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4 août 2009 2 04 /08 /août /2009 14:11

Parasha VAET'HANANE 1993 
Rav Yéhouda Léon Askénazi (Manitou) זצ"ל

 

Rédigé et mis en forme à partir d'un enregistrement:
Commentaire Va'et'hanan (1993) 1ère partie (qualité sonore bonne).
 
Devarim chapitre 3 verset 23 jusqu’au verset 11 chapitre 27.

 

C’est une Parashah emplie de textes importants, en particulier la répétition des 10 commandements, le texte du Qriat Shema...etc. 
Je commencerai par les 1ers versets qui donnent le théme général de la Parashah.

 

Q: Dans les Asser Hadiberot, il n’y a pas la mention de la terre d’Israël ?

R: C’est marqué dans le commandement d’honorer son père et sa mère qui constitue le commandement charnière des 10 commandements avec la finalité de la prolongation de la vie « sur la terre que Je vous donne ». Maïmonide ne stipule pas dans son code le Sefer Hamitsvot la récapitulation des 613 Mitsvot, les commandement de la Torah. Tous les décisionnaires sont d’accord qu’il y a 613 commandements dans la Torah mais il y a controverse sur certains commandements pour savoir s’il s’agit de commandemeent au sens strict ou si c’est une promesse. Mais d’autre part on apprend de la Guémara que le code est formulé en 613 articles, et Maïmonide ne cite pas du tout le commandement d’habiter en Erets Israël. Par contre, il cite celui de conquérir Erets Israël ce qui fait que Na’hmanide a beau jeu de metttre en évidence dans son commentaire que l’on ne voit pas comment on pourrait habiter en Israël si on ne l’avait pas déjà conquise. C’est un problème contemporain et donc avec des implications importantes. Maïmonide dit que la Torah n’a pas à indiquer cela car sinon elle n’aurait rien d’autre à nous dire. Cela voudrait dire que ce n’est pas Israël. Si nous devions avoir un commandement pour habiter chez nous ? On pourrait douter que c’est chez nous !

Il y a une querelle qui est une pseudo-querelle de la part des religieux non-sionistes qui trouvent dans cette absence chez Maïmonide une justification à leur attitude...

 

L’intitulé « Anokhi Hashem Eloheikha... Je suis Hashem ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte...» et voilà Ma Loi... »

 

Et pourquoi je vous ai fait sortir d’Egypte ? Et il y a des chapitres entiers qui expliquent pourquoi on est sorti du pays d’Egypte. C’est écrit en clair, tout le reste ce sont des raisonnements qui donnent plus ou moins des alibis pour ne pas monter en Israël au nom de la Torah. Mais tout cela est faux, c’est simplement qu’ils ne savent pas lire, par ignorance ou malhonnêteté. .

 

Q : Dans la 2nde mention des 10 commandements pourquoi ne correspondent-ils pas exactement à la 1ère ?

R : Très bien.

 

Q : L’exemple du Rambam qui ne cite pas comme commandement les évidences : Que dire de « Tu aimeras Dieu ? »

R : Très bien, c’est que ce n’est pas évident, de même le commandement à Israël « Tu aimeras ton prochain » c’est pas évident...

 

Le problème important c’est que la Torah ne fait allusion ni à la résurrection des morts, ni au monde à venir. Et nous avons une querelle énorme avec les théologiens chrétiens à ce sujet qui font comme si c’est eux qui ont inventé cela. Si la Torah avait à nous dire ces choses-là, cela voudrait dire qu’elle ne s’adresse pas aux Hébreux. La Torah s’adresse à des hébreux qui vont à la réssurection des morts et qui vont au monde à venir, naturellement, dans leur identité hébraïque. Alors elle leur enseigne comment on y va, le viatique. Mais si la Torah avait d’abord à m’expliquer comment il faut être pour être hébreu, donc juif, c’est que ce n’est pas à moi qu’elle parle. On raisonne comme si le peuple d’Israël qui a reçu la Torah était une page blanche sur laquelle il fallait écrire. Alors que c’est un peuple qui a une tradition, une religion, qui vient des Patriarches. Et une identité qui vient depuis le 1er homme à travers les hébreux, qui a une culture à qui la Torah s’adresse. Alors, si la Torah devait leur expliquer leur culture pour pouvoir leur parler c’est que ce n’est pas à eux qu’elle parle.

 

Vous voyez pourquoi il est important de se rendre compte, pour nous juifs, descendant des hébreux, nous ayons ces problèmes, nous montrent à quel point nous sommes coupés de notre identité réelle.

 

Et c’est cela qui explique toutes ces fausses questions. Ce sont des questions très tardives des derniers siècles, issues de la rencontre entre les rabbins et les païens. Les rabbins devaient expliquer les réponses à des questions de païens. Les juifs posant ces mêmes questions étaient des juifs coupés de leur identité hébraïque. Et à travers les siècles, cela s’est passé à travers toutes les cultures. Païen ce n’est pas idolâtre, c’est la religion naturelle du paganisme, à qui il faut expliquer de quoi il s’agit dans l’identité hébraïque.

La Torah s’adresse aux hébreux. Ce n’est pas pour rien qu’il y a écrit comme un verset sempiternel : « Parles aux enfants d’Israël » Question  des Méfarshim: pourquoi aux enfants d’Israël ? Et pourquoi pas aux autres ?

 

La prière – Kadish - de Rabbi Yitshaq de Berditchev que j’ai entendu du Rav Poliaktchek. Le thème général c’est qu’à la suite d’un progrom le Rav s’adresse à Dieu : « qu’est-ce que tu as avec les enfants d’Israël ? « Parles aux enfants d’Israël », « Ordonnes aux enfants d’Israël », « Dis aux enfants d’Israël... » Et les autres ?

Je sais pourquoi parce que eux reconnaissent leur Tsar, leur César,  comme Roi alors que nous nous reconnaissons le Roi des rois...

 

C’est un peu le même sens.

Il faut découvrir cela : à qui s’adresse la Torah ? Elle ne s’adresse pas à des étudiants en théologie. La Torah s’adresse à des Juifs, c’est-à-dire censément des hébreux qui ont leur culture. Et toutes ces questions-là procédent du fait qu’on a oublié. Ce n’est pas un éditeur qui nous a donné un livre à étudier pour faire des doctorats en théologie ! Il y a une culture hébraïque qui est la Torah shébéalpéh et si c’est nécessaire de la mettre par écrit alors c’est que ce n’est pas à nous qu’elle s’adresse.

 

Q:  La division des 10 paroles en 1 + 3 + 3 + 3 en rapport avec les trois types de relations ?

R : je donne la source : c’est un enseignement de Rabbi Abraham Bar ’Hiyah ha Nassi ou qu’on appelle aussi Bar ’Hiyah HaSéfaradi qui vivait il y a 11 siècles dans le sud de la France et au nord de l’Espagne dans un livre qui s’appelle le Itgayon Hanefesh

Il explique le schéma des 10 commandements en séparant le 1er qui n’est pas un commandement (il est là en Mal’hoquet avec le Rambam) qui n’est pas une Mitsvah dans le sens habituel du terme  mais une définition « Voilà qui Suis-Je et voilà Ma Loi... ».

Et les 9 commandements sont en trois groupes :

=> Bein Adam lamaqom

=> Bein Adam leatsmo

=> Bein Adam le’havero.
Avec dans chaque groupe, la distinction au niveau de Maharshavah, Dibour et Maasseh.

D’autre part il y a aussi cette dimension que la dominante de Kavanah est dans les 3 groupes mais qu’il y a un  lien avec aussi les Kavanot des autres groupes.

Quelque commandement que ce soit, la dominante est soit un commandement de culte, soit un commandement de morale, soit un commandement de vie spirituelle, mais il y aussi le lien avec les autres objectifs de la Torah.

 

C’est un thème extrêmement important : nous sommes habitués à deux groupes de commandements :

5 des rapports avec Dieu et 5 des rapports avec autrui. Mais ils se divisent tout à fait autrement et le schéma de cet enseignement est je pense à la source du schéma du Maharal des trois groupes de commandements de la Torah, qui a d’ailleurs sa source dans le Zohar et le Talmud. 

 

Q : Sur les 12 tribus, 9 et ½ sont parties, il reste 2 tribus et ½ plus la partie des Lévites du royaume de Judah – disproportion entre ce leitmotiv historique essentiel d’Israël et la réalité ?

R : Lorsque la Torah parle des enfants d’Israël il s’agit des 12 tribus qui sont 13 avec la tribu de Lévi. Or, voilà que historiquement nous descendons du royaume de Judah et les tribus qui formaient le royaume d’Israël du nord sont disparues, à travers quelques siècles. Et le royaume de Judah c’est la tribu de Judah, Benjamin et la moitié de Menaché, et la partie des Lévites qui était dans la province du royaume de Judah. Par conséquent, les Juifs sont des descendants des Judéens. La question est alors : est-ce que les Juifs sont représentatifs d’Israël ? Ils représentent un Israël mutilé au 6ème . Un  peu moins. Il y a une distance entre l’identité juive – c’est-à-dire judéenne -  et l’identité Israël globale, totale.

Un des indices c’est que la Prophétie s’est arrêtée au moment de cette séparation et de la perte des tribus du Nord. C’est-à-dire que la capacité de prophétie qu’il y avait dans le royaume de Judah a continué dans une sorte de phénomène de rémanence et puis elle s’est éteinte quand le royaume de Judah lui-mëme a été dispersé et est allé en exil.

 

Mais pour répondre à la question précise, le livre des Chroniques, dernier livre historique du Tanakh, nous indique qu’un certain nombre de familles de toutes les tribus sont revenus au 2ème royaume de Judah en même temps que les Judéens du 1er exil. Parce que c’est un phénomène qui a pris des siècles. Je vais employer le terme français d’israélites pour parler des tribus du royaume du Nord qui avait pour capitale Shkhem et qu’on appelle dans le Tanakh « Beit Israël » le royaume d’Israël (l’autre étant le royaume de Judah) ou « Beit Yossef » ou « Beit Ephraïm » -  parce que la tribu d’Ephraïm qui était la tribu principal de Joseph était la tribu royale du royaume du Nord.

 

Il y a eu quelques siècles de contact entre les « Israélites » qui étaient les exilés de ces 10 tribus, en schématisant,  et les Judéens de l’exil du 1er royaume de Judah.

Il y a eu un certain nombre de familles des Israélites qui ont rejoint les Judéens. Par conséquent, nous sommes les Juifs mais chez les Juifs descendants des Judéens il y a un résumé, ne serait-ce qu’en trace, des autres tribus. Et il y a dans certaines communautés, des dominante de tribu des 10 tribus.

 

Aujourd’hui nous sommes dans un temps de redécouverte des descendants de ces tribus perdues.

 

Il y a 2 cas différents :

 

=> Les Ethiopiens qui descendent de la tribu de Dan et qui sont un cas particuliers entre les 10 tribus perdues et les Juifs à proprement parler.

 

=>  Les descendants des 10 tribus perdues qui sont devenus des Goyims. D’origines hébraïques mais convertis Goyims. Il y a des missions d’éthnologues israéliens qui les ont redécouvert. S’ils reviennent il faut les convertir sans problème.

 

Le cas des Ethiopiens est partticulier, la Mishnah les mentionne déjà.

La Mishnah fait aussi allusion à ces dix tribus et particulièrement ceux qui sont les plus diagnostiquables, qui sont les Juifs Afghans, les Pachtoun.

 

Pour répondre à ta question, il y a, chez les Juifs, tous les hébreux, mais en résumé, dilué, en trace. Nous sommes quand même potentiellement tout Israël.

 

L’indice qu’il y a une grande différence, entre cette identité passée et la nôtre actuelle, c’est l’arrêt de la prophétie : Il faut que Israël des 12 tribus soit présent pour que la Prophétie se formule.

Cela ne veut pas dire que les Juifs ne soient pas capables de la capter, mais ils le font à un niveau très inférieur qu’on appelle le Roua’h haQodesh – qui est de l’ordre de la Prophétie mais à un autre niveau.

 

L’organisation Ami Shav « mon peuple revient » dirigé par le Rav Avi’haïl qui s’occupe du retour des hébreux perdus de partout.

Je pense que la prochaine tribu perdue, c’est les Sardes de Sardaigne.

Ceux qui connaissent la civilisation italienne savent que les Sardes sont des italiens très différents des autres italiens et si vous voulez vous référez au texte biblique : c’est «lesseren mishpa’hat ha sardi » - c’est très étonnant mais il sortira de partout des descendants des 10 tribus perdus. C’est différents des Juifs marranes qui sont juifs d’origine de diaspora camouflés en Goyim. C’étaient des Juifs en leur for intérieur qui mais fonctionnaient comme des Goyim. En un sens tous les Juifs de diasporas sont marranes à des dégrés divers, marranes mais fiers d’être juifs. C’est une vraie schizophrénie. Kafka est le type du discours du Juif de diaspora : c’est le labyrinthe, c’est kafkaïen...

 

Il y avait des nuances et des degrés. Mais tout juif de diaspora est en quelque sorte un juif marrane : je tiens cette phrase de Paul Yacob qui est un grand historien juif contemporain, qui connait très bien les sujets dont il parle. Le juif de diaspora fonctionne comme le marrane avec des contraintes culturelles différentes du temps des « maranos » mais cela revient au même.

 

Q : Sur Israël et les 12 tribus j’ai entendu un commentaire du Rav Aviner: Yaaqov a reçu 2 bénédictions, il est appellé ish kafoul - l’homme double – la bénédiction de son père et celle prise à Essav. Spiritualité et Matérialité : d’où les 2 soeurs épousées : de Ra’hel devait descendre Mashia’h ben Yossef et de Léah Mashi’ah ben David. N’a t’on pas sous-estimé du fait de l’exil l’attitude d’Israël replié sur soi-même. Passage où Jacob bénit Ephraïm et Menassé il dit en parlant d’Ephraïm : il sera le pére de nombreuses nations : est-ce que la Torah peut se tromper, et rétroactivement, peut-on dire que Ephraïm est constitué par l’Occident ?

 

R : Ce serait une hypothèse. Vous avez touché à différents niveaux de définition, que je vais résumer et je laisse de côté la question de la filiation messianique, cela préfigure les Juifs d’Erets Israël et les Juifs de diaspora. La vocation des descendants de Ra’hel c’est la diaspora. La vocation des descendants de Léah c’est Erets Israël. L’identité essentielle des descendants de Ra’hel, c’est Joseph. L’identité essentielle des descendants de Léah, c’est Yehoudah. Yehoudah est fils de Jacob devenu Israël. Joseph est fils de Jacob pas encore devenu Israël.  « Eleh toladot Yaaqov Yossef »

 

Vous avez dit Yaaqov a reçu 2 bénédictions, une qu’il tenait de ses ancêtres et une qu’il a prise et ce mot n’est pas exact. C’est une bénédiction qui devait aller à Essav et qui lui a été donné. Il n’a rien pris. D’ailleurs, il l’a refusé, si on regarde le texte. C’est très difficile de parler en français du texte hébraïque. Nous avons des conflit théologiques énormes à cause de ces erreurs de lecture.

Les ancêtres de Jacob sont aussi ceux d’Essav. Alors il s’agit de la bénédiction d’Abraham qui est la 

bénédiction spirituelle et dont Essav a été disqualifié parce qu’il a pris des filles de Kenaan, et celle-là dans tout les cas elle était réservée à Jacob. Et de la bénédiction des biens matériels qui devait aller à Essaü et que Rivqah a obligé Jacob de prendre.

 

La ‘Hanoukah est très exactement entre la vocation de diaspora et la vocation d’Erets Israël.

La vocation de diaspora, c’est la vocation de matrice Ra’hel et la vocation d’Erets Israël c’est la vocation de la matrice de Léah. Par conséquent, les Juifs d’Erets Israël descendus en diaspora, ont risqué d’oublier leur lien de juifs d’Erets Israël et ont fonctionné comme des Juifs d’Ephraïm ou d’ailleurs.

 

Ephraïm, ce n’est pas tellement les Juifs de diaspora, mais c’est cette identité hébraïque perdue chez les nations et qui travaillent chez eux clandestinement.

 

Q : quelle est la relation exacte dans cette Parashah entre les 10 commandements et le Shéma ?

R : c’était la question que j’attendais. C’est un sujet très important : en quoi le 1er verset du Qriat Shema qui est le verset clef du Qriat Shéma et le 1er verset des dix paroles sont-ils le même ?

***

On va lire les 1ers versets. Et on étudiera le texte du Midrash.

Le contexte du sujet c’est dans le discours de Moïse, à la fin de sa vie, la manière dont il rappelle les événements qui les ont amenés au bord du Jourdain du côté de la Jordanie, en-deça du Jourdain. Il raconte dans quelles péripéties il est intervenu pour demander à Dieu de sursoir à la décision qui le frappait lui et Aharaon qu’ils ne rentreraient pas en Erets Israël.

 

Pourquoi Moïse ne pouvait-il pas entrer en Israël ?

 

Mais surtout du point de vue exégétique à proprement parler, on étudie à propos de notre texte, pourquoi Moïse, cependant, a pensé qu’il était possible d’intervenir par la prière – et quelle type de prière- pour demander à Dieu de sursoir à sa décision.

 

Je vous rappelle très brièvement ce que nous avons déjà étudié à propos de notre sujet :

Pourquoi Moïse n’est pas entré en Israël ?

 

C’est un mystère. Mais c’est un mystère qui fait partie d’un mystère encore plus grand : La question que pose le Talmud et le Midrash à ce sujet c’est : Pourquoi Moïse est-il mort ?

 

Il est mort de manière inhabituelle. C’est seulement l’habitude qui nous fait croire que c’est naturel de mourir, mais c’est encore un autre sujet. On dirait même que : « a-t’on le droit de dire qu’il est mort ?. » C’est un autre terme qu’il faurait employé : « il a quitté ce monde ».

 

La Guémara pose la question à propos d’un principe :

 « ein mitah bélo ‘heth velo yissourim bélo Avon » »

« Il n’y a pas de mort si il n’y a pas eu de faute.. ».

C’est un problème théologique en soi. Cela éclaire le fait que la mort n’est pas considérée comme naturelle par la Torah, c’est un scandale, il y a une cause. La théologie chrétienne en a fait quelque chose de telllement pesant et lourd que l’on ne se doute plus de ces problèmes qui sont trop compliqués de savoir en quoi c’est différent dans la tradition juive.

 

Je vous décrit très rapidement comment les Chrétiens pensent le problème. C’est apparemment le Pshat apparent du récit de la 1ère faute qu’ils appellent le « péché originel ». Personne ne comprend plus pourquoi Adam ayant mangé de ce fruit défendu la mort est-elle entrée dans le monde ?

D’un côté un geste incompréhensible et de l’autre tous les malheurs du monde ?

Pour la mentalité de théologie chrétienne : La mort a pour cause le péché et le péché a pour cause la Loi. C’est la Loi qui fait que le péché est le péché et c’est le péché qui entraine la mort. Et par conséquent il faut être sauver - non de la mort – mais de la Loi...

 

Quoiqu’il en soit, il faut expliquer la mort : La Guémarah dit tranquillement qu’il n’y a pas de mort s’il n’y a pas de faute. Mais on ne comprend pas quelle est la faute du 1er homme qui engagerait l’identité pécheresse de tout le reste de l’humanité entière ?

 

Pour la tradition juive, les hommes ne naissent pas pécheurs mais peccables. La différence c’est que pécheur est une identité innée de donation. On a fauté avant même de naître, on a fauté dans notre être. Le Chrétiens considère que c’est une faute de vivre. C’est vivre qui est péché. Surtout chez les Protestants.

 

Pourquoi Moïse est-il mort puisqu’il n’y a de mort que par la faute et Moïse n’a fait aucune faute ?

 

Or, apparemment la Torah raconte que Moïse a fait une faute et que c’est la raison pour laquelle il n’est pas entré en Erets Israël.

 

*****

Vaét'hanane 1993 Suite & fin

 

  Commentaire Va'et'hanan (1993) 2ème. partie (qualité sonore bonne), 


Il y a dans le Midrash Raba sur Parashat Vezot Haberakhah un Midrash très long racontant qu’au moment de la mort de Moïse son âme n’a pas voulu quitter Moïse et l’ange de la mort ne peut effectuer son travail. Alors la Neshamah de Moïse motive son refus en se comparant avec les Neshmamot de tous les grands d’Israël depuis Abraham, et en montrant qu’elle a beaucoup plus de mérite.

 

Finalement, Dieu intervient et déclare à l’âme de Moïse : tu as fait une faute, tu as tué l’Egyptien ! La Neshamah de Moïse répond : « oui mais Toi tu les as tous tué ! »

Dieu répond : « mais Moi Je peux les ressuciter, toi tu ne peux pas ! »

 

Il y a ici un thème important : la disparition de l’identité égyptienne de ce temps-là comme condition de la survie d’Israël. Même s’il fallait le faire, et il fallait le faire, c’est pour cela que Moïse n’est pas entré en Erets Israël.

 

Entendant cela la Neshamah a accepté de remonter au ciel.

 

En réalité la réponse qui nous est donnée est d’un tout autre ordre : il ne fallait pas que Moïse entre en Erets israël, parce que si Moïse était entré en Erets Israël, c’est lui qui aurait contruit le Temple. Et quoique ce soit que Moïse a fait est indestructible. Sa Middah est celle de Netsa’h. « Netsa’h Israël lo ishaker », vous connaissez le verset, cela veut dire tout ce que Moïse a touché est victorieux et éternel. La tradition des Patriarches à travers Moïse devient irréversible.

 

Si le Temple avait été indestructible et que par malheur Israël avait démérité c’est Israël qui aurait été détruit. Alors le Temple a été détruit lorsqu’Israël a démérité pour sauver Israël.

 

Et par conséquent, si Moïse n’est pas entré en Israël, c’est précisément pour sauver Israël.

 

Le raisonnement est beaucoup plus fin que ça, mais j’ajoute tout de suite la conclusion : si Moïse est mort c’est pour sauver l’humanité. On ne parle pas de ces choses-là, car cela ressemble tellement à des choses auxquelles il ne faut pas que cela ressemble... Mais si cela ressemble cela signifie que ce n’est pas la même chose... 

 

Pour revenir à notre problème, il faut comprendre pourquoi Moïse s’est cru autorisé à intervenir et à prier pour entrer en Erets Israël. Je vais lire le texte de la prière et nous allons apprendre tout de suite l’une des réponses à travers ce Midrash que nous allons étudier.

 

Verset 23 chapitre 3

וָאֶתְחַנַּן, אֶל-יְהוָה, בָּעֵת הַהִוא, לֵאמֹר

Vaet’hanan el-Adonay ba'et hahi lemor.

Et j’ai supplié Dieu en ce temps-là

 

וָאֶתְחַנַּן, אֶל-יְהוָה
Vaethanane el Hashem

Et j’ai supplié Dieu

 

Le verbe Léhit’hanane dont la racine est un pronominal du verbe qui signifie « supplier » : de racine ’Hen, demander en grâce. Nous devons donc comparer le verbe de Vaet’hanane – le verbe de Léhit’hanane – avec le verbe de Léhitpalel qui veut dire prier en général.

 

1ère question : quelle est la différence entre « prier » dans le sens de « Léhitpalel » et « prier » dans le sens de « Léhit’hanane ».

 

« Lehit’hanane » signifie « demander, supplier » sans se baser sur un mérite quelconque alors que c’est le cas pour « Léhitpalel ».

 

וָאֶתְחַנַּן, אֶל-יְהוָה, בָּעֵת הַהִוא, לֵאמֹר

 Vaethanane el Hashem lemor

Et j’ai supplié Dieu

Ba et hahi lemor

En ce temps-là

 

La clef de la réponse à ma question c’est « en ce temps-là ».

Qu’est ce qui est arrivé en ce temps-là qui a fait penser à Moïse qu’il pouvait intercéder et demander à Dieu de sursoir à Sa décision pour entrer en Erets Israël ?

 

Nous avons en filigrane la réponse que j’ai citée du Midrash Rabba : c’est que le sort d’Israël est en jeu. Il sait très bien que cette génération du peuple d’Israël fautera. Il le dit en clair. On peut se demander s’il y a fatalité et prédestination ? Il le précise : « déjà moi présent vous avez fauté, a fortiori en mon absence... ». Donc il le sait, c’est inévitable. Comment comprendre cela ?

Et cela semble en contradiction avec un des piliers de la foi d’Israël que Israël est Tsadik. Ve Amekh koulam tsadikim – kol Yisraël yesh lahem ‘helekh ha Olam haba. 

Israël en tant que Klal Israël est un Tsadik Gamour. C’est un Tsadik comme collectivité. Et toute calomnie sur Israël en tant que collectivité est punie par Dieu a priori.

 

[On pourrait citer ici les versets dans lesquels Dieu intervient à propos des amis de Job qui disent à Job qu’il a sûrement fait une faute sinon il n’aurait pas le sort qu’il a. Dieu intervient contre les théologiens qui essaient de convaincre de 4 manières différentes la faute certaine à l’origine de la punition divine. L’erreur est de croire qu’il s’agit d’une punition. Dieu intervient en leur disant qu’ils ont mal parlé de Job : le verset dit de lui qu’il est Tsadik et n’a pas fait de mal. C’est la même chose pour Israël en général. Je n’ai pas dit que Job représente Israël. La Guémara ne tranche pas 50/50. Il semble que Job soit plus le juste souffrant chez les Goyim. Ce qui rend encore la question de la souffrance du juste de Job, parce qu’il est des Goyim, plus difficile à expliquer que s’il était d’Israël : ils n’ont pas la Torah alors pourquoi souffrent-ils ?  C’est la même question : humour de Baba Qama : pourquoi un Goï meurt-il puisqu’il n’a pas à être jugé d’après la Torah ??? ]

 

Le problème c’est que bien que Israël en tant que collectivité soit Tsadik, il y a une saturation des faute de l’individu qui contrebalancent le mérite d’Israël en tant que collectivité comme Tsadik.

 

C’est dans בָּעֵת הַהִוא Baét hahi que se trouve la clef de la réponse. Et il y a différentes réponses.

Qu’est ce qui est arrivé en ce temps-là qui a fait penser à Moïse qu’il pouvait intercéder pour enlever la Gzeira, le décrêt ? Garder en mémoire que dans tout les cas il ne devait pas entrer.

 

וָאֶתְחַנַּן, אֶל-יְהוָה, בָּעֵת הַהִוא, לֵאמֹר

Vaethanane El Hashem lémor

אֲדֹנָי יְהוִה

Adonaï Elohim...

Et j’ai supplié Dieu en ce temps-là pour dire

אֲדֹנָי יְהוִה

Adonai YHWH

Hashem vocalisé avec les otiot de Elohim

Je n’explique pas on est pas à ce niveau-là, il s’adresse à un des attributs très particulier de l’unité divine.

 

אַתָּה הַחִלּוֹתָ לְהַרְאוֹת אֶת-עַבְדְּךָ, אֶת-גָּדְלְךָ, וְאֶת-יָדְךָ הַחֲזָקָה--אֲשֶׁר מִי-אֵל בַּשָּׁמַיִם וּבָאָרֶץ, אֲשֶׁר-יַעֲשֶׂה כְמַעֲשֶׂיךָ וְכִגְבוּרֹתֶךָ

atah ha’hilota lehar'ot et-avdekha et-godlekha

tu as commencé à montrer à ton serviteur ta grandeur

ve'et-yadekha ha’hazakah

et ta main forte

asher mi-El bashamayim uva'arets

qui est Quel Dieu serait dans les Cieux et sur la terre

asher-ya'aseh chema'aseykha vechigvurotekha.

Qui agit comme Tu agis et selon Ta vaillance

 

L’idée même de comparer n’importe quel dieu à Dieu au niveau de la vaillance et de la puissance est une idée difficile. Donc, cela aussi s’étudie.

Mais nous avons déjà un élément de réponse c’est que dans les textes précédents, Dieu a déjà donné à Moïse l’ordre de conquérir les territoires d’en-deça du Jourdain (l’actuelle Jordanie).

Et par conséquent, le raisonnement de Moïse est le suivant : si c’est à moi Moïse que Dieu ordonne d’assurer la conquête de cette partie du pays, c’est que peut-être Il a suspendu son décrêt...

 

Mais il y a une différence de nature entre la partie du pays que Moïse devait conquérir et la partie du pays à partir du Jourdain que Josué devait conquérir et qui concernait l’interdiction au sujet de Moïse. On a ici un problème de politique contemporaine : Erets Israël est-il défini comme les 2 parties de part et d’autre du Jourdain ou une seule partie seulement ?

C’est également un sujet d’étude en soi.

 

La partie au-delà du Jourdain est facile à conquérir avec toutes les difficultés que vous connaissez. Mais la partie d’en-deça du Jourdain correspond à un niveau d’anti-Israël tel que seul Moïse pouvait le maitriser.

 

En fait c’est à la fin des temps qu’il y aura l’achèvement de la conquête d’Ertes Israël contre les dix peuples. Il y a deux niveaux. Dans les différents versets qui décrivent les peuples qui habitent le pays et qu’Israël doit conquérir, il y a trois formules différentes : 7 peuples, 10 peuples et 13 peuples.

 

Et alors les 3 peuples supplémentaires sont de l’autre côté du Jourdain  et font partie des plus terribles. Donc, c’est Moïse qui s’en charge car Josué n’était pas capable de les vaincre.

Du dedans de cet événement-là Moïse a pu raisonner : Il a commencé à dévoilé Sa gloire. Et on comprend la fin du verset : « cette chose impossible de subjuguer les 3 peuple d’élites de l’anti-Israël, Tu as pu le faire faire à travers Moi et donc donne-moi à faire le reste ! »

 

L’autre réponse nous allons l’étudié d’après le Midrash dans בָּעֵת הַהִוא Baet Hahi .

 

אֶעְבְּרָה-נָּא, וְאֶרְאֶה אֶת-הָאָרֶץ הַטּוֹבָה, אֲשֶׁר, בְּעֵבֶר הַיַּרְדֵּן:  הָהָר הַטּוֹב הַזֶּה, וְהַלְּבָנֹן

Ebrah-na ve'er'eh et-ha'arets hatovah

asher be'ever haYarden hahar hatov hazeh vehaLevanon.

Que je traverse le Jourdain et que je vois la terre bonne (depuis le Jourdain jusqu’à la mer)  

 Qu’il y a au-delà du Jourdain, cette bonne montagne et le Liban.

 

Il y a là un opinion que le Liban fait partie d’Erets Yisroël

Cette bonne montagne c’est le Har Tsion et le Libanon

Le Midrash va se servir de ce terme de Libanon pour désigner le Bet Hamiqdash sur le Har Tsion.

 

וַיִּתְעַבֵּר יְהוָה בִּי לְמַעַנְכֶם

Vayit'aber Adonay bi lema'anchem

Et Dieu s’est enflammé de colère contre moi en votre faveur

 

C’est sur ce verset וַיִּתְעַבֵּר יְהוָה בִּי לְמַעַנְכֶם  Vayit'aber Adonay bi lema'anchem que l’explication que je vous ai cité tout à l’heure est basée :

C’est en votre faveur que Dieu s’est mis en colère contre moi.

Si Moïse entre en Israël, ils sont perdus : si jamais ils déméritent et sont traitres à leur identité, ils sont détruits et non pas le Beit Hamiqdash indestructible...

 

[J’ouvre une parenthèse plus profonde, cela vient de la Qabalah et je ne donnerais pas de sources pour vous en dire l’essentiel : il y a un Midrash qui dit ceci : « Joseph qui a dit de lui qu’il était hébreu sera enterré en Israël, Moïse qui a laissé dire de lui qu’il était égyptien ne rentrera pas en Erets Israël ». Cela se relie à notre sujet. Effectivement si on lit le contexte,  lorsque Joseph arrive en Egypte tout le monde sait qu’il est « naar ha-ivri » un adolescent hébreu qui ne cache pas son identité d’hébreu. A cette époque de l’antiquité, les hébreux sont considérés comme la noblesse et l’aristocratie du monde. Lorsque Abraham, Jacob viennent devant le Pharaon celui-ci a pour eux un respect collossal. Comme dans la mythologie de culture occidentale on parlait des Atlantes : les nobles de l’antiquités : ainsi étaient les Hébreux de ce temps-là... Ayant vécu une histoire de parias on ne se rend plus compte du Pshat du texte.]

 

Dans ce Midrash Moïse n’a pas dit de lui qu’il était égyptien, mais ce sont les fille de Jéthro qui ont raconté à leur père ce que ce « ish mitsri » avait fait. En fait, il avait le type tellement égyptien qu’il a été pris pour un égyptien. Il ne dit pas qu’il l’est. (Cela nous est arrivé la première fois que nous sommes arrivé dans le pays : la 1ère fois que je suis arrivé à Ashdod et que j’ai demandé mon chemin en hébreu on m’a répondu en français. Là-bas nous étions des Juifs et ici nous sommes des Français, et puis le 14 juillet on va chez le consul etc...)

 

La réponse c’est que lorsque Dieu a dicté la Torah à Moïse et qu’il a entendu « ish mitsri » il n’a pas réagi et s’est laissé l’écrire. Il était tellement imprégné de son identité galoutique d’Egypte, civilisation au service de laquelle il était au plus haut poste possible, que tout se passe comme si on pouvait dire de lui qu’il avait les deux identités alors que Joseph est hébreu. C’est la grande différence de Joseph qui est resté hébreu chez les égyptiens et Moïse qui sof-sof apparait comme une égyptien.

 

Le Midrash ne laisse pas passer cela : il y a écrit égyptien pour Moïse et il ne rentrera pas en Israël, il y a écrit hébreu pour Joseph et il sera au moins enterré en Israël...

 

Effectivement, il faut réfléchir à cela : la vocation de diaspora occulte l’identité hébraïque. C’est là que l’identité juive telle que nous la connaissons apparait comme une espèce de déguisement de l’identité hébraïque. C’est comme une stratégie de survie chez les Goyim. Qu’est-ce qu’un juif ? C’est un hébreu des Goyim qui fait comme s’il était des Goyim.

 

 Effectivement, un hébreu est un hébreu, alors qu’un juif est toujours judéo-quelqu’un d’autre. Ce quelqu’un d’autre est toujours goy : judéo-français ou judéo-allemand...etc.

Nous étions d’abord judéo-égyptien.

 

L’identité juive est un masque de protection de l’identité hébraïque qu’elle occulte. La 1ère fois que le mot de judéens – yéhoudi -  est employé dans le sens socio-politique de « juif »,  c’est à propos de Mardochée. Le jour de Pourim on se déguise en Juif pour se rappeller qu’un Juif c’est un hébreu déguisé. Dans les temps traditionnel on se déguise en n’importe quoi. Mais le déguisement traditionnel, c’est de se déguiser en Juif. A Méa Sharim les gosses réussisent à se déguiser en ‘Hassidim. En Algérie les Juifs avaient l’habitude de se déguiser en juif tunisiens ou marocains...

 

L’identité juive est un déguisement protecteur de l’identité hébraïque Ce déguisement est destiné à disparaître. C’est pourquoi je vous dis souvent que nous sommes d’origine juive. Mes enfants et surtout mes petits-enfants sont des hébreux d’origine juive. Notre histoire et celle de la génération d’avant est pour eux de la préhistoire.

 

Il y a eu effectivement le risque que l’identité hébraïque disparut en Egypte. Il faut se débarasser de cette coquille, de cette Qlipah galoutique, pour avoir le droit d’entrer en Erets Israël. On l’apprend de Jacob. Lorsqu’il revient de son exil chez Laban, il dit à Essav  « im laban garti »

Et Rashi cite trois explications du Midrash, j’en mets une en évidence :

« Lo vayiti sar verashou elav ger » - je suis pas devenu ministre ou prince ou important mais je suis reste Guer : Garti => j’ai séjourné en tant que Guer – étranger - métèque.

 

Quand Jacob réclame Erets Israël à Esaü, il se justifie en disant : je suis resté hébreu et ne suis pas devenu libanais chez Laban, ni Français en France, ni Egyptien en Egypte... Je suis resté Guer !

 

Rashi : Mon père m’avait béni de cette fameuse bénédiction d’Essav en disant : em guevir samtikh al  lareakha – je t’ai placé comme noble sur tes frères – cela ne s’est pas réalisé en moi dit Jacob-  zé lo yikaïma bi. Enseignement du Talmud Torah: Enlevez Bi- de Guévir il reste Guer : le Bi de Guévir ne s’est pas réalisé et il est resté Guer. Cela veut dire qu’il n’y a que le Juif qui se reconnait comme étranger des Goyim qui a le droit à Erets Israël. Vous voyez ce qu’il y a derrière ce Midrash.

 

Ce qu’il y a d’important c’est de lire אֶעְבְּרָה-נָּא, וְאֶרְאֶה  Erberah-na ve'er'eh

Pshat cela veut dire : « Laisse moi, S’il Te plait, traverser (le Jourdain) »

Mais dans l’hébreu de la Qabalah cela veut dire « que je me fasse hébreu et qu’au moins je vois le pays ».

אֶעְבְּרָה-נָּא  Erberha-na = Que je devienne Ivri

 

Le verset 26 est encore plus fort :

Vayit'aber Adonay bi lema'ankhem

Vayitaber (c’est la même racine) Hashem Bi en moi pour...

 

Midrash

וָאֶתְחַנַּן, אֶל-יְהוָה, בָּעֵת הַהִוא, לֵאמֹר

Vaet’hanan el-Adonay ba'et hahi lemor.

Et j’ai supplié devant Dieu

 

C’est ce que le verset dit : (Versets de Mishlei Proverbes) « Lorsque le pauvre parle, il parle avec des supplications, alors que le riche parle durement (âzot paroles dures  - azout grossiereté vulgaire de la dureté dans le langage - azot paroles dures) Rabi Na’hman Bar a enseigné à propos de ce verset de Mishlei : « La première partie du verset : « Lorsque le pauvre parle, il parle avec des supplications », cela c’est Moïse qui s’adresse à son Créateur avec des paroles de supplications.»

« Et le riche répond par des paroles dures » : « celui qui est le riche du monde, c’est le Saint Béni Soit-Il, lui a répondu Azot durement ». « D’après un verset de Dévarim : « n’ajoute pas de me parler de cela »

 

En paraphrasant :

« Moïse arrête de prier parce que si Je suis obligé d’accepter ta prière ce sera grave alors ne prie plus ! » Moïse a fait une prière pour son sort personnel, et Dieu lui répond durement pour sauver Israël. J’approche un peu de la réponse que l’on cherche.

 

[Cela me rappelle une histoire :

Rabbi Sousya priait pour les malades. Une femme lui demanda de prier pour la guérision de son enfant. Sa prière ne marcha pas. A la fin Dieu lui dit d’arrêter de prier parce qu’il ne veut pas guérir cet enfant. Rabbi Sousiah insiste. Dieu accepte mais sous condition de lui retirer sa part de paradis. Alors Rabbi Sousiah déclare : « jusqu’à présent je te servais dans l’espoir du Olam Haba, maintenant mon service est Lishma authentique ». En général on s’arrête-là dans l’histoire pour évoquer le service Lishmah. Mais la suite dit : Dieu a ajouté :  « puisque c’est ainsi Je te rends ta part de paradis, mais je ne guéris pas l’enfant... » 

Dieu a ses raisons et il sait pourquoi, pas les hommes. On ne peut savoir ce qui arrive qu’à la fin des séries et des causes et des effets jusqu’à la fin du monde. Cela peut nous apparaitre incompréhensible et injuste car on ne voit pas ce qu’il y a derrière.]

 

Pourquoi Dieu dit-il dûrement à Moïse : « Arrêtes de prier ! » ? Le verset a dit « Lémaankhem ». Mais à ce moment-là on a progressé dans l’étude. Moïse prie maintenant pour lui et non plus pour Israël.

 

« Autre enseignement. Rabi Yo’hanan enseigne : le pauvre parle en supplication, c’est la manière des prophètes d’Israël.»

 

Il s’agit de la prière qui ne fait pas allusion aux mérites éventuels. Cela n’est pas basé sur un droit à obtenir ce qu’on demande comme dans la Tefilah - Léhitpalel. Les prophètes d’Israël prient comme cela.

 

Alors que le riche formule ses paroles de manière dure, ce sont les prophètes des nations.

Enseignement de Rabi Yo’hanan (qui vient compléter ce que l’on vient d’entendre): « Tu n’as pas de Tsadik aussi grand chez les nations (ici la thèse qui retient l’identification de Job comme juste souffrant chez les nations et non pas d’Israël.) Et lorsqu’il s’adresse à Dieu c’est par To’harot c’est par réprimandes, disputes, discussions, admonestation to’harah.

D’après un verset de Job (voilà comment Job demande à Dieu) : « Je disposerai devant lui un jugement, je le fais passer en jugement, et ma bouche se remplira de réprimandes.»

 

Ici c’est Job qui parle à Dieu. Le problème n’est pas si simple, il y a une manière de s’adresser à Dieu dans la prière d’Israël qui n’est pas la manière de s’adresser à Dieu des païens.

Il ne faut pas comparer les prières chrétiennes beaucoup inspirées des Psaumes en particulier. Les païens réclament, alors que les Prophètes prient et demandent. A la limite, c’est la différence entre la conduite magique et la conduite religieuse.

 

Dans la conduite religieuse on demande et Dieu est libre d’accepter ou pas. Alors que dans la pratique païenne, la conduite magique, on commande aux forces surnaturelles faites prisonnières et contraintes à obéir. La formule du rituel magique c’est « Abracadabra » qui vient d’une formule araméenne : abra kadabra : « que cela se passe comme je le dis »

 

Une exception dans un verset : Psaume 81 verset 5

כִּי חֹק לְיִשְׂרָאֵל הוּא

מִשְׁפָּט, לֵאלֹהֵי יַעֲקֹב

Ki ‘hok leIsraël hou, mishpat Elohei haYaqov


Le Pshat c’est « La loi appartient à Israël, le jugement appartient au Dieu de Jacob. »

Une autre lecture dit :  Ki ‘hok leIsraël hou, mishpat Elohei haYaqov – lorsque la loi est pour Israël, le jugement c’est pour le Dieu de Jacob : Si Israël est dans son bon droit, alors il fait passer le Dieu de Jacob en jugement. Cela frôle le blasphème de l’Apikoros.

 

Comme dans le Kadish du Rav Lévi de Berditchev qui assigne Dieu en jugement.

Il y a des passages dans les Prophètes où Dieu dit à Israël : « vous avez un problème contre Moi, alors on juge, interpellez-Moi ! » Après la Shoah de grands Rabanim ont dit un Kadish...

 

Le 1er enseignement de Rabi Yo’hanan : les prophètes des Nations parlent en To’ha’hot alors que les prophètes d’Israël parlent en Ta’hanounim (supplications). D’où l’apprend-on ? de Job ! On apprend en passant que c’est ici la thèse de Job comme juste souffrant des nations qui est retenue.

 

« Il n’y a pas plus grands chez les Prophétes que Moïse et Isaïe, et chez les deux on voit que le style de prière est la prière de supplications (qui ne base pas sur le mérite donnant des droits). Isaïe a dit : « Dieu exauce-nous en grâce, nous espérons en Toi », et Moïse a dit (dans notre texte) : « Et j’ai supplié Dieu » (ce n’est pas Léhitpalel-provoquer un jugement pour savoir si j’y ai droit)

Autre enseignement : cette expression Vaét’hanane à quoi elle ressemble ? A une matrone qui a eu un fils. Tant que son fils est vivant, elle entrait au palais en force. Son fils étant mort, elle entre chez le Roi avec supplications ». Ainsi, tout le temps où Israël était vivant, dans le désert - kayam bamidbar – alors Moïse intercédait devant Dieu avec force.

Par exemple, (dans Shémot après la faute du veau d’or) « pourquoi Mon Dieu Ta colère s’enflammerait-elle contre Ton peuple ? »

 

Je voulais expliquer ce verset mais on a plus le temps.

 

Et Moïse dans cette génération du désert dont il était responsable qui est là, a la force de réclamer : « Pardonne donc à ce peuple. » C’est presqu’un ordre et effectivement Deu va répondre : « J’ai pardonné comme tu m’as demandé ». Israël dont il est responsable étant présent, la parole de Moïse était forte.

 

Dès que Israël est mort, cette génération d’Israël morte dans le désert, Moïse a demandé à entrer en Israël en supplications.

 

Le Midrash est très clair. Notre réponse est juste après :

 

« En ce temps-là en disant, à l’époque où Josué a été désigné comme successeur de Moïse »

 

Le raisonnement de Moïse est le suivant : « maintenant c’est Josué qui va entrer en Israël et pas moi à la tête d’israël, donc je veux entrer comme personne privé, et par conséquent la clause du danger pour Israël que Moïse chef d’Israël entre en Israël tombe. C’est maintenant Josué...

 

***

 

Etymologie de Léhitpalel

 

C’est le pronominal du verbe Palol. Et le mot Palol en hébreu cela veut dire juger punir. Pénal.

Léhitpalel cela veut dire se juger soi-même : provoquer le jugement de soi par soi. C’est une conduite de prière bien précise. Je demande en prenant l’initiative de demander à Dieu de me juger pour savoir si j’ai droit. C’est pourquoi la prière comme Téfilah est périlleuse, car dès que je suis jugé je suis jugé pour le bien comme pour le mal.

C’est pourquoi les Rabanim enseigne qu’il faut toujours prier en Miniane. Car le Miniane est Tsadik. Et on est à l’abri du Klal Israël dans le Miniane.

 

Ceci dit on a bien entendu le droit de prier quand on est seul, on en a aussi le devoir, mais à ce moment-là il faut savoir qu’une des Mishnayot des Pirqey Avot dit : « Ne fais pas de ta prière quelque chose de fixe, mais prie en supplication ».

La prière d’une Téfilah n’est pas dangeureuse elle est autorisée et permise dans le Miniane.

Les femmes n’ont pas besoin du Miniane pour prier : une femme est à elle toute seule un miniane.

On l’étudiera un jour. Ce n’est pas le cas pour les hommes.

 

Il y a un indice : juste avant le Shemoneh Esreh, on fait 3 pas en arrière et puis 3 pas en avant : on sort de son Reshout haya’hid son aire individuelle pour entrer dans le Reshout harabim l’aire collective. Et à la fin de la prière on sort de l’aire collective et on entre dans l’aire individuelle. C’est signalé par ces trois pas.

 

Dans les anciens rites séfardim, en particulier le rite judéo-espagnol, une habitude que les ‘Hassidim ont gardé, avant Shemoneh Esreh on se tourne vers les membres du Miniane en se saluant, et on doit penser « Véahavtah léréakha kamokha » à ce moment-là : on fait le Klal Israël et c’est sérieux. Il y a une Halakhah à ce sujet : il est interdit de prier dans un Miniane où on croit que l’on a un ennemi. Sinon, il y a une hypocrisie totale : prier ensemble dans un Klal du lieu de la haine.

 

Fin

 

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