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30 décembre 2012 7 30 /12 /décembre /2012 18:58

Abraham L'hébreu ou l’espérance de fraternité (1988) 3b

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/engendrements/abraham_l_hebreu_serie_1988/cours_3    

Durée : 40,9 minutes
Face B

W00299-02_wma

 

…/…

 

C’est parce que nous ne savons pas encore que Loth s’est disqualifié. Jusque-là il est cachère, jusque-là il est Tsadik, jusque là il aurait pu être un Abraham dont l’identité aurait été la même que celle d’Abraham. A un certain moment du texte, je vous donnerais la référence, Abraham dit à Loth : Nous sommes des frères -  Anashim A’him Anakhnou – alors qu’ils n’étaient pas des frères mais oncle et neveu. Et le Midrash explique qu’ils étaient sosies. Les 2 étaient capables d’être frères. C’est un autre thème mais relié. Il s avaient la même identité de capacité de fraternité. Et en plus ils étaient sosies : quand on voyait Abraham on croyait voir Loth et quand on voyait Loth on croyait voir Abraham… C’est pourquoi il a fallu qu’il se sépare. La motivation d’Abraham que je paraphrase : maintenant que nous avons que l’identité profonde n’est pas la même, étant donnée que l’apparence seule est la même, alors séparons-nous, que l’on sache qu’Abraham n’est pas Loth et que Loth n’est pas Abraham.  Cela va jusque-là. Cela veut dire qu’un point de départ ils ont une identité zéa.  L’identité en hébreu se dit Zéou. Mais Zéout a aussi le sens de identique, même. Zéé, même, identique. Ils avaient une identité identique. On peut le dire e français qui traduit ici l’hébreu assez bien. Donc on ne sait pas encore que Loth va être un déviant. Dit sous forme de blague : Abraham sera l’ancêtre du juif errant et Loth l’ancêtre du juif aberrant.

 

Je me souviens d’avoir entendu il y a très longtemps Monsieur Lévinas parler de ces thèmes-là entre Abraham et Loth, il disait : « Si Abraham est le juif, Loth est le sale juif. » Je n’aime pas cette expression mais elle est très suggestive. Cela veut dire que Loth est une caricature d’Abraham à un certain moment. A la racine, au début de leur cheminement c’est un grand personnage qui a le courage avec la famille d’Abraham de sortir d’Our-Kasdim en marche vers la recherche de l’identité hébraïque. Les causes profondes de la séparation : Loth va effectivement partager l’aventure d’Abraham. Cela va nous être dit en clair aux versets 4-5 :

 

 

 

וַיֵּלֶךְ אַבְרָם, כַּאֲשֶׁר דִּבֶּר אֵלָיו יְהוָה, וַיֵּלֶךְ אִתּוֹ, לוֹט; וְאַבְרָם, בֶּן-חָמֵשׁ שָׁנִים וְשִׁבְעִים שָׁנָה, בְּצֵאתוֹ, מֵחָרָן.

Abram partit comme le lui avait dit l'Éternel, et parti avec lui Loth… Abram était âgé de soixante-quinze ans lorsqu'il sortit de Harân.

 

Ces indications de détail apparemment superflues prennent maintenant une force nécessaire. La Torah veut mettre en évidence que Loth partage l’aventure d’Abraham à l’origine au point de départ.

 

      

וַיִּקַּח אַבְרָם אֶת-שָׂרַי אִשְׁתּוֹ וְאֶת-לוֹט בֶּן-אָחִיו, וְאֶת-כָּל-רְכוּשָׁם אֲשֶׁר רָכָשׁוּ, וְאֶת-הַנֶּפֶשׁ, אֲשֶׁר-עָשׂוּ בְחָרָן; וַיֵּצְאוּ, לָלֶכֶת אַרְצָה כְּנַעַן, וַיָּבֹאוּ, אַרְצָה כְּנָעַן

Abram prit Saraï son épouse, et Loth fils de son frère, et toutes leurs possessions et toutes les personnes qu'ils avaient faits à Harân… Ils partirent pour se rendre dans le pays de Canaan, et ils arrivèrent dans ce pays.

 

Petite parenthèse c’est là un thème très important : à ‘Haran il y a eu élaboration d’une civilisation pré-hébraïque par Abraham. La famille d’Abraham à Our-Kasdim ce sont des araméens camouflés en prêtre de l’idolâtrie babylonienne. Un peu à la manière dont les prêtres chrétiens disent qu’ils sont Israël, chez les Goyim. Et comme les rabbins qui vivent chez les Goyim disent dangereusement des choses analogues, avec une espèce de perspective très profonde. Imaginez un observateur de la planète Sirius. Il aurait son télescope sur le 9ème arrondissement à Paris. Cela y pullule d’églises et de synagogues, on y entend « Amen » dans des prononciations différentes, « Allélouiah » dans des prononciations différentes…  Il y a même des soutanes analogues… Bref, il vaut mieux revenir au verset.  

 

asher-assou veCharan qu'ils avaient faits à Harân

 

Il y a eu effectivement une communauté « d’abramides » si j’ose dire. Quelles sont ces Nefesh ?

 

Le mot est au singulier mais c’est un mot pluriel générique Nefashot dont le terme collectif est Nefesh. Ce sont les convertis qu’Abraham et Sarah faisaient à leur vocation renouvelée d’hébreu. Les Guérim, les convertis, que Abraham et Sarah faisaient. Le Midrash le dit très clairement : Abraham s’occupait des hommes et Saraï des femmes. Il y avait la Yeshivah et le Beit Yaaqov de Abram et de Saraï. Ils y fabriquaient des personnes littéralement. C’est un thème très important : c’est tout ce peuple-là, cette tribu des « abrahamisants » si j’ose dire, qui rentre dans le pays de Canaan. Avec leur Rékhoush, toutes leurs possessions.  

 

La Guémara pose la question : qui sont les descendants des abramides de l’époque ? Il y a un thème très important, que je suis désolé de ne pas pouvoir traiter ce soir, on le retrouvera, c’est le fait que les patriarches, les Avot, sont les pères des fils d’Israël.  Ce sont les engendreurs. Leurs élèves on ne sait pas où ils sont. Ils en ont eu mais ce n’est pas des élèves dont parle la Torah. Elle parle du peuple de leurs descendants et de ceux qui s’adjoignent à l’identité nationale de ce peuple. Abraham, Isaac, Jacob ne sont pas des fondateurs d’églises. Il y avait des disciples d’Abraham. On y fait allusion dans un verset en clair. Où sont-ils ? Qui sont-ils ?

 

Alors la tradition va donner une réponse : chaque fois qu’il y a un converti à Israël, c’est la Neshamah d’un de ces disciples d’Abraham et de Sarah qui revient à Israël. Mais elle ne revient pas par la porte de la synagogue, mais par la porte de la nation. Cela veut dire qu’un disciple d’Abraham qui ne serait que judaïsant en tant que religion ce n’est pas un membre d’Israël. Un disciple d’Abraham devient membre d’Israël s’il devient membre de la nation d’Israël. Voilà la première indication, cela c’est pour les patriarches. Vous avez compris l’importance de ce thème-là. Pour les théologiens non-juifs c’est très difficile de faire rentrer les catégories du Guiyour, de ce qu’on appelle en français la conversion dans leurs catégories sociologiques. Parce qu’il ne s’agit pas en fait d’une conversion dans le sens théologique chrétien pour lequel on change de catéchisme.

 

C’est une naturalisation au peuple juif, sa religion y compris. Donc c’est un acte qui est simultanément légal religieux et légal national. C’est pourquoi le rav A.I. Kook avait en son temps cité un psak qu’à partir du moment où Israël redevenait une nation, il était interdit de faire des guérim en ‘Houts Laarets. Sinon il y a une contradiction dans les termes. Ce serait un goï qui voudrait devenir Israël mais à l’étranger ! Je referme cette parenthèse. C’est une des réponses que donne la tradition à cette question de savoir qui sont ces Nefashot-là.    

 

Corollairement, dans un texte corollaire, c’est que les Neshamot de ces Nefashot-là étaient au Sinaï et ont entendu la Torah en même temps que les Hébreux au pied du Sinaï. Ce qui fait que lorsqu’ils veulent entrer en Israël, une fois régularisée leur nationalité et religion, ils ont le même titre de noblesse que les Juifs d’origine, et un peu plus. Parce qu’il est vraiment d’origine, alors que nous ne sommes que juifs d’origine par descendance, alors que lui est d’origine mamash d’origine.

 

12.5    

וַיֵּצְאוּ, לָלֶכֶת אַרְצָה כְּנַעַן, וַיָּבֹאוּ, אַרְצָה כְּנָעַן    

Ils sont sortis (d’Our-Kasdim) pour aller en direction du pays de Canaan, et ils arrivèrent dans le pays de Canaan.  

 

Il y a encore plusieurs thèmes qui nous sont indiqués. Mais j’arrive au problème de la séparation entre Loth et Abraham. En tout cas on apprend entretemps que Loth a accompagné Abraham dans un voyage très important qu’Abraham et Sarah font en Egypte. Apparait un thème très important que nous étudierons  peut-être dans la Parashah de la semaine prochaine : c’est quand Abraham dit de Sarah qu’elle est sa sœur et non seulement sa femme. Loth accompagne Abraham. Après cette épreuve dont je parlerais plus en détail la prochaine fois où l’on voit que l’identité d’Abraham monte considérablement au niveau de la visée hébraïque de la moralité : il a été capable de dire de sa femme qu’elle est sa sœur – ce qui pour le moment est mystérieux nous le verrons la semaine prochaine – et ensuite Loth et Abraham font se séparer. Il y a un progrès dans l’identité Abraham chez Abraham, et Loth reste Loth et fait du surplace. Il y a une séparation dans l’ordre de la moralité. Leur ontologie métaphysique, leur identité métaphysique est hébraïque : capable d’être frère. Mais il y a un critère qui les différencie radicalement c’est qu’Abraham est frère dans la moralité alors que Loth est un peu de l’ordre du « faux-frère ». Il y a les frères et les faux-frères comme il y a les bergers et les mauvais bergers. Cf. tous ces mouvements spiritualistes, philosophiques, idéalistes, politique où l’on s’appelle « frère ». Nous trouvons à la racine le même idéal, la même exigence de retrouver la fraternité. C’est cette recherche là que nous allons redécouvrir avec Abraham et Sarah.

 

13.5

וְגַם-לְלוֹט--הַהֹלֵךְ, אֶת-אַבְרָם הָיָה צֹאן-וּבָקָר, וְאֹהָלִים.

Et à Loth aussi qui marchait en compagnie d’Abraham, il y avait troupeaux et petit troupeaux et les tentes (un peuple avec lui).

 

וְלֹא-נָשָׂא אֹתָם הָאָרֶץ, לָשֶׁבֶת יַחְדָּו כִּי-הָיָה רְכוּשָׁם רָב, וְלֹא יָכְלוּ לָשֶׁבֶת יַחְדָּו

Et la terre ne les a pas porté de résider ensemble.

 

C’est un verset extrêmement important :la terre toute entière n’était pas assez grande pour qu’ils vivent ensemble, et cohabitent. Il s’agit de deux hommes, deux valeurs humaines, très analogues à l’origine qui auraient pu être la même si l’histoire avait été autre, et la Torah nous en dit : la terre n’était pas assez grande pour qu’ils puissent cohabiter. Coexistence impossible, fraternité impossible. Deux frères capables d’être frères mais pas entre eux !

 

Je crois qu’il y a là une dimension importante. Cela ressemble beaucoup à l’état des sociétés humaines, où il y a des bergers dont l’essentiel de leur message est de transmettre à leurs troupeaux qu’il faut vivre ensemble, mais les bergers n’arrivent pas à vivre ensemble. Ils sont tous des Tsadikim mais ne se supportent pas, alors chacun à son coin à lui quelque part…  Chez les Mitnaguim entre eux et chez les ‘Hassidim entre eux… Bon, on en fait pas de Lashon Harâ, puisqu’on parle des Hébreux on en parle pas des Juifs.

 

Cela rappelle l’histoire de Caïn et Abel. Deux hommes au monde et puis la terre entière n’était pas assez grande pour qu’il puissent coexister et l’un a supprimé l’autre. Cette même équation qu’on retrouve ici entre Abraham et Loth est en progrès : l’un ne tuera pas l’autre. Mais ils se séparent.

 

Caïn a été assassin, Loth a préféré Sodome et Gomorrhe.

 

Cette même équation va être reprise à la génération suivante entre Ishmaël et Isaac. Et elle sera reprise entre Jacob et Esaü et se dénouera entre Joseph et ses frères.

 

וְלֹא-נָשָׂא אֹתָם הָאָרֶץ, לָשֶׁבֶת יַחְדָּו כִּי-הָיָה רְכוּשָׁם רָב, וְלֹא יָכְלוּ לָשֶׁבֶת יַחְדָּו

 Et la terre ne pouvait pas les porter de résider ensemble, car leur possession étaient nombreuses

et ils ne pouvaient pas résider ensemble.   

 

13.7 :  

וַיְהִי-רִיב, בֵּין רֹעֵי מִקְנֵה-אַבְרָם, וּבֵין, רֹעֵי מִקְנֵה-לוֹט; וְהַכְּנַעֲנִי, וְהַפְּרִזִּי, אָז, יֹשֵׁב בָּאָרֶץ

 

Il y a eu une querelle entre les bergers des troupeaux d’Abraham et les bergers des troupeaux de Loth et le Cananéen et le Périzéen habitaient alors dans le pays.

Comme d’habitude et je vous le répéterais souvent chaque mot et chaque nuance de mot est étudié au fond par le Midrash, mais chaque fois cela nous ferait prendre des tangentes dans d’autres sujets, je vais essayer de suivre la même ligne de lecture sur ce qui se passe entre Abraham et Loth. 

 13.8:  

וַיֹּאמֶר אַבְרָם אֶל-לוֹט, אַל-נָא תְהִי מְרִיבָה בֵּינִי וּבֵינֶךָ, וּבֵין רֹעַי, וּבֵין רֹעֶיךָ כִּי-אֲנָשִׁים אַחִים, אֲנָחְנוּ  
Et Abraham dit à Loth : Qu'il n'y ait pas de querelles entre moi et toi, entre mes bergers et tes bergers; car nous sommes des hommes frères.

 

L’initiative de la querelle a été prise par les bergers d’Abraham, c’est donc que les bergers d’Abraham avaient en tant que bergers quelque chose à reprocher aux les bergers de Loth. Et nous verrons de quoi il s’agit quand le Midrash met cela en évidence. Mais le mot employé par la Torah pour dire la querelle des bergers est le mot de רִיב   Riv. Et le mot qui va être employé dans le verset 8 lorsque Abraham dit Qu'il n'y ait pas de querelles entre moi et toi, il ne s’agit plus des bergers de Abraham et des bergers de Loth, mais de Abraham et Loth. Et c’est le mot de מְרִיבָה Mérivah. Il y a une différence רִיב   Riv c’est la querelle physique et מְרִיבָה    Mérivah c’est la querelle spirituelle, idéologique. Entendez-le en hébreu Riv-Mérivah c’est la même racine. Mérivah c’est plus que la Ma’hloquet, c’est sans solution.

 

Qu'il n'y ait pas de querelles entre moi et toi, et entre mes bergers et les tiens; car nous sommes des hommes frères.

 

13.9:  

הֲלֹא כָל-הָאָרֶץ לְפָנֶיךָ, הִפָּרֶד נָא מֵעָלָי אִם-הַשְּׂמֹאל וְאֵימִנָה, וְאִם-הַיָּמִין וְאַשְׂמְאִילָה

N’est-ce pas que toute la terre est devant toi, sépare-toi de moi, si tu vas à gauche j’irais à droite, si tu vas à droite, j’irais à gauche.

 

On reviendra sur les causes profondes de cette séparation d’après Abraham

 

13.10:   

וַיִּשָּׂא-לוֹט אֶת-עֵינָיו, וַיַּרְא אֶת-כָּל-כִּכַּר הַיַּרְדֵּן, כִּי כֻלָּהּ, מַשְׁקֶה--לִפְנֵי שַׁחֵת יְהוָה, אֶת-סְדֹם וְאֶת-עֲמֹרָה, כְּגַן-יְהוָה כְּאֶרֶץ מִצְרַיִם, בֹּאֲכָה צֹעַר

 

Et Loth leva les yeux et vit toute la plaine du Jourdain, car elle était tout entière arrosée, avant que l'Éternel eût détruit Sodome et Gomorrhe; comme un jardin d Dieu, comme le pays d'Egypte, en direction de Çoar.

 

Tso’ar est une ville qui va jouer un très grand rôle dans l’histoire de la vie de Loth, elle est entre l’Egypte et Sodome et Gomorrhe.

 

13.11:

 וַיִּבְחַר-לוֹ לוֹט, אֵת כָּל-כִּכַּר הַיַּרְדֵּן, וַיִּסַּע לוֹט, מִקֶּדֶם; וַיִּפָּרְדוּ, אִישׁ מֵעַל אָחִיו

 Et Loth choisit pour lui toute la plaine du Jourdain, et Lot décampa-voyagea vers l’orient ; et ils se séparèrent chacun de dessus son frère.

 

On a eu de la chance : Loth a choisi Sodome et Gomorrhe et Abraham a choisi Jérusalem. Et si Loth avait choisi Jérusalem ? Puisqu’ici il lui donne le choix !

 

Déjà dans l’expression « Si tu vas à gauche j’irais à droite, si tu vas à droite, j’irais à gauche » il y a déjà un pléonasme. Rashi nous donne l’explication suivante qui va nous dévoiler qui est Abraham. On pourrait croire à une séparation définitive et irréversible. Pas du tout ! Rashi nous dit en citant le Midrash que Abraham lui dit : Rassure-toi  Je ne serais jamais loin de toi et si tu as besoin de moi, je serais là pour te protéger. Effectivement par la suite on voit que dès que Loth sera fait prisonnier dans la guerre des rois, Abraham, l’homme de la paix, décide de faire la guerre ! 

 

Il n’y a pas d’implication avec les problèmes contemporains, mais il n’y a que ça.

 

Rashi nous dit ceci : Si tu va à droite je serais à la gauche de ta droite, si tu vas à gauche je serais à la droite de ta gauche. Cela veut dire que je ne serais jamais loin de toi, je te protège. C’est la grande différence de la séparation entre Caïn et Abel : Caïn tue Abel, c’est définitif et irrémédiable, c’est la haine. Abraham dit à Loth : on se ressemble trop pour être vraiment la même chose, alors éparons-nous. Mais rassure-toi, je t’aime bien, alors je suis là si tu as besoin de moi…

 

Effectivement, il aura besoin de lui ; on va voir un chapitre entier où Abraham va prendre l’initiative de faire la guerre. La Guémara va s’interroger : Abraham faire la guerre ? C’est dans la massekhet Gitim qui étudie les causes profondes de la Galout telle qu’elles sont rattachées à Abraham.

 

 

Abraham c’est l’homme de ‘Hessed, de la charité absolue et il se dévoile comme partisan de la guerre pour sauver Loth !

 

Vus voyez qu’il faut suivre le texte attentivement pour se rendre compte de l’articulation de l’émergence de l’identité d’Israël et nous n’en sommes qu’aux premières étapes : Abraham l’homme de la vertu de charité est capable d’être l’homme de la vertu de la rigueur absolue lorsqu’il le faut.

 

Dans le sujet concernant Ishmaël nous verrons plus en détail qu’Abraham a une complaisance pour Ishmaël extraordinaire que la Torah condamne. Sarah demande à Abraham de chasser le fils de l’étrangère. Et la Torah nous raconte que Abraham obéit à Sarah mais qu’il en a eu du mal pour son fils Ishmaël. De là le Talmud apprend que lorsque les femmes sont prophètes elles sont plus grandes que les hommes : Dieu a dit à Abraham : écoute la voix de Sarah. On en déduit que Sarah était plus grand prophète qu’Abraham. On verra cela plus en détail. Abraham obéit et va expulser Ishmaël et l’envoyer dans le désert avec Hagar mais le texte dit que c’est contre sa nature parce qu’il est l’homme du ‘Hessed.  Il n’y a pas plus ‘Hessed naturel si j’ose dire que l’amour d’un père pour son fils. Et même si c’est le fils de l’étrangère, c’est son fils. Je vous citerais la prochaine fois  ce le Zohar dit à ce sujet.

 

Vous voyez à quel point nous vivons cela de manière tragique. Ce mot de tragédie ne fait pas partie du vocabulaire juif. Il faudrait dire dramatique. C’est intentionnellement que j’utilise le mot tragique, c’est un drame sans solution. Il n’y a pas de drame sans solution dans le regard de la Bible sur l’histoire : il y a toujours une solution. C’est un grand enseignement du professeur Néher. La grande différence entre la conscience grecque et ce qu’elle a fini par devenir dans l’histoire des cultures, et la conscience hébraïque, c’est que la conscience grecque est tragique. C’est le drame sans solution. La conscience grecque mène à cet espèce d’univers que seuls les psychanalystes ont le courage d’explorer. La fatalité fait inconscient, ce n’est pas pour rien qu’ils ont pris pour semen Œdipe.  C’est un autre problème mais très important. Monsieur Néher a mis cela en évidence que tous les récits de la Bible sont dramatiques mais il y a une issue. Finalement, Ruth revient.

 

Un grand auteur juif français sociologue d’origine marxiste nommé Goldmann a fait sa thèse de doctorat sur le Dieu caché de Pascal. En appendice de sa thèse de doctorat, il a fait une étude extrêmement enrichissante sur la différence entre le théâtre de Racine et le théâtre de Corneille. Le théâtre de Racine est un théâtre tragique. Racine finalement finira janséniste tragique. Tandis que le théâtre de Corneille est un théâtre dramatique. Je me rappelle à l’école française que je préférais Corneille à Racine. Corneille cela fait juif : c’est dramatique mais il y a une issue. Tandis que Racine cela aboutit au tragique absolu. Pas d’issue, à chaque génération le même drame avec simplement des pauses dans les coulisses.

 

Sachant qu’ils ne sont que dramatiques ces problèmes de la relation entre Abraham et Ishmaël, je crois que c’est très rassurant que seuls les Juifs sont capables de cela.  

 

 

Quelle est la raison de cette séparation ?

 

Voilà comment le Midrash l’explique : c’était une querelle de bergers. De quoi peuvent se quereller les bergers qui ont pour objectif de rendre concret au niveau existentiel, l’idéal des Hébreux qui va se formuler finalement dans la révélation de la Torah ? Parce qu’il s’agit de la préparation d’une identité humaine – l’identité hébraïque - qui fera que la révélation de la Torah sera possible. Quelle est cette querelle des bergers en tant que berger à propos d’un problème de Torah ?

 

Le Midrash va directement à un exemple prestigieux : pourquoi Moïse a-t’il été choisi Moïse grâce á qui la Torah sera révélée ?

Sur un verset qui se trouve dans l’histoire de Moïse alors qu’il était chez Jéthro dans le désert du Sinaï chez Jéthro. C’est la préface au moment de la révélation du buisson ardent : Pourquoi Dieu a-t’Il choisi Moïse ? C’est parce qu’il était un bon berger ! Et comment le texte l’indique-t-il ? Il faisait paître ses troupeaux dans des pâturages qui n’appartenaient pas à des propriétaires étrangers.

 

 

.../...

 

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commentaires

P
Hebrew language is the most difficult language in the world to learn and adapt. Even though there are many books available for learning it, but none of them gives a solid base for learning it. I am also trying to learn its basics.
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