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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 21:11
Parashat Ha’hodesh (1984)

 

Parashat Ha’hodesh (1984) 1ère Partie

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/hahodesh/cours_1

Face A

 

Parashat Hachodesh:

… grosso modo comme une préface historique à la Torah en tant que loi. Et nous voyons que les 1ères Mitsvot de la Torah en tant que loi commencent ici au moment de la sortie d’Egypte. Effectivement, en lisant ce chapitre, on s’aperçoit qu’il s’agit des prescriptions pour le Pessa’h de la sortie d’Egypte, c’est-à-dire le Pessa’h que nous commémorrons par la suite de génération en génération par la fête de Pessa’h.

 

Il y a 2 expressions :

Le Pessa’h de la sortie d’Egypte c’est l’événement de la sortie d’Egypte qui s’est passé à travers le rituel pascal dont les lois sont décrites dans ce chapitre

Et ensuite, dès l’année suivante, Pessa’h est la fête de la commémoration du Pessa’h d’Egypte. 

L’expression retenue dans la tradition est en araméen

ð  Pessa’h de Mitsraïm (Pessa’h shel Mitsraïm)

ð  Pessa’h shel dorot : le Pessa’h des générations.

La différence c’est que les Mitsvot concernant le Pessa’h d’Egypte consiste en le sacrifice pascal effectué au moment de la sortie d’Egypte. Vous retrouverez ce contexte en le lisant par vous-même.

Et Pessa’h shel dorot cela veut dire le Pess’ah des générations, le Pessa’h de commémoration.

 

1ère remarque :

Vous trouverez dans ce texte à la fois des lois des Mitsvot concernant le Pessa’h de Mitsraïm et le Pessa’h shel dorot. Cela veut dire que la Torah prévoit que l’événement sera commémoré.

 

Déjà nous sommes avertis que si l’événement doit être commémoré c’est qu’il n’est pas complétement achevé. Un événement complétement achevé, complétement intégré, n’est plus commémoré.

C’est-à-dire que nous sommes avertis, et il faudra aussi étudier cela un peu en arrière pour voir quels sont les éléments du récit qui nous l’indique, que le moment et l’événement de la sortie d’Egypte est irréversible. C’est un point de départ. Mais il est inachevé. C’est pour cela qu’il est commémoré jusqu’à ce qu’il soit réalisé vraiment. La commémoration de Pessa’h se rattache par le passé au Pessa’h d’Egypte qui en est le principe ; mais dans l’avenir, cette commémoration est en même temps l’appel ou la préfiguration du Pessa’h dernier ultime de l’achévement de la Guéoula.

 

En d’autre termes :

Si un événement est commémoré c’est qu’il n’est pas encore réalisé complétement.

Cet événement de la sortie d’Egypte de ce temps-là, sous la direction de Moïse, dans les péripéties que la Torah nous raconte déjà depuis le premier chapitre de Shemot, est un point de départ irréversible. Mais le fait qu’il soit commémoré nous annonce qu’il n’est pas achevé.

 

Q : On a appris par ailleurs que dans le calendrier hébraïque lorsqu’on considère qu’un événement, un miracle est achevé il est commémoré avec un Hallel ?

R : Pessa’h est commémoré avec un Hallel, mais ce n’est pas un Hallel achevé. Il y a deux sortes de Hallel. Vous remarquerez qu’à Pess’ah on ne dit pas le Hallel complet sauf le 1er jour de Pessa’h. La raison de la Halakhah : on prend une sorte de deuil de la mort des 1er nés d’Egypte. Les 1er nés d’Israël jeûnent la veille de Pessa’h. Et pendant le complément de la fête, à part le 1er jour de Pessa’h lui-même, on ne dit pas le Hallel complet à cause de cela. C’est la raison de la Halakhah.

 

Mais relié à notre sujet, l’événement de la sortie d’Egypte est un tout pour lui-même. En tant que c’était la sortie de cette Egypte-là c’est un événement achevé, complet. C’est pourquoi c’est un point de départ irréversible. On en revient pas en arrière d’avant l’Egypte. Mais le fait qu’on le commémore cela implique que ce n’est pas la dernière Guéoula. Vou avez d’ailleurs beaucoup de références dans le texte qui le montre bien.

 

Lorsqu’on suit le récit de sévénements de la sortie d’Egypte, on s’aperçoit que cela aurait pu être la Guéoula ultime, et cela voudrait dire que le monde serait entré dans le temps messianique.

 

En particulier les Midrashim qu’on vous a cité : à partir du moment de la sortie d’Egypte, tous les défaut dans le monde disparaissaient : la guérison des maladies...etc. On était presque entré dans le monde messianique et la faute du veau d’or a stoppé tout cela pour nous ramener en arrière. Tout ce se passe comme si cela aurait pu être la Guéoula ultime, et qu’à la fin de cet exil, toute cette annonce de l’éventualité de l’exil faite à Abraham ce serait achevé et accomplie là.

 

En fait cet événement de la sortie d’Egypte, bien que point de départ irréversible d’un événement qui se referme sur lui-même, par sa commémoration, montre la perspective de la Guéoula est encore inachevée.

 

Essayez de lire par vous-mêmes dans le texte de Shemot toutes les indications qui indiquent qu’il y aura d’autres exils. C’est déjà dans le texte.

Il y a deux raisons :

ð  soit qu’Israël n’est pas de lui-même encore prêt à être l’Israël des temps messianiques   

ð  soit que l’état de la civilisation des Goyim n’était pas prête à cela.

Alors les événements nous sont donnés en préfiguration d’une espérance qui est reportée pour la fin des temps. Le signe au niveau du rite c’est que Pessa’h est commémoré.

 

Exemple simple donné en début d’année dont vous allez retrouver la signification:

On en commémore pas la sortie d’Abraham de Our-Qasdim. Parce que c’est un événement qui non seulement est irréversible mais complétement intégré. Alors il n’y a pas de commémoration.

 

Q : On commémore bien יום העצמאות Yom Haatsmaout ?

R : Parce que ce n’est pas encore achevé. C’est un point de départ. Quand il y aura la paix on verra. On aura des choses à commémorer après.

Q : Est-ce que cela implique que c’est pas la dernière fois ?

R : la dernière fois du point de vue des exils ? non, c’est un autre sujet. Il arrivera un temps où peut-être le 28 Iyar jour de la libération de Jérusalem prendra plus d’importance que Yom haatsmaout... On n’en est pas là mais c’est un peu comme cela que cela arrivera...

Yom haatsmaout c’est un très bon exemple : c’est un point de départ, certes irréversible mais ce n’est qu’un point de départ. L’objectif de la Guéoula n’en est qu’à ses premiers balbutiements. Cela a commencé, c’est irréversible puisque cela a commencé, mais ce n’est pas que cela qu’on attend...

 

Il y a 2 versets qui introduisent ce chapitre des Mitsvot concernant les lois de Pessa’h de Mitsraïm et les lois de Pessa’h shel dorot et ces 2 versets établissent le principe de base du calendrier hébreu que les mois sont comptés d’après les révolutions de la lune.

 

Verset 12.1

וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה וְאֶל-אַהֲרֹן, בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם לֵאמֹר

Vayomer Hashem el Mosheh veel Aharon beErets Mitsraïm lemor…

Et Dieu s’adressa à Moïse et Aaron dans le pays d’Egypte en disant…

 

Dans ce verset une indication importante : c’est que la révélation des Mitsvot s’adresse simultanément à Moïse et Aaron. Il y a une participation d’Aaron au mérite de Moïse d’avoir obtenu la sortie d’Egypte. C’est un sujet pour lui-même auquel je vous demande de réfléchir. Vous verrez d’ailleurs Rashi à ce sujet. Nous sommes surtout habitué au verset par la suite : « Et Dieu s’adressa à Moïse en disant, parle aux enfants d’Israël et dis-leur... »

Mais là nous sommes avertis que la révélation a lieu en réalité à travers Moïse et Aaron. Dans certains autres versets qui le rappellent, il y a Aaron avant Moïse ici c’est Moïse avant Aaron, le Midrash tire la conclusion qu’ils sont égaux en mérite. Et pourquoi on s’est finalement habitué à appeler la Torah Torat Mosheh et pas Torat Aharon ? C’est encore un sujet pour lui-même, dont je vais vous parler.

 

Avec le nom d’Aaron vient l’idée du grand-prêtre du culte des sacrifices d’expiations, alors que Moïse est lui l’homme de la Torah qui n’a pas pour objectif la réparation des fautes mais il s’occupe de la conduite à adopter pour obtenir le projet du Créateur, en fin de compte la Guéoula.

 

Dans ce métier d’homme ce métier d’Israël, il arrive que des fautes soient faites, alors Aaron intervient pour l’expiation. Mais l’objectif n’est pas la Torah de Aaron c’est-à-dire cette Torah dont le foyer, la préoccupation essentielle serait l’expiation des fautes.

 

Nous avons alors 2 axes :

ð  La Torah selon moïse qui est le Tiqoun haOlam – ce qu’il faut faire pour que le chaos du commencement finisse par s’achever pour que le monde se restaure et que la Guéoula soit possible. C’est l’aspect positif de la Torah, le Tiqoun HaOlam. Dans ce métier d’homme partenaire de Dieu effectuant le Tiqoun du monde, il y a des fautes de métier alors il faut une expiation.

ð  D’où La Torah selon Aharon avec l’expiation des fautes.

 

La Torah est donnée à travers Moïse et Aaron mais dans deux équations différentes. A travers Moïse c’est le Tikoun haOlam, à travers Aaron c’est l’expiation.

 

Le judaïsme a une histoire très longue et il arrive à cause de cette longueur de temps, que l’on déplace plus ou moins inconsciemment et sans s’en rendre compte, la définition de la Torah de Moïse à Aaron. Cela arrive dans ces communautés qui sont devenues religieuses dans le sens négatif, c’est-à-dire préoccupées exclusivement par l’expiation des fautes. C’est la tendance du « judaïsme en noir » de nombreuses communautées espagnoles à cause du paysage espagnol. Dès que la synagogue se transforme uniquement en lieu de prière pour les morts... c’est la le signe d’échec.

 

La dominante de la Torah dans le judaïsme c’est le Tiqoun HaOlam. S’il y a des fautes il faut les expier mais on ne cherche pas les fautes. Dans le christianisme la dominante c’est l’expiation. Toute la religion est faite pour cela : expier les fautes jusqu’à celle du 1er homme...

 

Dans la Torah de Moïse il est important qu’il y ait Aaron mais l’important c’est la Torah de Moïse.

 

Verset de Jérémie chapitre 7.21-23  :

כֹּה אָמַר יְהוָה צְבָאוֹת, אֱלֹהֵי יִשְׂרָאֵל:  עֹלוֹתֵיכֶם סְפוּ עַל-זִבְחֵיכֶם, וְאִכְלוּ בָשָׂר

כִּי לֹא-דִבַּרְתִּי אֶת-אֲבוֹתֵיכֶם, וְלֹא צִוִּיתִים, בְּיוֹם הוציא (הוֹצִיאִי) אוֹתָם, מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם--עַל-דִּבְרֵי עוֹלָה, וָזָבַח

כִּי אִם-אֶת-הַדָּבָר הַזֶּה צִוִּיתִי אוֹתָם לֵאמֹר, שִׁמְעוּ בְקוֹלִי--וְהָיִיתִי לָכֶם לֵאלֹהִים, וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי לְעָם; וַהֲלַכְתֶּם, בְּכָל-הַדֶּרֶךְ אֲשֶׁר אֲצַוֶּה אֶתְכֶם, לְמַעַן, יִיטַב לָכֶם

« Ainsi a dit Hashem Tsévaot Dieu d’Israël, olotekhem-  vos sacrifices de Olah (holocaustes brûlés entièrement) – ajoutez les à vos autres sacrifices (ceux dont on mangeait la chair) et mangez en la viande, car Je n’ai pas parlé à vos père et leur ai pas ordonné le jour où Je les ai fait sortir d’Egypte au sujet des holocaustes et des Shélamim, car c’est cette parole-là que je leur ai ordonné en disant : « Ecoutez Ma voix et Je serais Votre Dieu et vous serez Mon peuple », et vous suivrez tout le chemin la voix que Je vous recommanderez afin que vous ayez du bien. »

 

C’est un passage de Jérémie apparemment très difficile, mais je vous rappelle que Jérémie était un Kohen. Que dit-il ici ? Dieu n’a pas parlé de sacrifices aux ancêtres lors de la sortie d’Egypte !

C’est un passage dont se sont servis beaucoup de théologiens chrétiens contre le judaïsme alors que c’est une invraisemblance absolue : dans le ‘Houmash un livre entier parle des sacrifices c’est le livre de Vayiqra. Et les premières Mitsvot pour Pessa’h commence par le sacrifice pascal. Comment peut-il alors dire une telle chose ?

 

La réponse est  très simple : « Je ne leur a jamais dit « faites des fautes et apportez des sacrifices » mais Je leur ai dit : « Ecoutez Ma voix... maintenant si vous faites des fautes, apportez des sacrifices... » Mais je ne leur ai jamais demandez de faire des fautes ! Donc, Je ne leur ai pas demandé des sacrifices ! 

 

C’est encore ce risque de déplacement de mentalité : on ne se préoccupe plus du Tiqoun Haolam mais on se préoccupe de l’expiation des fautes et que cela... Alors cela devient une autre religion. En général, dans les communautés où cela arrive la communauté cesse d’exister et disparait.

 

Retenez ce point : Il y a collaboration entre la force que représente Aaron et la force que représente Moïse. C’est un sujet pour lui-même, je donne une deuxième indication indépendamment de ce qu’on vient de voir : Moïse c’est le chef de l’histoire de la Guéoula, alors que Aaron vient comme complément  indispensable : s’il survient dans cette histoire des fautes de métiers, il faut les réparer. On a alors besoin d’Aaron… Il y a un deuxième niveau : Moïse était le chef politique venu du palais du Pharaon alors que Aaron était le chef du ghetto des Hébreux. Il y a collaboration entre Moïse qui est le chef historique mais qui apparait comme un juif assimilé. Rappelz-vous Herzl. Imaginez-vous Herzl arrivant à la rue Pavé ou Cadet et rencontrant la réaction du rabbin Aaron de ce temps : « il est temps de rentrez à Jérusalem ! » dans un français de la Sorbonne avec un accent viennois... Et le rabbin interloqué va lui répondre : « tu begayes ! »  Il ne va pas entendre.

 

Mais Aharon lui a entendu. Un verset de la Parashah précédente dit que non seulement il a entendu mais lorsqu’il a vu Moïse venir de Midian pour annoncer que le temps de la délivrance était arrivé, le verset dit : « vesamakh belibo » il s’est rejoui en son coeur.

 

Dans le temps contemporain, lorsque le sionisme politique venu du judaïsme assimilé comme Moïse sortant du palais de Pharaon, il n’y a pas eu cette réaction de joie mais dans la grande majorité une réaction de refus.

 

Verset de Bo 12:2 :

הַחֹדֶשׁ הַזֶּה לָכֶם, רֹאשׁ חֳדָשִׁים:  רִאשׁוֹן הוּא לָכֶם, לְחָדְשֵׁי הַשָּׁנָה

Ha’hodesh hazeh lakhem rosh ‘hodashim rishon hou lakhem le’hodeshey hashanah.

Ce mois sera pour vous le début des mois, il sera pour vous le 1er des mois de l’année.

 

Apparemment, il y a une répétition mais cela vient de la traduction en français. Je résumerai les commentateurs à ce sujet. En réalité, dans la 1ère partie du verset le mot de ‘Hodesh signifie la néoménie – l’apparition de la lumière de la lune qui est le début du mois. ‘Hodesh ne doit pas être traduit par le mois mais par la néoménie : le renouvellement de la lumière de la lune. Cela signifie : « vous commencerez à compter le début du mois par la nouvelle lune »  parce qu’on pourrait imaginer un calendrier où le début du mois n’auait rien à voir avec la nouvelle lune. Un calendrier indépendant de la lune...

Ensuite, רִאשׁוֹן הוּא לָכֶם, לְחָדְשֵׁי הַשָּׁנָה rishon hou lakhem  le’hodeshey Hashanah:

et cette néoménie de Nissan où l’on se trouve sera pour vous le commencement de l’année. Le mois commence à Nissan. Le Pshat du verset est donc : Le mois commence à la néoménie et l’année commence à Nissan.

 

Il est important que la première Mitsvah donnée à Israël concerne premièrement la sortie d’Egypte et deuxièmement concerne l’institution du calendrier selon lequel le mois se compte par la lune et que c’est la néoménie du printemps qui est le premier mois de l’année.

 

Cette Mitsvah de Parashat Ha‘hodesh est-elle vraiment la première des Mitsvot que donne la Torah ? Objection : il y a 3 Mitsvot indépendamment des 7 Mitsvot des Bnei Noa’h tirées d’un verset sur Adam harishon :

ð  La Brit milah: la mitsvah de la circoncision donnée à Abraham

ð  Le Shabat par allusion avec Isaac

ð  La Mitsvah du Guid Hanashé qui commence les lois de la cacheroute avec Jacob.  

 

Mais il s’agit ici des Mitsvot données à Israël en tant que peuple. Jusque-là il y a eu des Mitsvot données à des individus. On apprend d’autre part dans la Guémara que même les Mitsvot données aux individus n’ont pris force de loi de Mitsvah qu’à partir du Sinaï au moment où Israël s’est constitué en société, en peuple. C’est-à-dire qu’on pratiquait par tradition les commandements donnés aux Avot mais pas comme commandements mais comme manière d’être. C’est la différence entre Midah et Mitsvah.

 

Les Avot avaient une manière d’être spontanée de vivre selon la Torah mais pas en tant que  Mitsvah à laquelle je dois obéir en vue de réaliser un mérite. (Rappelez-vous le cours de la Kavanah sur le Shéma). La Torah est vécue par les Avot comme Midot. C’est leur modalité d’être. Cette modalité d’être des Avot va être révélée aux Banim en tant que Mitsvah.

 

Le verset est très simple [Devarim 33.4] :

תּוֹרָה צִוָּה-לָנוּ, מֹשֶׁה:  מוֹרָשָׁה, קְהִלַּת יַעֲקֹב

Torah tsivah lanou Mosheh morashah qehilat Yaaqov

la Torah que Moïse nous a ordonné est l’héritage de l’assemblée de Jacob.

 

Entendez bien les premiers mots du verset : Torah tsivah lanou Mosheh la Torah que Mosheh nous a donné en tant que Mitsvah... c’est l’héritage de l’assemblée de Jacob qui lui l’a pratiqué comme Midah manière d’être.

 

Nous savons d’autre part que les Avot vivaient selon la Torah mais pas en tant que Torah-loi. Ce fut leur manière d’être. Ils vivent et expriment l’identité Israël. Ils sont chacun à l’échelle d’une seule personne tout Israël. La Torah ne s’adresse comme obligation qu’à travers le Klal. C’est seulement lorsque Israël est devenu un peuple et pas seulement une addition des descendant des familles des Patriarches mais un nation, que la Torah se révèle comme obligation. Le sens de l’obligation formellement est que l’individu doit coïncider avec l’identité du Klal.

 

Les Avot vivaient selon la Torah de façon de plus en plus dévoilée d’Abraham à Jacob mais pas en tant que c’est une ‘Hovah. Lorsque la Torah s’adresse à l’individu comme impératif, elle s’adresse au Klal comme promesse. C’est dire que lorsque la Torah s’adresse à une personne qui est toute entière à elle seule Israël, elle ne s’y adresse pas comme Hovah mais comme promesse : « Je te promets que tu seras comme cela... ». Tandis que lorsque la Torah s’adresse à l’individu dans le Klal elle s’y adresse à travers un impératif : « sois comme Je te promets d’être.. » C’est-à-dire que j’ai obligation de faire que la promesse puisse s’accomplir. 

 

Première introduction sur ce sujet :

A partir de la sortie d’Egypte, le 1er mois de l’année c’est le mois de Nissan. Mais vous savez très bien que pour le calendrier hébraïque le 1er mois de l’année c’est le mois de Tishri. En fait vous apprendrez à propos de Tou-biShévat qu’il y a 4 commencements de l’année. (Tishri - 15 Shevat - Nissan - 1er Eloul). L’année agricole, l’année fiscale, l’année religieuse et l’année civile. Je ne parlerai que des deux à Tishri et à Nissan.

 

La différence entre le commencement de l’année à Tishri ou à Nissan :

C’est là qu’on voit la chose nouvelle qui apparait, c’est pourquoi la Torah dit : A partir de maintenant pour vous le 1er mois de l’année c’est le mois de la sortie d’Egypte c’est-à-dire le mois de Nissan qui est la pleine lune du printemps dans le calendrier hébraïque.

 

Cela veut dire qu’au temps des Avot dans l’ordre des mois, le 1er était Tishri le dernier étant Eloul.

C’est le temps de l’année universelle, c’est-à-dire le temps de l’année de la création du monde, le temps de l’année où se rangent les événements qui  concerne l’universel humain.

 

Les Avot sortent de l’année de Tishri avec la sortie d’Egypte qui commence à l’année de Nissan. L’année qui compte les événements d’Israël de façon stricte c’est l’année qui commence à Nissan. L’année qui compte les événements à l’échelle universelle c’est l’année qui commence à Tishri.

 

Donc, les Avot avaient un calendrier où l’année commence à Tishri. Ils sont en train de sortir du  dedans de l’universel humain. Lorsque la sortie se fait, la nation d’Israël est là, et son histoire à elle est comptée avec le temps de Nissan et non plus avec le temps de Tishri.

 

La notion de base de cet enseignement de ce verset est très importante, c’est la notion de ‘Hidoush: la racine le’hadesh. ‘Hidoush cela veut dire renouvellement

Il y a un autre mot qui veut dire le renouvellement.

Shanah qui signifie l’année solaire : un mois solaire = une année.

Alors que ‘Hodesh est une année lunaire = un mois. 

La racine a donné le substantif Shinouï : changement et renouvellement.

Il y a une grande différence entre le comprotement de renouvellement qui s’appelle ‘Hidoush et celui qui s’appelle Shinouï. Celui qui s’appelle Shinouï est un renouvellement, un changement où l’on devient autre. Le sens fondamental de la racine Shin-Noun-Hé signifiant « changer ».

Shéni se rattache à cette racine et signifie deuxième : lorsque « un » se change en « deux ». Mais il est devenu autre. En français pour vous aider à comprendre c’est la différence entre deuxième et second. Le second est comme le premier, le deuxième est déjà autre.

 

Le Shinouï est un changement où l’on devient autre.

Le mot français « altérité » - être autre – le mot latin « alter » a donné le substantif français « altérité » : être autre. Ce mot de altérité possède un doublet qui est « altération ». Altéré signifie dénaturé.

 

Le Shinouï est un changement qui est amené par le temps et qui fait qu’on devient autre.

Alors que le ‘Hidoush c’est un changement qui fait que malgré le temps on reste soi-même.

‘Hodesh- ‘Hidoush sont de même racine que ‘Ehad.

 

La vie est une lutte entre la personne humaine et le temps. Si le temps est plus fort que la personne humaine, il y a Shinouï. Si c’est la personne qui est plus forte que le temps, il y a ‘Hidoush.

Cela veut dire, être capable de se renouveller dans la confrontation avec le temps mais en restant soi-même dans son intégrité et non pas aliéné.

 

Alors que le Shinouï, c’est de se laisser aller à l’action du temps et devenir autre et finalement disparaître. L’assimilation par exemple.

Mais je pense surtout à la réforme en milieu juif qui veut changer quelque chose, mais il le change comme un Shinouï. Il faut changer à travers le temps mais comme un ‘Hidoush en restant le même.

 

Il y a deux écueils de l’identité juive et de la permanence de cette identité :

ð  Le Shinouï qui est le cas le plus immédiat,

ð  Le refus du ‘Hidoush.

Celui qui refuse le ‘Hidoush disparait, et celui qui fait le Shinouï disparait aussi.

 

Bo 12.2 :

הַחֹדֶשׁ הַזֶּה לָכֶם, רֹאשׁ חֳדָשִׁים:  רִאשׁוֹן הוּא לָכֶם, לְחָדְשֵׁי הַשָּׁנָה

Ha’hodesh hazeh lakhem rosh ‘hodashim rishon hou lakhem le’hodeshey hashanah.

 

Il y a dans ce verset l’indication que la capacité de ‘Hidoush va être donnée à Israël. Israël représente cette capacité de ‘Hidoush et si on a bien compris de quoi il s’agit c’est ce qui explique la dimension d’éternité présente en Israël.

 

C’est la forme du ‘Hidoush qui est légalisée dans cette règle.

 

Je vous explique un Midrash :

Le temps de Goyim, le temps des nations, est compté d’après le soleil.Alors que le temps de Israël est comptée d’après la lune (en relation avec le soleil). Cela veut dire que l’histoire des civilisations suit le cycle du soleil : un commencement, une apogée, un déclin et fin… Et une deuxième année autre le remplace. Les civilisations se succèdent l’une l’autre à la manière de Shanah où l’une est deuxième par rapport à l’autre. Donc elles sont mortelles. L’année du soleil dans le Midrash signifie la mortalité des civilisations. Les 4 grands empires par exemple se succèdent l’un après l’autre comme les années du soleil. Alors que le temps d’Israël se compte d’après le temps de la lune qui est une renouvellement perpétuel qui traverse les années du soleil. Au niveau de l’histoire : la civilisation babylonnienne égyptienne, grecque...etc. et Israël a tout traversé pendant que le rythme de chacune de ces civilisaiton étaient un rythme solaire : naissance - expansion - apogée - déclin - disparition...etc.

 

Un exemple qui m’a beaucoup frappé dans mes études des civilisations occidentales, c’estprécisément que le grand siècle de la culture occidentale qui est le 17ème siècle s’appelle le roi soleil : cette mythologie du soleil qui est inscrite vraiment chez tous les empires.

Napoléon a repris le même mythe en s’entourant de 12 généraux comme les 12 signes du zodiaque...etc.

 

Dans les civilisations extrême orientales certaines se sont définies comme des civilisations lunaires et d’autres solaires. Par exemple, chez les chinois ce mythe des fils du ciel et du soleil. Il y a là deux rythmes de l’histoire radicalement différents. Là où le temps arrive à être plus fort que l’identité humaine et la dégrade et la fait disparaÎtre : c’est l’ordre du Shinouï. Ce qu’on appelle dans ce Midrash l’année solaire, le temps solaire. Là où au contraire l’identité humaine est plus forte et arrive à se perpétuer dans une dimension d’éternité : c’est comme le rythme de la lune. On croit qu’elle a disparu mais réapparait dans un renouvellement perpétuel qui traverse l’autre cycle qui est lui fermé sur lui-même. C’est la différence de ces deux forces.

 

Voilá comment cela se distribue :

 

ð  Depuis le temps des Avot et jusqu’à la sortie d‘Egypte on connaissait le calendrier dont le 1er mois était celui de Tishri. C’est celui de l’année universelle où se rangent les événement concernent l’universel humain.

 

ð  A partir de la sortie d’Egypte, à partir de Nissan, de Pessa’h le calendrier propre à l’historie d’Israël est basé sur le principe du renouvellement de la lune. 

 

Je vous cite au passage un verset de Qohelet : « Rien de nouveau sous le soleil ».

Le Midrash dit : rien de nouveau sous le soleil mais au-dessus du soleil quelque chose de nouveau...

Prenez bien les choses à la lettre, c’est comme si le verset avait dit : « il ne se passe rien de nouveau chez les Goyim ! » C’est la même histoire qui se reprend dans un style différent : les empires se succéderont à eux-mêmes...

 

Un historien philosophe de l’histoire, Oswald Spengler dans « Le déclin de l’Occident » utilise ce schéma-là. (C’est un auteur chez lequel on retrouve tous les réflexes de l’antisémitisme littéraire : d’abord le black-out sur ce que représente Israël dans l’histoire et quand il est obligé d’en parler il en fait une tribu hérétique des Arabes...). Un deuxième, philosophe anglais, Arnold Toynbee, antisémite et antisioniste également,  montre qu’il y a des scéma de développement des civilisations qui sont formellement les mêmes mais dans un style radicalement différent à chaque civilisation. Par exemple, l’âge romantique qui succède invariablement à l’âge classique dans toutes les civilisations dans des styles différents, après l’âge symboliste... etc.

…/…

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***

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