 2 Midrashim le 1er proposé à l’étude concerne Qaïn.

 

Bereshit chapitre 4 verset 16 :

 

4:16

וַיֵּצֵא קַיִן, מִלִּפְנֵי יְהוָה; וַיֵּשֶׁב בְּאֶרֶץ-נוֹד, קִדְמַת-עֵדֶן

Vayetse Qayin milifney Adonay (YHWH) vayeshev be'erets-Nod kid'mat-Eden.

 

Le thème que nous allons étudier à travers ce Midrash c’est que pour la pensée naturelle (naturelle au sens de pensée non éclairée par une révélation) la Teshouvah n’a aucune légitimité, aucun fondement, n’a pas d’évidence immédiate. Après tant de temps d’éducation biblique en général et en particulier du judaïsme, la notion de Teshouvah (c’est-à-dire qu’en cas de faute il y a éloignement et il peut y avoir un repentir, un retour) nous est une évidence tellement familière que nous croyons qu’il s’agit-là d’une évidence de la pensée humaine. 

 

Nous étudierons à travers un Midrash parmi d’autres à quel point il s’agit d’un ‘Hidoush de la Torah. Un ‘Hidoush c’est quelque chose de nouveau qui est enseigné. On peut le définir aussi comme le renouvellement de sens d’une connaissance supposée déjà acquise. 

 

Si l’homme ou la pensée humaine étaient livrés à leurs propre forces, ils ne pourraient pas parvenir à l’évidence de la notion de repentir, c’est-à-dire que le repentir est possible premièrement, et qu’il puisse être efficace, sinon sous forme d’hypothèse. C’est dire qu’elle ne pourrait pas avoir de confirmation, qu’il y là une évidence de certitude.

 

Je l’explique briévement en indiquant simplement que c’est un cas particulier de l’ensemble des notions propres à la conscience hébraïque et qu’il faut définir comme étant des enseignements de la prophétie.

 

La diffusion de l’enseignement biblique à travers le judaïsme de façon directe, ou à travers des échos souvent déformés du judaïsme par le biais de toutes traditions inspirées de la bible a rendu cette notion familière. Mais il y a un long temps culturel à remonter pour arriver à la conclusion que ce n’est pas du tout une évidence à laquelle nous conduit la pensée naturelle. Celle-ci n’est pas la pensée sauvage ou primitive comme ceux qui ont lu l’enseignement de Lévi-Strauss l’on appris, il y a tout un recodage à effectuer ; la pensée naturelle peut être très sophistiquée. A la limite il peut s’agir de la pensée philosopique la plus élaborée mais elle se définit comme la pensée naturelle, par le fait qu’elle n’évolue qu’à l’intérieur des catégories et du cadre de ses propres évidences.

Le postulat de la pensée philosophique qui est à l’origine et à la base de la culture contemporaine, à travers plusieurs siècles, mais c’est quand même-là que les principes propres à la culture  contemporaine commencent à s’élaborer, c’est que la pensée est un phénomène humain pur et simple : c’est l’homme qui pense et est le sujet de sa pensée. Il ne peut pas envisager d’autres critères de vérité ou d’évidences de vérité que ses propres critères. Cf. la formule de Descartes que j’utilise dans beaucoup de dimensions d’analyses : « Je pense donc je suis » : mais c’est moi qui pense, je pense.

Nous avons vu par cet exemple que nous avons à faire à une notion qui ne peut pas faire partie de l’évidence de la pensée naturelle.

 

Pour deux raisons essentielles :

 

=>  D’abord un raison d’ordre morale : car il s’agit d’une catégorie d’ordre moral : s’il y a faute le repentir est possible (c’est la notion de la Teshouvah) mais au niveau purement moral d’une morale rationnelle cela parait injuste, amoral, immoral.

 

 Si on y réfléchit de façon stricte dans les critères de la pensée naturelle, la plus sophistiquée soit-elle, on ne voit pas de base à la moralité d’une telle notion, qui est que si on a fauté on peut par une opération de retour-revenir-repentir, revirginiser la conscience qui avait été atteinte par la conduite de la faute. La faute n’étant en fin de compte que l’expression de cette maladie de la conscience. La morale philosophique est donc extrêmement réfractaire à cette notion. Il ne semble pas juste que si on a fauté on puisse se repentir au niveau de la pensée naturelle avant la révélation de la Torah. Le ‘Hidoush (qui est une des évidences de la conscience hébraïque, diffusée par la suite) est que le repentir est possible. Non seulement possible mais efficace en tant que clef de la possibilité de l’histoire de la moralité et de la conscience morale elle-même. (2ème Midrash).

 

La sensibilité de la moralité rationnelle philosophique est réfractaire à une telle notion. Il faut donc récupérer l’évidence, la base ontologique de cette évidence de familiarité que davka le repentir est possible et que toute la moralité repose sur cette possibilité du repentir.

 

Vous voyez pourquoi des religions dont la théologie est premiérement rationelle et philosophique, rejetera comme une impossibilité l’idée que le salut de la conscience passe par la moralité, précisément parce que lui fait défaut l’essentiel : l’évidence de la possibilité du repentir.

 

Parenthèse rapide sur le paulinisme dans la théologie chrétienne: si le salut passe par la loi morale nous sommes perdus : à la 1ère faute nous ne serions pas seulement condamnés mais damnés. C’est de là que procède la panique devant la loi : il manque la coordonnée principale de la possibilité du repentir.

 

A chaque reprise de ces textes je reste très impressionné par l’inconséquence de ce type de lecture de la bible par la conscience chrétienne. Comment envisager cette panique qui est de l’ordre de la tragédie de la conscience grecque ? On parle souvent de Paul comme d’un talmudiste mais sa conception de la loi n’a rien à voir avec la Torah tel que le Talmud l’enseigne. C’est la loi grecque, c’est la loi romaine qui est impersonnelle et avec laquelle on ne peut pas discuter, avec laquelle on ne peut pas négocier. (Psharah - mot utilisé par les Mefarshim du Midrash  la première fois à propos de la Teshouvah de Caïn).

 

Pour la sensibilité morale philosophique (rationaliste), l’idée de Teshouvah est impensable. C’est comme disait les Grecs un scandale. Cela nous explique en conséquence les attitudes théologiques religieuses qui cherchent leur salut en dehors de la loi morale, parce qu’il y a une panique de fond. Si c’est par rapport à la loi que nous sommes jugés dans l’histoire du salut de notre destinée alors nous sommes perdus à l’avance. En ce sens, le 1er paulinien c’est Qaïn !

 

=>  La 2ème raison est d’ordre intellectuelle : vav hahipoukh. La conduite de la Teshouvah consiste à revenir en arrière dans le temps pour faire un Tiqoun dans un temps déjà passé, révolu.  Or, pour la pensée naturelle, le temps est irréversible. Et donc il y a aussi une raison intellectuelle qui rend impensable cette notion de Lashouv : revenir en arrière pour faire un Tiqoun dans le passé. Mais le passé c’est du passé ! Alors cette notion de la réversibilité temporelle est aussi une notion strictement hébraïque.

 

La règle du changement des verbes du passé en futur et du futur en passé est une règle strictement hébraïque et vous devinez que ce n’est pas qu’une règle de grammaire pure et simple : c’est une règle de pensée et de discours où s’exprime une manière d’être de la conscience hébraïque, qui peut être ensuite imitée. Ne serait-ce que littérairement ou poétiquement. On ne trouve pas cette règle dans un autre discours humain, c’est une particularité hébraïque.

 

C’est ce qu’on appelle dans la tradition le Koa’h hahipoukh, la force de l’inversion, la capacité de l’inversion, qui est le propre d’Israël.

 

On a lu la Parashah de KiTavo avec les Brakhot et Qlalot. 

Un verset des Prophètes fait dire à Dieu à propos des malédictions de Bilaam : « et Dieu a inversé vayahafor et haqlalah oubrakha : et Il a inversé la malédiction en bénédiction. »

 

Nous allons voir déjà cette indication dans la prise de conscience de la faute chez Qaïn.

Et c’est la prise de conscience de la faute qui mène à la prise de conscience morale chez Qaïn.  

C’est après la faute que la conscience de Qaïn s’éveille. C’est quand Dieu se révèle à lui pour lui demander des comptes de son acte que Qaïn se rend compte de ce qu’il s’est passé : et donc il découvre le problème moral à postériori de la faute. Lorsque tel est le cas, il n’y a pas d’issue : c’est la conscience tragique. C’est fini, c’est trop tard, c’est irréversible, c’est perdu...

 

C’est là je crois la racine de la manière dont la conscience grecque a abordé l’espérance de la conscience hébraïque et elle n’a jamais pu se débarasser de ce tragique de l’irréversible même lorsqu’elle adopte l’expérience hébraïque.

 

Bereshit chapitre 4 verset 13

 

וַיֹּאמֶר קַיִן, אֶל-יְהוָה:  גָּדוֹל עֲו‍ֹנִי, מִנְּשֹׂא

Vayomer Kayin el-Adonay gadol avoni minesso.

 

Lorsque Caïn prend conscience après l’explication que Dieu lui donne sur ce qui s’est passé. Comme c’est la 1ère fois que cela se passe on peut comprendre que La Torah nous décrit en détail la prise de conscience.

 

Alors Caïn dit... et il faut retenir que c’est Hashem et non Elohim qui parle dans le verset :

 

Vayomer Kayin el-Adonay gadol avoni minesso.

 

Le Pshat c’est une affirmation désolée :

gadol avoni minesso

Avon un desmots pour dire la faute- ma faute est trop grande pour être portée-enlevée-pardonnée…

 

nessou avon est une expression très courante du Miqra : lorsqu’un faute est littéralement enlevée, portée ailleurs, par quelqu’un d’autre et c’est une des expressions pour dire pardonner.

 

Qaïn prend conscience de sa faute et de lui-même comme perdu, condamné dans le sens de damné.

 

Il faut évacuer toute la littérature sur « l’œil était dans la tombe et regardait Caïn…. » qui vient évidemment de la sensibilité chrétienne de cette histoire, chrétienne c’est-à-dire grec lisant l’hébreu  avec cet espèce de dimension tragique du remord inguérissable.

Alors que la Teshouvah est précisément la guérison du remord.

 

C’est là le verset dans son niveau Pshat gadol avoni minesso : Caïn est perdu il est litérralement grec de conscience chrétienne. Dans cette optique et dans l’histoire, en tant que tel, il faut se choisir un salut en dehors de la moralité car si le salut passe par la moralité on est perdu. 

 

La suite est très importante à compendre mais déborde notre sujet. Surtout le verset suivant 4:14:

 

הֵן גֵּרַשְׁתָּ אֹתִי הַיּוֹם, מֵעַל פְּנֵי הָאֲדָמָה, וּמִפָּנֶיךָ, אֶסָּתֵר; וְהָיִיתִי נָע וָנָד, בָּאָרֶץ, וְהָיָה כָל-מֹצְאִי, יַהַרְגֵנִי

Hen gerashta oti hayom me'al peney ha'adamah

Qu’est-ce que al peney ha’adamah ?

oumipanehha essater

toute la question de ester panim commence ici

vehayiti na vanad ba'arets

l’exil comme punition de la faute

vehayah khol- motse'i yahar'geni

Tout ce verset est un sujet pour lui-même...

 

gadol avoni minesso

dans le Pshat, c’est une désolation, avec la conscience tragique du remord.

 

Regardons rashi sur ce verset :

Rashi ad loc va rendre Qaïn beaucoup plus intelligent qu’il n’apparait au niveau Pshat :

 

Rashi :

גדול עוני מנשוא: בתמיה, אתה טוען עליונים ותחתונים, ועוני אי אפשר לטעון:

Btmiah : c’est une question.

 Rashi nous dit : Ne lisons pas cela comme affirmation (désolée) mais comme interrogation étonnée Btmiah.

Atah toên elionim véta’htonim

« Tu portes, dis Qaïn à Dieu, les êtres d’en-haut et les êtres d’en-bas.

VéÂvoni i efshar leâhit’hon

Et ma faute tu ne pourrais pas la porter, Toi ? »

 

Il semble bien que Rashi ait eu ici dans le colimateur la théologie chrétienne :

« Toi qui porte le ciel et la terre tu ne porterais pas aussi ma faute ? Prend-la sur toi que je sois sauvé ! ».  

Et dans le Midrash que cite Rashi Dieu répond : « Je porte le monde entier, ta faute portes-la ! ».

C’est à propos d’un autre verset :

 

Verset 7 du chapitre 4

 הֲלוֹא אִם-תֵּיטִיב, שְׂאֵת

Halo im-teytiv se'et

Regardez bien le mot de Se’et.

N’est-ce pas que si – téitiv- tu t’améliores – se’et – cela te sera enlevé-

On trouve déjà la perche du repentir.

 

J’ai l’habitude de citer ici un autre Midrash à propos de la faute de Adam harishone :

Chaque fois qu’un homme ou une femme meurt, Adam harishone vient s’assoir à son chevet et lui dit « mon fils, ma fille, ce n’est pas pour ma faute que tu vas mourir mais pour ta faute, que les choses soient claires ».

C’est dans la Gemara de Yoma à propos de l’enseignement …/…


< Fin >

 

*****

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9 septembre 2009 3 09 /09 /septembre /2009 18:12

Rosh hashanah 1985

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/roch_hachana/cours_1

Face A

 

Orot HaTshouvah – c’est un petit livre du Rav Kook qui a déjà plusieurs éditions. Il disait à ses élèves  qu’il le lisait et l’étudiait au mois de Eloul pour apprendre encore et qu’il apprenait beaucoup plus que ce qu’il avait écrit. Avant lui, dans la Shitah du Gaon de Vilna, d’où le Rav était issu, on étudie le mois d’Eloul un livre du Rav ‘Hayim de Volozine – le Nefesh ‘Hayim  - pendant le mois d’Eloul pour la préparation de la Teshouvah. A partir de la semaine prochaine il sera disponible en français traduit par Benno Gross. C’est un livre très difficile à traduire, c’est un tour de force colossale.

 

Orot HaTeshouvah a eu plusieurs tentatives de traduction, à ma connaissance qui n’ont pas abouti, c’ est écrit dans un hébreu très difficile à traduire en français.

 

C’est un petit livre en quantité mais énorme en qualité. J’ai choisi 2 textes :

Le 1er est dans le chapitre 5 au paragraphe 6.

 

Avant cela, une toute petite introduction.

Le texte se base, assez lointainement mais très directement du point de vue du contenu, sur un des enseignements du Rambam au sujet de la Téchouva. Pour Maïmonide la Teshouvah doit être considérée comme un mouvement naturel de l’âme ou de la conscience et ne doit pas être considérée comme une obligation de la Torah. Ce qui doit l’être c’est le comportement de la Teshouvah. La manière dont la Teshouvah doit être faite, doit être habilitée, authentifiée, et plus particuliérement dans le moment du rite de la Teshouvah qui est le rite de l’aveu. Nous étudierons à ce propos un texte qui illustre cela.

 

Parmi les grands décisionnaires, il y a une controverse qui consiste à savoir s’il faut considérer la Mitsvah de la Teshouvah à travers ses différents niveaux.

 

C’est d’abord le repentir dans le sens le plus simple : il y a eu une faute ponctuelle et il faut se repentir de cette faute et savoir à quelle condition le repentir de cette faute sera-t’il considéré comme authentique...

Nous l’étudierons avec le Hil’hot Teshouvah du Rambam.

 

=> Le retour à un état antérieur d’où on avait dévié au moment de la faute. 

De façon déjà beaucoup plus globale, à un plus haut niveau, pas seulement le repentir par rapport à telle ou telle faute ponctuelle  mais ce qui a été considérablement renouvellé à ce niveau-là par l’enseignement du Rav Kook, jusqu’au siècle où nous vivons la plupart des grands enseignements portaient sur la Teshouvah ponctuelle. La réparation de telle faute particulière avec toutes ses implications (aveu, repentir, expiation...etc.)

 

=> De façon plus générale encore, le retour d’un éloignement globale de la personne toute entière.

 

=> A un niveau encore plus haut, et c’est là essentiellement le ‘Hidoush le renouvellement du sens de ce problème dans l’enseignement de Orot HaTeshouvah du Rav Kook : le retour d’Israël comme collectivité à son identité propre. C’est là un niveau de la définition et de l’enseignement qui porte sur la Teshouvah qui est propre à l’enseignement du Rav Kook. Ce sont des thèmes de réflexions de connaissances d’étude qui sont devenus assez familiers, mais il faut se rendre compte de la mutation qu’il y a eu au moment où avec le Rav Kouk on a commencé à parler de la Teshouvah au niveau global, tant au niveau de la personne individuelle dans sa globalité, qu’au niveau du Klal Israël, du peuple d’Israël dans sa globalité.

 

Il y a un problème particulier sémantique concernant le sens de l’expression Baal Teshouvah en général qui est un terme flou par rapport au vocabulaire traditionnel : pour celui-ci Baal Teshouvah est une personne qui a fait Teshouvah sur un comportement particulier. Dans ce sens-là, il n’y a que des Tsadikim méikarah c’est-à-dire des consciences de personnes qui sont des Tsadikim de principe, qui vivent selon la Torah qui pourraient être Baalei Tshouvah dans le 1er sens, qui est le sens classique habituel jusqu’à notre temps. C’est le sens habituel jusqu’à notre époque. Il faudrait leur appliquer l’expression " ’hozrim bitshouvah " et non "Baalei Téshouvah" pour ceux qui étaient complétement éloignés du  judaïsme d’Israël, et d’Erets Israël et reviennent..Le fait qu’on les nomme Baalei Tshouvah est trés ambigü. C’est plein de problèmes. En fait, je ne sais pas si c’est un phénomène de société contemporaine, c’est un phénomène qui ne touche pas que la société juive, et Israël ne particulier ; cela s’inscrit dans le phénomène global de retour ou de recherche aux sources en général que l’on peut expérimenter dans différents domaines de l’histoire contemporaine.

 

La plupart du temps, il s’agit d’un retour ou d’un revenir, et parfois ce n’est ni retour, ni revenir puisque ces personnes n’y ont jamais été, on ne revient que là où l’on a été) ce sont leurs ancêtres, immédiats ou lointains qui avaient quitté l’ensemble Am Israël-Torat Israël-Erets Israël. Et ceux qui reviennent en réalité viennent de nouveau… Et la plupart du temps, c’est à discuter et à étudier,  ils reviennent non pas à la Torah ou à Israël mais à la religion. Ce qui est très particulier. Ils sont ‘Hozrei Ladaat vé lo ‘Hozrim bitshvouah, plus exactement. C’est un emploi peu clair des termes traditionnels dont on a hérité et que l’on ne sait pas manier, donc on les manie sommairement. Ce qui explique un monde de problèmes au niveau de la société juive et israélienne en particulier. Vous le devinez, ce ne sont pas seulement des problèmes sémantiques mais des problèmes de sociétés, et d’identités extrêmement graves. Mais ce n’est pas tellement notre sujet.

 

Malgré tout je voulais signaler ce renouvellement de sens du mot de Teshouvah que nous devons au Rav Kouk, et qui dépasse considérablement le sens classique, pour lequel seuls ceux qui étaient soumis à la Torah et vivaient selon la Torah  pouvaient être Baalei Teshouvah en cas de trébûchement sur un comportement de faute x ou y. Et cela ne désigne pas le mouvement auquel nous sommes en train d’assister dans la société juive, qui encore une fois n’est pas spécifique au peuple juif. C’est un mouvement de retour et de recherche de sources qui est très globale et général dans l’humanité, surtout qui avait été touchée par la culture occidentale, et qui est un autre phénomène.

 

Ce phénomène de retour des Juifs à leur identité, dont le maitre, l’enseignant et l’éducateur à été  le Rav Kouk, est un sens nouveau du terme de Teshouvah.

 

Je reviens donc à la source que l’on trouve chez Maïmonide et qui semble à la base même du texte du Rav Kook :

 

C’est le fait que Rambam considère que la conduite de Teshouvah est une tendance de la nature humaine telle qu’elle a été créée. Et selon la propre doctrine du Rambam ce qui est un comportement naturel ne peut pas être objet de commandement. Puisque s’il y a tendance naturelle il n’y a pas liberté de la conscience. Ce qui peut être objet de commandement d’obligation, de  ‘Hiyouv en hébreu, c’est la forme qui authentifie.

 

Je reprends donc pour notre exemple :

Selon Maïmonide, revenir à une valeur que l’on avait quitté doit être considéré comme une tendance naturelle. Ainsi, le commandement ne peut porter que sur la manière d’authentifier, c’est selon Rambam l’aveu. La Mitsvah demandée par la Torah c’est que lorsque il y a Tshouvah, que l’aveu soit authentique.

 

La conduite de la Teshouvah elle-même a, je crois, été systématisée de la manière la plus claire du point de vue des comportements rituels et à la limite presque de l’ascèse que ces comportements rituels impliquent inévitablement, par l’école des ‘Hassidim allemands qui ont établi (surtout dans l’enseignement de Rabbi Yehoudah He’Hassid qui reprend ce qui s’annonce chez ses prédécesseurs)

4 formes de Teshouvah possibles : 4 conduites de la Teshouvah

 

Teshouvat Habaah = « montrer qlq ch., témoigner que »  

Teshouvat Shékénégued = opposé, contraire à celui de la faute

Teshouvat Mishkal = payer le prix de compensation de la faute effectuée

Teshouvat Hakatouv = conduite d’après ce que le verset prévoit comme sanction de la faute.

 

 => Teshouvat Habaa : c’est faire la preuve que l’on est capable de ne plus faire cette faute-là : s’exposer à la tentation à laquelle on avait succombé pour faire la preuve qu’on n’y succombe plus. C’est la conduite de Teshouvah la plus difficile, elle est périlleuse. Qui peut garantir à priori qu’il n’y succombera pas de nouveau ? Cette mise à l’épreuve se rattache à un enseignement du Talmud qui est qu’une Teshouvah authentique est celle où Dieu peut attester qu’on ne referra pas la faute qui avait été faite : l’expression employée c’est ‘hoker klayot valev - Dieu, en tant qu’il sonde les reins et le coeur, peut attester que le fauteur ne refauterra plus de la même faute : une Teshouvah n’est authentique que lorsque c’est la dernière fois que l’on fait Teshouvah de la même faute.

 

J’ai l’habitude de donner un substitut d’explication : car comment expliquer que le fauteur qui fait Teshouvah sait lui-même que Dieu sait qu’il ne recommencera plus sa faute ? D’une certaine manière la récompense d’une Teshouvah authentique, c’est le fait qu’on ne peut plus recommencer la même faute. Il n’y a pas de Téchouva en dehors de cette définition. La Guemara dit : celui qui dit : « je vais fauter et après je me repentirai », on ne le laisse pas se repentir…

 

Et nous apprendrons que le repentir est la conduite morale la plus difficile précisément en raison de la difficulté de l’aveu. Ce n’est que lorsque l’on est capable d’avouer authentiquement la faute qui a été faite qu’il y a là le signe que le repentir était authentique. La psychologie contemporaine que l’on nomme parfois « la psychologie des profondeurs » a retrouvé et utilisé cette dimension-là.

 

 

Pour en revenir à la Teshouvah HaAbaah il est évident qu’elle est extrêmement périlleuse : qui peut garantir qu’il ne succombera pas de nouveau à la même tentation ? Le témoignage d’authenticité est précisément de se réexposer à l’épreuve et de la surmonter. C’est effectivement le signe de l’authenticité de la Teshouvah. S’il succombe qui serait responsable ? Le rabbin qui aurait enseigné cette forme de Téshouvah en søexposant ! C’est pourquoi dans cette école même, il y a 4 mots qui expliquent le problème : « teshouvat haabaah einénah noéged. On n’a pas l’habitude de faire Teshouvah ainsi. » Cela était vrai lorsqu’on était capable de cela. Simplement, nos maitres ont diagnostiqué que l’on n’est plus capable de cela donc on ne fait plus ainsi. Donc la 1ère Téshouvah est inusitée.

 

Teshouvah shekenegued => la 2ème consiste précisément à fuir à l’opposé, fuir tout risque d’occasions de se retrouver dans les mêmes circonstances de la faute. Vous me direz sans doute c’est plus facile ou plus difficile mais en tout cas c’est plus sûr…

 

Teshouvat hamishkal = La 3ème c’est s’imposer soi-même des compensations de Yissourim, des épreuves, pour effacer les Anaot, les jouissances,  de la faute que l’on a faite. Il y a là toute une conception, qui est propre au ‘Hassidisme de l’école allemande, de la faute et de la vertu, qui est très précise et particulière à cette école. Il n’y a de jouissance que dans la faute et il n’y a pas de vertu sans souffrance. C’est une vision assez particulière. Par définition, ce qui donne la  jouissance c’est la faute ; et que pour compenser cela on n’est pas encore au stade d’expiation, mais pour compenser cela et atteindre un guérison de la conscience qui a été atteinte par ces jouissances de la faute, il faut dans la voie de la vertu s’imposer des souffrances compensatrices. Des Yissourim mamash. Il y a là une sujectivité des écoles d’ascétisme particulières. Par exemple : aller quand il fait le plus chaud s’assoir tout nu sur une fourmillière. Très rapidement, le Shla’h, grand enseignant de la morale pratique, déclare que nos générations ne sont plus capables de cette forme de Teshouvah. Vous voyez à quel point avec le temps notre identité par rapport à ces problèmes s’est diluée. Ces livres de morales pratiques sont à manier avec précaution. Il faut savoir en lisant ces livres de morales pratiques à quel siècle ils appartiennent pour savoir si nous sommes à la hauteur de ces formes de consciences morales. Je signale cela souvent à propos de l’étude de base du Sefer Messilat Yesharim de Luzzato: le grand enseignement de morale pour les génération contemporaines, en particulier pour la Téshouvah. Très bien traduit en français par Jean Poliatschek qui lui a donné le titre: « le sentier de rectitude ». Et déjà, le niveau auquel le Messilat Yesharim nous interpelle par rapport à l’authenticité des conduites morales, nous dépasse infiniment. Mettre ce manuel de morale entre les mains des juifs « comme ils sont », comme disait Léon Algazi, les simples fidèles, c’est une erreur pédagogique colossale. Je vous le dit en passant ce sont des choses à manier avec la perspective exacte de contemporanéité. Alors que nous trouvons avec ce livre (Orot haTeshouvah) un optimisme, une espèce de joie de faire Teshouvah, qui est très loin de  cette école décrite mais qui cependant est en arrière fond de tout cela.

 

Teshouvat hakatouv = là on est au-delà des écoles d’ascétisme qui définissent leurs propres règles d’après leur propre subjectivité de telle Shitah. Teshouvat hakatouv d’après le Shoulkhan Aroukh de la Torah elle-même : savoir que faire pour compenser les Anaot de la faute qui a été faite. Parfois c’est beaucoup plus grave que l’ascétisme, parfois moins apparemment, mais voilà comment les choses nous étaient présentées. 

 

Le texte que l’on va étudier va déceler une tout autre dimension du problèéme : c’est qu’il s’agit non pas de s’imposer une vertu supplémentaire à la vertu d’être en bonne santé de créature, mais au contraire de retrouver, et dans la joie, cette bonne santé de créature de telle sorte de retrouver le caractère positive de la conduite du repentir qui se situe à l’opposé de celle du remords.

 

La conduite du remords c’est le signe de la maladie. L’expérience du remords peut être bien entendu le commencement de la guérison, suivant en cela le principe général qu’une conscience qui n’a pas conscience d’être malade ne peut pas être guérie.

Il ne s’agit pas donc d’aborder un niveau de vertu coercitive, c’est là la définition de base et minimum de toute ascèse de la Teshouvah, mais au contraire de se guérir, c’est-à-dire de retrouver la bonne santé mentale de l’état de créature, expression qui revient très souvent dans l’enseignement du Rav. Au niveau sémantique en hébreu, bien que les deux racines ne sont pas exactement les mêmes, la proximité des mots de Bari en bonne santé et le mot de Briah. Briout la santé et Briah la créature. L’être créé dans son état de créature est en bonne santé. C’est cette bonne santé-là qu’il faut retrouver. La joie d’être créature. Nous sommes apparemment aux antipodes de la 1ère définition donnée. Cela va me permetre sans autre transition d’aborder le texte lui-même.

 

***

 

Chapitre 5 paragraphe 6 :

Je vous lis d’abord le titre du paragraphe:  Yessod hateshouvah

(qui n’est pas forcément du Rav Kook lui-même mais vraisemblablement datant de la 1ère édition du Rav Neiriah, un des élèves du Rav Kook)

 

« Yessod HaTeshouvah - fondement de la conduite de Teshouvah – c’est l’exigence de l’aspiration à la perfection (Shlemout)  qui relie entre la réalité de l’existence – Metsiout - telle qu’elle est à l’existence telle qu’elle est désirée. »

 

Le titre parle pour lui-même : vous avez une définiton de la perfection qui est propre non seulement à l’enseignement du Rav ici, mais aussi à la définition de la Teshouvah comme mouvement naturel chez Maïmonide, et comme définition de ce que peut être la notion de perfection pour la Torah elle-même. Une très brève réponse : Il s’agit de la perfectibilité : c’est cela la perfection réelle.

Parce que le terme de « perfection », que j’emploie en français dans son sens latin avec une signification qui vient du grec, est en réalité complément opposée à l’idée corollaire qu’il y a dans la tradition juive. Le mot français de « parfait » qui vient du latin signifie « complétement fait », « achevé ». Il y a la notion de la fin, c’est au fond un type de culture gréco-latine qui voit dans la mort la perfection de la vie. C’est l’horreur de l’horreur pour la sensiblité hébraïque. Cette perfection-là c’est la mort : « complétement fait », « perfectum », « achevé » dans tous les sens du mot... C’est vraiment l’idéal du fini. Voyez le monde d’implications dans cette indication sémantique rapide.

 

Maharal cite un Midrash : « là où cette perfection de la Shlemout s’installe, le Satan danse ».

 

Cela signifie que cette perfection-là est le royaume du Satan, c‘est l’impureté absolue. Il y a là une conduite de sensibilité radicalement autre, même pas opposée. Là où il y a le parfait dans ce sens latin-grec c’est l’impureté absolue. Vous voyez donc la différence de sensibilité entre judaïsme et christianisme à propos de 1000 problèmes à ce sujet. Cela vous explique le désordre des synagogues en particulier. C’est la différence entre la vie et la mort.

 

Cette idée du « parfait » ainsi définie n’existe pas dans la mentalité hébraïque. Chaque fois qu’un comportement juif de quelque ordre que ce soit, religieux, mental, intellectuel, folklorique…, devient « parfait » dans ce sens-là, l’assimilation commence, cela se déjudaïse d’un coup...

(Cf.la synagogue de la rue Notre dame de la victoire…)

 

[J’ai souvenir d’avoir participé à une réunion du mouvement de jeunesse au Consistoire où la question posée aux éducateurs des mouvements de jeunesse était : Pourquoi nos synagogues sont-elles désertes ? Un des Rotschild parlait des budgets colossaux pour ces temples qui sont finalement vides ! Alors, la seule réponse c’était que ce n’étaient plus des synagogues… Vous avez compris la gravité du problème. Au fond les Juifs ne vont pas dans les synagogues parce qu’ils ne se sentent plus chez eux en tant que Juifs, stam. Non parce que la prière est belle ou pas belle, mais parce qu’il y avait cette limite du parfait à l’occidental qui est le signe même du judaïsme soutanique satanique… Cf. la citation du Maharal.]

 

L’idée de Shlemout en hébreu est différente : nous sommes obligés en parlant français d’employer le terme de « parfait » mais il faut le nuancer considérablement : Shlemout c’est « intégrité ».

 

Et donc par rapport à l’effort qu’il y a à faire pour relier le Matsouï au Ratsouï, ce qu’il y a dans la réalité telle qu’elle est, avec ce qu’il devrait y avoir dans la réalité telle qu’on en a le Kissouf Ni’hsefet – exigé désiré - c’est cette perfectibilité qui est toute autre que le comportement de la recherche du parfait. C’est tout plein d’implications dans de nombreux domaines, mais cela nous ferait partir dans des parenthèses.

 

Alors je préférerais traduire Shlemout par « intégrité ». Et on peut être intègre dans n’importe quel niveau d’imperfection, va nous expliquer le rav Kouk, et à la limite philosophiquement de  perfectibilité,  mais c’est encore une notion peu claire malgré tout, plutôt que de dire « perfection ».

 

(En hébreu la racine « Kalah – Kalo » peut signifier le comble de la perfection ou le comble de la destruction. Cela dépend où l’on met le Daguesh lorsqu’on dit Kalah. Kilayon. La même racine. Achevé dans le sens du parfaitement fait, cela veut dire mort, détruit, figé. Apparence de la vie. Le retour aux sources qui est le plus un échec c’est le retour à des formes achevées du passé qui sont déjà mortes pour tenter de les ranimer. Ce sont des conduites magiques : on veut résuciter des cadavres. On ne fait que ranimer des cadavres. Alors, c’est de la magie, et pas de la Torah. Vous avez compris ce à quoi je ne fais pas allusion…)

 

Retour au texte :

« indépendament de la pensée de la Teshouvah

 

(ici dans le sens de projet de la Teshouvah, projet comme une ligne de conduite directive du comportement d’être) le repos de l’esprit que cela donne (Ménou’hatah : la notion de ménou’hah en hébreu ne peut pas se traduire par repos. Nous aurions là encore une fois l’idée et l’ombre du « repos éternel ». C’est au fond cela la perfection : le repos éternel. Je vous donne une image que vous connaissez : le sommeil du Shabat lui est une Ménou’hah. Parce qu’il n’y a pas de remords. On sait que c’est Shabat et qu’on a le droit de dormir. On ne peut pas se reposer si on a un scrupule de quoique ce soit d’autre.  C’est pourquoi on dit que Shéna Béshabat Taanoug les Rashei Tévot donnent Shabat. Cela est dit du sommeil de la journée, pas de la nuit. Le repos de la nuit de Shabat n’est pas tellement le repos shabatique. Mais dans la journée oui. On peut dormir dans la journée tranquillement sans avoir autre chose à faire. On a déjà fait Min’hah ou on va la faire, mais il n’y a rien d’autre, il n’y a pas de scrupule, alors c’est vraiment Ménou’ha.

Bit’honah : c’est la sécurité d’être, pas cette inquiétude quant au mérite ou non d’être, c’est un niveau encore plus haut ou plus profond, une tranquilité sans inquiétude ni scrupule quant au mérite par rapport à l’être. Sans scrupulite, sans ce mal d’être qui caractérise beaucoup de  justes, c’est-à-dire beaucoup de consciences morales qui doute de leur mérite à vivre par doute sur leur mérite. C’est un danger de la conscience qui est précisément propre aux consciences fines, aux consciences à scrupule, qui risquent de considérer la vie comme une faute... On voit où cela plonge finalement... que la vie est un péché... et que c’est ainsi depuis l’origine… (péché originel). Et nous plongeons dans une civilisation dont c’est le sentiment profond. Ce n’est pas pour rien que la religion officielle de la civilisation contemporaine occidentale est une religion qui semble désigner cela très clairement à travers ses mythes. C’est que vivre est une faute. Il faut guérir ça. En réalité, le christianisme officiel ne va pas jusqu’au gnosticisme gnostique mais cela le frôle. Le christianisme a dû lutter pendant des siécles contre la tentation gnosticiste pure et simple, mais c’est leur problème. C’est le sentiment qu’il faut être sauvé de la vie. Le salut vient sauver l’homme de ce fait de vivre parce que c’est le fait de vivre qui entraine le mal. Il y a aussi le danger d’un basculement dans cette névrose-là chez les Juifs aussi ; parce que non assurés de cette bonne santé des choses hébraïques lorsque l’on parle de la Bible, on risque de la lire de cette manière... Là aussi, ce n’est pas par hasard que ceux qui l’ont lu ainsi l’aient lu ainsi...

 

« indépendament de la pensée de la Teshouvah le repos de l’esprit que cela donne » 

 

« Ma’hshevet hateshouvah en tant que projet, de ligne de comportement, mène avec elle la ménou’hah et le bita’hon vraiment,

 

C’est le propre des problèmes qui risque d’attaquer en inquiétude la conscience morale la plus fine de scrupule.

 

…/…

ici le Rav nous donne une indication de phénoménologie existentielle très profonde :

« un homme de scrupule moral ne peut pas avoir de repos d’être ».

 

Je vous cite directement le Talmud qui appelle Rashâ celui qui peur rester une semaine sans rêver. C’est sûrement un Rashâ. Dans notre civilisation on appelle cela « le sommeil du juste » ! C’est encore une sensibilité complétement opposée. Mon maître me l’a expliqué ainsi : Quelqu’un qui reste sans rêver (ie. sans cauchemard) une semaine entière, le monde étant ce qu’il est, c’est sûrement un Rashâ !

 

On bascule dans une toute autre mentalité. Bien entendu, il faut rappeller que ceux qui ont l’habitude de dormir sans rêver ne sont pas forcément des Reshayim. On parle en typologie généralisée. Cela veut dire à la limite : Celui qui peut être satisfait de l’état du monde sans rêver est sûrement un Rashâ.

 

Nous aurons un autre cours dans ce séminaire à propos de la Akédah d’Ist’haq où nous aurons à comparer les rires de Its’haq et de Ishmaël dans la Parashah lue à Rosh hashana. Nous verrons que Ishmaël rit au présent et c’est pourquoi il est disqualifié, alors que Its’haq est appelé celui qui n’aura le droit de rire qu’à la fin des temps Yits’haq c’est au futur (« Il rira »), Metsa’heq pour Ishmaël c’est au présent. Il y a là le même thème : Celui qui peut être satisfait de l’état du monde au présent jusqu’à en rire, celui-là est évidemment Rashâ dira le Midrash sur ce verset. Alors que l’autre fils d’Abraham, est appelé Yts’haq,  « il rira » à la fin  (Cf. « Rira bien qui rira le dernier »)

Il y a une Guémara entière à ce sujet avec un commentaire très important pour notre sujet, du verset des Psaumes [126:2]que vous connaissez : אָז יִמָּלֵא שְׂחוֹק, פִּינוּ  Az imalé sh’houq pinou...  « alors seulement on pourra emplir sa bouche de rires ».

Il y a un enseignement de Resh Laqish au nom de Rabbi Shimon bar Yo’haï : Assour laadam ... il est (interdit à l’homme d’emplir sa bouche de rires dans ce monde-ci. D’après le verset (des Psaumes 126 :2) qui dit : אָז יִמָּלֵא שְׂחוֹק, פִּינוּ  Az imalé sh’houq pinou...: alors seulement quand le monde sera comme il devrait être, on pourra rire vraiment. D’où le nom de Isaac. Il ne rira que lorsque ce sera authentique. C’est ce qui disqualife Ishmaël vis-à-vis de Its’haq. L’attitude de Sarah nous apparait apparemment paradoxale : elle voit un enfant rire et elle dit : Sépare-le !

Dans le même [21:8] verset nous avons « Ki lo irash  …/… 

[21:8: כִּי לֹא יִירַשׁ בֶּן-הָאָמָה הַזֹּאת, עִם-בְּנִי עִם-יִצְחָק ]


***

 

Rosh hashanah (1985) Suite

.../... 

Je reprends l’expression du Rav Kouk :

 

« sans cette sécurité que donne maha’hshevet hateshouvah, cela signifie qu’il n’y a pas de manoa’h. (Un des noms du Mashia’h dans le Talmud est Mena’hem) et ce qui fait que les vies sont vivantes au niveau spirituel, ne peut pas se développer dans le monde. Le sens moral réclame de l’homme le tout de la justice et du bien (la perfection dans le sens que nous avons vu) ».

 

Et le Rav nous dira que c’est impossible !

Donc nous vivons dans une contradiction intérieure qui entraine le malheur de la conscience. Cela veut dire que nous sommes donnés à un problème tragique qui n’a pas de solution. Parce que le sens moral n’est authentique que s’il réclame l’entièreté du Tsedek et du Tov, la Shlémout du Moussar ! Et le Rav nous dira que nous en sommes incapables. Donc il ne peut y avoir de Mano’ah : la conscience morale ne peut qu’être une conscience malheureuse.

 

Il y a une thèse de Jean Vahl : « la conscience malheureuse chez Hegel ». Pour Hegel cela allait de soi que l’homme pour lequel la loi est la loi morale ne peut être que de conscience malheureuse. Jean Vahl indique qu’il y a aussi la conscience bienheureuse.

 

C’est le grand conflit dans la culture juive occidentale entre les Mitnagdim et les ‘Hassidim.

Cela touche un peu à l’analyse du cours précédent ou même à l’analyse des 4 formes de la Teshouvah du ‘hassidim allemand. C’est-à-dire que pour un Mitnagued authentique, à la limite, la joie morale est suspecte, insolente. Alors que davka pour un ‘Hassid sans joie morale c’est suspect. On ne peut pas envisager dans le monde ‘Hassid un juif étudiant la Torah sans être heureux. C’est suspect ! Dans le monde Mitnagued c’est l’inverse.

 

Si vous relisez un très grand livre de Nietsche, qui s’appelle « la naissance de la tragédie », un livre génial de la jeunesse de Nietzsche qui allait de génie en génie jusqu’au génie suprême : il y analyse la différence chez les Grecs entre l’homme appolonien et l’homme dyonisien, qui établit une différence très parallèle entre les  Mitnagdim et les ‘Hassidim dans le sentiment de la vie. Et en particulier d’ailleurs sur le problème de la conscience morale malheureuse ou bienheureuse. Ce sont deux sensibilités morales différentes.

 

Celui pour qui c’est évident que la conscience morale doit être une conscience malheureuse sinon elle est suspecte.

 

Celui pour lequel c’est évident que la conscience morale doit être une conscience heureuse sinon elle est suspecte.

 

Et vous devinez dans quel sens le Rav va s’orienter, précisément par  le ’Hidoush qui se base sur Maïmonide.

 

Il y a deux choses importantes à signaler :

« Le jugement cette Shlémout hamoussari, cette perfection morale, en dehors de quoi cela serait falsifié et hypocrite, est tellement loin de notre possibilité de l’accomplir en fait,

 

Et en même temps la 2ème chose c’est la 2ème expression véhashlemah bépoal parce que tant qu’elle n’est pas poal c’est de plus en plus suspect.

C’est à dire qu’il y a une solution possible de type morale occidentale puisque c’est impossible d’atteindre - c’est trop loin de nous - cette perfection que le sens moral réclame de nous on va l’atteindre mais en intention - vous devinez là la ligne de la théologie du christianisme - ou en contemplation  - vous devinez là la ligne de la philosophie tout court.

 

Mais le Rav dit véhashlemah bépoal : tant que notre personne n’a pas réalisé bépoal en fait, elle ne peut pas trouver ce Ménou’hah, ce Bita’hon, manoa’h, et donc il évacue toutes ces contrefaçons qui pour ne pas pouvoir résoudre le problème, se satisfassent de ces contrefaçons : c’est-à-dire des morales d’intentions, que ce soit intellectuelles ou spirituelles.

  

« et combien sa force d’accomplissement est faible pour pouvoir orienter ses actes vers la pureté de l’idéal de la justesse morale du Tsedek hagamour - authentique.

 

Cette exigence de la conscience de vérité de n’être satisfaite que dans l’entièreté. C’est ce qui définit l’identité de Jacob en tant que Patriarche.

 

Les Patriarches ont reçu chacun trois bénédictions concernant cette approche de l’entièreté :

=>  Abraham: bakol

=>  Yts’haq: mikol

=>  Yaaqov: kol

Tant qu’on atteint pas le Kol d’une vertu quelqu’elle soit alors on n’est pas encore Israël. Il y a dans cette identité d’Israël, d’une certaine manière, l’exigence du tout ou rien.

C’est l’échec si on voit ce tout ou rien à ce niveau de perfection à la grecque : puisqu’on ne peut avoir tout, alors rien ! C’est un des échecs de la conscience juive de croire qu’il faut le tout dans l’entiéreté immédiate et ponctuelle et que si on ne l’obtient pas, alors rien ! C’est très occidental comme réaction de cette problématique du « tout ou rien ». le Rav va corriger cela tout de suite.

 

Lorsque Jacob a rencontré Essav, et que Jacob lui envoie un cadeau pour l’amadouer, et Esaü grand seigneur lui dit : « Garde, j’ai beaucoup Yesh li rav ! »

Jacob répond : « prend, j’ai tout yesh li kol ! ».

Cela situe bien la différence entre Jacob et Esaü. Esaü a un Rav, Jacob a Kol.  

Celui qui a beaucoup n’a encore rien, tant qu’il n’a pas tout...

Comment avoir tout puisque cela n’est pas possible ? Alors rien !

Je crois qu’il y a là la ligne d’explication du fléchissement, de l’effondrement de l’identité juive dans sa problématique contemporaine dati o ‘hiloni.

Ou bien... ou bien... : c’est l’attitude nordique chez Kierkegaard.

Les  rabbins qui s’inspirent de cela sont un peu comme ça…

 

Il y a là une condamnation de la théologie tragique totale absolu :

 

« comment aspirer à ce qui n’est pas en son pouvoir du tout ?  Lazot pour cela, la Teshouvah est naturelle à l’homme. »

 

 

On retrouve ici Maïmonide : c’est la Teshouvah ainsi entendue qui va donner une solution à cette impossibilité tragique, c’est elle qui le rend Shalem : à chacun de ces niveaux d’imperfections elle le rend parfait.

 

« Si (dans le sens de "bien que") l’homme est donné constamment à l’obstacle qui fait trébûcher, et porte atteinte au Tsedek et au Moussar (la justice et la morale), à son idéal d’entièreté morale, il reste dans sa perfection s’il est porté par Ma’hshevet Hateshouvah » (parce que cela réintégre dans l’instant même de la faute, cette chute qui était inévitable quant à sa nature) ...

 

Vous comprenez comment on peut être à la fois conscient de ses limites au moment même de la faute et en joie d’être. C’est une ‘Hassidout très profonde qu’il y a là car elle tient compte de l’exigence des Mitnagdim. Ce n’est pas une ‘Hassidout de la dérilection, d’un camp naturiste…

C’est une ‘hassidout qui tient compte de façon précieuse et minutieuse de ce que les Mitnaguim enseignent : « voici quelle est la  perfection morale mais sache à quel point tu en es incapable ».

Et cependant grâce à la Teshouvah nous dit le Rav, qui fait le pont entre ces deux mondes, il n’y a aucune atteinte à cette Shlemout dans le sens hébreu, du Tsedek et du Moussar. Sans être porté par Ma’hshevet HaTeshouvah tout s’effondre...

 

Rav Abraham Epstein, grand talmudiste, avait quitté Israël après une querelle avec Ben Gourion, nous avait enseigné un Midrash de deux manières : ‘hassid et mitnagued.

Dans le Maassé Bereshit il y a ce principe qui apparait : Sof maassé béma’hashavah t’hilah : la fin de l’oeuvre est dans la pensée du commencement : la fin de l’oeuvre est dans le début du projet ie. le début du projet va n’être réalisé qu’à la fin de l’oeuvre et donc l’homme est la dernière créature :

Le Midrash [Midrash Rabbah - Vayikra 14:1] dit : « s’il mérite on lui dit « tu es la couronne du monde », sinon on lui dit « le moustique t’as précédé ! »  S’il a mérité c’est la lecture Mitnagued couronne du monde. S’il n’a pas mérité il est moins que le moustique...

 

La ‘Hassidout explique ainsi : s’il a mérité on lui explique « gare à toi ! le monde dépend de toi, tu  es la couronne du monde et il dépend de toi, aie peur !». S’il n’a pas mérité il pourrait tomber dans le désespoir mais on lui dit : « Dieu s’est occupé de créer le moustique avant toi, tu n’as rien gâché du tout, recommence ! »

 

Vous voyez donc la différence de perspective du même Midrash. Il est évident qu’il y a les deux dimensions mais selon qu’on mette l’accent de ce côté ou de l’autre mis, on a une vision de la destinée très différente.

 

Le Rav Kook ici nous donne la clef du problème : la Teshouvah. Cela veut dire que quelque soit le niveau de gravité de l’imperfection qui est la conséquence de la faute, on reste dans l’intégrité absolue du bonheur d’être si la conduite de Teshouvah anime le comportement.

 

« si bien que l’homme soit constamment donné-conditionné au piège, portait atteint à la justice et à la moralité, cela n’atteint en rien son intégrité Shlemouto. Par le fait que l’essentiel du fondement de son intégrité c’est l’aspiration et le désir fixé en lui immuablement...

 

A propos du mot de ‘Hefets, Il me revient en mémoire un Midrash très important sur le 1er Psaume :  

אַשְׁרֵי הָאִישׁ--    אֲשֶׁר לֹא הָלַךְ, בַּעֲצַת רְשָׁעִים

וּבְדֶרֶךְ חַטָּאִים, לֹא עָמָד,    וּבְמוֹשַׁב לֵצִים, לֹא יָשָׁב

כִּי אִם בְּתוֹרַת יְהוָה, חֶפְצוֹ;    וּבְתוֹרָתוֹ יֶהְגֶּה, יוֹמָם וָלָיְלָה

« Heureux l’homme qui ne s’est pas compromis avec tous les niveaux de la faute …

Je paraphrase le 1er verset…

« il met son ‘Hefets son désir dans la Torah de Hashem, et dans sa Torah – le Pshat serait Torato shel Hashem - il médite jour et nuit ».

 

Le Midrash dit que s’il met son ‘Hefets, son désir, dans Torat Hashem inatteignable, si le ‘Hefets est authentique, alors Torat Hashem devient Torato : la Torah telle qu’il peut l’atteindre c’est sa Torah - Torato - et elle s’appelle Torat Hashem.

 

C’est un enseignement du ‘Hafest ’Hayim que le Rav Tsvi Yehoudah Kook (le fils) avait l’habitude de citer :

[Psaumes 19:8]:

תּוֹרַת יְהוָה תְּמִימָה, מְשִׁיבַת נָפֶשׁ

« Torah Hashem temimah meshivat nafesh »

 La Torah de Dieu est parfaite, elle ramène l’âme.

Le verset dit : « Torat Hashem Tmimah », Rav Tsvi Yehoudah Kook citant le ‘Hafets ‘Hayim avait l’habitude de dire "ish lo nagar ba : personne ne l’a touché". Il ajoutait d’ailleurs sur la fin du verset « Meshivat nafesh » « elle rend l’âme, elle rend la personne ». Elle ranime l’âme. Donc : si elle n’est pas Meshivat nafesh c’est qu’elle n’est pas Torah Hashem !     

 

La notion essentielle est celle-ci :

La Teshouvah est un comportement qui nous est donné, de façon à réintégrer notre bonne santé de créature, quelque soit les régressions auxquelles on se trouve. Ce qui restitue simultanément la conscience aïgue et éclaire la distance entre la réalité et l’idéal et en même temps le bonheur d’être à chaque étape.

 

Et alors nous trouvons-là une expression très précise de ce que déjà disait Maïmonide, la Teshouvah est un mouvement naturel de la conscience. Le Rav Kook va ici plus loin : pas seulement de la conscience morale sensible aux valeurs mais de la conscience d’être, de la conscience de créature comme telle. Et il décèle d’ailleurs dans d’autres chapitres de ce livre que les mondes sont en processus de Teshouvah. Il y  une dimension métaphysique de la Teshouvah. Comme si la création consistait à mettre le monde loin de Dieu et que le 1er commandemment contenant tous les autres consiste dans ce revenir. Et à chaque degré de ce revenir, il y a à la fois la conscience aïgüe de l’éloignement qui reste à combler et en même temps, de la dignité d’être déjà arrivé-là où l’on est arrivé.

 

Dans le cas de la régression, vous retrouvez toutes les Halakhot relatives à la Teshouvah que le Talmud avait enseigné : si la conduite de repentir apparait dans la conscience dès le moment de la faute, alors dès ce moment-là on est déjà pardonné.  Si on laisse passer du temps, le revenir est un plus long voyage, alors que si c’est immédiat, la distance est plus courte...

 

Une phrase encore sur ce texte, à propros de Maïmonide : si une conscience a été sensible à une valeur on peut lui faire confiance qu’elle ne se laissera pas tranquille (manoa’h) jusqu’à revenir à cette valeur.

 

Donc on n’a pas à commander au Tsadik de faire Teshouvah. S’il a été soumis à la loi il y reviendra tout seul. C’est un très haut niveau de morale, très noble, Atsili.

 

Si une fois une conscience a été sensible à une valeur, alors on sait qu’elle y reviendra. La Teshouvah n’est pas commandement mais une promesse dit Maïmonide. Il a suffit d’avoir accepté la loi pour être assurer du retour quelque que soit la faute.

 

Je concluerais sur ce point que c’est le même enseignement à propos du retour en Israël. Le retour en Israël n’est pas une Mitsvah chez Maïmonide. Beaucoup de Juifs de peu de foi attendent une Mitsvah pour revenir en Israël.  Rav Tsvi Yehoudah Kook : Est-ce qu’il faut un commandement pour revenir chez sa mère ? S’il faut un commandement pour revenir chez sa mère c’est que ce n’est pas sa mère ! 

 

C’est une promesse : Dieu dit à Israël : Tu reviendras ! Mais quand tu reviendras reviens vers Moi et ne va pas ailleurs…

 

Il y a un comportement naturel. On trouve cela dans les deux niveaux. Dans le code de Maïmonide, il n’y a pas une Mitsvah de faire Teshouvah. Quand tu fera Teshouvah voilà comment tu feras…  l’aveu…

Pour Israël il n’y a pas de Mitsvah de revenir en Israël.

Beaucoup de Juifs pieux trouvent dans cette absence de Mitsvah le justificatif pour ne pas faire leur Alyah. Selon Maïmonide celui qui réclamerait une Mistvah pour revenir n’est plus concernée du tout par l’identité d’Israël.


.../...
lire la suite ici
 

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