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10 août 2009 1 10 /08 /août /2009 12:45

Parashat EKEV 1994

  Par le Rav Yéhouda Léon Askénazi (Manitou) זצ"ל

 

Rédigé et mis en forme à partir d'un enregistrement:
Commentaire Eikev (1994)1ère. partie (qualité sonore bonne).
 
Ekev Chapitre 7 verset 12 – chapitre 11 verset 25

 

Au fur et à mesure de l’étude je vous indiquerais les thèmes généraux de la Parasha.

 

10 :12

וְעַתָּה, יִשְׂרָאֵל--מָה יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, שֹׁאֵל מֵעִמָּךְ:  כִּי אִם-לְיִרְאָה אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ לָלֶכֶת בְּכָל-דְּרָכָיו, וּלְאַהֲבָה אֹתוֹ, וְלַעֲבֹד אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, בְּכָל-לְבָבְךָ וּבְכָל-נַפְשֶׁךָ

Ve'atah Yisra'el mah Adonay Eloheykha sho'el me'imakh ki im-leyir'ah et-Adonay Eloheykha lalekhet bekhol-drakhav ule'ahavah oto vela'avod et-Adonay Eloheykha bekhol-levavkha uvekhol-nafshekha.

 

וְעַתָּה, יִשְׂרָאֵל

Et maintenant Israël

 

Ve’atah, וְעַתָּה et maintenant, de manière traditionnelle on sait que Vé’atah introduit toujours un discours donné après la Teshouvah. Il y a dans le llivre de Dévarim et dans la Parashah de Eikev en particulier, le rappel historique de tout ce qui s’est passé pendant les 40 ans du désert, puisque c’est une récapitualion de l’enseignement que Moïse donne à Israël. Et cette récapitulation historique est entrecoupée d’exortations.

 

Le principe général c’est que Moïse s’adresse à la 2ème génération d’Israël et non à celle de la sortie d’Egypte qui avait l’expérience de ces événements fondateurs à cette époque. Il s’adresse à la génération suivante, celle des fils qui vont entrer sur Canaan et vont s’installer sur cette terre, et qui n’ont pas l’expérience directe et personnelle de l’intervention de Dieu pour Israël dans toutes les péripéties de la sortie d’Egypte, si ce n’est pas par leur proximité d’avec les pères.

Ceci est souvent répété dans le livre de Dévarim où Moïse exorte la génération des fils sur ce point précis et ce discours s’adresse à un peuple qui a déjà eu une certaine expérience historique. Et si la mémoire de cette expérience historique est coupée, toutes les exortations que Moïse pourra transmettre et, après lui tous les Prophètes d’Israël de génération en génération, n’auront pas de base. Il y a eu une étude sur l’histoire des religions en particulier par E.Kant qui a mis en évidence la différence de nature entre la tradition religieuse d’Israël et celle des autres traditions religieuses, quelque soit d’ailleurs leur proximité ou leur parenté apparente vis-à-vis de la Bible. Il met bien en évidence que ce qu’on peut appeller la foi ou la tradition d’Israël a pour base une mémoire historique.

 

Beaucoup d’auteurs juifs contemporains mettent systématiquement l’accent sur le fait que la spécificité du judaïsme c’est une expérience de mémoire. Il faut en réalité se méfier de cette formulation un peu abstraite et de ce concept venant du fait de gens sans plus aucune mémoire et qui doivent se rattacher à la mémoire des autres...

 

 Cf. le livre « le juif imaginaire ». je ne cite pas l’auteur, car l’auteur est plus honorable que le thème de ce livre.

 

(Lorsqu’on ne cite pas quelqu’un dans la Torah ou la Guémara c’est intentionnel. Exemple talmudique du nom de Tselof’had cité par un maitre. Nom qui a été voilé par la Torah et fut dévoilé par un grand maître d’Israël mais qui est critiqué par ses collègues pour cela-même)

 

Il y a une fidélité vive à l’identité juive qui peut aller jusqu’à des formules de ce genre : « le juif imaginaire ». On imagine qu’on est juif et ce serait l’authenticité de l’identité juive : être juif par l’imagination qui se réfère à une histoire passée avec d’autres...

Ce n’est pas ça la tradition, ni la mémoire.

 

Il y a eu des événements de révélation qui sont des événements historiques. Or un événement historique ne se recompose pas, ne se réinvente pas. Ni par l’imagination, ni par le calcul intellectuel de la raison  Dans certaines sensibilité religieuse, on peut restituer un fond de l’essence intellectuelle, recalculé par l’intelligence ou imaginé...

 

Il y a une sensibilité religieuse naturelle : la religion naturelle. Et il y a de grand penseurs de cette sensibilité religieuse naturelle. Je pense en particulier à Rousseau. C’est très beau mais cela n’a rien à voir avec la mémoire des événement qui fondent la tradition biblique. Un événement d’histoire si on ne s’en souvient pas, disparait. Et cela ne se reproduit pas sinon fictivement, abstraitement par l’imagination.

 

Je cite souvent du Talmud la définition de l’expression « ça ressemble ». Cela veut dire que c’est différent sinon on dirait « c’est la même chose ». Quand le Talmud dit, cela ne ressemble pas, cela veut dire que même ressemblant cela ne ressemble pas...

 

Judah Halévi l’a dit en son temps en parlant du Christianisme et de l’Islam que ce sont des choses qui ressemblent à l’enseignement de la Bible d’Israël mais c’est aussi différent de la religion qu’une philosophie religieuse.

 

Entendu du Professeur Benno Gross à propos de Judah Halevi : le mot dans  l’hébreu talmudique pour dire religion c’est ‘Dat’- la ‘loi religieuse´, la consitution pratique, le comportement pratique : Dat. Le terme de religion n’a pas de correspondance dans l’hébreu traditionnel parce que cela coïncide avec le judaïsme. Ya’hdout, c’est cela que ça veut dire. Il n’y a qu’une DaT c’est Divrei Torah.  

 

Et effectivement la théologie chrétienne et musulmanne sont des réflexions d’hommes doués de sensibilités religieuses, sur le problème religieux. C’est une réflexion de l’homme qui parle de  Dieu, alors que la tradition de la Bible, c’est Dieu qui parle et se révèle à l’homme.

 

Il s’agit d’événements historiques qui n’ont rien à voir avec les idées religieuses, avec l’histoire des idées religieuses. L’histoire des idées religieuses c’est la philosophie humaine. Tandis que l’histoire de la révélation prophétique c’est l’histoire des événements. Par conséquent, si on n’est plus accroché à la mémoire de ces événements cela n’a plus de base. Et d’ailleurs, les grandes crises d’identité dans l’histoire juive sont des crises d’éclipse de la mémoire.

 

Nous sommes une génération privilégiée, très proche des événements de la Shoah, et déjà existe une ignorance, une manipulation et une falsification des faits qui est très grave.

 

Cela éclaire ce qui peut se passer concernant des événements  vieux de 3000 ans sans une mémoire, une fidélité totale et entière. La fidélité doit s’attacher à la mémoire de ceux qui ont gardé la mémoire sinon tout est perdu.

 

Et effectivement, dans la génération israélienne contemporaine, on a déjà perdu la mémoire de la signification des événements de la génération précédente qui a fondé l’Etat d’Israël. Raison pour laquelle toutes les réflexions sur les grands moment de crises de l’histoire juive deviennent abstraites et sans aucun appui dans la réalité si on ne se réfère pas à ces événements  de mémoire.]

 

Je disais donc, le récit du rappel des événements de ces 40 ans dans le désert, surtout les premières années de la sortie d’Egypte - Moïse n’a été relié à la génération, de la sortie d’Egypte que pendant 2 ans et demi. Au bout de 2 ans et ½ il s’est séparé d’eux et il a planté sa tente en dehors du camp -  c’est Josué qui a pris le peuple en charge.

 

Ces péripéties sont racontées dans l’histoire de la Torah et ce n’est qu’à la fin des 40 ans que Moïse a repris en charge la génération des fils, celle qui allait entrer dans le pays de Canaan pour leur adresser le discours du Deutéronome.  Chose qui est peu connue.

 

Sur les 40 ans du désert où Moïse a dirigé le peuple, en réalité il l’a dirigé 2 ans et ½ et ensuite les 3 derniers mois de sa vie.

Il rappelle cela et cette exortation est celle-ci : si on oublie non seulement le caractère des événements en tant que faits qui se sont produits, leurs significations et l’impact qu’ils avaient au moment où ils se sont produits alors, l’histoire d’Israël est privée de toute signification.

 

וְעַתָּה, יִשְׂרָאֵל

Veatah Israël

Et maintenant Israël

 

Le mot de Véatah introduit toujours un discours qui est donné aprés la Teshouvah

Et maintenant, que vous avez fait Teshouvah...

Il y a eu le récit des fautes commises pendant les 40 ans et maintenant, après que vous avez pris conscience de ces fautes et que vous avez fait Teshouvah-repentir...

Nous sommes dans la situation de ce que cette génération des enfants d’Israël sait que même en cas de manquement par rapport à la charte que représente la Torah, même s’il y a eu faute, il peut y avoir Teshouvah. S’il y a Teshouvah, après la Teshouvah ...

 

וְעַתָּה, יִשְׂרָאֵל--מָה יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, שֹׁאֵל מֵעִמָּךְ

Ve'atah Yisra'el mah Adonay Eloheykha sho'el me'imakh

Et maintenant Israël

Qu’est-ce que Hashem ton Dieu demande-réclame de toi

 

Il y a là un théme très important : nous avons un enseignement de la Guémara Brakhot 33b qui dit : Rabbi Hanina ben Hana « tout est entre les mains de Dieu sauf la crainte de Dieu » hakol bidei shamayim ‘houts biyirat shamayim. Tout ce qui se passe est entre les mains de Dieu : qu’est-ce que cela signifie ?  Cela veut-il dire que l’homme n’a aucun pouvoir de liberté ?

Je vous parle...  Cela signifie-t’il d’après ce principe que c’est Dieu qui vous parle à travers moi ?

Il y a une difficulté à comprendre cela ! Y-a-t’il une part de liberté dans le fonctionnement du monde ? hakol bidei shamayim ‘houts biyirat shamayim ! Et que signifie la crainte de Dieu ?

 

Si on comprend ce qu’est Yirat Shamayim, on comprend que c’est le levier de liberté qu’il y a en toutes choses. A travers la Yirat Shamayim que l’on traduit par « la crainte de Dieu », nous sommes libérés des conditionnements qui nous viennent du fonctionnement du monde mais il faut bien comprendre les 2 points de l’enseignement :

 

1-      hakol bidey shamayim 

2-      ‘houts miyirat shamayim

 

Et comme nous allons le voir, la Guémara se base sur notre verset.

וְעַתָּה, יִשְׂרָאֵל--מָה יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, שֹׁאֵל מֵעִמָּךְ
Et maintenant qu’est-ce que Dieu réclame de toi ?

 

Cela veut : qu’est-ce que toi tu fais de toi ? le reste c’est Dieu qui le fait... 

וְעַתָּה, יִשְׂרָאֵל--מָה יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, שֹׁאֵל מֵעִמָּךְ
Mah Hashem Elohekha shoel meimakh

Ce que Dieu te demande et réclame de toi car le reste c’est Lui qui s’en occupe.

« Entre les mains de Dieu » j’ai utilisé le langage de la Gemara mais il faudrait traduire « sous le regard de Dieu »

 

כִּי אִם-לְיִרְאָה אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ

ki im-leyir'ah et-Adonay Eloheykha

Si ce n’est que d’avoir la crainte pour Hashem ton Dieu

 

« Ki im » a pour objet la crainte de Dieu

Mais il y a toute une suite, et la crainte de Dieu va apparaitre comme un levier, comme la condition de toute une série de comportements qui sont ce que Dieu réclame de moi. Mais comme ce ne peut d’abord apparaitre que si il y a la crainte de Dieu, la Guémara va dire : « tout est entre les mains de Dieu sauf la crainte de Dieu. »

 

לָלֶכֶת בְּכָל-דְּרָכָיו

lalekhet bekhol-drakhav

de suivre tout ses chemins

 

Donc toute la Torah est là  => לָלֶכֶת בְּכָל-דְּרָכָיו lalekhet bekhol drakhav

 

Il y a quelque chose de plus profond qu’il faut entendre tout de suite : ce n’est pas deux choses différentes : l’une est la condition de l’autre. Si j’ai vraiment Yirat shamayim, alors la Torah me garantit, elle m’annonce, me confirme que en tout ce que je ferais ce sont dans les chemins de Dieu que je suis. Celui qui a la Yirat shamayim, en tout ce qu’il fait il va suivant les chemins de ce que demande Dieu.

 

Celui qui manie le code de la Torah dans l’intention de s’y conformer mais qui n’a pas la Yirat Shamayim, il a beau croire que c’est la Torah qu’il pratique, en fait ce n’est pas la Torah s’il n’a pas Yirat Shamayim. Yirat Shamayim est une vertu préalable qui fait que si j’accomplis les commandements en ayant Yirat shamayim, ce sont bien les commandements de Dieu que j’accomplis. Sinon ce ne sont pas les commandements de Dieu que j’accomplis. Il y a là quelque chose de très fin et de très profond. Le même comportement, vue l’attitude préalable (Yirat Shamayim ou non), va mener à 2 catégories différentes :

ð  l’une s’appelle Lalekhet bekhol drakhav suivre tous ses chemins,

ð  et l’autre avec le même code cela consiste à suivre des chemins.

 

Et nous avons beaucoup de sources à ce sujet. La dernière que nous avons étudiée lors de la lecture des  Sidrot c’est un verset Bezot hatorah ashar sam Mosheh...

Sam écrit Sin-Mem. Et voici la Torah que Moïse a placé devant les enfants d’Israël.

« a placé » => Sam = lettres Sin-Mem

Et la Guémarah va le lire Sam avec Samekh en utilisant l’homophonie Sin / Samekh qui signifie poison. Guémarah : Si on mérite c’est Sam ‘Hayim - une drogue de vie - et si on ne mérite pas c’est Sam Mavet - un poison - une drogue de mort.

 

(Samemanim - Samémam : dans le parfum de l’encens il y avait onze parfums dont l’un très amer donnait l’odeur aux autres, c’était la ‘Helbenah (le musc ou l’ambre en français) tout seul très amer mais ajouté aux autres... )

 

Il y a donc une condition préalable qui est la Yirat Shamayim qu’il faut étudier et que l’on verra avec la Guémara.

 

וְעַתָּה, יִשְׂרָאֵל--מָה יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, שֹׁאֵל מֵעִמָּךְ:  כִּי אִם-לְיִרְאָה אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ לָלֶכֶת בְּכָל-דְּרָכָיו, וּלְאַהֲבָה אֹתוֹ, וְלַעֲבֹד אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, בְּכָל-לְבָבְךָ וּבְכָל-נַפְשֶׁךָ

Ve'atah Yisra'el mah Adonay Eloheykha sho'el me'imakh ki im-leyir'ah et-Adonay Eloheykha lalekhet bekhol-drakhav oule'ahavah oto vela'avod et-Adonay Eloheykha bekhol-levavkha uvekhol-nafshekha.

 

וּלְאַהֲבָה אֹתוֹ, וְלַעֲבֹד אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, בְּכָל-לְבָבְךָ וּבְכָל-נַפְשֶׁךָ

oule'ahavah oto vela'avod et-Adonay Eloheykha bekhol-levavkha uvekhol-nafshekha.

 

La crainte de Dieu est donc avant l’amour de Dieu.

En réalité il y a toute une dialectique de l’amour et de la crainte.

 

La crainte de Dieu c’est ce qui motive le fait de ne pas faire ce qu’il ne faut pas faire.

 

Je ne fais pas ce qu’il ne faut pas faire parce que j’ai peur de le faire. Tandis que l’amour de Dieu est ce qui motive le fait de faire ce qu’il faut faire : je fais ce qu’il faut faire parce que j’aime.  Assé meahavah asseh meyirah

 

Pour les Mitsvot Lo Taassé la motivation c’est la Yirah. Il faut traduire par « peur-crainte ». C’est avoir peur de faire le mal : se méfier de celui qui n’a pas peur de faire le mal !

 

Jacob Gordin : aujourd’hui on parle des athées mais on ne sait pas de quoi on parle. Les athées sont soi-disants ceux qui ne croit pas en Dieu. Mais en réalité ils ne savent pas de quoi ils parlent quand ils parlent de Dieu. Un athée moderne ce n’est pas qu’il ne croit pas en Dieu car il ne sait pas de quoi il parle, c’est plutôt quelqu’un qui ne croit pas au mal. Quelqu’un qui fait comme si le mal que l’on rencontre n’est pas le mal, c’est l’athéisme moderne qui est plus profond que de faire semblant de ne pas croire en Dieu. Il ajoutait : « si tu rencontres quelqu’un qui te dit qu’il n’a pas peur de Dieu, toi aies peur de lui »

 

Il y a une attitude de peur qui s’appelle Yirah, avec différents niveaux

 

=>  Yirat ‘Heth - la crainte du péché. Celui qui n’a pas cette premiére retenue de la crainte du péché ne peut pas avoir la peur du mal.

=>  Yirat haonesh (peur de la punition / la conscience que chaque action affecte notre personnalité)

=>  Yirat Elohim

=>  Yirat Shamayim

=>  Yirat Hashem

 

Ce sont des niveaux très différents et nous allons ici parler de Yirat Shamayim.

 

La grande difficulté de ce texte c’est de comprendre pourquoi Dieu est appellé « Shamayim ».

Il n’y a aucun verset de la Torah qui appelle Dieu « Shamayim ».

 

En français on dit « le ciel » pour dire Dieu mais c’est une attitude païenne.

En hébreu on dit Elohénou shébashamayim notre Dieu qui est dans le ciel.

On ne dit pas que le ciel est Dieu Le ciel est sa demeure.

Et pourquoi ne dirait-on pas « la terre » ?

 

La notion de Shamayim a un sens bien précis que nous verrons dans la Guémarah : Yirat shamayim.

 

[Je repense à la croyance des Gaulois qui avait peur que le ciel leur tombe sur la tête. Les modernes se moquent de leurs anciens. En réalité ils avaient Yirat shamayim. C’est la ligue de l’enseignement républicaine et radicale socialiste qui a mal traduit les croyances des Gaulois.

La religions des Gaulois était l’une des rares religions de l’antiquité où il n’y a avait pas d’idole, pas de représentation de divinité. Nous avons des traces dans les commentaires du Talmud que les Tanaïm qui ont fondé les premières communautés en France ont eu des rapport avec les druides. En particulier, ce sont des grands Tanaïm qui ont fondé la première communauté en France avant celle de Marseille qui était petite, c’était celle de Lyon.]

 

Il y a toute une dialectique de Yirah et Ahavah.

Dans l’ordre pédagogique, cela commence par Yirah et Yirah mène à Ahavah et Ahavah mène à Yirah... etc. Sans arrêt, c’est une marche.

 

Dès que cette dialectique est embrayée, la Yirah qui mène à Ahavah, la Ahavah qui mène à Yirah, on parle de Yirat haromémout – la révèrence. Mais cela commence par la crainte. Si on n’a pas la crainte des valeurs, si on n’a pas la crainte de porter atteinte aux valeurs, on n’a pas la crainte de Dieu. C’est cela que signifie Yirat Shamayim : c’est la crainte de porter atteinte aux valeurs.

 

Yirat shamayim

Dans la guemara il est dit que si on additionne le temps de vies des Avot on obtient la distance de la terre au ciel : 500 années de marches.

Ce sont les Avot qui vont fonder les valeurs fondatrices de l’identité de la conscience d’Israël.

Yirat shamayim, c’est la crainte, le respect des valeurs fondées par les Patriarches.

En français on serait mené à traduire la crainte du ciel, mais cela ne veut pas dire Dieu mais les valeurs qui sont les réalités entre Dieu et le monde. La distance qu’il y a entre la terre et le ciel dit la Guémara, c’est la distance de 500 années de marche, 500 années d’histoire.

 

On l’apprend du verset « kimé hashamayim al haarets selon les jours du ciel sur la terre »

C’est une expression biblique difficile que l’on traduit par toujours, constamment : « tant que le ciel sera sur la terre ». Il y a eu des temps où le ciel était sur la terre. Et maintenant nous sommes dans un temps où le ciel est loin de la terre.

 

Ce temps où le ciel était sur la terre c’est l’histoire des Patriarches.

Si le ciel est sur la terre, étant donnée qu’il est dans la nature du ciel de s’élever et dans la nature de la terre de tomber, la séparation de la terre et du ciel est une catastrophe. On attend l’expression inverse : le salut du monde, c’est quand le ciel est sous la terre et porte la terre.

Ce ne sont pas des expressions simples. On ne sait pas les lire.

Cf. en français l’expression : « sous la callote des cieux »

Ce genre d’expression passe dans le langage courant

« kimé hashamayim al haarets - le temps que les cieux sont sur la terre »

« rien de nouveau sous le soleil... » par exemple. Et on croit que cela ne va de soi sans se rendre compte vraiment de ce que l’on traduit.

 

« kimé hashamayim halaarets - le temps que les cieux sont sur la terre »

Retenons simplement que cela veut dire le temps où les Patriarches étaient présents dans l’histoire du monde. Et les valeurs que les Patriarches ont fondées sont des valeurs qui sont nécessaires pour relier l’homme à Dieu, qui est le Dieu que les Patriarches ont révélé.

 

Voyez le vocabulaire biblique qui dit ki im-leyir'ah et-Adonay Eloheykha.

Et le vocabulaire talmudique va dire hakol bideï hashamayim ‘houts miyirat shamayim.

Yirat shamayim signifiant la crainte des valeurs.

 

L’idée est la suivante : la valeur est exposée à la volonté de l’homme et est donc vulnérable car sans protection. La valeur peut tout contre moi,  je ne peux pas faire qu’elle ne soit pas ce qu’elle est.

Mais il y a une chose qu’elle ne peut pas, c’est que je la respecte.

 

Exemple : je ne peux pas changer une vérité mathématique à volonté. Je ne peux pas faire qu’une vérité ne soit pas vraie. Cela ne dépend pas de moi. Mais je peux mentir. Et je peux la reconnaitre ou pas. C’est cela le sens profond de ce que dit la Guémara : hakol bidey hashamayim ‘houts miyirat shamayim. 

 

Cela veut dire que la valeur peut tout contre moi, je ne peux pas faire que la vérité ne soit pas la vérité, mais je peux mentir. Il y a deux contraires à la vérité : l’erreur et le mensonge.

 

Tant l’erreur que le mensonge sont des preuves négatives de ma liberté. Je ne peux pas faire que la vérité ne soit pas la vérité mais je peux ou me tromper ou mentir. L’erreur vient de ce que je suis libre. Si je n’étais pas libre je ne me tromperaiS pas. Si j’étais inffaillible, je ne me tromperais pas. Mais étant infaillible, je ne suis plus libre. Cela voudrait dire que la vérité s’impose à moi de manière telle qu’elle supprime la liberté.

 

Et effectivement, dans les moments de révélation, d’évidence totale et absolue, la liberté disparait. La révélation paralyse la liberté de l’homme. Alors à ce moment là je ne peux pas me tromper, et je ne peux pas mentir parce que je ne suis plus libre. Je pense que cela suffit pour comprendre ce que dit la Guemara ici.

 

La valeur peut tout contre moi, elle m’oblige, mais ne peut pas m’obliger à la reconnaitre. Il y a une différence entre le pouvoir et le vouloir. Même si je n’ai pas le pouvoir, le vouloir en moi reste totalement libre.

 

On commence à mieux comprendre ce que veut dire la Guemara : « Tout est entre les mains de Dieu sauf la crainte du ciel ! »

 

La valeur peut tout contre moi sauf une chose : que je la reconnaisse. Et dans la mesure où je la reconnais, il y a là un assentiment qui ne peut venir que de moi. La valeur ne m’impose pas de la reconnaitre.

 

Nous savons que la liberté c’est le plus grand prix de l’existence humaine terrestre. Parce que l’existence humaine c’est le temps de la mise à l’épreuve : « est-ce que je mérite d’avoir été créé ? »

Epreuve dans le sens d’un examen, d’un test, et non dans le sens chrétien des « épreuves de la vallée des larmes »... En français les deux sens sont confondus.

La vie dans le sens de questionnement sur cette question de base : l’être qui t’a été donné à la naissance, avant même que tu le mérites, est-ce que tu mérites de l’avoir reçu ?

 

C’est enthousiasmant une vie comme cela, c’est une aventure de conquête du mérite d’être à postériori de la naissance. C’est cela dans le sens d’épreuve, dans le sens du test et non pas dans le sens des épreuves, et de la création de l’être pour la souffrance. Cela c’est une intuition de la conscience chétienne qui peut envahir la conscience juive à cause des souffrances que les Juifs s’imposent. Puisque les Juifs, selon la Torah, sont la cause dernière des souffrances qu’ils vivent. C’est la Torah qui le dit.

 

Cela veut dire que pendant tout le temps où je suis en examen, pendant tout le long de la vie, il est très important que je sois libre. Quel est le but du test ? Savoir ce que je préfère être : est-ce que je préfère le bien ou est-ce que je préfère le mal. Il faut pour cela que je sois libre.

 

Mais justement, être libre, c’est être libre de se tromper ! C’est pourquoi les grands justes prient pour perdre cette liberté pour ne plus être libres et ne plus risquer de faire le mal.

 

Etre libre c’est très important pour améliorer son dossier d’existence, mais c’est très périlleux. N’importe quel acte libre peut faire basculer le destin d’un côté ou de l’autre.

On arrive à un certain âge où l’on a l’expérience de cela : dans n’importe quel acte, toute notre destinée est en jeu. Il fut un temps où l’on était à l’abri du temps de la jeunesse. En principe l’abri disparait au moment de la Bar-Mitsvah.

 

Guémara : chaque acte de chacun peut faire basculer le monde entier d’un côté ou de l’autre.

Arrivé à ce niveau d’expérience, on a l’expérience du scrupule : on sait que chaque geste peut faire basculer la destinée de quelqu’un en bien ou en mal.

 

C’est très difficile de vivre comme cela. Mais il faut avoir une hauteur suffisante pour être vigilant à ce niveau-là. Il faut être fort pour ne pas tomber dans la maniaquerie, la scrupulite... qui est une maladie mentale.

 

A partir d’un certain âge, qui est différent pour chacun, tout se joue à chaque acte ; il faut donc être vigilant. On ne sait pas pour quel acte on a été créé. Il y a une chose à arranger que l’on ne connait pas et que l’on connait lorsqu’on a échoué. Il faut revenir.

 

C’est pourquoi les grands Tsadikim prient pour que cette liberté leur soit épargnée.

 

C’est la liberté que l’on appelle le libre-arbitre. C’est une liberté étriquée : la liberté de choisir entre deux termes qui nous sont imposés : le bien et le mal. Cette liberté s’appelle Bérirah : choisir entre le bien et le mal.

 

***** 

Ekev 1994 - Suite & fin
Commentaire Eikev (1994) 2ème. partie (qualité sonore bonne). 

 

.../...

Il y a une liberté ’Hérout qui est tout à fait au-delà. Cette liberté est celle du Créateur.

C’est la liberté de créer son être. Au-delà de la liberté de choix – tant qu’on est encore conditionné par la liberté de choix, on est encore dans ce stade provisoire où la liberté est une valeur très précieuse mais périlleuse. Parce que finalement c’est la liberté de se tromper.

 

Je vous donne l’analyse des grands philosophes là-dessus.

En particulier le seul philosophe qui a mis en raisonnement simple (ce qui est simple chez les grands philosophes, c’est ce qui est génial) les causes de l’erreur c’est Descartes :

Les 2 facultés de l’intellect sont la volonté et l’entendement.

L’entendement me permet de comprendre, et la volonté me permet de juger, de décider, de vouloir.

Le jugement résulte de la collaboration de ces 2 forces : l’entendement et la volonté.

 

D’où vient l’erreur ? Elle vient de ce que l’entendement est fini alors que la volonté est infinie.

Je peux vouloir au-delà des limites de ce que je comprends. Et lorsque je décide, que je crois comprendre quelque chose que je ne comprends pas, je me trompe. C’est donc dans ma nature même qu’est inscrite la possibilité de l’erreur. Parce que la volonté est infinie alors que l’entendement est fini. Et Descartes explique qu’on ne peut pas être autrement, parce que la volonté ne peut être qu’infinie. Une volonté qui ne serait pas infinie ne serait pas volonté. Et la volonté, le vouloir, est infini. Le pouvoir n’est pas infini. Mais le vouloir l’est. Je peux tout vouloir.

La volonté intérieure est infinie.

 

Lorsque je juge par exemple que le ciel est bleu pourquoi est-ce que je risque de me tromper ?

Parce que je peux juger que le ciel est bleu alors qu’il ne l’est pas.

L’entendement me dit « bleu ». Mais le jugement « le ciel est bleu » provient de ma volonté.

Ètant donné que la volonté est infinie et que l’entendement est fini, il y a décalage. L’explication de

Descartes, c’est que pour être différent de Dieu il fallait qu’une de ces 2 fonctions soit finie. Or, cela ne peut pas être la volonté puisque la volonte doit être infinie. Nous sommes donc créés avec un entendement fini. L’erreur est la condition de notre existence de créature : le prix à payer c’est le risque de se tromper, sinon notre être serait confondu dans l’être de Dieu.

 

Pour pouvoir exister en tant que créature différente de Dieu, il faut que d’une certaine manière nous acceptions le risque de l’erreur. D’où la vigilance de ne pas se tromper, car lorsqu’on se trompe on est responsable. En français : « je me trompe » celui qui trompe moi, le trompeur. Il se trompe... « je me suis trompé »

 

Lorsque l’examen a pris fin on est libéré du risque de la liberté qui est la liberté de fauter.

Nous retenons que la liberté est la liberté de choix.  Le côté positif en est la liberté de faire le bien. Mais cela entraine le risque de faire le mal.

 

Les grands justes, qui savent déjà et connaissent de façon objective qu’ils préfèrent le bien au mal, prient pour que la liberté de faire le mal leur soit retirée.

 

C’est la récompense des Baalé Teshouvah. Il ne peut plus refaire la faute qu’il avait faite. Ce n’est pas qu’il ne veut plus, il ne peut plus. C’est là le signe qu’il a vraiment fait Teshouvah.

 

C’est pourquoi il y a une méthode très difficile, que les Rabbins d’ailleurs déconseillent, qui consiste à se remettre dans la même occasion de faute pour être sûr de résister à la tentation.

C’est très périlleux car personne ne peux savoir à l’avance si elle va résister ou non.

Cela a un nom bien précis que j’ai oublié. (Teshouvah... ?) Cela a un nom très précis. En tout cas c’est le signe d’une Téshouvah réussie.

 

Exemple : Si vous demander à un juif pieux le Shabat d’allumer la lumière, il dira « je ne peux pas ». Alors qu’on sait qu’il peut. Cela veut dire qu’il ne peut plus moralement : il a perdu la liberté morale, mais il conserve bien entendu le pouvoir physique d’appuyer sur l’interrupteur.

(L’anglais l’exprime bien en différenciant ces nuances du verbe pouvoir to canto may)

C’est un exemple où la récompense de la vertu est de perdre la liberté sur ce point de faire le contraire de la vertu.

 

Q : Où est la place du mensonge alors , le Sheqer ?

R : Le mensonge ne trompe jamais personne. Quelqu’un qui ment on sait très bien qu’il ment. Les expériences de la vie montrent que cela ne trompe personne le mensonge. La faute volontaire, c’est autre chose, on ne fait pas semblant de faire le bien, on sait que c’est le mal et c’est en tant que mal qu’on le fait. C’est Bemézig.

Les parents savent très bien si leurs enfants mentent. De même au sein du couple. Il suffit d’un tout petit changement dans la voix et cela suffit. Certains hommes ne peuvent pas mentir, ils répondent à côté le cas échéant. C’est un sujet important.

Le verset dit : « Midévar Shéqer Ti’hrak de la parole de mensonge tu t’éloigneras. »

Il n’y a pas d’interdiction de mensonge dans la Torah. Pourquoi ?

On peut être amené à mentir pour sauver la vie d’une personne ou pour le Shalom Bayit.

Seulement - zeh davar meguneh - c’est quelque chose que la Torah n’aime pas.

Alors elle ne l’interdit pas. Les hommes sont tellement pris par la discipline de la loi que si jamais c’était écrit qu’il ne faut pas mentir, il respecterait cette loi en toute occasion même dans la cas de sauver une vie...

Certaines personnes ne conçoivent pas que pour sauver quelqu’un on doive violer tels détails de tels commandements. Tenant compte de ce comportement humain, la Torah n’interdit pas le mensonge. Il y a d’autres cas où l’on ne trouve pas d’interdictions pour des choses évidemment mauvaises et la Torah indique qu’elle n’aime pas cela mais ne l’interdit pas, car elle sait que ce n’est pas dans le pouvoir de l’homme de ne pas le faire. Je ne vous donne pas d’exemple, il y a trop de jeunes parmi vous. Quand vous aurez l’âge...

 

***

 

10:12

וְעַתָּה, יִשְׂרָאֵל--מָה יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, שֹׁאֵל מֵעִמָּךְ:  כִּי אִם-לְיִרְאָה אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ לָלֶכֶת בְּכָל-דְּרָכָיו, וּלְאַהֲבָה אֹתוֹ, וְלַעֲבֹד אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, בְּכָל-לְבָבְךָ וּבְכָל-נַפְשֶׁךָ

Ve'atah Yisra'el mah Adonay Eloheycha sho'el me'imach

ki im-leyir'ah et-Adonay Eloheycha

lalechet bechol-drachav

ule'ahavah oto vela'avod et-Adonay Eloheycha

bechol-levavcha uvechol-nafshecha.

 

Verset 12 et 13

Tout ce que la Torah demande est introduit par Ki im-leyir'ah et-Adonay Eloheykha

 

Ce n’est pas uniquement la crainte de Dieu qui est réclamée, mais c’est de libérer tout notre comportement. Elle réclame de nous tout ce que la Torah demande, mais la condition de l’authenticité c’est la Yirat Shamayim.

 

Etude de la Guémara :

 

Elle commence de suite par un autre verset tiré du Chapitre 10 verset 17

 

10:17

כִּי, יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם--הוּא אֱלֹהֵי הָאֱלֹהִים, וַאֲדֹנֵי הָאֲדֹנִים:  הָאֵל הַגָּדֹל הַגִּבֹּר, וְהַנּוֹרָא, אֲשֶׁר לֹא-יִשָּׂא פָנִים, וְלֹא יִקַּח שֹׁחַד

Ki Adonay Eloheykhem

hou Elohey ha'Elohim va'Adoney ha'Adonim

ha'El hagadol hagibor vehanora

asher-lo yissa fanim

velo yiqa’h sho’had.

Car Hashem votre Dieu

Lui le Dieu des Dieux et le Seigneur des Seigneurs,

Le Dieu grand, puissant et redoutable,

qui n’est pas complaisant( littéralement: qui ne tient pas compte de l’apparence des personnes)

et qui n’accepte pas de corruptions (pots de vin).

 

Guémara :

« On nous cite la cas de quelqu’un qui a fait une prière devant Rabbi ‘Hanina.

Je ne vous traduit pas littéralement, chaque mot demanderait une parenthèse, je vous donne le sens global. Très souvent à la fin du cours, le maître demandait à l’élève de commencer à faire la prière, alors c’est le cas ici. Et il a dit : HaEL HaGadol HaGibor HaNora Le Dieu grand puissant et redoutable... et il poursuit dans une litanie des attributs de la divinité, emporté dans l’élan de sa prière. Le maitre l’a attendu jusqu’à la fin de sa prière: « N’as-tu pas honte ? Tu as entrepris de dire la louange de Dieu et tu t’arrêtes ? » Lorsqu’il l’a arrêté, il lui a dit : « comment as-tu le courage de finir l’ensemble des louanges de ton maître ? » Est-ce que j’ai besoin de tout cela ?    

Ces trois atributs que nous disons HaEL HaGadol HaGibor HaNora correspondent aux attributs représentés par les Avot, et si ce n’était pas Moïse notre maître qui l’avait dit dans la Torah - et que les hommes de la Grande Assemblée sont venus et l’ont institué dans la Tefilah - nous n’aurions pas eu le droit de le dire. »  

 

Qui a le droit de définir les attributs de Dieu ?

Dire que Dieu est grand, est-ce que cela pourrait signifier qu’il pourrait ne pas l’être ?

 

C’est un problème très vaste chez les théologiens, surtout chez Maïmonide dont la théorie est que les attributs de Dieu doivent être compris comme des attributs négatifs. Parce que dire que Dieu est grand, est-ce vraiment une louange ou est-ce que ce n’est pas une impertinence cachée ?

Devant Dieu qui est l’absolu, vais-je Le féliciter d’être grand ?

 

Dans la perspective de la théorie de Maïmonide, que je vous expose et à laquelle je n’adhère pas, en disant qu’Il est grand on veut dire qu’il n’est pas petit. C’est pour éviter les anthropomorphismes qui consiste à appliquer à Dieu ce qui ne s’applique qu’à l’homme.

 

En réalité si la Torah a utilisé les expressions Hagadol – haguibor – hanora - elle connaissait le problème de l’anthropomorphisme et connaissait les objections des théologiens et elle l’a dit quand même. Cela a un sens positif  à ces mots-là. Pédagogiquement,  Maïmonide ne veut pas nous laisser tomber dans le risque de l’erreur de l’anthropomorphisme et déclare les attributs divins attributs négatifs.

 

En réalité, il y a un sens positif à « grand ». Qu’est-ce que la grandeur ? Grand est celui qui s’occupe de plus petit que lui. On l’apprend chez les Kabalistes.

 

Guémara :

Si la Torah ne l’avait pas dit, on n’aurait pas le droit de dire ces adjectifs.

A quoi cela ressemble-t’il ? Mashal : C’est comme si un roi de chair et de sang avait des milliers de milliers dinars d’or et que l’on féliciterait de ses dinars d’argent. (Tu auras beau employé tout les adjectifs possibles, ce ne seront que des louanges d’argent pour qui possède de l’or...)

N’est-ce pas le contraire d’une louange, un mépris ?

Et Rabbi ‘Haninah avait enseigné (la Guémarah veut appronfondir par un enseignement du même maître – il n’y a pas simple association d’idées, mais  en réalité c’est que les sujets sont liés...)

hakol bidei Shamayim ‘houts miyirat shamayim tout est entre les mains de Dieu sauf la Yirat Shamayim, D’après ce qu’il est dit (notre verset) Vé-atah Israël que réclame ton Dieu de toi si ce n’est de le craindre...

 

On a appris que Vé-atah c’est après la Teshouvah.

Cela veut dire : Vous aviez toutes les vertus et cependant vous avez fauté ! Que manquait-il ? La crainte de Dieu, le préalable de la crainte de Dieu ! 

Alors maintenant que vous avez fait Teshouvah, sachez que la clef de tout, le levier de tout, c’est le préalable de la crainte de Dieu. Et cela commence par là.

 

Si on n’a le respect des valeurs, qui commence par la peur de la faute et la peur des conséquences de la faute, de l’obligation de la loi etc, la peur de porter atteinte à la valeur.

 

La valeur est exposée à la créature toute puissante.

Il y a une très belle Guémara à ce sujet sur un verset de Shir Hashirim qui compare la Knesset Israël comme une jeune femme qui est ceinte de roses   - Tsourah bashoshanim – et la Guémara dit : Il n’y a entre l’homme et la valeur que la protection de pétales de rose. Pour se défendre, la valeur n’a que cette protection d’un pétale de rose. Avoir peur de porter atteinte à cette valeur exposée et vulnérable.

 

C’est une espèce de respect de la valeur qui est le commencement et la fin de la moralité. Si on n’a pas cette peur-là de porter atteinte à ce qui est dénudé, il faut le recouvrir, le respecter, alors qu’il s’agit de la valeur qui peut tout contre moi, sauf le fait que je la respecte ou pas.

 

כִּי אִם-לְיִרְאָה

Ki im leyirah

 

Si cela vient à manquer alors tout le comportement (Cf. verset 12 et 13) de tout ce que demande la Torah est faussé. Il existe des personnes pieuses qui sortent de la prière et qui se mettent en colère pour des futilités.... En réalité cela veut dire qu’ils sont malades et à soigner et donc pas trop responsables... Sans la Yirat Hashem, on tombe dans toutes ces invraisemblances.

 

La Guémara intervient :

Véatah... ki im léyirah Et maintenant... (Il vient d’être dit Ki Im léYirah si ce n’est que...)

cependant Yirat Shamayim est-ce une petite chose ?

Cependant Rabbi ‘Haninah a enseigné au nom de Rabbi Shimon Bar Yo’hai « Dieu ne possède dans ses trésors que la crainte de Dieu » !

 

La seule chose qui a du prix aux yeux de Dieu est le trésor de Yirat Shamayim.

L’idée est très clair. Tout ce que Dieu possède c’est à Lui ! Par conséquent, je ne peux pas dire de quelque chose que je possède que c’est une chose précieuse, c’est à moi ! Ce qui est vraiment précieux à mes yeux, c’est ce que je ne peux pas posséder de moi-même et qu’on m’a donné, cela m’est précieux !

La Yirat Shamayim que les hommes donnent à Dieu  c’est cela le trésor de Dieu, parce que tout le reste est à Lui. Et que c’est la seule chose qu’Il ne peut pas donner aux hommes.

 

Histoire ’hassidique :

Dieu s’est révélé à un Baal HaBayit pieux et modeste sous la forme d’un roi qui lui a demandé à être invité chez lui Shabat. Prépare-moi le repas de Shabat. Le Baal haBayit a été très embêté et a emprunté pour préparer une table de Shabat avec 2 ’Halot, 2 Nérot, une nappe blanche... Il avait honte. Il voit que le cortège du roi arrive avec des héros, des chandeliers, des ’Halot superbes. Il sort tout et installe tout ce qu’il faut. Le roi arrive et se met en colère : ce n’est pas ce que je t’ai demandé, tout cela c’est à moi. Ce que je voulais c’est tes ‘Halot à toi et tes Nérot à toi...

 

Comment peux-tu dire que c’est une petite chose ? c’est le trésor de Dieu !

D’après un verset qui dit « Yirat Hashem hii otsaro - c’est la crainte de Dieu qui est son trésor ».

Ce qui a du prix aux yeux de Dieu c’est ce que l’homme donne à Dieu, car ce que Dieu donne à l’homme cela Lui appartient.

 

Il répond :

Oui (in en araméen ‘oui’ ) par rapport à Moïse c’était une petite chose ( car Moise la possédait). Parce que Rabbi ‘Haninah a enseigné : Mashal : à quoi cela ressemble-t-t’il ? Un homme de qui on demande un objet grand et qu’il le possède, cela apparait à ces yeux comme une petite chose puisqu’il l’a ! Si on lui demande un petite chose et qu’il ne l’a pas, cela lui semble une grande chose...

 

***

 

Analyse :

Moïse peut dire que c’est une petite chose la Yirat Shamayim parce qu’il la possède.

Objection :  

Moïse sait très bien et sa plus grande vertu est la modestie. Il possède la Yirat Shamayaim et parce qu’il la possède cela ne lui semble pas inatteignable. Puisque lui la possède, n’importe qui peut la posséder, c’est là son humilité. Il y a une objection : Moïse qui non seulement est humble mais ‘Hakham ne sait-il pas que pour les autres ce n’est pas une petite chose ? parce que précisément les autres ne la possède pas ?

 

Q : Est-ce que c’est lié au fait de servir Dieu avec son mauvais penchant ?

R : c’est précisément cela sur le verset de Bekhol levavekha, c’est lié.  

Si je sers Dieu avec mon penchant au bien, je ne saurais jamais si je me suis fait plaisir à moi ou si j’ai servi Dieu. C’est si je sers Dieu avec mon penchant au mal, si j’arrive à sublîmer mon penchant au mal et à le faire servir au bien, alors c’est vraiment un effort. Mais si ma tendance naturelle va  avec ce que la loi demande, où est le mérite ? Par conséquent, ce qu’il faut comprendre c’est au-delà de ce qu’on lit habituellement : c’est Rashi qui cite cette explication sur « Bekhol levavekha de tout ton coeur » : Lev avec un seul Beit est le coeur unifié, Lévav avec deux Beit c’est le coeur avec les deux côtés du penchant au bien et du penchant au mal. Donc finalement ce que la Torah demande  c’est ce qui va de soi : c’est qu’elle demande de servir Dieu avec le penchant au mal.

Alors pourquoi elle demande aussi avec le penchant au bien ? C’est là la grande difficulté : servir Dieu avec le penchant au mal c’est facile: il suffit de sublimer l’instinct. Servir Dieu avec le penchant au bien cela c’est difficile !

 

Je vous donne 2 exemples dont le 1er est classique.

C’est le Jour de Kipour. On a 2 jours de Kipour, le 10 Tishri où l’on sert Dieu en jeûnant. Et le 9 Tishri où il faut manger toute la journée. Servir Dieu en mangeant toute la journée c’est plus difficile que de servir Dieu en jeûnant !

 

Une chose simple que j’ai l’habitude de citer : nous avons une Mitsvah (c’est plus qu’un Min’hag) de manger du poisson le Shabat. Pour quel goût mange-t’on le poisson ? Pour la goût du poisson ou pour le goût de la Mitsvah ? Quand le poisson est bon, est-ce qu’on a du mérite d’accomplir la Mitsvah ? La difficulté c’est d’arriver à goûter le goût de la Mitsvah malgré le bon goût du poisson... C’est difficile. Cela indique que servir Dieu avec le penchant au bien est plus difficile que de le servir avec le penchant au mal.

 

Le Pshat, le ’Hidoush c’est le penchant au mal. Ce qu’il faut comprendre c’est pourquoi la Torah a demandé aussi le penchant au bien ? Ce n’est pas facile. Et c’est ce que nous disons dans la ‘Hazavah du samedi soir nous demandons à Dieu «  leavodekha béemet - que l’on te serve en vérité ». Servir Dieu n’est pas difficile, le servir en vérité, c’est difficile.

 

2ème lecture de la Guemara :

 

1ère lecture ‘im’ legabé Mosheh oui par rapport à Moïse c’est une petite chose, Mais là l’objection c’est est-ce que Moïse ne sait pas que pour les autres ce n’est pas une petite chose ?

 

Autre lecture légabé Mosheh on peut le lire « à côté de Moïse »

Quand Moïse est là c’est facile ! Quand Moïse n’est pas là c’est difficilement accessible. C’est une expérience quotidienne : il y a des hommes à côté de qui la vertu est facile. En leur absence cela devient difficle, et cela à tous les niveaux. C’est cela Mosheh. Quand il est présent, la Torah c’est facile, mais en son absence cela devient une montagne.

 

J’ai été l’élève du rabbin Aharon Shili. Un rabbin extraordinaire. En sa présence on n’avait plus aucun problème. L’étude devenait facile, sans aucun doute. Cela devenait infantile de poser des questions. Il faut avoir le privilège d’avoir rencontré des maitres de ce genre.

 

Même à un autre niveau je me souviens d’avoir étudié pendant 2 heures la même Guèmarah avec le Rav Ashlag, il y a 30 ans. Son gendre étudiait avec nous et demanda au Rav : Comment est-ce possible que l’on puisse comprendre cela ? Il nous a répondu par un verset concernant Joseph. Lorsque Joseph s’est fait reconnaitre de ses frères, alors Joseph dit [Bereshit 45:12]:

וְהִנֵּה עֵינֵיכֶם רֹאוֹת, וְעֵינֵי אָחִי בִנְיָמִין:  כִּי-פִי, הַמְדַבֵּר אֲלֵיכֶם

« c’est bien vos yeux qui voient et ainsi que les yeux de votre frère Benjamin que c’est ma bouche qui vous parle. » La question sur le verset est très simple : Que signifie « vos yeux voient que c’est ma bouche qui vous parle » ? Il aurait du dire « vos oreilles écoutent que c’est ma bouche qui vous parle » ! Le Rav a lu : « vos yeux voient, parce que c’est ma bouche qui vous parle ».

 

Quand le maitre est là et qu’il explique, on comprend. S’il n’est pas là on ne comprend plus la même chose. C’est pourquoi il faut étudier la Guémara 101 fois, c’est mieux que 100 fois, car on récupère ce que l’on a appris quand le maitre était présent.

 

C’est assez mystérieux. Il y a une espèce de Tsinor qui passe mais quand Joseph est là alors les yeux voient. Si Joseph n’est pas là, ce qu’il y a à voir est là mais on ne le voit pas. Mais cela peut se récupérer à la force de l’étude. On en fait l’expérience : quelqu’un dit quelque chose, et c’est évident. Après il n’est plus là et ce n’est plus évident du tout.

 

Moïse peut dire à son peuple : la Yirat Shamayim c’est une toute petite chose, la preuve ? Moi !

Quand il est présent c’est en effet une petite chose.

 

C’est pourquoi il faut récupérer par l’étude ces moments d’évidences durant lesquels la Yirat Shamayaim c’est évident que c’est une petite chose.

 

Un de mes maitres disait : Chaque juif a son événement du Sinaï personnel et portable. Cela arrive à chacun au moins une fois dans sa vie, pour les privilégiés plus souvent, que lorsqu’on a étudié on a compris, il y a un sens.

 

Chacun a au moins une fois dans sa vie eu cette expérience où Moïse était présent. Alors après c’est l’étude qui permet de récupérer cela pour l’ensemble de la Torah.

 

J’ajoute une chose :

On a remarqué qu’il y a 2 noms qui n’apparaissent pas dans les noms des rabbins du Talmud, ce sont les noms de Moïse et Aharon. Les mères n’osaient pas appeller leur enfant Moïse ou Aharon.

 

Quand dans l’étude un élève avait bien parlé on disait « Mosheh shafir kamarta : Moshé tu as bien parlé » et on l’appelait donc Moïse. C’est un peu dans ce sens-là : Moïse présent les choses sont simples, évidentes. Il ne suffit pas que le livre soit présent. Cela c’est la Bé’hinah de Joseph d’après le verset que je vous ai cité : « vos yeux voient parce que c’est ma bouche qui vous parle ». C’est comme cela que Joseph s’est fait reconnaitre de ses frères.

 

Fin

 

  *****

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6 août 2009 4 06 /08 /août /2009 19:04
EKEV 1993

  Par le Rav Yéhouda Léon Ashkénazi (Manitou) זצ"ל


Commentaire Eikev (1993) 1ère partie (qualité sonore bonne).

Vaet’hanane:

Questions non répondues de la Paracha passée - question de la répétition de l’expression dans le verset 2 du chapitre 4 :

 

4 :2

לֹא תֹסִפוּ, עַל-הַדָּבָר אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוֶּה אֶתְכֶם, וְלֹא תִגְרְעוּ, מִמֶּנּוּ--לִשְׁמֹר, אֶת-מִצְו‍ֹת יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם, אֲשֶׁר אָנֹכִי, מְצַוֶּה אֶתְכֶם

Lo tosifu al-hadavar asher anokhi metsaveh etkhem

velo tigre'u mimenu

lishmor et-mitsvot Adonay Eloheykhem asher anochi metsaveh etchem.

« vous n’ajouterez rien à la parole que je vous prescris (enseigne)

et vous n’en retrancherez rien 

pour garder les Mitsvot que Dieu votre Dieu vous enseigne

 

C’est un principe que l’on retrouve encore une autre fois dans le livre de Dévarim - retenez bien le Pshat - c’est que le nombre des Mitsvot de la Torah ne doit par être changé. Nous savons par tradition (Guémarah Massekhet Méguilah) qu’il y a 613 Mitsvot dans la Torah (248 positives Mitsvot Aassé – 365 Mitsvot négatives, les interdictions) Il y a un problème que l’on étudie habituellement à ce sujet : pourquoi dans la Torah en général y-a-t’il plus d’interdictions que de commandements positifs ?

 

Et dans tous les cas, ce principe qui nous vient de la Qaballah (c’est un enseignement du Talmud) et est en principe reconnu par tous les décisionnaires (les Poskim – ceux qui ont capacité de décider de la législation de la Torah). Mais il y a controverse en particulier par deux des grands décisionnaires, Maïmonide (Rambam) et Na’hmandie (Ramban), non pas sur le nombre de commandements (il y a des raisons de la Kabalah qui font que c’est ce nombre-là) mais sur le fait de savoir si tel verset est un commandement ou une promesse. Tous les commandements sont donnés au futur. On les entends comme des impératifs mais ils sont toujours donnés au futur même dans les exceptions apparentes. Ce qu’on croit être une exception c’est aussi un futur. Et donc il peut y avoir controverse sur les versets pour savoir s’il s’agit d’une bénédiction ou d’une promesse de bénédiction, ou bien si c’est un commandement.

 

C’est pourquoi les codes des grands décisionnaires n’ont ainsi pas forcément le même décompte des Mitsvot, mais leur nombre est de manière irréversible 613.

 

Dans l’enseignement du Rav Kook : la Torah s’adresse simultanément à la collectivité d’Israël et à l’individu d’Israël. Mais elle s’adresse à la collectivité d’Israël dans un futur de promesse.

 

Je prends un exemple qui me vient toujous à l’esprit : lo tirtsa’h tu ne tueras pas. Il n’y a pas al tirstsa’h ne tues pas. Cela veut dire, lorsque la Torah s’adresse à la collectivité : si tu es Israël, Je te promets : voici ce que sera ton profil d’identité : « Tu ne tueras pas !» C’est une promesse. 

 

Voilà ce que tu seras, ce n’est pas un commandement d’être, ce n’est une promesse sur l’être.

L’individu à l’intérieur du groupe, à l’intérieur et à travers la collectivité, entend la promesse donnée à la collectivité comme un ordre à être Israël à travers telle ou telle conduite ou Mitsvot.

 

En d’autres termes, nous naissons Jacob et les promesses sont faites à Israël. Donc, la dimension de commandement de la Torah, s’adresse à Jacob en lui ordonnant de devenir Israël.

 

Mais dès qu’il devient Israël la promesse s’accomplit.

 

Cela veut dire : la dimension d’obligation (Tsav, Mitsvah, ’Hovah) que l’on entend dans le commandement sous forme d’impératif, c’est l’individu qui entend la voix qui s’est adressée à la collectivité comme promesse, et l’individu l’entend comme commandement à être membre de cette collectivité.

 

Quoiqu’il en soit, tous les commandements sont dans le nombres de ces 613 qui est un nombre qui a des explications kabalistes. Il n’y a pas de raison Pshat, il y a des raisons très profondes pour cela.

 

Il peut donc y avoir controverse sur tel ou tel contenu de commandement mais jamais sur le nombre des 613.

 

Nous trouvons plusieurs fois dans la Torah ce verset d’interdiction de rajouter ou de retrancher un commandement.

 

Le problème de la ’Houmra – ie. la manière dont on applique une Mitsvah plus ou moins aggravée avec plus ou moins de précautions - n’est pas considéré comme ajouter un commandement. Mais il y a ici un problème : que ce que l’on a choisit comme ’Houmrah ne soit pas considérée comme commandement des 613.

 

לֹא תֹסִפוּ, עַל-הַדָּבָר אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוֶּה אֶתְכֶם, וְלֹא תִגְרְעוּ, מִמֶּנּוּ--לִשְׁמֹר, אֶת-מִצְו‍ֹת יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם, אֲשֶׁר אָנֹכִי, מְצַוֶּה אֶתְכֶם

Lo tosifu al-hadavar asher anokhi metsaveh etkhem

velo tigre'u mimenu

lishmor et-mitsvot Adonay Eloheykhem asher anochi metsaveh etchem.

« vous n’ajouterez pas à la parole que je vous prescris (enseigne)

et vous n’en retrancherez rien 

pour garder les Mitsvot que Dieu votre Dieu vous enseigne

 

L’homme ne dispose d’aide à lutter contre le Yestser Hara, le mauvais instinct,  que par rapport aux commandements que Dieu a donné. Nous avons étudié ce problème à propos des voeux : c’est s’ajouter une obligation pour laquelle on n’a pas de protection vis-à-vis du Yetser Hara. C’est pourquoi il est très périlleux de formuler un voeu. Tant qu’il n’est pas accompli on est appelé Rasha, quand on l’a accompli on est appelé Tsadik. Tant qu’il n’est pas accompli, il y a une sorte de culpabilité innocente. Coupable sans avoir fait de faute, mais coupable de ne pas avoir encore accompli le voeu. En situation de culpabilité – on est ’Hayav, soumis à obligation – c’est-à-dire coupable de ne pas encore l’avoir accompli.

 

Il y a une espèce de scrupule de toute conscience qui, soumise à une loi, risque de confondre cette responsabilité vis-à-vis de la loi avec une culpabilité. Très souvent on se croit coupable alors que l’on est que responsable. ’Hayav en hébreu veut dire soit responsable soit coupable.

 

On est responsable d’avoir à accomplir une obligation, et on en est coupable par le fait même tant qu’on ne l’a pas accompli bien qu’il n’y a pas faute dans le comportement. C’est le sens du mot ’Hayav.

 

En hébreu classique il y a deux mots : ’Hav et ’Hayav.

 

Baba Qama montre une discussion où la Mishnah dit « ’Hav hamaziq - celui qui a causé un dommage est passible de... »

La Guémara demande : pourquoi ’Hav au lieu de ’Hayav ?

Réponse : parce qu’il parle hébreu !

Cela veut dire que dans l’hébreu biblique, il y a une différence entre le terme ’Hav - sousmis à responsabilité - et ’Hayav – coupable.

 

Dsans l’hébreu rabbinique, avec la mentalité du Talmud Babli et non du Yéroushalmi, on a conservé le mot de ’Hayav pour les deux notions.

 

Mais cela recoupe un problème psychologique très important.

 

[A l’attention des pédagogues et des mères de familles : Faire croire à un enfant qu’il est coupable alors qu’il n’est que responsable, cela fait des dégats psychologiques considérables. Beaucoup d’enfants ont des traumatismes parce qu’ils ont cru qu’une responsablité qu’ils avaient et qui est légitime, était en réalité une culpabilité. Un bon pédagogue c’est quelqu’un qui n’a pas oublié comment il était quand il était enfant. Alors il peut s’occuper de l’enfant. Les jeunes parents ont oublié et sont parfois des tortionnaires. C’est connu des psychologues que les jeunes parents se vengent sur leurs enfants inconsciemment exactement des mêmes sévices qu’ils ont subis de leur parents étant enfants en faisant subir les mêmes. C’est héréditaire. Dans les familles où les grand-parents sont présents les choses sont mises au point. C’est le drame des famille sans grand-parents. Pour avoir des enfants heureux, il faut adopter des grand-parents. C’est la différence entre une  civilisation où il y a des vieux et une civilisation où il y a des vieillards. Une civilisation sans vieillards et où il n’y a que des vieux est une civilisation perdue.]

 

C’est un principe très important que la Torah nous donne : si on s’ajoute une Mitsvah – c’est en påarticulier le cas du voeu - on se met en péril face au Yetser Hara qui va contre-attaquer et contre lequel l’aide n’est pas prévue comme elle est prévue pour les Mitsvot données par la Torah. (Shiyatah Dishmayah)

 

C’est la raison pour laquelle la Torah en introduisant la législation des voeux dit :

Ish ki yafli lindor neder  

(Cf. Bamidbar 6:2: אִישׁ אוֹ-אִשָּׁה, כִּי יַפְלִא לִנְדֹּר נֶדֶר נָזִיר--לְהַזִּיר, לַיהוָה )

Lorsqu’un homme fera cette chose merveilleuse – pélé - de faire un voeu - c’est surhumain, c’est une performance. Certains sont attirés par la performance, comme ceux qui deviennent athlètes.

Mais s’ajouter des ’Houmrot c’est périlleux.

Mais tant que le voeu n‘est pas accompli on est appelé Rashâ, c’est un principe qui va loin. Au jugement dernier selon la même Guémara, on nous demandera compte des jouissances terrestres permises non prises. Ce sera considéré comme une faute.

 

לֹא תֹסִפוּ, עַל-הַדָּבָר אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוֶּה אֶתְכֶם, וְלֹא תִגְרְעוּ, מִמֶּנּוּ--לִשְׁמֹר, אֶת-מִצְו‍ֹת יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם, אֲשֶׁר אָנֹכִי, מְצַוֶּה אֶתְכֶם

Lo tosifu al-hadavar asher anokhi metsaveh etkhem

velo tigre'u mimenu

lishmor et-mitsvot Adonay Eloheykhem asher anokhi metsaveh etkhem.

« vous n’ajouterez pas à la parole que je vous prescris (enseigne)

et vous n’en retrancherez rien 

« Afin de préserver les commandements de Hashem votre Dieu que Je vous prescris à vous »

 

D’où la question de la répétition :

Pourquoi deux fois l’expression « asher anokhi metsaveh etkhem que Moi Je vous prescrits » ?

 

Réponse succinte : la Torah que nous avons, est la Torah que Mosheh nous a transmise et qui s’appelle d’ailleurs : Torah Le-Mosheh MiSinaï.

 

Une Guémara explique cette répétition en citant le cas de la bénédiction des Kohanim.

La Torah nous a donné la formule de la bénédiction des Kohanim. Et la Guémara cite le cas d’un Kohen qui ferait le raisonnement suivant : il y a d’autres parts, d’autres bénédictions dans la Torah, je pourrais penser pouvoir les ajouter puisque c’est la volonté de Dieu de bénir Israël et j’ai d’autres formules dans la Torah, comme par exemple celles de Mosheh :

 

Devarim 1 :10-11

יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם, הִרְבָּה אֶתְכֶם; וְהִנְּכֶם הַיּוֹם, כְּכוֹכְבֵי הַשָּׁמַיִם לָרֹב

Adonay Eloheykhem hirbah etkhem vehinekhem hayom kekhokhvey hashamayim larov.

 « Dieu vous a fait nombreux comme les étoiles du ciel (C’est la bénédiction divine)

יְהוָה אֱלֹהֵי אֲבוֹתֵכֶם, יֹסֵף עֲלֵיכֶם כָּכֶם--אֶלֶף פְּעָמִים; וִיבָרֵךְ אֶתְכֶם, כַּאֲשֶׁר דִּבֶּר לָכֶם

Adonay Elohey avoteychem yosef aleychem kakhem elef pe'amim vivarech etkhem ka'asher diber lakhem

« Que l'Éternel, le Dieu de vos pères, vous fasse croître encore mille fois plus et qu'il vous bénisse comme il vous l'a dit.». ( Cela c’est la mienne )

 

Cela veut dire que si j’ai une Brakhah en tête que je me crois autorisé à ajouter à ce que la Torah a dit, en faisant le raisonnement suivant « Je sais que c’est la volonté de Dieu »...

C’est pourquoi Moïse précise : « cela et pas plus, cela et pas moins ». Il ne s’agit pas bien sur d’invention mais de prescriptions supplémentaires que je me croirais autorisé à faire parce que la Torah me ferait comrpendre que ce serait la volonté de Dieu.

 

C’est pourquoi la question est importante.  

 

Chaque fois qu’une précision est donnée dans la Torah, il faut toujours se demander à quel cas de figure elle s’applique. C’est la méthode du Talmud. Je pourrais faire un raisonnement non pas d’ajouter à la Torah pour la violer mais pour mieux l’appliquer. C’est cela qui est interdit.

 

C’est l’expression - אֲשֶׁר אָנֹכִי, מְצַוֶּה אֶתְכֶם asher Anokhi metsaver et’hem - Cela et pas plus, cela et pas moins... Et le principe auquel on fait allusion à ce sujet est : Kol hamossif goréa « tout celui qui ajoute retranche » (Talmud Sanhédrin 29 a) qui semble illogique. Quel raisonnement rétintégrerait la cohérence d’un tel principe ?

 

En ajoutant un commandement, je risque par là même d’annuler un commandement de la Torah, et donc en ajoutant un je retranche un qui, lui, est authentique. Avéra haba’a bé mitsvah - c’est Avéra shé mitvah goreret - Une transgression qu’une Mitsvah entraine. La bonne volonté conduit à mal faire.

 

Il y a une autre manière plus classique d’expliquer par le raisonnement :

Si je crois que je suis autorisé à ajouter, cela veut dire que le nombre des Mitsvot n’est pas intangible. Et si le nombre des Mitsvot n’est pas intangible, alors peut être suis-je autorisé à retrancher...  Celui qui ajoute sera amener à retrancher.

 

C’est le raisonnement de Maimonide sur la faute – ‘Heth. (non pas Avérah - transgression qui est une autre catégorie) la racine de ’Het signifie « rater la cible » – c’est exactement un raté. L’idée d’une flêche tirée manquant la cible. C’est le râté du métier d’homme qui n’implique pas une mauvaise volonté et le désir de trangresser. ’Heth c’est d’une façon générale je n’ai pas voulu fauté - cela c’est Péshâ, que l’on traduit par péché lorsque j’ai voulu fauté -  mais j’ai râté. Un raté du métier d’homme. Cela ne veut pas dire que c’est intentionnel Avon et que la volonté ou l’intention soit mauvaise. Il y a eut un raté.

 

Maïmonide explique cela ainsi : fauter cela veut dire dévier soit à droite, soit à gauche.

Un Tsadik pour Maïmonide c’est le Derekh Haemtsaï. Je ne traduis pas pour ne pas entrer dans Aristote. On est Rasha soit en faisant plus soit en faisant moins. Maïmonide est contre ce qu’on appellerait l’extrêmisme, être à l’extrêmité. C’est pourquoi son explication de la Teshouvah est importante. Fauter c’est dévier de la voie droite.

 

Supposons quelqu’un qui a dévié en faute à gauche (par manque), c’est parce qu’il n’est pas capable d’être au milieu. Il faut donc le retourner en face – de l’autre côté - et par un jeu de pendule pédagogiquement trè lent, finalement il arrivera au milieu. Il faut savoir qu’il est Rashâ à gauche et on le rend Rashâ à droite (par excès) en vue de le guérir pour le ramener au mileu.

Mais l’extrêmisme opposé à l’extrêmisme de la faute est encore une faute mais c’est une thérapeutique pour le ramener au centre.

 

C’est une explication de Maïmonide dans les Shmonei Prakim qui est très importante.

Imaginez un métal tordu : pour le redresser il faut le tordre dans l’autre sens pour le ramener droit...

 

Autres Questions :

 

Q : Pourquoi la répétition des 10 commandements dans Vaét’hanane est-elle différente ?

R : Les premiers 10 commandements dans Yitro ont été révélés à la génération de la sortie d’Egypte. Et par conséquent, la motivation en particulier du Shabat se réfère à la création du monde parce qu’eux ont eu l’expérience de la sortie d’Egypte. Tandis que le 2ème texte des 10 commandements est donné à la génération des fils qui va entrer en Erets Israël et eux n’ont pas l’expérience de la sortie d’Egypte. C’est pourquoi la motivation sera la sortie d’Egypte. C’est un exemple des différences.

 

Le principe étant que lorsque c’est formulé pour la génération qui rentre en Erets Israël, la formulation n’est pas exactement la même que pour la génération qui a l’expérience  de la sortie d’Egypte.

 

Ibn Ezra a donné un enseignement très important : les Taamim, l’accentuation, sont exactement les mêmes ! L’essentiel de la capacité de prophétie c’est dans la cantilation de la parole plus que dans dans la parole, que l’essentiel de la Névouah est plus dans les Taamim que dans les voyelles des paroles. Il y a une ‘Hokhmah véhiculée par les Taamim plus élevée que celle véhiculée par les lettres et les voyelles.

 

Il y a d’ailleurs 4 niveaux Taguim, Taamim, Nekoudot, Otiot. Les Taguim sont encore plus haut que le chant.

 

Ibn Ezra : il y a identité des Taamin mais les mots sont différents, volontairement, cela fait sens.    

 

***

Parshat Ekev

 

Derniers versets de Parshat Vaet’hanane et premiers versets de Parshat Eikev

 

Dans la fin de Parashat Vaét’hanane (Verset 6 chapitre 7) se trouve ici une des motivations que la Torah donne sur ce que j’appelerais ici « l’élection d’Israël ».

 

Il y a un problème très important du choix d’Israël par Dieu. Il y a différents plans de l’élection. En particulier, choisi pour recevoir la Torah, mais c’est parce qu’il a été choisi comme peuple qu’il a reçu la Torah. Et il y  a différentes réponses qui sont dans le texte de la Torah.

 

1-      c’est parce qu’il s’agit des descendants des Patriarches

2-      c’est parce qu’Israël, a été à la manière d’Abraham, le peuple qui a eu l’expérience de la fin d’exil. C’est cette expérience qui l’instaure comme peuple-guide des autres nations. Je vous parle souvent de cette notion-là : la foi d’Israël c’est que l’exil peut prendre fin. L’indice principal en est la prière : devant qui nous mettons-nous pour prier ? La tradition n’a pas choisi une définition d‘ordre métaphysique théologique. Par exemple on pourrait supposer que la tradition fixe comme formule de la prière devant qui je me trouve pour prier : le Créateur du monde. C’est vrai, mais ce n’est pas à ce titre que je lui adresse ma prière. C’est à un tout autre titre. S’il est Créateur du monde, Il a disposé dans le monde les lois conforme à sa Volonté et je n’ai pas à lui demander de changer Sa volonté. Or, c’est ce que demande toute prière qui lui demande de changer Sa volonté. La formule d’introduction à toute prière c’est  Yéhi Ratson Míléfanékha Que ce soit une volonté devant Toi... 

Cela veut dire : je connais l’état de Ta volonté jusqu’à maintenant, comment Tu gères ton  monde et cela ne me satisfait pas, changes ! C’est énorme ! Il faut donc qu’il y ait des attendus à la prière, qu’est-ce qui me donne le droit de prier ? etc...

 

Mais devant Qui je me mets pour prier ?

Encore une fois, pas devant Dieu qui a créé le monde. Je n’ai pas le droit de lui demander de changer Sa volonté. Au contraire, les grands Tsadikim ont peur de prier car ils ont concience que ce qu’ils demandent c’est de changer Sa manière de diriger le monde. Dieu sait ce qu’il fait, et c’est dangereux de prier...

 

Enseignement du Zohar et de la Guémara : « HaQadosh Baroukh Hou désire la prière des justes » car elle ne peut pas ne pas être exaucée. En obéissant aux Justes, Dieu s’obéit à Lui-même. Il suffit qu’un juste demande pour que ce soit comme si c’était Dieu Lui-même qui l’avait demandé. Or, les Justes ont peur de demander car ils sont tellement croyants qu’ils savent que Dieu sait ce qu’il fait.

 

Le Talmud dit donc « HaQadosh Baroukh Hou désire la prière des justes » C’est pourquoi Dieu les privent de tout pour les obliger à prier. Et quand le Juste, acculé à prier, prie, Dieu donne à tous. En plus le Juste s’entête...

 

En fait nous prions devant, la dernière phrase que nous disons avant de commencer le Shemoneh Essreh, on vient de dire :

Baroukh Atah Hashem Goël Israël.

On rappelle la sortie d’Egypte qui est la preuve que l’on peut sortir d’exil et on se met devant Dieu pour prier. Dieu est ici défini comme « Celui Qui nous a fait sortir d’exil ». Et non pas comme diraient les théologiens philosophes « Celui qui a créé le monde », qu’il ne vaut mieux pas toucher, Lui seul sait ce qu’il fait.  C’est une sensiblite religieuse très différente.

 

Autre exemple:

Le double système nerveux – volontaire et sympathique.

Le système nerveux volontaire est soumis à ma volonté.

Le système nerveux sympathique régit les fonctions vitales de l’organisme et n’est pas soumis à ma volonté. Ce serait très dangeureux qu’il le soit : si j’avais la faculté de commander au foie, à l’intestin, l’oesophage, aux poumons, au coeur... je serais à l’hopital... Si j’avais ce pouvoir je mourais instantanément. J’en ai marre ! et le coeur s’arrête... Les grands Tsadikim, les grands hommes de la vertu savent gérer leurs fonctions autonomes sympathiques. Pour les autres c’est dangereux.

 

Pareillement, il y a tout une partie du monde et de notre monde qui n’est pas soumis à la prière, car on ne sait pas quel dégat on va faire en demandant des choses absurdes. Il n’y a que Dieu qui sait ce qui est bien pour nous. Alors, il faut être un grand pour pouvoir supposer ce qui est bien pour moi. Vous voyez pourquoi ce sont les grands prophètes qui nous ont donné les textes de la prière ! Imaginez que nous soyons exaucés sur des caprices !

 

On ne prie pas devant le Créateur, on prie devant Celui qui nous a fait sortir d’Egypte, et nous savons que c’est le Créateur. C’est cela Sa puissance car d’après les lois de la création, on ne sort pas d’Egypte, d’après le lois de la Création on reste exilé. Si on sort d’Egypte c’est que Dieu est intervenu pour faire un miracle, c’est à Dieu qui fait des miracles que l’on prie, pas à Dieu qui gère et fait les lois du monde.

 

Or, la condition de créature est une condition d’exil: le fait d’être créé c’est d’être mis loin du Créateur. La raison pour laquelle finalement l’humanité entière se reconnait à sa manière dans la foi d’Israël, c’est parce que la foi d’Israël témoigne que l’on peut soritr d’exil. Au fond toute créature a pour souci profond plus inconscient, de mettre fin à la condition d’exil de créature. Etre sauvé signifie retrouver le Créateur. Cela veut dire briser la solitude de la créature comme créature, ce qui est un exil. Or, nous sommes le seul peuple qui a la preuve que l’on peut sortir d’exil. Notre histoire consiste en cela exil-délivrance, Galout-Guéoulah, il y a un chapitre du Maharal extraordinaire là-dessus.

 

Cette expérience d’Israël commence avec Abraham.

« Je suis Celui qui te fais sortir d’Our-Kasdim »  c’est la même expression que lorsqu’Il s’adresse à Israël « Je suis Celui qui vous ai fait sortir d’Egypte »... C’est là la foi d’Israël.

 

Verset 6 chapitre 7 Parashat Vaethanane

כִּי עַם קָדוֹשׁ אַתָּה, לַיהוָה אֱלֹהֶיךָ:  בְּךָ בָּחַר יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, לִהְיוֹת לוֹ לְעַם סְגֻלָּה, מִכֹּל הָעַמִּים, אֲשֶׁר עַל-פְּנֵי הָאֲדָמָה

Ki am kadosh atah l'Adonay Eloheykcha

becha bachar Adonay Eloheycha

liheyot lo le'am sgulah

mikol ha'amim

asher al-peney ha'adamah

Car tu es un peuple saint-consacré à l'Éternel, ton Dieu: il t'a choisi, l'Éternel, ton Dieu, pour lui être un peuple spécial entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre

 

C’est un des verset qui explique l’élection d’Israël : compte tenu de cette expérience de la Guéoulah – devenir Mamlekhet Kohanim véGoy Qadosh’ pour l’humanité entière.

Dieu à Israël au pied du Sinaï : « Je vous ai fait sortir d’Egypte sur les ailes des aigles... alors maintenant vous allez devenir pour Moi, un  peuple de prêtres. »

 

Cela signifie que l’élection d’Israël, c’est ce « ballotage » André Chouraqui : « le peuple élu est souvent en ballotage », entre exil-délivrance, et c’est ce témoignage qu’Israël doit apporter. C’est cela la foi d’Israël

 

Car tu es un peuple saint pour Hashem ton Dieu.

C’est toi que Dieu a choisi

pour être le peuple privilégié

de tous les peuples

qu’il y a sur la surface de la terre.

 

Une fois ce choix effectué par Dieu c’est irréversible : pourquoi y aurait-il des conditions ?

Si Dieu promet et a décidé c’est irréversible ! Qu’elle est la condtion ? C’est ce que nous lisons dans notre Parashah : l’accomplissement des Mitsvot !

C’est là la tension entre l’élection,  irréversible et motivée, justifiée, légitime, et de l’autre côté la condition posée : les Mitsvot.

 

7 :7

לֹא מֵרֻבְּכֶם מִכָּל-הָעַמִּים, חָשַׁק יְהוָה בָּכֶם--וַיִּבְחַר בָּכֶם:  כִּי-אַתֶּם הַמְעַט, מִכָּל-הָעַמִּים

Lo merubechem mikol-ha'amim

‘hashak Adonay bachem

vayivchar bachem ki-atem hame'at mikol-ha'amim

Non pas parce que vous êtes plus nombreux que les autres nations

Que Dieu vous a désiré

et vous a choisi, vous êtes parmi les plus petites nations

 

Nous sommes les moins nombreux mais nous sommes un peuple amoindri systématiquement à travers l’histoire. Sans les massacres, les pogrommes, les assassinats, les destructions, l’assimilation à travers l’histoire, nous serions des centaines de millions. Plus nombreux que l’Islam et le Christianisme.

 

Ici donc il y a une motivation : non parce que vous être les plus nombreux.

Il n’a pas décidé que nous soyons peu nombreux puisque la bénédiction donnée aux patriarches fait référence au nombres d’étoiles du ciel et au sable de la mer. Un jour se dévoilera que nous sommes nombreux comme cela. Mais pour l’instant les Juifs visibles sont le sommet de l’iceberg.

 

Enseignement : Avant la naissance d’un être dans le monde  Dieu lui demande si l’être accepte le sort prévu pour lui. Et on est libre, avant de naitre de refuser ou accepter. Ce qui implique que si on a le sort qu’on a c’est qu’on l’a accepté, mais avant de naître, et on l’a oublié. Il y a, semble t’il, très peu de créatures qui osent être juif. Il faut aussi l’accepter. On choisit avant la naissance mais après la naissance c’est irréversible.

 

7 :7

לֹא מֵרֻבְּכֶם מִכָּל-הָעַמִּים, חָשַׁק יְהוָה בָּכֶם--וַיִּבְחַר בָּכֶם:  כִּי-אַתֶּם הַמְעַט, מִכָּל-הָעַמִּים

Lo merubechem mikol-ha'amim

‘hashak Adonay bachem

vayivchar bachem

ki-atem hame'at mikol-ha'amim

Non pas parce que vous êtes plus nombreux que les autres nations

Que Dieu vous a désiré

et vous a choisi,

vous êtes parmi les plus petites nations

 

C’est la manière dont on aime une fiancée : avoir ‘heshek- ce n’est pas le désir grossier

.../...


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Ekev 1993 - Suite & fin.
Commentaire Eikev (1993) 2ème. partie (qualité sonore bonne)

 

.../...

 

Il y a là quelque chose d’extrêmement important :

Ce n’est pas Israël qui a choisi Dieu comme dans les autres religions, c’est Dieu qui a choisi Israël. Il n’a pas choisi n’importe qui. Il a choisi le peuple qui était prêt à Le choisir Lui. C’est véritablement une demande en mariage. Il n’impose ensuite qu’à celui qui a été prêt à Le choisir. C’est vraiment le temps des fiançailles. On ne fiance que ceux qui ont librement choisi d’être mariés. Une fois mariés c’est irréversible. L’expression française dit « les 12 chaines du mariages ».

 

וַיִּבְחַר בָּכֶם

כִּי-אַתֶּם הַמְעַט, מִכָּל-הָעַמִּים

Vayiv’har bkhem

ki-atem hame'at mikol-ha'amim.

« Car vous êtes le plus petit de tous les peuples » 

 

Cela veut dire : Ne vous vantez pas d’être le plus grand des peuples.

Je l’ai entendu de grands Goyim : « vous êtes le plus grand des peuples ».

 

Cf. le livre de Thierry Maulnier : « l’honneur d’être juif », un livre écrit à la gloire des Juifs.

Cioran : « la difficulté d’être » qui comporte un chapitre phénoménal sur les Juifs. On sent qu’il voudrait être anti-juif, mais, comme Bilaam, il est obligé de les féliciter. Aucun juif au monde n’aurait eu le courage de dire ces choses qu’il a dites. Cela mérite d’être lu.

 

Rashi cite Rabénou Mosheh ha Darshan, un de ses maîtres, qui lit - הַמְעַט ha-méat-  le petit - de la manière suivante : vous remarquez qu’il y a un petit astérisque sur le Hé dans le texte. Rabénou Mosheh ha Darshan était un séfarade de Narbonne. (Tous les Juifs qui s’appelle Narbonni descendent vraisemblablement de lui). Rashi le cite souvent. Or, on a perdu ses archives sauf des Midrashim que des moines franciscains ont retrouvé et réédité  à leur manière. C’est un peu suspect, l’original ayant disparu... Il lit le verset ainsi :

Ki atem hé - meat mikol-ha'amim => car vous êtes 5 de moins que tous les peuples.

 

Normallement, il devrait y avoir 70 noms en Israël. Au dernier dénombrement du désert, il n’est resté que 65 noms. Il y a une sorte de talon d’achille, un manque, un défaut dans l’identité d’Israel.

Parashat Pin’has, à la suite des différentes mises à l’épreuve d’Israël, il y a un certain nombre de noms qui disparaissent.

 

ð  Datan et Aviram : les révoltes des chefs des tribus

ð  Nadav et Avihou la faute des enfants de Aharon, la faute des prêtres

ð  Tselof’had le viol du Shabat, la faute du Shtan Yéhoudi 

ð  Qora’h : la Mal’hoquet des Talmidei ‘Hakhamim

 

Il y a 6 noms qui ont disparus et dans la Parashah de Pin’has, relisez le dénombrement, la Torah explique chaque chaque fois pour ces noms-là la raison de leur disparition. On finit de faire le compte on voit qu’il en reste que 65. Là Rashi cite Rabénou Mosheh HaDarshan en disant : « vous êtes 5 de moins ».

 

Il y a grâce aux filles de Tsélof’had, la Torah en deux endroits donne leur nom et indique qu’elles étaient saintes – la réintégration des 5 noms en Israël qui sont les 5 filles de Tsélof’had.

 

Il y a en tout cas 65 noms + les 5 noms des filles de Tsélof’had, il y a une vulnérabilité dans l’identité d’Israël. On est entré dans l’histoire avec cette vulnérabilité mais on est protégé par les Nashim Tsadkaniot  (les femmes justes) dont le modèle sont les filles de Tsélof’had.

 

A chaque moment de gravité dans l’histoire d’Israël, on est sauvé grâce aux femmes. Et nous vivons actuellement un moment pareil. Les femmes sont plus militantes que les hommes dans le retour à la Torah, dans la politique juive elle-même… C’est le temps des organisations féminines qui sauvent la communauté. Je pousse les choses à la limite pour bien mettre cela en évidence. On s’aperçoit que ce sont les femmes qui dirigent la communauté. C’était ainsi à la sortie d’Egypte.

C’est grâce aux femmes d’Israël que les défauts d’Israël de la sortie d’Egypte ont été colmatés. En particulier elles n’ont pas participé à la faute du veau d’or. Aharon a dit : « prenez vos bijoux… » les femmes ont refusé.

Il y a 2 explications, soit les femmes trop coquettes ont refusé, soit elles n’ont pas voulu participé à cette Avodah Zara. On apprend que c’est cette 2ème explication qui est vraie. Lorsque Dieu a demandé à Moïse d’organiser le Tabernacle, il a demandé que la cuve d’airain où les Lévites devaient se purifier soit faite par les miroirs des femmes. Le Midrash raconte l’étonnement de Moïse face à cette décision de Dieu. Dieu lui répond : « C’est grâce à ces miroirs qu’Israël existe… grâce aux miroirs il y a du désir des hommes pour les femmes qui se sont apprêtées...

 

L’argumentation de la Torah sur l’élection d’Israël évacue de suite sa stature spirituelle gigantesque

comme cause de cette élection. Ce n’est pas les motivations de puissance habituelle des grandes nations. 

 

Le Rashi sur le verset est très clair.

« Vous êtes le seul peuple qui ne joue pas à la grande puissance »  Vous êtes modestes...

 

Verset 8

7:8

כִּי מֵאַהֲבַת יְהוָה אֶתְכֶם

Ki me'ahavat Adonay etkhem

Cela vient du fait que Dieu vous a aimé

 

Mystère de ce que Dieu a vu pour aimer les Juifs.

 

Et en voilà la clef :

 

כִּי מֵאַהֲבַת יְהוָה אֶתְכֶם, וּמִשָּׁמְרוֹ אֶת-הַשְּׁבֻעָה אֲשֶׁר נִשְׁבַּע לַאֲבֹתֵיכֶם, הוֹצִיא יְהוָה אֶתְכֶם, בְּיָד חֲזָקָה; וַיִּפְדְּךָ מִבֵּית עֲבָדִים, מִיַּד פַּרְעֹה מֶלֶךְ-מִצְרָיִם

Ki me'ahavat Adonay etkhem

Cela vient du fait que Dieu vous a aimé

umishomro et-hashvu'ah asher nishba a'avoteychem

le fait qu’il observe le serment qu’il a juré à vos pères

hotsi Adonay etchem beyad ‘hazakah

vayifdecha mibeyt avadim

miyad Par'oh melech-Mitsrayim

Dieu vous a fait sortir par main forte,

Il vous a délivré de la maison des esclaves,

de la main de Pharaon, roi d’Egypte.

 

Voilà la motivation et la raison de l’élection.

 

וְיָדַעְתָּ, כִּי-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ הוּא הָאֱלֹהִים:  הָאֵל, הַנֶּאֱמָן

Veyadata ki-Adonay Eloheycha hou ha'Elohim ha'El hane'eman

Et tu sauras que Hashem ton Dieu c’est Lui qui est Dieu, Dieu digne de confiance

 

Non pas la traduction habituelle de « Dieu fidèle » ce serait « El maamin » le fidèle celui qui fait foi. « Néeman » celui qui est digne de foi, fiable, Dieu en qui on peut croire...

 

Que signifie « Nééman » s’Il est Dieu ? La réponse du Midrash c’est que Dieu observe Lui-même la Torah qu’il a donné : « Torat Hashem » en hébreu cela ne signifie pas seulement la Torah qu’Il nous a donnée. Cela signifie Sa Torah à Lui, celle Qu’il observe Lui-Même. A Lui je peux donc faire confiance, je connais Sa Torah et je sais donc comment Il agit. On peut lui faire confiance parce que, comme l’indique le début du Midrash Rabba, Dieu avait la Torah devant les yeux pour créér le Monde. Il a créé le monde avec un modèle. Il est d’une certaine manière Lui-Même soumis à la Torah Qu’Il nous impose. Nous savons comment Il agit, donc on peut lui faire confiance. Il est digne de foi parce qu’Il est croyant. (L’important n’est pas tant que les gens croient en Dieu que Dieu croit en eux. Et Dieu sait pourquoi)

 

--שֹׁמֵר הַבְּרִית וְהַחֶסֶד לְאֹהֲבָיו וּלְשֹׁמְרֵי מִצְו‍ֹתָו, לְאֶלֶף דּוֹר

shomer haberit veha’hesed le'ohavav

ouleshomrey mitsvotav le'elef dor.

Qui garde l’alliance et la grâce à ceux qui L’aiment

et qui observent ses commandements pour 1000 générations.

וּמְשַׁלֵּם לְשֹׂנְאָיו אֶל-פָּנָיו, לְהַאֲבִידוֹ:  לֹא יְאַחֵר לְשֹׂנְאוֹ, אֶל-פָּנָיו יְשַׁלֶּם-לוֹ

Oumshalem leson'av el-panav leha'avido

lo ye'acher leson'o

el-panav yeshalem-lo.

Et Qu’Il paye à ceux qui Le haïssent « sur l’heure » pour les détruire,

Il ne tardera pas à le haïr,

Devant Sa face il le rétribue.

 

Il rétribue cela veut dire, Il sanctionne sa conduite, en mal Il le punie et le peu de bien qu’il a fait, il lui paye de suite comme cela il n’a pas droit au Olam Haba.

 

Cela se rattache à une des questions très graves de la théologie : pourquoi y a t’il des Reshayim qui sont heureux sur terre ? C’est mauvais pour eux, parce qu’ils utlisent leur avoir de Olam Haba à l’avance...

 

7 :11

וְשָׁמַרְתָּ אֶת-הַמִּצְוָה וְאֶת-הַחֻקִּים וְאֶת-הַמִּשְׁפָּטִים, אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוְּךָ הַיּוֹם--לַעֲשׂוֹתָם.

Veshamarta et-hamitsvah ve'et-ha’houkim ve'et-hamishpatim asher anokhi metsavekha hayom la'asotam

Ainsi garde la Mitsvah et les règles et lois que Je t’enseigne aujourd’hui, pour les garder.

 

Parshat Ekev

וְהָיָה עֵקֶב תִּשְׁמְעוּן, אֵת הַמִּשְׁפָּטִים הָאֵלֶּה, וּשְׁמַרְתֶּם וַעֲשִׂיתֶם, אֹתָם--וְשָׁמַר יְהוָה אֱלֹהֶיךָ לְךָ, אֶת-הַבְּרִית וְאֶת-הַחֶסֶד, אֲשֶׁר נִשְׁבַּע, לַאֲבֹתֶיךָ

7:12 Vehayah ekev tishme'un et hamishpatim ha'eleh ushmartem va'asitem otam veshamar Adonay Eloheycha lecha et-habrit ve'et-hachesed asher nishba la'avoteycha.

 

Et il arrivera « en conséquence de ce que » (Akev = talon)

Ekev => ce qui arrive en fin de compte.

On peut donc comprendre de deux manières: soit c’est la conséquence automatique, soit c’est la condition parce que, puisque...

 

« Et il arrivera parce que-puisque vous aurez observé-écouté les règles que vous les préserviez et que vous les accomplissiez, alors Hashem ton Dieu gardera pour toi l’alliance et la grâce qu’Il a promis à tes pères ».

 

Vous voyez la difficulté. On vient de nous dire qu’il y a une alliance et une élection qui est irréversible et qui ne dépend pas de nous, ni de nos mérites, et on nous dit : il arrivera que en conséquence de ce que... - on pourrait penser que c’est une condition...-  Dieu gardera la promesse qu’Il vous a faite...

 

Comment répondre à cette question ?

 

La Guémara débat longuement la question: est-ce qu’Israël reste Israël même lorsqu’il faute ?

La réponse de la Guémara c’est qu’un membre d’Israël même fautif reste Israël.

 

Dans Vaét’hanane l’élection semble irréversible et juste, dans Ekev, semble t’il, apparaissent des clauses ? Comment résoudre la contradiction apparente ?

 

Je vous donne un exemple : dans la Guémara sont citées les expressions des prophètes lorsqu’ils font des remontrances à Israël. Il y a des interpellations terribles contre Israël. Il n’y a pas de vocabulaire plus « antisémite » si c’était das la bouche des Goyim que ce que les prophètes ont dit d’Israël. Banim mashrikim : enfants dénaturés,  Zera’h meayinim  engeance de pervers. La Guémara lit la qualité « enfants » même s’ils sont dénaturés...Même dénaturés vous restez enfants...

 

[Question de méthode :  dans l’étude talmudique lorsqu’on a une réponse à une question il ne faut pas croire que la question a disparu et s’est évanouie. Il y a la ‘Hokhmah des réponses et la ‘Hokhmah des questions. Ceux qui n’arrivent pas à devenir Talmid ‘Hakham c’est ceux qui ont oublié les questions parce qu’ils ont entendu les réponses. Ils ne savent pas à quoi la réponse répond et la réponse finit également par s’évanouir... Un de mes maitres expliquait cela: « toi tu as eu la réponse, mais au moment où tu l’as eu un enfant est né, et pour lui, la question se repose... » Les vraies questions sont éternelles. Et pour bien comprendre une réponse de la Torah, il faut savoir à quelle question cela répond. Au Talmud Torah on apprenait Rashi : la première question qu’on se posait était : quelle difficulté a eu Rashi ? Si on ne comprend pas la difficulté qu’a rencontré Rashi et la question soujacente à son commentaire on ne comprend pas Rashi... ]

 

D’un côté – Vaét’hanane-  l’indication que l’alliance avec Israël est irréversible et de l’autre côté – Eqév – l’indication d’une clause (l’alliance ne jouera que si vous êtres sages...).

 

Pour une question aussi énorme existent différents systèmes de réponses.

 

Je vais vous en donner un.

 

C’est une étude sur une expression talmudique sur la rétribution des commandements. 

« Matan skha’haran shel mitsvot » le cadeau du salaire des commandements

Si c’est un salaire skha’har ce n’est pas un cadeau ? Et si c’est un cadeau, ce n’est pas un salaire !

 

Pourquoi les rabbins ont-ils appelé ce que nous recevons en récompense de nos vertus, un cadeau ?

Ou bien c’est un salaire ou bien c’est un cadeau !

Que signifie l’expression : Matan Skha’haran ?

Si c’est Al Pih HaDin que j’ai droit à la récompense des commandements – c’est-à-dire en fin de compre Olam Haba, c’est Al Pih Hadin. Si c’est un cadeau, c’est un cadeau !

 

L’expression du Talmud : « Chehé atah yodeah matan skha’han chel mitsvot » : car tu ne connais pas le don du salaire des mitsvot – d’où la nécessité d’être scrupuleux pour toutes les Mitsvot.

On pourrait établir une hiérarchie selon le salaire supposé et évacuer certaines d’entre-elles...

 

Ve da shematan skha’han shel tsadikim meatidlavo

Et sache que le cadeau du salaire des Tsadikim c’est pour l’avenir (le Olam Haba).

 

Une des réponses :

Si c’était Al Pih HaDin, je n’ai le salaire qu’au prorata de mon mérite  Tandis ce que le texte promet c’est qu’il va me donner le salaire que lui suppose quand lui applique la Mitsvah

La rétribution sera au plus haut taux et non au niveau des mérites..

Le salaire est au niveau du mérite, mais le cadeau du salaire dépasse le mérite personnel.

 

Sur quelle Mitsvah Rashi met-il l’accent ?

1er verset de la Parashah

 

7:12

וְהָיָה עֵקֶב תִּשְׁמְעוּן, אֵת הַמִּשְׁפָּטִים הָאֵלֶּה, וּשְׁמַרְתֶּם וַעֲשִׂיתֶם, אֹתָם--וְשָׁמַר יְהוָה אֱלֹהֶיךָ לְךָ, אֶת-הַבְּרִית וְאֶת-הַחֶסֶד, אֲשֶׁר נִשְׁבַּע, לַאֲבֹתֶיךָ

Vehayah ekev tishme'un et hamishpatim ha'eleh ushmartem va'asitem otam veshamar Adonay Eloheycha lecha et-habrit ve'et-hachesed asher nishba la'avoteycha.

Et il arrivera en conséquence de ce que vous observez les commandements...

 

Rashi :

Si les Mitsvot (qui vous apparaissent légères) que l’homme a l’habitude de piétiner avec son talon (akev renvoi à ekeiv), si vous les observez...

Quelles sont les Mitsvot que l’on observe en piétinant avec son talon ?

C’est la Mitsvah de marcher sur Erets Israël. Si vous accomplissez cette Mitsvah vous aurez Olam Haba. C’est la Mitsvah que l’on fait en écrasant avec le talon...


 Fin

******

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4 août 2009 2 04 /08 /août /2009 14:11

Parasha VAET'HANANE 1993 
Rav Yéhouda Léon Askénazi (Manitou) זצ"ל

 

Rédigé et mis en forme à partir d'un enregistrement:
Commentaire Va'et'hanan (1993) 1ère partie (qualité sonore bonne).
 
Devarim chapitre 3 verset 23 jusqu’au verset 11 chapitre 27.

 

C’est une Parashah emplie de textes importants, en particulier la répétition des 10 commandements, le texte du Qriat Shema...etc. 
Je commencerai par les 1ers versets qui donnent le théme général de la Parashah.

 

Q: Dans les Asser Hadiberot, il n’y a pas la mention de la terre d’Israël ?

R: C’est marqué dans le commandement d’honorer son père et sa mère qui constitue le commandement charnière des 10 commandements avec la finalité de la prolongation de la vie « sur la terre que Je vous donne ». Maïmonide ne stipule pas dans son code le Sefer Hamitsvot la récapitulation des 613 Mitsvot, les commandement de la Torah. Tous les décisionnaires sont d’accord qu’il y a 613 commandements dans la Torah mais il y a controverse sur certains commandements pour savoir s’il s’agit de commandemeent au sens strict ou si c’est une promesse. Mais d’autre part on apprend de la Guémara que le code est formulé en 613 articles, et Maïmonide ne cite pas du tout le commandement d’habiter en Erets Israël. Par contre, il cite celui de conquérir Erets Israël ce qui fait que Na’hmanide a beau jeu de metttre en évidence dans son commentaire que l’on ne voit pas comment on pourrait habiter en Israël si on ne l’avait pas déjà conquise. C’est un problème contemporain et donc avec des implications importantes. Maïmonide dit que la Torah n’a pas à indiquer cela car sinon elle n’aurait rien d’autre à nous dire. Cela voudrait dire que ce n’est pas Israël. Si nous devions avoir un commandement pour habiter chez nous ? On pourrait douter que c’est chez nous !

Il y a une querelle qui est une pseudo-querelle de la part des religieux non-sionistes qui trouvent dans cette absence chez Maïmonide une justification à leur attitude...

 

L’intitulé « Anokhi Hashem Eloheikha... Je suis Hashem ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte...» et voilà Ma Loi... »

 

Et pourquoi je vous ai fait sortir d’Egypte ? Et il y a des chapitres entiers qui expliquent pourquoi on est sorti du pays d’Egypte. C’est écrit en clair, tout le reste ce sont des raisonnements qui donnent plus ou moins des alibis pour ne pas monter en Israël au nom de la Torah. Mais tout cela est faux, c’est simplement qu’ils ne savent pas lire, par ignorance ou malhonnêteté. .

 

Q : Dans la 2nde mention des 10 commandements pourquoi ne correspondent-ils pas exactement à la 1ère ?

R : Très bien.

 

Q : L’exemple du Rambam qui ne cite pas comme commandement les évidences : Que dire de « Tu aimeras Dieu ? »

R : Très bien, c’est que ce n’est pas évident, de même le commandement à Israël « Tu aimeras ton prochain » c’est pas évident...

 

Le problème important c’est que la Torah ne fait allusion ni à la résurrection des morts, ni au monde à venir. Et nous avons une querelle énorme avec les théologiens chrétiens à ce sujet qui font comme si c’est eux qui ont inventé cela. Si la Torah avait à nous dire ces choses-là, cela voudrait dire qu’elle ne s’adresse pas aux Hébreux. La Torah s’adresse à des hébreux qui vont à la réssurection des morts et qui vont au monde à venir, naturellement, dans leur identité hébraïque. Alors elle leur enseigne comment on y va, le viatique. Mais si la Torah avait d’abord à m’expliquer comment il faut être pour être hébreu, donc juif, c’est que ce n’est pas à moi qu’elle parle. On raisonne comme si le peuple d’Israël qui a reçu la Torah était une page blanche sur laquelle il fallait écrire. Alors que c’est un peuple qui a une tradition, une religion, qui vient des Patriarches. Et une identité qui vient depuis le 1er homme à travers les hébreux, qui a une culture à qui la Torah s’adresse. Alors, si la Torah devait leur expliquer leur culture pour pouvoir leur parler c’est que ce n’est pas à eux qu’elle parle.

 

Vous voyez pourquoi il est important de se rendre compte, pour nous juifs, descendant des hébreux, nous ayons ces problèmes, nous montrent à quel point nous sommes coupés de notre identité réelle.

 

Et c’est cela qui explique toutes ces fausses questions. Ce sont des questions très tardives des derniers siècles, issues de la rencontre entre les rabbins et les païens. Les rabbins devaient expliquer les réponses à des questions de païens. Les juifs posant ces mêmes questions étaient des juifs coupés de leur identité hébraïque. Et à travers les siècles, cela s’est passé à travers toutes les cultures. Païen ce n’est pas idolâtre, c’est la religion naturelle du paganisme, à qui il faut expliquer de quoi il s’agit dans l’identité hébraïque.

La Torah s’adresse aux hébreux. Ce n’est pas pour rien qu’il y a écrit comme un verset sempiternel : « Parles aux enfants d’Israël » Question  des Méfarshim: pourquoi aux enfants d’Israël ? Et pourquoi pas aux autres ?

 

La prière – Kadish - de Rabbi Yitshaq de Berditchev que j’ai entendu du Rav Poliaktchek. Le thème général c’est qu’à la suite d’un progrom le Rav s’adresse à Dieu : « qu’est-ce que tu as avec les enfants d’Israël ? « Parles aux enfants d’Israël », « Ordonnes aux enfants d’Israël », « Dis aux enfants d’Israël... » Et les autres ?

Je sais pourquoi parce que eux reconnaissent leur Tsar, leur César,  comme Roi alors que nous nous reconnaissons le Roi des rois...

 

C’est un peu le même sens.

Il faut découvrir cela : à qui s’adresse la Torah ? Elle ne s’adresse pas à des étudiants en théologie. La Torah s’adresse à des Juifs, c’est-à-dire censément des hébreux qui ont leur culture. Et toutes ces questions-là procédent du fait qu’on a oublié. Ce n’est pas un éditeur qui nous a donné un livre à étudier pour faire des doctorats en théologie ! Il y a une culture hébraïque qui est la Torah shébéalpéh et si c’est nécessaire de la mettre par écrit alors c’est que ce n’est pas à nous qu’elle s’adresse.

 

Q:  La division des 10 paroles en 1 + 3 + 3 + 3 en rapport avec les trois types de relations ?

R : je donne la source : c’est un enseignement de Rabbi Abraham Bar ’Hiyah ha Nassi ou qu’on appelle aussi Bar ’Hiyah HaSéfaradi qui vivait il y a 11 siècles dans le sud de la France et au nord de l’Espagne dans un livre qui s’appelle le Itgayon Hanefesh

Il explique le schéma des 10 commandements en séparant le 1er qui n’est pas un commandement (il est là en Mal’hoquet avec le Rambam) qui n’est pas une Mitsvah dans le sens habituel du terme  mais une définition « Voilà qui Suis-Je et voilà Ma Loi... ».

Et les 9 commandements sont en trois groupes :

=> Bein Adam lamaqom

=> Bein Adam leatsmo

=> Bein Adam le’havero.
Avec dans chaque groupe, la distinction au niveau de Maharshavah, Dibour et Maasseh.

D’autre part il y a aussi cette dimension que la dominante de Kavanah est dans les 3 groupes mais qu’il y a un  lien avec aussi les Kavanot des autres groupes.

Quelque commandement que ce soit, la dominante est soit un commandement de culte, soit un commandement de morale, soit un commandement de vie spirituelle, mais il y aussi le lien avec les autres objectifs de la Torah.

 

C’est un thème extrêmement important : nous sommes habitués à deux groupes de commandements :

5 des rapports avec Dieu et 5 des rapports avec autrui. Mais ils se divisent tout à fait autrement et le schéma de cet enseignement est je pense à la source du schéma du Maharal des trois groupes de commandements de la Torah, qui a d’ailleurs sa source dans le Zohar et le Talmud. 

 

Q : Sur les 12 tribus, 9 et ½ sont parties, il reste 2 tribus et ½ plus la partie des Lévites du royaume de Judah – disproportion entre ce leitmotiv historique essentiel d’Israël et la réalité ?

R : Lorsque la Torah parle des enfants d’Israël il s’agit des 12 tribus qui sont 13 avec la tribu de Lévi. Or, voilà que historiquement nous descendons du royaume de Judah et les tribus qui formaient le royaume d’Israël du nord sont disparues, à travers quelques siècles. Et le royaume de Judah c’est la tribu de Judah, Benjamin et la moitié de Menaché, et la partie des Lévites qui était dans la province du royaume de Judah. Par conséquent, les Juifs sont des descendants des Judéens. La question est alors : est-ce que les Juifs sont représentatifs d’Israël ? Ils représentent un Israël mutilé au 6ème . Un  peu moins. Il y a une distance entre l’identité juive – c’est-à-dire judéenne -  et l’identité Israël globale, totale.

Un des indices c’est que la Prophétie s’est arrêtée au moment de cette séparation et de la perte des tribus du Nord. C’est-à-dire que la capacité de prophétie qu’il y avait dans le royaume de Judah a continué dans une sorte de phénomène de rémanence et puis elle s’est éteinte quand le royaume de Judah lui-mëme a été dispersé et est allé en exil.

 

Mais pour répondre à la question précise, le livre des Chroniques, dernier livre historique du Tanakh, nous indique qu’un certain nombre de familles de toutes les tribus sont revenus au 2ème royaume de Judah en même temps que les Judéens du 1er exil. Parce que c’est un phénomène qui a pris des siècles. Je vais employer le terme français d’israélites pour parler des tribus du royaume du Nord qui avait pour capitale Shkhem et qu’on appelle dans le Tanakh « Beit Israël » le royaume d’Israël (l’autre étant le royaume de Judah) ou « Beit Yossef » ou « Beit Ephraïm » -  parce que la tribu d’Ephraïm qui était la tribu principal de Joseph était la tribu royale du royaume du Nord.

 

Il y a eu quelques siècles de contact entre les « Israélites » qui étaient les exilés de ces 10 tribus, en schématisant,  et les Judéens de l’exil du 1er royaume de Judah.

Il y a eu un certain nombre de familles des Israélites qui ont rejoint les Judéens. Par conséquent, nous sommes les Juifs mais chez les Juifs descendants des Judéens il y a un résumé, ne serait-ce qu’en trace, des autres tribus. Et il y a dans certaines communautés, des dominante de tribu des 10 tribus.

 

Aujourd’hui nous sommes dans un temps de redécouverte des descendants de ces tribus perdues.

 

Il y a 2 cas différents :

 

=> Les Ethiopiens qui descendent de la tribu de Dan et qui sont un cas particuliers entre les 10 tribus perdues et les Juifs à proprement parler.

 

=>  Les descendants des 10 tribus perdues qui sont devenus des Goyims. D’origines hébraïques mais convertis Goyims. Il y a des missions d’éthnologues israéliens qui les ont redécouvert. S’ils reviennent il faut les convertir sans problème.

 

Le cas des Ethiopiens est partticulier, la Mishnah les mentionne déjà.

La Mishnah fait aussi allusion à ces dix tribus et particulièrement ceux qui sont les plus diagnostiquables, qui sont les Juifs Afghans, les Pachtoun.

 

Pour répondre à ta question, il y a, chez les Juifs, tous les hébreux, mais en résumé, dilué, en trace. Nous sommes quand même potentiellement tout Israël.

 

L’indice qu’il y a une grande différence, entre cette identité passée et la nôtre actuelle, c’est l’arrêt de la prophétie : Il faut que Israël des 12 tribus soit présent pour que la Prophétie se formule.

Cela ne veut pas dire que les Juifs ne soient pas capables de la capter, mais ils le font à un niveau très inférieur qu’on appelle le Roua’h haQodesh – qui est de l’ordre de la Prophétie mais à un autre niveau.

 

L’organisation Ami Shav « mon peuple revient » dirigé par le Rav Avi’haïl qui s’occupe du retour des hébreux perdus de partout.

Je pense que la prochaine tribu perdue, c’est les Sardes de Sardaigne.

Ceux qui connaissent la civilisation italienne savent que les Sardes sont des italiens très différents des autres italiens et si vous voulez vous référez au texte biblique : c’est «lesseren mishpa’hat ha sardi » - c’est très étonnant mais il sortira de partout des descendants des 10 tribus perdus. C’est différents des Juifs marranes qui sont juifs d’origine de diaspora camouflés en Goyim. C’étaient des Juifs en leur for intérieur qui mais fonctionnaient comme des Goyim. En un sens tous les Juifs de diasporas sont marranes à des dégrés divers, marranes mais fiers d’être juifs. C’est une vraie schizophrénie. Kafka est le type du discours du Juif de diaspora : c’est le labyrinthe, c’est kafkaïen...

 

Il y avait des nuances et des degrés. Mais tout juif de diaspora est en quelque sorte un juif marrane : je tiens cette phrase de Paul Yacob qui est un grand historien juif contemporain, qui connait très bien les sujets dont il parle. Le juif de diaspora fonctionne comme le marrane avec des contraintes culturelles différentes du temps des « maranos » mais cela revient au même.

 

Q : Sur Israël et les 12 tribus j’ai entendu un commentaire du Rav Aviner: Yaaqov a reçu 2 bénédictions, il est appellé ish kafoul - l’homme double – la bénédiction de son père et celle prise à Essav. Spiritualité et Matérialité : d’où les 2 soeurs épousées : de Ra’hel devait descendre Mashia’h ben Yossef et de Léah Mashi’ah ben David. N’a t’on pas sous-estimé du fait de l’exil l’attitude d’Israël replié sur soi-même. Passage où Jacob bénit Ephraïm et Menassé il dit en parlant d’Ephraïm : il sera le pére de nombreuses nations : est-ce que la Torah peut se tromper, et rétroactivement, peut-on dire que Ephraïm est constitué par l’Occident ?

 

R : Ce serait une hypothèse. Vous avez touché à différents niveaux de définition, que je vais résumer et je laisse de côté la question de la filiation messianique, cela préfigure les Juifs d’Erets Israël et les Juifs de diaspora. La vocation des descendants de Ra’hel c’est la diaspora. La vocation des descendants de Léah c’est Erets Israël. L’identité essentielle des descendants de Ra’hel, c’est Joseph. L’identité essentielle des descendants de Léah, c’est Yehoudah. Yehoudah est fils de Jacob devenu Israël. Joseph est fils de Jacob pas encore devenu Israël.  « Eleh toladot Yaaqov Yossef »

 

Vous avez dit Yaaqov a reçu 2 bénédictions, une qu’il tenait de ses ancêtres et une qu’il a prise et ce mot n’est pas exact. C’est une bénédiction qui devait aller à Essav et qui lui a été donné. Il n’a rien pris. D’ailleurs, il l’a refusé, si on regarde le texte. C’est très difficile de parler en français du texte hébraïque. Nous avons des conflit théologiques énormes à cause de ces erreurs de lecture.

Les ancêtres de Jacob sont aussi ceux d’Essav. Alors il s’agit de la bénédiction d’Abraham qui est la 

bénédiction spirituelle et dont Essav a été disqualifié parce qu’il a pris des filles de Kenaan, et celle-là dans tout les cas elle était réservée à Jacob. Et de la bénédiction des biens matériels qui devait aller à Essaü et que Rivqah a obligé Jacob de prendre.

 

La ‘Hanoukah est très exactement entre la vocation de diaspora et la vocation d’Erets Israël.

La vocation de diaspora, c’est la vocation de matrice Ra’hel et la vocation d’Erets Israël c’est la vocation de la matrice de Léah. Par conséquent, les Juifs d’Erets Israël descendus en diaspora, ont risqué d’oublier leur lien de juifs d’Erets Israël et ont fonctionné comme des Juifs d’Ephraïm ou d’ailleurs.

 

Ephraïm, ce n’est pas tellement les Juifs de diaspora, mais c’est cette identité hébraïque perdue chez les nations et qui travaillent chez eux clandestinement.

 

Q : quelle est la relation exacte dans cette Parashah entre les 10 commandements et le Shéma ?

R : c’était la question que j’attendais. C’est un sujet très important : en quoi le 1er verset du Qriat Shema qui est le verset clef du Qriat Shéma et le 1er verset des dix paroles sont-ils le même ?

***

On va lire les 1ers versets. Et on étudiera le texte du Midrash.

Le contexte du sujet c’est dans le discours de Moïse, à la fin de sa vie, la manière dont il rappelle les événements qui les ont amenés au bord du Jourdain du côté de la Jordanie, en-deça du Jourdain. Il raconte dans quelles péripéties il est intervenu pour demander à Dieu de sursoir à la décision qui le frappait lui et Aharaon qu’ils ne rentreraient pas en Erets Israël.

 

Pourquoi Moïse ne pouvait-il pas entrer en Israël ?

 

Mais surtout du point de vue exégétique à proprement parler, on étudie à propos de notre texte, pourquoi Moïse, cependant, a pensé qu’il était possible d’intervenir par la prière – et quelle type de prière- pour demander à Dieu de sursoir à sa décision.

 

Je vous rappelle très brièvement ce que nous avons déjà étudié à propos de notre sujet :

Pourquoi Moïse n’est pas entré en Israël ?

 

C’est un mystère. Mais c’est un mystère qui fait partie d’un mystère encore plus grand : La question que pose le Talmud et le Midrash à ce sujet c’est : Pourquoi Moïse est-il mort ?

 

Il est mort de manière inhabituelle. C’est seulement l’habitude qui nous fait croire que c’est naturel de mourir, mais c’est encore un autre sujet. On dirait même que : « a-t’on le droit de dire qu’il est mort ?. » C’est un autre terme qu’il faurait employé : « il a quitté ce monde ».

 

La Guémara pose la question à propos d’un principe :

 « ein mitah bélo ‘heth velo yissourim bélo Avon » »

« Il n’y a pas de mort si il n’y a pas eu de faute.. ».

C’est un problème théologique en soi. Cela éclaire le fait que la mort n’est pas considérée comme naturelle par la Torah, c’est un scandale, il y a une cause. La théologie chrétienne en a fait quelque chose de telllement pesant et lourd que l’on ne se doute plus de ces problèmes qui sont trop compliqués de savoir en quoi c’est différent dans la tradition juive.

 

Je vous décrit très rapidement comment les Chrétiens pensent le problème. C’est apparemment le Pshat apparent du récit de la 1ère faute qu’ils appellent le « péché originel ». Personne ne comprend plus pourquoi Adam ayant mangé de ce fruit défendu la mort est-elle entrée dans le monde ?

D’un côté un geste incompréhensible et de l’autre tous les malheurs du monde ?

Pour la mentalité de théologie chrétienne : La mort a pour cause le péché et le péché a pour cause la Loi. C’est la Loi qui fait que le péché est le péché et c’est le péché qui entraine la mort. Et par conséquent il faut être sauver - non de la mort – mais de la Loi...

 

Quoiqu’il en soit, il faut expliquer la mort : La Guémarah dit tranquillement qu’il n’y a pas de mort s’il n’y a pas de faute. Mais on ne comprend pas quelle est la faute du 1er homme qui engagerait l’identité pécheresse de tout le reste de l’humanité entière ?

 

Pour la tradition juive, les hommes ne naissent pas pécheurs mais peccables. La différence c’est que pécheur est une identité innée de donation. On a fauté avant même de naître, on a fauté dans notre être. Le Chrétiens considère que c’est une faute de vivre. C’est vivre qui est péché. Surtout chez les Protestants.

 

Pourquoi Moïse est-il mort puisqu’il n’y a de mort que par la faute et Moïse n’a fait aucune faute ?

 

Or, apparemment la Torah raconte que Moïse a fait une faute et que c’est la raison pour laquelle il n’est pas entré en Erets Israël.

 

*****

Vaét'hanane 1993 Suite & fin

 

  Commentaire Va'et'hanan (1993) 2ème. partie (qualité sonore bonne), 


Il y a dans le Midrash Raba sur Parashat Vezot Haberakhah un Midrash très long racontant qu’au moment de la mort de Moïse son âme n’a pas voulu quitter Moïse et l’ange de la mort ne peut effectuer son travail. Alors la Neshamah de Moïse motive son refus en se comparant avec les Neshmamot de tous les grands d’Israël depuis Abraham, et en montrant qu’elle a beaucoup plus de mérite.

 

Finalement, Dieu intervient et déclare à l’âme de Moïse : tu as fait une faute, tu as tué l’Egyptien ! La Neshamah de Moïse répond : « oui mais Toi tu les as tous tué ! »

Dieu répond : « mais Moi Je peux les ressuciter, toi tu ne peux pas ! »

 

Il y a ici un thème important : la disparition de l’identité égyptienne de ce temps-là comme condition de la survie d’Israël. Même s’il fallait le faire, et il fallait le faire, c’est pour cela que Moïse n’est pas entré en Erets Israël.

 

Entendant cela la Neshamah a accepté de remonter au ciel.

 

En réalité la réponse qui nous est donnée est d’un tout autre ordre : il ne fallait pas que Moïse entre en Erets israël, parce que si Moïse était entré en Erets Israël, c’est lui qui aurait contruit le Temple. Et quoique ce soit que Moïse a fait est indestructible. Sa Middah est celle de Netsa’h. « Netsa’h Israël lo ishaker », vous connaissez le verset, cela veut dire tout ce que Moïse a touché est victorieux et éternel. La tradition des Patriarches à travers Moïse devient irréversible.

 

Si le Temple avait été indestructible et que par malheur Israël avait démérité c’est Israël qui aurait été détruit. Alors le Temple a été détruit lorsqu’Israël a démérité pour sauver Israël.

 

Et par conséquent, si Moïse n’est pas entré en Israël, c’est précisément pour sauver Israël.

 

Le raisonnement est beaucoup plus fin que ça, mais j’ajoute tout de suite la conclusion : si Moïse est mort c’est pour sauver l’humanité. On ne parle pas de ces choses-là, car cela ressemble tellement à des choses auxquelles il ne faut pas que cela ressemble... Mais si cela ressemble cela signifie que ce n’est pas la même chose... 

 

Pour revenir à notre problème, il faut comprendre pourquoi Moïse s’est cru autorisé à intervenir et à prier pour entrer en Erets Israël. Je vais lire le texte de la prière et nous allons apprendre tout de suite l’une des réponses à travers ce Midrash que nous allons étudier.

 

Verset 23 chapitre 3

וָאֶתְחַנַּן, אֶל-יְהוָה, בָּעֵת הַהִוא, לֵאמֹר

Vaet’hanan el-Adonay ba'et hahi lemor.

Et j’ai supplié Dieu en ce temps-là

 

וָאֶתְחַנַּן, אֶל-יְהוָה
Vaethanane el Hashem

Et j’ai supplié Dieu

 

Le verbe Léhit’hanane dont la racine est un pronominal du verbe qui signifie « supplier » : de racine ’Hen, demander en grâce. Nous devons donc comparer le verbe de Vaet’hanane – le verbe de Léhit’hanane – avec le verbe de Léhitpalel qui veut dire prier en général.

 

1ère question : quelle est la différence entre « prier » dans le sens de « Léhitpalel » et « prier » dans le sens de « Léhit’hanane ».

 

« Lehit’hanane » signifie « demander, supplier » sans se baser sur un mérite quelconque alors que c’est le cas pour « Léhitpalel ».

 

וָאֶתְחַנַּן, אֶל-יְהוָה, בָּעֵת הַהִוא, לֵאמֹר

 Vaethanane el Hashem lemor

Et j’ai supplié Dieu

Ba et hahi lemor

En ce temps-là

 

La clef de la réponse à ma question c’est « en ce temps-là ».

Qu’est ce qui est arrivé en ce temps-là qui a fait penser à Moïse qu’il pouvait intercéder et demander à Dieu de sursoir à Sa décision pour entrer en Erets Israël ?

 

Nous avons en filigrane la réponse que j’ai citée du Midrash Rabba : c’est que le sort d’Israël est en jeu. Il sait très bien que cette génération du peuple d’Israël fautera. Il le dit en clair. On peut se demander s’il y a fatalité et prédestination ? Il le précise : « déjà moi présent vous avez fauté, a fortiori en mon absence... ». Donc il le sait, c’est inévitable. Comment comprendre cela ?

Et cela semble en contradiction avec un des piliers de la foi d’Israël que Israël est Tsadik. Ve Amekh koulam tsadikim – kol Yisraël yesh lahem ‘helekh ha Olam haba. 

Israël en tant que Klal Israël est un Tsadik Gamour. C’est un Tsadik comme collectivité. Et toute calomnie sur Israël en tant que collectivité est punie par Dieu a priori.

 

[On pourrait citer ici les versets dans lesquels Dieu intervient à propos des amis de Job qui disent à Job qu’il a sûrement fait une faute sinon il n’aurait pas le sort qu’il a. Dieu intervient contre les théologiens qui essaient de convaincre de 4 manières différentes la faute certaine à l’origine de la punition divine. L’erreur est de croire qu’il s’agit d’une punition. Dieu intervient en leur disant qu’ils ont mal parlé de Job : le verset dit de lui qu’il est Tsadik et n’a pas fait de mal. C’est la même chose pour Israël en général. Je n’ai pas dit que Job représente Israël. La Guémara ne tranche pas 50/50. Il semble que Job soit plus le juste souffrant chez les Goyim. Ce qui rend encore la question de la souffrance du juste de Job, parce qu’il est des Goyim, plus difficile à expliquer que s’il était d’Israël : ils n’ont pas la Torah alors pourquoi souffrent-ils ?  C’est la même question : humour de Baba Qama : pourquoi un Goï meurt-il puisqu’il n’a pas à être jugé d’après la Torah ??? ]

 

Le problème c’est que bien que Israël en tant que collectivité soit Tsadik, il y a une saturation des faute de l’individu qui contrebalancent le mérite d’Israël en tant que collectivité comme Tsadik.

 

C’est dans בָּעֵת הַהִוא Baét hahi que se trouve la clef de la réponse. Et il y a différentes réponses.

Qu’est ce qui est arrivé en ce temps-là qui a fait penser à Moïse qu’il pouvait intercéder pour enlever la Gzeira, le décrêt ? Garder en mémoire que dans tout les cas il ne devait pas entrer.

 

וָאֶתְחַנַּן, אֶל-יְהוָה, בָּעֵת הַהִוא, לֵאמֹר

Vaethanane El Hashem lémor

אֲדֹנָי יְהוִה

Adonaï Elohim...

Et j’ai supplié Dieu en ce temps-là pour dire

אֲדֹנָי יְהוִה

Adonai YHWH

Hashem vocalisé avec les otiot de Elohim

Je n’explique pas on est pas à ce niveau-là, il s’adresse à un des attributs très particulier de l’unité divine.

 

אַתָּה הַחִלּוֹתָ לְהַרְאוֹת אֶת-עַבְדְּךָ, אֶת-גָּדְלְךָ, וְאֶת-יָדְךָ הַחֲזָקָה--אֲשֶׁר מִי-אֵל בַּשָּׁמַיִם וּבָאָרֶץ, אֲשֶׁר-יַעֲשֶׂה כְמַעֲשֶׂיךָ וְכִגְבוּרֹתֶךָ

atah ha’hilota lehar'ot et-avdekha et-godlekha

tu as commencé à montrer à ton serviteur ta grandeur

ve'et-yadekha ha’hazakah

et ta main forte

asher mi-El bashamayim uva'arets

qui est Quel Dieu serait dans les Cieux et sur la terre

asher-ya'aseh chema'aseykha vechigvurotekha.

Qui agit comme Tu agis et selon Ta vaillance

 

L’idée même de comparer n’importe quel dieu à Dieu au niveau de la vaillance et de la puissance est une idée difficile. Donc, cela aussi s’étudie.

Mais nous avons déjà un élément de réponse c’est que dans les textes précédents, Dieu a déjà donné à Moïse l’ordre de conquérir les territoires d’en-deça du Jourdain (l’actuelle Jordanie).

Et par conséquent, le raisonnement de Moïse est le suivant : si c’est à moi Moïse que Dieu ordonne d’assurer la conquête de cette partie du pays, c’est que peut-être Il a suspendu son décrêt...

 

Mais il y a une différence de nature entre la partie du pays que Moïse devait conquérir et la partie du pays à partir du Jourdain que Josué devait conquérir et qui concernait l’interdiction au sujet de Moïse. On a ici un problème de politique contemporaine : Erets Israël est-il défini comme les 2 parties de part et d’autre du Jourdain ou une seule partie seulement ?

C’est également un sujet d’étude en soi.

 

La partie au-delà du Jourdain est facile à conquérir avec toutes les difficultés que vous connaissez. Mais la partie d’en-deça du Jourdain correspond à un niveau d’anti-Israël tel que seul Moïse pouvait le maitriser.

 

En fait c’est à la fin des temps qu’il y aura l’achèvement de la conquête d’Ertes Israël contre les dix peuples. Il y a deux niveaux. Dans les différents versets qui décrivent les peuples qui habitent le pays et qu’Israël doit conquérir, il y a trois formules différentes : 7 peuples, 10 peuples et 13 peuples.

 

Et alors les 3 peuples supplémentaires sont de l’autre côté du Jourdain  et font partie des plus terribles. Donc, c’est Moïse qui s’en charge car Josué n’était pas capable de les vaincre.

Du dedans de cet événement-là Moïse a pu raisonner : Il a commencé à dévoilé Sa gloire. Et on comprend la fin du verset : « cette chose impossible de subjuguer les 3 peuple d’élites de l’anti-Israël, Tu as pu le faire faire à travers Moi et donc donne-moi à faire le reste ! »

 

L’autre réponse nous allons l’étudié d’après le Midrash dans בָּעֵת הַהִוא Baet Hahi .

 

אֶעְבְּרָה-נָּא, וְאֶרְאֶה אֶת-הָאָרֶץ הַטּוֹבָה, אֲשֶׁר, בְּעֵבֶר הַיַּרְדֵּן:  הָהָר הַטּוֹב הַזֶּה, וְהַלְּבָנֹן

Ebrah-na ve'er'eh et-ha'arets hatovah

asher be'ever haYarden hahar hatov hazeh vehaLevanon.

Que je traverse le Jourdain et que je vois la terre bonne (depuis le Jourdain jusqu’à la mer)  

 Qu’il y a au-delà du Jourdain, cette bonne montagne et le Liban.

 

Il y a là un opinion que le Liban fait partie d’Erets Yisroël

Cette bonne montagne c’est le Har Tsion et le Libanon

Le Midrash va se servir de ce terme de Libanon pour désigner le Bet Hamiqdash sur le Har Tsion.

 

וַיִּתְעַבֵּר יְהוָה בִּי לְמַעַנְכֶם

Vayit'aber Adonay bi lema'anchem

Et Dieu s’est enflammé de colère contre moi en votre faveur

 

C’est sur ce verset וַיִּתְעַבֵּר יְהוָה בִּי לְמַעַנְכֶם  Vayit'aber Adonay bi lema'anchem que l’explication que je vous ai cité tout à l’heure est basée :

C’est en votre faveur que Dieu s’est mis en colère contre moi.

Si Moïse entre en Israël, ils sont perdus : si jamais ils déméritent et sont traitres à leur identité, ils sont détruits et non pas le Beit Hamiqdash indestructible...

 

[J’ouvre une parenthèse plus profonde, cela vient de la Qabalah et je ne donnerais pas de sources pour vous en dire l’essentiel : il y a un Midrash qui dit ceci : « Joseph qui a dit de lui qu’il était hébreu sera enterré en Israël, Moïse qui a laissé dire de lui qu’il était égyptien ne rentrera pas en Erets Israël ». Cela se relie à notre sujet. Effectivement si on lit le contexte,  lorsque Joseph arrive en Egypte tout le monde sait qu’il est « naar ha-ivri » un adolescent hébreu qui ne cache pas son identité d’hébreu. A cette époque de l’antiquité, les hébreux sont considérés comme la noblesse et l’aristocratie du monde. Lorsque Abraham, Jacob viennent devant le Pharaon celui-ci a pour eux un respect collossal. Comme dans la mythologie de culture occidentale on parlait des Atlantes : les nobles de l’antiquités : ainsi étaient les Hébreux de ce temps-là... Ayant vécu une histoire de parias on ne se rend plus compte du Pshat du texte.]

 

Dans ce Midrash Moïse n’a pas dit de lui qu’il était égyptien, mais ce sont les fille de Jéthro qui ont raconté à leur père ce que ce « ish mitsri » avait fait. En fait, il avait le type tellement égyptien qu’il a été pris pour un égyptien. Il ne dit pas qu’il l’est. (Cela nous est arrivé la première fois que nous sommes arrivé dans le pays : la 1ère fois que je suis arrivé à Ashdod et que j’ai demandé mon chemin en hébreu on m’a répondu en français. Là-bas nous étions des Juifs et ici nous sommes des Français, et puis le 14 juillet on va chez le consul etc...)

 

La réponse c’est que lorsque Dieu a dicté la Torah à Moïse et qu’il a entendu « ish mitsri » il n’a pas réagi et s’est laissé l’écrire. Il était tellement imprégné de son identité galoutique d’Egypte, civilisation au service de laquelle il était au plus haut poste possible, que tout se passe comme si on pouvait dire de lui qu’il avait les deux identités alors que Joseph est hébreu. C’est la grande différence de Joseph qui est resté hébreu chez les égyptiens et Moïse qui sof-sof apparait comme une égyptien.

 

Le Midrash ne laisse pas passer cela : il y a écrit égyptien pour Moïse et il ne rentrera pas en Israël, il y a écrit hébreu pour Joseph et il sera au moins enterré en Israël...

 

Effectivement, il faut réfléchir à cela : la vocation de diaspora occulte l’identité hébraïque. C’est là que l’identité juive telle que nous la connaissons apparait comme une espèce de déguisement de l’identité hébraïque. C’est comme une stratégie de survie chez les Goyim. Qu’est-ce qu’un juif ? C’est un hébreu des Goyim qui fait comme s’il était des Goyim.

 

 Effectivement, un hébreu est un hébreu, alors qu’un juif est toujours judéo-quelqu’un d’autre. Ce quelqu’un d’autre est toujours goy : judéo-français ou judéo-allemand...etc.

Nous étions d’abord judéo-égyptien.

 

L’identité juive est un masque de protection de l’identité hébraïque qu’elle occulte. La 1ère fois que le mot de judéens – yéhoudi -  est employé dans le sens socio-politique de « juif »,  c’est à propos de Mardochée. Le jour de Pourim on se déguise en Juif pour se rappeller qu’un Juif c’est un hébreu déguisé. Dans les temps traditionnel on se déguise en n’importe quoi. Mais le déguisement traditionnel, c’est de se déguiser en Juif. A Méa Sharim les gosses réussisent à se déguiser en ‘Hassidim. En Algérie les Juifs avaient l’habitude de se déguiser en juif tunisiens ou marocains...

 

L’identité juive est un déguisement protecteur de l’identité hébraïque Ce déguisement est destiné à disparaître. C’est pourquoi je vous dis souvent que nous sommes d’origine juive. Mes enfants et surtout mes petits-enfants sont des hébreux d’origine juive. Notre histoire et celle de la génération d’avant est pour eux de la préhistoire.

 

Il y a eu effectivement le risque que l’identité hébraïque disparut en Egypte. Il faut se débarasser de cette coquille, de cette Qlipah galoutique, pour avoir le droit d’entrer en Erets Israël. On l’apprend de Jacob. Lorsqu’il revient de son exil chez Laban, il dit à Essav  « im laban garti »

Et Rashi cite trois explications du Midrash, j’en mets une en évidence :

« Lo vayiti sar verashou elav ger » - je suis pas devenu ministre ou prince ou important mais je suis reste Guer : Garti => j’ai séjourné en tant que Guer – étranger - métèque.

 

Quand Jacob réclame Erets Israël à Esaü, il se justifie en disant : je suis resté hébreu et ne suis pas devenu libanais chez Laban, ni Français en France, ni Egyptien en Egypte... Je suis resté Guer !

 

Rashi : Mon père m’avait béni de cette fameuse bénédiction d’Essav en disant : em guevir samtikh al  lareakha – je t’ai placé comme noble sur tes frères – cela ne s’est pas réalisé en moi dit Jacob-  zé lo yikaïma bi. Enseignement du Talmud Torah: Enlevez Bi- de Guévir il reste Guer : le Bi de Guévir ne s’est pas réalisé et il est resté Guer. Cela veut dire qu’il n’y a que le Juif qui se reconnait comme étranger des Goyim qui a le droit à Erets Israël. Vous voyez ce qu’il y a derrière ce Midrash.

 

Ce qu’il y a d’important c’est de lire אֶעְבְּרָה-נָּא, וְאֶרְאֶה  Erberah-na ve'er'eh

Pshat cela veut dire : « Laisse moi, S’il Te plait, traverser (le Jourdain) »

Mais dans l’hébreu de la Qabalah cela veut dire « que je me fasse hébreu et qu’au moins je vois le pays ».

אֶעְבְּרָה-נָּא  Erberha-na = Que je devienne Ivri

 

Le verset 26 est encore plus fort :

Vayit'aber Adonay bi lema'ankhem

Vayitaber (c’est la même racine) Hashem Bi en moi pour...

 

Midrash

וָאֶתְחַנַּן, אֶל-יְהוָה, בָּעֵת הַהִוא, לֵאמֹר

Vaet’hanan el-Adonay ba'et hahi lemor.

Et j’ai supplié devant Dieu

 

C’est ce que le verset dit : (Versets de Mishlei Proverbes) « Lorsque le pauvre parle, il parle avec des supplications, alors que le riche parle durement (âzot paroles dures  - azout grossiereté vulgaire de la dureté dans le langage - azot paroles dures) Rabi Na’hman Bar a enseigné à propos de ce verset de Mishlei : « La première partie du verset : « Lorsque le pauvre parle, il parle avec des supplications », cela c’est Moïse qui s’adresse à son Créateur avec des paroles de supplications.»

« Et le riche répond par des paroles dures » : « celui qui est le riche du monde, c’est le Saint Béni Soit-Il, lui a répondu Azot durement ». « D’après un verset de Dévarim : « n’ajoute pas de me parler de cela »

 

En paraphrasant :

« Moïse arrête de prier parce que si Je suis obligé d’accepter ta prière ce sera grave alors ne prie plus ! » Moïse a fait une prière pour son sort personnel, et Dieu lui répond durement pour sauver Israël. J’approche un peu de la réponse que l’on cherche.

 

[Cela me rappelle une histoire :

Rabbi Sousya priait pour les malades. Une femme lui demanda de prier pour la guérision de son enfant. Sa prière ne marcha pas. A la fin Dieu lui dit d’arrêter de prier parce qu’il ne veut pas guérir cet enfant. Rabbi Sousiah insiste. Dieu accepte mais sous condition de lui retirer sa part de paradis. Alors Rabbi Sousiah déclare : « jusqu’à présent je te servais dans l’espoir du Olam Haba, maintenant mon service est Lishma authentique ». En général on s’arrête-là dans l’histoire pour évoquer le service Lishmah. Mais la suite dit : Dieu a ajouté :  « puisque c’est ainsi Je te rends ta part de paradis, mais je ne guéris pas l’enfant... » 

Dieu a ses raisons et il sait pourquoi, pas les hommes. On ne peut savoir ce qui arrive qu’à la fin des séries et des causes et des effets jusqu’à la fin du monde. Cela peut nous apparaitre incompréhensible et injuste car on ne voit pas ce qu’il y a derrière.]

 

Pourquoi Dieu dit-il dûrement à Moïse : « Arrêtes de prier ! » ? Le verset a dit « Lémaankhem ». Mais à ce moment-là on a progressé dans l’étude. Moïse prie maintenant pour lui et non plus pour Israël.

 

« Autre enseignement. Rabi Yo’hanan enseigne : le pauvre parle en supplication, c’est la manière des prophètes d’Israël.»

 

Il s’agit de la prière qui ne fait pas allusion aux mérites éventuels. Cela n’est pas basé sur un droit à obtenir ce qu’on demande comme dans la Tefilah - Léhitpalel. Les prophètes d’Israël prient comme cela.

 

Alors que le riche formule ses paroles de manière dure, ce sont les prophètes des nations.

Enseignement de Rabi Yo’hanan (qui vient compléter ce que l’on vient d’entendre): « Tu n’as pas de Tsadik aussi grand chez les nations (ici la thèse qui retient l’identification de Job comme juste souffrant chez les nations et non pas d’Israël.) Et lorsqu’il s’adresse à Dieu c’est par To’harot c’est par réprimandes, disputes, discussions, admonestation to’harah.

D’après un verset de Job (voilà comment Job demande à Dieu) : « Je disposerai devant lui un jugement, je le fais passer en jugement, et ma bouche se remplira de réprimandes.»

 

Ici c’est Job qui parle à Dieu. Le problème n’est pas si simple, il y a une manière de s’adresser à Dieu dans la prière d’Israël qui n’est pas la manière de s’adresser à Dieu des païens.

Il ne faut pas comparer les prières chrétiennes beaucoup inspirées des Psaumes en particulier. Les païens réclament, alors que les Prophètes prient et demandent. A la limite, c’est la différence entre la conduite magique et la conduite religieuse.

 

Dans la conduite religieuse on demande et Dieu est libre d’accepter ou pas. Alors que dans la pratique païenne, la conduite magique, on commande aux forces surnaturelles faites prisonnières et contraintes à obéir. La formule du rituel magique c’est « Abracadabra » qui vient d’une formule araméenne : abra kadabra : « que cela se passe comme je le dis »

 

Une exception dans un verset : Psaume 81 verset 5

כִּי חֹק לְיִשְׂרָאֵל הוּא

מִשְׁפָּט, לֵאלֹהֵי יַעֲקֹב

Ki ‘hok leIsraël hou, mishpat Elohei haYaqov


Le Pshat c’est « La loi appartient à Israël, le jugement appartient au Dieu de Jacob. »

Une autre lecture dit :  Ki ‘hok leIsraël hou, mishpat Elohei haYaqov – lorsque la loi est pour Israël, le jugement c’est pour le Dieu de Jacob : Si Israël est dans son bon droit, alors il fait passer le Dieu de Jacob en jugement. Cela frôle le blasphème de l’Apikoros.

 

Comme dans le Kadish du Rav Lévi de Berditchev qui assigne Dieu en jugement.

Il y a des passages dans les Prophètes où Dieu dit à Israël : « vous avez un problème contre Moi, alors on juge, interpellez-Moi ! » Après la Shoah de grands Rabanim ont dit un Kadish...

 

Le 1er enseignement de Rabi Yo’hanan : les prophètes des Nations parlent en To’ha’hot alors que les prophètes d’Israël parlent en Ta’hanounim (supplications). D’où l’apprend-on ? de Job ! On apprend en passant que c’est ici la thèse de Job comme juste souffrant des nations qui est retenue.

 

« Il n’y a pas plus grands chez les Prophétes que Moïse et Isaïe, et chez les deux on voit que le style de prière est la prière de supplications (qui ne base pas sur le mérite donnant des droits). Isaïe a dit : « Dieu exauce-nous en grâce, nous espérons en Toi », et Moïse a dit (dans notre texte) : « Et j’ai supplié Dieu » (ce n’est pas Léhitpalel-provoquer un jugement pour savoir si j’y ai droit)

Autre enseignement : cette expression Vaét’hanane à quoi elle ressemble ? A une matrone qui a eu un fils. Tant que son fils est vivant, elle entrait au palais en force. Son fils étant mort, elle entre chez le Roi avec supplications ». Ainsi, tout le temps où Israël était vivant, dans le désert - kayam bamidbar – alors Moïse intercédait devant Dieu avec force.

Par exemple, (dans Shémot après la faute du veau d’or) « pourquoi Mon Dieu Ta colère s’enflammerait-elle contre Ton peuple ? »

 

Je voulais expliquer ce verset mais on a plus le temps.

 

Et Moïse dans cette génération du désert dont il était responsable qui est là, a la force de réclamer : « Pardonne donc à ce peuple. » C’est presqu’un ordre et effectivement Deu va répondre : « J’ai pardonné comme tu m’as demandé ». Israël dont il est responsable étant présent, la parole de Moïse était forte.

 

Dès que Israël est mort, cette génération d’Israël morte dans le désert, Moïse a demandé à entrer en Israël en supplications.

 

Le Midrash est très clair. Notre réponse est juste après :

 

« En ce temps-là en disant, à l’époque où Josué a été désigné comme successeur de Moïse »

 

Le raisonnement de Moïse est le suivant : « maintenant c’est Josué qui va entrer en Israël et pas moi à la tête d’israël, donc je veux entrer comme personne privé, et par conséquent la clause du danger pour Israël que Moïse chef d’Israël entre en Israël tombe. C’est maintenant Josué...

 

***

 

Etymologie de Léhitpalel

 

C’est le pronominal du verbe Palol. Et le mot Palol en hébreu cela veut dire juger punir. Pénal.

Léhitpalel cela veut dire se juger soi-même : provoquer le jugement de soi par soi. C’est une conduite de prière bien précise. Je demande en prenant l’initiative de demander à Dieu de me juger pour savoir si j’ai droit. C’est pourquoi la prière comme Téfilah est périlleuse, car dès que je suis jugé je suis jugé pour le bien comme pour le mal.

C’est pourquoi les Rabanim enseigne qu’il faut toujours prier en Miniane. Car le Miniane est Tsadik. Et on est à l’abri du Klal Israël dans le Miniane.

 

Ceci dit on a bien entendu le droit de prier quand on est seul, on en a aussi le devoir, mais à ce moment-là il faut savoir qu’une des Mishnayot des Pirqey Avot dit : « Ne fais pas de ta prière quelque chose de fixe, mais prie en supplication ».

La prière d’une Téfilah n’est pas dangeureuse elle est autorisée et permise dans le Miniane.

Les femmes n’ont pas besoin du Miniane pour prier : une femme est à elle toute seule un miniane.

On l’étudiera un jour. Ce n’est pas le cas pour les hommes.

 

Il y a un indice : juste avant le Shemoneh Esreh, on fait 3 pas en arrière et puis 3 pas en avant : on sort de son Reshout haya’hid son aire individuelle pour entrer dans le Reshout harabim l’aire collective. Et à la fin de la prière on sort de l’aire collective et on entre dans l’aire individuelle. C’est signalé par ces trois pas.

 

Dans les anciens rites séfardim, en particulier le rite judéo-espagnol, une habitude que les ‘Hassidim ont gardé, avant Shemoneh Esreh on se tourne vers les membres du Miniane en se saluant, et on doit penser « Véahavtah léréakha kamokha » à ce moment-là : on fait le Klal Israël et c’est sérieux. Il y a une Halakhah à ce sujet : il est interdit de prier dans un Miniane où on croit que l’on a un ennemi. Sinon, il y a une hypocrisie totale : prier ensemble dans un Klal du lieu de la haine.

 

Fin

 

******

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4 août 2009 2 04 /08 /août /2009 10:44

  Parashat VAET'HANANE 1994

Par le Rav Yéhouda Léon Askénazi (Manitou) זצ"ל.


Rédigé et mis en forme à partir d'un enregistrement:
Commentaire Va'et'hanan (1994) 1ère. partie (qualité sonore bonne).

Le rite du Qriat Shéma.

C’est un sujet beaucoup étudié, vous avez en tête certainement énormément de thèmes concernant ces versets.

 

Vaét’hanane Chapitre 6 verset 4 :

שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל:  יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד

 

שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל 
Shéma Israël

Shéma ici est une exortation, cela veut dire beaucoup plus « Prend garde ! » que simplement « écoute ! ». C’est le sens du mot « Shma » en hébreu moderne.

 

יְהוָה אֱלֹהֵינוּ 
Adonaï Eloheinou

Hashem qui est notre Dieu

 

Il faut éviter systématiquement d’employer le mot de « Dieu » pour traduire tous les termes dont la Torah se sert pour exprimer toutes les différentes médiations, les différents attributs par lesquels le Créateur se révèle. Parce que le mot de Dieu est un mot dérivé d’une langue païenne et cela a des connotations difficiles. Le mot de « Dieu » vient du latin « Deus » qui vient lui-même du mot grec Theos et il y a une indexation à la notion de Zeus...

Comme nous parlons français nous nous servons de ce terme pour parler de la fonction de divinité de celui qui a créé le monde. Toutes les expressions juives sont des expressions par périphrases : « Celui qui... »

 

Il y a une expérience de la sensibilité juive traditionnelle qui nous vient des Hébreux, où c’est absolument indécent de prononcer ce mot-là. Surtout en hébreu. Avec le nom Elohim.

 

Elohim :

Cela a plus le sens d’adjectif ; de celui dont l’attribut de divinité est désigné par ce terme Elohim dans la Torah qui désigne l’attribut de rigueur. La notion à laquelle ce nom Elohim renvoie c’est celle de la notion de jugement strict. C’est la notion de loi déterminée qui renvoie le mieux compte de cette notion de la toute puissance à travers les lois de la nature immuables et impitoyable.

Ce mot de Elohim renvoie à la notion de divinité mais dans le sens strict de celui qui a créé le monde et qui le gère à travers les lois de la nature. Toute autre conception est païenne.

 

Rejeter la notion à laquelle on fait allusion en disant « Celui qui » en dehors du monde qu’il a créé, c’est une mentalité occidentale qui est elle-même dérivée de la mentalité gréco-romaine et qui a pris forme avec la théologie chrétienne.

 

Cette sensibilité religieuse là néglige l’essentiel : le mode dans lequel nous vivons et qui est géré d’après les lois de la nature, c’est le Créateur qui l’a créé. Par conséquent les lois de la nature expriment sa volonté en tant que Créateur. C’est ce qui nous éloigne de la sensibilite religieuse chrétienne ou de type chrétienne, même en milieu juif.

 

Surtout ceux qui écrivent en français par cette habitude de fausse piété d’écrire « D.ieu » avec un point, aboutissent au contraire de ce qu’ils voudraient faire. Cela signifie qu’on respecte un dieu païen. Cela signifie que l’on pense dans une ferveur spirituelle à travers des catégories païennes.

 

En hébreu se sont toujours des périphrases qui font appel à Lui :

Hashem itbarakh « le nom de celui dont on parle qu’il soit bénit »

Shmo hou debarakh
Haqadosh baroukh hou…

 

On garde la notion de Créateur qui se manifeste à travers différentes médiations et différents attributs : nous avons 10 termes différents dans le langage biblique pour dire comment Celui qui est le Créateur se manifeste.

 

Le mot « Dieu » traduit habituellement le nom Elohim et désigne Dieu en tant que Créateur (Béréshit Bara Elohim...)

 

Chaque fois que l’on rencontre le nom Elohim en hébreu il s’agit du Créateur à travers la Midat Ha-Din. La règle de 1ère occurrence doit nous faire penser à la notion de Créateur, à travers la Midat Hadin.

6:4

שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל:  יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד 
Shma Israël Adonaï Eloheinou Adonaï E’had
Prend garde Israël, Hashem qui est notre Dieu est un Dieu Un

 

Nous allons étudier le texte du Midrash qui est dans le Sifré sur ce verset.

 

2ème verset :

וְאָהַבְתָּ, אֵת יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, בְּכָל-לְבָבְךָ וּבְכָל-נַפְשְׁךָ, וּבְכָל-מְאֹדֶךָ
Vehavta et Hashem Elohekha
Et tu aimeras Hashem ton Dieu

 

Question : la personne a changé. D’abord Hashem Eloheinou dans le 1er verset, et dans le 2ème verset c’est Hashem Elohekha ?

 

C’est un problème en soi : on peut passer deux heures pour comprendre pourquoi la Torah a changé de personne dans cette invocation, dans cette exhortation.

 

Mais la question qui va se poser tout de suite en filigrane : peut-on commander l’amour ?

Et même dans le verset « tu aimeras ton prochain comme toi-même » « Vehavtah lereakha kamokha », peut-on commander l’amour ?

 

L’amour n’est authentique dans son essence même que dans la mesure où il est autonome, comme disent les philosophes. C’est un mouvement qui vient d’une spontanéité.

Peut-on avoir un commandement d’avoir à aimer ?

 

Réponse :

L’amour est une donnée de la vérité humaine et la Torah légifère sur le comment de l’amour. Non pas le fait d’aimer mais comment aimer. Ce que nous allons voir tout de suite dans le verset :

Si tu es vivant, tu aimes. Puisque tu aimes, et si tu aimes, « tu aimeras Hashem Elohekha ton Dieu behakhol levavekha... de tout ton cœur.

 

Ici cette fonction du cœur est une fonction de connaissance qui s’exprime par la parole.

Je ne parle pas du cœur des inclinations du type romantisme dilué à l’eau de rose, cette espèce de sensibilité peu sérieuse lorsque l’on parle de la relation à Dieu, mais le cœur c’est ce qui nous permet de connaitre profondément : connaître par le cœur. Lev.

Ce qu’il y a de plus profond dans l’identité humaine profonde.

La connaissance par le coeur ce n’est pas l’inclination du cœur des romantiques.

De la même manière en parallèle qu’il y a une différence entre la volonté, vouloir,  et la velléité. C’est un peu pareil, je voudrais bien... cela n’a rien à voir avec la volonté.

De la même manière cette sensibilité cordiale des romantiques n’est pas vraiment la connaissance du cœur.

 

בְּכָל-לְבָבְךָ

behakhol levavekha...

de tout ton coeur

 

Ici le mot de Levav avec deux Beith alors que nous connaissons le mot de coeur avec un seul Lev ?

Il y a là aussi toute une étude là-dessus.

 

 וּבְכָל-נַפְשְׁךָ
Bekhol nafshekha

De toute ton âme.

 

C’est un des erreurs les plus graves des traducteurs qui ne trouvent pas d’équivalence entre les termes hébreux et les termes français dont on se sert pour exprimer les fonctions de la vie intérieure, car les termes français dérivent du grec et des catégories grecques. Nefesh serait plus proche du terme grec Psyché qui a donné tout le monde du psychisme. La traduction la plus exacte c’est celle de « personne » Ce qui en moi est une personne, ce qui fait de moi un sujet. La traduction de Nefesh par « âme » est complétement fausse : le mot de âme traduit le mot de Neshamah.

 

Il faudrait faire une analyse de l’anthropologie, l’identité humaine  pour les catégories de la Torah c’est le résultat d’une synthèse entre l’âme et le corps. Cette synthèse entre l’âme et le corps fait apparaitre une personne, c’est le Nefesh.

 

Pendant tout le temps de la vie terrestre, biologique, la synthèse entre les deux fait que le corps n’est pas un cadavre et que l’âme n’est pas désincarnée, (c’est une âme incarnée dans le corps) et une personne apparait. Au moment de la mort, l’âme et le corps se sépare mais le Nefesh  qui a existé à travers l’histoire individuelle perdure. Il n’est pas perdu, il dure. Il y a aussi le terme de Roua’h que l’on traduit par l’esprit.

En français, il faudrait réserver le mot de « âme » pour traduire Neshamah, et le mot de Nefesh pour traduire la personne.

 

En fait, le niveau de la Neshamah qui nous fait agir en tant que personne, donc douée de responsabilité, s’appelle Nefesh.

 

La Neshamah a 5 niveaux : Nefesh, Roua’h, Neshamah, ‘Hayah et Ye’hidah.

 

Le niveau de Nefesh c’est le fait que le corps est animé par une Neshamah et je deviens une personne. C’est au niveau du comportement des actes. Un verset que vous retiendrez pour bien recoder cette notion de Nefesh : la personne c’est : (Vayikra 5;17) « וְאִם-נֶפֶשׁ, כִּי תֶחֱטָא Nefesh kite’heta » « Lorsqu’une personne (Nefesh) aura péché », et non pas lorsqu’une âme aura péché puisque les âmes ne pèchent pas : l’âme que Dieu nous a donné est pur et reste pure. Quand la personne pèche, l’âme s’éloigne mais n’est pas atteinte par la faute.

 

Lorsque l’on fait Teshouvah, l’âme revient. L’âme ici n’est pas le souffle vital. Vous voyez pourquoi on est trompé parce qu’en français le même mot qui vient des termes latins Anima (le souffle vitale - ce qui anime) Animus (l’esprit). 

 

Ce mot de Nefesh est lié à la personne en tant que capacité d’actions et de comportements.

 

Ce mot de Nefesh a énormément de sens dans le vocabulaire de la Torah.

Le mot Nefesh désigne une personne.

Lorsque cette personne est décédée le mot Nefesh désigne son cadavre

Ensuite le mot Nefesh désigne la tombe du cadavre.

Ensuite le mot Nefesh désigne la pierre tombale où il y avait la place qu’occupait quelqu’un qui n’est plus là...

 

Nefesh désigne en général la personne douée de capacité de parole.

Chez l’animal cette parole n’est pas réalisée. Il n’y a que chez l’homme que cela s’est réalisé.

On se pose la question de savoir pourquoi l’ânesse de Bilaam parle. Le rav Kouk nous enseignait: la vraie question est de savoir pourquoi les autres animaux ne parlent pas!  Il y a un langage chez tous les être vivants. Par exemple, les abeilles dansent ; certains insectes communiquent par les odeurs, les substances chimiques. Il y a des langages. Cela communique par signes, mais la parole ne s’exprime pas dans les niveaux de l’être vivant sinon dans le niveau de l’humain.

 

C’est pourquoi les êtres vivants, hormis les végétaux, sont nommés ‘Haï être vivant.

Tout être vivant devrait être doué de parole. Il n’y a que l’homme qui est appelé ‘Hay Hamedaber le vivant doué de parole. C’est pourquoi le mot de Nefesh se trouve pour l’animal et pour l’homme.

Mais chez l’homme on l’appelle Nefesh ‘Hayah. Le Nefesh est le plus vivant chez l’homme et cela s’exprime par la capacité de parole.

 

וּבְכָל-מְאֹדֶךָ
Oubekhol meodekha
Et de tout ton pouvoir

 

Meod signifie «beaucoup» - «plus».

La notion de pouvoir ici est la capacité de faire plus. Pas simplement la capacité d’agir que nous avons déjà dans Nefesh, mais la capacité du Meod.

Tov Meod c’est plus que Tov.  

 

Voilà donc le « comment » et voilà décrit ces trois fonctions.

 

6:6

וְהָיוּ הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה, אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוְּךָ הַיּוֹם--עַל-לְבָבֶךָ
Vehayou hadevarim ha'eleh
asher Anokhi metsavekha hayom al levavekha

Et seront ces paroles-là que Moi Je te prescris aujourd’hui

 

הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה

hadevarim ha'eleh ces paroles : Talmud : Cela se réfère aux 2 versets précédents que Dieu est un et qu’il faut l’aimer de tout son cœur et de tout son Méod... etc.

2ème lecture :

Ces paroles : Cela se réfère à tout le livre de Dévarim : tout le Deutéronome qui commence par « Eleh Hadevarim » : « Et voici les paroles »  que Moïse a dites... Il les a dites en un jour, c’est la récapitulation de la Torah à la fin des 40 ans du désert, formulées en un seul jour et les a expliqué pendant un mois à la génération des enfants de ceux qui étaient sortis d’Egypte.

 

וְהָיוּ הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה
Vehayou hadevarim ha'eleh


Cela peut être, au-delà de ces 2 versets pour lesquels la Halakhah demande la Kavanah de lecture, la ferveur de lecture absolue, dans la récitation du Shéma, la Halakhah est que la Kavanah doit porter sur les deux premiers versets. En principe, elle devrait porter sur tout le Qriat Shéma et ensuite on a réduit au 1er paragraphe et ensuite on a réduit aux deux premiers versets et à partir de cette Halakhah des 2 premiers versets on a encore réduit au 1er verset seulement. Pourquoi ? Parce qu’avec le déroulement des générations on est de moins en moins capable de cette envergure et de la ferveur qu’avaient les anciens. Ce n’est pas une question de tolérance : La Halakhah a fait le diagnostic du niveau auquel on se trouve.

La ferveur, la Kavanah, (penser à ce qu’on dit et savoir à qui on le dit et devant qui on se tient...et ne pas penser à autre chose, ce qui n’est pas si simple) est très difficile quand on est en dialogue de prière avec le Dieu caché. Si le Roi était présent et dévoilé on aurait pas la possibilité de penser à autre chose. Mais en dialogue avec le Dieu caché, la Kavanah est très difficile. C’est pourquoi certains se balancent pendant la prière (c’est une tolérance des Rabbins) parce que cela aide à la concentration et pour ne pas penser à autre chose.

Cette Kavanah-là on la demande uniquement pour le 1er verset.

 

Je le répète, ce n’est pas une question de tolérance : la Halakhah est donnée pour tous et non pas pour les plus exigeants. Si c’était le cas, toute une partie du peuple juif serait en dehors de la Torah a priori, par définition. Et c’est ce qu’on appelle la minout, l’hérésie.

Il y a une Mishnah dans Massekhet Meguilah qui dit : « celui qui dit dans sa prière : « que les bons te louent », c’est cela l’hérésie». Et les méchants ne feraient pas partie d’Israël ? Israël même en faute reste Israël. Par conséquent, celui qui dirait : « que les justes te louent » c’est déjà l’hérésie de style albigeois. Ils s’appelaient « les parfaits »...

 

Finalement la Kavanah de savoir vraiment ce que l’on dit en disant ce que l’on dit, on ne la demande que sur le mot de E’haD  dans le 1er verset.

 

J’ouvre une parenthèse pour vous l’enseigner :

C’est dans la Guemara, la Kavanah doit être de reconnaitre que Dieu est UN (Alef), au niveau des 7 cieux et de la terre (‘Heth), et dans les 4 dimensions de l’espace (Dalet)

Vous avez remarqué que les gens qui prient forment le mot de Shadaï avec la main, Shin Dalet Youd, ils se cachent les yeux..., et on pense qu’il est UN : Alef, ‘Heith (7+1) et Daleth (4 directions de l’espace)... Cette Kavanah là on la réclame à tout le monde car c’est la plus simple et c’est codifié dans la Guemarah.

 

Une clause de la Guémara que je vous indique en passant, vous verrez à quel point c’est sérieux : il faut allonger dans la prononciation du Dalet et qu’il ne faut pas trop être furtif dans la prononciation du ‘Heith.

Le ‘Heith est Sa relation de Souveraineté dans l’immanence du monde et le Dalet dans la transcendance du monde. Il faut accentuer sur la transcendance et ne pas trop négliger l’immanence.

 

C’est très important car c’est cette intention-là de l’unité entre la transcendance et l’immanence qui nous différencie des musulmans et des chrétiens. Les Musulmans mettent l’accent sur la transcendance et que ça, les Chrétiens mettent l’accent sur l’immanence et oublient la transcendance.

 

Si je mets l’accent sur la trancendance c’est HaQadosh

Si je mets l’accent sur l’immanence c’est Baroukh Hou

Vous voyez l’ordre : HaQadosh Baroukh Hou.

La relation c’est Dieu comme transcendant qui est lui-même immanent. Mais la relation de religiosité chez les Chrétiens c’est l’immanence pure, et la relation de religiosité chez les Musulmans c’est la transcendance pure. Ce sont 2 voies vers l’hérésie concernant le monothéisme.

 

***

 

וְהָיוּ הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה
Vehayou hadevarim ha'eleh

Cela peut être ces deux versets qui ont précédé, à savoir l’invocation de l’unité de Dieu et le commandement d’amour, et cela correspond d’ailleurs aux 2 premiers commandements des 10 commandements. D’autre  part, c’est tout le livre de Devarim, et à travers lui, toutes les paroles de la Torah.

 

וְהָיוּ הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה, אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוְּךָ הַיּוֹם--עַל-לְבָבֶךָ

Vehayou hadevarim ha'ele asher Anokhi metsavekha hayom al levavekha  

וְשִׁנַּנְתָּם לְבָנֶיךָ, וְדִבַּרְתָּ בָּם, בְּשִׁבְתְּךָ בְּבֵיתֶךָ וּבְלֶכְתְּךָ בַדֶּרֶךְ
Veshinantam levanekha

Tu les enseigneras par répétition à tes enfants

Veshanen, en français tu les inculqueras

Veshinantam levanekha, vedibarta bam,
beshivtekha beveithekha

ouv'lekhtekha baderekh...

Et tu parleras d’elles

Lorsque tu es résidant dans ta maison lorsque tu vas sur le chemin

 

Le monde est la demeure de l’homme, mais c’est deux situations radicalement d’être chez soi ou en chemin. Le chemin est entre deux demeures et donc c’est une expérience très différente.

Que tu sois chez toi ou que tu sois en chemin, on change de situation. Dans le sens absolu du sens de situation. C’est étudié dans la Guémarah du Qriat Shéma : Chaque fois que l’on change d’expérience, il faut affirmer qu’en dépit de cette dualité des changements de mondes (dans la vie on passe sans arrêt d’un monde à l’autre) Dieu est un ! Cela s’oppose au dualisme des croyances païennes. En particulier, tous les contextes liturgiques du Qriat Shéma ont été formulé en interpellation face au zoroastrisme. Au temps du 2nd temple la religion dominante chez les païens était la religion de Zoroastre. Religion suivant laquelle il y a deux absolus, le Dieu du bien et le Dieu du mal qui se font la guerre, et c’est l’histoire du monde.  Oroman & Ahriman.

Les Zoroastriens savent quand même qu’au-delà de cette dualité, il y a une unité profonde.

Même les extrêmes- orientaux foctionnent au niveau de la dualité mais ils ont tout de même des symbole qui montrent l’unité : ying-yang. Dans le yang le point du yin et dans le yin le point du yang. Quoiqu’il en soit c’est formulé contre le Zoroastrisme. Pendant le 1er siècle de la chrétienté, la grande lutte était l’influence entre les zoroastriens et les chrétiens dans l’église même.

Et finalement ce sont les chrétiens qui ont triomphés dans l’église même. Il y a des traces de cela encore dans le christianisme, ne serait-ce que la dualité dieu-satan qui dans le christianisme est une vraie dualité alors que c’est différent dans le judaïsme.  

 

Au delà de la situation individuelle, « dans ta maison et en chemin », il y a la situation historique du peuple d’Israël, quand on est chez soi, on est Israël, quand on est en chemin on est dans la Golah, dans tout les cas : Hashem E’had !

 

וּבְשָׁכְבְּךָ וּבְקוּמֶךָ

 ou'bshokh'bekha ouv'koumekha

quand tu te couches et quand tu te lèves

 

On approndira cela avec la Guémara.

 

וּקְשַׁרְתָּם לְאוֹת, עַל-יָדֶךָ; וְהָיוּ לְטֹטָפֹת, בֵּין עֵינֶיךָ

Oukshartam le'ot al yadekha,
vehayou letotafot bein einekha

 tu les attacheras en signe sur ta main (il s’agit de la main gauche celle qui est prés du coeur)

et ils seront en pourtour entre tes yeux

 

Et là le verset institue les Tefilin, c’est-à-dire la souveraineté du Dieu Un sur ma capacité d’action - le bras - et sur ma volonté - entre les yeux.

 

וּכְתַבְתָּם עַל-מְזֻזוֹת בֵּיתֶךָ, וּבִשְׁעָרֶיךָ
Oukhtavtam al mezouzot beithekha ouvisharekha


Et tu les inscriras sur les poteaux de ta maison et de tes portes.

ouvisharekha de tes portes - ce sont les tribunaux qui étaient aux portes de la ville - ta maison individuelle et ta maison qui est ta ville.

 

***

 

On récapitule : 6 versets.       

En réalité il y a 5 niveaux les 2 derniers versets font partie du même niveau.


C’est la souveraineté et l’unité de Dieu sur la vie individuelle (Oukshartam le'ot al yadekha, vehayou letotafot bein einekha - tu les attacheras sur ton bras et sur tes yeux) et sur la vie des autres (Oukhtavtam al mezouzot beithekha ouvisharekha et tu les écriras dans ta maison et dans ta ville) Deux niveaux.

 

En fait vous allez tout de suite voir pourquoi je vais commencer par un 1er schéma qui va vous donner la structure du Qriat Shéma.

 
Qriat Shéma :

Ce rite du Qriat Shéma est un rite de témoignage, une profession de foi de témoignage : cela veut dire je professe en quoi je crois. Je porte le témoignage que ceci est ma foi.

 

La personne humaine c’est le Nefesh.

Le 1er verset indique dans l’intention de lecture dans la profession de foi, que je reçois la souveraineté du Dieu Un, l’unité des valeurs, comme souveraine sur ma personne.

 

Ensuite, dans la structure antropologique des fonctions de la personne humaine dans la tradition juive, nous avons d’abord une première fonction qui est la volonté – Ratson. C’est ma volonté qui relie ma personne individuelle au monde extérieur. Il y a moi distinct du monde extérieur. Où passe la limite entre le monde extérieur et moi ? C’est un problème! Est-ce la périphérie de ma peau ou est-ce la périphérie intérieure de mon tube digestif ? Est-ce que mon corps fait partie du monde extérieur dans la fonction de relation avec cet extérieur ? ou fait-il partie de moi ?

Est-ce que moi, même lorsque je me déplace, est-ce que ne se déplace pas avec moi tout mon avoir ? Si j’ai un jardin, c’est moi, si on y touche on me touche... Quel est la limite du monde extérieur ?  A la limite c’est le monde tout entier qui est moi.

Par manque de temps : On admet le problème résolu.

Il y a moi, c’est mon Nefesh et il y a le monde extérieur. Je suis en relation avec le monde extérieur par une fonction que l’on appelle en hébreu Ratson et que l’on traduit par la volonté.

 

Mais en réalité il y a trois fonction de relation avec le monde extérieur qui sont en concurrence.

Ce qui relie le Nefesh avec le monde extérieur en traversant par la médiation de la volonté :

 

-          La Maharshavah - la pensée. Tout le monde des intentions. Je veux quelque chose et je l’exprime par la pensée.

-          Le Dibour – la parole. Dans la catégorisation hébraïque le problème de savoir ce qui vient avant de la pensée ou de la parole est un faux problème car ce sont 2 fonctions qui ont des liens entre elles mais qui sont 2 fonctions originelles à partir de l’âme. Savoir ce qui vient avant de la pensée ou de la parole, savoir si je pense parce que je parle ou si je parle parce que je pense, ou savoir si je dis ce que je pense ou si je pense ce que je dis... c’est comme le problème de la poule et l’oeuf...

-          Le Maasseh - le comportement.

 

Nous avons au 1er niveau Nefesh, 2ème niveau Ratson, 3ème niveau Maharshavah, 4ème niveau Dibour, 5ème niveau Maasseh. Et le niveau du Maasseh est divisé en 2 : Maasseh à l’échelle individuelle et Maasseh à l’échelle collective.

 

Premier verset :

Shémâ, Israël, Adonay Elohenou, Adonaï Ehad'

Dans l’invocation de la Kavanah de lecture, je reçois la souveraineté de l’unité des valeurs du Dieu Un sur ma personne.

 

וְאָהַבְתָּ, אֵת יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, בְּכָל-לְבָבְךָ וּבְכָל-נַפְשְׁךָ, וּבְכָל-מְאֹדֶךָ

Veahavta et Adonaï Elohekha, bekhol levavekha, ou bekhol nafshekha, ou bekhol meodekha

Je reçois cette souveraineté sur ma volonté

 

On retrouve notre question : peut-on commander l’amour ?

C’est la souveraineté du Dieu Un sur la volonté et la volonté est autonome et spontanée. Je veux. Et qu’est-ce que l’amour ? C’est un mouvement de la volonté. Alors l’unité des valeurs m’informe et donne une forme à ce comportement de l’amour. C’est au niveau de la volonté.

Et tout de suite il y a les trois articulations :

-          Békhol lévavékha : niveau de la Maharshavah

-          Ou Békhol nafshekha : niveau du Dibour

-          Ou Békhol méodekha : niveau du Maasseh

 

Dans le 2ème verset déjà qui indique le comment de la Ahavah, c’est-à-dire la réception de l’unité des valeurs comme Souverain sur ma volonté, il y a les 3 niveaux d’expression de la personne Békhol levavekha au niveau de la Maharshavah,

 Ou-Békhol Nafshekha au niveau du Dibour,

Ou Békhol méodékha au niveau du Maasseh.

 

Ensuite, après le Ratson, on retrouve ces 3 niveaux dans les versets suivants :

 

וְהָיוּ הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה, אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוְּךָ הַיּוֹם--עַל-לְבָבֶךָ

Vehayou hadevarim ha'ele acher Anokhi metsavekha hayom al levavekha

Et ces paroles que Je te prescris aujourd’hui seront sur ton coeur


C’est au niveau de la Maharshavah.

 

וְשִׁנַּנְתָּם לְבָנֶיךָ, וְדִבַּרְתָּ בָּם, בְּשִׁבְתְּךָ בְּבֵיתֶךָ וּבְלֶכְתְּךָ בַדֶּרֶךְ, וּבְשָׁכְבְּךָ וּבְקוּמֶךָ

Veshinantam levanekha, vedibarta bam, beshivtekha beveithekha ouv'lekhtekha baderekh, ou'bshokh'bekha ouv'koumekha.
 

C’est au niveau du Dibour

 

וּקְשַׁרְתָּם לְאוֹת, עַל-יָדֶךָ; וְהָיוּ לְטֹטָפֹת, בֵּין עֵינֶיךָ

וּכְתַבְתָּם עַל-מְזֻזוֹת בֵּיתֶךָ, וּבִשְׁעָרֶיךָ.

Oukshartam le'ot al yadekha,
vehayou letotafot bein einekha

Oukhtavtam al mezouzot beithekha ouvicharekha


C’est au niveau du Maasséh.

 

Voilà la structure du Qriat Shéma

Il y a toute une logique de la structure du texte qui rend précisément compte de l’objet de ce texte comme rite de récitation.

 

1er Verset => שׁמַע, יִשׂרָאֵל: יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד

shémA Israël Adonay Elohenou, Adonaï e’haD

 

Le Ayin en grosse lettre et le Dalet final en grosse lettre font apparaitre le mot ED qui veut dire témoin. Un rite de témoignage, une profession de foi. C’est la foi d’Israël : je crois que Dieu est Un. C’est différent de « unique ». Cela implique qu’Il est « unique » mais dire qu’Il est « un » cela veut dire l’unité des valeurs. Si je ne reconnais qu’une des valeurs, elle reste vraie, mais comme elle est isolée de l’unité des valeurs cela devient une hérésie.

 

Dans la formule chrétienne, dire que Dieu est amour, et que ça, c’est une hérésie. En privilégiant une valeur au détriment des autres, je fais exister une idole, une idole adorable, mais une idole quand même.

 

D’où l’exortation à Israël :

« Prends garde - fais attention Israël : Hashem qui est notre Dieu c’est le Dieu Un ! »

 

Il y a toutes les valeurs dans leur unité qui reste informulable : l’unité des valeurs dépasse chacune des valeurs en particulier, et c’est pourquoi je peux figurer chaque valeur, mais l’unité des valeurs est au-delà de toute figuration.

 

Je peux figurer la valeur de la grâce. La grâce est blanche. Je peux figurer la valeur du Din qui est rouge, mais la valeur de la rose ne peut pas être figurée. C’est l’unité des valeurs.

 

Cf. le verset de Shir HaShirim où Dieu y est appelé « le jardinier des roses »

Midrash du Zohar : « al tiqrei shoshanim elav sheish shanim » « ne lis pas les roses mais 6 ans »

qui correspondent aux 6 millénaires. L’histoire du monde dure 6 000 ans pendant lesquels Dieu cueille des roses. Le monde est un jardin et dans le jardin il y a des roses qui ont des épines, il faut donc cueilllir les roses et laisser les épines. Les roses sont les Tsadikim qui ne sont ni que blanc ni que rouge, ni que ’Hessed ni que Din mais Tsadikim l’unité des valeurs.

 

C’est pourquoi l’assemblée d’Israël est comparé par le Zohar à « comme une rose parmi les épines » « כְּשׁוֹשַׁנָּה בֵּין הַחוֹחִים  keshoshanah bein a’ho’haim »

Il y a toute une Guémara dans laquelle on apprend le ‘Hadass dans le bouquet du Loulav .../...

 

*****

 

Vaethanane 1994 - Suite & fin

  Commentaire Va'et'hanan (1994) 2ème. partie (qualité sonore bonne). 

.../...

 

שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל:  יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד

Shema Israël Hashem qui est notre Dieu Hashem E’had

Prends garde - fais attention Israël : Hashem qui est notre Dieu c’est le Dieu Un !!!

 

On va étudier un enseignement du Sifré sur ce mot de E’had. Vous avez la référence du Sifrei, je vous ai photocopié le Sifrei qui se trouve dans le Piroush du Malbim p. 40 du 5ème livre de son commentaire.

 

Hashem Eloheinou Hashem notre Dieu :

Pourquoi est-il dit « Hashem Eloheinou ? »

N’est-ce pas qu’il est déjà dit d’autre part « Hashem E’had » ?

 

Quel est le sens de cette précision Hashem Eloheinou ? Puisque le verset nous dit de Hashem qu’Il est Un ? Quel est le sens de cette question ?

Puisque le texte nous dit que Hashem est E’had Un, cela veut dire premièrement qu’il est aussi Ya’hid unique et Dieu de tous, alors quel est le sens de Hashem Eloheinou ? Réponse :

 

          C’est sur nous que Son Nom a été invoqué (relié par invocation) plus

 

On a là un enseignement très important : Hashem est le Créateur de tout et le Dieu de tous, mais Il s’est révélé comme Dieu d’Israël.

 

Je vous donne de suite une référence dans le livre de Béreshit dans la Parashah de Vayetsé lors de la vision de l’échelle et des anges, lorsque Jacob se réveillle de son rêve de la vision des anges, vient le verset 20 chap 28 :

 

וַיִּדַּר יַעֲקֹב, נֶדֶר לֵאמֹר:  אִם-יִהְיֶה אֱלֹהִים עִמָּדִי, וּשְׁמָרַנִי בַּדֶּרֶךְ הַזֶּה אֲשֶׁר אָנֹכִי הוֹלֵךְ, וְנָתַן-לִי לֶחֶם לֶאֱכֹל, וּבֶגֶד לִלְבֹּשׁ

« Et Jacob fit un voeu en disant :

‘Si Dieu est avec moi

et qu’Il me protège et qu’Il me préserve et qu’Il me garde dans ce chemin

que je suis en train de suivre

 

Il va en exil, il quitte Beer-Shevah et va aller s’enfuir la colère de Esaü pour aller se réfugier à ‘Haran chez son oncle Laban et ensuite toute l’histoire de l’exil de Jacob chez Laban va commencer...

 

Et qu’Il me donne du pain pour manger et un vêtement pour m’habiller,

Verset 21 :

וְשַׁבְתִּי בְשָׁלוֹם, אֶל-בֵּית אָבִי; וְהָיָה יְהוָה לִי, לֵאלֹהִים

et je reviendrai en paix à la maison de mon pére

et Hashem sera pour moi Dieu. »

 

Le même Sifré mais plus haut, le Midrash demande: est-ce une condition que Jacob pose à Dieu ?

Si tu me protèges et si tu m’assures de mes besoins et si tu me ramènes en paix, alors tu sera mon Dieu ? Et le Sifré dit : Hashem sera mon Dieu dans tous les cas ! Alors qu’est-ce que cela veut dire Hashem sera mon Dieu à moi ? Et cela veut dire que le Nom de Dieu soit évoqué sur moi Jacob...

 

J’ouvre ici une parenthése sur ce qui a été cité là.

Il y a ici un Neder. Ce n’est pas une prière de condition c’est-à-dire ce que les historiens des religions définissent par l’expression latine « do ut das » : « je donne afin que tu donnes ». Ici ce n’est pas du tout une prière de contrat ce genre. Un Néder c’est une voeu de privation. Jacob vient de recevoir la bénédiction qui devait aller à Essav, la bénédiction de l’abondance des biens matériels, mais il en a peur. Il a peur de l’engagement dans le problème économique. Ce n’est pas pour lui. Il préfère s’enfermer dans une Yeshivah et recevoir une bourse du gouvernement d’Israël.

 

Les ‘Hassidim ont expliqué cette expression « du pain pour manger et un vêtement pour m’habiller ». Au nom du Baal Shem Tov : C’est une banalité qui est énoncée par la Torah ?

Je ne veux pas du pain que j’aurais à vendre pour acheter un vêtement et je ne veux pas d’un vêtement que j’aurai à vendre pour acheter du pain ! Si j’ai du pain, c’est pour manger et si j’ai un vêtement c’est pour m’habiller. Je refuse le commerce. C’est étonnant : Jacob le 1er des Juifs refuse le commerce dont il a peur !

 

En fait. Il y a ici une indication très importante : tant qu’il est en exil il ne peut pas dire que Hashem c’est son Dieu. Il faut bien lire le verset :

 

וְשַׁבְתִּי בְשָׁלוֹם, אֶל-בֵּית אָבִי; וְהָיָה יְהוָה לִי, לֵאלֹהִים

« Et je reviendrai en paix sur la terre de mon père, alors Hashem sera pour moi Dieu »

 

Mais en ’Houts Laarets on est obligé de passer par les Sarim des Goyim. Je ne traduis pas cela nous ferait une énorme parenthèse. En ‘Houts Laarets la relation entre Dieu et l’individu passe par la relation globale entre Dieu et ce peuple particulier. Cela ouvre une porte sur un problème énorme.

 

Vélo Hashem Li Elohim

Ceux qui ont étudié la Massekhet Kétouvot, cela va dans ce sens-là :

« Ceux en ’Houts Laarets ressemblent à celui qui n’a pas de Dieu ». le Nom de Dieu n’est pas particularisé sur lui.  Vélo Hashem Li Elohim.

 

C’est comme cela que le Sifré explique Hashem Eloheinou.

 

Je continue dans le Sifré :

Des choses analogues, à propos du verset de Shemot :  

« 3 fois par ans tous les mâles seront vus devant la face du maitre (Adon) Hashem Dieu d’Israël Elohei Israël » Pourquoi avoir besoin de dire Elohei Israël puisqu’il est déjà dit « et Penéi Adon devant le maître» ! Que signifie Hashem Elohei Israël ? C’est sur Israël que Son Nom est formulé plus centralement.

 

Et effectivement, l’histoire l’a démontré. Tout ceux qui ont lu la Bible, c’est le monde entier finalement grâce aux Britanniques. Nous avons une dette vis-à-vis des Britanniques qui nous ont donné Erets Israël mais surtout ils ont diffusé la Bible. Les premières éditions de la Bible à l’échelle mondiale sont le fait des Anglais.

Lorsque l’édition Koren la première édition de la Bible éditée en Israël en hébreu apparut, Ben Gourion a déclaré : « nous avons mis fin à la honte des nations sur nous » du fait que les éditions de la Bible même en hébreu étaient anglaises. Enfant du Talmud Torah, j’étudiais sur des Bibles en papier en hébreu dans l’édition anglaise.

 

Tout le monde sait que Dieu s’appelle le Dieu d’Israël. Dans toutes les Eglises et les Mosquées du monde on prie le Dieu d’Israël.  C’est ce que dit notre Midrash.

 

Encore une analogie, c’est dans Téhilim : Psaume 50 verset 7

« Ecoute mon peuple et je parlerai Israël et je témoignerai pour toi, Elohim Elohekha Je suis Dieu ton Dieu. Et que veut dire « Je suis ton Dieu, c’est Moi ton Dieu ?» Son Nom est invoqué en particulier le plus sur Israël.

 

Quand Israël parle de Lui, Il ne dit pas ‘Je suis le Dieu du monde’ nous savons qu’Il l’est mais Il dit Je suis le Dieu d’Israël.

C’est ce que signifie Hashem Eloheinou Hashem E’had

Il faut, pour que Hashem soit notre Dieu, qu’il soit E’had et c’est ce Hashem E’had qui est notre Dieu à nous.

 

Un jour se dévoilera ce mystère que seuls les Juifs sont incapables de percevoir. Le monde entier sait que Dieu est le Dieu d’Israël. Plus exactement, que si Dieu s’est révélé, Il s’est révélé à Israël.

Comme je dis souvent en colloque aux curés : Tous savent que la révélation a d’abord eu lieu en hébreu, et j’emploie une image de la télévision : en direct pour Israël et en différé pour les autres. Les Goyim s’en rendent comptent. Cela a des implications de rivalité et de jalousie.

 

André Chouraqui indépendamment des traductions est une grand poète : juste après la guerre on étudiait ensemble. Il me daisait lire ses poèmes, de très beaux poémes dont l’un sur a jalousie des nations vis-à-vis d’Israël. Une espéce de frustration : comment se fait-il... ? C’est aussi un grand problème, un grand mystère pour eux : pourquoi lorsque Dieu a choisi de se révéler il a choisi Israël ? C’est aussi la cause de frustrations et de haine anti-sémites terribles. Il n’y a que les juifs qui ne se rendant pas compte de cela et que c’est trés délicats et trés dangeureux ces sentiments des Goyim. Cela peut tourner en antisémitisme de suite, cette frustratonn devient de la haine... Dans le langage des prophétes : C’est le complexe de la femme délaissée par rapport à la femme choisie dans le langage des prophètes. Les Oumot HaOlam par rapport à Israël. Et cela reste un mystére.

 

Dans le fameux Kadish du Rabbi Its’haq Lévi de Berditchev, il interpelle Hashem : qu’as-tu contre les enfants d’Israël ? fais ci fais-ça...et qu’en est-il des autres peuples ?...

 

On a finalement le dernier verset :

Davar A’her Autre explication : Hashem Eloheinou & Hashem E’had - En écriture Rashi :Hashem é’had al kol baalei olam

Celui qui est UN (les créatures sont appelées en hébreu Baalei Olam ceux qui viennent au monde, les gens du monde ) Hashem Eloheinou, c’est Lui Hashem notre Dieu. Baolam hazé Dans ce monde-ci, Hashem E’had baOlam haba, Et Il sera reconnu comme Hashem Un dans le monde à venir. En fin de compte le verset de Zekhariah chapitre 8:

וְהָיָה יְהוָה לְמֶלֶךְ, עַל-כָּל-הָאָרֶץ; בַּיּוֹם הַהוּא, יִהְיֶה יְהוָה אֶחָד--וּשְׁמוֹ אֶחָד
Vayah Hashem El melekh al kol haarets
Et Hashem sera roi sur toute la terre, en ce jour là
Yéhi HM e’had
Dieu sera Un (comme Il est déjà)
Oushmo e’had
Et Son Nom sera Un

Comme cela n’est pas encore le cas car chaque peuple a un nom différent pour l’invoquer et chaque nom fait apparaitre une idole. Derrière le mot de « Dieu » se trouve toute une théologie philosophique de Zeus qui est Jupiter chez les Latins. Jov-Jové et que les Témoins de Jéhovah font cette amalgame ... Lorsque l’on pense à Dieu le père en théologie chrétienne on  pense à un profil d’identité de Jupiter-Zeus-Deus. La plupart du temps les gens de culture occidentale ont cette imagerie chrétienne de voir un  père fouettard : Jupiter avec une barbe plus ou moins fleurie selon les âges, on s’arrange pour lui mettre la figure du grand-père.... C’est l’imagerie païenne dans toute son insplendeur.

 

Etude de Guémara Brakhot

 

La Mishnah commence par une question :

« A partir de quand lit-on le Shéma les soirs ? »

 

La première question : Pourquoi la question se pose sur « les soirs » alors que pour le Qriat Shéma du matin elle dit « le matin - Sha’harit » et pas Sha’harin  ?

[ Dans les éditions de la Mishnah sans la Guémara il y a écrit la forme béArviit. Mais dans le Talmud, Mishnah plus Guémarah, c’est baAravin au pluriel.]

 

On cherche l’heure à partir de laquelle la lecture du Shéma devient une obligation, une Mitsvah, une ‘Hovah. Si c’est avant son temps, j’ai dit une belle chose mais je n’ai pas accompli le rite. Le rite est rite dans le cadre temporel fixé pour le rite. La limite fixée est l’apparition des étoiles. Dans la sagesse des nations: « Avant l’heure c’est pas l’heure, après l’heure c’est plus l’heure. L’heure c’est l’heure !» La Mitsva est vraiment Mitsvah en son temps. A priori, après on a le temps jusqu’à minuit. Après minuit, c’est rattrapable jusqu’au matin... Et qu’est-ce que le matin...etc.

Tout cela il faut le préciser.

 

Je vais préciser pourquoi il est important que le rite soit rite au temps prévu pour le rite : sinon on a lu une belle chose mais on a pas proclamé l’unité de Dieu.

 

A partir de quand lit-on le Qriat Shéma les soirs ?

 

Ne sait-on pas depuis toujours quand c’est le soir ? Poruquoi cette question ? Si je le sais quand c’est le soir, la question ne se pose plus !

 

Cela signifie que selon les Mitsvot, le soir commence à des moments différents. La question est de savoir quand c’est le soir pour cette Mitsvah-là qui consiste à proclamer que Dieu est un.

 

Parenthèse sur la différence de rite ashkenaze et séfarade:

Les Ashkénazim commencent la prière du soir bien avant la sortie des étoiles, alors que les Sfardim attendent scrupuleusement la sortie des étoiles. Cela se rattache à notre question ici.

 

Ce qu’on cherche c’est savoir à partir de quand ce n’est plus la journée, et à partir de quand c’est déjà la nuit. Or, le temps du crépuscule est un temps de doute. Le temps du crépuscule pour la tradition de la Halakhah est entre le coucher du soleil et l’apparition des étoiles. L’apparititon des étoiles signifie l’achèvement du crépuscule, mais tant qu’il y a encore la lumière du soleil bien que le soleil soit déjà de l’autre côté de l’horizon, celle-ci cache la lumière des étoiles. Donc l’appartition des étoiles est donc le signe que la lumière a complétement quitté le ciel.

 

On cherche à savoir quand est-ce qu’on passe d’un monde à l’autre, du monde de la lumière au monde de l’obscurité. Est-ce au début de la transition ou à la fin de la transition ?

 

Nous avons dans la suite de la Guémara, 7 opinions recouvrant 7 moments entre le coucher du soleil et la sortie des étoiles.

 

Il faut d’abord comprendre l’intention de la question elle-même. C’est très important de savoir quand on est passé du jour à la nuit. C’est parce qu’on passe d’un monde à l’autre qu’il est important d’affirmer que Dieu est Un. Si j’affirme que Dieu est un dans le monde de la journée, j’ai dit une belle chose, mais ce n’est pas ce que cherche le rite : c’est quand je passe d’un monde à l’autre et que mon inconscient me suggère qu’il y a deux mondes et donc deux Dieux correspondants peut-être se référant à deux absolus, jour et nuit (cf. Zoroastrisme). Alors c’est au moment de ce passage même, lorsqu’il y a cette vulnérabilité pour la conscience religieuse de risquer de penser qu’il y a deux absolus, c’est à ce moment-là qu’il faut affirmer, contre le risque de dualité, Dieu est Un.

 

Avant l’heure, je n’ai rien fait, et après c’est tard. Après cela va encore dans la Mitsvah, mais pas avant. .

 

Les synagogues des libéraux, des conservateurs et des réformés n’arrivent absolument pas à comprendre cela. J’ai été invité à la prière à Paris, dans la synagogue libérale rue Copernic : la prière est fixée à 6h toute l’année pour avoir plus de monde présent.. En été, il faisait grand jour, ce n’était pas encore Shabat, j’ai pris le métro et je suis rentré à l’hotel refaire ma prière…

 

Ils n’arrivont jamais à comprendre ce qu’on appelle « Brakhah levatalah ». Il y a le soleil en plein jour et ils disent Qriat Shéma, alors qu’on nous demande de dire le Qriat Shéma au passage du jour à la nuit, et de la nuit au jour.

 

« C’est en te couchant et en te levant » : au moment précis où tu passes d’un monde à l’autre et où je risque d’être pris par cette expérience dualiste  : combien de dieux y a t’il ? combien de monde y-a-t’il ? C’est une sensiblité religieuse de la Halakhah qu’il faut bien comprendre. Avant le temps ce n’est pas le temps.

 

Après on expliquera pourquoi il faut attendre trois étoiles.

Mais le sens est très simple : Pourquoi ne voit-on pas les trois étoiles ? Elles sont là mais c’est quand la lumière du jour les cache, donc il faut que la lumière se retire complément pour qu’on voit les étoiles, et donc c’est le signe que le jour a fini. Dans le cas on a décidé que le changement de monde c’est à la fin du crépucule et non pas au début. 

 

On va apprendre que pour le Qriat Shéma cette Mitsvah-là -  le passage d’un monde à l’autre - c’est la fin du crépuscule, alors qu’il y a d’autres Mitsvot pour lesquelles c’est le début du crépuscule. Il y a avait donc place pour la question : En ce qui concerne le Qriat Shéma, quand commence le soir ? Au coucher du soleil ou à la sortie des étoiles ?

 

- Quelle est la Mitsvah qui commence au coucher du soleil ?

- Shabat !

 

On décide de commencer Shabat au coucher du soleil à cause de ce doute que l’on appelle en hébreu « bein hashemashot entre les soleils » c’est à dire entre le coucher du soleil et l’apparition des étoiles.

 

Est-ce que ce temps du crépuscule fait partie du jour précédent ? Ou cela fait-il déjà partie de la nuit qui commence le jour suivant ?

 

On ne peut pas trancher : c’est un temps ambigü de transition entre un monde et un autre.

 

D’un certain point de vue cela fait encore partie du jour précédent, puisqu’il y a encore la lumière, mais d’un autre point de vue cela fait déjà partie du jour suivant puisque le soleil s’est couché...

 

Alors pour Shabat, on décide de commencer au coucher du soleil et d’achever à la sortie des étoiles, à cause de la gravité de la loi du Shabat. Pour ne pas risquer de violer le Shabat dans les 2 temps de crépuscule. Et donc les 2 temps de crépuscule rentrent dans le Shabat.

 

Cela nous explique pourquoi au Kotel, dans le rite séfarade, dès que c’est Shabat on considère que l’on a changé du monde de la semaine au monde du Shabat, et donc on peut déjà dire le Qriat Shéma. Alors que pour les Ashkénazes on attend la sortie des étoiles.

 

D’où apprend-on cela ? De ce pluriel. On cherche une heure qui soit commune au jour de la semaine et au jour du Shabat.

 

Et pourquoi à propos du Qriat Shéma du matin, dans la Guemara, il y a Sha’harit et non pas Sha’harin au pluriel ? Parce que le Shabat au matin, il n’y a pas de différence entre Shabat matin et un matin du jour de la semaine : le matin commence toujours au même moment.

 

Dans la 3ème Mishnah pour le Qriat Shéma de Sha’harit, la formule c’est Sha’harit tandis que pour le soir, étant donné qu’il y a une différence entre Shabat et ‘Hol, c’est les soirs, et de Shabat et de ‘Hol.

 

Alors la Mishnah répond :

A l’heure où les Kohanim entrent pour manger leur Troumah.

 

J’ouvre une parenthèse pour expliquer de quoi il s’agit et après on se posera la question de savoir pourquoi on nous dit pas tout de suite de quelle heure il s’agit ? Et pourquoi prendre ce détour de l’heure où les Kohanim entrent pour manger leur Troumah ?

 

Mais cette heure-là est connue d’autre part dans la Guémara qui s’occupe des Kohanim ?

C’est là-bas que l’on apprend que c’est à la sortie des étoiles que les Kohanim mangent leur Teroumah ! Pourquoi ne pas le mentionner ici aussi ?

C’est pour faire apprendre quoi ? De quoi s’agit-il ?

 

Quand un Kohen est en état d’impureté, il n’a pas le droit de manger la Teroumah.

La Teroumah c’est le 1er prélévement de la récolte – les prémisses. Ensuite vient la Maasser - la dîme. Il y a différents niveaux de Qdoushah - sainteté - dans les nourritures du Kohen et le 1er niveau c’est la Teroumah.

 

Or, le verset prévoit que si un Kohen a été rendu impur, il devra attendre la fin de la journée, prendre la Tvilah et il ne pourra manger de la Troumah qu’à la sortie des étoiles.

 

Par conséquent, voilà comment est le raisonnement : tu dois savoir quand on doit dire le Qriat Shéma du soir, en te demandant quand est-ce que le Kohen, ayant fini son impureté, rentre dans le camp de la pureté pour manger la Troumah.

 

De quoi il s’agit ? 

 

Petit rappel chronologique:

Tant que le Temple existait, le modèle du service de Dieu c’est le Kohen. On va prendre le Kohen comme modèle pour répondre à la question : « en tant que quoi suis-je une homme qui va commencer son service de Dieu dans la journée qui vient ? »

 

La Avodah commence par la Mitsvah du Qriat Shéma (en te couchant en te levant... l’heure à laquelle la majorité se couche : c’est le soir...)

 

Il y aurait alors différentes réponses possibles, je vous schématise les 7 opinions possibles :

- Il y a une opinion, qui est formulé de 4 manières différentes, où l’on prend le Kohen comme modéle,

- Il y a une opinion où l’on prend le Âni le pauvre qui vient manger le pain de la charité,

- Il y a une opinion qui indique que c’est à l’heure où, au commencement du Shabat, le Baal Habayit qui vit, lui, de son travail, et mange le pain de son travail, s’attable pour le repas du vendredi soir.

 

Ce sont les trois type de références.

A l’époque de la destruction du Temple, il y a eu la multiplication des sectes dans le royaume de Judah. On connait essentiellement trois sectes fondamentales dont l’une qui a donné le judaïsme traditionnel rabbinique, ce sont les Pharisiens.

 

Le principe de la conception des Pharisiens au sujet de savoir comment continuer à pratiquer la Torah après la destruction du Temple, c’est de prendre les Kohanim pour modèle.

 

La formule est okhlim ‘houlim bétaharah : « ceux qui mangent les nourritures profanes avec les mêmes précaution que le Kohen prenait pour manger la nourriture consacrée »

 

C’est la définiton du judaïsme traditionnelle selon les Pharisiens : c’est de faire comme si nous étions tous encore dans « mamlekhet kohanim vegoy kadosh » bien que le Temple soit détruit.

Quel est le modèle de l’engagement vis-à-vis de la Torah ? C’est le Kohen !

Or, que signifie dire le Qriat Shéma ? C’est proclamer la souverainté de Dieu sur moi ; et la définition que donne la Guémara, c’est que le 1er paragraphe du Qriat Shéma c’est reconnaitre la souveraineté de Dieu, le 2ème et le 3ème c’est reconnaitre Sa Loi.

 

Donc, reconnaitre la souverainté de Dieu sur moi c’est reprendre le service devant Dieu dans le jour qui vient. On prend comme modéle le Kohen.

 

Donc, le raisonnement que la Guémara va expliquer à propos de la Mishnah et que la Mishnah m’impose c’est ceci : je vais de nouveau commencer une journée dans le service de Dieu. La question est donc de savoir comment commence ce service ? Je dois donc me rappeler à quelle heure le Kohen reprend son service quand il était en état d’impureté, inapte au service : à partir de quand son impureté s’est achevée, de telle sorte qu’il puisse de nouveau manger la Troumah ?

 

Il y a là derrière ça énormément de choses à voir mais c’est essentiellement cela que nous allons voir dans la Guémarah pour les quelques minutes qui restent.

 

« Amar mar Le maitre a enseigné

A partir de l’heure où les Kohanim entrent pour manger leur Troumah

Et maintenant les Kohanim eux-mêmes quand mangent-ils la Troumah ?

Réponse : nous le savons d’autre part, c’est l’heure de la sortie des étoiles d’après le verset :

‘Le soleil se couchera et il sera purifié’

 

Le verset à propos des Kohanim dit : ‘Le soleil se couchera et il sera purifié’

Il s’agit de savoir qui sera purifié ? l’homme sera purifié par le Kohen qui était impur, par le sacrifice d’expiation du fait qu’il s’est rendu impur, alors à ce moment-là il faut attendre le lendemain matin. « Hou ba hashemesh » cela veut dire « le soleil viendra » le lendemain matin.

 

La Guemara établit que c’est le jour où doit être purifiée la lumière et le signe que le jour ait purifié la lumière, c’est l’apparition des étoiles.

Donc le verset dit : « hou ba hashemesh et le soleil se couchera et le jour sera purifié » et on le sait parce que c’est dans le verset avant, il y avait « Mayim - il lavera sa chair dans l’eau », donc la  Tevilah est avant. Et après seulement, il pourra manger des nourritures saintes.

 

Retenez bien cela : puisque l’on sait que le Kohen mange sa Troumah alors l’apparition des étoiles qu’est-ce qu’elle enseigne ? La Mishnah veut nous apprendre un enseignement supplémentaire en chemin. Le raisonnement est le suivant : les Kohanim mangent de la Troumah depuis l’heure de la sortie des étoiles et cela nous apprend que le sacrifice d’expiation n’est pas un empêchement.

 

Explication :

Je pourrai croire que le Kohen qui s’est rendu impur, non seulement doit attendre la fin de l’impureté, et c’est le soir d’après le verset, mais il faut attendre l’expiation du fait qu’il ce soit rendu impur ; or, le sacrifice ne peut se faire que le lendemain matin et qu’il ne pourrait de nouveau être apte au service que le lendemain matin. « Kaparah méakéra » cela voudrait dire que le sacrifice d’expiation serait un empêchement à ce qu’il mange sa Teroumah ? 

 

Alors on a pris ce modèle de sainteté-là, et pas plus grave, pour nous dire ceci : à la fin de la journée qui a passé, j’ai eu des fautes. Est-ce que je peux tout de suite, avant même d’expier mes fautes, reprendre le service et dire le Qriat Shéma ? Puisque je prends comme modèle le Kohen, qui va tout de suite manger sa Teroumah et va attendre le lendemain matin pour apporter des sacrifices d’expiation, et c’est ce modéle-là que je prends.

 

Cela veut dire : dès que le jour a fini, je dis le Qriat Shéma, et après seulement je fais la Tefilah.

 

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3 août 2009 1 03 /08 /août /2009 11:54

Parasha DEVARIM 19995

Rav Yéhouda Léon Askénazi (Manitou) זצ"ל


Rédigé et mis en forme à partir d'un enregistrement:
Commentaire Devarim (1995) 1ère. partie (qualité sonore bonne)

Parashat Devarim :

Nous prendrons une référence dans un autre livre qui nous donnera la définition du livre de Dévarim. Mais d’abord l’étude d’un verset important pour comprendre la différence entre le livre de Dévarim, 5ème du Pentateuque et les 4 autres livres :

 

Les 4 premiers livres sont l’enseignement de Moïse à la génération de la sortie d’Egypte.

Le problème principal c’est le fait de l’identification dans la Torah de 2 genres différents :

- l’explication de l’histoire du monde depuis la création du monde jusqu’à la sortie d’Egypte

- et au monent de la sortie d’Egypte, la révélation de la législation de la Torah.

 

Il y a là deux genres complétement différents dans le même livre. C’est l’objet de la 1ère question de Rashi dès l’origine de son commentaire.

 

Rashi cite en le formulant à sa manière un Midrash qui se trouve 7 fois dans la Torah shebéalpéh : normalement on devrait s’attendre que la Torah ne commence que à la première des Mitsvot qu’Israël a reçu à la sortie d’Egypte si on donne au mot de Torah le sens de Loi. Mais en hébreu, le mot Torah signifie beaucoup plus que loi. C’est la révélation de tout ce que Dieu a à dire à l’homme, en particulier, la révélation de législation pour la conduite humaine.

Mais Torah ne signifie pas loi. C’est une déformation de sens que nous tenons des traductions chrétiennes. « Torah » cela veut dire révélation, ou « dévoilement », quelque chose qui nous est caché et qu’on nous a montré. Le Moré - le maître- c’est celui qui désigne, c’est presque la même racine que Torah.  Dans le sens du mot de Torah qui désigne le ‘Houmash, les 5 livres, au minimum deux sens : la révélation de l’histoire comme préface de la révélation de la législation. C’est un sujet extrêmement important.

 

On est tellement familier du fait que le livre comporte ces deux genres qu’on ne le voit plus. Cela ne va pas ensemble, il aurait fallu normalement que nous ayons deux livres :

- l’un racontant les sens de l’histoire du monde d’après les Prophètes d’Israël, depuis la création du monde jusqu’à la sortie d’Egypte. Le livre suivant serait celui de Josué.

- et l’autre serait une livre de lois dans le sens de Torah, dans le sens de Shoulkhan Aroukh légiférant des Mitsvot qu’il faut faire.

 

A la longue d’ailleurs dans la plupart des communautés juives on s’est habitué à négliger les textes de Torah qui sont des textes historiques, pour ne se baser essentiellement que sur les versets des Mistvot. C’est le même phénomène dans le Talmud, il y a la Hagadah et la Halakhah. On a tendance à sauter les pages de Hagadah dans l’étude.

 

Pour le Talmud, le nom de Torah doit être est réservé surtout aux récits historiques et dans le récit historique se trouvent des versets qui désignent les Mitsvot, mais qu’on étudie dans la Mishnah. On n’étudie pas ces Mitsvot dans la Torah.

 

Exemple : un verset de la Torah dit qu’à un certain moment de l’histoire de la révélation, Dieu a transmis à Moïse pour Israël le verset « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Mais cette Mitsvah-là s’étudie dans la Mishnah : et comment fait-on pour aimer son prochain comme soi-même ? Il faut étudier cela dans le Talmud ! Seulement, on apprend que cela a été dit dans le récit historique.

 

D’ailleurs, la plupart du temps on n’oublie l’autre moitié du verset : « Je suis Hashem ton Dieu »

Il y a une étude du verset pour le verset, qui s’appelle Miqra, qu’on a négligé. Et on étudie la Mitsvah dans la Mishnah surtout. En particulier dans le monde ashkénaze, c’est le Maharal de Prague qui a réinstitué l’étude du Miqra . Il avait apprise cette méthode à la Yéshivah talmudique séfarade d’Amsterdam.

 

C’est pourquoi en Israël, tous ces enseignements sur la lecture de la Parashat Hashavouah, dans sa formulation actuelle, c’est la shitah du du Maharal. En réalité c’est la shitah séfarade d’Amsterdam qui étudiait le Miqra pour le Miqra. Par contre, l’application de la Mitsvah est étudiée dans le Talmud.    

 

La Torah dit une chose importante : « tu aimeras ton prochain comme toi-même ! »

Et comment fait-on cela ? Cela s’apprend dans le Talmud et non chez Socrate ou Voltaire ou Rousseau. La traduction est par ailleurs trompeuse : et que faire si je ne m’aime pas moi-même ?

C’est une maladie très juive, la haine de soi. Cela ne veut donc rien dire.

On ne lit pas le verset comme il est écrit :  il y a écrit « véahavtah léréeakha kamohkha »

Et non pas « véahavtah léréeakha kélekha »

Il est écrit Kamokha et non pas Kélekhah

 

Or, en hébreu deux verbes pour dire aimer : soit l’objet de l’amour c’est l’objet authentique de l’amour, alors le complément d’objet est introduit par « et » comme dans « Véahavta et Hashem Elohekha » et si j’aime autre que Dieu c’est déjà le commencement de l’idolâtrie.

(Ne pas dire : « je t’adore » à sa femme par exemple. On ne sait pas ce qu’on dit en parlant.).

Le commandement de la Torah, c’est que l’objet d’amour de la créature c’est le Créateur.

 

Pour toute autre présence créature autre que le Créateur, c’est une autre forme : « Ahov Lé » : « aimer pour ».

 

Cet amour que je ne dois qu’à Dieu je le fais dériver vers quelqu’un d’autre au passage pour qu’il en profite, c’est le Lamed. En grammaire française c’est la forme grammaticale du datif qui consiste ici à décrire le fait d’attribuer ce qui va à Dieu à quelqulq un pour qu’il en profite. 

 

« Tu aimeras Vehavtah » (sous-entendu Dieu – Hashem Elohekha) pour ton prochain, et pourquoi ? parce qu’il est comme toi Kamokhah !

 

Un commentaire ajoute : uniquement s’il est comme toi. D’où les déductions que ce commentaire ne concerne que les Juifs. C’est faux. Cela concerne le prochain. Le sens direct du verset c’est parce qu’il est comme toi créature du même Dieu, c’est pourquoi il est écrit dans le verset : Ani Hashem Elohekha : c’est Moi qui a créé ton prochain. Le Dieu de la Bible protége le Réa’h, mon Dieu protège le Réa’h, contrairement aux autres religions.

 

Un petit commentaire de Kaballah sans employer les termes de Kabalah :

c’est avec celui qui est le plus proche que le commandement est nécessaire, celui qui est lointain ne nous gêne pas. Cela n’engage pas et il est plus facile de l’aimer, il n’est pas un rival. Plus il est proche, plus il est rival. La Torah donne un ’Hidoush et un commandement, là où c’est nécessaire, l’avertissement concerne donc le prochain.

 

D’autre part, il y a un tout autre verset du même chapitre :

« Tu aimeras l’étranger comme toi-même ».

Mais c’est un autre verset. C’est un verset qui doit être clair : Il est écrit « l’étranger », pas s’il se considère lui comme propriétaire et les autres comme étrangers.

 

Le verset signifie : « Tu aimeras pour ton prochain parce qu’il est comme toi-même créature du même Dieu », et j’ai tendance naturellement à voir le prochain comme le mal dont il faut se débarasser. C’est pourquoi c’est le même mot et Réâ : l’homme a tendance à voir le mal chez l’autre. Et plus il est proche, et plus il a mal... c’est pourquoi la Torah donne la loi à ce sujet.

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même... »

Pour le lointain, aimer en intention, cela n’engage à rien, sinon à la bonne volonté de l’inclination du coeur : c’est très romantique : « j’aime les congolais... ».

 

A retenir:

Ahov et / Ahov lé

Pour la crainte c’est la même chose :

« Yaro et »  c’est toujours pour Dieu  vayareta et HM elohekha

« Yaro mé » c’est pour quelqu’un d’autre, craindre de (mem) : la crainte de Dieu qui passe par quelqu’un d’autre.. La faute de Shaoul « j’ai eu peur du peuple » (avec la préposition « et ») « yaréti et haâm » C’est là que Shaoul a eu la même maladie que Béguin, il est tombé en dépression. 

Shaoul était un grand en Israël, mais on préfère David.

 

***

 

Retour au sujet :

Il y a dans la Torah deux genres :

ð  le récit historique, à travers lequel la Torah nous raconte que Dieu a dit telle ou telle Mitsvah à Moïse pour Israël, et il y a, d’autre part,

ð  les mitsvot elles-mêmes qui elles s’étudient dans la Mishnah

 

Lorsqu’on dit Talmud Torah c’est la Guémara. La vraie Mitsvah de l’étude de la Torah, c’est la Guémarah. Il y a une autre Mitsvah qui consiste à étudier le Miqra et qui était tombée en désuétude et a été réinstauré par la lecture de la Parashat Hashavouah. Je schématise, mais c’est clair.

 

Et la différence entre les quatre premiers livres et le 5ème : le 5ème récapitule les Mitsvot pour la génération qui va entrer en Erets Israël.

 

D’où en particulier que la motivation du Shabat dans les 10 commandements est différentes dans la Parashah de Yitro et dans la Parashah de Vaét’hanane.

 

La motivation de la Mitsvah du Shabat pour la génération de la sortie d’Egypte, c’est la création du monde. La motivation du Shabat pour la génération qui entre en Israël c’est la sortie d’Egypte. Il y a cette différence de formulation dans le livre de Dévarim qui a différentes dimensions. En particulier cela : la motivation des Mitsvot pour la génération de la sortie d’Egypte, et la motivation des Mitsvot pour la génération de l’entrée en Israël. L’exemple classique est cette motivation du Shabat.

 

Chapitre 1 Verset 5:

 

1:5

בְּעֵבֶר הַיַּרְדֵּן, בְּאֶרֶץ מוֹאָב, הוֹאִיל מֹשֶׁה, בֵּאֵר אֶת-הַתּוֹרָה הַזֹּאת לֵאמֹר

Be'ever haYarden be'erets Mo'av ‘hoïl Moshe be'er et-hatorah hazot lemor.

En deça du Jourdain dans la terre de Moav a entrepris Moïse d’expliquer cette Torah en disant...

 

Et le verset qui suit prend le récit à partir du Sinaï. C’est donc bien à partir du Sinaï que les Mitsvot vont être révélées.

 

Cf. Rashi sur Be’er et hatorah :

Moïse a commencé à expliquer cette Torah et on s’attendrait à un commentaire qui fasse allusion à quoi ? be'er et-hatorah hazot Où a t’on l’explication de la Torah ? On s’attendrait à ce que Rashi nous dise Torah shebéalpéh, mais il nous dit tout à fait autre chose : Béshiviim lashon il leur a expliqué en 70 langues. C’est très paradoxal.

 

Les 70 langues sont les langues des 70 nations.

C’est paradoxal : on vient de quitter l’exil dans lequel on est relié aux 70 nations, on entre en Israël et c’est là que Moïse va expliquer à Israël comment il faut parler la Torah en 70 langues aux nations ? Qui pourrait proposer une explication ?  

 

Q : Ce serait dangeureux de s’isoler, ce ne serait pas sain par rapport à une mission d’Israël ?

R : Il ne s’agit pas de mission mais de rentrer chez soi. C’est cela qui est en question. Lorsque l’on parle de mission d’Israël on parle de l’exil, et que Israël est indexée aux 70 nations. Cela c’est la Qlalah d’Israël. C’est l’exil. Bien que nous soyons ici en Israël, on est encore imprégné des mentalités de l’exil. Ai-je besoin d’être en exil pour dire la parole de Dieu aux nations ?  

  

Ki Mitsion Tetsé Torah ou Devar Hashem Mi Yeroushalayim

Car de Sion sortira la Thora et la parole de Dieu de Jérusalem

 

Ais-je besoin d’être otage de l’Angleterre de l’Allemagne de la France ou del Espagne pour que les Goyim sachent ce que Dieu a dit ? Ne puis-je pas le dire depuis Israël ?

Moïse a tiré les hébreux d’Egypte pour les faire rentrer chez eux et que fait-il ? Il leur apprend les langues étrangères ? Vous voyez-là le paradoxe !

 

On parle de la mission d’Israël ?

Est-ce être chez les autres pour dire ce qu’Israël a à dire ou bien dire, à partir de chez lui, ce qu’il a à dire aux autres ? 2000 ans d’habitudes ont déformé ces évidences.

 

Je vous dit comment la question se pose à moi chaque fois que je parle en diaspora. C’est une formulation classique :

-          Quelle est la justification de la diaspora ?

-          Aucune ! Pratiquement personne ne dit la vérité. Parce qu’à la vérité on est chez les Goyim parce qu’on est chez les Goyim

 

On a tendance à croire en une mission des Juifs. Avons-nous une mission chez les Goyim ? Laquelle ? Leur enseigner la parole de Dieu ? C’est le rôle des curés et non celui des Juifs !

Je connais énormément d’universitaires juifs en France. Ils y enseignent tous les «..ismes » du monde sauf celui du judaïsme.

Il y a 2000 ans on a enseigné aux Goyim « tu aimeras ton prochain comme toi-même » et le résultat a été catastrophique. L’inquisition pour les Séfardim et la Shoah pour les Ashkénazim.

Actuellement : « vive Israël à bas les Juifs ! »

 

Q : En revenant de Galout ils ramènent les 70 langues avec eux, maintenant chacun ramène sa Torah..

R : C’est un anachronisme : il s’agit d’un verset qui parlent des Juifs sortant d’Egypte et rentrant au pays pour devenir hébreux, donc si revenant de Galout ils avaient déjà les 70 langues c’est pas cela que Moïse devrait leur apprendre mais l’hébreu !

 

R : Il doit peut-être justement leur réapprendre la Torah dans ces langues qu’ils connaissent de manière kashère ?

Q : Non, ils ne les connaissent pas ces langues-là, que l’égyptien et encore ce n’est pas cette génération-là mais celle qui était en Egypte.

R : Tu parles en raisonnant de notre temps. Pour comprendre la Torah il faut la comprendre dans la langue du pays d’où l’on vient. Mais cela est valable pour nous aujourd’hui.

Q : Est-ce alors pour apprendre la Torah aux peuples qui viendront en Israël pour l’apprendre ?

R : ça c’est un rêve !

 

Q : (en hébreu)

R : zé assour lelamed Torat Israël lagoyim.

En étudiant avec le Rav Kouk une fois : C’est interdit d’enseigner la Torah aux Goyim !

Je lui ai demandé: qu’est-ce que cela signifie ? Il a répondu : Ce n’est pas possible alors c’est interdit. Une source de la Kabalah : Il n’y a que les circoncis qui peuvent comprendre la Torah. Je n’expliquerais pas mais c’est une donnée très connue. Il y a une impossibilité.

Mamlekhet kohanim vegoy qadosh : il ne s’agit pas d’enseigner la Torah des Kohanim aux Goyim, c’est  de leur enseigner à eux les Goyim ce qu’ils doivent savoir pour vivre comme Goyim, ce sont les Mitsvot bnei Noa’h que nous avons à leur transmettre.

Ce n’est pas possible c’est pour cela que c’est interdit.

A la rigueur, on leur raconte ce qu’il y a dans la Bible écrite mais pour la Torah Shébéalpé c’est un issour de la Halakhah. C’est interdit. C’est pour cela que je me suis opposé à la traduction de la  Bible avec Rashi. En plus dès le début tout est faux. Mais c’est surtout mettre à la disposition des Goyim les sources de la Torah Shébéalpéh qu’ils interprêtent à leur manière.

 

On m’a demandé ce matin de faire la préface d’un livre de traduction du Malbim sur Josué et j’ai expliqué que je suis contre les traductions. Car cela ne sert pas aux Juifs mais aux Goyim et on sait ce qu’ils en font depuis la traduction des Septante.

La tradition raconte que lorsque les Ptolémée ont imposé aux rabbins de faire la traductiom, ils ont voulu 70 ‘Hakhamim comme le Sanhédrin et pour être sûr, on les a séparé.

Le miracle a été qu’ils ont tous été inspirés de la même manière.

(D’où une grande leçon : pour mettre les rabbins d’accord, il faut les séparer !)

 

Les rabbins ont décidé 3 jours de jeûne lors de cette traduction, et ils se sont arrangés pour traduire de la manière la plus incompréhensible.

 

(L’exemple classique de la traduction : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre, résultat le chaos !?? En français cela ne veut rien dire ! Pour savoir ce que cela veut dire, en hébreu, il faut la Kabalah. Il y a toutes ces invraisemblances du texte biblique qui nous viennent des traductions).

 

Ce n’est pas du tout la Torah d’Israël qu’Israël doit enseigner aux Goyim.

Proposez autre chose.

 

Q : chaque langue de chaque peuple véhicule le génie propre du peuple qui la parle et Israël devait connaitre ces langues pour connaitre la Torah d’Israël.

R : C’est le thème du Sanhédrin mais ce n’est pas la réponse à ma question. Chaque membre du Sanhédrin devaient connaitre la langue et l’idolâtrie d’une des 70 nations. Mais c’est pour une toute autre raison.

 

Q : Ne serait-ce pas en prévision de l’exil qui surviendra ?

R : Oui, ce n’est pas une prévision, c’est une prophétie que cela va leur arriver, c’est cela la réponse.

 

Nous l’avons dans les sources du Midrash, que Moïse a diagnostiqué que la Galout recommencerait.

Et alors, suivez bien ce que je vais dire maintenant : c’est pour que les Hébreux, redescendus en Galout, ne perdent pas le sens de la Torah. Parce qu’ils vont très rapidement ne plus parler l’hébreu et parler les langues des nations qu’il a fallu leur expliquer en 70 langues la Torah qui est toujours pour eux. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas un message d’Israël pour les Goyim mais ce n’est pas l’explication de la Torah d’Israël.

 

D’autant plus que c’est faux dans la réalité :

Israël n’a jamais rien enseigné aux Goyim mais il est bien évident qu’il y a un rôle d’Israël pour les nations, qui est à l’indice de 70 nations, c’est-à-dire du génie de chacune des nations.

Mais il s’agit pas de leur enseigner la Torah d’Israël et donc cela ne rend pas compte de ce Rashi sur ce verset.

 

Et d’ailleurs, cette mission d’Israël - qui est formulée par Ki Mitsion Tetsé Torah ou Devar Hashem Mi Yeroushalayim Car de Sion sortira la Thora et la parole de D. , de Jérusalem -  c’est dans la Galout, quand Israël a démérité.

 

En employant les termes chrétiens « Evangiles » = e vangilion = traduit exactement « Bassorah Tovah » en hébreu = « bonne nouvelle ». A la fondation du christianisme on a annoncé une bonne nouvelle qui vient de Jérusalem. Mais la bonne nouvelle vient de Jérusalem et pas du Sacré-Coeur de Montmartre!

 

Ce n’est pas dans le plan de Dieu pour Israël d’aller en exil pour jouer ce rôle de Mamlekhet Kohanim Végoy Qadosh. C’est quand Israël a démérité que la diaspora se transforme en exil. Il faut se déconditionner de cette synonymie fausse entre diaspora et exil.

Diaspora, c’est la diaspora d’une métropole. Il y a donc diaspora quand la métropole existe et qu’on peut y retourner. Il y a Galout exil, lorsque la métropole est détruite et que l’on ne peut pas y retourner. .../...

 

******

Parasha Devarim 1995 - Suite & fin

  Commentaire Devarim (1995) 2ème. partie (qualité sonore bonne), 


Les Juifs de diaspora hors d’Israël peuvent ou pourraient y retourner - surtout cela se dévoilent depuis qu’Israël existe - mais qui ont des raisons valables d’être encore en dehors.

Ceux qui ne peuvent pas ou font comme si Israël n’existait pas, sont en Galout et non pas en diaspora.

 

Exemple très clair : à la chute du mur de fer en Russie, les Juifs de Russie n’étaient plus en Galout mais en diaspora. Mais tant qu’il y avait le mur de fer ils étaient en Galout, ils ne pouvaient pas. C’est comme si pour eux la métropole n’existait pas.

 

Pour les pays d’Occident, où il est possible de retourner en Israël depuis qu’il existe cela signifie qu’il y avait une Galout subtile psychologique plus forte que le rideau de fer à l’Est. Il y a un obstacle plus fort encore.

 

Retour au sujet :

L’exemple du Sanhédrin sur Mamlekhet kohanim vegoy qadosh - Il était nécessaire en tant que Kohen que les membres du Sanhédrin représentent l’humanité toute entière.

 

C’est pourquoi Rashi intentionnellment dit: Que signifie que Moïse leur a expliqué la Torah ? Il aurait dû dire qu’il leur a expliqué la Torah pour commencer l’histoire d’Israël. Précisement pour commencer l’histoire d’Israël, il faut qu’ils soient le Sanhédrin de l’humanité, mais pas pour les Goyim, mais pour être Israël. Parce qu’Israël est l’Israël de l’humanité entière. Israël n’est pas Israël s’il n’a pas les 70 sagesses. Chaque membre du Sanhédrin de façon idéale devait connaitre une langue et une idolâtrie des nations, mais c’est pour inclure ce génie, cette identité particulière des nations dans l’identité d’Israël.

 

Chapitre 2 de Brakhot :

 

C’est une Mishnah qui étudie le cas de quelqu’un qui est en train de lire dans la Torah la Parashah de Qriat Shéma. Arrive le temps de lire le Qriat Shéma, et la Mishnah dit :

« s’il a mis l’intention qu’il faut dans sa lecture, il est quitte ». 

 

D’après l’ensemble des commentateurs. Je schématise. De quel cas peut-il s’agir ?

 

C’est un cas spécial, car normalement celui qui dit le Qriat Shema doit y mettre les Kavanot.

Non c’est autre chose qu’il a dit : il lit mais pas pour faire la Mitsvah du Qriat Shema et arrive le temps du Qriat Shema et il serait quitte du Shéma ?

La Mitsvah de lire la Torah oui mais cette Misvah d’unité de Dieu au passage du jour à la nuit et de la nuit au jour n’est pas faite ! Puisque je le fais dans le jour ou dans la nuit et que cette Mitsvah en prend force qu’au passage d’un monde à l’autre. La preuve : au moment de la mort on dit Qriat Shéma, on passe d’un monde à l’autre. C’est pour attester que le Dieu de ce monde-ci est le Dieu du Monde à Venir: c’est le monothéisme intégral !

 

Alors la Mishnah aurait dû dire : celui qui lit le Qriat Shema doit avoir l’intention de faire la Mitsvah de Qriat Shéma. Mais elle a dit autre chose. Il était en train de lire dans la Torah. Arrive le temps de la Mitsvah. S’il a l’intention de faire la Mitsvah il est quitte.

Il lisait pour corriger le texte....

 

C’est le cas très particulier d’un Sofer dont le métier est d’écrire le Sefer Torah et qui relit son passage pour vérifier s’il n’y a pas de faute et que pendant ce temps arrive le temps du Qriat Shéma et qu’il le lit, il est quitte. C’est un cas très particulier et compliqué.

 

Guemara: « on apprend de ce cas de Mishnah que les Mitsvot pour être authentiques doivent impliquer l’intention de réaliser la Mitsvah ». On sait que ce n’est pas la régle mais c’est un problème important et la Guémara tire cela de la Mishnah, disant: « de là on peut apprendre ».

 

On peut apprendre à trancher ce problème si vaste de la validité de la Mitsvah avec ou sans Kavanah- intention !

 

La régle actuelle, et depuis des siécles, c’est que les Mistvot sont valables même sans intention.

Brit Milah par hygiène par exemple.

C’est mieux avec l’intention. Comment attester de l’intention ? C’est pourquoi il y a une Brakhah avant de faire la Mitsvah. Mais celui qui mange Kasher par hygiène et non pour la Mitsvah, est-ce valable ? La réponse de la Halakha est affirmative, c’est valable. 

 

Guemara : que signifie s’il met la Kavanah ? 

S’il met la Kavanah de lire !

Objction. la Mishnah a dit qu’il est en train de lire ?

Réponse : non, il lisait pour épeller-corriger les fautes.

 

C’est le cas particulier d’un Sofer en train de corriger comme par hasard le passage du Qriat Shéma pendant qu’arrive le temps du Qriat Shéma. Et s’il y met la Kavanah il est Yotsé, il est quitte de la Mitsvah.

 

On ne comprend pas ce que dit la Guemara : il faudrait qu’il mette la Kavanah avant de se mettre à corriger. Et quelle Kavanah ? La Kavanah de lire. Mais il ne lit pas, il épelle ! On ne comprend pas.

 

Juste après, un enseignement va nous éclairer sur cette question et sur cette Mishnah.

 

« Nos maitres enseignent, la lecture du Shéma est comme son écriture.

Cela veut dire : on doit lire le Qriat Shéma comme il est écrit. Rashi explique : on doit lire le Qriat Shéma en Lashon haqodesh, il doit être lu en hébreu sinon on est pas quitte de la Mitsvah. 

Divrei Rabbi c’est l’enseignement de Rabbi (chef du Sanhédrin=Israël). Alors les sages (les 70 nations) disent : Non en toutes langues !

Quelle est la raison de Rabbi ? Pourquoi Rabbi dit  en lashon haqodesh parce que le verset a dit « vehayou... et ces mots serons comme ils sont » (pas en traduction), mais pour les autres rabbins quelle est leur raison de dire en toutes langues ? Parce que le verset a dit :

« Shéma écoute » c’a.d. en toutes langues que tu comprends

Mais pour Rabbi aussi c’est écrit « Shéma » pourquoi dit-il en Lashon haqodesh et pas comme les autres ? Parce que pour Rabi, le mot de « Shéma » veut dire « fais entendre à ton oreille ce que tu sors de ta bouche »

 

Cela veut dire fais attention à ce que tu dis - Shéma Israël c’est « méfies-toi, prends garde, comprends ce que tu dis » que malgré la  représentation du monde et son apparente évidence rationnelle du dualisme du monde du jour et de la nuit le monde est un.

 

« Cela veut dire que les autres rabbins pensaient comme celui qui a enseigné « il n’a pas fait écouté à son oreille il est quitte quand même ». C’est quel cas ? C’est celui qui dit qu’il suffit de la voix intérieure ».

 

(Le Qriat Shéma doit être prononcé de façon à ce que l’oreille entende ce qui se dit, mais une opinion dit il suffit de la voix intérieure.

Pour beaucoup de Mitsvot, on demande que ce soit prononcé car dans la voix intérieure, il peut y avoir des inclinations et des choses contradictoires : c’est quand je prononce ce que je dis que je témoigne de ce que j’ai choisi de dire. Tandis que pour les tsadikim il n’y a pas cette hésitation de la voix intérieure. Pour les Tsadikim ce n’est pas « e’had balev e’had bapeh », les Ttsadikim peuvent alors par la voix intérieure. Mais la Halakhah est pour tout le monde : il faut s’engager par ce que l’on dit. Alors on dira que les Rabbanan ont pensé que cela va de soi et qu’il s’agit dans ce cas de quelqu’un qui dit ce qu’il pense parce qu’il pense ce qu’il dit.)

 

Et pour les Rabbins eux aussi il y a écrit Véhayou...

Cela ils en ont besoin : qu’ils ne disent pas les mots dans un autre ordre (Et cela devient très difficile parce que c’est Dafka la traduction qui inverse les mots). C’est pourquoi on a l’habitude d’expliquer dans les Yeshivot : c’est les paragraphes et les verset.

 

(Il y a là une sujet très important : La vérité d’un discours dépend de l’ordre des propositions. Si on change l’ordre des propositions d’un discours on a changé le discours, même si le contenu est le même)

 

Et Rabbi qu’il ne faut pas changer l’ordre, d’où l’apprend-il ?

Il l’apprend mi dvarim ad devarim et non pas de veayou hadevarim haeleh. Ad devarim haeleh : cela veut dire ces mots dans cet ordre-là.

Et les Rabanan dvarim ad dvarim, la différence ? Il ne l’ont pas expliquer..

 

C’est par conséquent Rabbi qui est plus fort car il y a au moins une indication du verset que les rabbins n’ont pas expliqué...

 

Explication :

Primitivement, la Halakha est comme Rabbi : ie. Qriat Shéma kikhtavah balashon haqodesh

Rabbi était le chef du Sanhédrin : il représente Israël dans les 70 nations et la ‘Hokhmah d’Israël dans les 70 nations c’est Balashon Haqodesh alors que chacun des ‘Hakhamim représente une des nations. Mais primitivement, la Halakhah est comme Rabi. Et on l’apprend d’une lecture : dans le verset du Qriat Shéma, il y a 6 mots (Shema Israël Hashme Eloqénou Hm e’had) Dans la guemara au sujet de Rabanam: 5 des 6 paroles ils ne l’ont pas expliqué : ils n’ont expliqué qu’une : Shema !

 

Ce qu’on apprend ici, c’est que dans le Sanhedrin, Rabi, chef du Sanhedrin, représente les intérêts d’Israël et chacun des ‘Hakhamim représente les interêts des nations. Il n’y a pas dans ces sources qu’il faille que les rabbins connaissent une langue étrangére pour apprendre la Torah aux Goyim,

 

C’est l’inverse. Israël est l’Israël de l’humanité toute entière. Il faut donc que le génie de la ’Hokhmah de chacune des 70 sagesses se  cachérise dans le Sanhédrin.

Ce qui fait que lorsque la communauté d’Israël dit « Qriat Shéma » c’est l’humanité entière qui dit Qriat Shéma dans le cadre du Sanhedrin. Parcequ’à travers la kavanah de chaque membre du Sanhedrin c’est la sagesse des nations qui passe dans le

Shema Israël Hashem Elohenou Hashem E’had.

Mais pour Rabbi cela doit être bélashon haqodesh.

 

Alors, ce n’est plus un cas particulier, mais c’est le cas général : Pour être sûr de pouvoir lire le Qriat Shéma comme c’est écrit il fallait vérifier lettre par lettre car il y a des mots avec des lettres en plus et d’autres avec une lettre en moins... Il faut lire le mot à la lettre.

Dans la traduction cela disparait...

 

Voilà un exemple de la Guémara qui montre pourquoi en Israël il doit y avoir le génie des Nations mais kashérisée dans le Sanhédrin. Mais la Torah c’est la Torah de Rabbi.

 

C’est ce qui éclaire la réponse à notre question :

En réalité les sources disent que Moïse a vu qu’ils iraient rapidement chez les Nations et que pour garder leur Torah il fallait que Moïse leur apprenne le sens de leur Torah dans la langue-sagesse des nations.

 

Les langues juives nous permettent de comprendre la Torah des hébreux dans les langues des Goyim. Les Ashkénazim sont privilégiés : C’est vraiment le cas du yiddish : langue goy judaïsée. C’est aussi le cas du judéo-arabe ou du judéo-fançais de Provence.  

 

C’est le problème de la traduction dans une langue étrangère : Quand Moïse traduit pas de problème mais quand un Goy traduit, il ne peut que projetter sa mentalité dans la traduction. Même celle formulée par des Juifs de diaspora. Ils ne savent pas le français telle qu’il faudrait le formuler pour traduire l’hébreu. La Bible du rabbinat par exemple qui témoigne de la symbiose judéo-française.

Toute la difficulté est de trouver le français tel qu’il faudrait le formuler pour traduire l’hébreu.

Leur hébreu est hébreu authentique mais leur français, par les catégories qu’il véhicule, est chrétien.

 

C’est le problème des symbioses qui est un pari perdu à l’avance: à chaque symbiose réussie il y a des réactions antisémites qui conduisent à une catastrophe. Inquisition ou Shoah.

Actuellement la symbiose judéo-française en France ou judéo-américaine aux USA. La greffe a pris et la réaction rique d’être terrible.

 

Maintenant, il est possible après une symbiose de décrocher  pour ramener en Israël les valeurs de sainteté de la civilisation en question  et de les kashériser en hébreu.

Sinon les faire en langage judéo-goy chez les Goyim c’est très dangeureux : cela a été l’objet du christianisme.

 

D’où ce paradoxe de cette tendance à tout traduire, en français par exemple. C’est dangeureux.

C’est le cas des Juifs d’Alexandrie qui ont fourni toutes les sources de la pensée chrétienne que sont les pères d’Alexandrie. Qui a fourni cela aux chrétiens ? Les juifs d’Alexandrie !

 

Fin

*****

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3 août 2009 1 03 /08 /août /2009 09:29

Parashat DEVARIM 1994

par le Rav Yéhoudah Ashkénazi
 

Rédigé et mis en forme à partir d'un enregistrement:
Commentaire Devarim (1994) 1ère. partie (qualité sonore moyenne).
 
Devarim Chapitre 1 verset 5.

 

« ‘Hamishah ‘Houmshei  Torah »: ‘Houmshei pluriel à l’état construit de ‘Houmash qui signifie 1/5ème . Il y a 5 parties qui sont donc chacune un ‘Houmash, 1/5ème de la Torah. L’ensemble - en français du Pentateuque - mot grec pour les 5 livres – « ‘Hamishah ‘Houmshei Torah ».

 

Il y a équivalence de l’importance de la révélation des livres de la Torah :

Bereshit Shmot Vayiqra Bemidbar Devarim  

 

Il y a un enseignement de la Kaballah qui relie les 5 mots : « Bereshit shemot, vayiqra bemidbar, dvarim » « les paroles ont été prononcées dés le début de l’invocation des noms dans le désert ».

 

On a donné la comparaison avec la main qui est un symbole, semen, un signe de signification.

 

(Symbole objet cassé devenant signe de reconnaissance entre 2 contractants d’un contrat et qui a pris le sens de ce qui se substitue à la réalité.)

 

La main 4 doigt plus un 5ème = yad

Un enseignement du Talmud interdit de lire en suivant avec la main nue : on emploie un Yad, une main pour lire. Guémara : « Celui qui lit un Sefer nu sera enterré nu »  « Nu, mais le linceul ? Nu, dépouillé de cette Mitvah d’avoir lu ! » On ne peut pas s’approcher la main nu de ce texte. Il faut passer par la lecture traditionnelle qui est représentée par ce Yad avec lequel on lit. Lorsqu’on rencontre le livre, il faut savoir qu’il est scellé, hermétique, fermé, c’est l’expression hébreux « ha sefer satoum ». Parce qu’effectivement il y a 2 méthodes de l’approche du texte.

 

En français on a le texte de la Torah l’écriture, les écritures et c’est une autre mentalité. En hébreu la lecture le Miqra. De ce point de vue là les musulmans sont plus proches de nous : ils appellent leur texte Le « Coran » = « ce qui est lu ». En grec, c’est le mot légende, qui a pris le sens négatif de conte de fée, mais originellement le latin legendon « ce qui est donné pour être lu » et qui traduit Miqra - la lecture. Ce sont des textes qui ne se parlent pas mais se récitent. La Torah se récite. Hagadah en hébreu signifie l’explication : ce qu’il faut savoir pour pouvoir lire. D’où le sens aussi de récit. On voit à quel point le mot de « légende » en vieux français était un terme exact.

Une légende, dans son sens premier, c’était un texte qui raconte un enseignement que l’on récite, que l’on se met en mémoire, qu’on étudie pour comprendre. L’étude avait pour objet de retrouver la mémoire, depuis le temps où l’on se trouve jusqu’au temps où cette parole avait été dite. C’est l’étude qui a pour objet de transformer la mémoire en savoir.

 

Le Limoud, l’étude, nous permet d’acquérir un fond de connaissance que nous avons dans la mémoire, incompris, mais mémorisé, cantilée. L’étude va transformer cette mémoire en savoir. Une fois cette transformation opérée, c’est irréversiblement intégrée à l’esprit, à la connaissance.

C’est cela qu’il y a derrière le mot français de « légendes » : les consignes pour pouvoir lire.

Dans la cartographie, on l’utilise dans ce sens ancien. 

 

Le texte biblique n’est pas appelé « l’écriture » mais « la lecture » dont l’objet est la compréhension. C’est une question de méthode.

Cf. le terme français « d’exégèse » qui est à l’opposé du commentaire traditionnel. Celui-ci consiste à remonter dans la mémoire au niveau de connaissance où l’on comprend directement ce qui a été dit, au moment où cela a été dit et comment cela a été dit : c’est-à-dire remonter à plus de 3000 ans et entendre le prophète parler aux hébreux. Et l’hébreu de cet époque n’avait pas besoin qu’on lui explique le sens des mots, c’était sa langue ! Nous venons après, devant un texte hermétique, à moins de remonter cette mémoire jusqu’au temps culturel où les mots avaient leur sens immédiat. C’est le commentaire traditionnel.

 

L’exégèse est toute différente du commentaire traditionnel : à l’aide de dictionnaires et d’encyclopédies, avec sa propre intelligence, un chercheur cherche ce que le texte veut bien vouloir dire. Il y a une différence de nature.

 

Dans le monde contemporain, ces deux approches sont mélangées. Parce qu’il y a des passerelles de l’une à l’autre. Mais il y des rabbins, ils étudient les universitaires, les universitaires étudient les rabbins... Des exégètes se servent des rabbins et du contenu de la mémoire traditionnelle des commentaires pour en faire de l’exégèse.

 

Dans le cas de l’exégèse, le texte ne dit que ce que le lecteur est capable de comprendre avec sa propre tête.

 

Dans le cas de l’étude traditionnelle : rabbins, disciples des disciples des disciples des Prophètes, dépositaires de la mémoire traditionnelle qui remontent ish mi pi ish ad Moshe mi peh haGvourah.

 

Ce sont deux lectures différentes du même texte et parfois des coïncidences sont possibles.

 

Cela nous éclaire sur le mot de Miqra : « ce qui est lu », c’est ce que le texte dit. Dans les langues traditionnelles, pour dire « étudier » on dit « lire ».

 

Le texte ne dit que ce que le lecteur lit : soit il s’agit de quelqu’un qui sait ce que le texte dit et il le lit dans le cadre de la mémoire traditionnelle, soit c’est quelqu’un qui ne sait pas et qui projette une opinion sur un texte à l’aide de dictionnaire, d’encyclopédies...

 

Il y a le ‘Hidoush, le renouvellement de sens ou le renouvellement de la formulation de sens.

Tout ce qu’un Talmid Vatik Emer ‘Hadesh a été entendu par Mosheh au Sinaï. Ce qu’il faut comprendre c’est le sens de Talmid Vatiq. Quelle différence entre Talmid  et Talmid Vatik ? Vatik cela veut dire expérience dans le sens de « versé depuis longtemps dans ces choses-là ». Un Talmid Vatik c’est un fidèle à cette chaine traditionnelle qui consiste à transmettre « de bouche à bouche » et non « de bouche à oreille ».

 

En français on dit « de bouche à oreille » ce qui est la garantie certaine d’une altération de l’enseignement de la tradition. La bouche de celui qui écoute va répéter ce que son oreille a écouté et non ce que la bouche du maître a dit. Les psychologues connaissent la différence entre entendre et écouter. Il y a des choses qui sont dites et que l’on n’arrivent pas à entendre. On les écoute sans les entendre.

 

Voir la nuance qu’il y a dans Shéma Israël qui est très nuancée : « Prends garde ! Shéma ! Fais attention !...Entends ! ce qu’il y a... »  c’est pourquoi on prononce cette phrase du Shéma à chaque moment de changement de monde : le matin, le soir, en te couchant, en te levant, en chemin ou à la maison, quand on passe d’un monde à l’autre... Hashem E’had...

 

Pour le verset que nous allons étudier :

Il y a 2 lignes de transmission du contenu du savoir :

- La mémoire que l’étude transforme en savoir

- Et d’autre part ce qu’on appelle l’exégèse qui est forcément limitée.

 

Il peut y avoir des passerelles entre les deux mondes. Il y a une différence de nature.  

A travers l’exégèse on arrivera jamais à Torat min hashamayim. Il n’y a que dans l’étude traditionnelle qu’on y parvient.

Pourquoi Torat min shamayim ?

Talmud : l’étude des noms de Dieu interdit celui de « Shamayim » qui est païen.

Nous disons « Eloheinou shéba shamayim » 

 

Les Gaulois sont perçus comme des primitifs qui avaient peur que le ciel leur tombent sur la tête.

Les modernes ont tendance à parler de leur ancêtres comme s’ils étaient des primitifs. Notre tradition les considère comme des géants. Mais nous descendons d’esclaves. Dans les autres traditions se sont des dieux, demi-dieux, etc...

J’ai étudié avec l’un de mes maîtres que les druides avaient en réalité une religion monothéiste et avaient la crainte du ciel Yirat shamayim.

 

Talmid Vatik (également le terme de talmid mouvak)

Un éclairage par 2 phrases de la Guemara :

 

Une 1ère Guémara dit ceci :

« Un disciple Talmid qui n’est pas dedans comme dehors, ne doit pas rentrer dans le Beit HaMidrash » 

Une deuxième dit ceci :

« Un Talmid qui ne dit pas ce qu’il pense, qui ne pense pas ce qu’il dit,  qui n’est pas dans son monde intérieur comme dans son monde extérieur (pour le Tsadik il n’y a pas de décalage entre e’had balev et e’had bapéh) n’est pas appellé Talmid ‘Hakham ».

 

Cette expression de Talmid ’Hakham est importante. Le Talmid ‘Hakham c’est le disciple de quelqu’un qui est ‘Hakham : un Talmid Shel ‘Hakham

Un Talmid qui n’est pas dedans comme dehors cela veut dire qu’il n’est pas un Talmid ‘Hakham.

 

Dans certaines communautés anciennes séfarades, on appellait le rabbin, le ‘Hakham.

 

Anecdocte israélienne :

Un rabin ashkénaze monte dans un autobus. Il y avait une seule place de libre à côté d’une femme et il est resté debout. Monte un rabin séfarade qui voit une place de libre et s’assoit. Le chauffeur de bus veut comprendre, il stoppe le bus et demande : « pourquoi toi, tu t’assois et pas lui ? »

Réponse : « Lui, c’est un rabin, moi je suis un ‘Hakham ! »

 

On vit ces choses-là tous les jours.

 

Autre anecdocte du temps où j’étudiais chez le Rav Kook. Il y avait souvent des éléves des Yeshivot opposées anti... anti-tout

 

Cela me rappelle une blague. Vous savez ce qu’est la Koulah en hébreu : allégement de la loi. Ils accusaient le Rav Kouk de « Kouka-koulah ». 

Ce qui se passait entre les ‘Harédim et le Rav Kook c’est inénarrable. Et le père et le fils d’ailleurs. (Et eux c’était le saint-esprit !) 

 

Ils venaient souvent poser des questions provocantes lorsqu’on étudiait. Le Rav n’a jamais fermé sa porte à personne et répondait toujours avec patience.

Un jour l’un d’entre eux en trombe :

- J’ai une Shéelah !

- Assied-toi et dis-la !

- Ai-je le droit de m’assoir à côté d’une femme dans l’autobus ?

 Il lui a répondu :

- Si cela te gêne cela t’est interdit !

C’est d’ailleurs le principe de beaucoup de Mitsvot.

 

Retour au sujet :

Il y a une différence entre Talmid et Talmid ’Hakham.

Il y a eu le stade où il y avait les  ‘Hakhamim, les ‘Hakhmei Israël qui étaient les disciples directs des prophètes : c’est un âge de la sagesse juive juste après la prophétie.

- ’Hakhamim

- ’Hazal = ’Hakhménou Zikhrona Lébrakha 

- Razal = Raboténou Zikhrona Lébrakha

 

C’est un temps qui est parti.

Très vite on a parlé des Talmidei ’Hakhamim.

Les rabbins s’appellaient « disciples de sages » : les élèves d’un ’Hakham. C’est plus important que de se dire ‘Hakham. C’est une garantie.

 

D’après l’autre citation de la Guémarah on comprend celui qui n’est pas authentique : c’est celui qui fait semblant d’être d’accord avec son maitre en dehors mais en dedans il n’est pas d’accord. 

Le maître les diagnostiquait par leur visage et ne les laissait pas entrer dans le Beit Hamidrash. C’est pire qu’un Apikoros car c’est mettre en question la chaine de la transmission de la Torah depuis son origine de la révélation et en parler comme si elle n’était pas révélée. C’est grave. Parce qu’il s’est passé tellement de temps depuis la fin de la prophétie qu’on se rend pas compte de cette différence de nature. Mais dans les milieux traditionnels, à la manière de parler et de poser une question, on diagnostique de suite si l’étudiant est dans ce cas ou non.

 

Dans ce contexte-là, Guémara de Brakhot, on raconte que lorsqu’on a pris cette décision, le Beit Hamidrash était vide. On avait mis un portier à la porte qui sélectionnait les Talmidei et l’interdiction a été suspendue. C’est pourquoi maintenant dans le Beit Hamidrash il y a tout le monde. Mais seulement cela ne trompe personne.

 

Cette explication du commentaire traditionnelle s’appelle le biyour (beit youd alef vav resh )

 

Le paradoxe c’est que le commentaire du 1er enseignant qui a mis en doute le caractère révélée de la Torah, Mendelson, a appelé son commentaire le Biyour. Moïse Mendelson grand savant en Autriche dont les enfant se sont convertis au christianisme. Point de départ de la grande « darderout » dégringolade de la tradition dans le judaïsme européen de civilisation germanique.

 

Alors cela s’appelle Lébaer.

Il faudrait lire commentaire en deux mots « comment taire». Très souvent d’ailleurs le commentaire nous fait penser à autre chose pour nous empêcher de lire littéralement mais mal. Fait taire le comment ?

 

*****

 

On apprend  au début de Devarim que Moïse a dû expliquer la Torah

alors que dans les 4 premiers livres, il a dit la Torah, dans le 5ème il a expliqué la Torah.

D’où le sens du Yad : 4 + 1 livres et le 5ème donne un sens au 4.

Il y a beaucoup de sens là-dedans.

 

Maïmonide a écrit une somme importante indispensable après lui pour l’étude. Avant lui on n’avait pas besoin de lui dans le monde de l’étude. Mais après lui on ne peut plus étudier sans lui. Il y en a beaucoup comme cela, en particulier Rashi.

Rambam a intitulé sa somme Yad ha‘hazaqah, titre pris d’une expression biblique « la main forte », mais en hébreu la ‘Hazaqah c’est la présomption.

En hébreu moderne : « yesh ‘hazaqah ha... » « il y a présomption que ». On parle d’un droit acquis par consensus. Exemple dans les lois de l’hospitalité : si on invite quelqu’un deux fois, il a le droit de venir quand il veut la 3ème fois c’est lui qui s’invite, il a une ‘Hazaqah. Si vous donner deux fois une aumône à quelqu’un, il a le droit de la réclamer chaque année...

Rotshild avait ainsi un mendiant personnel qui venait chaque année chercher sa somme, un jour le frère du mendiant vient et lui réclame : - « mais c’est pas à toi ! » - « Si, j’en ai hérité ! »

 

Quand on a une question nouvelle qui se pose avec différentes façons possibles toutes vraies de la résoudre, il y a une dimension de ‘Hazaqah qui fait décider, c’est un un mystère, une intuition parmi différente manière vraies de rendre compte d’une question posée ...

 

Cela explique un peu la dialectique du Talmud : lorsque le maitre pose une question et que nous avons autant de réponses que d’élèves présents et finalement le maître déclare la Halakhah conforme à l’un d’entre eux, alors que toutes les autres opinions se défendent. « Eilou véEilou Divrei Elohim ‘Hayim les paroles des uns et des autres sont paroles de Dieu vivant » 

 

Quel est le principe d’autorité qui fait décider, qui tranche ? est-ce un caprice ? C’est la ‘Hazaqah du maître, fonction de la nature de la génération dans laquelle le problème se pose. Selon les contextes, on a des régles pour suivre des lignées d’enseignements plutôt que d’autres. On sait les niveaux dans tels ou tels problèmes. Quoiqu’il en soit toutes les opinions du Talmud sont vraies.

 

Halakhah kéRabi Akiba signifie que pour ce problème on va décider comme Rabi Akiva parce que de notre temps les Juifs sont comme Rabi Akiva. Si c’était comme Rabi Ishmaël la Halakha serait comme Rabi Ishmaël...etc.

 

Cf. la fin de Parshat Matot :

Pourquoi le problème de l’annulation des voeux est-il confié aux chefs des tribus ? Parce que il faut savoir qui est en question. Dans ce contexte, il y avait 12  tribus et donc 12 manières différentes d’être Israël. Et dans chaque tribu, il y avait différentes familles. Les tribunaux correspondaient à chacunes des entités collectives. C’est pourquoi il y avait dans les tribunaux soit la nécessité d’avoir 3 juges soit un seul qui soit « Moumré » ie. compétent, et partant du principe que chaque chef de tribu connait ses propres membres.

 

Ces choses-là sont prévus dans la Guémara. On n’invente pas une Guémara. Dans la Guémara se trouvent toutes les opinions nécessaires dans la suite des temps.

 

Biyour :

Déjà à la génération suivante, Moïse doit expliquer ce que signifie la Torah qui a été révélée à la génération précédente. En schématisant : dès que les fils vont remplacer les pères, il faut expliquer aux fils la Torah des pères. Et on ne peut pas s’adresser aux fils comme on s’adressait aux pères : il y a le temps des pères et le temps des fils. Surtout dans des générations de changements d’époques. A l’époque précédente, toutes les générations étaient à l’indice père. Cela se transmettait facilement de père en père. Mais dès qu’il faut transmettre de père en fils alors là, le Biyour est nécessaire.

Lorsque dans une telle circonstance une tradition s’arrête, c’est que les pères ne parlent plus avec les fils et lorsque les maitres ne savent pas parler aux fils de ce que les pères savaient. 

 

(J’ai connu ce passage d’une civilisation judéo-arabe de style moyen-âge à une civilisation judéo-européenne de style moderne. C’est un mystère pour comprendre comment les rabbins de l’époque ont fait ce passage. Les parents avaient étudié en arabe et ont enseigné à leurs fils en français, où ont-ils appris à faire cela ? C’est mystérieux ! Dans les familles qui n’ont pas réussi ce passage alors la tradition s’est arrêtée. Je vous donne l’exemple d’Afrique du Nord parce que je l’ai vécu mais cela s’est passé partout ainsi dans tous les ghettos.

 

On a là dans notre passage un élément d’explication : là où l’on sait expliquer, là où il y a le Biyour cela passe sinon cela ne passe pas.

 

Dans le 5ème livre qui est le livre pour les fils, Moïse doit expliquer. On voit la différence entre ce qui se passe dans le Yad. Très probablement Maïmonide a pensé au Yad de la lecture de la Torah pour nommer son livre Yad Ha’Hazaqah.

 

Complément d’étude:

Massekhet Sanhedrin 11

La reine Cléopatre interroge les sages : nous savons que les morts vont ressuciter : nus ou habillés ?  Drôle de question un peu macabre mais cela s’éclaire par ce que nous avons vu.

La Guémara répond .../...

 

*******

 

Parashat Devarim 94 - Suite 

 Commentaire Devarim (1994) 2ème. partie (qualité sonore moyenne).
  

.../...

en utilisant un raisonnement à fortiori à partir du grain de blé : si un grain de blé qu’on enterre nu,  ressucite habillé, à plus forte raison un homme ! Personne ne se rend compte que le grain de blé qu’on enterre ne meurt pas, sinon le blé ne pousserait pas...

 

Le sens est simple : la préoccupation de la question de Cléopatre est très profonde : on sait qu’on va ressuciter : mais avec le mérite des acquis des Mitsvot que l’on a fait pendant la vie ? ou alors on recommence tout à zéro, nu ? La vie sert-elle à quelque chose ou bien est-ce un jeu et quand on réssucite on ressucite nu ?

Cette notion de Lévoush est très importante dans le langage talmudique et se réfère aux mérites de la personnes, ses Lévoushim. Surtout dans la symbolique des habits du grand prêtre.

Cela va dans  le sens de ce verset de Mishlei : « que tes vêtements soient toujours blancs ». Un Talmid ’Hakham qui a une tâche sur ces vêtement n’est pas un Talmid ‘Hakham. C’est pas n’importe quelle tâche. La notion de tâche sur le vêtement est synonyme de la faute.

 

.......

verset 5

בְּעֵבֶר הַיַּרְדֵּן, בְּאֶרֶץ מוֹאָב, הוֹאִיל מֹשֶׁה, בֵּאֵר אֶת-הַתּוֹרָה הַזֹּאת לֵאמֹר

Be'ever haYarden be'erets Mo'av ‘ho'il Moshe be'er et-hatorah hazot lemor.

 

Be ever hayarden  

En deça du Jourdain

Le peuple d’Israël, la génération des fils de la génération de la sortie d’Egypte se trouve en Transjordanie (Jordanie actuelle) et se prépare à traverser le Jourdain pour entrer en Erets Kenaan.

Erets Israël c’est le pays de Kénaan du Jourdain jusqu’à la mer plus la Jordanie Ever hayarden.

Toute la Jordanie fait partie d’Erets Israël. Chaque chose en son temps.

Il y a aussi d’autres morceaux géographiques.     

 

[Au temps du mandat britannique, les Anglais avait interdit le son du Shofar devant le Kottel suite aux plaintes des musulmans. Un des arguments des musulmans était de dire : si on commence à laisser sonner le Shofar devant le mur, ils vont finir par détruire la Mosquée et construire leur temple. Le Rav Kook avait été convoqué par le gouverneur anglais pour s’expliquer sur cette affirmation. Il lui avait répondu : « chaque chose en son temps ! » ]

 

בְּעֵבֶר הַיַּרְדֵּן

Be ever hayarden  

En deça du Jourdain

בְּאֶרֶץ מוֹאָב

Be erets Moav

Dans le pays de Moav

 

C’est là où la révélation de la Torah de Moïse s’est arrêté : dans la plaines de Moav. La dernière révélation est de troisième niveau (MiSinâi – Bé-Ohel Moed – bé-Arvot Moav). Le Séfer Dévarim est la révélation de Arvot Moav les plaines de Moav.

 

[Or, le jour de Shavouot on lit le livre de Rout. C’est le Séfer qui à part le ‘Houmash contient le plus de Mitsvot. Les Mistvot de la Guéoulah. Comment on réalise la Guéoulah de la veuve, de celui qui a aliéné sa terre... C’est l’histoire symbolique d’Israël.

Moav de Ruth cela se raccroche à Moav de Moïse.

Méguilat Rout est lue à Shavouot souvenir de Matan Torah. Dans Rout se trouve les trois lettres du mot Torah : Rout : resh-vav-tav trois lettres de Torah. Yitro c’est le Youd. Rout et Yitro sont les modèles des convertis qu’il faut ramener à la Torah pour que la Torah soit universelle.]

 

הוֹאִיל מֹשֶׁה, בֵּאֵר אֶת-הַתּוֹרָה הַזֹּאת לֵאמֹר

‘Hoïl Mosheh

a entrepris Moïse

beer et ha Torah hazot lemor

d’expliquer cette Torah pour dire...

 

Et il commence comme on explique la Torah en rappelant le récit qui explique pourquoi cette Torah comme loi est donnée. Il y a une explication de la Torah dans le texte de la Torah, et le mot de Torah a ici deux sens dans cette phrase :

Une explication de la Torah comme loi, dans le récit de la Torah comme récit de l’histoire du peuple à laquelle la Torah a été donnée, et cette explication est nécessaire pour comprendre la raison de ces lois.

 

Nous avons un livre que l’on appelle la Torah où il y a deux genres de textes radicalement différents

- le texte législatif, les Mitsvot, les lois,

- le récit de l’histoire

 

Ce sont deux genres différents.

C’est parce qu’on est familier à un livre où s’entremêlent ce deux genre que la familiarité nous fait croire que cela va de soi. Mais c’est unique dans la littérature mondiale ce mélange des deux genres du code et de l’histoire. Tout se passe comme si le texte a séparé les parties des versets qui sont des lois, des codes, et les parties des versets qui sont des histoires.

 

Il n’ y a que 3 allusions relatives à 3 lois qui sont déjà expliquées dans le récit historique avant que la Torah ne soit promulguée par Moïse à partir de la révélation du Sinaï :

L’interdiction du « Guid hanashé », le nerf, non pas sciatique mais innervant une région de la hanche, et la Torah nous donne cette loi à l’occasion du récit de la lutte entre Jacob et l’ange. Personne ne comprend ce que signifie la lutte d’un homme et d’un ange. On n’en a pas l’expérience. A propos de ce récit la Torah dit « Et c’est pourquoi les Bnei Israël ne mangeront pas le Guid hanashé. C’est là un exemple de ce que le récit historique explique la loi.  Et cet exemple de principe vaut pour toutes les Mitsvot.

 

L’explication de chacunes des Mitsvot se trouvent dans une partie du récit historique commençant au 1er homme et finissant à la sortie d’Egypte.

 

Mais la tradition de révélation de la Torah a séparé ces deux ensemble, sauf cet exemple qui est un clin d’oeil pour ne pas qu’on s’imagine qu’on comprenne.

 

Autre exemple :

La raison de « Véahavtah lereakha kamokha » se trouve dans le récit de la lutte entre Qaïn et Hebel. Parce que l’homme est ainsi et qu’il y a le problème de l’agressivité entre les hommes, la Torah demande « Véahavtah lereakha kamokha ». Mais le récit est séparé. Mais il y a un lien.

 

Dans le Talmud comme dans la Torah Shébikhtav on retrouve la même structure. Hagadah et Halakhah. Dans la Torah c’est le récit historique et les Mistvot.

 

C’est dans le récit historique que se trouve le Biyour, l’explication des Mistvot.

Et comme il s’agit d’un récit historique, il faut à chaque génération expliquer oralement l’événement, car c’est dans la nature de l’événement de devenir hermétique dès le lendemain, dès la génération suivante.

 

Un exemple : 15 ans après la Shoah les éducateurs se sont alertés qu’il fallait absolument garder la mémoire, non seulement pour éviter sa perte simple due à l’érosion de la mémoire par le temps, mais aussi et surtout pour éviter l’inversion des évidences. Cf. les négationnistes.

 

Si on ne se rappelle pas on n’oublie : c‘est un verset de la Bible : « Zekhor al tishlakh rappelle-toi n’oublie pas ! ».

 

Je voudrais rattacher cette indication à la Hagadah de Pessa’h. La Torah le prévoit : lorsque ton fils demain t’interrogeras en disant : de quoi s’agit-il ? La Torah prévoit que la génération suivant celle de la sortie d’Egypte ne comprend pas Pessa’h et que c’est normal...  

 

Moïse doit expliquer la Torah (qu’il a dite pour les pères) dès qu’il parle pour les fils.

C’est là qu’on va avoir une première surprise dans le commentaire de Rashi.

 

***

 

Q : le Sefer Devarim commence par un Alef ? Je me demande si tous les Dévarim commence par un Alef ?

R : Oui, à la création cela commence par un Bet et cela s’appellent les Maamarot. La parole du commencement, à la création c’est Amor, alors que la parole de la révélation c’est Daber. Et la 1ère  parole des Asseret Hadiberot c’est Anokhi qui commence par un Alef.

 

Pour dire le mot « dire », « parler », on a 2 termes principaux :

=>  Amor  => dire doucement .

=>  Daber => dire, parler, durement.  

Les Dévarim on l’apprend de ce chapitre de Jerémie de la Haftarah, ce sont des To’hahot des réprimandes des Dévarim Qashim. Alors que la Amirah, c’est la parole douce. Le monde est créé par les dix paroles du commencement qui sont des Assarah Maamarot mais la Torah est révélée par les 10 paroles de la Loi qui sont Asseret hadiberot. Le monde commence par Beit 1er lettre du mot Béréshit et du mot Brakha. Midrash Otiot de rabbi Akiba demande pourquoi la Torah ne commence pas par Alef ? C’est une question très profonde. Cela se relie à un autre problème très difficile : si la Torah avait commencé par Alef le verset aurait porté Elokim Bara Bereshit... Cela se relie à un autre problème très difficile. Autre question : pourquoi Bereshit Bara Elohim et non pas  Elokim Bara Béréshit ?

 

Je vous trie parmi les Midrashim, la réponse du Midrash de Rabbi Akiba : toutes les lettres de l’alphabet se sont présentées devant Dieu pour avoir le privilège de commencer la Torah : elles se présentent de Tav jusqu’à Alef.

 

Chaque fois qu’il y a l’alphabet dans le sens inverse, c’est la notion de Tikoun. La création allant de Alef à Tav, le Tikoun du monde créé va de Tav à Alef. De Dieu à l’homme, c’est de Alef à Tav

De l’homme à Dieu c’est de Tav à Alef.

 

[Dans les anciens livres séfarades Téfilat Ha’Hodesh, dans la prière du Rosh ’Hodesh à la fin on lit le Alénou meshavbear ...dans l’ordre jusqu’à Od le dernier mot, et ensuite on le lit dans l’autre sens depuis Od jusqu’à Alénou. Vous lirez ce que le texte donne en lisant de l’autre côté]

 

Arrivant au Beit, Dieu dit c’est par toi que l’on va commencer puisque tu commences le mot Brakhah. Alef demande « et moi ? »

Toi, on ne peut pas car tu commences le mot « Arour », « maudit » !

Le Alef triste est consolé : « Alef Je n’aurai d’unité qu’en toi et Je commencerai les dix paroles de la révélation par toi :  Anokhi ... »

 

Que signifie ce Midrash ?

Si on avait commencé la Torah par le Alef, on aurait commencé par la Midat Hadin (Elohim). Le monde aurait été sous le signe de la rigueur absolue et aurait été d’une certaine manière maudit.

Alors le Alef est caché derrière le Beit. Tout dans le monde apparait d’abord sous forme duelle et l’unité est cachée.

 

Exemple : j’ai beaucoup étudié cela en étudiant les fonctions de l’intelligence : le cerveau a deux côtés (en réalité, il y en a 4, mais peu importe). Nous pensons avec un cerveau duel, je ne dis pas double. Dès que l’on pense à une notion, la notion opposée intervient, ce qu’on appelle l’antithèse. C’est ainsi que fonctionne la pensée humaine naturelle : elle est dualiste. Le monisme est caché. C’est pourquoi « Shéma Israël Adonaï Eloheinou Adonaï E’had » ce n’est pas évident, ce qui l’est c’est le jour et la nuit. Mais ce Yom E’had, c’est caché !

Le Alef est caché derrière le Beit de la création.

Une indication d’un enseignement d’un très grand kabaliste A. Aboulafia :

 

Alef  => Alef – Lamed – Peh.

 

Quand le Alef rentre dans le monde, il rentre d’abord par le Peh ensuite par le Lamed et ensuite par le Alef. C’est ce qui fait Pélé (Peh Lamed Alef ) c’est un miracle. Quand le Alef se dévoile il y a Pélé. Le Alef est caché et c’est les jours où il se dévoile qu’on dit le Hallel.

 

***

 

Verset 5

Rashi : 

‘Hoyil signifie « entreprendre » dans le sens de consentir à faire que

Que signifie « il a expliqué, il leur a donné le Biyour » ? il leur a commenté en 70 langues !

 

Que veut dire ici Rashi ?

On a déjà appris la nécéssité d’expliquer aux fils, la Torah des pères. C’est-à dire expliquer à la génération qui rentre au pays de Kénaan, la Torah qui a été donnée à la génération de la sortie d’Egypte qui, elle, a assisté aux événements. Mais il est de la nature des événements d’être incompréhensibles avec le temps qui passe. La tradition d’Israël se base sur des événements d’histoire et non sur ces raisonnements. C’est pourquoi tous les prétentions de judaïsme rationnel ne tiennent pas debout. On ne peut pas réinventer cette vérité-là. Si on n’en a pas la mémoire c’est qu’on l’a perdu.

Il y a des textes qui montrent des cas particuliers de grands maîtres capables de restituer ce qui s’est perdu mais c’est parce qu’ils possédent le reste de cette mémoire et peuvent la restituer. De génération en génération il y a énormément de connaissances qui se perdent.

 

Qohelet :

« Faire des livres sans fins ... »

Au niveau Pshat, faire les livres sans fin, ce n’est pas bien : on a l’impression  que faire un livre c’est un bien du point de vue des connaissances, mais en réalité du point de vue de la tradition c’est l’inverse.  C’est parce qu’on a perdu des connaissance qu’il faut écrire des livres. C’est parce qu’on a perdu cette capacité de mémoire qu’il faut mettre par écrit. C’est l’inverse.

Il y a une déperdition de contenu de mémoire de génération en génération qu’on essaye de compenser par la mise par écrit. Les modernes croient avoir ajouté de la sagesse à la sagesse des anciens. C’est le problème du ’Hidoush.

Midrash : « Un nain monté sur les épaules d’un géant » qui voit ainsi un peu plus loin... mais lui c’est toujours un nain.

 

Cela se relie à beaucoup d’expressions traditionnelles : « si le dernier prend conscience qu’il n’est que le dernier alors il est mieux que le premier », car il est le dernier d’un premier, mais c’est le premier qui est le premier. 

 

J’ai suivi pendant 2 ans le cours d’éthnologie de Lévi-Strauss qui a étudié la mentalité dite « primitive ». Il montrait que l’on en parle comme s’ils étaient des arriérés. Le mot « primitif » n’a rien à voir avec le mot d’arriérés. Les modernes se prennent pour plus jeunes que les anciens alors que c’est le contraire. Nous sommes accablés par le poids des siécles. Ils étaient beaucoup plus jeunes que nous. Bien sûr cela se compense.

Il y a une Torah qui se rapproche de celle de Mashia’h mais qui s’éloigne de celle de Moïse.

Une tradition kabaliste situe Maïmonide au milieu. D’où la difficulté d’être au milieu entre Torat Mosheh et Torat Mashia’h. Il y a une différence entre Mosheh Rabénou (Moïse) et Rabénou Mosheh (Rambam)]

 

On apprend donc que Moïse a expliqué la Torah en 70 langues.

Cela veut dire qu’il y a un sens de la Torah qui correspond à chacune des 70 nations, il y a ici la notion que la Torah est universelle.

 

Mais pourquoi ce sens de la Torah en 70 langues doit être expliquée aux fils alors que la Torah des pères a été révélée au Sinaï en 70 langues, mais a été entendue en hébreu par les pères et qu’il faut expliquer en 70 langues pour les fils ?

 

Texte du chapitre 27 de Devarim :

Il s’agit de Parashat KiTavo au verset 8

 

La Torah demande, lorsqu’Israël a traversé le Jourdain et arrive dans le pays, la première chose à faire, c’est d’écrire sur des pierres toute cette Torah :

 

27:8

וְכָתַבְתָּ עַל-הָאֲבָנִים, אֶת-כָּל-דִּבְרֵי הַתּוֹרָה הַזֹּאת--בַּאֵר הֵיטֵב.

Vekhatavta al-ha'avanim

et-kol-divrey hatorah hazot ba'er heytev.

Et tu écriras sur les pierres

toutes les paroles de cette Torah bien expliquée

En écriture claire baér heitev

 

Rashi sur ba'er heytev: en 70 langues

Torat Téminah : comment est-ce possible d’écrire sur ces 12 pierres, toute la Torah et en 70 langues ?

Par conséquent cela veut dire autre chose. Il se base sur le fait qu’il n’y a pas « tu écriras sur les pierres cette Torah » « et ha Torah ha zot » mais « Kol Ha-Divrei Et Torah Hazot »

Les paroles de cette Torah. Cela concerne les 10 commandements. On peut ainsi comprendre que sur 12 pierres on ait la place de les écrire, mais pas toute la Torah. 

 

Et donc première précision, ce verset-là dans Dévarim concernrait les dix commandements d’après Torat Tmimah. A cause du mot de « Dévarim ». 

 

Le Torah Téminah cite notre verset du début du livre de Dévarim chapitre 1 verset 5

Et explique ce qu’on doit comprendre béshiviim panim 70 points de vue.

Cela veut dire que dans notre 1er verset le Shiviim lashon de Rashi cela ne signifie pas les 70 langues dans le sens de langages différents – safa - mais shivim lashon 70 manières d’exprimer la même chose en hébreu, les 70 Panim.

 

Nous avons donc une explication du Torat Tmimah sur Rashi mais cela ne résoud pas encore le problème. Car Rashi ne dit pas Shivim Panim mais Shivim Lashon !

Mais on a besoin de Torat Teminah pour expliquer le Kol Divrei Et HaTorah du 2nd verset.

 

Torat Teminah a raison de dire que le 2nd verset concerne les 10 commandements tandis que dans l’explication orale de Moïse, on peut retenir le fait que, oralement, Moïse a pu expliquer dans les 70 langues. C’est ce qu’on va tenter de comprendre, sans cette difficulté de ce problème matérielle d’écrire sur des pierres.

 

Je reviens donc au problème.

Cela indique le caractère universelle de la Torah pour la génération qui va entrer dans l’histoire d’Israël. La génération de la sortie d’Egypte est une génération dans la méta-histoire, au-dessus de l’histoire, disait A. Néher. Effectivement, c’est une génération de parenthèse dans l’histoire. Il y a une parenthèse du problème économique de la société d’Israël qui est à l’abri des problèmes économiques de toute société. C’est la génération des pères qui a été appelée à la révélation du sens de la Torah, du point de vue du Monde Futur, du point de vue de la Torah des anges.

 

Guemara Sanhédrin :

« Est-ce que la génération du désert aura droit au monde à venir Olam Haba ? »

Il y a une discussion, certains pensent que non. On pense que c’est lié à la faute. Mais l’explication est plus profonde : étant donné qu’elle n’est pas entrée en Israël, elle n’y a pas droit. Pour aller au Olam Haba, il faut passer par Erets Israël. C’est très sioniste.

On l’apprend de l’affirmation :  Kol Israel Yesh lo 'Helek la 'Olam Haba

Que l’on apprend d’un verset qui dit : Vé Amekh ekh koulam tsadikim leolam irshou arets.

Parce que Arets c’est la porte du Olam haba.

Et comme cette génération n’est pas entrée en Erets Israël, 1ère opinion : elle n’a pas part au Olam Haba. Une autre opinion dit qu’elle y a droit.

Les Kabalistes disent qu’elle a Olam haba déjà, ce qui expliquent l’autre opinion qui soutient qu’elle n’y a pas droit comme ceux de la fin des temps car elle y est entrée direct dans Olam haba car c’est la génération qui a été appellée à la révélation : la Torah de cette génération est une Torah de Olam Haba, en dehors de l’histoire terrestre. C’est pourquoi ils ne voulaient pas entrer en Israël : tellement mieux à l’aise « là-haut », dans les Yeshivot du désert.

 

Les ‘Hassidim on beaucoup enseigné là-dessus. Nous sommes incapables de comprendre leur histoire qui nous parait invraisemblable : une génération de géants qui étaient au Sinaï qui fait un veau d’or, se plaint, demande de l’eau, de la viande...

 

La génération des fils qui va entrer sur la terre a besoin de la Torah des hommes et d’être capable de pouvoir dire la Torah dans les autres langues.

 

Les Juifs sont doués pour les langues. Ce sont des maîtres des langues. E. Lévinas par exemple a une maîtrise des langues extraordinaire. Beaucoup de juifs sont dans les universités de linguistiques, de structuralisme... C’est très typique.

 

Et la génération de nos pères avait une aisance dans les dialectes dont ils se servaient : yiddish, judéo-arabe, judéo-espagnol sans jamais avoir été dans les universités.

Les Juifs étaient souvent interprêtes dans les chancelleries, les ministères, les cours des Goyim.

Les Juifs ont été les traducteurs des grands philosophes grecs pour les Arabes et inversément.etc...

traducteurs des grands philosphes arabes pour les Chrétiens et les Juifs etc...

 

Exemple dans l’histoire de Joseph :

Joseph et Moïse ont des personalités très analogues bien qu’inversées.

Joseph a été l’hébreu qui s’est mis au service de l’universel.

La Torah va indiquer que s’il est arrivé jusqu’au trône de Pharaon c’est grâce à sa maitrise des 70 langues. Ce Midrash sur Joseph a été repris par les chrétiens, le jour de la Pentecôte, où il parle des langues de feu sur les Apôtres qui leur ont révélé les 70 langues.

 

Bereshit Chapitre 41 verset 44

Paro dit à Joseph

Je suis Paro

וַיֹּאמֶר פַּרְעֹה אֶל-יוֹסֵף, אֲנִי פַרְעֹה

Vayomer Paro el Yossef Ani Paro

וּבִלְעָדֶיךָ, לֹא-יָרִים אִישׁ אֶת-יָדוֹ וְאֶת-רַגְלוֹ--בְּכָל-אֶרֶץ מִצְרָיִם

Et à part toi  personne ne lévera sa main ou son pied

(expression qui disent la souveraineté)

Dans tout le pas d’Egypte

 

Guemara Sotah 36b:

« A part toi » Pourquoi ?

Rabi ‘Hiyyah bar Raba Yo’hanan : Au moment où Pharaon a dit « à part toi », les astrologues de Pharaon ont dit : un esclave que son maître a pris pour 20 pièces d’argent (thème repris par les Chrétiens avec Judah qui vend le fils de Joseph) tu vas le mettre sur nous ?

- Je vois en lui des capacités royales !

- S’il en est ainsi il faut qu’il connaisse les 70 langues !

L’ange Gabriel est venu et lui a enseigné les 70 langues. Et avant même qu’il ait terminé, il lui a ajouté une des lettres du nom de Dieu, et il lui a enseigné d’après ce qu’il y a dans un verset du Psaume 80 dit à Roshashanah en parlant de Joseph « edout biYehossef samou » il a mis un témoignage en Joseph écrit YeHosseF le Hé lui a été ajouté une lettre du nom de Dieu et il a pu lui enseigner les 70 langues. Et le texte dit : un témoignage .../...


*****

Devarim 94 - Suite et fin

  Commentaire Devarim (1994) 3ème. partie (qualité sonore moyenne). 

.../...

c’est la question des 70 langues parce qu’il doit être reliée à la question de l’universel humain. Tout cela est parallèle, les 70 nations, les 70 langues, les 70 visages de la Torah...

C’est la notion des multiplicités des personalités d’Israël, chacune tournées vers l’une des perspectives de l’universel humain.

Cela nous fait comprendre de manière plus profonde pourquoi il y a une telle diversité de la manière d’Israël, parce que c’est une sorte de résumé indexé à la diversité humaine.

Une des finalités de l’exil est de nous permettre de nous imprégner de ces manières d’êtres hommes des 70 nations. On ne s’en rend pas compte mais nous sommes cette génération privilégiée qui peut en témoigner : lorsqu’Israël revient des paysages d’exil c’est l’humanité entière qui revient à travers ses juifs.

 

Les Goyim entre eux n’arriveront jamais à réaliser l’universel. C’est l’idéal et l’exigence de toutes les nations humaines, c’est de retrouver l’universel perdu à Babel, mais ils n’arrivent qu’à faire des empires. C’est-à-dire une nation qui s’impose aux autres.

Le dernier exemple qui fut un échec c’était l’empire soviétique. C’était le rêve de l’universel humain à la révolution d’octobre 1917 et qui bascule de suite dans l’impérialisme soviétique.

Il  y a énormément de tentative de faire ce rêve de l’unité humaine. Jamais les Goyim ne peuvent réussir, sauf cette farce qui s’appelle l’O.N.U.

 

La messianité juive c’est cette possibilité, de refaire à travers la nation d’Israël l’unité de ces différentes manières d’êtres hommes.

Dans n’importe quelle quartier de n’importe quelle petite municipalité israélienne, vous prenez un miniane israélien et vous y voyez-là un résumé de l’humanité : des Juifs de provenances différentes, des langues différentes, des coutumes différentes... et l’unité.

Toute la diversités des Goyim à travers leurs Juifs.

 

C’est précisément à la génération qui rentre dans l’histoire de la terre que Moïse devait expliquer la Torah dan les 70 langues.

 

Effectivement, on étudie la Torah dans les milieu anglo-saxons avec la mentalité anglo-saxonne, dans les milieux germaniques avec la mentalité germanique, etc... Les francophones ont apporté quelques chose dans le pays que le pays ne connaissait pas, et que les universitaires et les Talmidei ’Hakhamim ont découvet avec les mileux francophones : l’école de Rashi.  C’est–à-dire la manière d’étudier la Torah avec l’indice de la culture française (ou plutôt de culture et d’ethnie francophone qui dépasse largement la France. C’est d’ailleurs très significatif : tous les pays où il y a des francophones font partie de l’union des francophones sauf Israël alors qu’il y a plusieurs centaines de milliers de citoyens francophones. Proportion qu’il n’y a dans aucun des pays satellites de la France. C’est à cause des pressions arabes que jamais Israël ne sera un des pays francophones). 

 

Quoiqu’il en soit, on a apporté une dimension qui a un peu secoué le monde israélien.

La formulation de culture française de la Torah intéresse beaucoup.

 

***

 

Q : Pourquoi à la traduction de la Septante, on a décrêté trois jours de jeûnes ?   

R : j’avais prévu de vous parler de cela, un chapitre entier de la Guémara de Shabat en parle : c’était nécessaire de traduire en 70 langues mais quand c’est Moïse qui traduit c’est authentique, non pas quand les Goyim traduisent la Torah et quand certains juifs de culture Goy traduisent pour les Goyim...Ce n’est plus l’hébreu qui traduit mais le Goy qui traduit à travers son juif...

Beaucoup de traduction faite par les Juifs où c’est le Goy qui parle à travers son juif...

Alors la question : pourquoi à la traduction de la Septante on a décrêté trois jours de jeûnes ?   

Il y a une différence entre la langue grecque et la pensée grecque. On l’étudiera à propos de ‘Hanoukah. Les Grecs ont réussit à transformer et traduire la Bible dans un livre de sagesse à la manière des autres livres de sagesse des autres peuples. Cela a intoxiqué finalement les Juifs eux-mêmes qui finalement a conduit à une lecture de la Bible comme les Grecs modernes lisent Homère...

 

Question sur l’exégèse biblique : je réponds sous forme de blague c’est appelé Bikoret Hamiqra mais en réalité par hasard ils disent des choses intelligentes c’est « Bikoret Hamiqré » par hasard....

 

Fin

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31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 18:00

Devarim 93

Parashat DEVARIM 1993
 par le Rav Yéhouda Léon Ashkénazi


Commentaire Devarim (1993)1ère partie (qualité sonore moyenne).

1er verset de Parashat Devarim.

Nommé en français le Deutéronome, mot grec traduisant à peu près Mishné Torah répétition de la Tora. La 1ère question qui se pose sur le Sefer Devarim c’est de savoir pourquoi Mosheh devait répéter la Torah ? Vous verrez dans le texte de Ki-Mitsion, Parashat Vaet’hanane.

 

Ce n’est pas exactement une répétition mais cela comporte des différences car Moïse va parler à la 2ème génération d’Israël du temps de la sortie d’Egypte. La 1ère génération elle-même sortie d’Egypte a eu la 1ère révélation de la Torah et a eu l’expérience des événements de la sortie d’Egypte et pour laquelle il n’est pas nécessaire de motiver en se référant dans le détails à ce qu’a été l’expérience vécue de leur part.

 

Alors que pour la génération née dans le désert qui n’a pas forcément eu l’expérience personnelle des événements de la sortie d’Egypte, alors la répétition de la Torah pour eux qui allaient entrer dans l’histoire d’Israël qui commence sur la terre d’Israël, était nécessaire d’être réprise et ré- expliquée avec une motivation qui tienne compte du fait qu’il s’agit de la génération des fils alors que la dernière génération des pères, elle, fait partie d’une sorte de préhistoire par rapport à la génération des fils qui elle est entrée en Israël.

 

Il faut être attentif à ce que que pendant 2000 ans nous avons étudié ce sujet car nous sommes subitement 2000 après dans une situation très analogue.

Il y a une génération des pères qui fait partie de la préhistoire de la génération des fils israéliens.

Il y a autant de différences entre les Juifs de diaspora, qui font encore partie de cette préhistoire juive de l’état d’Israël, et les israéliens, qu’il y en a eu entre la génération de la sortie d’Egypte qui est restée dans le désert et la génération de leurs enfants qui elle est entrée dans le pays d’Israël.

 

Il faut percevoir à quel point l’analogie est importante et à quel point donc, tous les enseignements qui ont été donnés par les maitres de la tradition au sujet de cette différence entre les quatre 1ers livres de la Torah, entendus par la genération des pères, et le 5ème livre, entendu par la génération des fils, reprennent un sens contemporain.

 

Cela se renvoit en particulier à un enseignement préfiguratif que la Torah nous a donné dans le livre de Shemot, entre la manière dont Dieu s’est révélé aux Patriarches (principalement Abraham) et la manière dont il se révèle à Moïse, six générations après, au moment de la sortie d’Egypte.

 

C’est un sujet pour lui-même que je rappelle très briévement ne serait-ce que sous forme de rubrique. On apprend dans ces 1er et 2nd versets de la Parashah de Vaéra dans le livre de Shémot que Dieu se révèle aux Patriarches en tant que Dieu de la promesse et le nom qui est dévoilé est celui de El Shaday - alors qu’il se révèle à la génération des fils qui vont entrer dans l’histoire d’Israël après la sortie d’Egypte, sous le nom de Youd-Hé-Vav-Hé -  Shem Havayah - Dieu qui réalise.

 

C’est cette analogie que nous sommes en train de vivre : les Juifs de la diaspora ont vécu le temps de la promesse alors que les israéliens vivent le temps de la réalisation.

 

Et tout cela induit énormément de différences, qui font comprendre en tout cas les tensions et les conflits qu’il y a entre l’idéologie juive surtout diasporique et la doctrine déjà israélienne de la Torah. Nous devons au Rav Kouk d’avoir enseigné cette différence. Sans celui-ci nous serions en plein désarroi, ne sachant pas diagnostiquer cette analogie entre la génération de la sortie d’Egypte qui a vécu la promesse et qui n’a pas connu la réalisation jusqu’au bout ; puisqu’elle a préféré rester dans la Yeshivah du désert, si j’ose dire, et la génération des fils qui, elle, a vécu la réalisation.

 

Vous voyez à quel point nous sommes confrontés à une situation dramatique et sans ces guides de la génération précédentes nous serrions dans le désarroi et pire dans la perplexité, le doute.

 

Pour revenir au sujet :

Il va y avoir une première question portant sur le changement de style du récit. C’est Moïse qui transmet la révélation mais il la transmet dans les quatre premiers livres au style indirect :

« Et Dieu m’a dit de vous dire... »

Tandis que dans le cinquième livre, il va parler à la 1ère personne. Nous allons tout de suite rencontrer ce sujet.

 

Cela explique votre question : « Qui a écrit ? »

Personne n’a écrit, cela a été mis par écrit mais bien plus tard, à la fin des 40 ans dans le désert, par Moïse. Mais personne n’a écrit ce livre. Le français distingue « écrit » et « mis par écrit ». Il y a un abîme entre les deux. Jacob Gordin : « la Bible est le seul livre qu’aucun homme n’a pas pu écrire ». « C’est le seul roman policier qu’aucun homme n’a pu écrire, car dans ce livre, l’accusé c’est le lecteur ! »

 

Effectivement, il y a une énigme policière : Qui est accusé et de quoi ? le péché originel, les fautes d’Israël... et finalement c’est le lecteur qui est le héros du récit. Personne n’a jamais pu écrire un livre aussi universel qui a une portée aussi colossale et où le héros est le lecteur. Le héros du récit, c’est moi, c’est vous : untel, fils d’untel, fils de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham....

 

Verset 1:

 אֵלֶּה הַדְּבָרִים, אֲשֶׁר דִּבֶּר מֹשֶׁה

Eleh ha devarim asher diber Mosheh...

Et voici les paroles que Moïse a parlé

 

C’est la traduction habituelle du mot hébreu Devarim paroles

Ledader parler de manière immédiate - Diber c’est parler fortement.

Le verbe Amor et Imarot Imerot amamarim : c’est parler de manière douce, c’est un langage d’amour. Tandis que le verbe Diber: c’est parler durement : exhorations, ordres, réprimandes... Parler fortement.

 

Je vous cite le verset qui éclaire ce sujet :

 

koh tomar lebeit Yaaqov outedaber lebeit Israël

ainsi tu diras (amor) à la maison de Jacob et tu ordonneras (daber) à la maison d’Israël »

 

Un des midrashim explique ce verset : en distingant les femmes (maison de Jacob) et les hommes (Beit Israël).

 

Donc on est averti que ce sont des paroles dures.

 

אֵלֶּה הַדְּבָרִים, אֲשֶׁר דִּבֶּר מֹשֶׁה אֶל-כָּל-יִשְׂרָאֵל, בְּעֵבֶר, הַיַּרְדֵּן:  בַּמִּדְבָּר בָּעֲרָבָה מוֹל סוּף בֵּין-פָּארָן וּבֵין-תֹּפֶל, וְלָבָן וַחֲצֵרֹת--וְדִי זָהָב

Eleh hadevarim asher diber Moshe
el-kol-Yisra'el
be'ever haYarden
bamidbar
ba'Aravah
 mol Suf beyn-Paran uveyn-Tofel
veLavan vaChatserot veDi Zahav.

Et voici les paroles que Moïse a parlé

à tout Israël
en deça du Jourdain (en Transjordanie)

Bamidbar dans le désert

baravah dans la plaine (la steppe)

moul en face de

Souf

beyn Paran ou ben Tofel

entre Paran et Ben-Tofel

 

D’où votre question Asher Diber Moshé et c’est toujours Moïse qui parle puisqu’il est le porte-parole, mais d’autres versets disent « sur l’ordre de Dieu » ou bien  « par l’entremise de Moïse... », mais là ce n’est pas dit. D’où la question avec le fait que le style est celui de la première personne.

 

Je ne traduis pas mais nous sommes renvoyés à chaque fois où il y a eu révolte ou faute de la génération du désert.

 

Rashi citant les Midrashim du Talmud explique que par pudeur et respect pour l’honneur d’Israël, Moïse au lieu de rappeller les circonstances de ces admonestations,  Moïse emploie des allusions des endroits où cela s’est passé.

 

Rashi :

« Parce que ce sont des paroles de réprimandes et que Moïse a énuméré ici tous les endroit où ils ont irrité Dieu dans ces endroits, c’est pourquoi il n’a parlé que par allusion (satam : paroles fermées) et les a mentionné par remez-allusion pour tenir compte de la gloire de l’honneur d’Israël » 

 

Enseignement du Rav A. Epstein (maître de Adin Steinsaltz) : il citait le Maguid de Douvno, grand Darshan, qui allait de ville en ville pour ses Drashot. Un vendredi soir il arriva en retard au village où il devait parler. Comme le Maguid n’arrivait pas le Rabbin a fait son sermon. Et le Maguid arrivant en retard s’assit au milieu de l’auditoire. Le Rabin emporté par sa ferveur rabbinque s’est mis a invectivé son Qahal. Le Maguid, sidéré, écouta et espéra ne pas être comme ce rabin...

En général les rabbins s’emportent et reprochent aux présents les défauts des absents.

A la fin il s’adresse au juif d’à côté, lui demandant : dis-moi ce rabbin a-t’il des filles à marier ?

Oui ! Il a donc fait une prière : mon Dieu marie-lui ses filles qu’il cesse d’engueuler les juifs...

 

Tous ces noms se réfèrent au récit du désert et aux occasions de révoltes et de désobéissances de cette génération du désert.

 

Lorsque l’on parle de la génération du désert dans la tradition juive elle n’a pas du tout cette connotation de génération perdue ou sacrifiée, au contraire, c’est une génération de géants. Elle est appellé dans le Midrash Dor Deah la génération appellée à la connaissance. Mais parce que la connaissance était encore anticipation hâtive, mal préparée et mal reçue et mal digérée, il faut savoir que cette génération a vu les miracles et entendu la révélation de la loi. Mais ils ont mal vu et mal entendu. Mais, et c’est surtout Judah Halévi qui l’a expliqué dans le Kouzari, leur faute doit être comprise au niveau où ils étaient. Il faut nuancer les commentateurs qui parlent avec mépris de la génération du désert.

 

L’endroit Di Zahav dans la presqu’île du Sinaï d’après la  tradition est le lieu du veau d’or. Voilà comment la tradition l’explique en faisant dire à Moïse : « c’est parce que Tu leur as donné trop d’or qu’ils en ont eu assez pour faire le veau d’or » « Di Zahav » = « Daï zahav ! »

C’est un exemple des plaidoyers de Moïse.

 

1:2

אַחַד עָשָׂר יוֹם מֵחֹרֵב, דֶּרֶךְ הַר-שֵׂעִיר, עַד, קָדֵשׁ בַּרְנֵעַ

A’had assar yom meChorev derekh har-Se'ir ad Kadesh Barnea

 

A partir du ‘Horév, à partir de la montagne du Har Sinaï, s’il n’y avait pas eu ce détour de 40 ans dans le désert, il suffisait de 11 jours pour arriver à Jérusalem !

 

Cela a pris 40 ans pour séparer la génération de la préhistoire de celle de l’histoire des fils qui commence par cette vacuité, ce néant du désert entre 2 civilisations : celle de l’échec égyptien et celle naissante d’Israël. Alors que si cette génération d’Egypte en avait été capable il suffisait de 11 jours de marche entre Israël et l’Egypte. On l’a vu à la guerre des 6 jours., il y a avait même moins que 11 jours de marche. Quand Sharon a décidé d’attaquer...

 

דֶּרֶךְ הַר-שֵׂעִיר, עַד, קָדֵשׁ בַּרְנֵעַ

Derekh har Séir

À travers la montagne de Séir

Ad kadesh barneah

Jusqu’à Kedesh Barneah

 

1:3

וַיְהִי בְּאַרְבָּעִים שָׁנָה, בְּעַשְׁתֵּי-עָשָׂר חֹדֶשׁ בְּאֶחָד לַחֹדֶשׁ; דִּבֶּר מֹשֶׁה, אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, כְּכֹל אֲשֶׁר צִוָּה יְהוָה אֹתוֹ, אֲלֵהֶם

Vayehi be'arba'im shanah be'ashtey-asar ‘hodesh bee’had la’hodesh

Et il arriva à la 40ème année et au 12ème mois au 1er du mois

(Nous sommes donc le 1er Adar de la dernière année des 40 ans)

diber Mosheh lebenei Israël

a parlé Moïse aux Bnei Israël

kekhol asher tsivah Adonay oto alehem.

selon tout ce que Dieu avait prescrit à lui pour eux

 

Ici nous avons la réponse, le verset est très clair. C’est pourquoi je me suis toujours étonné de voir à quel point cette question revient chez les commentateurs eux-mêmes. Moïse aurait-il dit par lui-même, ce 5ème livre ? Le texte est très clair, ce qu’il faut expliquer c’est le changement de style : Pourquoi parle-t’il à la 1ère personne ?  Mais il est clair suivant ce verset que la révélation de Dieu est mise par écrit dans ce 5ème livre.

 

diber Mosheh lebenei Israël

a parlé Moïse aux Bnei Israël

kekhol asher tsivah Adonay oto alehem.

selon tout ce que Dieu avait prescrit à lui pour eux

 

J’ai tenu à vous faire photocopier la page de garde du livre « Guélilei Zahav » qui est le commentaire du Rav David Movskovitch qui était un des livres de chevet du Rav Kouk et que j’ai étudié avec lui, et que j’utilise assez souvent.

 

« Qu’est-il écrit plus haut (le Rav nous renvoit au dernier verset du livre de Bamidbar) ?

Eleh hamitsvot vehamishpatim asher tsivah HM beyad Mosheh voici les commandements et les lois que Dieu a ordonné à travers-par la main de Moïse)

 

(J’ai remarqué que le mot de « maintenant » traduit exactement le mot hébreu de Mi Yad, main tenant. Peut-être ce mot de « maintenant » sort-il de l’école de Rashi ? Car il y a beaucoup de mot français qui sont des traductions des idiomes talmudiques, par exemple « entre chien et loup », « bein kelev ve zeev », l’expression vient du Talmud quand on se pose à quelle heure le matin il faut dire le Qriat Shéma. Une des réponse est « entre chien et loup ». C’est le même animal sauvage ou domestique. Ou bien l’expression « tête-bêche ». Dans la Kaballah, il y a 70 alphabets différents de l’alphabet hébraïque. L’un d’entre eux se nomme le Atbash qui est « tête-bêche »... et il y a d’autres exemples)

 

Je vais reprendre le verset 13 chapitre 36 de Bamidbar :

 

36:13

אֵלֶּה הַמִּצְו‍ֹת וְהַמִּשְׁפָּטִים, אֲשֶׁר צִוָּה יְהוָה בְּיַד-מֹשֶׁה--אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל:  בְּעַרְבֹת מוֹאָב, עַל יַרְדֵּן יְרֵחוֹ

Eleh hamitsvot vehamishpatim
asher tsivah HM
beyad Mosheh
el benei Israël
beArvot Moav
voici les commandements et les lois

que Hashem a ordonné

par l’intermédiaire de Moïse

aux enfants d’Israël

dans les plaines de Moav

 

Il faut vous dire qu’il y a 3 niveaux de révélation de la Torah par Moïse :

-          La révélation qui s’appelle MiSinaï

-          La révélation qui s’appelle béOhel Moed

-          La révélation qui s’appelle BéArvot Moav

 

-          Les Mitsvot sont ditent soit de façon explicite MiSinaï, et apparemment on est familier des 10 commandements qui sont dits MiSinaï, mais il n’y a pas que les 10 commandements.

 

-          Soit la révélation BéOhel Moed : lorsque le peuple a été puni des fautes, en particulier de la faute du veau, la révélation n’a plus été publique comme elle l’avait été auparavant pour les 10 paroles sur le Sinaï, elle à été réservée de Dieu à Moïse dans le Ohel Moed que l’n appelle la tente d’assignation.

 

-          A la fin des 40 ans, lorsque Moïse est arrivé dans les plaines de Moav devant le Jourdain, les dernières Mitsvot et la récapitulation du 5ème livre sont dite BéArvot Moav dans les plaines de Moav.

 

Il y a une suite à la révélation dans les plaines de Moav qui est Ruth.

Ruth effectivement reprend la révélation aux plaines de Moav. L’histoire de Ruth se passe dans les plaines de Moav. Méguilat Rout est lue à Shavouot.

 

Il y a trois niveaux de révélations. C’est un sujet pour lui-même.

 

Et le dernier verset du livre de Vayiqra, qui n’est pas cité ici, dit ceci : Verset 34 chapitre 27 :

37:34

אֵלֶּה הַמִּצְו‍ֹת, אֲשֶׁר צִוָּה יְהוָה אֶת-מֹשֶׁה--אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל:  בְּהַר, סִינָי

Eleh hamitsvot asher tsivah HM et Mosheh el benei Israël beHar Sinaï 
Voici les commandements que Hashem a ordonné à Moïse pour les enfants d’Israël sur le mont Sinaï

 

Donc, toutes les Mitsvot qui sont sous le titre de ce verset sont dites du Sinaï et pas seulement les 10 commandements.

 

D’autres parts, certaines Mitsvot sont reprises à Arvot Moav, dans les plaines de Moav et en particulier le livre de Devarim.

 

C’est très schématique ce que je vous ai dit là, mais retenez qu’il y a trois niveaux de révélations et chaque fois la révélation de Dieu à Moïse pour les Bnei Israël. Et donc le véritable problème n’est pas de savoir si le livre de Dévarim est révélé ou pas, mais c’est de savoir pourquoi Moïse parle à la 1ère personne dans le livre de Devarim ?

 

Je vais revenir un peu sur le dernier verset du livre de Vayiqra pour expliquer un expression du verset :

 

37:34

אֵלֶּה הַמִּצְו‍ֹת, אֲשֶׁר צִוָּה יְהוָה אֶת-מֹשֶׁה--אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל:  בְּהַר, סִינָי

Eleh hamitsvot asher tsivah Hashem et Mosheh el benei Israël beHar Sinaï 

 

-          el Benei Israël «  au sujet des enfants d’Israël » et non « pour » car sinon le texte comporterait « li bnei Israël » expression qui existe aussi.

 

-           Asher tsivah Hashem et Mosheh : là aussi 2 expressions possibles : « asher tsivah Hashem et Mosheh» avec la préposition « et » qui introduit le complément d’objet transitif, et il y a aussi Asher tsivah Hashem el Mosheh. Il y a là deux sens différents en fonction des différentes prépositions « et » et « el ». La préposition ‘et’ la préposition ‘el‘.

Il y a les deux expressions suivantes possibles : Tsav et Benei Israël forme transitive directe c’est instruire les enfants d’Israël (forme-les, éduque-les, de telle sorte qu’ils sachent comment réagir lorsqu’ils doivent réagir) Tsav el Bnei Israël c’est-à-dire «donne des instructions, des ordres aux Bnei Israël.» C’est une différence énorme. Et c’est un problème de fond

 

Avant de donner la Torah explicitement en 613 Mitsvot, Moïse avait reçu une consigne générale pour Israël : toute la Torah dans une seule consigne générale : Reprenez le chapitre 19 de Shémot l’Exode avant que l’on sache qu’il va y avoir révélation explicite, un code, une Torah, il y a un verset où Dieu dit à Moïse voilà ce que tu vas leur dire : [Shémot 19:10]

וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ

veatem tiyou li memlekhet kohanim vegoy kadosh,

eleh hadevarim asher tedaber lebenei Israël.

Et vous serez pour moi peuple de prêtres et nation sainte,

voici les paroles que tu diras aux enfants d’Israël

 

Et on sait pas encore ce qui se passe au chapitre 20, et là le peuple répond en disant « naassé venishmah - tout ce que Dieu dit nous ferons ». Et Moïse rapporte cette réponse à Dieu en l’expliquant : ils ont dit que Dieu le disent.

 

Cela veut dire qu’il y a un projet d’identité pour Israël au Sinaï, que Israël devienne un peuple de prêtres et une nation sainte pour le reste de l’humanité.

 

La question est très importante : si vous savez comment fonctionner comme prêtres c’est bien, sinon ce n’est pas à vous que Je parle, ce n’est pas vous Israël... Et ils ont voulu entendre Dieu le dire, alors Dieu s’est révélé pour donner la Torah, ie. le code, le mode d’emploi pour être peuple de prêtres et la nation sainte.

 

C’est ce à quoi on fait allusion dans la Hagadah de Pessa’h dans le Dayénou :

S’il nous avait approché du Sinaï et ne nous avait pas donné la Torah Dayenou !

 

Comment comprendre cela ? Et qu’est-ce qu’on serait aller faire au Sinaï ?

Justement, approcher du Sinaï Maamad har Sinaï cela veut dire savoir que vous êtes appelés à être les peuple de prêtres des autres nations. Mais on a pas été capable de savoir comment cela fonctionne. Cela aurait dû nous suffire, mais en plus on a eu un cadeau : Matan Torah, la Torah comme code. Cela explique cette difficulté de ce chant de Dayénou.

 

(Nombres des rabbins anti-sionistes utilisent à tort ce Dayénou : si Il nous avait donné la Torah et ne nous avait pas fait entrer en Israël cela nous aurait suffit, Dayénou ! )

 

Tsva et : forme-les pour qu’ils sachent d’eux-mêmes (comme Moïse) et s’il ne savent pas voilà un cadeau, Tsav el donne-leur les instructions...

 

(L’exemple que je donne habituellemment c’est le manuel de pompiers :

Sache que le feu brûle, sache que l’eau éteint le feu...

S’il ne le sait pas c’est que ce n’est pas à lui que l’on parle.)

 

Chaque verset a une grande importance dans sa formulation.

 

Retour à l’étude du Guélilei Zahav:

 

« Qu’est-il écrit plus haut (le Rav nous renvoit au dernier verset du livre de Bamidbar)

Eleh hamitsvot vehamishpatim asher tsivah HM beyad Mosheh

Voici les commandements et les lois que Dieu a ordonné à travers-par la main de Moïse)

et il a joint (au dernier verset du livre de Bamidbar) eleh hadevarim asher diber Mosheh

les paroles que Moïse a dites, chaque fois qu’un texte commence par Eleh voici, ce sont, le  démonstratif sous la forme pluriel (singulier zeh, zot, pluriel eleh) il y a des verset qui commencent par véeleh ou vézot. Véeleh en principe rajoute à ce qui précéde et éleh tout court fait une coupure. Le Rav utilise ce principe ici.)

cela amoindrit quelque chose dans les enseignements précédents

ici le Rav a cité une Guirsa, une version très particulière de cette régle d’exégèse. En général il y a Pissel, annule les choses précédentes.   

On essaira de comprendre d’après l’enseignement des maitres qui disent « ein masfikim beqlalot »

 

Il y a un grand enseignement qui dit qu’il y a 2 passages dans la Torah où il a des formules de malédictions s’il y a risque de fautes. En particulier dans la Parashah de Ki Tavo de Dévarim et il y a une autre listes de malédictions dans Parashat Be’houqotai.

 

Il y a un principe talmudique que lorsqu’on découpe la Parashah le Shabat en 7 parties on n’arrête pas au milieu des Qlalot, le texte des Qlalot est lu en une fois. Il y a un Minhag de faire monter à la Torah le plus vieux de la communauté parce qu’on lui demande à la fin de la lecture de bénir l’assemblée. Le principe est le suivant : On n’interrompt pas dans la lecture des malédictions.

.../...

 

***

Parashat Devarim 93 Suite & fin

  Commentaire Devarim (1993) 2ème. partie (qualité sonore moyenne).


.../...

...le Traité de Méguila, parce que les première malédictions sont dites au pluriel et cela veut dire quand le texte utilise le pluriel pour parler à Israël, que cela concerne chaque individu pour lui-même dans sa destinée individuelle, et lorsque c’est un singulier, cela concerne tout Israël dans sa destinée collective.

 

Donc, la différence de style de ces 2 textes, c’est que dans le livre de Vayiqra lashon rabim c’est au pluriel : et Moïse les a dites directement Mi peh al Gevourah cela veut dire, la révélation directe, mais ici c’est dit au singuier et Moïse l’a dit de lui-même.

Et pourtant il faut s’étonner, on cite dans le Talmud, on dit en général : « celui qui dit que la Torah n’est pas révélée, et même un seul verset il prétend que Moïse l’a dit de lui-même, de celui-ci on dit : « il a méprisé la Parole de Dieu et donc il n’a pas part au Olam Haba (dans Talmud Sanhédrin). Il y a une contradiction !

D’une part on nous dit en s’appuyant sur la différence que la Talmud fait entre les Qlalot de Vayiqra et les Qlalot de Dévarim, que les unes furent dites par Mosheh, MiPeh Al Gvourah, par révélation directe, et que les autres, il les a dites de lui-même, et d’autre part on apprend que celui qui dit d’un seul verset que Moïse l’a dit de lui-même n’a pas part au monde à venir ?

 

Et cependant cela sera compris, d’après ce que j’ai vu dans un livre BeShem haGra’ du gaon de Vilna : la différence qu’il y a entre les 4 premiers livres et le Deutéronome, car les premiers livres sont entendus de Dieu directement par l’intermédiaire de la gorge de Moïse (cela veut dire que Dieu parlait dans la voix de Moïse) ce n’est pas le cas de Sefer Dévarim, Israël l’entendait de la bouche de Moïse lui-même.

 

Cela veut dire qu’il y avait une différence de privilège et de dignité entre la génération des pères qui entendaient Dieu parler dans la voix de Moïse, et alors quand ils se trompaient, ils se trompaient à ce niveau-là, alors que la génération des fils entendait Moïse dire ce que Dieu lui disait.

 

On voit l’importance des nuances de style en hébreu, que ce soit la Torah elle-même ou de ce que cite le Talmud ou les Midrashim... ou bien même l’enseignement entendu de la bouche d’un maitre, chaque détail, nuance, compte et donne son sens véritable. A la lettre près. C’est le sens du Midrash (Meguila 15a) : « kol ha omer davar beshem omro meivi géoulah laolam - celui qui dit quelque chose au nom de celui qui l’a dite amène la délivrance dans le monde » signifiant au niveau direct Pshat qu’il faut toujours dire qui a dit quoi...

 

(Quand Rabbi Akiba dit tu aimeras ton prochain comme toi même cela a un sens. Quand c’est un chrétien qui le dit cela a un autre sens. Cela dépend de qui dit quoi !) 

 

J’ajoute une nuance : omer davar beshem omro - dans les mots que celui qui a dit a employé... beshem omro : beshem mamash !

 

Et par celà seront éclaircies les paroles du Midrash ici sur le verset « ma’hpeh lashon ets ‘hayim »

 

Lorsque l’on emploie une manière de parler qui adoucit, qui guérit la langue, c’est cela l’arbre de vie Ets ’Hayim.

 

C’est une expression qui vient d’un verset de la Bible. La Torah est appellée Ets ‘Hayim. Le Midrash cite ce verset et dit : avant que Moïse ait mérité d’être le porte-parole de la Torah, il est écrit à son propos : « je ne suis pas un homme de parole »  (lo ish devarim anokhi) (parce que lorsqu’on multiplie les parlottes cela induit la faute - cf. la Mishnah « siad la’hokhmah shtiqah » « une protection à la sagesse c’est le silence ». « Toute ma vie, j’ai grandi au milieu des sages (cela veut dire rester jeune), et je n’ai pas trouvé pour le corps meilleure chose que le silence». C’est une Mishnah difficile.

 

Le Rav Na’hman de Braslav a enseigné à propos de cette Mishnah : que signifie j’ai grandi entre les sages ? Qui y a t’il entre les sages ? C’est la Mal’hoquet ! Toute ma vie, j’ai assisté à la controverse entre les sages et et de là, j’ai appris qu’il n’y a rien de mieux pour le corps que le silence. Alors pourquoi le corps ?

 

Talmud : « celui qui soupçonne des gens qui sont corrects est frappé dans son corps ». C’est ce que risque d’induire la Mal’hoqet.

 

Précaution : Ne pas tomber dans le défaut des étudiants en médecine qui deviennent obsédés des symptomes sur autrui ou hypocondriaques. Quand on entend une régle à comprendre et qui comporte un jugement de valeur, il ne faut pas chercher qui cela concerne. Il faut laisser le jugement à Dieu. De même que le médecin voit les symtômes des maladies qu’il étudie partout... 

 

Ki lo ish devarim anokhi

C’est une mauvaise traduction de dire que Moïse bégayait. Pourquoi, avant la révélation, Moïse ne pouvait pas parler ? Il a fallu attendre la sortie d’Egypte pour qu’il puisse parler. Tant qu’il était en Egypte, la parole était prisonnière. A la sortie d’Egypte, la parole a été délivrée. C’est un sujet pour lui-même.

 

« A partir du moment, où il a mérité d’être le porte-parole de la Torah sa langue a été guérie et il a commencé à parler les paroles

 

Sa langue a été guérie : ici le Rav se référe à un enseignement du Midrash sur Moïse enfant jouant avec la couronne du Pharaon. Les 3 sages de la cour du Pharaon, Bilaam, Job et Yitro, sont interrogés. Bilaam lui a dit que cela signifiait qu’un enfant le détrônerait. C’est pourquoi il fut décidé de jeter tous les juifs mâles dans le Nil. Le Midrash raconte que Eliyahou hanavi, sous les traits de Yitro, demanda d’apporter une braise pour vérifier. Si l’enfant prend une braise rouge pour de l’or c’est le signe que tout va bien. Un autre Midrash dit que l’ange lui a fait prendre la braise et que Moïse enfant s’est brûlé la langue qui fut guérie...

 

D’après ce que dit le début de notre verset « Voici les paroles que Moïse a dites ». Parce que déjà nos maitres ont écrit la raison pour laquelle Mosheh était lourd de bouche, parce que tous savaient que les paroles qui sortaient de sa bouche ne sont pas de lui mais que c’est la Shékhinah qui parle à travers sa gorge. Et ainsi en Egypte, il a été évident au Pharaon et à ses serviteurs que la bouche qui leur parlait n’était pas celle de Moïse mais celle de la Shekhinah qui parlait du dedans de lui, car il savait qu’il ‘bégayait’ et ne pouvait pas parler en clair, et parce que le Séfer Devarim, il devait le dire de lui-même, sa langue a été guérie, et ceci a été un signe et une preuve, que la bouche qui ne pouvait pas exprimer une seule parole sans ‘bégaiement’, maintenant commence à prêcher avec beaucoup de douceur. Alors tous ont reconnu que même ce qu’il disait maintenant de lui-même c’est ce qui a été ordonné de dire Mipeh haGvourah de par la révélation, et cela vient de son mérite d’être devenu le porte-parole de la Torah, car déjà la foi que la Torah est révélée du Ciel, s’est enracinée (ches les Juifs), sa langue a été guérie. »

 

C’est à partir du moment ou tout le monde savait que lorsque Moïse parle c’est Dieu qui parle qu’il pouvait alors parler de lui-même, normalement.  

Ce n’est pas parce que Moïse ne pouvait pas parler qu’il parlait difficilement, mais c’est qu’il avait trop à dire. Celui qui a trop à dire, n’arrive pas à parler. C’est l’inverse.

 

J’ai mieux compris ce sujet lors de l’étude de la fonction de l’oubli dans la philosophie de Bergson. Il explique que le cerveau a une fonction d’oubli qui permet au langage de trier ce qui doit être dit sinon on ne pourrait pas parler.

 

Et d’où savons nous tout cela ? de ce que nous avons lu : « Eleh hadevarim asher diber et Mosheh” sans le vav.

 

***

 

Q :  dans Sefer Devarim, Moïse a parlé « mipeh atsmo », cela veut-il dire qu’il a retransmis mot pour mot les paroles de Dieu ou bien qu’il a parlé dans son propre langage ? 

 

R : Cela veut dire ces 2 choses à la fois et encore plus. Il a parlé en tant que chef du peuple et pas seulement en tant que porte-parole de Dieu pour Israël.

Le style des quatre premiers livres c’est que Moïse est d’une transparence absolue surtout pour éviter le risque de divinisation de Moïse par le peuple, ce qu’on appelle le culte de la personalité. La gloire de Moïse comme médiateur c’est d’être un médiateur totalement transparent. Il ne réussit que lorsqu’il s’efface. C’est pourquoi chaque tentative de diviniser le médiateur se sépare du judaïsme. Ce fut la faute du Erev Rav après le Sinaï qui a voulu remplacer Moïse par le veau d’or parce qu’il tardait à redescendre de la montagne. Cela s’étudie aux chapitres 12 et 32 de l’Exode. Dans les quatre premiers livres, il est porte-parole de Dieu, mais en tant que relai de la révélation, prophète de la loi ; alors que dans la cinquième livre, il laisse se formuler son identité de chef du peuple. Il n’est plus simplement prophète mais il est aussi chef du peuple, et se dévoile son identité propre.  Atsmo shel Mosheh. L’essence de Moïse qui n’est pas n’importe quel prophète.  

 

Le texte l’appelle Ish haElohim homme de Dieu. Les chrétiens s’emparent de l’expression. Mais un Midrash le dit en clair : « ‘hetsio oul maalah Elohim - ‘hetsio oul maatah Adam » littéralement : « sa moitié plus haut Dieu, sa moitié plus bas homme »

Il faut lire l’expression du Midrash avec l’accent juif : « ‘hetsio oul maalah, Elohim - plus haut que sa motié d’en-haut : Dieu - ‘hetsio oul maatah, Adam » sa moitié d’en-bas, et plus bas : l’homme ».  Moïse était entre Dieu et l’homme, et donc sa moitié supérieur était du côté de Elohim et sa moitié inférieure était du côté de l’homme.

 

Cette idée païenne de l’incarnation et de la confusion de sa substance est rejetée par le Midrash.

Rattachez cela aux niveaux de l’être selon Judah Halévi dans le Kouzari :

-          « domem » le silencieux

-          “tsomea’h”  le végétal

-          « ‘hay » le vivant

-          « ‘hay hamedaber » le vivant parlant

-          ”hanavi” le prophéte

 

Le prophète est entre Dieu et l’homme. Mamash.

Comme nous vivons dans un temps où l’on ne voit pas les Prophètes, en tout cas ceux qui ont la rémanence de la prophétie, qui ont le Roua’h HaQodesh, sont cachés. Ce sont les justes cachés, car s’ils étaient dévoilés on aurait de suite une ‘Hiloulah. Alors ils sont cachés.

Ils sont vraiment autres : entre Dieu et l’homme. Et c’est sérieux.

Un enseignement de la Kaballah, sans l’expliquer : Mosheh otiot Hashem

 

Q : Sens de cette Mishnah de Avot « toute ma vie j’ai grandi entre les sages » ?

R: « Toute ma vie j’ai grandi entre les sages et je n’ai pas trouvé pour le corps meilleure chose que le silence – tov mi shtiqah - et une autre guirsa dit : tov eilav shtiqah, bon que le silence ».

Rav Na’hman Breslav : « bein ha’hakhamim entre les sages » qui y a t’il entre les sages ? le silence ou la mal’hoqet ». Le Tana dit ici ce qu’il a compris de cette expérience qu’il a eu entre les sages : il vaut mieux se taire que d’entrer en Mal’hoquet.

Cela se rattache à une autre Mishnah des Pirqey Abot, lue par le Maharal :

« Toute Mal’hoquet désintéressée, « au nom du ciel » « leshem shamayim », finit par se résoudre » C’est la traduction habituelle.

Le Maharal lit : sofa lehitqayen finit par perdurer car elle est « leshem shamayim » (dimension d’éternité) elle durera, alors qu’une querelle intéressée :  ein sofa leitqayen finira par être oubliée ...

C’est pourquoi il ajoute une consigne : il faut se méfier des querelles leshem shamayim qui n’ont pas de fin... On croit que c’est bien et on félicite les gens lorsque ils sont en querelle leshem shamayim. Il faut s’en méfier ! Quelle est la vraie motivation derrière ? Allez au secours de la justice ? N’y-a-t’il pas un juge là-haut ? Donc la querelle leshem shamayim ou celle qui n’en a que l’apparence est très dangeureuse. Il faut se méfier des gens têtus. Puisque ce sont 2 manières tout autant valable – paroles des uns et paroles des autres paroles du Dieu vivant - de vouloir dire la même chose, alors  pourquoi cet entêtement ? Qu’est-ce qu’il y a derière ? C’est ce que dit la Mishna.

 

Q : Vous avez fait une différence entre Juifs de la diaspora et les Juifs israéliens ?

R :  les uns sont à l’indice des pères et les autres sont à l’indice des fils. Reprenez les versets, c’est très clairs : Les pères vivent une promesse et leur fils vivent la réalisation. Il y a un hiatus qui malheureusement se creuse de plus en plus. Jérémie : « et les fils reviendront à la frontière »... Et les pères ? Il ne s’agit pas d’état civil. Mais surtout le dernier verset de la prophétie de Malakhi. Les Juifs de diaspora ne comprennent rien à la mentalité israélienne. Ils projettent des catégories différentes. (Bien sûr, avec toutes les transitions possibles et imaginables puisque c’est un processus d’engendrement) Je suis frappé de cette sincérité avec laquelle les Juifs de diaspora parlent du pays d’Israël comme du pays des ancêtres alors qu’ils sont eux-mêmes ces ancêtres.

 

Q : C’est une généralité que je trouve choquante !

R : Bien sûr, c’est une généralité. Tu la trouve choquante parce que tu penses à des personnes qui sont peut-être pas dans le cas que tu croies. Réfléchis bien. J’ai eu ton âge avant toi. Et ce n’est pas pour rien que j’ai dit tout à l’heure : ne chercher pas des diagnostics personnels. Comprennez ce qu’on apprend. Et c’est ce qui disent les versets qui ne généralisent pas mais qui disent ce qu’ils disent. Il y a chez les Juifs de diaspora beaucoup d’hébreux, plus ou moins cachés, et il y a chez les hébreux d’Israël beaucoup de Juifs, plus ou moins en ghetto. C’est la situation historique que nous vivons. Je sais très bien que cela risque de choquer mais il ne faut pas. Il faut apprendre, comprendre, et réfléchir. Je cite des versets, allez voir ce que les Méfarshim en disent. Le théme en jeu là c’est la différence entre la promesse et la réalisation de la promesse.

Pendant 2000 ans nous avons répété dans la prière : « que nous sommes heureux, comme c’est nous  etc... » avec tous les malheurs que nous avions vécu. Mais nous avions la foi qu’une promesse se réaliserait et cette foi fut colossale pendant 2000 ans. La foi en une promesse doit être Shlemah, sans l’ombre d’une ombre. Mais quand arrive le temps de la réalisation, les difficultés commencent. Relisez le dialogue entre Dieu et Moïse à ce propos. La fin de Parashat Bo et le début de Vaéra. Relisez ce que la tradition des maîtres de la tradition juive pendant 2000 ans ont dit à ce sujet. Et ce qu’en dit le Midrash. Vous verrez que c’est ce qu’on est en train de dire. C’est pourquoi il ne faut pas réagir comme cela pieusement seulement. Il faut étudier.

 

D : l’Israël d’aujourd’hui c’est l’Israël de la Torah ?

R : Et ce serait l’Israël d’où celui qu’il y a dans la Torah ?

D : C’est celui qu’on attend.

R : C’est ce que je disais, on est encore dans la promesse : il y a une différence entre les pères et les fils. Ton inquiétude pense à des gens que cela risque d’atteindre. Je sais que c’est un problème grave. Lisez les derniers versets de la Parshat Bo et ce que dit Rashi en citant le Midrash. Et lisez le début de la Parashat Vaéra. Et réfléchissez bien que cela s’est déjà passé à la sortie d’Egypte, la même chose et avec les mêmes réactions d’ailleurs. Egalement les premiers chapitres de Josué faisant face aux mêmes perplexités.

 

Le dernier de la prophétie quand le Prophéte Malakhi évoque le probléme de la fin des temps en parlant d’Eliyahou Hanavi: « et il réconciliera le coeur des pères et le coeur des fils et réciproquement ». Car les pères sont ceux qui ont entendu la promesse et les fils sont ceux qui la réalisent. Et quand ils commencent à réaliser, il y a tout ce que la Torah a raconté à la sortie d’Egypte et que nous vivons actuellement en Israël.  

 

Parshat Shemot 5:22:

Moïse va se faire le porte parole devant les difficultés, les perplexités et les incompréhensions. Cela commence dans les douleur de l’enfantement :

 

וַיָּשָׁב מֹשֶׁה אֶל-יְהוָה, וַיֹּאמַר:  אֲדֹנָי, לָמָה הֲרֵעֹתָה לָעָם הַזֶּה--לָמָּה זֶּה, שְׁלַחְתָּנִי

Vayashov Moshe El Hashem vayomav

Et Moïse revint vers Dieu et lui dit :

Adonaï Lamah Harâotah laâm

Adonaï, pourquoi fais-tu du mal à ce peuple ?

lamah zé shélahtani?

Pourquoi m’as tu envoyé ?

וּמֵאָז בָּאתִי אֶל-פַּרְעֹה, לְדַבֵּר בִּשְׁמֶךָ, הֵרַע, לָעָם הַזֶּה; וְהַצֵּל לֹא-הִצַּלְתָּ, אֶת-עַמֶּךָ

Et depuis que je suis venu chez Paro

(cf. en filigrane la visite de Herzl chez le Pape)

pour parler en ton nom,

ce peuple n’a eu que du mal,

et sauver tu n’as pas sauvé ton peuple.

 

וַיֹּאמֶר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה, עַתָּה תִרְאֶה, אֲשֶׁר אֶעֱשֶׂה לְפַרְעֹה:  כִּי בְיָד חֲזָקָה, יְשַׁלְּחֵם, וּבְיָד חֲזָקָה, יְגָרְשֵׁם מֵאַרְצוֹ

Vayomer Hashem el Mosheh...

Et Dieu dit à Moïse :

maintenant tu verras ce que je ferai à Paro,

(Midrash : maintenant tu verras mais pas à la fin des temps)

car il vous renverra avec une main forte,

et par une main forte de son pays.... 

 

וַיְדַבֵּר אֱלֹהִים, אֶל-מֹשֶׁה; וַיֹּאמֶר אֵלָיו, אֲנִי יְהוָה

Dieu adressa la parole à Moïse, en disant: "Je suis l'Éternel

וָאֵרָא, אֶל-אַבְרָהָם אֶל-יִצְחָק וְאֶל-יַעֲקֹב--בְּאֵל שַׁדָּי; וּשְׁמִי יְהוָה, לֹא נוֹדַעְתִּי לָהֶם

C’est Moi qui suis Hashem 

Et Je me suis révélé à Abraham Yits’haq Yaaqov en tant que El Shaday

(Rashi : Dieu de la promesse)

et Mon nom de Hashem je ne me suis pas fait connaître d’eux

«(Et Rashi explique : et non YHWH celui qui réalise) »

 

Effectivement, les contemporains qui sont les pères n’avaient pas le privilège que nous avons d’avoir un modèle, d’avoir un enseignement qui nous permet des repères. Les contemporains de la sortie d’Egypte étaient des pères, nous nous sommes les gens des repères.

 

Fin

******

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31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 13:19
Parasha Massei 95

Par le Rav Yéhouda Léon Askénazi (Manitou) זצ"ל


Nous allons étudier un thème sur lequel j’ai réfléchi. Le point de départ c’est un phrase, mais c’est un texte que nous allons étudier dans la Torah et sur lequel je réfléchis depuis les dernières élections. J’ai assisté aujourd’hui à la télévision à tout ce qui se passait à la Knesset et j’ai été renvoyé au thème de ce passage biblique. Nous allons étudier à ce sujet ce qui est enseigné dans la Massekhet Kidoushin. C’est une coïncidence parce que j’ai préparé ce texte pour la Parashah de Reeh pour le Ki Mitsion qui paraîtra dans quelques semaines et c’est ce matin que j’ai préparé ce texte, et cet aprés-midi j’ai assisté à l’illustration de ce texte par la Knesset. Nous allons voir comment la Torah nous parle de ces événements que nous vivons.

 

L’événement en question, j’y ai réfléchi depuis les dernières élections, c’est le fait que le sort du pays et les questions les plus graves de décision à prendre sont prises par la Knesset mais avec une équivalence des 2 côtés. Pratiquement équivalente : 120 députés et 60 d’un côté et 60 de l’autre avec une coalition de blocage de 61 voix pour le gouvernement Rabin y compris les voix arabes, et avec en plus deux transfuges qui ont été élus par les électeurs de droite. Ce qui est d’une invraisemblance démocratique et souligne le caractère kafkaïenne et ubuesque d’une telle situation.

 

Tout le monde en a conscience et on semble être pris dans une fatalité. Or, la situation en question a déjà existé immédiatement au moment de la faute du veau d’or.

 

Moïse redescend du Sinaï avec les tables de la Torah assiste à ce brouhaha qui fut celui de la Knesset aujourd’hui. C’est tellement précis que c’est impressionnant, c’est vertigineux et c’est d’autant plus rassurant. Cela veut dire qu’il y a quelque chose qui a un sens.

 

Cette impression je l’ai personnellement même avant les élections, chaque été je reçois des groupes, en général francophones. On a étudié cela et je leur disait que vraisemblablement c’est à une voix de majorité que l’élection allait être décidée. Ce n’est pas de la mystique pure et simple, il y a là quelque chose d’un autre ordre qu’une coïncidence. Parce que c’est vraiment le sort du pays qui est en jeu, et tous en sont conscient. Et ce genre de coïncidence-là est ahurissant.   

Ce qui rassure c’est que c’est comme ça que nous sommes depuis l’origine.

Malheureusement on va apprendre dans ce texte que cela va nous coûter cher. Tout en nous rassurant, il y a vraiment un risque de guerre civile.

 

Les principaux artisans de la situation poltique actuelle sont Shimon Perez et Begin dont le souci est le problème de la promotion économique d’un nouveau moyen-orient. C’est surtout Begin qui vient d’être nommé ministre de l’économie. 

 

Shemot Chapitre 32 verset 15

C’est lorsque Moïse apprend de Hashem lorsqu’il se trouve sur la montagne, ce qui se passe au pied de la montagne.

 

32:15

וַיִּפֶן וַיֵּרֶד מֹשֶׁה, מִן-הָהָר, וּשְׁנֵי לֻחֹת הָעֵדֻת, בְּיָדוֹ:  לֻחֹת, כְּתֻבִים מִשְּׁנֵי עֶבְרֵיהֶם--מִזֶּה וּמִזֶּה, הֵם כְּתֻבִים

Vayifen vayered Moshe min-hahar ushney luchot ha'edut beyado

Lu’hot ktuvim mishney evreyhem

mizeh umizeh

hem ktuvim.

Moïse se détourna et descendit de la montagne et les deux tables du témoignage dans sa main

des tables écrites des deux côtés

d’un côté et de l’autre

elles étaient écrites.  

 

Les lettres étaient gravées de tel sorte qu’elle transperçaient les tables.

Il y avait donc le problème de deux lettres qui tenaient par miracle : le Mem Sofit - Mem final et le Samekh. C’est expliqué dans la Guemara pourquoi. C’est un autre sujet.

 

32:16

וְהַלֻּחֹת--מַעֲשֵׂה אֱלֹהִים, הֵמָּה; וְהַמִּכְתָּב, מִכְתַּב אֱלֹהִים הוּא--חָרוּת, עַל-הַלֻּחֹת

Vehalu’hot ma'aseh Elohim hemah

vehamikhtav mikhtav Elohim hu

’harut al-halu’hot

et les tables étaient l’oeuvre de Elohim

et l’écriture écriture de Elohim

gravée sur les tables

 

32:17

וַיִּשְׁמַע יְהוֹשֻׁעַ אֶת-קוֹל הָעָם, בְּרֵעֹה; וַיֹּאמֶר, אֶל-מֹשֶׁה, קוֹל מִלְחָמָה, בַּמַּחֲנֶה

Vayishma Yehoshua et-kol ha'am bere'oh

vayomer el-Moshe kol mil’hamah bama’haneh

Et Josué (se trouvant sur le flanc de la montagne, le peuple étant en bas et Moïse en haut, rejoignait Moïse descendant avec les tables) entendît la voix du peule dans le brouhaha (léariaah= faire du bruit)

Et il dit à Moïse : il y a un bruit de guerre dans le camp

 

J’y faisais allusion tout à l’heure pour ceux qui ont assisté à la télévision, on a eu le descriptif de ce qu’il y avait à la Knesset avec les télévisions du monde entier.Ce verset a été illustré par la scéance de la Knesset d’aujourd’hui.

 

32:18

וַיֹּאמֶר, אֵין קוֹל עֲנוֹת גְּבוּרָה, וְאֵין קוֹל, עֲנוֹת חֲלוּשָׁה; קוֹל עַנּוֹת, אָנֹכִי שֹׁמֵעַ

Vayomer eyn kol anot gvurah

ve'eyn kol anot ‘halushah

kol anot anokhi shomea.

Et (Moïse) dit : ce n’est pas une voix d’entonnement (mot différent de leariah – leanot ) avec force 

Et ce n’est pas une voix d’entonnement avec faiblesse

Moi j’entends un voix de brouhaha

 

Alors que Josué avait appellé cela une voix de guerre. J’ai sous les yeux un Midrash de la Massekhet Taanit qui dit ceci : Moïse a voulu expliqué à Josué que cela devrait faire partie de sa personnalité de dirigeant de savoir diagnostiquer le sens des cris. Il lui reproche de ne pas distinguer entre des cris de anot gvurah et des cris de anot ‘halushah et de les diagnostiquer d’emblée comme si c’était des cris de disputes et de guerre.

 

Yerushalmi Taanit :

« Moïse a dit à Josué :  un homme qui est destiné à avoir une fonction de dirigeant sur 600 000 âmes et qui ne sait pas distinguer la signification des voix, entre une voix et une voix. »

 

Mais tout est là. Et ce n’est pas possible ni pour Josué qui diagnostique cette lutte ni pour Moïse qui sait diagnostiquer quel est le camp fort et quel est le camp faible, de savoir qui triomphe du camp fort ou du camps faible. Il y a Tékou !

 

Il en résulte qu’après ce diagnostic Moïse va demander à la tribu de Lévi de lancer la révolte contre l’événement. Et c’est effectivement cette catastrophe de la guerre civile qui nous est décrite entre la tribu de Lévi qui prend l’initiative de mettre fin à ce scandale. C’est impressionnant de voir que c’est juste quelques temps avant, alors qu’il y a une espèce d’hypnose de fascination quasi-générale, que les rabbins ont pris la décision de donner l’ordre aux soldats religieux de déclencher ce qui risque d’être assez grave à moins que les choses ne changent. Et donc tout se met en place comme la Torah le décrit. C’est pourquoi il faut s’attendre à des choses très désagréables. Mais en tout cas ce qui est rassurant c’est que le caractère fantastique et absurde de cette folie que nous sommes en train de vivre fait partie de notre normalité.      

 

Effectivement, à la sortie d’Egypte s’est adjoint à Israël authentique descendants des tribus le Erev Rav qui est cause de cette faute.

 

Je ne veux pas dire que la gauche c’est le Erev Rav y compris les Arabes et les transfuges et que la droite c’est l’Israël authentique. Ils sont tous juifs sauf les arabes. Mais ils ont le droit d’être ce qu’ils veulent être. Espérons que le parti au pouvoir commencera que l’on ne peut pas confier aux vote des arabes l’avenir d’Israël.

Cela restera pour les historiens de l’avenir comme quelque chose d’incompréhensible : la fierté suicidaire de la vraie démocratie.

 

Il y a une analogie malgré tout. Ce n’est pas dans cette étude que nous étudierons qui est vraiment le Erev Rav. C’est assez frappant de voir qu’il y a d’un côté ceux qui sont pour la vérité d’Erets Israël et les valeurs juives d’un état juif. Et les autres qui sont pour l’arabisation du pays, parce qu’on est déjà, indépendamment de la Palestine en route, dans un Israël judéo-arabe.

 

Il y a 3 chaines de télévision : il arrive que pendant des heures de suite, deux d’entre elles ont des programmes arabes.

 

La Torah prévoit qu’il y aura des étrangers dans le pays.  Je traduis ce que la Torah dit en langage contemporain : la différence entre les droits à l’égalité municipale et l’interdiction de l’identité nationale. C’est la règle de la Torah pour les étrangers dans le pays. Cela commence avec le fameux verset : vehavtah et hager ki ger haïtah beErets Mitsraïm  tu aimeras l’étanger car tu as été étranger en terre d’Egypte.

 

Mais il faut que les mots aient leur sens : c’est dans la mesure où l’étranger se considère comme étranger et le reconnait que les droits (municipaux et non pas nationaux) que lui donnent la Torah sont légitimes. Mais dès que c’est l’inverse : les étrangers qui considérent Israël comme étranger dans ce pays, c’est de nouveau Kafka qui recommence.

 

Tout cela est habillé de politique juive et j’ai été frappé par la coïncidence.

Le pays n’est pas uni, il faut en tenir compte et ne pas faire semblant qu’il le soit.

La suite se trouve dans la suite du récit biblique.

 

Ce qui est rassurant c’est que cela s’attache à l’histoire d’Israël.

 

[Exemple du livre de Job : le scandale pour Job est l’idée d’une souffrance qui n’a pas d’explication. Et le livre confirme que cette souffrance n’a pas d’explication si l’on considère qu’une souffrance est la punition d’une faute. Et Dieu intervient pour reprocher aux théologiens partisans de cette thèse, les amis de Job, leur attitude envers Job qui n’a pas fait de faute. Il n’y a que Maïmonide qui a donné des indications pour comprendre ce problème de Job qui est une problème difficile. C’est le fonctionnement du monde qui mène au risque de ces malheurs dont on ne trouve pas de justification du point de vue du mérite ou du démérite moral.

Expliqué par une formule simple empruntée au philosophe Alain : « la tuile qui tombe du toit n’a pas d’excuse ». Et même si on peut multiplier des équations mécanique pour expliquer scientifiquement rationnellement pourquoi cela tombe sur la tête de quelqu’un en fonction de son mérite ou démérite, il y a un décalage, un abîme, entre le déroulement naturel du fonctionnement du monde comme nature et d’autre part le mérite moral. C’est la question du livre de Job. Et alors ce qui rend la souffrance tragique c’est qu’elle n’a pas d’explication et qu’elle apparait comme en dehors de tout critère dans un monde - le livre de Job c’est dans la bible – que la bible décrit comme étant une cohérence absolue. Le drame de Job c’est une tragédie : l’incompréhensible d’arriver à dire : il n’y a pas de justice ! Je crois que celui qui a compris cela c’est André Schwarz-Bart dans « le dernier des justes ». Il faisait partie de mon groupe d’étudiant juste après la guerre, à Paris, pendant qu’il rédigeait ce livre-là. Dans un des passages il disait : le drame des jufs dans les chambres à gaz c’est de se dire : peut-être Dieu n’existe pas ? Mais c’est incompatible. C’est pourquoi la seule solution c’est de dire tout de suite « Shéma Israël… ». Il n’était pas un juif praticant mais avait vraiment vécu ce problème. C’est cela la tragédie de Job : que cela soit sans explication. Et alors en fin de compte Dieu se révèle à Job et le discours de Dieu à Job est incompréhensible et n’a rien à voir avec la question de Job. Sauf et la Guemarah le met en évidence avec également Maïmonide (je vous conseille d’étudier les trois chapitres qu’il y consacre dans le Guide des égarés et qui sont parmi les plus fort du livre). « Etais-tu avec moi lorsque j’ai créé le monde… ? » Si tu n’arrive pas à comprendre : j’ai créé un monde et ce monde fonctionne. C’est le fonctionnement du monde qui fait qu’il y a Job. C’est le résidu des scories du fonctionnnement du monde qui peuvent atteindre Job qui est pourtant quelqu’un qui n’a jamais fait le mal. Ce qui rassure Job, ce n’est pas tellement le discours de Dieu qui est un discours « kabaliste » si j’ose dire, mais c’est le fait que Dieu lui parle. Et cela ne lui est pas nécessaire de comprendre ce que Dieu lui dit. Il y a un sens quelque part. Dieu s’occupe de moi, il y a une cohérence, je ne suis pas capable de la comprendre mais elle existe et cela le rassure…]

 

Relisez ce passage de Shémot à la suite du veau d’or et vous aurez le récit de ce qui se passe actuellement au parlement israélien.

 

Ce qu’il faut comprendre et qui est extrêmement important c’est qu’il se dévoile que le véritable clivage qu’il y a dans le peuple juif n’est pas du tout celui de religieux vs. non-religieux mais celui de sionistes vs. non-sionistes. C’est le vrai problème. Puisque chez les sionistes il y a des religieux et des non-religieux, et chez les non-sionsites il y a aussi des religieux et des non-religieux. Cela n’a jamais été ce clivage-là depuis l’origine de notre histoire. Le vrai clivage c’est ceux qui font partie de la nation d’Israël comme la Torah en parle, même s’ils y croient ou pas, et pas du tout ceux qui pratiquent plus ou moins…

 

Un des enseignements de Jacob Gordin : il y a une grande différence entre la théologie et la prophétie : la théologie c’est la pensée du philosophe croyant ou pas croyant qui parle de Dieu. En général, un théologien est croyant, mais il en existe des athées.

 

Il y a chez les théologiens une obsession de se prouver que Dieu existe. C’est suspect : ils passent leur vie à essayer de démontrer l’existence de Dieu. Un théologien c’est un homme malheureux parce qu’au fond c’est un philosphe qui parle de Dieu et d’autre part il est croyant parce qu’il est né dans un peuple croyant, dans une famille croyante, avec une nourrice croyante … Là je vous cite Descartes. On lui a demandé s’il croyait dans le Dieu de Descartes. Il a répondu : je crois en le Dieu de ma nourrice. C’est très profond d’ailleurs.

 

Jacob Gordin : un théologien c’est un philosophe croyant qui parle de Dieu. Tandis que la prophétie c’est Dieu qui parle à l’homme, même athée. Cela n’a rien à voir.  

 

***

 

Masshekhet Kidoushin 4a

« Nos sages ont dit : toujours l’homme doit se considérer comme si le monde entier est à moitié zakaï innocent-méritant et à moitié ‘hayav coupable-déméritant »

Si chacun fait une bonne action, il fait passe tout le monde du côté du mérite (avec une voix). Il a fait une transgression, il a fait passé le monde entier du côté du démérite ».

 

A propos du verset de la Parashat Reeh qui dit « Vois (singulier) j’ai mis devant vous (pluriel) la bénédiction et la malédiction », c’est pourquoi la Torah a dit à chaque individu : Reeh-Vois au singulier, efforce-toi et vois qu’à chaque acte que tu dois faire, je mets devant vous aujourd’hui les bénédictions et malédictions. C’est toi qui emmène au monde entier la bénédiction ou la malédiction. » 

 

C’est frappant que c’est ce qu’on a vu aujourd’hui et que cela concerne tous les 120 députés. Ceux qui ont vôté bien, ont voté bien bien pour le monde entier, et ceux qui ont vôté mal ont voté mal pour le monde entier. Mais pour chacun d’entre eux, il suffit d’une voix. Ce n’est pas un seul qui porte le fléau de la balance dans sa main et qui serait bien à plaindre mais c’est chacun qui aurait du avoir le scrupule de savoir ce qu’il y avait dans leur décision.        

 

Ton action est suceptible de décider pour le monde entier du côté du mérite ou du côté du démérite.

 

C’est un texte classique mais je crois important de mettre cela en évidence: l’illustration de ce que nous sommes en train de vivre.

 

Je me souviens, jeune, d’être sceptique par rapport à cette exagération talmudique. Mais c’est frappant de voir que c’est ce qui se passe aujourd’hui.

 

 

***

 

Bemidbar Massei :

Ce sont les différentes étapes du voyage d’Israël pendant les 40 ans du désert.

Mais il y a une consigne qui est donnée après l’énumération de ces étapes.  C’est un passage familier à cela. Chaque fois qu’on est dans les tribulations de voyages en voyages. Le Juif est un fugitif, un voyageur.

La première fois que je suis arrivé à Jérusalem j’ai vraiment vécu cela : le juif errant est arrivé ! Ceux qui n’arrive pas sont les juifs abérrants. On a passé notre temps à être des pérégrinants.

Il y a ce thème chez un auteur Goï : « le fugitif ». Tout ce passe comme si les juifs passaient leur temps à se sauver de quelque part. Ce n’est pas tellement qu’ils veulent arriver quelque part. Mais ce qui frappe dans les voyages des Juifs, c’est qu’ils partent de quelque part. Et pendant 2000 ans, on a dit : « l’année prochaine à Jérusalem ! »

Mais cela n’est jamais arrivé que lorsqu’on partait d’un pays parce qu’il fallait en partir, on se dirige vers Jérusalem ! Nous allons voir que c’est le style même de ce récit que toutes les étapes ont toutes été définies par leur point de départ et jamais par leur point d’arrivée. On va apprendre: « voilà comment on est sorti d’Egypte…» et on passe 42 voyages…

 

Toutes les Massaot (étapes) sont définies par la Letsiah (sortie d’Egypte) : on s’enfuit de quelque part. Il n’est pas du tout évident que l’objectif soit d’arriver en Israël. La preuve ? C’est qu’ils sont restés dans le désert.

 

Encore un thème qui nous parait aberrant et qui pourtant s’attache à notre histoire depuis l’origine.

 

…/…

 

Vous avez sûrement expérimenté cela avant de faire votre Aliah.

 

Massei

33:55

וְאִם-לֹא תוֹרִישׁוּ אֶת-יֹשְׁבֵי הָאָרֶץ, מִפְּנֵיכֶם--וְהָיָה אֲשֶׁר תּוֹתִירוּ מֵהֶם, לְשִׂכִּים בְּעֵינֵיכֶם וְלִצְנִינִם בְּצִדֵּיכֶם; וְצָרְרוּ אֶתְכֶם--עַל-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר אַתֶּם יֹשְׁבִים בָּהּ

Ve'im-lo torishu et-yoshvey ha'arets mipneykhem

vehayah asher totiru mehem

lesikim be'eyneychem

velitsninim betsideykhem

vetsareru etkhem

al-ha'arets asher atem yoshvim bah.

Et si vous ne dépossédez pas les habitants du pays devant vous

Il arrivera que ceux que vous laisserez rester seront

Des epines pour vos yeux

Des aiguillons pour vos flancs,

Ils vous opprimeront

Sur le pays où vous résidez.

 

C’est extraordinaire ! C’est écrit dans la Parashah de la semaine.

 

33:56

וְהָיָה, כַּאֲשֶׁר דִּמִּיתִי לַעֲשׂוֹת לָהֶם--אֶעֱשֶׂה לָכֶם

Vehayah ka'asher dimiti la'asot lahem

eeseh lakhem

Et il arrivera

Comme j’ai entrepris de leur faire

Je le ferai à vous

 

Je n’arrive pas à comprendre comment tous ces juifs qui pendant des milliers d’années ont lu ces textes-là et se trouvent  être subitement aveugles !

La lecture de la Torah fut instituée chaque Shabat par Ezra au retour d’exil. Il y a eu d’abord une petite période où pendant 3 ans on lisait l’ensemble de la Torah. Ensuite ce fut pendant un an. 

C’était pour apprendre notre histoire et pour être averti de ce qui se passe au moment où cela se passe. C’est ce qu’on a fait pendant 2000 ans et au moment où il faut réagir, tout se passe comme si cela ne sert à rien ! Le moment le plus grave où j’ai compris cela c’est pendant la Shoah.

 

Et puis voilà que cela recommence avec Erets Israël. Alors je crois que là aussi, a posteriori, cela éclaire ce que nous pouvons avoir comme incompréhension devant cette génération de la sortie d’Egypte dont on nous a raconté l’histoire.

Comment se fait-il qu’ils soient tellement stupides ?

D’un autre côté cela rassure : si nous sommes ceux-là c’est que nous sommes cet Israël-là...

 

***

 

1er versets :

אֵלֶּה מַסְעֵי בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר יָצְאוּ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם--לְצִבְאֹתָם:  בְּיַד-מֹשֶׁה, וְאַהֲרֹן

33:1

Eleh massey veney-Yisra'el

asher yats'u me'erets Mitsrayim

letsiv'otam

beyad-Moshe ve'Aharon

voici les étapes des enfants d’Israël

qui sont sortis du pays d’Egypte

selon leur rangée en cohorte

sous la conduite de Moïse et Aharon

 

En général les commentateurs, et en particulier le « Guélilei Zahav », mettent en évidence que lorsque la Torah répète les détail d’information que nous avons déjà c’est qu’il y a une raison. Il est évident qu’il s’agit des voyages des enfants d’Israël qui sont sortis d’Egypte. Il n’y en a pas d’autres.

Guélilei Zahav explique : l’essentiel de ce voyage c’est qu’ils soient partis d’où ils sont partis. Mais ce ne fut pas pour arriver quelque part. La Letsiah est racontée. Leurs étapes sont définies par l’endroit d’où ils viennent et non de l’endroit où ils vont.

 

Il est important de mettre l’accent sur  cette invraisemblance de la sortie d’Egypte, par rapport aux 40 ans du désert. En vue de quoi sont-ils sortis ?

C’était toute une partie du peuple. Ceux de Moïse – 1/5ème qui ont suivi Moïse. Seulement les autres se sont perdus dans l’exil. Mais ceux qui sont sortis d’exil se perdent dans le désert.  

 

Le mouvement sioniste est sorti de la civilisation européenne occidentale pour fonder un état juif en Israël, et est en train de se former en un état politique politique dont l’objectif est de fonder un état arabe en Israël...

.../...

 

***

Parasha - Massei 95 - Suite & fin

 

33:1

אֵלֶּה מַסְעֵי בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר יָצְאוּ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם--לְצִבְאֹתָם:  בְּיַד-מֹשֶׁה, וְאַהֲרֹן

Eleh massey veney-Yisra'el

asher yats'u me'erets Mitsrayim letsiv'otam

beyad-Moshe ve'Aharon

voici les étapes des enfants d’Israël

qui ont quitté la terre d’Egypte en groupe organisés

sous la conduite de Moïse et Aharon

 

..../...

 

C’est tellement énorme que c’est cela.

Et il ajoute בְּיַד-מֹשֶׁה, וְאַהֲרֹן bé yad Mosheh veAharon sous la main de Moïse et Aharon. On le sait déjà. Un commentaire explique si ce n’était pas Moïse et Aharon qui les avait obligé ils ne seraient pas sortis.

 

וַיִּכְתֹּב מֹשֶׁה אֶת-מוֹצָאֵיהֶם, לְמַסְעֵיהֶם--עַל-פִּי יְהוָה; וְאֵלֶּה מַסְעֵיהֶם, לְמוֹצָאֵיהֶם

Vayikhtov Moshe et-motsa'eyhem

lemas'eyhem

al-pi Adonay

ve'eleh masseyhem

lemotsa'eyhem

Et Moïse écrivit leur départ,

suivant leur voyage

Sur l’ordre de Dieu

Et voici leur voyages

lemotsa'eyhem

Le verset revient dessus:

suivant le point de départ d’où ils sont partis mais pas du tout par rapport à l’objectif ou arrivée.

 

Vous verrez d’ailleurs les Midrashim que cite Rashi.

 

Lorsque un événement est comme cela un modèle des grands thèmes de l’histoire d’Israël à travers les siècles, il y a toujours deux lectures dans le Midrash :

-          A priori il ne fallait pas que cela se passe comme cela. Alors le Midrash met en évidence le démérite que ce se soit passer comme cela.

-          A postériori c’est au moins comme cela que cela s’est passé. Et le Midrash met en évidence le grand mérite que au moins cela se soit passé ainsi.

 

C’est pourquoi lorsque vous étudierez les Midrashim, ne croyez pas à une contradiction de Midrash à Midrash, mais il y a la ligne de la lecture du Midrash apriori qui est toujours une vision négative : voilà comment cela s’est passé et c’est mal. Mais aposteriori du fait qu’il y a des raisons pour lesquelles cela s’est passé comme cela et pas autrement, il y a alors une deuxième lecture du Midrash qui est une lecture de louange d’Israël.

 

On a étudié d’autre part à propos de la Parashah de  Vayehi beshalach Par'oh et-ha'am et il arriva lorsque Pharaon renvoya le peupleles Midrashim négatifs sur la sortie d’Egypte : on vient de nous raconter depuis le début du livre de Shemot l’intervention de Hashem spectaculaire, les miracles, les 10 plaies, la Providence, et comment cela est-il résumé ? Tout cela est arrivé quand le Pharaon a expulsé les hébreux...

Un des Midrashim : "Vayhi - il arriva que" annonce un malheur !

Qui a dit "malheur!" « Vaï ! » ? (les Ashkenazes disent « Voï »)

Plusieurs réponses :

C’est le Pharaon qui a dit « Malheur ! J’ai eu peur et j’ai laissé partir mon peuple d’esclaves... !»

C’est Moïse qui a dit « Malheur ! Ils ne sont pas sortis parce qu’ils voulaient sortir de l’esclavage mais parce que Pharaon les renvoya... » 

Et toutes les conséquences proviennent de ce que Vayehi beshalach Par'oh et-ha'am et il arriva lorsque Pharaon renvoya le peuple. C’est par le fait que c’est le Pharaon qui a renvoyé le peuple...

 

Dans l’époque contemporaine nous avons vécu quelque chose de très analogue : à part la poignée d’idéalistes, les éclaireurs ceux qui sont venus avant, les fidèles de Herzl, tout ceux qui sont venus fonder le pays sont venus contraints et forcés.

 

Autre exemple de Midrahs : aspect négatif des actes de Tsédakah de juifs en Galout qui envoit de l’argent à d’autres juifs pour aider d’autres à aller en Israël. Mais puisque c’est comme cela c’est à féliciter. Il pourrait faire autre chose de leur argent. C’est l’ambivalence de tout acte.

 

La formulation du verset est claire : c’est lemotsa'eyhem

C’est les voyages des 40 ans dans le désert, les 42 stations.

Cela a un sens dans la Kaballah.

 

Vous aurez deux séries de Midrashim. Lorsque les noms des étapes sont interprêtés, les noms des étapes ont une signification. Il y a un itinéraire de cette traversée du néant entre deux mondes, le monde ancien de l’Egypte et le monde nouveau d’Erets Israël. Il faut d’une certaine manière passer par un néant de désintoxication à 42 étapes.  

 

***

 

Q : le verset 55 que vous avez cité dans Maassei

Ve'im-lo torishu et-yoshvey ha'arets mipneykhem vehayah asher totiru mehem lesikim beeyneykhem velitsninim betsideykhem vetsareru etchem al-ha'arets asher atem yoshvim bah.

Et si vous ne conduisez pas les habitants de la terre devant vous ceux qui resteront seront des échardes dans vos yeux et des épines dans vos flancs, causant des troubles dans le pays que vous occuperez.

Vehayah ka'asher dimiti la'asot lahem e'eseh lachem

Et alors je vous ferais ce que j’avais originellement prévu de leur faire à eux-mêmes

 

R : c’est bien clair, ou bien ils s’en vont ou bien ils sont détruits. C’est exactement ce qui risque d’arriver aux israéliens. Cela me rappelle l’évacuation d’Afrique du Nord : la valise ou le cercueil !

Il y a une Guémarah très claire qui se base sur des versets de la Torah : lorsqu’Israël arrive dans le pays, il doit proposer aux gens qui occupaient le pays trois choses :

- soit aller en Afrique, certains y sont allés

- soit accepter les lois d’Israël (donner l’autonomie mais la souveraineté est celle d’Erets Israël)

-  soit la guerre

 

Ce sont les trois propositions que la Torah fait aux occupants du pays bien qu’ils soient des usurpateurs occupant le pays des hébreux. C’est extraordinaire à quel point tout ce que nous vivons a été décrit dans la Guemarah.

 

Q : Clivage entre sionisme et non sionisme, le non-sionisme est quand même une déjudaïsation ?

R : pas forcément, il y a des non-sionistes qui sont très hommes de la Torah : cf. les ghettos de la diaspora et d’Israël. Il y a énormément de citoyens israéliens qui sont non-sionistes voire antisionistes et qui vivent d’après la Torah. On les prend comme modèle du vrai judaïsme, et c’est une erreur, ce ne sont pas les vrais modèles.

Je crois qu’il y a une complicité entre les Juifs laïcs et les Juifs ’Harédim (enfin les orthodoxes antisionistes) de faire comme si c’est cela le vrai judaïsme de la Torah, car cela arrange les deux. Parce que les non religieux préférent alors une caricature de Torah comme cela ils sont à l’abri, et les religieux préférent une caricature de sionisme comme cela ils sont à l’abri. Il y a une alliance contre-nature entre la gauche israélienne et Bnei Braq. Cela joue au gouvernement.

 

Depuis les accords d’Olso il y a un revirement dans le monde ’Harédim. Cela se sent dans la jeunesse qui rejoignent de plus en plus les manifestations des Mitta’hlim (?).

La majorité des électeurs du parti Shass ont complétement viré de bord et sont complétement anti gouvernenamental bien que leur dirigeant soient pro-gouvernementaux. Les choses changent. Ne serait-ce que la réaction des juifs orthodoxes en Israël. .../...

 

Q : n’y a-t’il  pas urgence à redéfinir le sionisme ?

R : c’est très simple à définir, c’est la fin de l’exil et la fondation d’une nation hébraïque sur la terre d’Israël. Ces problèmes sont compliqués parce que le peuple juif a une profil d’identité particulier, et le vrai mystère c’est pourquoi Dieu a choisi ce peuple pour son propre programme ? Ce peuple qui est en tension avec ce même programme ! C’est dit en clair dans Malakhi quand Dieu dit par l’entremise du prophète à Israël : « est-ce que cela arrive qu’un fils renie son père, qu’un fidèle renie son Dieu ? »

« Si je suis père où est le respect qu’on me doit ? Si je suis le maître, où est la crainte de Moi ? a dit Hashem Tsevaot aux prêtres qui méprisent mon nom et vous dites : en quoi avons-nous méprisé ton nom ? » Et puis le prophète répond. C’est un verset difficile. A qui s’adresse cette interpellation ? Aux « Kohanim bozé shmi »

« Et Ceux qui prodiguent l’enseignement de la Torah ne me reconnaissent pas »

Quand j’ai étudié Malakhi, mes maîtres m’ont expliqué que c’est la dernière prophétie qui concerne la fin du temps d’exil.  

 

Je trouve qu’il y a quelque chose de rassurant dans ce fait que cela est vrai.

Un de mes maîtres : « à 15 cm du rivage on peut encore se noyer, à 15 cm du rivage on peut encore être sauvé. » 

 

Q : Vous dites que la situation actuelle à la Knesset est décrite dans la Bible, sommes-nous dans une sorte d’engrenage du destin dont on ne peut pas sortir ?

R : J’ai parlé un peu de cela tout à l’heure : il n’y a pas de fatalité : c’est juste comme ça que ça se passe quand ça se passe mal..

 

Je vous dis ce que la Guemarah en dit : se préparer à ce qui va se passer, la guerre civile. C’est ça que décrit la Torah. A porpos d’un verset d’Isaïe concernant la fin d’exil : « bé itav En son temps je l’avancerais... » si on mérite cela viendra plus vite. Mais si on mérite pas : « bé itav avec un tet en son temps « avec une ruade » on n’a pas mérité autrement que cela se passe parce que la loi des temps est arrivée.

 

J’ai vécu mon adolescence au moment de la fondation de l’état d’Israël. Les Juifs ne voulaient pas de l’état d’Israël. Cela nous a été imposé, au temps où cela est arrivé, malgré nous. Cela veut dire que nous sommes dans le temps qui ne dépend pas du mérite. Puisque cela ne dépend pas du mérite c’est dur, mais au moins c’est sûr parce que cela ne dépend pas de nous.... Tandis que lorsque cela dépend du mérite, ce sont des miracles mais ce n’est pas tellement sûr. 

 

Le seul mystère c’est ce mystère de ce retard. Je dis souvent qu’un juif en retard c’est un juif messianique. C’est très mystérieux cette tendance au retard au rendez-vous.

 

Il a suffit de quelques années entre la déclaration Balfour et le nazisme et on aurait échappé à la Shoah. On était en retard, alors c’est arrivé.

 

Et puis au temps de la fin du 2ème exil, il y a eu le même rythme. Avec la déclaration de Cyrus et quelques années après la prise de pouvoir de Haman. De notre temps la déclaration Balfour, et quelques années après, la prise de pouvoir de Hitler. Au temps d’Assuérus il y a eu la reine Ester, de notre temps, il n’y a pas eu de reine Ester. Le temps arrive et on est pas prêt. On dit « l’année prochaine... »

 

La Guemara dans 2 endroits différents a rattaché cela à l’histoire de Jacob qui est un modéle:   

Lorsqu’il revient de son exil chez Laban, Esau l’attend avec 400 hommes de guerre. La ligue arabe.

Jacob avoue : j’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé.

La Guemara se demande : il y avait les promesses ? Pourquoi n’ont-elles pas joué ? Parce que la faute a empêché ! Quelle faute ? Le retard ! C’est Jacob qui le dit. 

 

En général, dans les Yéshivot on donne une toute autre explication : la faute de Jacob c’est qu’il n’a pas respecté ses parents. En vérité c’est la même : il n’a pas donné signe de vie à Its’haq et Rivqah  alors que la Mitsvah de Kivoud Av vaEm – le respect des parents - est très importante. Et Esaü avait le respect des parents et non Jacob.  On pourrait analyser beaucoup de sources là-dessus, mais cela revient au même. Parce que si Jacob chez Laban pensait aux problèmes de Isaac et Rebeccah, il serait revenu dès qu’il aurait pu. Mais il a attendu jusqu’à ce que Laban se dévoile anti-juif. Alors Rachel et Léah lui ont dit de quitter son beau-père. Jacob était sûr de l’accord avec Laban le Liban...

 

C’est un problème métaphysique très profond que la Kaballah étudie : pourquoi sommes-nous obligés de sauver le monde en étant en retard ?

 C’est pourquoi Maïmonide avec un humour suprême dit : « et même s’il tarde attend-le ! »

S’il tard cela veut dire qu’il y avait un temps fixé ? Que signifie s’il tarde attend-le.

Nous sommes les gens du retard...

Fin 
*****

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31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 12:49
Parasha Matot 95

par le Rav Yéhouda Léon Ashkénazi

2 thèmes :

- La guerre de Midiane

- Le cas particulier d’une Mitsvah que Moïse transmet directement aux chefs des tribus. C’est d’ailleurs le mot de tribus - Matot – qui donne son nom à la Parashah. Ce n’est pas le mot de Shevet – tribu dans le sens ethnique – mais le mot de Maté – la bâton de commandement. Dans l’hébreu moderne Maté signifie l’état major. Depuis les temps les plus antiques, il y  avait ce signe de la souveraineté militaire et politique et civil : le bâton de commandement.

 

Nous avons là le cas d’une Mitsvah que Moïse a transmis aux Rashei HaMatot aux chefs des tribus. Nous verrons ce qu’il y a dans cette Mitsvah en  particulier qui explique pourquoi la transmission de la Torah n’est pas indiquée de la manière classique. Habituellement Moïse enseigne d’abord à Aharon tout seul. Ensuite venaient les fils d’Aharon et Moïse enseignait aux fils d’Aharon en présence d’Aharon. Ce qui fait que Aharon avait déjà entendu 2 fois l’enseignement. Mais une fois à son niveau à lui et une fois au niveau de ses fils. De telle sorte que Aaron était aussi initié à la manière dont il faut parler à un degré inférieur de la hiérarchie. Et ensuite Moïse convoquait les chefs de tribus. Il y avait une troisième degré. Et ensuite tout le peuple.

 

Il y a là une pédagogie importante. C’est ainsi que toutes les Mitsvot d’après les références des versets  qui parlent de la transmission des Mitsvot de la Torah pour Moïse furent transmises. Moïse avait le niveau de prophétie qui s’appelle Koh Amar  Ainsi a dit (Dieu) – voici comment Dieu m’a parlé – pas dans la forme mais dans le sens – et donc la transmission pédagogiquement va tenir compte du niveau de celui à qui on transmet. Le contenu est absolument ce que Moïse a à dire mais la manière dont il va le dire dépend de l’interlocuteur.

 

C’est du côté du Mekabel, de celui qui reçoit le message que la forme change. Mais du côté du Mashpiah celui qui donne le message c’est toujours le même message. Cela se rattache à l’expression hébraïque traditionnelle qui est « de bouche à bouche » et non pas « de bouche à oreille ». Parce que l’oreille n’entend pas forcément ce que l’oreille a dit. Et pour répéter scrupuleusement, il faut répéter ce que la bouche a dit. Il faut que la bouche répète ce que la bouche du maitre a dit. Si c’est ce que l’oreille de l’élève a entendu c’est déjà autre chose. 

 

C’est le degré de prophétie כֺּה אָמַר Koh Amar. Mais Moïse a un cas particulier – et c’est le cas dans cette Mitsvah – que le niveau de prophétie qui s’appelle זֶה הַדָּבָר Zeh HaDavar – voici la chose même que Dieu a dite... Et là c’est strictement dans la forme et le fond.

 

Si on a le temps on n’étudiera cela et je vous donnerais une exemple très important de comparaison de la même Mitsvah où Moïse revient sur la même Mitvah en précisant Zeh HaDavar Voici la chose que Dieu a dite -  parce qu’entretemps il y a un changement de stratégie parce que entretemps il y a eu la faute du veau d’or. Il s’agissait de la fonction d’Israël de recevoir les offrandes pour construire le temple. D’aprés la première forme de la Mitvsah qui est donnée dans la Parashah de Troumah les offrandes étaient reçues de quiconque apportait l’offrande. Fût-ce t’il d’Israël ou non. Ces offrandes-là sont utilisées pour le veau d’or... Alors Moïse revient à la Parashah de Vayaqel en fin de Shemot sur cette Mitsvah en disant זֶה הַדָּבָר Zeh HaDavar...

 

Je vous donnerai cet exemple car il est important de voir la différence de la transmission de la prophétie par כֺּה אָמַר Koh Amar – tous les prophètes prophétisent par כֺּה אָמַר Koh Amar, Moïse aussi – mais le niveau propre à Moïse est זֶה הַדָּבָר Zeh HaDavar  voici la chose elle-même... 

 

Il s’agit de la Mitsvah qu’on appelle  Haatarat  Nedarim - Dans quel cas peut-on annuler un voeu ?

Tout le problème est celui de l’importance de la parole. La forme même de la transmission entient compte : כֺּה אָמַר Koh Amar – ainsi a dit ou bien voici la chose qu’Il a dite. A propos du Midrash qui concerne l’importance de la parole. J’espère avoir le temps d’y arriver.

 

Sinon je vous signale le sujet important :

Pourquoi cette Mitsvah-là est-elle confier aux chefs des tribus ?

 

***

 

1er sujet : l’ordre que reçoit Moïse de venger Israël de ce que Midiane avait fait avant de mourir. La dernière chose que Moïse devra faire avant de quitter la scène de l’histoire terrestre. Il est mort dans le sens qu’il ne vit plus de la vie terrestre, mais il est un des trois personnage du récit biblique desquels il est dit qu’ils ne sont pas mort mais qu’ils ont changé de monde, vivants. De ce monde-ci au monde à venir, tout le monde doit passer par la porte de la mort. Sauf trois personnages qui ont été ’Hanokh - Mosheh - Eliyahou Hanavi qui sont montés vivants au ciel. (Pour Jacob c’est dans le Midrash). C’est un sujet pour lui-même. Pourquoi ces trois-là ? Quelles sont les caractéristiques communes avec ces trois-là ? Etc...

 

On va d’abord lire quelques versets et j’étudierais 2 points de ce passage :

Comment comprendre la forme même de ce 2ème verset ?

 

Chapitre 31 de Matot :

31:1

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה לֵּאמֹר

Vayedaber Adonay el-Moshe lemor

31:2

נְקֹם, נִקְמַת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, מֵאֵת, הַמִּדְיָנִים; אַחַר, תֵּאָסֵף אֶל-עַמֶּיךָ

Nekom nikmat bney Yisra'el me'et haMidyanim

A’har te'asef el-ameycha.

« Venge la vengeance des enfants d’Israël de la part des Midianites

 

C’est le peuple de Midiane : cela nous renvoit à la Parashah de Pin’has et de Balak que j’ai un peu négligé. Lorsque Balak avait obtenu de Bilaam le prophète des nations de maudire Israël mais que la malédiction a été transformée en bénédiction, Balak instatisfait obtient quand même de Bilaam un conseil pour vaincre Israël : le dénaturer spirituellement. Cela consiste à envoyer les filles de Midiane pour séduire les fils d’Israël. Et il y a une catastrophe, une Maguéfah, 24 000 morts. C’est Pin’has qui intervient pour arrêter cette catastrophe. Il y a alors un contentieux avec Midiane qu’il faut régler avant que Moïse ait le droit de quitter ce monde. 

 

נְקֹם, נִקְמַת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, מֵאֵת, הַמִּדְיָנִים; אַחַר, תֵּאָסֵף אֶל-עַמֶּיךָ

Nekom nikmat bney Yisra'el me'et haMidyanim

A’har te'asef el-ameycha.

« Venge la vengeance des enfants d’Israël de la part des Midianites

aprés seulement tu t’adjoindras à ton peuple

 

C’est un expression qui veut dire mourir dans l’hébreu biblique mais qu’il faut comprendre littéralement.

 

Enseignement de Rabbi ‘Hayim Louzzato grand kabaliste d’Italie:  

En analysant les différents termes dont se sert la Bible pour dire la mort, il va établir que le texte de la Bible déjà au niveau de la Torah connait la survie dans le monde à venir. Cela se rattache à une grande polémique avec les théologues chrétiens qui prétendent que ce qu’ils appellent l’au-delà est une innovation du christianisme et qu’il n’y en a pas trace dans l’ancien testament...

 

Il y a 3 expressions :

-          Vayidvar : il expira

-          Vayamot : il mourut

-          Vayassef al amav : il fut adjoint à son peuple

 

-          Vayidbar : Il expira. C’est le fait de rendre le dernier souffle c’est lorsque l’âme et le corps se séparent.

 

-          Vayamot : Il mourut. C’est lorsqu’il n’y a plus de vie biologique dans le corps. Le fait de savoir si l’âme se sépare du corps un peu avant l’arrêt de vie biologique, c’est un autre problème. Cela s’étudie dans la Guémarah du Talmud : à partir de quel moment peut-on diagnostiquer  la mort clinique ? Vayamot c’est quand la séparation de l’âme et du corps a pour résultat la mort du corps. C’est le corps qui est mort. C’est la personne qui est expirée. C’est le Néfesh qui expire. Et le corps est mort. Le cadavre du corps mort c’est Guéviah. 

 

-          Vayassef al amav : Il a été adjoint à son peuple. Ram’hal explique que cette expression signifie que cette personne qui a vécu sa vie terrestre est allé rejoindre son peuple là où il se trouve, c’est-à-dire dans le monde à venir.

 

אַחַר, תֵּאָסֵף אֶל-עַמֶּיךָ

A’har te'asef el-ameycha.

Et aprés tu mourras

 

Beaucoup de commentateurs ont étudié cette forme : par exemple Guélilé Zahav a indiqué ceci : grammaticalement, le mot de תֵּאָסֵף Téassef signifie « être ajouté à » mais signifie aussi « être séparé de ». C’est les paradoxes de la langue hébraïque. Il faudrait qu’il y ait Téassef meamekha tu quitteras ton peuple qui lui reste en vie... Mais le fait que ce soit indiqué ainsi :   

 

אַחַר, תֵּאָסֵף אֶל-עַמֶּיךָ

A’har te'asef el-ameycha.

Et aprés tu mourras

 

C’est pour indiquer que l’essentiel de l’existence c’est dans le monde à venir. Et qu’ici c’est une existence provisoire – pour employer un terme mathématique - une projection de l’existence vraie dans les coordonnées de l’espace-temps de ce monde-ci. Mais littéralement cela veut dire : et après tu seras ajouté à ton peuple.

 

Je vous propose mon explication, sans avoir de source :

Il faut comprendre simultanément pourquoi c’est la dernière chose que Moïse doit faire : régler ce contentieux avec Midiane, et d’autre part pourquoi c’est sous cette forme « et après tu rejoindras ton peuple... ». Plus précisément,  on ne peut pas dire que Moïse est mort bien que ce soit écrit. Il est mort de la mort terrestre. Mais c’est vivant qu’il est entré dans le monde à venir. Et d’autre part, le terme qu’il aurait fallu employé c’est le terme de Vayidbar. Nous l’avons étudié à propos de Abraham et Ishmaël. Rashi cite le Talmud qui explique qu’on emploie cette expression uniquement pour les justes, les Tsadikim. Parce que les Tsadikim vivent toute la quantité de vie qui leur est donnée en ce monde-ci. C’est pourquoi cela se traduit par expirer. Les Tsadikim vivent jusqu’au dernier instant. Et c’est pourquoi ils meurent dans un instant, cela s’appelle mitah be néshiqah, la mort dans un baiser. Et le modèle parfait de cela a été Moïse qui a vécu, à la seconde près, 120 ans. Il est mort le jour de sa naissance 120 ans après. Il y a énormément d’enseignements à ce sujet, en particulier, une des origines du souhait : « jusqu’à 120 ans ! »

Souhait qui soulève 2 réactions :

-          Pourquoi tu m’en veux tant que ça?

-          C’est tout ?

 

Il y a un problème entre Moïse et Midiane.

Dans cet aspect cette dimension du problème : Pourquoi est-ce Moïse lui-même qui doit couper ce cordon ombilical qui risque d’attacher Midiane à Israël, précisément à travers Moïse ?

 

Fin de Parshat Balak :

On apprend dans cet épisode des femmes midianites, qu’un chef de tribu, on apprend son nom dans Parshat pin’has, Zimri Ben Salou, a pris une midianite devant tout le peuple. . 

 

25 :6

וְהִנֵּה אִישׁ מִבְּנֵי יִשְׂרָאֵל בָּא, וַיַּקְרֵב אֶל-אֶחָיו אֶת-הַמִּדְיָנִית, לְעֵינֵי מֹשֶׁה, וּלְעֵינֵי כָּל-עֲדַת בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל; וְהֵמָּה בֹכִים, פֶּתַח אֹהֶל מוֹעֵד

Vehineh ish mibeney Yisra'el

ba vayakrev el-echav et-haMidyanit

le'eyney Moshe ule'eyney kol-adat beney-Yisra'el

vehemah vochim petach Ohel Mo'ed

Et voici une personnalité d’entre les Bnei Israël

Est venu et il approcha de ses frères, la midianite

Aux yeux de Moïse et aux yeux de toute l’assemblée d’Israël.

Et ils pleuraient devant l’entrée de la tente d’assignation 

 

Que signifie que Moïse et les autres pleuraient ? 

Car Moïse était impuissant à intervenir d’où le grand mérite de Pin’has qui va intervenir lui. Parce que précisément Moïse avait épousé une midianite.

Donc il faut voir les choses à la racine : il y a un contentieux entre Israël et Midiane qui passe par  Moïse depuis l’origine de notre histoire de cette génération du désert, puisque Tsiporah la fille de Jéthro est midianite. Et donc il était « juge et partie » donc impuissant à intervenir. N’importe qui aurait pu dire : « mais toi ? ». C’est donc l’initiative de Pin’has qui a arrêté cette Maguéfa.

 

Il faut se référer à ce que raconte le début du livre de Shemot. C’est dans le chapitre 2 qui évoque ce lien entre Moïse et Midiane.

 

Sefer Shmot chapitre 2 verset 11

 

2:11

וַיְהִי בַּיָּמִים הָהֵם, וַיִּגְדַּל מֹשֶׁה וַיֵּצֵא אֶל-אֶחָיו, וַיַּרְא, בְּסִבְלֹתָם; וַיַּרְא אִישׁ מִצְרִי, מַכֶּה אִישׁ-עִבְרִי מֵאֶחָיו

Vayehi bayamim hahem vayigdal Moshe

vayetse el-e’hav

vayar besivlotam

vayar ish Mitsri makeh ish-Ivri me'ehhav

Et il arriva en ce jour-là Moïse grandit

et il sorti vers ses fréres.

« Et il vit leur fardeau

et il vit un homme égyptien frapper un homme hébreu de ses frères »

 

Jusqu’à ce verset Moïse est connu officiellement comme le fils adoptif et hériter présomptif de Pharaon. Seul son frère sa soeur et sa mère savent en réalité qu’il est hébreu, fils du chef de la tribu de Lévi. On est tellement habitué à connaître « Moïse l’hébreu » qu’on ne se rend pas compte que pendant les 40 premières années de sa vie il était égyptien.

 

Il faut comprendre qu’il est le paradigme de la vocation messianique de l’identité juive de la diaspora qui commence avec Joseph. Joseph est l’hébreu qui se met au service de la civilisation égyptienne avec la perspective de transfigurer la civilisation égyptienne. Il y a dans la messianité des hébreux la dimension Joseph à l’extérieur. Et lorsqu’il s’avère que cela a été un échec..., ce fut toujours le cas pour l’aventure de Joseph qui s’est produite dans toutes les civilisations. Joseph n’est pas n’importe qui mais le fils bien-aimé de Jacob qui disparaît dans une clandestinité absolue, on ne sait pas ce qu’il est, et il se dévoile comme étant à la tête de l’empire du temps. C’est le juif assimilé par excellence. Yossef Hatsadik.

 

 Je le décris de cette manière pour boucler la boucle qui le sera par Moïse, l’hébreu qui prend l’habit égyptien pour se mettre au service de la civilisation égyptienne. Et ce profil d’identité, hébraïque ou juif traverse toute notre histoire, jusqu’aux grands hommes de la diaspora dont le dernier peut-être était Mendès-France. Ces hommes qui portaient en eux le génie d’Israël bien qu’étant complétement assimilés. Donc en dépit de leur option individuelle, c’est quand même Israël qui travaille dans la civilisation du temps. C’est la dimension Joseph dans sa clandestinité égyptienne. Et voilà que lorsqu’il s’avère que cette tentative messianique à l’extérieur, qui n’est pas simple diaspora, mais diaspora la plus clandestine, la plus assimilée. Quand Jacob va rencontrer Jacob à la fin de cette histoire, il y a un Midrash extraordinaire, il a devant lui un égyptien. Il va demander à propos de ses petit-fils : qui sont-ils ceux-là ?

 

Il ne les reconnait pas comme Hébreux ! Joseph lui a reconnu ses frères. Mais eux ne l’ont pas reconnu parce qu’il est assimilé à l’égyptienne. C’est un verset. Cela se passe sans arrêt dans le même profil : les Juifs assimilés sont obligés de reconnaître les Juifs de la tradition juive. Mais les Juifs de la tradition  ne reconnaîssent pas les Juifs assimilés comme juifs. C’est le drame de Joseph. Ce n’est qu’en fin de compte qu’il se dévoile que Joseph était quand même Tsadik.

 

Je ne sais si Mendés-France était Tsadik dans le sens biblique mais c’était un grand homme d’une grande stature. J’ai eu affaire à lui lorsque j’étais président des étudiants juifs à Paris. Il se disait français, avec une solidarité pour le judaïsme. (Kissinger était un petit à côté de Mendès-France. Prix nobel de la paix pour avoir massacré des dizaines de milliers de vietnamiens !)

Les français les voient comme des juifs mais les juifs les voient comme des Goyim.

 

Cette histoire commence à Joseph et s’achève à Moïse qui est le profil d’identité de Joseph inversé.

C’est le juif sur le trône du Pharaon qui découvre la vie égyptienne et qui rejoint les hébreux. C’est l’histoire du juif de diaspora. Effectivement, ce qui s’est passé de notre temps  le retour de beaucoup de juifs de disapora au judaïsme, toujours restés marginaux d’ailleurs, c’est à cause du choc de ce que Moïse a vu : les égyptiens persécutant l’hébreu. Et beaucoup de juifs contemporains aprés la Shoah ont rejoint l’identité juive, tout en restant marginaux. Non par amour du judaïsme mais pour être solidaires avec les persécutés et non pas avec les persécuteurs.

C’est exactement l’histoire du verset concernant Moïse. Mais jusque là on ne sait pas qui sont les frères de Moïse. Officiellement ce sont les égyptiens. 

 

2:11

וַיְהִי בַּיָּמִים הָהֵם, וַיִּגְדַּל מֹשֶׁה וַיֵּצֵא אֶל-אֶחָיו, וַיַּרְא, בְּסִבְלֹתָם; וַיַּרְא אִישׁ מִצְרִי, מַכֶּה אִישׁ-עִבְרִי מֵאֶחָיו

Vayehi bayamim hahem

vayigdal Moshe

vayetse el-e’hav

vayar besivlotam

vayar ish Mitsri makeh ish-Ivri me'ehhav

Et il arriva en ce jour-là

Moïse grandit

et il sorti vers ses frères.

« Et il vit leur fardeau

et il vit un homme égyptien frapper un homme hébreu de ses frères »

 

vayetse el-e’hav

et il sorti vers ses frères.

 

Le lecteur juif est persuadé qu’il s’agit des hébreux ses frères. Mais le verset ne précisent pas lesquels. C’est l’ambivalence du verset.

 

וַיַּרְא, בְּסִבְלֹתָם; וַיַּרְא אִישׁ מִצְרִי, מַכֶּה אִישׁ-עִבְרִי מֵאֶחָיו.

vayar besivlotam

vayar ish Mitsri makeh ish-Ivri me'ehhav

« Et il vit leur fardeau

et il vit un homme égyptien frapper un homme hébreu de ses frères »

 

Dès qu’il y a une société, il y a les maîtres et les esclaves. Les deux ont un rôle, une tache à accomplir dans l’histoire du monde. On est jugé en fonction de la tache que l’on a à accomplir.

 

וַיַּרְא אִישׁ מִצְרִי, מַכֶּה אִישׁ-עִבְרִי מֵאֶחָיו.

vayar ish Mitsri makeh ish-Ivri me'ehhav

et il vit un homme égyptien frapper un homme hébreu de ses frères »

 

C’est en fin de verset que l’on sait que ce sont les hébreux que Moïse a choisi comme frères, parce qu’il a vu l’égyptien frapper un hébreu.

 

C’est pas du tout pour du raison de civilisation que Moïse a préféré les hébreux aux égyptiens mais pour des raisons d’ordre moral. Parce qu’au niveau de civilisations ils sont complices de la même civilisation qu’est l’empire égyptien.

Par exemple, un juif français de diaspora classique est inséré dans le circuit de la cité française.

Il est inséré dans la diaspora comme les hébreux étaient insérés dans l’empire égyptien.

L’empire égyptien étant totalitaire les choses sont claires.

 

C’est pour des raisons morales que Moïse a choisi. Le verset est très clair

וַיַּרְא אִישׁ מִצְרִי, מַכֶּה אִישׁ-עִבְרִי מֵאֶחָיו.

vayar ish Mitsri makeh ish-Ivri me'ehhav

et il vit un homme égyptien frapper un homme hébreu de ses frères »

 

Pour quelqu’un qui le verrait de loin, et qui n’arrive pas à se sortir de ce mystère : comment décrire un juif de telle sorte qu’on puisse le reconnaître ? Quel est le critère pour être juif ?

Tous les critères proposés sont faux.

On veut définir un juif par la Torah ? La Torah elle-même prévient qu’un juif sans Torah c’est quand même un juif. On veut définir un juif par la terre d’Israël ? Quid des autres dehors ? On veut définir un juif par l’appartenance au peuple ? Le juif est citoyen français mais il est juif....etc.

Cela reste un mystère pour cerner cette identité.

 

Voilà ce qui se passe dans ce verset : C’est une situation contemporaine que nous avons vécue. Du moins en particulier tous les penseurs que l’on appelle « les nouveaux philosophes » qui en France sont pratiquement tous juifs, qui ont été déçus de la civilisation Goï et qui se réclament des valeurs juives du dehors de la communauté et du dehors d’Israël. Un seul qui est un peu sympatique : Glucksman. Les autres sont des imposteurs. Hommes de valeurs tous, mais qui sont restés coïncés sur des demi-chemins. 

 

Voilà le problème :

Moïse est déçu pour des raisons d’ordre morale de la civilisation égyptienne.

 

וַיִּפֶן כֹּה וָכֹה, וַיַּרְא כִּי אֵין אִישׁ; וַיַּךְ, אֶת-הַמִּצְרִי, וַיִּטְמְנֵהוּ, בַּחוֹל

Vayifen koh vakhoh vayar ki eyn ish

Vaya’h et-haMitsri vayitmenehu ba’hol.

« Il se tourna ça et là et vit qu’il n’y avait personne, il frappa l’Egytien et l’enfouit dans les sables »

 

La civilisation égyptienne a été enfouie dans les sables comme vous le savez.

En hébreu ‘hol signifie aussi profane : cela veut dire « c’est fini ».

 

Le lendemain :

 

Verset 13

2 :13

וַיֵּצֵא בַּיּוֹם הַשֵּׁנִי, וְהִנֵּה שְׁנֵי-אֲנָשִׁים עִבְרִים נִצִּים; וַיֹּאמֶר, לָרָשָׁע, לָמָּה תַכֶּה, רֵעֶךָ

Vayetse bayom hasheni vehineh shney-anashim Ivrim nitsim

vayomer larasha lamah takeh reekha

« Le lendemain et voici 2 hommes hébreux qui se disputent »

Alors il dit au Rashâ : pourquoi frapperais-tu ton prochain ?

 

On entend tout de suite Véahavtah léreakha kamokha - l’amour du prochain.

Le Midrash pose la question : comment sait-il qui est le méchant ?

Réponse : C’est celui qui a la main levée...

 

Après la Soah, les nouveaux philosophes sont déçus de la civilisation ambiante. Ils vont au consistoire et y voient deux hébreux se disputer. Alors ni l’un ni l’autre. Moïse s’enfuit déçu de la société égyptienne et déçu de l’état des communautés juives de son temps. Ensuite, il recevra une leçon d’analyse par Dieu lui-même quand au bout de 40 ans, passé sans aucune révélation de Dieu à Moïse, Dieu va se révéler à lui...

« C’est bien mon peuple que tu vas aller sauver ».

Hagadah de Pessa’h :

« Et les égyptiens nous ont faits du mal et nous ont persécutés »

Lu par un Midrash comme « les égyptiens nous ont rendu mauvais... »

Dieu explique à Moïse qu’il n’a pas compris dans quel état ils sont : c’est Mon peuple dans l’état où il se trouve qu’il faut aller sauver. Moi, Je n’ai pas fermé les yeux ni les oreilles à leur situation... » imagine Rashi. Il n’y a pas de doute que dans les camps de concentration d’Egypte, cela se passait comme le raconte le Midrash. Mais c’est la situation dans laquelle la persécution les a mis. Très souvent nous sommes trompés .../... 

***

Parasha - Matot 95 Suite & fin

.../...

 

c’est le résultat de l’exil. Nous avons ramenés tout ces défauts-là. Il faut savoir ce que c’est que 2000 ans d’exil : cela détruit l’équilibre nerveux des Juifs. Tous les juifs sont nevrosés par 2000 ans d’exil. 

 

Quand j’ai fait ma Aliah et que j’ai vécu quelques semaines en Israël commme israélien, je me suis rendu compte que les 20 ans passés en France j’étais malade sans le savoir.

On vit une vie normale, et 2000 ans ont pour résultat de détraquer les nerfs des juifs.

Un cours du Rav Kook à ce sujet : la Aliah c’est une cure de revitalisation. Il faut se guérir de l’exil.

Un enseignement du Rav Ouziel : nous avons besoin de deux sortes de Messie : l’un qui sort les juifs d’exil et l’autre qui sort l’exil des juifs. Une cure de désintoxication. On ne se rend pas compte à quel point nous sommes devenus un peuple étrange. Au niveau national c’est ce qui se passe au niveau du consistoire.

 

Quel est l’état de la société hébraïque en Egypte ? Datan et Aviram !

 

וְהִנֵּה שְׁנֵי-אֲנָשִׁים עִבְרִים נִצִּים

vehineh shney-anashim Ivrim nitsim

et voici 2 hommes hébreux qui se disputent 

 

C’est ce qu’étaient devenus les Hébreux. 

Lorsqu’il se heurte à ses deux déceptions, vis-à-vis de la société ambiante égyptienne, et vis-à-vis de sa propre commuauté d’origine, Moïse fils adoptif de Pharaon décide de tout quitter et de s’enfuir. Il s’enfuit non pas n’importe où. Il semble d’aprè le texte qu’il sait où il va.

 

Verset 15

וַיִּשְׁמַע פַּרְעֹה אֶת-הַדָּבָר הַזֶּה, וַיְבַקֵּשׁ לַהֲרֹג אֶת-מֹשֶׁה; וַיִּבְרַח מֹשֶׁה מִפְּנֵי פַרְעֹה, וַיֵּשֶׁב בְּאֶרֶץ-מִדְיָן וַיֵּשֶׁב עַל-הַבְּאֵר

Vayishma Par'oh et-hadavar hazeh

vayevakesh laharog et-Moshe

vayivrach Moshe mipney Far'oh

vayeshev be'erets-Midyan

vayeshev al-habe'er.

Et Paro entendit cette chose.là

Et il chercha à tuer Moïse

Et Moïse s’enfuit de devant Paro

et s’installa au pays de Midyan

et s’assît auprès du puit.

 

C’est très condensé, c’est clair que Moïse sait où il va.

 

Pourquoi Midian ?

Midiane n’est pas n’importe qui, c’est un des fils d’Abraham.

Abraham après avoir eu Sarah comme femme, après l’épisode de Agar a pris une femme nommée Qétourah qui est Agar après sa Teshouvah d’après certains maitres du Midrash.

Agar s’est repentie vis-à-vis de Sarah. Les Qétoret sont liés à cette Teshouvah.

De Qétourah qui est Agar dans le Midrash, Abraham a eu d’autres enfants dont l’un est Midiane.

 

2:16

וּלְכֹהֵן מִדְיָן, שֶׁבַע בָּנוֹת; וַתָּבֹאנָה וַתִּדְלֶנָה, וַתְּמַלֶּאנָה אֶת-הָרְהָטִים, לְהַשְׁקוֹת, צֹאן אֲבִיהֶן

Ulekhohen Midyan sheva banot

vatavonah vatidlenah vatmalenah et-harehatim

lehashkot tson avihen

Et le prêtre de Midiane avait 7 filles

Et elles venaient et puisaient l’eau et remplissaient les abreuvoirs

Pour abreuver le troupeau de leur père.

 

Midrash : le prêtre de Midiane n’a pas de berger pour veiller à son troupeau. Yitro a eu la même expérience qu’Abraham : il a répudié toutes les idolâtries du monde, à commencer par celle de Midiane, et était disponible pour une révélation de vérité. C’est pourquoi son peuple l’avait mis en quarantaine. Donc ses filles devaient s’occuper du troupeau.

Moïse ne va donc pas n’importe où. 

 

‘Hidoush personnel : je n’ai pas trouvé de source à ce propos sauf peut-être une mince allusion du Shlah dans cette Parashah : Moïse a une tentation : puisque l’Egypte l’a déçu et Israël tel qu’il est en Egypte l‘a déçu également, il va chercher un erstatz d’Israël à Midiane. C’est similaire avec tous ces juifs assimilés qui sont revenus à la communauté après la Shoah mais en tant que marginaux. Ils se sont tous cherchés un remplaçant d’Israël.

 

Tous ces jeunes juifs, intellectuels brillants déçus par la civilisation occidentale, mais surtout par la communauté ou le pays d’Israël, se mettaient au service des pays du tiers-monde : Mao, Che Guévara... Tout comme Moïse, ils se cherchaient un Midiane : « tu seras mon Midiane et je serais ton Moïse ». Effectivement, ils se sont tous pris pour des prophètes des pays du tiers-monde.

 

Cette explication me plait parce que si c’est déjà arrivé pour Moïse c’est qu’il y a de l’espoir pour tout le monde.

 

On trouve la clef du problème dans la fin du verset 15:

 

2:15

וַיִּשְׁמַע פַּרְעֹה אֶת-הַדָּבָר הַזֶּה, וַיְבַקֵּשׁ לַהֲרֹג אֶת-מֹשֶׁה; וַיִּבְרַח מֹשֶׁה מִפְּנֵי פַרְעֹה, וַיֵּשֶׁב בְּאֶרֶץ-מִדְיָן וַיֵּשֶׁב עַל-הַבְּאֵר

Vayishma Par'oh et-hadavar hazeh

vayevakesh laharog et-Moshe

vayivrach Moshe mipney Far'oh

vayeshev be'erets-Midyan

vayeshev al-habe'er.

Et Paro entendi cette chose-là

Et il chercha à tuer Moïse

Et Moïse s’enfuit de devant Paro

et s’installa au pays de Midyan

et s’assît auprès du puit.

 

Rashi sur la fin :

Il a appris de Jacob qui a rencontré sa promise près du puit.

 

Ce qu’il y a derrière c’est énorme. Cela veut dire qu’il veut faire comme Jacob, fonder un peuple d’Israël avec la fille de Jéthro comme matrice : un ertsatz d’Israël.

Cette référence au puit de Jacob c’est la rencontre de Jacob et Rachel qui fonde le peuple d’Israël aprés la sélection d’identité depuis Abraham Isaac jusqu’à Jacob...

 

On voit là l’option de Midiane.

Il y a une telle osmose entre Moïse et Midiane qu’il faut que ce soit Moïse qui brise cette tentation de Midiane. Après seulement il pourra rejoindre son peuple. Parce que tant qu’il est proche de Midiane il y a un doute : Ne va t’il pas remplacer Israël par une autre société... ?

 

***

 

Retour à notre verset :

Chapitre 31 de Matot :

31:1

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה לֵּאמֹר

Vayedaber Adonay el-Moshe lemor

31:2

נְקֹם, נִקְמַת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, מֵאֵת, הַמִּדְיָנִים; אַחַר, תֵּאָסֵף אֶל-עַמֶּיךָ

Nekom nikmat bney Yisra'el me'et haMidyanim

A’har te'asef el-ameycha.

« Venge la vengeance des enfants d’Israël de la part des Midianites

aprés seulement tu t’adjoindras à ton peuple

 

Je vous donne une référence qui vous montrera à quel point les détails du texte sont important pour comprendre ce qui se passe.

Je vous lis une référence qui se trouve dans le Sifré 37:2 (Midrash sur Bémidbar)

Amar Rabi Its’haq : que signifie A’har ? Et après seulement tu rejoindras ton peuple ?

J’en ai dit l’essentiel tout à l’heure : il faut arrêter cette tentation de Midiane, il n’y a que Moïse qui doit le faire.

 

La grandeurt de Moïse est mise en évidence par d’autres commentaires :

Dieu dit à Moïse:

 נְקֹם, נִקְמַת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, מֵאֵת, הַמִּדְיָנִים; אַחַר, תֵּאָסֵף אֶל-עַמֶּיךָ

Nekom nikmat bney Yisra'el me'et haMidyanim

A’har te'asef el-ameycha.

« Venge la vengeance des enfants d’Israël de la part des Midianites

aprés seulement tu t’adjoindras à ton peuple

 

Moïse pouvait décider d’ëtre immortel puisque c’est écrit : après seulement tu mourras...

Il aurait laissé tranquille Midiane et serait immortel.

 

Retour au Sifré :

A’har...

C’est pour nous faire connaître la louange des dirigeants d’Israël qui ne quittent pas ce monde avant d’avoir venger la vengeance d’Israël qui est la vengeance de Dieu lui-même (comme nous allons le voir sur le verset). Beaucoup de Drashot ont été faites sur cette grandeur de Moïse à qui Dieu tend la perche. Mais dès que tu vas régler les compte avec Midiane tu vas rejoindre son peuple. Mais Moïse n’attend pas et agit tout de suite en s’adressant aux chefs des tribus pour lever une armée contre Midiane.

 

Amar Rabi Its’haq 

eitour léSoufrim halakha léMoshe miSinaï

C’est une expression qui veut dire la forme littéraire des rédacteurs : on peut enjoliver l’écriture

אַחַר, תֵּאָסֵף אֶל-עַמֶּיךָ

A’har te'asef el-ameycha.

Le mot de A’har est en plus. Il aurait suffit que le verset dise :  véte'asef el-ameycha

 

Le mot אַחַר A’har est un enjolivement de la forme. Il dit Halakhah LéMosheh MiSinaï pour préciser que ce mot-là אַחַר A’har est très important et que l’on ne peut s’en passer. Après seulement tu seras d’Israël... Les Midrashim ont bien cerné la véritable intention du texte. 

 

Or, concernant Midiane, le Midrash explique que plus que tous les autres adversaires d’Israël, il y a contestation sur Israël de la part de Midiane. Il faut le comprendre en hébreu.

 

Midian = Mem-Dalet-Youd-Noun de même racine que Din. Or, il y a un mot qui se rapproche c’est le mot de Madon, le mot de contestation. Din madon la querelle de contestation.

C’est Midian par excellence qui conteste Israël. Si Israël n’est pas là c’est Midiane. Car Yitro a eu la même expérience que Abraham. Sa contestation est grave car c’est l’identité la plus proche d’Israël. Si Abraham ne donne pas Israël il aurait pu donner Midiane.

 

Une analyse en français : les choses les plus proches mais qui ne sont que proches sont en réalité les plus dangeureuses. On est aidé par le français dans cette analyse : entre proximité et approximation.  Le caractère positif de ce qui est tout proche c’est d’être ce qui est tout près. Mais le caractère négatif : ce n’est que près, à côté, approximatif. C’est une caricature.

 

C’est la définition même de l’hérétique. Une sorte qui ressemble, car sorti de...

A l’origine on ne voit pas la différence mais avec le temps c’est un abîme... C’est le cas du christianisme. Assez rapidement les rabbins ont institués que certaines formules de la prière devenaient impropres chez le ‘Hazan car trop chrétiennes alors qu’elles auraient pu passer pour très pieuses du point de vue juif.

 

Traité Brakhot : Celui qui dit « Modim, Modim » « nous te reconnaissons, nous te reconnaissons », celui qui répète les mots de Modim on le jette (allusion au père et au fils...). Celui qui répète le mot de « Amen, Amen ».  Celui qui répète le Qriat Shema (allusion au père et au fils...)

 

Et aujourd’hui la communauté juive est mélangé entre sadducéens et pharisiens. C’est précisément dans la prière qu’on peut déceler qui fait partie de quoi. Les premiers chrétiens étaient des juifs pieux.

 

***

 

Dès que Moïse entend :

31:2

נְקֹם, נִקְמַת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, מֵאֵת, הַמִּדְיָנִים; אַחַר, תֵּאָסֵף אֶל-עַמֶּיךָ

Nekom nikmat bney Yisra'el me'et haMidyanim

A’har te'asef el-ameycha.

« Venge la vengeance des enfants d’Israël de la part des Midianites

aprés seulement tu t’adjoindras à ton peuple

 

31:3

וַיְדַבֵּר מֹשֶׁה אֶל-הָעָם לֵאמֹר, הֵחָלְצוּ מֵאִתְּכֶם אֲנָשִׁים לַצָּבָא; וְיִהְיוּ, עַל-מִדְיָן, לָתֵת נִקְמַת-יְהוָה, בְּמִדְיָן

Vayedaber Moshe el-ha'am lemor

hechaltsu me'itchem anashim latsava

veyihyu al-Midyan

latet nikmat-Adonay beMidyan.

Et Moïse parla au peuple en disant:

Engagez des hommes pour la guerre

Et ils seront contre Midiane 

Pour donner la vengeance de Dieu contre Midiane.

 

Dieu dit à Moïse :

נִקְמַת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, מֵאֵת, הַמִּדְיָנִים

 nikmat bney Yisra'el me'et haMidyanim

La vengeance d’Israël contre Midian

Et Moïse dit au peuple

נִקְמַת-יְהוָה, בְּמִדְיָן

nikmat-Adonay beMidyan ?

 

Rashi sur Nikmat Hashem :

Midrash : « pourquoi Moïse dit-il « la vengeance de Dieu » ? Parce que celui qui se dresse contre Israël c’est comme s’il se dressait contre Dieu. »

 

Il y a des implications énormes. Il y a énormément de sources à ce sujet. Dieu lui-même considère qu’une faute contre Israël est plus grave qu’une faute contre lui. En voilà un exemple !

 

A lire chez vous un enseignement du Guélilé Zahav sur la différence entre Koh Amar et Zeh Hadavar

 

*****

 

Q : Bilaam donne un conseil à Balak d’envoyer les filles de Moav. Midiane géographiquement c’est au Sinaï et pas à Yarden ?

 

R : Oui mais Midiane et Moav ont fait une coalition contre Israël. Effectivement la question est posée : pourquoi la vengeance ne s’exerce-t’elle pas contre Moav puisque Balak était roi de Moav ? Il y a d’autres sources indiquant que Moav est protégé parce qu’en fin de compte David sortira de Moav. C’est déjà le cas lorsque Abraham protège Lot, avant même Moav. Dès que David est né l’interdiction de ne pas faire de guerre à Moav est levée. Ruth n’est pas n’importe quelle convertie. La plus proche qui est devenue la plus éloignée. Lot est un « comme Abraham » et s’est éloigné. Lorsque Ruth revient elle ramène tous les intermédiaires... Elle était rejettée le plus loin avec Moav. C’est pourquoi elle va devenir le paradigme des convertis.

 

 Q : Après le veau d’or, Dieu propose à Moïse de faire un nouveau peuple à partir de lui et lui refuse il y a déjà eu un choix ?

 

 R : Oui, c’est une bonne question qui fait le lien avec cet autre thème : c’est justement après le veau d’or que Moïse prophétise par Zeh Hadavar. Jusqu’au veau d’or, le peuple n’est qu’au niveau de Koh Amar. Après le veau d’or, il y a une catharsis de ce risque d’idolâtrie par le Erev Rav. Après, Moïse peut leur prophétiser par Zeh Hadavar.

La question a été étudiée par le Talmud : un peuple qui sortirait de Moïse sortirait aussi d’Abraham d’Isaac et de Jacob. Alors on ne comprend pas très bien l’argumentation de Moïse, lorsque Dieu lui dit : « de toi Je ferais sortir un grand peuple et je vais annuler ce peuple-là... » Moïse plaide en disant : « rappelles Toi d’Abraham d’Isaac et de Jacob à qui Tu as promis... »

La réponse nous est donnée par un Midrash qui cite la Guémara: « A quoi cela ressemble-t’il ? Une table à trois pied ne tient pas et tu voudrais une table à un seul pied ? »

Cela signifie que l’identité des pères est très différentes par rapport à l’identité de Moïse qui est celle du maître. Un peuple sortant de Moïse serait une église. C’est la grande différence avec le chritianisme. Le peuple de Moïse serait un maître et ses élèves, alors que le peuple d’Israël c’est un père avec ses fils. Cela n’a rien à voir.

La grande différence entre le christianisme et le judaïsme commence là : Dieu a contracté alliance avec un peuple. Le peuple d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. On ne parle jamais du Dieu de Moïse. On parle du Dieu d’Abraham, de Isaac et de Jacob. Le maitre c’est Moïse, et lorsque Moïse parle au peuple, il dit : « votre Dieu m’a dit... » et jamais « mon Dieu », à part deux exceptions qui s’expliquent chacunes. Chaque fondateur de religion dit « Mon Dieu m’a dit de vous dire... » Voie royale de l’idolâtrie. Le christianisme nous a inventé un Israël qui est une église. Le danger serait d’inventer un Israël qui serait une synagogue.

C’est le dialogue qu’on retrouve entre Dieu et Moïse : « cela n’a pas marché avec le peuple, tu vas fonder une  église... » Moïse lui répond : « je sais très bien que ce n’est pas cela que tu veux, mais un peuple ! »

Quelle est la différence ? Une église est toujours celle des élus. Les parfaits, l’élite. Avec le peuple c’est universel. Or, une église ne peut pas représenter l’universel humain qui ne peut être représenté que par une collectivité, par un être collectif.  Alors l’église est une communauté mystique, une confession.

On est juif par l’identité. C’est ce que j’explique aux candidats à la conversion. On ne change pas comme de carte de parti. Certains sont persuadés que la vérité est chez nous : comment le savoir avant d’apprendre la Torah ?  Ces motivations de conversions sont suspectes. La vraie question que l’on pose c’est : acceptes-tu l’histoire juive ? Oui ? mais tu es fou ! sais-tu ce que c’est que l’histoire juive ? Celui qui accepte l’histoire juive cela commence à être sérieux. Soit il est fou, soit il est juif.

Il adopte Israël et ensuite sa religion, et non pas l’inverse. C’est ainsi que parle la Bible : « Il nous a choisi parmi les peuples et nous a donné Sa Torah ». C’est comme cela que parle Ruth : elle dit « ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu », mais il y a un ordre.

 

Il ne s’agit pas d’adopter certaines idées à la place d’autres idées, c’est une histoire d’identité. Il faut être juif pour être juif et pas tous les Goyim peuvent être juifs, indépendament du niveau de vérité.

 

***

 

On a compris pourquoi Moïse devait couper le cordon ombilical avec Midiane. La tentation de Midiane. Une assimilation très particulière. Risquer de quitter le judaïsme au nom des valeurs juives... C’est ce qu’on voit chez quantités d’intellectuels juifs fuyant le judaïsme en se réclamant des valeurs juives. Si c’est déjà arrivé à Moïse il y a de l’espoir...  

 

Fin

***************

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30 juillet 2009 4 30 /07 /juillet /2009 20:24

 Matot 1994

Commentaire Matot (1994) 1ère. partie (qualité sonore bonne).
 

  par le Rav Yéhouda Léon Ashkénazi

Un thème classique important de la parashah de Matot

Je vais commencer par le début de Matot puis on verra Midiane et vous me rappelerez le problème de Gan et Réouven

 

La Parashah passée est très riche en sujets, mais à la fin de Parashat Pin’has, il y a une récapitulation de toute la liturgie des sacrifices correspondants, en particulier depuis d’ailleurs le sacrifice de tous les jours, à travers celui du Shabat, de Rosh ‘Hodesh etc... à travers surtout les jours qui ont commémorés les événements importants de l’histoire de la génération de la sortie d’Egypte.

 

Chaque jour de fête, en Israël, dans le calendrier d’Israël, (c’est un peu la régle de façon générale dans tout calendrier traditionnel, mais en particulier dans le calendrier hébreu) chaque jour commémoré que ce soit un jour de fête, un jour faste, ou un jour néfaste comme Tishâ béAv.

 (Certains français hébraïsant parlant mal le français parlent de jour de « fête » pour Tishâ béAv. Ils font sans le savoir une prophétie. Cette prophétie existe : un verset des Lamentations est cité à ce propos (à Tishâ béAv c’est Eikhah les Lamentations de Jérémie qui est lu)  :

« il fait advenir pour moi un rendez-vous pour briser mes ba’hourim mes jeunes gens-soldats »

Le Midrash enseigne que puisque le prophète Jérémie a employé le mot de Moed rendez-vous pour decrire la catastrophe militaire de la perte de l’indépendance au temps des Babyloniens cela signifie qu’arrivera un temps où cela sera vraiment un Moed...)

 

Effectivement, à Tishâ BéAv après la guerre des 6 jours, la vieille ville a été libérée, et le Kotel aussi, ce fut le Tishâ béAv du 9 av de la 1ère année de libération de Jérusalem. C’était vraiment le deuil. Tout était noir après les combats. Tsahal a rasé la vieille ville qui occupait l’esplanade du temple actuel. Et l’O.N.U. a réagi après. 

D’année en année cette date est à la fois un deuil mais aussi cela commence à devenir un rendez-vous. Tous les jeunes de Jérusalem se donne rendez-vous ce soir-là devant le Kotel. Une transition est en train de se faire. Le Kotel est en train de devenir ce que doit être un véritable Beth Knesset, le lieu de rassemblement des diverses communautés d’Israël et du monde entier. 

 

Le chapitre de la Parashah de Pin’has met cela en évidence : toutes les fêtes commémorent un événement historique qui a été un événement fondateur pour Israël comme nation.

 

Pour toutes les fêtes bibliques, indépendament de leur sens cosmique, métaphysique, religieux, spirituel, agricole, il y a d’abord un événement historique qui est commémoré. Même des jours pour lesquels on pourrait se demander quel événement ils commémorent.

 

 

2 exemples :

ð  Rosh hashanah le jour du jugement commémore la création du monde. Il s’appelle le jour du souvenir. Le seul événement dont personne ne peut avoir le souvenir est commémoré dans cette fête !

ð  Yom Kipour est la commémoration d’un événement historique. Indépendament du fait que la Torah l’institue comme le jour des Kipourim : les expiations et le pardon à travers l’expiation.

 

Je vais vous faire un bref rappel du calendrier

D’abord en vous rappelant qu’il y a 2 jours de Kipour : le 9 Tishri et le 10 Tishri. C’est peu connu.

Le 9 Tishri est le jour de Kipour. L’expression de la Torah c’est « le jour d’affliction totale ». Le Din : C’est en mangeant, il ne faut pas rester plus d’1/4 d’heure le 9 Tishri sans manger. Il y a une tradition kabaliste avec un repas de 7 plats différents. Le 10 Tishri c’est en jeunant. C’est beaucoup plus difficile l’affliction en mangeant qu’en jeûnant.

 

C’est la raison pour laquelle dans beaucoup de familles la veille du jeûne avant d’aller à la synagogue la veille de Kipour on prenait un bouillon car on ne peut plus manger...

 

Bref rappel du calendrier de l’histoire de la génération de la sortie d’Egypte :

ð  6 Sivan la révélation avec Matan Torah

ð  40 jours après c’est le 17 Tamouz le jour de la fête du veau d’or et le bris des 1ères tables

ð  il prie pendant 40 jours 1er Eloul,

ð  il reçoit les 2ndes tables pendant 40 jours on arrive au 10 Tishri

 

Le 10 Tishri de cette année-là, on a eu l’expérience historique du pardon de la faute.

Le 1er Yom ha Kipourim a été un événement historique.

 

Effectivement, le signe que la faute du veau d’or a été pardonnée, c’est que les tables de la Loi ont été rendues. Les 2ndes ont été donnée le 10 Tishri ; c’est pourquoi après le 10 Tishri, on a de nouveau un fête de la Torah qui est Sim’hat Torah.

 

Matan Torah de Shavouot c’est la fête de la Torah qui est donnée apriori de la faute. Sim’hat Torah c’est la fête de la Torah qui est redonnée aposteriori de la faute, et s’il y a repentir c’est l’expérience que la faute peut être pardonnée

 

Il faut bien comprendre l’importance de cela :

Matan Torah est une fête de la revélation de la Torah du niveau Din dans la rigueur. Une Torah terrible qui dès la 1ère faute condamne. Après la faute si le repentir est sincère il y aura le pardon. Alors on peut recevoir la Torah dans la joie : en cas de faute et de repentir sincère on est redevenu Tsadik. On est revirginisé du point de vue de la conscience.

 

C’est pourquoi Matan Torah la 1ère fois et la 2ème Sim’hat Torah.

 

C’est important de savoir qu’après le dénombrement après la dernière des catastrophes de la génération du désert, il y a eu dix événements de mises à l’épreuve d’Israël.

 

Il y a 2 choses qui doivent nous étonner: l’une dans l’étude du récit historique de la Torah et l’autre dans l’étude de l’histoire d’Israël.

 

1- Dans l’étude du récit historique de la Torah, il y a des histoires de révoltes invraisemblables du peuple contre lui-même, contre Moïse, contre la Torah, contre Dieu... Il y a 10 épisodes qui apparaissent invraisemblables. Ce peuple qui a eu l’expérience des miracles de la sortie d’Egypte, de la révélation du Sinaï, le peuple qui est appelé à la révélation, est turbulent au point que les calomniateurs d’Israël se sont emparés de cette expression de « peuple à la nuque raide » et vous savez ce qu’ils en ont fait comme motivation théologique anti-judaïque...

 

2- Le 2ème étonnement apparait lorsque l’on étudie l’histoire d’Israël : voir à quel point c’est un peuple étrange. Les historiens et les sociologues non-juifs sont très perplexes lorsqu’ils considérent l’histoire juive. Surtout l’histoire contemporaine. C’est un peuple dont l’histoire est étrange. Les Goyim doivent avoir une très grande patience pour ne pas devenir calomniateur du peuple d’Israël  C’est une histoire ubuesque ou kafkaïenne.

 

En reliant ces 2 remarques on est un peu rassuré. Le fait que à la génération de la sortie d’Egypte, la Torah ait jugé nécessaire de nous raconter cela pour nous avertir de qui nous sommes, cela enlève un peu le caractère de perplexité et d’invraisemblance du peuple juif qui serait tragique car sans explication, ni sens aucun. Inversément, le récit de la Bible nous explique que nous sommes bien cet Israël-là.  Inversément, c’est notre histoire contemporaine qui nous fait mieux comprendre que c’était ainsi depuis toujours. Cela renvoit à un autre mystère : comment expliquer que Dieu se soit choisit ce peuple-là ? Comment expliquer après les miracles de la guerre des 6 jours une telle absurdité du peuple juif partout et que l’on ne voit pas l’histoire juive sous le regard de la Providence ?

 

Midrash personnel : Un jour le bon Dieu a décidé de sauver l’humanité qui allait si mal. Par qui commencer ? Il a pris le peuple le plus difficile. Si cela marche avec lui cela marchera avec les autres. Je suis souvent admiratif devant la patience et la civilité de beaucoup de penseurs Goï qui déclarent leur perplexité alors qu’ils sont ahuris de toutes ces invraisemblances.

 

La question de savoir pourquoi ce peuple se conduit ainsi est insoluble : quelque soit l’explication que l’on se donne il reste un résidu insoluble. Dans la sagesse des nations c’est la maxime : « Noblesse oblige ! » La conséquence du fait de faire partie d’une élite.

Cf. le livre du Rav Tsadok Hakohen miLoublin - le Pri Tsadik qui a écrit un petit livre qui s’appelle  Sefer Tsidkat Hatsadik sur cette question.

 

Le problème renvoit donc à cette autre question : pourquoi Dieu a choisi ce peuple là ?

 

Pour dépasser un peu le langage du Midrash que je vous ai fait, pour que la mise à l’épreuve du monde créé à travers l’homme soit en toute justice évidemment juste, tout se passe comme si Dieu a mis contre lui toutes les chances.

Je vous cite un passage du Talmud et du Midrash  qui vont dans ce sens : Dieu a contracté alliance avec Israël mais on pourrait s’insurger et dire qu’il y a « masso panim » complaisance, favoritisme, envers eux. Il nous sauve toujours in extremis. C’est une histoire longue de 4000 ans avec les mêmes catastrophes et avec les mêmes invraisemblances.

 

Le Midrash dit ceci : les Goyim s’insurgent devant Dieu de cette complaisance envers Israël et il y a connivence avec Israël. Dieu répond : « Moi je leur ai demandé ‘tu mangeras tu te rassasieras et tu feras une bénédiction’ Et eux discutent combien cela pèse un oeuf pour savoir qu’à partir de la grosseur d’un oeuf, il font ½ heure de Birkat hamazone et vous ne voulez pas que je les préfère ? »

 

On lit habituellemnt ce Midrash comme un compliment mais en vérité, dans le texte, Dieu se moque d’Israël.

 

(Si on prolongeait votre question jusqu’au bout : Cela voudrait dire qu’il y ait un plan de Dieu et qu’il fallait absolument agir ainsi car il y a un plan dans la Torah et qu’il fallait qu’il se réalise et parce que la Torah précède l’histoire. C’est exactement de l’évangélisme calviniste. La prédestination ! )

 

Je vous cite un Midrash sur Parashat Vayera dans l’épisode d’Abraham nouveau circoncis recevant les trois invités. Il va se révéler que ce sont des anges qui viennent le visiter. Chacun de ces anges a une mission bien précise.

 

Question : Nous apprenons les vertus en les apprenant dans la Torah. Par exemple, nous apprenons la vertu de l’hospitalité avec pour modèle l’hospitalité d’Abraham. Mais lui d’où l’apprit-il ?

 

Vayera

18:1

וַיֵּרָא אֵלָיו יְהוָה, בְּאֵלֹנֵי מַמְרֵא; וְהוּא יֹשֵׁב פֶּתַח-הָאֹהֶל, כְּחֹם הַיּוֹם

Vayera elav Adonay be'Eloney Mamre

vehu yoshev petach-ha'ohel kechom hayom.

Et Dieu s’est révélé à lui Abraham, dans les chênes de Mamré,

il était assis à la porte de la tente au moment où la chaleur du jour est la plus forte,

 וַיִּשָּׂא עֵינָיו, וַיַּרְא, וְהִנֵּה שְׁלֹשָׁה אֲנָשִׁים, נִצָּבִים עָלָיו; וַיַּרְא, וַיָּרָץ לִקְרָאתָם מִפֶּתַח הָאֹהֶל, וַיִּשְׁתַּחוּ, אָרְצָה

Vayisa eynav vayar

vehineh shloshah anashim nitsavim alav

vayar

vayarots likratam mipetach ha'ohel vayishtachu artsah

il leva ses yeux et il vit,

et voici que 3 hommes était auprès de lui – littéralement : se tenaient au-dessus de lui.

Et il vit

Et il courut à leur rencontre...

 

Et il prépare le repas...

 

C’est là qu’on aprend que c’était un jour de Pessa’h puisqu’il dit à Sarah...

לוּשִׁי, וַעֲשִׂי עֻגוֹת

lushi vaassi ugot

 

Mon père m’avait expliqué ainsi : Le 1er « Vayar » on comprend. Il y a une révélation d’en-haut et il leva ses yeux et il vit 3 hommes qui vont se révéler comme des anges - c’est le mot de Anashim qui désigne une certaine catégorie d’anges. On étudie cela dans le Mishnei Torah du Rambam. Il y a plusieurs catégories d’anges. L’angéologie est une science peu connue car peu étudiée. On s’aperçoit à quel point Rambam, dans les deux chapitres qu’il consacre aux anges, taxé de rationalisme, était mystique.

 

Le 2ème « vayar » pourquoi ?

et il vit et il courut à la rencontre...

Et la scène de l’hospitalité commence.

 

L’explication est la suivante : un Midrash explique que la Torah est écrite feu noir sur feu blanc.

Et elle est écrite Otiot Otiot. Une suite de lettres. Nous avons une tradition de lecture « Mi peh HaGvourah miSinaï » qui est celle que Moïse nous a transmise. Cela concerne : Comment grouper les lettres pour faire un mot et les mots pour faire un phrase un verset...etc. Comment mettre les accents – taamim - pour accentuer ( pour savoir si c’est une question une affirmation...) et comment relier les mots et donner leurs sens aux versets...  C’est pourquoi le texte de la Torah se chante, se cantile. C’est une tradition de lecture qui nous vient de Moïse - Moshe qibel Torah miSinaï… - jusqu’aux sages de la grandes assemblée qui nous l’ont transmise. Il y a une manière de lire ces lettres qui composent un texte que Moïse nous a transmis par tradition.

 

L’explication est la suivante : Lorsque les anges sont apparus à Abraham  il a levé les yeux pour lire dans la Torah du ciel comme les lettres s’organisent pour faire des mots et lui enseigner ce qu’il devait faire. C’est le 2nd « Vayar ».

 

Cela signifie que c’est au moment où l’homme agit que c’est là son destin. Mais il n’y a pas de destin à priori. C’est au moment où l’homme agit qu’il va décider de la suite de sa durée à partir de ce moment-là.

 

Pendant que Abraham agissait, les lettres s’organisaient comme cela.

 

En philosophie théologique, c’est ce qu’on appelle la relation entre la transcendance et l’immanence.

 

Pour mieux comprendre, je vous cite une Mishnah de Pirqey Abot :

Avot

« Sache ce qu’il y a au dessus de toi.

Un oeil qui voit,

un oreille qui écoute

et tous tes actes écris (autre lecture « s’écrivent ») dans un livre » 

 

Autre lecture ‘hassidique :

En changeant juste l’accentuation :

« sache que ce qu’il y a au-dessus c’est toi » .. « tout tes actes s’écrivent dans un livre ».

 

Un autre Midrash dit ceci :

Il y a 3 livres à Rosh Hashanah : celui des Tsadikim, des Reshayim et des Benonim, car il y a trois catégories d’hommes par rapport à la Loi. En réalité chacun a son livre à lui, le livre de chacun se trouve dans une de ces trois bibliothèques. A Rosh-hashanah on confronte le livre de chacun avec le livre de la Torah. C’est écrit de la même manière. Mais le sens est différent. Cela dépend de ce que j’ai fait.

 

J’ouvre une parenthèse sur Roshashanah.

Entre Roshashanah et Yom Kipour les 10 jours de pénitence.

Le paradoxe c’est que le jour de Rosh hashanah c’est le jour du Jugement. Si vous avez en tête la prière de Rosh hashanah : « ce jour il est décidé qui pour la vie qui pour la mort... »

Le jugement est scellé et c’est à ce moment-là qu’on nous dit « repent-toi ! ». Normalement le repentir devrait avoir lieu avant ? Pour améliorer le dossier avant de le remettre au tribunal...

Il y a quand même une préparation des 30 jours des Sli’hots avant Roshashanah depuis le 1er Eloul jusqu’à Roshashanah pour le rite séfarade et depuis le 25 Eloul jusqu’à Rosh Hashanah pour les Ashkénazim. Mais la Teshouvah, au niveau des rythmes de l’année, placée entre Rosh hashanah et Kipour c’est paradoxal !

 

A quoi cela se relie cette question difficile ?

Maïmonide l’a étudié et indiqué dès les Shmonei Prakim que cela nous dépasse. C’est la tension qu’il y a entre la toute puissance de Dieu et la liberté de l’homme. La toute puissance de Dieu  implique qu’il est omniscient de toute éternité. D’où le problème de la liberté de l’homme ?

Comment concilier la liberté humaine avec l’omniscience divine ?

 

Q : C’est parce que c’est au-delà du temps ?

R : C’est au-delà du temps mais par définition on ne peut pas comprendre ce que cela veut dire. Au-delà du temps, pas en dehors du temps, c’est toujours la question et non la réponse. Dieu sait à l’avance ce que je fais et pourtant je suis libre. C’est insoluble. J’ai étudié la question en  philosophie ou en théologie.

 

Dans les 10 jours de pénitence : la Teshouvah dont le mot vient de la racine Lashouv qui signifie revenir en arrière. C’est une explication selon le Rambam sur la Teshouvah. Voilà le Derekh Hayesharah la voie droite. La faute c’est d’avoir dévié. C’est le sens du mot hébreu de ‘Heth  (léa’hatil cela veut dire dévier).   

 

Maïmonide explique à quelle point la Téshouvah est difficile : la Teshouvah c’est revenir à la voie droite. Le Tikoun - la réparation de la faute - c’est que je reviens - Lashouv - en m’aidant de la mémoire là où j’ai fait la faute pour faire un Tikoun et pour reprendre la voie droite. Ce n’est pensable que si le temps est réversible mais le temps n’est pas réversible. C’est pourquoi dans la pensée naturelle la notion de Teshouvah, prise au sérieux, n‘existe pas. C’est une notion un ‘Hidoush de la Torah qu’ensuite les Goyim ont appris en lisant la bible.

 

Chez les philosophes grecs la notion de Téshouvah leur est impensable et leur est blasphématoire pour 2 raisons.

 

1- D’abord pour une raison d’ordre moral, c’est injuste. Si quelqu’un a fait une faute, il faut qu’il paie suivant la conception d’une morale rationnelle et logique. C’est injuste moralement. La morale légale n’admet pas la notion de prescription qui lui semble immorale. Et ensuite pour une raison philosophique : le temps n’est pas réversible. Revenir en arrière c’est se « convertir à ». Le mot que les chrétiens ont choisi pour exprimer le repentir signifie en grec la conversion metanoïa.

 

Il n’y a qu’en hébreu  qu’on sait que l’on peut transformer le passé en futur et le futur en passé.

En hébreu, le Vav conversif c’est le Vav de la Teshouvah. C’est grâce au Vav conversif - Vav Hahipoukh - que l’on sait qu’on peut faire Teshouvah. Ce qui est de l’ordre du passé peut devenir un futur. Mais ce n’est pensable qu’en hébreu.

 

[C’est le grand différend que nous avons avec la théologie chrétienne: Saint Paul a infléchi le christianisme naissant dans une attitude antinomique. Contre la loi et contre la Torah. C’est la panique des Chrétiens devant la notion de Torah. Si la Torah est vraie, et ils la reconnaissent telle, à la première faute je suis perdu ! Il n’y a aucune trace de la notion de repentir possible dans toute l’oeuvre de Saint Paul. La loi dont il parle ce n’est pas la Torah mais la loi romaine, la loi légale. Avec laquelle on ne peut pas discuter. Il est obsédé par l’absolu du péché.]

 

Il en résulte que il y a un ’Hidoush qui va .../... 

***
Parashat Matot 94
  2ème partie

 

  Commentaire Matot (1994) 2ème. partie (qualité sonore moyenne).


.../...
à chaque instant l’avenir est déjà décidé par le passé de manière mathématique.

 

L’image que je vous donnerai et qui m’a aidé dans ce problème est celle du théorème des angles opposés par le sommet. Ils sont égaux par définition. Le passé c’est un angle et le passé commande l’angle de l’avenir. La passé détermine l’avenir à chaque instant. En hébreu le présent n’existe pas. C’est un passé qui devient un avenir et un avenir qui redevient passé en même temps. Le présent c’est un Vav conversif. A l’intersection des 2 angles, il y a la conscience et la liberté de la conscience qui peut faire Teshouvah. Faire Teshouvah consiste à changer le passé. Alors l’avenir change. 

 

Je vous en donne l’explication. A chaque instant l’avenir est déterminé de façon absolue par le passé. C’est ce qu’on dit dans la prière de Roshashanah. Tout ce que tu as fait décide de ce qui va t’advenir, l’année qui vient, à chaque instant. Et c’est scellé. Mais tu peux changer. Et dès que tu changes le passé (par la Teshouvah), l’avenir change automatiquement. Ce qui fait, qu’à chaque instant, Dieu connait mon avenir et à chaque instant, libre, je peux le changer. C’est ce qui résoud la contradiction.

 

Mishnah Pirqey Abot :

« Tout est prévu et la permission est donnée, le registre est ouvert, est noté tout ce qui est emprunté, et le Baal HaBayit est pressé que tu t’acquittes de ta dette... »

 

Cela signifie : Tout est prévu et la liberté est donnée...   

La réponse au problème c’est la Teshouvah. D’où l’importance de la Teshouvah.

 

***

 

Retour au sujet :

La familiarité que nous avons avec ce récit depuis plus de 2000 ans sous sa forme donnée par Moïse qui est tellement cohérent nous donne l’impression que c’est ainsi que cela devait arriver. C’est arrivé ainsi mais cela ne signifie pas que c’est ainsi que cela devait arriver. A postériori du récit on est familier du récit, on croit que cela devait se passer comme cela. La difficulté n’est pas évacuée pour autant. On a beau être libre, c’est ainsi que cela continue à se passer.

 

Un exemple m’a beaucoup frappé, c’est un enseignement sur la prophétie qui nous est donné qu’à la fin d’un exil il n’y a qu’1/5ème d’Israël qui revient sur sa terre. Effectivement, nous avons des textes qui le montre à la sortie d’Egypte.

 

A la sortie de Babel ce fut la même chose. Et les statistiques du présent retour que l’on a faites au moment de la guerre des 6 jours, donnaient exactement 1/5ème des Juifs en Israël et les 4/5ème dehors.

 

Depuis, la statistique a changé et continue à évoluer  au détriment de la diaspora...

 

Cette date de la guerre des 6 jours est caractéristique car tout se passe comme si ceux qui devaient faire leur Alyah c’est à ce moment-là qu’ils ont achevé de la faire. Le reste sont des Aliot provoquées par des événements qui viennent après l’événement de l’existence de l’état d’Israël

 

Aprés cette date, les raisons ne sont plus les mêmes, le temps de la constitution de l’Etat d’Israël s’achève. Après cette date il y a un changement radical d’opinion dans le monde entier sur Israël. A la guerre des 6 jours. C’est une date charnière. Depuis, ce sont des Alyiot de compléments, d’achèvement. A ce moment-là il y eu la mise sur pieds des droits des Olim.

 

[Avant la Alyiah de Ben Gourion - il était directeur de la fédération juive d’un pays il a visité en touriste Israël, dans un hôtel 5 étoiles... il a fait sa Aliah, après son installation on lui a donné une pioche en lui disant : creuse ! Quoi ? Où est passé l’hôtel 5 étoiles etc... On lui a répondu : Avant tu étais Tayar maintenant tu es Olé... ]

 

Régle étonnante :

En exil c’est tout le peuple qui est exilé mais dans le retour c’est 1/5ème qui revient ?  

Dans mon expérience d’étude lorsque j’ai étudié en sociologie l’influence de la loi des grands nombres sur les mouvements sociaux, nous avions étudié dans un atelier de sociologie en Sorbonne le nombre des suicides par quartiers. On établissait que la circonstance connue il y a toujours le même nombre de suicide par quartier et que l’on peut donc prévoir le nombre de suicide à venir à condition économique connues. En particulier en tant de paix. J’avais pensé à un récit de mythologie. Le minotaure de Crête. Lévi-Strauss nous expliquait (il n’a pas été mon maitre mais j’ai été son éléve) nous enseignait cela à propos de la statistique de suicide d’adolescents: la cité c’est un monstre qu’il faut nourrir par un quota d’adolescents... C’est ce mythe-là.

 

Les phénomènes sociaux comme tous les autres phénomènes de la réalité obéissent à des conditionnements. Il y a des conditionnements des phénomènes historiques, des phénomènes sociaux, économiques... qui n’échappent pas aux lois du conditionnement.

 

Si on se laisse au conditionnement et que l’on abdique la liberté, alors les conditionnement jouent. Mais si on affirme sa liberté, on fait mentir la statistique.

Plus l’être est quantitatif et impersonnel plus la loi de conditionnement est une loi de détermination. C’est déterminé. Au fur et à mesure que l’on monte dans l’échelle de l’être, au fur et à mesure que l’on s’éléve dans l’ordre de la qualité - on passe en biologie en écologie en sociologie - le conditionnnement peut de plus en plus être repoussé. La détermination physique ne peut pas être repoussée, hors miracle. Mais le conditionnement sociologique peut être repoussée si on affirme sa liberté. De même dans l’exemple 1/5ème- 4/5ème 

 

S le peuple juif abdique sa liberté, alors les conditionnements jouent. S’il affirme sa liberté, on fait mentir les conditionnements.

 

Un Midrash entier le confirme de manière tragique : 1/5ème et certains disent 1/50ème et certains 1/500ème et certains disent 1/50000ème  qui est sauvé. Cela dépend du comportement de l’homme...

 

Tout se passe comme si depuis longtemps le peuple juif avait abdiqué sa liberté et se laissait aller aux événements. Alors la loi des événements joue et effectivement si vous étudiez l’histoire du sionisme vous verrez bien que c’est une toute petite minorité qui a foncé (les Na’hshonim) et l’immense majorité du peuple juif ne voulait pas bouger. Moi-même j’ai mis très très longtemps. C’est ma rencontre avec le Rav Kouk qui m’a ouvert les yeux à la rencontre de la signification de l’événement. L’immense majorité du peuple juif s’est laissé aller aux événements. Et la loi des événements a joué.

 

Le sionisme se prépare depuis 100 à 150 ans. Avant Herzl, il se prépare par le Rav Kalisher, par le Rav Elkalaï, des rabbins kabalistes, les Gaon de Vilna aussi mais les Juifs ne bougent pas. Au temps de Rashi aussi il y a eu une grande Aliyah des rabbins français.  

 

Si l’homme abdique sa liberté, alors le conditionnement des événements joue. Cela ne veut pas dire que ce soit une fatalité. Et pourtant c’est ainsi que cela se passe sempiternellement. Cela veut dire que sempiternellement, on abdique sa liberté. Cf. l’avant-Shoah : beaucoup, persuadés que cela n’arriverait pas, n’ont pas bougé. C’est arrivé. Cela a joué et le piège s’est refermé. 

 

Quel piège ?

 

Maïmonide a étudié en posant la question suivante : c’est écrit dans la Torah que Dieu a décidé que Pharaon ne laisserait pas sortir les hébreux et que les Egyptiens les opprimerait etc...

Alors pourquoi Dieu a t-il puni Pharaon et les Egyptiens ?

 

Rambam explique ainsi : ce n’est pas que Dieu a décidé que Pharaon et les Egyptiens agiraient ainsi mais Dieu explique à Moïse un conditionnement des sociétés humaines : si une minorité s’entête dans sa différence au sein d’un empire étranger, inévitablement il déclenche un réaction de rejet. Il y a une saturation déclenche la xénophobie. 

 

Rambam ajoute : Dieu n’a rien décidé que cela se passe ainsi mais Dieu a décrit que c’est ainsi que cela se passe quand cela se passe. Effectivement, à la fin du livre de Bereshit, on apprend que les Hébreux se sont installés en Egypte alors qu’ils étaient là-bas provisoirement.  Ils se sont installés. D’où la réaction de Pharaon. On se demande si Le Pen n’a pas lu Pharaon ! Ce sont exactements  ses arguments. Leur installation déclence un phénomène de rejet : les sociétés secrètent des anti-corps quand il y a des corps étrangers. Tout simplement. Maïmonide ajoute : Pourquoi sont-ils punis ? C’est parce qu’ils ont exagéré dit Maïmonide. Ils ont été méchants.

 

Il y a une question à laquelle je n’ai pas de réponse :

Maïmonide parle comme si les égyptiens étaient des anges !

N’importe quelle sociéte où un tel phénomène surgit, cela bascule dans le fascisme, le nazisme, la xénophéboie qui mènent aux camps de concentration. A moins que ce soient des anges !

Les Egyptiens sont-ils des anges ? Les Français, les Belges sont-ils des anges ?

Cf. au Rwanda cet espèce de monstre froid de la politique française des affaires étrangères : protéger jusqu’au bout une dictature d’assassins... Cela donne froid dans le dos.

 

Il n’y a pas de fatalité apriori. Il y a cependant le fait qu’à force de répéter on contracte une habitude et alors là la liberté disparait. Rambam se demande d’ailleurs quelle est la faute que l’exil punit. Et en citant surtout les versets d’Isaie, il dit que la faute que l’exil punit c’est l’exil lui-même.

 

A un certain moment d’entêtement on ne peut plus se détacher de la condition d’exil.

 

C’est le problème de l’habitude. Un habitude s’acquiert à force de répétition. La répétition de l’acte fait qu’au début l’acte est volontaire mais devient de moins en moins volontaire par la répétition et il devient une 2nde nature ; et on a perdu la liberté et on ne peut plus s’en débarasser.

 

Je vais vous faire un paralléle : rompre une habitude c’est la même chose que le miracle par rapport aux lois de la nature.

 

Il faut un miracle pour que la loi de la nature soit levée. Il faut un miracle pour qu’un acte de volonté brise une habitude.

 

(J’étais très grand fumeur, j’ai contracté cette habitude à la guerre et puis subitement un jour sans aucun effort cela s’est arrêté. Pour le dire honnêtement : j’ai essayé 3 fois dans ma vie et les 3 fois je savais que je n’arrêterais pas. Cette fois-là je savais que c’était fini.)   

 

***

 

30 :2

וַיְדַבֵּר מֹשֶׁה אֶל-רָאשֵׁי הַמַּטּוֹת, לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל לֵאמֹר:  זֶה הַדָּבָר, אֲשֶׁר צִוָּה יְהוָה

Vayedaber Moshe el-rashey hamatot livney Yisra'el lemor

zeh hadavar asher tsivah Adonay.

Et Moïse parla aux chefs des tribus au sujet des enfants d’Israël pour dire :

voici la chose que Dieu a ordonné... 

 

Et Moïse transmet cette Mitsvah aux chefs des tribus

 

אִישׁ כִּי-יִדֹּר נֶדֶר לַיהוָה, אוֹ-הִשָּׁבַע שְׁבֻעָה לֶאְסֹר אִסָּר עַל-נַפְשׁוֹ--לֹא יַחֵל, דְּבָרוֹ:  כְּכָל-הַיֹּצֵא מִפִּיו, יַעֲשֶׂה

Ish ki-yidor neder l'Adonay

o-hishava shvuah lessor isar al-nafsho

lo yakhel dvaro

kekhol-hayotse mipiv yaasseh

Lorsqu’un homme fera un voeu

 il fera un serment pour s’interdire une interdiction sur sa personne,

 il ne doit pas démentir sa parole,

selon tout ce qui sera sorti de sa bouche il fera. 

 

Il y a 2 sujets importants, je ne traiterais que le 1er par manque de temps : A savoir, pourquoi la formulation d’une parole est une chose si importante, qu’il ne faille pas démentir sa parole. C’est un sujet très important : le rôle de la parole dans l’enseignement de la Torah

 

Je vais vous citer un verset et une page de Guemara - Massekhet Pessa’him :

On peut savoir qui est un homme en comprenant la manière dont il parle.

 

Un jour un non-juif s’était fait passé pour un juif au temps de la Guemara pour pouvoir participer au sacrifice de Pessa’h et s’est fait démasquer à cause d’une partie du sacrifice réservée au Kohen. 

Buffon « le style c’est l’homme »

J’ai inversé la citation : « l’homme c’est son style ». Et effectivement, on connait qui est qui en comprenant le style de sa parole. On peut aussi le connaitre selon son visage, selon sa démarche...

 

Quel est le lien entre l’identité profonde de la personne et sa parole ? C’est ce que la Torah enseigne : la définition de l’être humain c‘est l’être vivant capable de parole ‘Haï hamédaber. Si on cherche le critère de définition spécifique de l’homme au sein des êtres vivants, la Torah répond : la parole !

 

Le problème du langage est un problème très vaste. Cela ne veut pas dire que les animaux ne possédent pas un langage animal, mais la parole qui fait communiquer les consciences, les intelligences, c’est le problème de l’homme, le Dibour , le ‘Hay hamedaber.

 

Les philosophes ont défini la différence spécifique de l’homme par la pensée et non par la parole. En réalité au moyen-âge, il y a eu tout une querelle chez les philosophes et les théologiens qui  hésitaient entre les deux définitions de « vivant-parlant » ou « vivant-pensant ». D’ailleurs même dans la tradition juive on voit qu’il y a les 2 définitions :

ð  ‘Hay hamedaber - doué de dibour, et

ð  ‘Hay hamaskil - doué de sekhel

 

La tradition rabbinique préfére ‘Hay hamedaber. C’est clair dans Judah Halévi.

La tradition philosophique préfère l’être pensant. Par exemple dans l’enseignement de Descartes : qui suis-je moi qui pense, je pense donc je suis : Res cogitans une chose substance pensante

  

Adin Steinzman dans un cours sur Shavouot avait dit quelque chose de trés joli : Descartes disait « je pense donc je suis » alors que nous disons « il pense donc je suis ».

 

On sait aujourd’hui d’une part que les animaux ont une pensée, fut-elle rudimentaire, on le sait à travers énormément d’expériences , en particulier les réflexes conditionnés, réflexes de Pavlov...

 

Penser dans son sens fondamental signifie établir  un lien entre 2 représentations. Penser c’est peser. En français le mot de « pondéré » qui veut dire à la fois ce qui a du poid et quelqu’un de réfléchi.

 

En hébreu le mot de Sekhel est très voisin de Shakol  qui veut dire peser. L’acte de penser est un jugement qui consiste à établir une relation entre deux éléments. (Je juge que le ciel est bleu : j’établis une relation entre un substantif et un adjectif. Un sujet et un  prédicat.)

 

Si je veux strictement distinguer l’homme des autres êtres vivants ce ne peut pas être par la pensée car on trouve cette manifestation de pensée chez les animaux aussi, à quelque niveau que ce soit. C’est parce que l’homme est doué de parole que sa pensée est différente. Chez les animaux point de parole mais un langage qui véhicule des signaux. Les abeilles dansent, les foumis communiquent par émissions de substances chimiques...

 

La pensée peut être impersonnelle alors que la parole dévoile l’existence d’un sujet qui parle. C’est quelqu’un qui parle alors que ça pense. On fabrique aujourd’hui des machines à penser, les ordinateurs. On peut la faire parler en lui donnant un langage mais ce n’est pas une parole.

 

C’est vraiment l’identité de l’homme qui est en jeu dans la parole.

Si quelqu’un fait un voeu c’est trés grave car il s’engage.

 

C’est dans la manière dont un homme dit ce qu’il dit, qu’il dit ce qu’il est. C’est le problème précisément de la Teshouvah 

 

Il y a une grande controverse chez les Poskim : quelle est la Mitsvah de la Torah concernant la  Teshouvah ? La Torah indique t’elle la Mitsvah de Teshouvah ?

Non selon le Rambam : la Torah n’ordonne pas là où l’on n’est pas libre.

Le raisonnement est le suivant : si c’était une des Mitsvot de la Torah de faire Teshouvah, cela signifie que personne ne peut accomplir la Torah car pour faire Teshouvah il faut avoir fauté !    

Selon Rambam la Torah dit ceci : quand quelqu’un fait Teshouvah il doit avouer sa faute. La Mitsvah c’est le Vidouï !

J’ai mis longtemps à comprendre ce Rambam.

Il n’y a pas de Mitsvah de se marier. Il y a une Mitsvah comment se marier...

Il n’y a pas de Mitsvah comment manger, il y a une Mitsvah comment manger...

 

C’est un comportement de nature et la Torah légifére sur les modalités ...

 

Les rabbins se sont ingéniés à chercher des allusions. Trouver et démontrer qu’il faut se marier pour ne pas donner d’arguments aux gens de ne pas se marier.

 

Rambam dit : un Tsadik c’est quelqu’un qui a reconnu l’évidence de la souveraineté de la loi. Or, il n’y a qu’un Tsadik qui peut fauter. Par conséquent, si c’est un Tsadik qui a fauté on peut compter sur le fait que sa conscience ne le laissera pas en paix jusqu’à ce qu’il fasse Téshouvah. Il n’y a de faute que de la part d’un Tsadik. Le Tsadik est quelqu’un qui a la sensiblité de l’évidence de la loi. Sa conscience ne le laissera pas tranquille jusqu’à ce qu’il fasse Teshouvah, c’est donc un processus naturel. Et quand le Tsadik fera Téshouvah il devra avouer la faute.

 

Nous avons un exemple que l’identité morale de la personne passe par la parole. Tant que quelqu’un n’est pas capable de dire quelle faute il a faite, c’est le signe qu’il ne s’est pas repenti. Les psys comprennent bien comment cela marche. Si quelqu’un est capable de parler de ses problèmes c’est qu’il est sur le chemin de la guérison. Si la personne n’est pas capable de l’aveu elle est dans le remord mais pas encore dans le repentir.

 

D’autre part, la chose la plus dificile c’est l’aveu. C’est pourquoi la Téshouvah est difficile.

C’est pourquoi la Torah légifère ce problème. Un aveu doit se faire devant témoin. C’est l’indice que l’on est débarassé de cet obstacle à la vertu. Quand on est capable de le dire. C’est difficile, c’est pourquoi c’est le jeu de la vie qui aide au reprentir. On est aidé.

 

Autre exemple : le fait qu’il faille prononcer la prière pour qu’elle soit valable de telle sorte que l’on s’entende parler sans pour autant gêner le voisin avec ce que l’on dit. Prier à haute voix c’est le signe d’une fausse piété. C’est une sensibilité païenne. 

Cf. le prophète Elie qui se moque des prophètes de Baal.

Crier ou clamer sa douleur c’est autre chose c’est Tsaaqah ce n’est pas la prière.

C’est le cri qui est un autre rite. Le français confond tout cela. Zaaqah... tsaaqah

 

Le Shoukhan Aroukh légifère pour les Tsadikim qu’ils ont le droit de penser à leur faute et de penser leur prière.

 

Quelle est la différence ?

Le tout un chacun a deux paroles : la parole intérieure et la parole que l’on dit.

« e’had balev e’had bapeh »

Un Tsadik n’a pas deux paroles, c’est la même chose sur le coeur et sur la bouche.

Pour le Tsadik on peut compter sur le fait que ce qu’il pense c’est ce qu’il dit alors que le tout un chacun dit autre chose que ce qu’il pense.

 

Alors il faut prononcer pour indiquer parmi toutes les choses que l’on pourrait penser dans l’intention ce que l’on a vraiment choisi d’être. Il faut que la parole soit formulée pour indiquer ce que j’ai choisi. Dans la vie intérieure on a toutes les hypothéses possibles et imaginables.

 

(Il n’y a que le Tsadik qui faute, pour le Rashâ c’est autre chose il est hors la loi. Dés qu’il fait Teshouvah le Tsadik redevient Tsadik.)

 

Parshat Matot

Pourquoi Moïse s’adresse t’il aux chefs des tribus ici ?

Terme maté, et non shevet, qui signifie bâton de commandement et en hébreu moderne « état major ». Ce sont les tribus considérées comme entités de nation.

 

La régle est ainsi. Tout ce qui a été formulé dans un voeu doit être accompli. Sauf si on regrette le voeu que l’on a fait, il faut alors aller devant le tribunal qui diagnostiquera si le voeu peut être annulé ou suspendu.

 

Pourquoi confier cette régle aux chefs de tribus ?

Aujourd’hui nous avons une régle uniforme pour toutes les manières d’être juif. Dans la Torah c’est très différent : chaque tribu avait son tribunal. Plus que chaque tribu, chaque ville. Parce que chaque chef de tribu connait la psychologie des membres de sa tribu et c’est lui qui peut savoir si un voeu peut ou non être annulé ou suspendu. Il y a ici une connaissance intime de la personne de chacun pour que le Loi puisse être authentique et statufier dans chaque cas pariculier. Chaque maitre connait ses juifs. La situation actuelle est inversée. C’est le problème de la régle de la loi par rapport à la différence des personnes. Je vous signale le problème qu’on abordera une autre fois.

 

Fin
*****

 

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