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26 août 2009 3 26 /08 /août /2009 10:53
Teshouvah: Repentir-revenir-retour - les tentations de la marginalités.

 Par le Rav Léon Askénazi 

Cours Audio - Repentir-revenir-retour - Les tentations de la marginalité:

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/pensee/teshouva_retour_repentir_et_reponse/cours_1  FACE A.

 

Je vais aborder ce soir la dernière scéance de cloture du séminaire sur la Teshouvah. J’ai pu assister à la 1ère du professeur  Benno Gross. J’aurais à me référer comme point de départ à un certain nombres d’indications qu’il nous a donné.

 

L’ititulé de l’étude de ce soir a été formulé ainsi : « Repentir-revenir-retour : Les tentations de la marginalité ». Il y a donc deux points dans cet exposé que je voudrais vous expliquer tout d’abord en introduction :

 

Le mot de Teshouvah que l’on a l’habitude de traduire par « repentir», vient d’une racine hébraïque Shouv qui signifie « revenir » dans son 1er sens ou « donner une réponse » dans son 2ème sens.

 

Ces différents termes en français expriment 3 nuances du mot de Teshouvah dans le sens de repentir mais en se référant à la signification de l’étymologie même de la racine, ce qui nous donnera une 1ère définition de la conception de la catégorie du repentir par rapport au problème de la définition du temps selon les catégories de la pensée hébraïque, disons de la tradition juive.

 

Et ce qu’il y a de frappant c’est que le terme de Téchouva ne se trouve que deux fois dans tout le Miqra. Une fois dans un récit qui concerne le prophète Samuel et une autre fois avec le roi David, et dans ces deux cas le mot de Teshouvah dans la forme substantive, signifie le retour chez soi. Par exemple pour le verset qui concerne Samuel [Shmuel I 7-17] : וּתְשֻׁבָתוֹ הָרָמָתָה כִּי-שָׁם בֵּיתוֹ - ouTeshouvato haramatah (ki sham beito) : « et il est revenu à la maison ». (et il est revenu à Rama car là est sa maison)

 

Nous avons donc ces trois termes :

  1. Le repentir en ce qui concerne la Teshouvah lorsqu’il y a eu faute : revenir à l’état antérieur d’innocence de la conscience avant la faute.
  2. Le revenir lui-même : c’est le fait, non pas seulement de regret et donc décision de ne pas revenir sur cette faute sur un point du comportement de la moralité, mais lorsque c’est l’être tout entier qui revient à une identité qu’il avait perdu globalement par rapport à un statut d’un certain statut d’identité d’être. 
  3. Le retour géographique.

 

Il y a ainsi 2 niveaux distincts, bien que liés, qu’il faut distinguer : la Teshouvah-repentir d’une faute ponctuelle et d’autre part la Teshouvah-revenir à l’identité antérieure qui a été globalement perdue lorsque l’on a rompu le lien avec l’identité idéale de telle ou telle manière d’être homme. En ce qui concerne Israël, l’identité selon la Torah que nous allons prendre pour postulat.

 

Il y a bien ces 2 dimensions dans la signification du mot de Teshouvah : repentir (par rapport à tel comportement qui a dévié des normes) et revenir (lorsque c’est le sujet lui-même qui s’est dénaturé dans un dévoiement par rapport à son statut d’identité globale, en ce qui nous concerne, l’être juif dans son identité idéale).

 

Mais voilà qu’il y a cette troisième définition qui est le retour beaucoup plus que le revenir avec une dimension géographique pure et simple.

 

C’est extrêmement relié à ce que nous enseigne le texte fondamental qui parle de la Teshouvah comme Mitsvah avec toutes les controverses des Poskim à ce sujet : La Teshouvah est-elle une Mitsvah ou un comportement naturelle ? Y-a-t’il une ‘Hovah obligation de la Tshouvah ?

 

La plupart des décisionnaires incluent dans leur code des 613 Mitsvot une Mitsva de Teshouvah.

Alors que Maïmonide et le courant qu’il représente pense que c’est une comportement naturel. Il y a un comportement conaturel à la conscience du Tsadik, celui qui a accepté la loi, et que la Mistvah porte sur l’aveu - le Vidouï. Dire la faute authentifie la Teshouvah.

 

La position de Maïmonide :

Il a un grand principe dans la structuration du code qu’il nous transmet: la Torah ne légifère pas là où il y a un comportement « naturel ».  Lorsqu’il s’agit d’un comportement humain inscrit dans la nature de l’homme, il n’y a pas de place pour une obligation de la Torah. Pour une raison fondamentalement élémentaire et simple à comprendre : pour répondre à une obligation il faut être libre. Or, il n’y a de responsabilité que là où il y a liberté. Il peut y avoir responsabilité atténuée car il y a des degrés de liberté, à la limite il y a aussi des cas de responsabilité exténuée mais elle commence par être atténuée. Nous sommes toujours plus ou moins quasiment libre et candidat à nous libérer.

 

Le postulat de la position de Maïmonide c’est qu’il ne peut y avoir de responsabilité que là où il y a liberté. Si c’est un comportemeent qui est inscrit dans la struture de la nature humaine, il n’y a pas liberté.

 

Exemple : Il n’y a pas dans la Torah de commandement qui ordonne de manger, tout simplement parce que nous ne sommes pas libre de ne pas manger. Par contre, et c’est d’ailleurs la définition formelle des Mistvot en tant que forme (dans le sens de l’expression philosophique surtout chez Kant, la forme du devoir, l’impératif formel) la Torah légifère sur le comment manger, la forme du manger. Mais le comportement lui-même s’inscrit et s’enracine dans une tendance, lui-même n’est pas libre ; et par conséquent, la Torah ne légifère pas sur un comportement auquel l’homme est obligé de par sa nature.

 

Et donc, tout se passe comme si Maïmonide considère que le comportement de repentir n’est pas libre chez l’homme. Par conséquent, la Torah n’impose pas d’avoir à se repentir mais elle impose une authentification du repentir dans l’aveu. A ce niveau-là, il y a liberté de la conscience, qui décide d’avouer ou de ne pas avouer.     

 

Nous laisserons de côté le sens de Teshouvah - réponse à une question.

 

Rapidement, l’étymologie française peut nous aider à comprendre le lien entre réponse et repentir : 

C’est l’idée de responsabilité. Répondre signifie « être capable de responsabilité ». Pourvoir répondre de quelque chose.

 

Je formule l’analyse de Maïmonide à ma manière par rapport à notre sujet:

Si une conscience a été une fois sensible au devoir et à l’obligation ou à la valeur, c’est donc que dans sa nature, elle est de l’ordre du Tsadik. Le Tsadik est celui qui est sensible à la Loi, en tant qu’elle est souveraine, au nom des valeur, sur ma liberté. Il peut arriver dévoiement, faute, trébûchement mais c’est la faute d’un Tsadik, qui dans son fond intérieur, même refoulé du subsoncient, reste toujours ce sujet de la moralité qui par nature est sensible à la valeur qui s’impose à lui dans telle ou telle obligation ponctuelle ou dans l’attitude générale du Tsadik qui est d’être le sujet de la moralité acceptant la loi a priori quelque soient ses difficultés et donc ses erreurs et fautes possibles. A la limite il n’y a que le Tsadik qui puisse faire des fautes. Le Rashâ est une autre catégorie. Pour la Torah la notion de faute renvoit à un Tsadik : il faut être quelqu’un pour pourvoir fauter. Du dedans de cette remarque, si la faute est celle du Tsadik, on peut lui faire confiance que de lui-même il finira par revenir de sa faute. Sa conscience de Tsadik ne le laissera pas en paix jusqu’à ce qu’il revienne sur ces actes.

 

L’enseignement de Maïmonide est très aristocratique et très élitiste : c’est vrai ainsi en principe pour les gens normaux. Si nous étions normaux on comprendrait ce que Maïmonide veut dire. 

Si on a fait une faute cela va de soi qu’il faille se repentir et la Torah n’a pas à l’ordonner

Seulement la Torah légifère sur la forme qui authentifie le repentir, c’est-à-dire l’aveu.

 

En ce qui concerne le 3ème terme : il s‘agit du retour géographique : tout se passe comme si à la faute correspond un exil de la conscience. Ce n’est pas simplement un parallèle d’analyse purement abstrait, c’est selon la Torah une réalité même.

 

C’est pourquoi j’ai cité le texte fondamental de la Torah qui parle de la Teshouvah et qui en parle entremêlé avec un autre sujet qui, pour la conscience moderne, est très différent, très éloigné du problème du repentir et qui est le problème du retour en Erets Israël.

 

L’équation exil-retour / faute-repentir c’est exactement dans les mêmes catégories et dans les mêmes versets, entremêlés dans l’enseignement de la Torah.

 

Ne pas croire que ce parrallèle est orienté idéologiquement dans le sens d’une Torah sioniste. C’est la Torah qui parle ainsi. La faute est un exil et le repentir est un retour.

 

Ceux qui vivent profondément, existentiellement, l’aventure de la faute, et l’aventure du repentir, expérimente cela que la faute nous met en exil de nous-même et que le repentir nous permet de nous réintégrer en termes de retour.

 

Effectivement, le mot, le substantif de Teshouvah n’est jamais employé dans la Bible que pour dire revenir chez soi, c’est-à-dire en Erets Israël.

 

***

 

La 1ère partie de l’analyse sera consacrée à la difficulté du comportement de Teshouvah : en quoi la Torah nous donne un ‘Hidoush – quelque chose de nouveau que la pensée naturelle ne peut pas appréhender par ses propres forces. Le comportement du repentir ne fait pas partie de la pensée naturelle, ni des comportements humains livrés aux propres forces de l’être. C’est la Torah qui nous enseigne que la Teshouvah est possible. Qu’y-a-t’il d’invraisemblable dans la conduite du repentir qui fait que, naturellement, l’homme n’a pas cette notion en lui ?

 

Elle n’est ni innée, ni acquise par la culture ambiante habituelle, elle est introduite dans la conscience de l’homme par la révélation prophétique.

 

Or, cette révélation prophétique a eu lieu il y a très longtemps, et l’enseignement de la prophétie hébraïque, la Bible, a diffusé dans beaucoup de culture et de civilisations. En Occident, on est devenu familier à la notion de repentir au point de tomber dans l’erreur de croire qu’il s’agit d’une notion naturelle, alors qu’il s’agit d’une invraisemblance pour la conscience naturelle.

 

Cette idée d’invraisemblance de la notion de Teshouvah pour la pensée naturelle prend 3 aspects :

 

  1. une impossibilité d’ordre morale,
  2. une impossibilité d’ordre logique,
  3. une impossibilité d’ordre métaphysique sur laquelle se branche un enseignement important du prophète Jérémie.

 

Nous retrouverons une dimension de l’enseignement du Professeur B. Gross qui avait analysé la formule de l’aveu « Ana Hashem ‘hatati... » 

B. Gross avait expliqué que lorsque l’on parle, on parle à quelqu’un. Or, ce quelqu’un est nommé dans l’aveu : c’est devant Dieu que l’on dit « j’avoue que j’ai fauté » : « ’hatati, âviti, pashâti... ».

Nous verrons que seul Dieu peut introduire une possibilité dans cette impossibilité naturelle et nous verrons que c’est lié au problème de la mémoire.

 

1- impossibilité d’ordre morale

 

1ère difficulté : elle est d’ordre morale.

Pour la pensée naturelle  - ce qui ne signifie pas la pensée primitive dans le sens négatif, ni la pensée pré-logique dans le sens des sociologues par exemple, la pensée naturelle peut être très évoluée - celle de la philosophie la plus grande par exemple - mais elle a pour postulat que c’est l’homme qui pense et qu’aucune voix ne lui a parlé du dehors de la conscience humaine. C’est à dire que la pensée naturelle a pour postulat qu’il n’y a jamais eu de prophétie ni de révélation. C’est pourquoi la pensée naturelle ne possède pas par nature les notions bibliques, elle les a apprise de la révelation prophétique. Quelque soit la familiarité qui fait croire à la conaturalité de ces notions, il y a là une erreur fondamentale. C’est un problème qui préoccupe les maîtres contemporains : la redécouverte des sources juives à l’époque contemporaine, qui étaient encore complétement clandestines il y a encore une cinquantaine d’années, conduisent à une tentative d’annexion (de la part de penseurs juifs eux-mêmes, parfois croyants, qui se trompent de ‘bonne foi’) des contenus de la sagesse prophétique à la problématique philosophique.   

 

Cela tend à présenter pour ce qui nous concerne la notion de Teshouvah non pas comme un ‘Hidoush, qui un renouvellement de sens qui viendrait de l’extérieur de la conscience humaine naturelle apprise par la révélation prophétique, mais comme un notion de la pensée naturelle.

 

1ère difficulté : Impossibilité d’ordre morale.

Il y a semble-t’il une notion d’injustice dans la possibilité du repentir pour une conception de la morale qui serait celle d’un légalisme formel absolu. Au nom de la  loi on ne comprendrait pas qu’il y ait cette complaisance - qui est à la limite une sorte d’injustice dans le sens étymologique – mise en congé de la justice -  envers la faute et le fauteur et que le repentir viendrait effacer : il y a là un scandale moral. Beaucoup de consciences morales de l’ordre de la pensée naturelle ont refusé l’éventualité du repentir comme invraisemblable moralement. Cela choque leur conception de la justice. J’ai l’habitude de citer la formule qui définit le droit romain : Dura lex sed lex.

« La loi est dure mais c’est la loi » : Devant la loi il n’y a pas de repentir possible : on ne discute pas avec la loi. Il y a eu faute, il y aura punition. La Teshouvah ne fait pas partie de la pensée naturelle pour une cause de scandale moral.

 

Dans la civilisation occidentale, il y a une conception légaliste et formaliste de la moralité qui va jusque-là. Et qui risque d’envahir la société israélienne à travers des conceptions « humanistes » inspirées de la culture occidentale qui ne s’enracine pas dans la morale juive traditionnelle.

Je pense ici à la légalité de la lettre de la loi de type humaniste non relié à la Torah : alors la Midat Hadin refuse la notion de repentir.

 

Yonah ben Amitaï : étymologiquement le nom se rattache au mot de Emet-Vérité. S’il s’agit d’un prophète qui prophétise au nom de la vérité absolue, il ne peut admettre que le repentir soit possible. C’est pourquoi lorsque Dieu lui demande de prophétiser à Nivive pour exorter sa population au repentir il refuse. Le Dieu de la justice absolue ne peut pas admettre le repentir.

La notion de repentir entre en collison avec une conception de la justice du point de vue Emet absolu, ce serait trop facile.  Il y a une faute et il suffirait du repentir pour être pardonner ?

Mais l’acte bien réel a eu lieu !

 

Tous les textes concernant la possibilité du repentir nous mettent devant YHWH et non pas devant Elohim.

 

Les noms divins El – Eloha - Elohim signifient Dieu comme garant du fonctionnement des lois de la nature et à travers précisément cette dimension de la Midat HaDin c’est-à-dire de la légalité de la loi. Et devant Elohim, il n’y a pas de place pour la Teshouvah. Alors, c’est devant Hashem que la Teshouvah est possible. C’est-à-dire la révélation du visage de Dieu au-delà et plus haut que le visage de la Midat HaDin : le visage de Midat HaRa’hamin.

Les athées en un sens on raison de dire que c’est un scandale moral et que la loi refuse l’éventulaité du repentir.   

 

2 - impossiblité d’ordre logique

 

La Teshouvah implique toute une conception du temps où il est possible de revenir en arrière pour faire le Tikoun la réparation de ce dévoiement - d’avoir dévier du droit chemin. C’est d’ailleurs une image que j’emprunte à Maïmonide la voie droite – derekh hayesharah. La faute consiste à dévier de la voie droite, soit à droite soit à gauche.

 

Il s’agirait de pouvoir revenir en arrière dans le temps de la conscience au point temporel où il y a eu ce dévoiement pour pouvoir reprendre la voie droite. Ou même, sans revenir en arrière, pouvoir horizontalement revenir sur la voie droite : Lashouv. Revenir après avoir dévié.

Cela implique que l’on puisse aménager le temps de façon qu’il soit temps réversible. Or le temps pour la pensée naturelle est connu comme irréversible.

Sans révélation prophétique, la notion de Teshouvah est impensable pour celui dont la conscience fonctionne d’après les normes naturelles. L’idée même d’un retour dans le temps pour qu’un Tikoun soit possible est impensable.

 

Vav Hahipoukh

Seul l’hébreu a une régle de pensée qui correspond à cette possibilité de la Teshouvah.

Dans aucune autre langue on ne trouve cette régle de grammaire grâce à laquelle l’inversion des temps passé et futur est possible : le vav hahipoukh est le secret de la Teshouvah : l’hébreu sait transformer le passé en futur et le futur en passé. Il faut disposer de cette force de l’inversion des contraires pour que la Teshouvah soit pensable vraisemblablement.

 

Tout cela est entré dans l’inconscient de la pensée et des langues mais on comprend par là comment la conscience hébraïque était apte à accepter la Loi parce qu’elle avait profondément ancrée dans sa structure mentale et pas seulement morale, la capacité de penser que la Teshouvah est possible.

 

Une pensée, une consience, une âme, qui fonctionnerait à la grec ne peut pas accepter la Torah.

Parce que si la loi nous est donnée sans la clause de possibilité du repentir en cas de faute (dans les conditions d’authenticité que la législation établira, en particulier dans le Vidouï), nous sommes perdus et condamnés à la 1ère faute. Sans la possiblitié de Tshouvah dans les 3 sens de repentir-revenir-retour, à la 1ère faute, au 1er manquement, on serait perdu. 

 

On comprend ce Midrash qui dit que Dieu a proposé la Torah à toutes les Nations du monde qui ont toutes refusé alors Dieu a sucité l’existence du peuple Israël fabriqué de telle sorte qu’il puisse lui accepter et supporter la Torah.

 

Pour pouvoir être capable d’accepter la Torah il faut être capable de maitriser la catégorie de la Teshouvah.

 

C’est le mécanisme essentiel du refus de la Torah comme Torah, comme instrument du salut, parce que cela apparait impossible d’une part à cause du scandale de la conscience morale que l’idée génére et d’autre part à cause du scandale logique lui-même.

 

La nature même de l’homme est d’être non pas fauteur ou pécheur comme dans la théologie chrétienne mais peccable dans le sens de « capable de faute ». Parce que l’homme est libre.

 

On comprend d’autent mieux ce Midrash qui explique que seuls les Hébreux étaient capables d’accepter la Torah : ce qui est confirmé par une régle unique de la grammaire hébraïque, seule à pouvoir transformer le passé en futur et le futur en passé.

 

3- Impossibilité d’ordre ‘métaphysique’ 

 

Une impossibilité d’ordre « métaphysique » qui vient du fonctionnement de la mémoire :

1er verset du chapitre 2 de Jérémie qui est lu à Roshashanah.

Roshashanah qui s’appelle dans le Miqra Yom Hazikaron le jour du souvenir.

Je ne voudrais pas traiter du problème des différences d’appellation des jours du calendrier dans le langage du Miqra et du Talmud. Chaque fête a au moins deux noms : celui de la Torah et celui du Talmud.

Yom hazikaron souligne ce phénomène de la mémoire totale, nous sommes habitué à définir Roshashanah suivant la Torah shébé alpéh comme Yom hadin le Jour du Jugement.

 

Le lien doit nous apparaitre de façon très simple, parce que nous sommes jugés par la mémoire.

Qui nous juge ? C’est cette mémoire totale qui a enregistré ce qui s’est passé dans le temps.

Yom hadin et Yom hazikaron c’est la même chose.

 

Or, précisément à cause de la mémoire, il semble qu’il y ait une impossibilité métaphysique parce que la mémoire totale ne peut pas oublier ! Ce qui fait que la Teshouvah est quelque chose de très difficile.

 

Jérémie 2:1-2

וַיְהִי דְבַר-יְהוָה, אֵלַי לֵאמֹר

הָלֹךְ וְקָרָאתָ בְאָזְנֵי יְרוּשָׁלִַם לֵאמֹר, כֹּה אָמַר יְהוָה, זָכַרְתִּי לָךְ חֶסֶד נְעוּרַיִךְ, אַהֲבַת כְּלוּלֹתָיִךְ--לֶכְתֵּךְ אַחֲרַי בַּמִּדְבָּר, בְּאֶרֶץ לֹא זְרוּעָה

 

« Et la parole de Hashem me fut adressée pour dire : il faut aller et tu invoqueras aux oreilles de Jérusalem (cette formule indique la permance, acte à faire constamment) en disant :

« Ainsi à dit Hashem : ‘Je me suis souvenu pour toi de la grâce  (‘Hessed lorsqu’on fait un acte gratuit, la générosité absolue : tu as fais qlq chose que tu as fait de toi même, c’est ‘Hessed) que tu avais dans ta jeunesse et l’amour que tu avais dans tes fiançailles (le stade avant le mariage) lorsque tu allais derrière Moi dans le désert, dans une terre non ensemencée »

 

Vous avez un mérite exceptionnel : vous êtes ceux qui m’ont suivi au début du commencement de l’accomplissement des promesses ...

 

La difficulté provenant de la mémoire de l’homme c’est que, après la faute, étant donné que la mémoire n’oublie jamais, il y a dans la mémoire une connaissance de soi-même où le bien de vertu que l’on avait et le mal de la faute commise sont entremêlés. Après la faute, la mémoire de l’homme est contaminée de façon irréversible. On ne peut éviter dans la mémoire l’amalgame entre cette pureté de jeunesse durant les fiançailles et l’impureté contracté après la faute. La mémoire après la faute est à la manière de l’arbre de la connaisance du bien et mal mélangés. [Cf. L’interdiction de manger de ce fruit-là là où le bien et le mal sont mélangés.]

La mémoire d’après la faute est le paradis perdu. L’homme sait par sa mémoire qu’il ne reviendra jamais à l’état d’innoncence à cause de la mémoire. 

 

C’est là le paradoxe : c’est la mémoire qui permettrait de revenir dans le temps perdu pour en faire la réparation, mais à cause de la mémoire on sait que jamais on reviendra d’où on était parti comme on était parti. Il y a là un empêchement d’ordre apparemment métaphysique.

 

Dans cette perspective, une fois la faute faite, le paradis est perdu et c’est irréversible parce que l’on a goûté au fruit du bien et mal mélangés.

 

A partir du moment où le bien et le mal sont mélangés, c’est le drame de la conscience douée de mémoire : on sait que l’on ne pourra jamais redevenir ce qu’on avait été avant la faute. Et il y aurait là une impossibilité métaphysique.

 

C’est à cela que répond Jérémie et on comprend pourquoi il faut une exortation continuée : parce que c’est invaisemblable – au delà du scandale moral de la philosophie des Romains et au-delà du scandale logique des Grecs pour lesquels le passé c’est le passé, le futur c’est le futur et le présent c’est le présent. Ceux qui ont fait du grec savent à quel point c’est une des langues anciennes où il y a le plus de différences de nature entre le passé, le présent et le futur. Ils appellent leur passé l'aorist et l'aorist second c’est le plus-que-parfait.  En français on dit le passé composé et on devrait dire le passé décomposé, le plus irréversible.

La mentalité romaine : la loi légale prime la morale, le repentir est impossible

La mentalité grecque : la logique interdit la possibilité du repentir.

Pour les Juifs d’imprégnation hébraïque, cela va de soi car c’est la base même de notre vie spirituelle, en tant que descendants des hébreux. 

 

Jérémie « Toi tu ne peux pas te rappeller de ton innoncence, Moi Je peux. »

 

Au-delà de cette mémoire totale où tout est amalgamé, il y a une mémoire vraie et une mémoire juste où les temps d’innocences étaient des temps d’innoncences et où les temps de fautes étaient des temps de fautes et qui ne sont pas mélangés.

 

Au-delà de l’arbre de la connaissance du bien et mal melangés il y a l’arbre de la vie. Dans l’arbre de la vie, le ‘Hessed c’est le ‘Hessed, la Ahavah c’est la Ahavah ...

Si après il y a eu kilkoul - comme dit le prophète « elle a mangé et elle s’est essuyée la bouche » - Dieu peut dire à Israël : « à ta place je peux me souvenir ». Alors que le fonctionnement naturel l’empêche, Dieu avec Sa mémoire à Lui peut rappeller à Israël quand il n’avait pas fauté.

 

Cela veut dire que la liturgie de Roshashanah et Yom Kipour est sérieuse, vraisemblable, possible, et non purement formelle car nous sommes devant Hashem.

Hashem peut dire : « lorsque je pense à toi dans la Midat Ha’Hessed c’est dans la Midat Ha’Hessed que je pense à toi. » Ce dont toi tu ne peux pas te rappeller dans ton état d’innoncence et donc le paradis est retrouvé.  

 

J’en arrive donc à la 2ème partie de l’analyse.

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Repentir-revenir-retour - Les tentations de la marginalité - Suite

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/pensee/teshouva_retour_repentir_et_reponse/cours_1

Face B

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Q : Pourquoi y-a-t’il une époque de l’année où la liturgie est la Teshouvah ?

R : Il y a les dix jours pour aller par niveaux de Roshashana jusqu’à Kippour.

Un verset des prophètes (Haftarah du jour de jeûne, Isaïe) dit :

«  Recherchez Dieu lorsqu’il est présent, appellez-Le lorsqu’il est proche »

Signifie-t’il qu’il y a des moments où Il est loin, voire absent ? Que signifie le verset ?

Il faut savoir qu’il y a un rythme de nos relations avec le Créateur, la Source de l’être. Il y a des situations de proximité et des situations d’éloignement (Karov vé-Ra’hok).

 

LA quesiton est vaste mais je vais la systématiser : Nous avons 2 expériences de la relation à Dieu en tant que Créateur et Source de l’être : lorsque nous expérimentons le fait qu’Il est infiniment loin de nous. C’est ce que les philosophes appellent la transcendance. Alors apparait le sentiment de la Yirah que l’on traduit par la crainte.  

On vit la crainte lorsqu’on est en présence de quelque chose qui nous dépasse infiniment, qui est autre, c’est la notion de transcendance.

Et lorsque l’on perçoit la proximité, surtout dans l’expérience de la bénédiction dans la proximité, alors ce qu’on vit c’est l’amour Ahavah.

Ahavah et Yirah sont les deux expériences de la Emounah authentique.

 

[Ahavah seule, Yirah seule, ce n’est pas encore la véritable dignité de la relation. Non seulement avec Dieu mais avec quiconque. Il faut se méfier des conduites de l’amour exclusif qui n’aurait pas la dimension de respect de l’autre qui se traduit pas le terme de crainte. Si j’ai Ahavah pour quelqu’un sans avoir Yirah, alors la Ahavah est dangeureuse.  Même chose pour la Yirah.

Il y a un débordement affectif dans le sens Ahavah sans la relation de dignité qui s’appele Yirah. On n’est pas capable de se mettre à la place de l’autre, il n’y a pas la réciprocité. De la même manière la Yirah sans la Ahavah, la relation de respect devient catastrophique. 

 

La problématique théologique des trois grandes traditions religieuses se distribuent parfaitement dans cet évantail.

 

Dans le christianisme, il y a un accent absolu sur l’immanence. Il y a Ahavah sans Yirah. La lecture des livres des mystiques chrétiens et le vocabulaire employé me choquent. On parle de l’amour de Dieu. C’est choquant car impur. Non parce que l’on n’est pas capable de ces débordements affectifs dans l’extase religieuse mais parce que cela reste dans la pudeur privée.

 

Dans l’islam, un accent est mis sur la transcendance absolue. Le Dieu de l’Islam est un Dieu terrifiant, d’ailleurs les musulmans aussi. C’est le Dieu de la transcendance absolue.

 

Cela ne manque pas de grandeur, l’amour absolu ou la crainte absolue mais ce n’est pas la vraie religion. Pour le judaïsme c’est HaQadosh Baroukh Hou : c’est la trancendance et l’immanence.

 

Lorsque la théologie chrétienne a voulu aménager l’unité de la transcendance et de l’immanence, il a fallu qu’elle fasse appel à des catégories d’origines différentes. C’est le père qui est transcendance et le fils qui est immanence, et on tombe dans autre chose que l’enseignement de la Torah...]

 

Il y a donc des périodes d’expériences de proximité. Or, nous avons perdu cette science. Beaucoup de jeunes tentent de la retrouver et tombent dans l’occultisme et l’astrologie pour savoir à quel moment on est près et à quel moment on est loin... les pulsations du coeur de l’univers. Cette science a été perdue mais existe dans la Kaballah, mais tout est Nistar. La seule chose que l’on sait c’est que cela existe. 

 

(L’étude de la Kaballah implique un secret d’initiation. Par conséquent  de deux choses l’une les livres de kaballah soit il s’agit de quelqu’un qui a violé ce secret et alors il est suspect, soit il s’agit de quelqu’un qui n’a jamais fait de serment et alors il est encore plus suspect.)

 

Mais nous avons un moyen, la mémoire historique d’Israël comme collectivité. Il y a eu un moment de dévoilement au temps de la sortie d’Egypte. Et la génération de la sortie d’Egypte a vécu de façon dévoilée ces moments de proximité et de dévoilement. Et nous savons par le calendrier de ce qu’a été la vie de la génération du désert, quels sont les moments où Dieu est près et quels sont les moments où Dieu est loin – c’est-à-dire quels sont les moments où par le fonctionement naturel du monde nous sommes loin ou nous sommes près.

Nous sommes près à Tishri mais nous sommes loin à Tishâ BéAv.

Ces secrets du calendrier font partie des Sitrei Torah.

 

Nous savons que le 10 Tishri  a eu lieu historiquement pour la 1ère fois de façon dévoilée le 1er pardon de l’histoire. C’est effectivement le 10 Tishri que la faute du veau d’or a été pardonnée.

 

La faute du veau d’or a eu lieu le 17 Tamouz. Moïse est monté sur la montagne la 1ère fois le 6 Sivan pour recevoir les premières Tables. 40 Jours après, la faute du veau d’or et il brise les tables de la Loi. Pendant 40 jours il a prié pour que la sanction du peuple soit suspendue et pendant 40 jours il obtient les 2ndes tables de la Loi et il est redescendu les donner, c’était le 10 Tishri.

 

Nous savons historiquement que c’est un jour de proximité absolue, c’est le Jour où l’on pardonne.

Ceci dit on sait que tous les jours il y a comportement de Teshouvah. Pour ceux qui ont l’habitude de la liturgie juive vous savez que tous les jours il y a des rites de Vidouï, Kaparah... etc.

A des niveaux différents plus accentués les jours de Rosh ‘Hodesh, de Rosh hashanah et de Kipour. 

 

Q : La mémoire de l’homme ne peut jamais oublier ?

R : Oui, cela veut dire que celui qui, sachant qu’il ne peut pas annuler dans sa mémoire le souvenir de cette faute mais qui en a encore le remords, cela veut dire qu’il ne croit pas que Dieu s’est occupé de lui, qu’il ne croit pas que Dieu lui a pardonné, et qu’il ne croit pas en dernier ressort que Dieu existe tout simplement.

Il y a interdiction d’oublier ce qu’on a fait mais interdiction d’en avoir remord encore si on a été pardonné car s’il y a remord c’est qu’on ne croit pas qu’on ait été pardonné. La conscience est intoxiquée et il faut revenir à une virginité de la conscience. C’est dire qu’il faut prendre au sérieux le fait qu’il y ait eu pardon. Sinon on nie qu’il y a un Dieu qui pardonne. Au fond c’est une position athée. Celui qui a encore le remord d’une faute qui a été pardonnée c’est une conduite de l’athéisme.  C’est-à-dire qu’il ne croit pas que Dieu puisse pardonner. Il se cherche alors des stratégies de salut en dehors de Dieu. C’est les religions à sauveur, sauveur qui n’est pas Dieu et comme il n’est pas Dieu, on finit par dire que le sauveur est Dieu...

 

Il faut faire une différence entre le rappel intellectuel du souvenir. Il y a un verset pour cela : « Ma faute est toujours devant mes yeux » mais j’en suis guéri. C’est la réponse à votre question : ma mémoire ne peut jamais oublier, mais je peux être guéri. Il y a une différence entre le repentir et le remord. Le remord c’est le signe de la maladie. Le repentir c’est le signe de la guérison. C’est le verset « Yéshav vé-Rafa Lo » « Qu’il se repente et il sera guéri »

 

Tant que je suis dans le remord, c’est le symptôme de la maladie : je suis malade de la faute, je suis dans la maladie de la faute. Et c’est le signe que je ne me suis pas encore repenti. Tandis que s’il y a repentir, alors je suis guéri du mal de la faute mais je sais ce que j’ai fait et cela je ne l’oublierais jamais. On ne peut avoir confiance en ce que le pardon a été donné que si on sait que c’est Dieu qui a pardonné, parce que ma conscience ne peut pas me pardonner à cause du problème de la mémoire.

Si j’étais uniquement aux prises avec ma conscience je serais constamment empoisonné par le remord d’avoir mangé ce fruit défendu.

 

Q : Cas extrême des nazis par exemple qui peuvent se libérer la conscience en croyant que Dieu était avec eux et qu’ils ne sont pas si responsables ?

R : Vous parlez à la place des Allemands et je crois que c’est beaucoup plus grave que cela. L’âme allemande vit dans un drame épouvantable car elle est incapable de demander pardon vraiment et elle vit ce remord perpétuel. Dans des sujets pareils, évidemment il y a le postulat de la bonne foi minimum : je ne crois pas qu’un Allemand de bonne foi puisse considérer son crime comme pardonnable par des dommages de guerres... Ils savent cela impardonnable. Mais ils sont incapables de demande pardon c’est ce qu’il y a de grave. Il y a des individus qui en sont capables. L’identité allemande comme identité collective en est incapable et ne l’a jamais fait. Le philosophe Wladimir Jankelevitch a étudié ce problème : « non seulement c’est impardonnable mais cela fait partie de l’âme allemande de ne pas savoir  demander pardon ». Un allemand ne sait pas se courber, quand il se courbe il se casse en deux, il disait : « ils ont une baillonette à la place de la colonne vertébrale ». Il y a là un phénomène culturelle grave que la culture allemande, en cela très romaine, ne connait pas le pardon. L’ordre prime tout, la loi prime la morale....

J’ai connu des Allemands à l’échelle individuelle qui ont fait Teshouvah. Cela peut paraitre paradoxal mais la seule Teshouvah réussie c’est de se convertir au judaïme. La seule manière d’expier et de guérir simultanément c’est de devenir juif. Sanction d’une punition et guérison simultanément.

 

2ème partie de l’analyse:

Les tentations de la marginalité

Le signe qu’un repentir n’est pas authentique, en plénitude - Teshouvah Shelemah -  c’est qu’on ne revient pas à la manière d’être que l’on avait quitté : on revient de manière différente.

Il y a là le piège de l’orgueil. C’est le Maharal qui a analysé cela.

Je vais tenter d’analyser ces tentations de la marginalité sur un mouvement qui est un fait social, un fait de société connu qu’on appelle les ‘Hozé BiTshouvah et les Baalei Teshouvah.

Baal Tshouvah: c’est au niveau du repentir par rapport à une faute ponctuelle.

‘Hozei bitshouvah: c’est au niveau du revenir lorsque l’identité tout entière était au-dehors et qu’elle revient.

Baaléi Teshouvah : il y a eu faute et on a maitrisé cette faute et on est devenu les maîtres du repentir de cette faute.

 

Il y a une espèce de coquetterie qui fait qu’on ne rentre pas complétement dans le rang, on reste à côté. Il y a des signes parfois et cela ne trompe personne, très coquet de cette marginalité. C’est le signe que la Teshouvah n’est pas Shelemah. Parce qu’il n’y a pas eu retour. Il y a eu repentir, il y a eu le revenir, mais un peu comme un revenant et pas comme il faut. On reste à côté. On indique qu’on n’est pas comme il faudrait et on le montre de façon plus ou moins consciente par les vêtements ou autre.

 

Le verset de Jérémie exorte à redevenir comme quand on était jeune, au rajeunissement.

Il y a des tentations d’être marginal. Tant que le retour n’est pas réalisé dans le sens profond et qu’on a pas quitté l’être d’exil pour revenir à l’être d’Israël alors on est marginal.

 

Ce défaut de marginalité que je tente de déceler est le propre de Juifs revenus à la Torah et pas à Erets Israël. C’est encore la caractéristique de l’orgueil individuel qui ne rentre pas dans le Klal.

Le retour authentique est de revenir au Klal.

 

Il suffit de lire le texte de la Parashah de Nitsavim. Le signe que la Teshouvah n’est pas encore achevée, c’est qu’on n’est pas encore sioniste ! Le seule retour à la Torah et pas à Israël c’est le signe qu’il n’est pas encore retourné !

 

Jérémie verset 1 chapitre 4 :

אִם-תָּשׁוּב יִשְׂרָאֵל נְאֻם-יְהוָה אֵלַי, תָּשׁוּב

« im tashouv Israël elaï tashouv“

Si tu reviens Israël reviens vers Moi ! »

 

Dans son sens Pshat cela suppose qu’on puisse revenir vers autre chose que Dieu.

Le prophète savait qu’il devait exorter le peuple d’Israël sur ce thème.

Face à cette invraisemblance : est-ce possible de revenir ? Pour toutes les raisons que nous avons vues. Nous abordons le point culminant. Est-il possible de revenir en Erets Israël ? Et pendant 2000 ans on a vécu cette tension d’invraisemblance. Revenir était le désir et l’exigence la plus profonde. Mais ce n’était pas possible. Je crois que c’est cela la tentation de la marginalité. L’exil c’est la marginalité : nous avons vécu en exil comme des êtres marginaux. Après notre retour il y a le risque de continuer, même chez nous, à vivre comme des être marginaux.

 

Israël est sans doute la seule société au monde où il y a autant de marginaux au nom de l’authenticité. Il est très difficile de rencontrer un juif normal. Plus les Juifs sont crispés dans leur retour et plus ils sont marginaux. La marginalité est le signe que la Teshouvah n’est pas Shelemah, je crois.

 

Q : Comment inciter les gens à revenir quand des Rabanim sont encore en Galout et lisent ces textes sans les lire ?

R : C’est une très bonne question, question qu’il faut leur poser à eux...

Je crois que des équations personnelles font que l’on est pris au piège, « englué » pour prendre un terme sartrien. Il y a dans la Galout une fascination de l’anormalité qui a duré si longtemps qu’elle s’est fait prendre pour le normal. Les Juifs sont d’origines hébraïques et ont été pendant 2000 ans des Hébreux anormaux. 2000 ans après on décide de redevenir normal, cela s’appelle « sioniste ». Et voilà que les Juifs désignent comme anormaux les gens normaux, car eux comme anormaux se prennent pour des gens normaux...

Cela fait des conditionnement tels que cela atteint même les Talmidei ‘Hakhamim. Il y a une Torah de Babel qui peut argumenter à l’infini : le Talmud raconte que les Rabbins de Jérusalem les ont excommunié. C’est la marginalité. A force d’être les marginaux des Goyim on devient les marginaux des Juifs normaux. [Il ne faut pas faire de cas particulier c’est de la typologie]. On s’est tellement habitué pendant 2000 ans à ruser avec l’Etat car c’était l’état de la tyrannie Goy que l’on continue ici même à ruser avec l’état même s’il s’agit d’un Etat juif.

C’est une attitude anormale issue du conditionnemnt de la situation anormale de l’exil,

 

Professeur Baruch : en principe on peut guérir tous les malades, sauf ceux qui ne savent pas qu’ils sont malades, on ne peut pas les aider donc les guérir.

 

Ce que je dis est très schématique, c’est une typologie.

 

Je crois qu’en Israël, il y a beaucoup de juifs d’exil camouflés, et je crois qu’en diaspora il y a de vrais hébreux, déguisés en Juif. Chacun est un cas particulier.

 

Je décris l’attitude d’une Teshouvah non accomplie  complétement, c’est celle du retour. Je termine avec le texte pour voir à quel point c’est aveuglant de clarté.

Nous avons été contraints par la situation d’exil à des contorsions intellectuelles et spirituelles difficiles à diagnostiquer par soi-même mais les Goyim le sentent.

Cela donne des Pilpoul invraisemblable de justifications et des rabbins qui lisent ces versets clairs en feignant de ne pas les comprendre...

 

Nous sommes dans une situation assez délicate du point de vue de la sécurité nationale du peule juif et d’Israël si ce fait n’est pas un jour démystifié et élucidé : la Torah contre Israël.

On y est en  plein : c’est la superstition d’en arriver là de croire que l’on peut opposer la Torah et Israël alors que la Torah ne parle que d’Israël

 

Il y a dans l’attitude de la piété juive un tel respect pour les rabbins en général - Emounat ‘Hakhamim - toute la foi juive dépend de cette clef-là, car la révélation que Dieu nous a donné est passée par les Prophètes. La prophétie s’est tue il y a 2600 ans et ce sont les rabbins qui sont les héritiers et les interprêtes de la Prophétie. Un juif pieux traditionnel ne parle pas de Dieu s’il ne place ses paroles dans les paroles des rabbins car il n’y a que les rabbins qui savent de quoi il s’agit.

 

Etre rabbin signifie comprendre la parole des prophètes hébreux.

Un de mes maîtres : cette Emounat ‘Hakhamim c’est d’abord la Emounah que les ‘Hakhamim sont des ‘Hakhamim. Mais on n’oublie que dans certains domaines ils ne sont pas compétents...

 

Lorsque le sionisme est apparu alors est apparu la Torah lue par les Hébreux et non plus par les juifs de la Golah. Ches les Juifs de la Golah il y avait des Juifs hébreux qui leur ont enseigné comment lire la Torah pour la Golah mais c’est très récent que nous avons la Torah d’Israël.

 

Beaucoup de ces rabbanim de la Golah ont été contre à cause de l’apparence politique qu’avait le sionisme politiques à ses début, et ils sont morts. Mais leurs disciples les citent alors que l’histoire a marché et Emounat ‘Hakhamim fait que si jamais l’Etat d’Israël a raison du point de vue de la Torah  alors c’est que les Rabbanim avaient tort, mais on ne peut pas le dire des Rabbanim alors ils se trouvent dans un piège sans issue. J’ai dit à l’un dentre eux que la Torah interdit de faire parler les morts. Il faut réfléchir au temps d’aujourd’hui : qu’est-ce qu’ils diraient aujourd’hui et non pas au temps où Herzl leur a fait peur. Il m’a repondu mais toi aussi tu fais parler les morts, tu cites le Rav Kook...

 

A un certain moment on ne peut plus se parler, c’est une pensée conditionnée. Les psychologues la définissent par beaucoup de rigidité, de suceptibilité et des idées fixes, les psychologues appellent cela la paranoïa. Sans arriver jusque-là, il y a une sorte de dédoublement de la personnalité du juif de la Galout qui est en train de s’hypertrophier : la Torah d’un côté et Israël de l’autre. Je crois que nous sommes au bord d’une situation grave.

 

Le Conte de Marranche : il parle de tous les pays sauf d’Israël en une seule phrase pour ne pas dévoiler ce que les services secrets font pour Israël. « Ne pas croire qu’Israël est en danger de guerre. Israël est en danger de paix ». Ils ont peur de la paix car s’ils avaient la paix, leur vrais problèmes se dévoileraient. Choc culturel entre les juifs d’Israël et les juifs de la Torah (contre Israël)

 

Si je vous cite le rav Kouk c’est qu’il existe une 3ème voie d’unité c’est « Israël au nom de la Torah ».

 

Ce sont les données de notre problème. Un rabbin sioniste ne peut parler à un rabbin anti-sioniste.

On ne peut parler de passions à passions. Et eux sont pas sionistes...

On a vraiment besoin de Eliyahou Hanavi.

 

Q : Dans le contexte du repentir et du retour comment se fait-il que Mosheh n’ait pas réussi à entrer en Erets Israël ?

R : Il était le chef de la génération du désert qui a démérité. Par ’Hessed Moïse ne reviendra qu’avec eux, lorsqu’il sera capable de les faire entrer avec lui. Un peu de Kaballah au niveau Pshat : la génération du désert était le Gilgoul du Dor HaMaboul - la génération du déluge, et il est possible que de notre temps nous sommes le Gilgoul de la génération du désert et que Mosheh est en train de nous faire revenir. C’est très possible. C’est une science propre à la Kaballah mais on ne peut pas manquer de remarquer la correspondance entre les positions des leader des juifs contemporains et les personnages de la génération du désert : Mosheh et Kora’h, Aharon et Natan et Davihou.....

On sait où ils sont...

 

Q : .../...chaque tribu ayant sa porte pour la Tefilah faut-il attendre la redistribution géographique des tribus pour la Teshouvah Shelemah ?

R : C’est encore un sujet très vaste. Après le Bayit Rishon, la division en tribu n’a plus force de loi, la Guemara explique pourquoi. Sur la question de la prière, le Ari a enseigné que chaque tribu a sa porte de la prière mais il y a une porte pour tout le monde et qui est le moussar du Ari.

De la même façon qu’il y avait la tribu de Dan qui prenait en charge ceux qui avaient perdu leur tribu. En général il faut suivre la Halakhah : On est du Moussar de son père et si on a perdu le Moussar de son père, on est du Moussar de son maitre.  Ce n’est pas perdu on s’adopte.

 

.../...
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