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14 octobre 2009 3 14 /10 /octobre /2009 08:38

Bereshit (1988)

 

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/berechit_serie_1988/cours_1

 

Je voudrais commencer en introduction par analyser un problème qui se pose souvent chez les Méfarshim (les commentateurs) à différents niveaux, mais la plupart du temps en filigrane comme une chose qui va de soi et qu’il n’est pas nécessaire de développer. Mais il semble qu’avec le temps pour la culture contemporaine c’est quelque chose qui ne va plus de soi bien qu’il y a une certaine pudeur qui cache le sujet : il semble y avoir un contraste tellement violent que finalement on n’ose pas en parler, entre la manière dont les premiers récits de la Torah décrivent l’état du monde à sa création et en particulier l’expression Gn.  - Vayar Elohim… ki tov : et Dieu vit… que bon - expression sur laquelle le Maharal en particulier a consacré énormément d’enseignements. Pour comprendre Vayar Elohim… ki tov et son terme de Tov appliqué à l’état du monde à sa création, il faut le comprendre bien évidemment en hébreu : cela signifie que cela méritait d’exister. Est appellé « Tov - bon » dans ce contexte ce qui mérite l’existence, ce qui mérite l’être.

 

Il y a une dimension métaphysique qui dépasse absolument un simple jugement qualitatif d’une qualité qui s’ajouterait à l’existence : une existence bonne. Mais au début dans le 1er  chapitre il n’y a pas du tout allusion au terme de mauvais qui s’oppose au terme Tov (bon). Et donc il y a un sens beaucoup plus profond à cette expression « Vayar Elokim et kol asher assa vehiné tov meod ». « Et que Dieu a jugé que ce qu’il a créé était bon » : le terme de bon – Tov - n’est pas ici simplement un adjectif qui s’ajoute à la substance de l’être (je fais allusion à l’expression grammaticale du substantif et de l’adjectif), mais c’est un terme qui désigne ce qui mérite d’être. Il a donc un sens total.

 

Une des indications que le Maharal a donné à ce jugement que Dieu porte sur sa création au commencement d’une part, et d’autre part le contraste qu’un tel jugement et ce qui ressort de la lecture de ce texte qui rend compte que c’est Dieu qui a créé le monde, avec l’état du monde tel que nous le connaissons.

 

Il y a un contraste tellement violent que il y a eu dans ce qu’on appelle en général la théologie, une branche d’étude qui se nomme la théodicée et qui est une tentative de justifier Dieu d’avoir créé le monde. Une sorte de louange a posteriori, un peu d’ordre apologétique, de justifier Dieu quand même d’avoir créé le monde étant donné l’état du monde.

 

Je voudrais commencer par une analyse à ce sujet sur le texte.

Ceci nous renvoit à une catégorie philosophique que je vais formuler en deux termes philosophiques classiques : la dichotomie qu’il y a entre la vérité et la réalité.

 

Le monde en vérité est absolument bon. Leibniz disait du monde qui est le nôtre que c’est « le meilleur des mondes possibles ». Mais une fois confronté à la réalité, il semble qu’on ne comprenne pas ce que Leibniz voulait dire. Et ce que signifie le Maassé Béréshit (l’œuvre de la création) en disant « ki tov - que bon » ?

 

Il y a une séparation de ces 2 catégories : la vérité et la réalité.

J’ai l’habitude de dire sur ce sujet en schématisant mais pour aller à l’essentiel : tout se passe comme si – c’est une nuance qui n’est même pas restrictive - la tradition d’Israël, par rapport à ce problème, est d’un côté et tout le reste du monde de l’autre. Nous sommes dans un monisme intégral avec la tradition hébraïque, et partout ailleurs c’est du dualisme de façon plus ou moins insidieuse ou subreptice : Il n’y a aucune conciliation possible entre la vérité et la réalité et c’est la catégorie fondamentale de toute philosophie : toute philosophie qui commence par être dualiste ; et même lorsqu’elle a une visée moniste, elle reste quand même malgré tout aux prises avec ce problème du dualisme entre la vérité et la réalité. J’en donnerai un exemple concret dans l’étude du texte lui-même.

 

Alors que le parti-pris de l’option de foi hébraïque c’est que c’est le même Créateur qui fait exister la vérité dans sa perfection d’absolu - ou dans son absolu de perfection - et la réalité dans son absolu d’imperfection.

 

C’est ce constraste entre la vérité et la réalité qui fait que le monothéisme de la bible n’est pas naturel, ni spontané à la pensée humaine. C’est une révélation !

 

Ce contraste nous le vivons entre l’idéal et la réalité si vous voulez, et nous le vivons en particulier dans l’espérance de la foi dans la définition du monde en tant que Olam Hazeh, עולם הז ce Monde-ci, comme il est, et la définition de ce même monde en tant que Olam Haba עולם הבא - le monde qui vient. (Olam haba non pas « le monde à venir » parce que c’est un verbe transitif : donc « le monde qui vient », « en train de venir ». On doit à Edmond Fleg, cette expression de « Monde qui vient »).

 

Ce Monde-ci, עולם הז, tel qu’il est, est l’antichambre, la préface, le prozdor פרוזדור (comme nous le disons en hébreu avec un mot grec) du Olam Haba עולם הבא - le monde qui vient.

 

Ce monde-ci (Olam azé- עולם הז) ressemble à un vestibule (PROZDOR- פרוזדור) face au monde en devenir (Olam aba- עולם הבא).  Prépare toi dans le Prozdor afin d'entrer dans le Olam aba".  Pirqey Avot - Michna IV, 21

 

Pour nous, c’est le même monde à deux niveaux différents : le niveau de la réalité et le niveau de la vérité.

 

En vérité, dans le projet du Créateur c’est le Olam Haba qui a été voulu, et il existe déjà en tant que

Projet, puisqu’il a été projeté. Et ce monde de Olam Haba, le monde en vérité, il est inutile de dire que à ce niveau-là il n’y a aucun problème de contraste entre vérité et réalité, puisque la vérité est réelle et la réalité est vraie, à ce niveau de Olam Haba, c’est le Olam de la Maharshavah, le monde de la pensée du Créateur, lorsqu’il a pensé le monde. (Maharshevet HaBoré).

 

A ce niveau, nous sommes en plein dans le monde du Tov absolu. Il n’y a aucune trace, même pas à la racine, de ce qui sera beaucoup plus bas dans la réalité ce que nous appelons le - le mal.

Il faut pour cela descendre très bas dans la réalisation de ce projet de vérité pour qu’apparaisse le mal. Et c’est un mystère pour les philosophes, c’est un des sujets secrets les plus importants de la Qabalah, de savoir comment depuis ce monde que Dieu a voulu et qui est dans la volonté de Son projet - et donc Son projet de volonté, absolument bon, et absolument vrai - finalement devenant réel, il fait apparaitre les catégories du mal. Ce n’est pas ce sujet que nous allons traiter mais je voulais décrire ce contraste.

 

Dans la position de la foi hébraïque, il y a monothéisme radical (nous avons étudié à Hoshanah Raba cette perspective du monothéisme absolu), mais il y a pour notre problème un monisme radical de l’essence profonde du monde : c’est le même Créateur qui a voulu le monde de vérité et qui a fait le monde de la réalité.

 

Ceci est au-delà des prises de l’analyse intellectuelle : c’est une option de foi.

 

Cela ne signifie pas que, s’appuyant sur cette option de foi, qui est conaturelle à la sensibilité hébraïque : hors de quoi on ne comprend pas la prophétie hébraïque sans ce point de départ de l’évidence de la manière d’être hébreu. Il est impossible qu’il n’y ait pas unité quelque soit les apparences : qu’il n’y ait pas unité profonde de ces deux polarités de l’être : l’être de vérité et l’être de réalité.

 

Or, l’être de vérité et l’être de réalité, en vérité et en réalité, n’ont rien à voir l’un avec l’autre.

Nous connaissons l’un par « les yeux de l’esprit » et nous connaissons l’autre par les yeux de chair.

 

L’exemple que je voulais donner c’est dans les sciences humaines, la mathématique et la physique : avoir découvert que la loi du monde mathématique rend compte de la réalité du monde physique c’est une intuition monothéiste et cela a été le génie de la science moderne à sa racine. Il a fallu des siécles pour que la science occidentale se dégage de cet interdit du dualisme grec qui l’empêchait de penser l’unité profonde qui a permis la science moderne.

 

Si la loi mathématique ne rend pas compte du fait physique, la science n’est pas possible. Or, la science moderne existe et est efficace puisque la technique le confirme.

 

Il est évident que la réalité correspond à la loi de vérité. Cette intuition de la philosophie des sciences contemporaines, dans le sens épistémologique, c’est l’intuition de base de la science hébraïque : Celui qui a voulu le monde de vérité c’est Lui qui a fait le monde de la réalité. Il a fallu des siécles pour que cela devienne une évidence familière. On ne soupçonne pas souvent que derrière l’affirmation du monothéisme hébreu, il y a aussi cela.

 

Ceci pour indiquer que nous trouverons deux verbes radicalement différents dans le Maassé Béréshit : pour dire le fait de faire exister le monde de vérité c’est le verbe de Baro – Vayibra qu’on traduit en français par « créer ». Et d’autre part le fait de faire exister la réalité : c’est le verbe de Vayaass : « il fit ». Le Olam Ha-Briah monde de la création - Le Olam Ha-Assiyah monde de l’action. 

 

Nous avons une difficulté de vocabulaire : En français le terme de « créer » ne désigne pas faire exister le monde de vérité, mais il désigne faire exister le monde de la réalité, la matière. C’est dérivé d’une racine latine qui signifie « rendre réel » res – chose – faire chose. Cela correspond un peu à la notion de Gueshem en hébreu non dans son sens de pluie mais de corps, Gueshem - Gashmi.

 

En hébreu Baro concerne l’objet de vérité, l’idée, un peu à la limite dans le vocabulaire de l’idée chez Platon.

 

Lorsque le texte dit Vayibra וַיִּבְרָא c’est dans la perfection absolue du Olam HaMaharshavah.

Lorsqu’il dit Vayaass וַיַּעַשׂ c’est dans le monde de la réalité.

 

Ce décalage entre la perfection d’un monde qui serait à l’honneur de Dieu et l’imperfection du monde de la réalité de notre représentation, de notre expérience, est connu par le vocabulaire du texte qui nous raconte que c’est un Dieu unique qui a créé et qui a fait.

Voilà l’introduction à ce problème.

 

Q : Dans le monde de la réalité, moitié-bien, moitié-mal ?

R : Dans le Olam Ha-Assiah (le monde de l’action) qui est le monde le plus inférieur au niveau de la réalité, il y a en réalité plus de mal que de bien. Pour Olam HaYetsirah (le monde de la formation) c’est moitié-moitié. Dans Olam HaBriah (le monde de la création), il y a l’amorce de la racine de ce qui sera en bas le Shoresh du Râ (la racine du mal). Et plus haut, Olam HaAtsilout (le monde de l’émanation) c’est encore plus haut que le bien. En vérité, il y a 4 niveaux de l’être pour le vocabulaire de la Torah, mais je n’ai fait allusion qu’à deux de ces niveaux qui nous sont familiers à cause du dualisme occidental. La pensée hébraïque pense par 4 alors que la pensée occidentale pense par 2.

4 qui sont 5 comme le rappelle la main.   

 

Le nom de ces 4 niveaux qui s’unifie dans un 5ème :

ð  Olam HaAtsilout - monde de l’émanation

ð  Olam HaBriah - monde de la création

ð  Olam HaYetsirah - monde de la formation

ð  Olam HaAssiah - monde de l’action

 

Nous avons dans le 1er chapitre, 2 termes: Baro + Asso (créer et faire)

Dans le 2ème chapitre au verset 7, apparait le terme de Yatsor - Yetsirah (Former, façonner)

 

Sur la question posée, le Olam HaBriah contient l’annonce de ce qui plus bas sera ce que nous appelons Tov Véra (bien et mal) mais là-haut, la racine de ce mal est complétement bonne.

 

Une phrase de la Torah shébéalpéh (la tradition orale) : eïn ra yored min hashamayim - aucun mal ne descend du ciel. [Sanhedrin 59b] C’est lorsqu’il arrive en bas et selon la manière dont il est reçu que cela s’inverse en mal. C’est un mystère pour la pensée occidentale. Cela semble même être une pirouette, car en bas le mal est vraiment du mal, et dire que c’est du bien en finalité, que ce soit un bien que ce soit un mal parce que le mal fait ressortir le bien qui consiste à être bien, cela ressemble aux pirouettes d’une théodicée bancale. Quand quelqu’un a mal il a mal. C’est interdit de raisonner et d’agir ainsi devant le mal ou le malheur. On reste à côté de la personne qui souffre et on se tait. C’est la plus grande consolation.

 

Une histoire du Talmud à propos des souffrances Yissourim. Quand on parle des rabbins du Talmud on parle de géants de la vertu. Alors on ne sait jamais à ce niveau si ce sont des souffrances punitions ou des épreuves d’amour. Que signifie en plus une épreuve d’amour ? Il y a une collision de concepts qui posent problème en soi. En particulier on y raconte l’histoire de Rabbi Yo’hanan, très malade, visité par ses collègues. L’un d’entre eux lui demande : « est-ce que tes souffrances te sont chers ?» (Sous-entendu compte tenu du salaire qui leur est lié). Il répond « lo hem vé lo skharam !» « ni elles ni leur salaires ! ». Il faut s’habituer à ce qu’est la tradition de la sensibilité juive pour le problème des épreuves.

 

C’est quand c’est en bas que cela devient Râ (mal) mais il ne faut pas esquiver le problème, le Râ c’est vraiment du Râ (mal).

 

Une de mes maîtres, Jacob Gordin disait: qu’est-ce qu’un athée moderne ? Un athée moderne on ne peut pas dire que c’est quelqu’un qui ne croit pas en Dieu, parce qu’il ne sait pas de quoi il parle ! Un athée moderne c’est quelqu’un qui ne croit pas au mal. Alors il faut se méfier de lui. Il ne croit pas que le mal c’est le mal. Il racontait beaucoup de Midrashim à ce sujet.

 

J’ai voulu mettre en évidence ces 2 termes de vocabulaire :

 

Vayibra  וַיִּבְרָא: Bara בָּרָא (Il créa) signifie faire exister l’objet de la création au niveau de la vérité. Et l’atteinte de cette vérité est au-delà de la pensée avec image. C’est dire que tant qu’on pense avec des images, on ne pense pas encore d’après la Torah, on imagine. C’est un thème très important : ‘Tu ne te feras pas d’image : cela vaut d’abord pour la pensée. Les images de la pensée c’est limite, et ce sont les images les plus dévastatrices au point de vue de l’idolâtrie.

 

Midrash inventé:

Lorsque Dieu a créé le 1er homme il lui a dit : « Si tu es sage je te donnerais une image. (L’imago déi des traducteurs).  Rendez-vous au Sinaï ! » Au Sinaï, Israël seul est arrivé et Il lui a dit : « tu seras sage et tu n’auras pas d’image ! » L’image dans le pensée c’est l’idole.

 

Cf. Rashi et les Midrashim qu’il cite sur les 10 commandements : l’idole commence par se faire une image au niveau de la pensée. Or, l’image de la pensée lorsqu’elle devient mythe a une vie propre et certains mythes ont la vie dure…

 

Ce projet de vérité dont je vous parle, lorsque les Kabalistes parlent de Olam habriah c’est au niveau de la Séfirah Binah dans le vocabulaire de la Qabalah. C’est au-delà de la pensée avec image qui se trouve beaucoup plus bas. A ce niveau, le monde dans sa vérité absolue est appelé Olam HaBa. Donc il existe déjà.

 

C’est pourquoi la Mishnah de Sanhédrin parle de la part de Olam HaBa qui est réservé à chaque membre d’Israël et aussi aux ‘Hassidei Oumot HaOlam (les Justes- homme de bonne volonté des peuples du monde), chacun ayant sa part : « Kol Israël Yesh Lahem ‘Helek Laolam Haba : tout Israël a une part au monde qui vient.»   

Un des commentaires souligne le verbe Yesh qui est au présent : « il y a déjà ». Tout est donné à l’avance, l’essentiel c’est de ne pas le perdre... C’est encore un autre sujet.

 

L’image qui apparait là c’est que c’est le Olam HaBa (monde de vérité) que Dieu a créé et qu’il a diminué au niveau de Olam HaZeh (monde de la réalité). Il a créé le monde de vérité qu’Il a diminué au niveau de la réalité.

Cela s’est passé entre le 1er et le 2ème verset de notre texte :

 

1- בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ

Bereshit Bara Elohim et hashamayim veet haarets

Au commencement créa/avait créé Elohim les cieux et la terre.

 

Au niveau du projet de vérité puisque le verbe employé est Bara.

 

2- וְהָאָרֶץ, הָיְתָה תֹהוּ וָבֹהוּ

Vearets hayitah tohou vabohou

 Et la terre était devenue chaos.

 

Haarets (la terre) du 2ème verset : il s’agit ici de la terre de la réalité et non plus Haarets la terre de vérité comme dans le 1er verset !

Le Zohar sur le 1er verset indique: haarets shel maalah (la terre supérieure) - Et sur le 2nd verset : haarets shel maatah (la terre inférieure).

 

Donc, ce contraste entre vérité et réalité, qui a été le point de départ de l’analyse, est connu du récit d’emblée. Il nous faut donc récupérer cette évidence.

 

Lorsque nous parlons du monde imputé à Dieu ce n’est pas le monde de la réalité imparfaite quoique c’est le même sans être cependant le même. Tout cela est enfermé dans une des dimensions de signification du mot Bereshit : Au commencement Dieu créa…

 

Il y a une suite à ce commencement, ce que c’est devenu dans la suite du commencement c’est ce que nous avons-là : et la terre était devenu chaos...

 

Ce contraste entre le monde de vérité et le monde de réalité nous est rendu par cette expression de   Tohou VaBouhou תֹהוּ וָבֹהוּ que l’on traduit par chaos : par rapport au monde de la vérité, le monde de la réalité c’est un chaos !

 

Il faut alors se demander qu’elle est la finalité de tout cela ? C’est la vraie question, le vrai problème.

 

Si on devait, nous, juger le monde tel qu’il est on ne pourrait pas dire « c’est bon ! ». A la rigueur on pourrait dire c’est bon et c’est mauvais, mais on sait qu’il y a plus de Râ que de Tov en bas !

 

Midrash :

Quand Dieu a vu la série des générations de l’homme, Il a vu qu’il aurait plus de Reshayim (méchants, impies) que de Tsadikim (justes).

 

Quand il a vu l’homme dans la vérité, c’était très bon. Quand Il l’a vu dans la réalité Il a constaté plus de Reshayim que de Tsadikim. Il a donc pris les Tsadikim (les justes) et les a planté dans toutes les générations du monde. C’est pourquoi il y en a si peu par génération. Cela se rattache à l’enseignement des Guilgoulim : ce sont les mêmes Tsadikim à travers toutes les générations, au niveau de l’envergure de chaque génération.

Quelques Tsadikim dans la réalité et beaucoup de Reshayim dans la réalité. Il y a le problème de la finalité des Reshayim. A quoi servent–ils ? Ils servent forcément à quelque chose puisque c’est Dieu qui les a fait (je n’ai pas dit « créé » mais « fait » = Vayaass). Donc ils servent aussi à quelque chose. Le Rav Ashlag a un enseignement très important à ce sujet : A quoi servent les Reshayim ?

 

Le Rav Tsvi Yehoudah avait l’habitude de citer une Mishnah des Pirqey Avot à propos de Aaron - Aharon HaKohen : il est connu comme étant l’homme de paix par excellence. La fonction du Kohen (le prêtre) est de faire la paix entre les hommes. La Mishnah interprêtée par le Rav Ts.Y. Kouk nous enseigne que la fonction du Kohen c’est de faire faire la paix entre les Reshayim et les Tsadikim, alors qu’on s’est trop habitué au fait que le Kohen est celui qui sépare entre les Tsadikim et les Reshayim. (Il y a un mouvement politique qui s’appelle RaTs – Otiot – initiales - Reshayim-Tsadikim)

 

La Mishnah dit d’Aharon: « Il aime la paix et poursuit la paix » Peut-être là un lien avec notre sujet : il aime la paix (au niveau de la vérité) et il poursuit la paix (au niveau de la réalité). Se borner à aimer la paix comme slogan c’est une chose mais la rechercher vraiment c’en est une autre. 

« Il aime les créatures et les rapproche de la Torah ». Le Rav Kook enseignait le Pshat (sens simple) même du texte : s’il aime les créatures qu’il doit rapprocher de la Torah, cela signifie qu’il aime les créatures qui sont loins de la Torah, puisqu’il doit les rapprocher...

 

Au niveau du Olam HaAtsilout (monde de l’émanation) c’est les Maalah Mitov encore plus haut que bon - Tov.

Et Olam HaBriah c’est notre texte, Tov, Tov meod

Yetisrah : c’est le monde ‘Hatsi Tov-‘Hatsi Râ.

Assiah: Roubo râ ve méaliouto tov: une majorité de mal, une minorité de bien.

 

Q : Quid du verset : « Il crée le mal » ?

R : Hou Boré Râ au chapitre 41 verset 17 ou 7 

Cela veut dire qu’à la racine ce Râ au niveau de Briah n’est pas Râ.

C’est l’enseignement du Rav Ashlag évoqué prédédemment : à la racine ce que nous appelons le  mal en bas n’est pas mal mais ne l’est qu’en bas et c’est même une des conditions de l’existence.

 

On avait posé la question de la finalité des Reshayaim.

 

J’ouvre une parenthèse sur ce que le Rav Ashlag enseigne sur ce sujet : en se basant sur des versets précis du livre de Bereshit donnés à propos du déluge : lorsque le jugement qui abouti au déluge par disqualification des 10 premières générations de l’histoire de l’humanité dit que l’homme n’est que Râ : Bereshit 6:5 :

 וְכָל-יֵצֶר מַחְשְׁבֹת לִבּוֹ, רַק רַע כָּל-הַיּוֹם

« Car le yetser (penchant) du coeur de l’homme n’est que Râ mauvais depuis son enfance».

 

Le Talmud enseigne : l’homme a d’abord un Yetser Hara (appétit de jouissance de vie - penchant au mal) et ce n’est qu’à la Bar-Mitsvah (13 ans) que le Yetser HaTov (penchant au bien) intervient. Jusque-là il n’y a que le Yetser HaRa et c’est un thème d’étude important pour la pédagogie de l’éducation des enfants jusqu’à la Bar Mitsvah. La Bar Mitsvah c’est le jour de la puberté : le jour où l’enfant est capable à son tour de donner la vie. C’est là qu’il devient majeur et responsable du point de vue de ses actes.

Recevoir la vie, c’est le Yetser HaRa.

Donner la vie, c’est le Yetser HaTov.

Par conséquent, il faut arriver par conséquent à penser ces catégories en les dégageant du pathos à un niveau où la finalité du Yetser HaRa peut-être comprise comme bonne.

 

Je reprends les catégories fondamentales : Recevoir l’être c’est la racine du mal, donner l’être c’est la racine du bien.    

 

Or, si je ne suis pas doué d’une tendance à recevoir l’être je ne peux plus exister. Si je ne suis pas attaché en bas par le Yetser hara qui me pousse à recevoir l’être, je remonte tout de suite. La Neshamah (l’âme divine) est attachée en bas par le corps sinon elle n’est pas chez elle en bas et elle ne demande qu’à remonter. C’est très dangeureux de laisser la Neshamah rêver à là-haut : si le Yestser Hara (penchant au mal) du corps n’est pas suffisament lesté pour faire descendre la mongolfière de la Neshamah.

La Neshamah d’un Tsadik (l’âme divine du juste) désire remonter, elle est mal en bas. Il faut qu’elle soit attachée en bas pour la finalité de son existence terrestre par le Yetser Hara qui est appétit de jouissance de vie.

Cela veut dire que la tendance à recevoir l’être est la condition sine qua non de notre existence. C’est lorsqu’on fait servir cette tendance à recevoir l’être à ce qu’on appelle en français l’égoïsme que cela devient le mal. Alors que l’altruisme, le donner, c’est cela le bien.

 

Le Rav Ashlag explique que nous sommes apparemment donné à un problème impossible à résoudre : recevoir et donner sont deux tendances contradictoires que nous devons satisfaire toutes deux pour pouvoir exister. Si je ne me satisfais pas de la tendance à recevoir je m’évanouis, je n’existe plus. A la limite il s’agit des tendances égoïstes. Mais si je ne satisfais pas ma tendance à donner, le bien, l’altruisme, je suis malheureux d’être. C’est ce que les philosophes, Jean Vahl nomme cela « le malheur de la conscience ». La conscience qui se connait malheureuse car elle reconnait que ce qui la fait exister c’est le mal : la jouissance.

 

Le Rav Ashlag par son génie de simplicité, établit qu’il y a 4 dispositions de ces 2 Yetsarim (ces 2 penchants):

-          recevoir pour recevoir et c’est cela le mal,

-          donner pour donner c’est le bien illusoire,

-          donner pour recevoir,

-          recevoir pour donner.

 

Donner pour donner : c’est le bien illusoire. Celui dont c’est le slogan, l’art pour l’art, l’acte gratuit et désintéressé, fait semblant de ne rien recevoir jamais et c’est le commencement de la folie d’orgueil. En général, ces idéalistes cachent le fait qu’ils reçoivent. Ce sont les fondateurs de religions où le fondateur est pris pour Dieu. Les théologiens de ces religions sont gênés par le fait que le fondateur ait eu une mére... Alors il a eu une mère. Mais en tout cas il n’aura pas de fils... Ce genre de mythe trés ancien et nous sommes « anti ce mythe ». La notion d’engendrement est signe d’impureté absolue dans une telle théologie. Dans le judaïsme le Mashia’h sort de l’enfantement réel. Cf. l’histoire de Ruth, mais aussi avant l’histoire de Ruth, celel des filles de Loth, ensuite Judah et Tamar et Ruth et Boz. C’est lorsque les engendrements s’affinent pour devenir parfaits que le roi David peut naître. Dans le judaïsme le Mashia’h sort de l’enfantement réel. Dans une telle théologie du donner pour donner on ne reçoit pas, donc on ne donne pas.

 

C’est la 2ème position et il faut passer par là avant d’arriver à la 3ème ou 4ème.

La 1ère position la plus inférieure, c’est recevoir pour recevoir on fait l’apprentissage des kelei kabalah, les véhicules de réception : c’est-à-dire avoir envie d’avoir envie. C’est l’âge de l’enfance où il faut apprendre à l’enfant à recevoir les vases de réception de ce qu’il recevra. Durant toute la vie, on ne reçoit jamais plus que le contenu des contenants qu’on a préparé jusqu’à la BarMitsvah. Il faut par conséquent bien élever les enfants pour leur apprendre à avoir envie, parce qu’après ils n’auront que cela comme envie. Ni plus, ni moins. Si on a fermé les vases de réception, ils passeront toute leur vie à tenter de les ouvrir et ils n’y parviendront pas.

Et les psychologues coûtent chers...

C’est là le Yetser Hara jusqu’à la Bar Mitsvah. A l’âge de la Bar Mitsvah, l’être se prépare à donner. Le Yetser Tov entre dans la Nefesh (l’âme vitale ou animale). Il apparait à l’âge de la BarMitsvah.

 

Il y a là une période de la pré-adoslescence, de la crise mystique, que tous les jeunes gens connaissent : du donner pour donner. C’est une crise dangeureuse par laquelle il faut passer, mais il faut en sortir. Si on n’en sort pas on bascule dans l’illusion de l’idôle chrétienne par exemple.

Cet idéalisme est typique. C’est l’âge du romantisme en littérature, il faut y passer mais il ne faut pas y rester il faut en sortir.

 

Il y a alors deux apprentissages : au 1er stade on apprend à recevoir. C’est à cela que servent les Reshayim les méchants : ils nous apprennent comment on reçoit. Mais il ne faut pas s’arrêter-là.

     

Au 2nd stade on apprend à donner : c’est ce à quoi servent les idéalistes : ils nous apprennent à donner, mais il ne faut pas s’arrêter là.

 

Alors on monte encore dans les 2 niveaux supérieurs, il y a un premier stade où lorsqu’on est sorti de ces 2 apprentissages on sait déjà qu’il faut les deux, mais on n’est pas encore très habile pour savoir dans quel ordre. C’est alors le stade de la religion naturelle : on donne en vue de recevoir.

La formule des latins était « do ut des » - « je donne afin que tu me donnes ». Par exemple : Je donne ma vertu pour que tu me donnes un fauteuil au paradis. C’est le niveau de la religion naturelle.Il y a quand même une gêne à ce niveau-là, c’est ce qu’on appelle la vertu lo lishmah non authentique, mais elle est très précieuse.

 

Finalement, on arrive au stade de la maturité qui s’appelle ‘Hokhmah en hébreu (la sagesse), c’est recevoir en vue de donner. Le point de chute, ce n’est pas recevoir mais c’est donner. On a satisfait le Créateur en tant que Créateur de la réalité : on reçoit. Et on a satisfait le Créateur en tant que Créateur de la vérité : on donne. Mais dans cet ordre-là. Recevoir en vue de donner.  Recevoir le plus possible en vue de donner le plus possible.

 

En général, on trouve une accusation contre le judaïsme qui est accusé de matérialisme. Parce que ce sont les juifs inversés : ceux qui donnent beaucoup en vue de recevoir beaucoup. Cela concerne la 3ème catégorie. On oublie que c’est en vue de donner.

 

La consigne que donne évidemment le Rav Ashlag c’est de recevoir le plus possible en vue de donner le plus possible. A ce niveau-là on atteint le bonheur de la conscience parce que les 2 tendances (Yetser Harâ et Yetser haTov) sont satisfaites.

 

Et c’est le Sod (le secret) de ce que dit Rashi sur le Qriat Shéma (profession de foi juive) de servir Dieu avec ses deux penchants : « de tout ton coeur - Bekhol levavekha » = Lévav écrit ici avec deux lettres Beith : le coeur avec les deux ventricules celui qui reçoit et celui qui donne : Rashi explique « Bekhol levavekha bishnei yestsarekha : de tout ton (tes deux) cœur(s) avec tes deux tendances»  servir Dieu avec ses deux penchants, tes deux tendances. Il y a là une étude très importante et très difficile. Cela veut dire : avec la tendance au bien et avec la tendance au mal. Cela rejoint l’analyse du Rav Ashlag.

 

Sur ce Rashi, quelques phrases :

Habituellement, on pense que là où c’est facile, c’est de servir Dieu avec la tendance au bien. Et là où c’est difficile c’est de servir Dieu avec la tendance au mal, et que par conséquent, le ’Hidoush (l’idée original) du Midrash cité par Rashi serait de servir Dieu avec la tendance au mal. Comment ? Les psychologues appellent cela « la sublimation des passions ». 

 

.../...

 

C’est l’égalité d’humeur qui est le véritable bonheur du sage.

C’est au niveau de la ‘Hokhmah, la sérénité de la sagesse, lorque l’ordre est recevoir et donc on est Eved haboré - serviteur du créateur et en vue de donner, on est latet nahat roua’h layotser.

Ce sont les deux termes du Shoulkhan Aroukh (code de la loi juive): quand on se réveille le matin il faut se préparer à être serviteur du Créateur, c’est-à-dire recevoir. Mais toute la journée il faut mériter ce qu’on a reçu en le donnant. Cela se dit latet nahat roua’h layotser.

 

Cela veut dire que la racine du Yetser Hara est un bien suprême.


.../... 
lire la suite ici


******

 

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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 12:10

Hoshanah Rabba les deuxièmes tables de la loi – 3ème partie.

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/hoshana_raba_les_deuxiemes_tables_de_la_loi/cours_1

Durée : 17,2 minutes
Face C

 

…/…

Avec une part de l’héritage de son maitre. Et s’il ne veut pas être libéré parce qu’il juge qu’il n’est pas capable d’être libre à cause de l’enracinement dans les passions, alors il est esclave à vie (jusqu’au Jubilée).

 

Etant donné cette situation de l’esclave hébreu, il fallait s’attendre à ce que cette loi soit à la fin de toute la jurisprudence de la Torah. Commence par me dire quelle est la constitution de cette société et après tu me diras...

Mais la Torah doit intervenir pour le libérer.

J’ai souvent entendu des rabbins dire que ce sont des lois de justice sociale. Il y a un malentendu dans les termes : c’est une injustice sociale que la Torah impose que la relation maitre-esclave soit brisée.

 

La justice de la société veut qu’il y ait des maitres et des esclaves. La Torah intervient pour briser la justice sociale et imposer la loi de charité en libérant les esclaves. C’est la mentalité de l’humanisme occidental qui feint de prendre la charité pour de la justice. Toutes les lois d’assistance sont des lois de charité. Et on appelle cela de la justice. Réfléchissez-y bien. C’est une inversion des valeurs.

 

Rashi va se baser sur le 1er mot du verset :

Mishpatim 21.1

 

21.1

וְאֵלֶּה, הַמִּשְׁפָּטִים, אֲשֶׁר תָּשִׂים, לִפְנֵיהֶם

Et voici les lois de jurisprudence que tu placeras devant eux.

 

On vient de dire les 10 commandements, et maintenant on dit : Et voici la constitution d’application de ces principes de législation.

 

Rashi va citer un principe du Talmud : chaque fois qu’il y a Eleh Voici cela sépare ce qui va suivre de ce qui précède. S’il y a « VéEleh : Et voici » cela relie ce qui va suivre à ce qui précède. Plus encore : dès qu’il y a « Eleh » cela disqualifie ce qu’il y a avant. S’il y a « VéEleh » cela relie ce qu’il y a avant à ce qu’il y a après.

 

Le Midrash dit :

Kol Maqom shénéemar Eleh...

Dans tout endroit où il est dit « Voici » cela disqualifie les choses précédentes.

Dès qu’il y a VéEleh cela ajoute aux précédentes.

 

Le pshat de Rashi ici signifie :

De même que les lois précédentes étaient du Sinaï ceux-là aussi les lois de jurisprudence - de restauration de l’être hébreu après la faute ou le récit de faute de l’apprentissage de réparation - sont aussi du Sinaï.

 

C’est très important : les 613 Mitsvot sont du Sinaï. Cela va plus loin. Cela veut dire que de même que les 10 commandements sont du Sinaï, de même ces lois de rattrapages sont aussi du Sinaï. 

 

Le Shlah intervient pour enseigner ceci : Eleh ce ne sont pas les Mitsvot. Ce sont les hommes d’Israël. De même que les hommes d’Israël qui n’ont jamais fauté et qui coïncide dans leur identité avec les 10 commandements, sont du Sinaï, de même ceux qui ont fauté et qui ont restauré leur identité sont du Sinaï !

 

S’il y a eu réparation il n’y a pas de casier judiciaire. Il y a équivalence : ceux-là sont du Sinaï comme ceux-ci sont du Sinaï !

 

Voilà l’enseignement important de ces deuxièmes tables : ce sont les tables de la réparation, après la brisure inévitable des commencements, mais le réparé est aussi intact que celui qui n’avait pas été brisé.    

 

Beaucoup croient qu’ils n’arriveront jamais à la « revirginisation » de leur identité s’il y a eu écart et faute. L’enseignement des deuxièmes tables ajouté à l’enseignement du Shlah nous montre que c’est une erreur. L’histoire du monde n’est pas l’histoire d’une perfection à priori. C’est l’histoire d’une imperfection inévitable à priori et qu’il faut réparer. Et par conséquent, nous sommes les hommes de la réparation. Nous sommes les réparés. Et les réparés se réparent à Sion.

 

Il faut dénoncer cette espèce d’atmosphère de fatalité et tragique du péché originel. L’histoire du monde ne commence pas par un péché. Le chaos du monde ne commence pas par un péché. La première faute, la faute de l’origine de l’homme a compliqué le chaos du commencement. Mais le chaos du commencement aucun homme n’en a été responsable, et aucun homme n’est responsable.

Il y a une erreur, un raté, de la conscience morale qui consiste à confondre responsabilité et culpabilité. C’est une maladie des Juifs. On se prend pour coupable de choses dont on n’est que responsable.

 

Le chaos du monde vient de la Shévirat Ha-Kélim. Le chaos du monde vient de l’identité du monde. Pour que le monde existe il faut qu’il commence par le chaos, parce que l’autre que Dieu ne peut pas être Dieu. L’origine du mal dans le monde c’est Shévirat HaKélim et non pas la faute du premier homme. C’est une culpabilité innocente. Nous sommes responsables de la réparation du chaos mais pas coupables. Il faut retrouver la bonne santé de la conscience juive et se désintoxiquer de ce mythe du péché originel. On ne peut retenir le mot originel que dans le sens de l’origine. Chaque fois qu’il y a une faute, le commencement de la faute : « La loi c’est ma loi ». C’est l’origine de toute faute.

 

Midrash : chaque fois qu’un homme meurt. Le premier homme vient à son chevet : mon fils ma fille  sache que ce n’est pas pour ma faute que tu meurs mais pour la tienne. Il faut que les choses soient claires.     

 

***

 

Q: inaudible

R: J’ai utilisé le mot de rattrapage. Il faut bien lire le pshat : la Torah le dit en clair. Après, à postériori, on a énormément de midrashim qui vont louer le désert. Le fait que la Torah ait été donnée c’est à postériori. A priori, c’est Jérusalem. Et chaque fois que Dieu s’est révélé pour mettre fin à l’exil : il a parlé à Abraham pour lui dire « rendez-vous là-bas ! » Il a parlé à Moïse, et lui a dit « rendez-vous là-bas ! » Il faut voir les choses en clair, ce n’est qu’à postériori que le midrash intervient et va nous expliquer la grandeur du désert où la Torah a été révélée. Mais ce n’était pas son lieu de révélation à priori. C’était vraiment inattendu, dans le sens de ce que cela n’était pas dans le projet primordial. C’est arrivé, et il faut comprendre pourquoi c’est arrivé...

 

Q: A propos des premières lois… (inaudible)

R: tu te réfères à une autre question que je n’ai pas abordé : mais là les textes ne sont pas les mêmes. Le texte des deuxièmes tables est différent du texte des premières tables. Bien sûr, c’est le Kéli qui a été atteint mais le Kéli est celui du Or. Et le Or aussi a changé. Ce n’est pas pour rien que les premières tables ont été données à la génération de la sortie d’Egypte et les deuxièmes tables à la génération qui n’ont pas connu l’expérience de vie mais qui vont connaitre l’expérience de l’histoire de Kenaan. Et un midrash se relie à ce que tu dis : dans l’arche, il y avait les deuxièmes tables et les débris des premières. Mais les lettres des premières tables se sont envolées là-haut. Et ce sont les lettres des deuxièmes tables que nous avons.

 

Quoiqu’il en soit, il s’agit bien de la Torah de la rédemption de la réparation du tiqoun. Alors que la Torah primordiale c’est la Torah de à priori de Shévirat HaKélim, à priori de la faute.

 

Ceci pour dire que l’on peut étudier ce thème sans aucune référence à la Kabalah. Cela s’étudie dans le pshat du Midrash et du Talmud. Mais les Kabbalistes ont indiqué ce qu’il y a derrière.

 

Q: inaudible

R: Yafé, très bien explique pour les autres. Très bien. J’achète pour l’année prochaine.

 

Q: inaudible

R: En fait Sim’hat Torah est le lendemain de Hoshaanah Raba. Il faut y arriver pour que le pardon soit achevé. Et c’est le lendemain de  Hoshaanah Raba, qui est l’achèvement de Kipour, qu’il y a Sim’hat Torah.

 

Le jour de Rosh Hashana c’est le jugement des Tsadikim.

Le jour de Kipour c’est le jugement des Beinonim.

Et Hoshaanah Raba c’est le jugement des Reshayim.

 

Cela veut dire qu’à Rosh Hashana on est jugé par la Midat HaDin. Seul ceux qui peuvent traverser la Midat Hadin sont sauvés.

 

A Yom Kipour, on est jugé par la Midat HaRa’hamim. Ce sont les Beinonim pour la grande majorité. J’ai remarqué qu’il y a plus de monde à Kipour qu’à Rosh Hashana.

 

Et à Hoshaanah Raba, c’est même les Reshayim parce que c’est la Midat Ha’Hessed qui juge.

 

Et ce n’est pas fini, il y a encore un sursis jusqu’à ‘Hanoukah. Mais à ‘Hanoukah sont jugés ceux qui ne sont ni Tsadikim, ni Beinonim, ni Reshayim. Les hors-la-loi. Ils se relient à la réparation du temple qui a été détruit à cause du 17 Tamouz et de Tishâ BéAv. A ‘Hanoukah c’est la ré-inauguration du Temple. C’est ce qui se relie à l’histoire en dehors même de la Torah. Remarquez qu’en Israël pour ceux qui délaissent Rosh Hashana, Yom Kipour et Hoshânah Raba, que ‘Hanoukah reste ‘Hanoukah.

 

< fin >

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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 11:58

Hoshanah Rabba - les deuxièmes tables de la loi - 2ème partie 

 

 

Hoshanah Rabba les deuxièmes tables de la loi – 2ème partie

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/hoshana_raba_les_deuxiemes_tables_de_la_loi/cours_1

Durée : 44,9 minutes
Face B

 

Un retard de 6 heures qui a déclenché la faute du veau d’or ! De quoi parle-t-on ?

Vous voyez à quel point le mystère de la Torah affleure le récit. Et on lit cela comme ça sans s’en rendre compte...

 

Alors le peuple affolé, à l’idée que Moïse ne redescendrait pas demande à Aaron de lui faire un symbole de divinité pour remplacer Moïse et non pas pour remplacer Dieu. Formellement c’est cela la faute du veau d’or. Ne tombez pas dans l’erreur de croire que c’est pour remplacer Dieu, quelque soit la responsabilité de ceux qui ont induit la faute du veau d’or, et on va apprendre qu’il s’agit du Erev Rav, un symbole de divinité pour replacer Moïse.

 

Voici que le peuple dit à Aaron suite au retard de 6 heures de Moïse:

 

32.1

קוּם עֲשֵׂה-לָנוּ אֱלֹהִים אֲשֶׁר יֵלְכוּ לְפָנֵינוּ--כִּי-זֶה מֹשֶׁה הָאִישׁ אֲשֶׁר הֶעֱלָנוּ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם, לֹא יָדַעְנוּ מֶה-הָיָה לוֹ

Allons! Fais-nous des dieux qui marcheront à notre tête, car ce Moïse, l'homme qui nous a fait sortir du pays d'Égypte, nous ne savons ce qu'il est devenu

¨

Moïse l’homme : il savait déjà qu’il y avait dans leur pensée idolâtre « Moïse l’homme » et « Moïse pas l’homme » ! Voyez comment cela se récidive dans l’histoire : le besoin du médiateur ! Le médiateur qui à un certain niveau terrestre était un homme, mais à un autre niveau c’est un Dieu.

 

C’est intentionnellement que je vous indique cette grille de lecture : la Torah nous a raconté comment le christianisme s’est préparé à la sortie d’Egypte. Surtout dans les églises où l’on adore la vierge noire... Mais en tout cas c’est un sujet qu’on étudiera au fond. Ne croyez pas que la Torah nous laisse à une surprise massive dans l’histoire. L’apparition du christianisme c’est une tendance d’idolâtrie du médiateur. Je n’ai pas fait allusion à ce qui s’est passé dans l’histoire messianique des Loubavitch. Cela n’a rien à voir. Ce n’est pas la même chose. Mais il y a une tendance à diviniser le médiateur, déjà là, à la sortie d’Egypte. Parce que c’est terrible d’être en présence de Dieu. Le grand ‘hidoush, la grande nouveauté que Moïse va porter dans l’histoire de l’humanité : la religion ne passe plus par les intermédiaires. Cela passe par la loi morale. C’est cela le grand ‘hidoush. Alors imaginez ce peuple habitué, quel qu’aient été les traditions des patriarches, à des civilisation où se sont les forces médiatrices qui sont les divinités.

 

.../...

 

L’image entre Dieu et l’homme : le symbole. Symboliser la présence de la divinité. Des images...

Et encore une fois, cela ne concerne pas le mouvement Loubavitch. Cela concerne à la rigueur des convertis de ‘Habad qui n’ont pas été vaccinés comme les fondateurs du ‘Habad, vis-à-vis de ces problèmes-là.

 

Mais en tout cas pour revenir à notre sujet : dans la tradition juive on a fini par s’habituer à ne donner comme représentation symbolique que les lettres de l’alphabet hébraïque.

Vous avez remarqué que dans les figurations des dix commandements des tables de la loi, il y a soit le premier mot de chacun des 10 commandements, soit les lettres Alef, Beit ... Yod.

Parce que c’est la parole qui est médiatrice entre Dieu et l’homme. Entre Dieu et l’homme c’est la prophétie, entre l’homme et Dieu c’est la prière. C’est la parole, uniquement la voix. La parole c’est le mystère de notre monde. La parole est une réalité qui est à la fois spirituelle et matérielle. Elle est le mystère de notre monde. Lorsque je parle ce sont des vibrations et lorsque ces vibrations atteignent le centre auditif et cela se transforme dans le cerveau en signaux, puis en esprit... C’est un mystère.

 

Et c’est la prérogative de Jacob :

 

Gen. 27.22

הַקֹּל קוֹל יַעֲקֹב

Haqol Qol Yaaqov

 

Il l’a légué par héritage à Juda :

 

Deut. 33.7

שְׁמַע יְהוָה קוֹל יְהוּדָה

Shéma Hashem Qol Yehudah

                             Ecoute Hashem la voix de Yehoudah.

 

Mais le mystère de la voix c’est la seule représentation autorisée du lien que nous avons avec Dieu. C’est donc en fin de compte les lettres de l’alphabet hébraïque.

 

Je suis très sensible à cela que les peintres, juifs ou non, utilisent tellement les lettres de l’alphabet hébraïque.

 

C’est vrai que dans des synagogues on trouve les signes du zodiaque, ou des représentations de ce genre, mais la seule représentation cachère, si j’ose dire, c’est les lettres de l’alphabet hébraïque. Cela on l’apprend dans Judah Halévi. 

 

Mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’ils ont voulu remplacer Moïse. Et que l’essentiel de la faute du veau d’or, ce n’est pas que le veau était en or (c’est l’accusation antijuive) mais lorsqu’un croyant croit vraiment il fait son idole en or.

Or, lorsque finalement Dieu lui dit : « Va, descend ton peuple s’est mal conduit, ils ont fait une idole... Dieu ne lui demande pas de briser les tables de la Loi. Moïse descend et Josué monte à sa rencontre. Et alors Moïse demande ce qu’est ce bruit qu’il entend ?

C’est le bruit du conflit qu’il y avait entre ceux qui étaient restés fidèles à la révélation sans image et ceux qui voulaient une image. 

 

32 :7

וַיִּשְׁמַע יְהוֹשֻׁעַ אֶת-קוֹל הָעָם, בְּרֵעֹה; וַיֹּאמֶר, אֶל-מֹשֶׁה, קוֹל מִלְחָמָה, בַּמַּחֲנֶה

Josué, entendant la clameur jubilante du peuple, dit à Moïse: "Des cris de guerre au camp!"

וַיֹּאמֶר, אֵין קוֹל עֲנוֹת גְּבוּרָה, וְאֵין קוֹל, עֲנוֹת חֲלוּשָׁה; קוֹל עַנּוֹת, אָנֹכִי שֹׁמֵעַ

Moïse répondit: "Ce n'est point le bruit d'un chant de victoire, ce n'est point le cri annonçant une défaite; c'est une clameur affligeante que j'entends!"

 

Un ‘hidoush entendu : il y a une tradition que le peuple n’a été capable d’écouter directement que les deux premiers commandements :

20.2

אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ

Anokhi Hashem Eloheikha…

20.3

לֹא-יִהְיֶה לְךָ אֱלֹהִים אֲחֵרִים, עַל-פָּנָי

Lo Yihyé lekha Elohim A’herim Al Pani…

 

C’est bien moi qui suis Hashem ton Dieu – Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face...

Tu n’auras pas d’autre foi que le fait que l’exil peut prendre fin. Gaal Israël.

Le Rav expliquait que les hébreux répétaient ce qu’ils avaient entendu :

« Anokhi - Lo Yihyé lekha »

« C’est moi, toi tu n’auras pas... »

 

Moïse voit ce spectacle et prend les tables et les brise.

On a l’habitue de décrire ce geste par l’attitude de colère, ce n’est pas du tout cela. Pourquoi n’est-ce pas écrit que Dieu voulait que Moïse brise les tables ?

Je vais vous lire le verset : dans le récit du Deutéronome où Moïse reprend cet épisode, il dit ceci :

Quand Moïse va prier 40 jours après le 6 Sivan, là nous sommes le 17 Tamouz au moment de la brisure des premières tables. C’est le 17  Tamouz qu’a lieu la première brèche sur la muraille de Jérusalem au temps des Babyloniens. Et cela nous renvoie dans la 2ème partie de l’étude sur ce point, à la grande question : Pourquoi existe-t-il dans le monde la brisure qui nécessite la réparation ?

Nous l’étudierons dans un schéma de Kabalah.

 

Voilà ce que dit le verset :

Deutéronome 10.2 de Parashat Eqev :

10.2

וְאֶכְתֹּב, עַל-הַלֻּחֹת, אֶת-הַדְּבָרִים, אֲשֶׁר הָיוּ עַל-הַלֻּחֹת הָרִאשֹׁנִים אֲשֶׁר שִׁבַּרְתָּ; וְשַׂמְתָּם, בָּאָרוֹן

J’écrivais sur les tables les paroles qui se trouvaient sur les premières tables que tu as brisées

 

« Vaékhtov - J’écrivais » au présent inaccompli.

Les paroles qui se trouvaient sur les premières tables que tu as brisées

Tout de suite la Guémara va nous dire : « que tu as brisé » c’est de trop car on sait qu’il les a brisées ! Cela veut donc dire : « les tables que tu as bien fait de briser ». Le raisonnement est très clair. Les deux mots Asher Shibarta sont de trop. Si Dieu les emploie pour le dire à Moïse c’est pour dire qu’Il était d’accord pour les briser.

 

Asher Shibarta :

Yeroushalmi Taanit 4

Rabi Ishmaël enseignait : C’est HaQadosh Baroukh Hou qui lui a dit de les briser puisqu’il est dit « asher shibarta - que tu as brisé » – et Il lui a dit par là : « tu as bien fait de les briser ! ». Une autre version dit : « Il félicite Moïse de les avoir brisé » 

La Guémara veut nous expliquer dans le Yeroushalmi que Dieu lui a demandé de les briser.

 

Avant d’expliquer le fond de ce Maamar, je vais vous citer un ‘hidoush d’un des élèves du rav Naouri que j’ai entendu il y a deux jours. Le rav ‘Hazan en compagnie du Rav Koushna un des principaux élèves du .... Il a cité cela au nom d’un de ses maîtres en Algérie au Talmud Torah qui disait : et pourquoi la Torah ne dit pas que Dieu a demandé : c’est parce que de toute façon l’homme est libre ! Si Dieu avait exprimé Son désir de voir les tables brisées alors le peuple aurait été quitte de la faute qu’il a faite pour que les tables soient brisées. C’est parce que l’homme est libre que ce n’est pas écrit et que les tables devaient êtres brisées.

 

Dieu ne peut pas briser les tables de la Loi. Dieu ne peut pas porter atteinte à sa vérité. Mais Il souhaite et espère que Moïse brise les tables pour que le peuple soit sauvé. Parce que tant que les tables sont là et que la Loi est là, le peuple est condamné. Par rapport à cette loi, le peuple est condamné, c’est ce que Dieu dit à Moïse : « ne prie pas, laisse-Moi... que Je détruise ce peuple pour faire de toi une grande nation... »

 

Tant que la loi est là, la faute fait que l’homme doit être puni. Et la faute fait qu’Israël n’est plus Israël. Si Israël n’est plus Israël, il n’y a aucune raison qu’il reste dans l’histoire. Israël est témoin de ce que Dieu est le Dieu de la délivrance de l’exil et est capable d’être médiateur et voilà qu’on a demandé un symbole astrologique dit le Midrash ! Le signe du zodiaque du temps qui était le signe du taureau pour remplacer Moïse qui les a fait sortir du signe du bélier pour passer dans la maison suivante…

 

On est retourné à l’adoration des dieux à travers le déterminisme astral. A travers les déterminismes du cosmos. Parce que Moïse, qui les avait installés dans la loi morale comme médiation entre Dieu et l’homme, a disparu. Sans Moïse le peuple est désorienté. Moïse une fois absent alors on lui substitue le dieu intermédiaire du temps suivant celui du bélier : le taureau. En réalité, le taureau est avant le bélier... C’est un problème que les historiens des religions étudient en détail.

Surtout les midrashim qui disent que c’est le bélier qui a été demandé comme sacrifice à Pessa’h (ce n’est pas un homme) et que c’est le taureau qu’ils ont pris comme signe en remplacement du libérateur. Et lorsqu’on passe d’un signe du zodiaque à l’autre, arrive le temps de la libération. Nous sommes passés dans les années 50 du signe du poisson au signe du verseau. Il y a longtemps, on est passé du signe de la vierge au signe suivant, et les païens ont dit : le sauveur est né de la vierge ! Dans les textes fondateurs du christianisme, cf. la phrase : « il y a beaucoup de portes dans la maison de mon père », c’est de l’astrologie…

 

Pour en revenir au sujet :

Ils ont demandé un intermédiaire entre Dieu et l’homme à la manière des religions astrobiologiques pour remplacer Moïse. Il faut remettre en évidence que si loi s’opère le peuple est condamné. C’est dit en clair : [Manitou cite un verset]

 

Sur ce verset : 

Ki-Tissa 32.10 

 וְאֶעֱשֶׂה אוֹתְךָ, לְגוֹי גָּדוֹל

Et de toi Je ferais sortir une grande nation.

 

Le Midrash intervient en disant : Moïse intercède en disant à Dieu : « Souviens-toi d’Abraham d’Isaac et de Jacob et de la promesse que Tu leur a faite pour leur descendance ».

Objection : Si une grande nation sort de Moïse, elle sortira aussi d’Abraham d’Isaac et de Jacob ! Alors pourquoi Moïse intercède-t-il de cette manière ?

Réponse dans la Guémara elle-même : « Comment ! Une table avec trois pieds n’a pas tenu debout Tu veux qu’une table à un seul pied tienne debout ? »

4 pieds moins 1 n’a pas tenu debout, tu veux qu’une table qui ait 4 pieds moins trois tienne debout ?

Il y a une différence entre l’identité des patriarches qui sont les engendreurs de la nation et l’identité de Moïse qui est le maitre de la nation. Faire sortir un Israël de Moïse ce serait former une église qui s’appellerait Israël. C’est encore une fois ce qui est arrivé dans l’histoire. Le véritable Israël que Dieu veut pour l’humanité c’est la nation d’Israël des descendants d’Abraham d’Isaac et de Jacob, qui sont d’autre part les disciples de Moïse. Mais la nation des disciples de Moïse c’est les ‘Harédim, c’est l’Église, à la place de la nation d’Israël des descendants d’Abraham d’Isaac et de Jacob. C’est cela que la Guémara nous enseigne.

Il faut bien le comprendre. C’est comme cela que l’Église est fondée : une religion fondée sur la loi de Moïse et coupée de la nation d’Israël. Cela a pris le temps que cela a pris et c’est devenu l’Eglise. Et en général, c’est une religion de diaspora, d’exil.

 

Pour revenir au sujet :

C’est le Dieu d’Israël et dans aucun liturgie on ne s’adresse au Dieu de Moïse. C’est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Le maitre qui enseigne comment on sert le Dieu d’Israël d’Abraham d’Isaac et de Jacob c’est très diffèrent. C’est ce que Moïse dit à Dieu : Je sais très bien que ce que Tu souhaites c’est le peuple d’Israël des descendants d’Abraham d’Isaac et de Jacob et pas une église des disciples de la loi de Moïse. Finalement, Dieu accepte grâce à Moïse. C’est Moïse qui a eu le courage de dire : « Moi ? Je ne veux pas de la religion de Moïse! C’est la religion de la foi d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ! » Voilà ce qu’il faut comprendre, pshat, simplement.

 

Finalement, Dieu accepte de suspendre la sanction.

 

Après le 17 Tamouz, Mosheh prie pendant 40 jours pour que la faute soit suspendue et que la sanction qui devait détruire le peuple - « Je lâcherais la montagne et ici sera votre tombeau » pour utiliser ce que dit la Guémara dans Shabat – soit quand même impliquée, mais voilà ce que le mélamed du Talmud Torah nous avait expliqué : cela ressemble au fils qui a fait une faute : le père dit à la mère : As-tu vu ce que ton fils a fait ? La mère lui répond : N’est-ce pas ton fils ?

C’est exactement le dialogue entre Dieu et Moïse : « Va descends de la montagne parce que ton peuple a fauté » et Moïse prie disant : « Sauve ton peuple ! ».

La mère a accepté que la montagne soit jetée sur le peuple mais a demandé que ce soit caillou par caillou. Regardez d’où cela vient les pierres... [ de l’intifada - Rires dans la salle]

C’est ce que le Talmud enseigne que à chaque faute d’Israël à l’échelle collective ou individuelle on paie double : pour la faute effectuée et un petit peu pour la faute du veau d’or.

 

A travers toutes les mises à l’épreuve à travers l’histoire ne sera le rescapé des rescapés que ceux qui n’ont pas cette faute en eux de la divinisation du médiateur qui mène à la religion païenne à la place de la religion morale. C’est cela notre grand problème de la génération actuelle. La maraboutisme.

 

Shévirat Hakélim et deuxièmes tables :

 

En tout cas pour revenir au sujet, voilà que 40 jours de prières de Moïse...

40 jours après le 6 Sivan c’est le 17 Tamouz  la brisure – 40 jours après, c’est 1er Eloul, et du 1er Eloul au 10 Tishri il y a 40 jours - Moïse reçoit les deuxièmes tables.

 

La question que je vais poser c’est que nous avons deux fêtes de la révélation de la Torah :

6 Sivan : la Torah est donnée a priori de la faute

La fête de la Torah à Sim’hat Torah après Kipour et toute la liturgie de Tishri où la Torah est reçue après la faute et le pardon de la faute suite au repentir.

 

Les deuxièmes tables sont cette même Torah mais donnée compte tenu de ce que l’homme est faillible et qu’il peut y avoir faute, mais dès qu’il y a repentir, il y a pardon. Alors qu’au Sinaï, la Torah est donnée à priori de la faute. S’il y a faute c’est qu’il ne s’agit pas de cet Israël ! 

 

Je vais laisser le 1er schéma en mémoire et vous donner la structure d’un schéma d’enseignement de la Qabalah qui donne la signification de cette question : pourquoi faut-il que le monde soit détraqué puis réparé ?

 

Ce schéma d’un enseignement de la Qabalah est ce qu’on appelle Shévirat HaKélim, la brisure des vases.

 

Lorsque Dieu a voulu créer le monde il a d’abord fait apparaitre un espace d’être vide d’être pour qu’il y ait une place pour le monde. C’est ce que les Kabbalistes appelle la’ Hallal. C’est dire que dans l’être absolu il y a un reflet de l’être pour qu’il y ait place pour le monde. C’est un acte moral qui précède et rend possible la création du monde : Faire place à autrui. Créer, cela veut dire créer l’autre. Et donc, il lui faut une place d’être. Et alors les kabbalistes nous expliquent cela très en détail. Ce sont des problèmes très importants que les autres n’arrivent pas à comprendre. La notion de création ex-nihilo est une création à partir de rien, c’est un casse-tête pour les théologiens philosophes parce que c’est une fausse notion - de rien il n’apparait rien, que signifie dire que l’être apparait de rien ?  Philosophiquement c’est absurde.

 

Donc c’est un objet de foi : nous savons que le monde est créé à partir de rien parce que la Torah l’a dit. Parce qu’en hébreu c’est ce que signifie Briah.

Mais aucune intelligence philosophique, ni orientale, ni occidentale, n’est arrivée à rendre logique et cohérent cette idée absurde, parce que de rien il ne vient rien !

 

Les kabbalistes l’expliquent en disant : c’est le néant qui est apparu dans l’être et non pas l’être qui est apparu dans le néant. Et dans ce néant apparu dans l’être, Dieu a émané le monde. Et les principes de cette émanation du monde les kabbalistes l’appellent les Séfirot. Dix absolus qui président au fait de faire exister le monde dans le vide d’être primordial.

 

Le philosophe lève la tête vers le ciel et tombe dans le trou. La Kabalah c’est le trou.

 

Lorsque la lumière primordiale s’est retirée d’un point de l’être, c’est le point primordial où le monde va finalement être logé à la suite d’une infinité de processus répétés de vide d’être pour qu’en fin de compte la créature projetée puisse supporter la lumière qui lui sera donnée de l’être absolue, il faut que cette lumière soit infiniment diminuée. Il y a donc un infini processus de retrait et il y a une pensée contemporaine qui nous aide à comprendre cela c’est l’homéopathie. Une dilution à l’infini et une dilution infiniment diluée, et la présence de la substance agissante est là bien qu’elle ait disparu. Si elle était présente on ne la supporterait pas, elle est présente dans son absence, dans son retrait. Dans son retrait elle a laissé une trace. C’est cette trace de rien qui fait être l’être de créature. 

 

Lorsque la lumière revient dans ce ‘Hallal, ce vide d’être, elle rencontre les niveaux d’être, et lorsqu’elle rencontre les niveaux d’être à chaque niveau de retrait, apparait une sphère dont la lumière irradie autour de cette trace d’absence que les kabbalistes appellent le Réshim, le Roshem en hébreu.

 

Lorsque la lumière revient les trois Séfirot supérieures sont capable de la supporter mais pas les 7 Séfirot inférieures. Pourquoi ? Parce qu’il y a 10 lumières.

Les 10 lumières sont proposées à la 1ère Séfirah d’en-haut.  Mais elle est tellement proche de l’infini qui est en dehors du vide, tellement haut, que le Kéli, le vase, le véhicule qui va recevoir cette lumière peut la recevoir. Sans éclater, sans être brisée. Et c’est vrai de la lumière des Séfirot : Keter ‘Hokhmah, Binah. Mais dès qu’on arrive aux Séfirot des valeurs morales, cela commence par ‘Hessed, le Kéli éclate. Il n’a pas la force, la transparence, le Zakout véZékhout, de pouvoir recevoir la lumière. Alors la lumière remonte et des débris de ces Kélim tombent au centre.

         

Et c’est pourquoi le 1er verset de la Torah dit : « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre. Et et la terre était chaos… ».  Les cieux ont disparu. Les lumières des cieux sont remontées parce qu’il n’y avait pas de Kélim capables de les retenir et au centre il y a eu un chaos des débris des Kélim des cieux. Il y avait les cieux des cieux les trois supérieures, les cieux sont les 6 inférieurs, la terre c’est la 7ème, c’est la 10ème.  Je parle vite pour que vous oubliez mais pour que vous comprenez qu’il y a une cohérence absolue.

 

Alors commence l’histoire de la réparation des mondes – le tiqoun. En bas sont les créatures et lorsqu’apparait les créatures capables de restituer, de restaurer, ces Kélim brisés, alors ces lumières redescendent.

 

Abraham a restitué le Kéli de ’Hessed, la lumière du ‘Hessed redescend. Grâce à Abraham il y a de nouveau ‘Hessed dans le monde. Et on sait ce que c’est.

Abraham-‘Hessed

Isaac-Gvourah

Jacob-Tiféret,

Mosheh-Netsa’h,

Aharon-Hod,

Yossef-Yesod, et

David-Malkhout.     

 

Ce sont les 7 piliers du monde qui ont restauré les Kélim qui ont été brisés.

Mais avec ce schéma, on est derrière notre histoire, le principe est très simple à comprendre.

C’est le grand enseignement de la Kabalah Séfaradite : l’histoire réalise les structures de la création.

 

Dans l’histoire se passe ce qui s’est passé à la création. Le monde a été créé mais il ne supporte pas d’être. Il n’est pas encore assez méritant : Zékhout-Zakout – pas assez transparent. Et il est brisé, il faut le réparer. C’est l’histoire du monde. C’est le schéma de l’histoire du monde. A l’origine il y a un chaos parce que le monde est brisé puisqu’il est loin de Dieu : tout ce qui n’est pas Dieu est en chaos. Le monde c’est l’autre que Dieu, et le monde à l’instant de son existence est chaos. Il faut réparer cela. C’est le rôle des grandes âmes d’Israël qui ont réparé cela. Ils sont les véhicules de la Shékhinah. A comprendre pshat, et le monde à l’état de chaos doit être réparé.

 

Le monde dans son absolu nous est inaccessible parce que nous sommes des créatures. Il faut que nous réparions la brisure du monde. C’est arrivé dans l’histoire de la génération de la sortie d’Egypte : l’absolu de vérité est révélé le 6 Sivan, brisé le 17 Tamouz, et grâce à Moïse restauré, grâce au fait que s’il y a faute mais repentir il puisse y avoir pardon.

 

Le pardon est celui du 1er Yom Kipour de l’histoire. Le 10 Tishri on a sû que le pardon était possible puisque la Torah fut rendue. Et alors, on va fêter la Torah à Sim’hat Torah la Torah des deuxièmes tables.

 

C’est-à-dire que les premières sont inaccessibles parce que cela ne concernerait que les Tsadikim. Mais nous ne sommes pas des Tsadikim. La Torah demande « sois Tsadik !», mais c’est au niveau du projet, du tikoun, de la fin de la restauration, de la rédemption. Mais pendant toute l’histoire cela nous est inaccessible. Sauf à ces Yé’hidim, ces êtres exceptionnels qui étaient déjà « Israël » avant la fin des temps.

 

Dieu nommé d’un nom que Dieu a agréé :

Il s’appelle Dieu d’Abraham, Il est Dieu d’Abraham. Pas des autres.

Dieu d’Avraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, Dieu de Moïse… etc. Mais dans l’ordre des dimensions des pères dont nous sommes les fils. Israël adore le Dieu des pères et non le Dieu des maitres. C’est là le paganisme des idolâtres. Dieu à l’image du gourou. C’est le problème de la faute du veau d’or.

 

Retour au sujet :

L’importance de Sim’hat Torah c’est que nous avons la preuve dans notre histoire que même s’il y a faute il peut y avoir réparation par le repentir, il peut y avoir pardon. Le 10 Tishri, les tables nous sont rendues.

 

.../...

 

Lévinas :

Comment Dieu a créé le monde ? C’est comme une mère qui met au monde son enfant hors d’elle et lui dit : Reviens !

 

Mais si l’enfant pouvait parler, il demanderait : mais comment revient-on ?

Voilà la Halakha débrouille-toi !

 

L’histoire du monde c’est l’histoire d’une téshouvah. C’est l’enfant qui revient à sa mère. Mais c’est la mère qui l’a mis au loin.

Pourquoi ? Pour qu’il apprenne à marcher, et pour qu’il revienne sachant marcher par lui-même…

Et puis, surtout, plus profondément que cela, il va apprendre à marcher pourquoi ? Pour aller chez sa mère ou pour aller ailleurs ? C’est cela l’épreuve de la création. Il va apprendre à marcher mais pourquoi ? Effectivement, c’est un enseignement du rav Kook, l’histoire  du monde c’est l’histoire d’une teshouvah. Le monde revient, mais avec un acquis. C’est le sens de l’histoire qui dramatise c’est parfois tragique, il y a trébuchement. On marche sur le chemin du retour mais parfois on trébuche… 

 

C’est cela l’histoire de notre calendrier :

Depuis le 6 Sivan Matan Torah à Sim’hat Torah.

 

Je vous donne un enseignement du Shlah à propos d’un verset de Shémot sur le commentaire de Rashi, qui va récapituler en une phrase ce que nous avons appris sur les deuxièmes tables de la Torah:

Parshat Mishpatim 21.2:

 

21.2

כִּי תִקְנֶה עֶבֶד עִבְרִי, שֵׁשׁ שָׁנִים יַעֲבֹד; וּבַשְּׁבִעִת--יֵצֵא לַחָפְשִׁי, חִנָּם

Si tu achètes un esclave hébreu, il restera six années esclave et à la septième il sera remis en liberté sans rançon. (Traduction du Rabbinat)

 

Dès que tu acquerras un esclave hébreu, libère-le...

Tout de suite on est secoué : d’où sort cet esclave hébreu ? On est dans le livre de l’Exode, pendant de nombreux chapitres on nous a raconté l’intervention de Dieu dans l’histoire pour libérer les Hébreux de l’esclavage, on nous donne les 10 commandements et tout de suite après, la première loi de jurisprudence de cette Torah des 10 commandements dans Mishpatim nous dit :

כִּי תִקְנֶה עֶבֶד עִבְרִי

D’où sorti cet esclave hébreu ? Cela éclate !

 

On apprend par le Talmud qu’il y avait deux situations où un hébreu pouvait être esclave : soit un hébreu juge par lui-même qu’il n’est pas capable de vivre comme homme libre dans la société des Hébreux, il est libre de devenir délinquant Avariam, alors il se vend comme esclave. Pour ne pas tomber dans le risque de voler ou de tuer pour voler alors il prend acte qu’il n’est pas capable d’être libre et il va devenir Eved, il vend son temps de travail à l’homme libre. Il y a un deuxième cas. La faute a eu lieu, le vol a eu lieu. On a convaincu le délinquant et alors c’est le tribunal qui le vend comme esclave chez un homme libre. Et la législation de la relation entre le maitre et ses esclaves c’est celle d’une pédagogie pour apprendre à devenir un homme libre. Et au bout de 6 ans, la 7ème année, l’esclave devait être suffisamment formé pour être capable d’être homme libre, et alors à ce moment là il est libéré.

 

 

.../...
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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 11:56

Hoshanah Rabba les deuxièmes tables de la loi

 

 

Hoshanah Rabba - les deuxièmes tables de la loi

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/hoshana_raba_les_deuxiemes_tables_de_la_loi/cours_1

Durée : 45,3 minutes
Face A

 

Le 1er cours que je vais faire va porter sur les deuxièmes tables de la loi. Et le sujet sera essentiellement centré sur la signification de Sim’hat Torah à Shémini Atseret la fête qui aura lieu lendemain de Hoshaanah Raba qui commence ce soir.

 

Le sujet que je vais aborder est un sujet où le fond et la forme doivent coïncider à la lettre. C’est vrai en général de toute étude : dès qu’on commence à paraphraser surtout dans une langue autre que l’hébreu on croit parler du sujet mais on le laisse complètement, Il faut toujours qu’il y ait une vérification pour que la forme et le fond coïncident. Cela ne peut être que si on étudie un texte et que c’est du texte qu’on parle. Ceux qui sont familiers à l’étude du Talmud, c’est l’étude par excellence. Toutes les autres études sont des études pour connaître, qui se relient à l’enseignement du Talmud, et étudier l’enseignement du Midrash, la Qabalah, la Maharshavah, si on n’a pas aussi le Talmud, il faut savoir à l’avance que c’est en l’air, accroché sur rien parce qu’on n’a pas la prise du miqra, c’est-à-dire du sens traditionnel que nous donne le Talmud, et lui seul, de ce qui est écrit dans la Bible.

 

Et c’est cela qu’il faut bien comprendre que nous allons aborder un sujet important et quand on a décidé du programme à Yaïr, je ne savais pas personnellement à quel point les événements contemporains de l’histoire d’Israël se reliaient au sujet que nous allons étudier.

 

Mais je vous demande de séparer ces deux problématiques dans vos têtes.

Les problèmes politiques ce n’est pas du tout le sujet de ce soir.

 

La première approche sera une approche historique basée sur le calendrier.

Comme vous le savez lorsqu’on parle de la révélation de la Torah on fait allusion à deux niveaux, d’une part la Torah dans le sens de Torat Mosheh les 5 livres du Pentateuque – Béréshit, Shémot, Vayiqra, Bamidbar, Devarim – tout cela c’est Torah révélée, le Miqra du ’Houmash, les ‘Hamishah ‘Houmshei Torah, mais d’autre part, il y a aussi allusion à un événement historique bien précis qui est la révélation du 6 Sivan sur le mont Sinaï où Moïse a reçu les deux tables de la Loi, les dix commandements, comme on dit en français, gravés sur les deux tables de la loi, à charge pour lui de les transmettre à tout Israël qui avait assisté à l’expérience que je définirais simplement maintenant avant d’y revenir : expérience du fait que lorsque Moïse parle, il dit bien ce que Dieu lui a dit de dire. C’est cela l’essentiel de ce qui s’est passé au Sinaï. Dieu s’est révélé à Moïse, le peuple assista à cette révélation de telle sorte que le peuple ait l’expérience que c’est bien Dieu qui se révèle à Moïse.

 

J’explique tout de suite pourquoi dans une petite parenthèse: parce que jusque-là on ne connaissait Moïse que comme chef politique. Et ensuite, tous les mots que je vais employer ont un sens simple et un sens plein. Ce ne sont pas des façons de parler parce que cela concerne des problèmes d’identité de l’histoire de notre peuple : une histoire confrontée dans le temps immédiat contemporain à ces problèmes-là. Avant la révélation du Sinaï, c’est la tribu de Lévi qui était déjà dans le secret de Moïse inspiré par Dieu qu’il y aurait une Torah. Mais jusque-là, la foi d’Israël en exil en Egypte et dans les événements de la sortie d’Egypte est définie par la formule connue dans la Torah elle-même : l’accomplissement des promesses aux patriarches que l’exil prendrait fin. C’était cela la foi d’Israël.

 

Par exemple au passage de la mer rouge, lors d’un événement qui confirme de façon plus qu’évidente, indélébile et irréversible que Moïse avait raison. Mais il y a eu comme nous dirions aujourd’hui c’est-à-dire de mettre fin à l’exil et de ramener le peuple d’Israël qui était en diaspora en Egypte au pays des Hébreux, le pays d’Abraham, d’Isaac et de Jacob et que les Chrétiens ont appelé la promesse, mais le terme qui est employé dans le Miqra ce n’est pas du tout une promesse mais un serment : « le pays que J’ai juré à vos pères...»

 

C’est dans le vocabulaire chrétien ou christianisant que l’on lit : « le pays que J’ai promis... »

C’est là un sens piège : « j’ai promis »... Il faut avoir foi dans une promesse mais une promesse c’est quelque chose qui n’est pas encore accomplie. J’en ai discuté avec mon ami André Chouraqui, grand exégète et grand poète, qui avait employé dans sa traduction « le pays des promissions ». C’est très beau en français. Mais par rapport à la Torah ce n’est pas un pays promis mais c’est un pays donné et juré et confirmé. Et quand on va se demander pourquoi il a fallu que Dieu confirme de façon aussi répétée à Israël que son pays c’est vraiment son pays, c’est donc qu’il y a un problème dans l’identité d’Israël. Il s’agit du pays des hébreux qui à l’époque était occupé par les envahisseurs qui s’appelaient les Cananéens et l’une des peuplades était les Philistins, nom qui en hébreu signifie « les conquérants », « les envahisseurs ». On voit comment les définitions s’inversent et deviennent des calomnies aujourd’hui pour le monde entier.

Mais malheureusement, pour beaucoup de juifs eux-mêmes et de leur rabbins, ce sont les juifs qui sont les conquérants et les envahisseurs sur le pays des Hébreux, alors que Pilishtim en hébreu veut dire les « conquérants », les « envahisseurs ». On a oublié cela. Même l’histoire, et j’en parlerai plus en détail.

 

Mais ce que je veux dire c’est que ce qui s’est passé au Sinaï le 6 Sivan, et on ne comprend pas le choc qu’a eu Israël dans sa relation à Moïse : jusque-là il était relié à un chef politique qui a mis fin à l’exil. Et puis voilà que ce chef politique se révèle – si on a le temps je vous citerais le verset dans Rashi lui-même – comme un Zaqen Malei ‘Hakhamim, un Dayan, un Rosh Yeshivah, c’est ce qu’enseigne la Torah. Imaginez le choc ! Et même Moïse qui était connu pas tellement de temps avant comme étant le juif le plus assimilé, le modèle, le paradigme du juif assimilé. Fils adoptif du Pharaon et héritier présomptif du Pharaon élevé dans le palais du Pharaon et dans les universités pharaoniques… et il est venu dire - 3000 avant Herzl qu’on a accusé lui-même d’être assimilé – de mettre fin à l’exil ! Et c’est ce Moïse-là enfin reconnu par 1/5ème des Hébreux à propos duquel au moment du passage de la mer rouge :

Exode - Shémot Beshala’h :

14.31

וַיַּאֲמִינוּ, בַּיהוָה, וּבְמֹשֶׁה, עַבְדּוֹ

Vayaamim bashem OuvMosheh Abdou

Et ils eurent foi en Dieu et en Moïse son serviteur  

Il ne s’agit pas encore du tout de Torah, il y a quelques mitsvot qui ont été données, et en particulier la mitsvah du Shabat. Je vous disais tout à l’heure à quel point toute la Torah c’était la manière d’être – le Derekh Erets - des patriarches que Moïse a transmis à Israël sous forme de Torah.

 

Devarim VéZot Haberakha

33.4

תּוֹרָה צִוָּה-לָנוּ, מֹשֶׁה:  מוֹרָשָׁה, קְהִלַּת יַעֲקֹב

Tora Tziva Lanou Moché, Moracha Qehilat Yaaqov

Une torah pour nous dicta Moïse; héritage de la communauté de Jacob.

 

C‘est un verset qu’il faudrait étudier mot par mot.

Et voilà donc que l’on arrive au Sinaï 50 jours après la sortie d’Egypte. Et là, le peuple va avoir un choc : il va recevoir un message, c’est le début du chapitre 19 de Shémot lorsque Moïse transmet la consigne à Israël sous la forme suivante :

Exode – Shémot,Yitro

 

19.4

אַתֶּם רְאִיתֶם, אֲשֶׁר עָשִׂיתִי לְמִצְרָיִם; וָאֶשָּׂא אֶתְכֶם עַל-כַּנְפֵי נְשָׁרִים, וָאָבִא אֶתְכֶם אֵלָי  

Vous avez vu ce que J’ai fait à l’Egypte

Vous, je vous ai portés sur les ailes des aigles, je vous ai rapprochés de moi.

 

Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Egypte, vous avez vu ce que j’ai fait pour vous. Non seulement mettre fin à l’exil mais Je vous ai amené vers Moi sur les ailes des aigles. Vous deviendrez les prêtres de cette foi-là que l’exil peut prendre fin. Puisque vous avez cette expérience, je vous investis comme témoins de cette expérience pour l’humanité entière. (Cf. 19:5-6). Un jour nous approfondirons un peu ce thème-là. Quel lien y a-t-il ? Et c’est dit plusieurs fois dans le texte du Pentateuque, et en particulier dans le début du Deutéronome lorsque Moïse reprend le récit des événements que je suis en train de vous citer brièvement. 

 

Vous avez eu l’expérience que la fin des exils est possible, vous allez devenir le peuple des prêtres de cette foi-là.

 

                             19.6

וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ

Véatem tihyou li mamlekhet kohanim végoy qadosh

Et vous serez pour moi royaume de prêtres et peuple saint.

 

Il y a eu pour le peuple un choc. On s’attendait à une fin d’exil, élevée à un sionisme « dé-sionisé » dans l’eau, et puis voilà que Moïse parle comme le Rav Kook !

 

La justification de la spécificité de notre histoire nationale c’est la Torah. La Torah d’une foi dont les Hébreux font l’expérience, et dont en tant que modèle de point de départ Abraham avait l’expérience.

 

Quand vous lirez les textes du Pentateuque vous serez frappés par le parallèle qu’il y a entre l’histoire d’Abraham sorti d’Our-Qasdim et l’histoire d’Israël sorti d’Egypte. Le style et la forme des versets sont les mêmes. Quand Dieu s’adressa à Abraham pour lui dire : « Je suis celui qui t’a fait sortir d’Our-Qasdim » ; et lorsqu’il s’adresse à Israël pour lui dire « Je suis celui qui t’ai fait sortir d’Egypte », c’est la même expérience. Elle a lieu avec Abraham, elle va être évoluée en destinée – je n’ai pas dis destin – en projet d’identité des nations qui va apparaître à partir de Jacob, après la sélection d’identité qui sépare Ishmaël d’un côté (et vous savez qu’Ishmaël est en rivalité pour la terre d’Abraham) et Esaü de l’autre (et vous savez qu’Esaü est en rivalité pour le ciel d’Abraham).

 

Et nous arrivons de notre temps après tant de péripéties de ce qui a été deux millénaires d’histoire à un règlement de compte. Mais, semble-t-il, tout le monde sait que seul Israël est Israël sauf les Juifs, enfin une grande partie d’eux, ceux au pouvoir en tout cas.  

 

Je reviens au sujet : il y a une analogie dans le fond et dans la forme entre l’expérience d’Abraham et l’expérience de la nation d’Israël issue de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham. C’est cela la preuve d’Israël. La preuve d’Israël ce n’est pas des problèmes de théologie philosophique. Et vous savez à quel point c’est traditionnel : à travers les contenus philosophiques nous ne nous adressons pas au premier moteur de l’univers - comme dirait Spinoza: la cause première - on s’adresse à celui qui nous a fait sortir d’Egypte. Et c’est la force de l’enseignement de Judah Halévi dans le Kouzari en particulier.

 

Et voilà que la foi d’Israël a été entendue par l’humanité entière, à travers toutes les rivalités que vous savez, à travers toutes les contestations que vous savez, tant du côté de la chrétienté que du côté de l’islam ou du côté de l’humanisme, c’est que la condition de créature qui est une condition d’exil est aussi l’exil du Créateur. Et toutes les créatures quel qu’elles soient, qu’elles en soient conscientes ou pas, ont en tête le salut de la fin de l’exil de la condition de créature. Et voilà que l’humanité en question qui est la conscience de l’univers, et toute créature est dans cette situation existentielle de se savoir exister dans l’exil de l’être, et voilà que l’humanité découvre un peuple dont l’histoire est faite par ce rythme Galout-Géoulah. Et on croit au salut d’Israël parce que le salut d’Israël c’est le témoignage qu’on peut sortir de la condition d’exil jusqu’au niveau de la sortie d’exil métaphysique de la condition de créature, rendez-vous au Gan HaEden. Et l’humanité finit par croire dans la foi d’Israël à un point tel que croit Israël. Et c’est la raison de l’histoire des Justes qui a été l’histoire d’une contestation d’identité à 3 niveaux : la Torah, le peuple, la terre.

 

Et voilà donc ce qu’il en est de Moïse pour Israël jusqu’au type qu’il va amener au 6 Sivan. Moïse se révèle comme étant le prophète qui donne la Loi. Et alors là, relisez attentivement le chapitre 19 de l’Exode : le peuple, c’était tout à son honneur, exige que s’il y a un « nouveau testament » que Dieu lui-même vienne le révéler.

 

Et Rashi cite un midrash très important pour expliquer le verset qui dit que Moïse a rapporté la réponse du peuple à Dieu [19.8], il lui a expliqué ce n’est pas qu’ils m’ont refusé mais ils veulent que Toi tu leur parles, ils ont dit : « nous voulons voir le Roi ! » 

 

Il y a un autre midrash qui compare la relation entre Dieu et Israël à une relation d’alliance conjugale, comme disait notre maître Monsieur Neher za’l, et Israël a dit « nous voulons voir le fiancé ! » Il les a marié par procuration, c’est un mariage légal, mais nous voulons voir le fiancé. Et c’est tout à l’honneur d’Israël que lorsque le guide spirituel pense changer le discours, on exige que ce soit authentifié par Dieu lui-même. On ne croit pas aveuglément. C’est vraiment à l’honneur d’Israël que de dire « nous voulons voir le Roi ! », « Nous voulons entendre directement ! »

 

D’où la réponse de Dieu à Moïse :

 

19.9

הִנֵּה אָנֹכִי בָּא אֵלֶיךָ בְּעַב הֶעָנָן

Puisqu’il en est ainsi alors je viens vers toi dans l’opaque de la nuée...

 

S’il n’y avait pas l’opaque de la nuée, il serait brulé. Il faut que Dieu le protège il n’est pas encore à la hauteur pour pouvoir être en présence de la lumière, et

                             19.9

בַּעֲבוּר יִשְׁמַע הָעָם בְּדַבְּרִי עִמָּךְ, וְגַם-בְּךָ יַאֲמִינוּ לְעוֹלָם

Afin que le peuple m’entende quand Je te parle

et qu’en toi aussi ils aient foi.

 

Vous avez compris la contradiction avec le premier verset : au passage de la mer rouge :

Exode - Shémot Beshala’h :

 

14.31

וַיַּאֲמִינוּ, בַּיהוָה, וּבְמֹשֶׁה, עַבְדּוֹ

Vayaamim bashem OuvMosheh Abdou

Et ils eurent foi en Dieu et en Moïse son serviteur 

 

Et là Dieu dit :

                      19.9

וְגַם-בְּךָ יַאֲמִינוּ לְעוֹלָם

Végam békha Yaaminou Léolam

et qu’en toi aussi ils aient foi

 

Indépendamment de tous les commentaires de ces dimensions d’études, l’analyse qu’on avait trouvée était très claire : ils avaient fini par avoir foi en Moïse comme chef politique. Mais il fallait aussi qu’ils aient foi en Moïse comme chef religieux. Le drame de notre peuple c’est qu’on fait comme si il y avait deux Moïse, on fait comme si l’un est ‘Hiloni et on fait comme si l’autre est ’Harédi ! Mais c’est ni l’un ni l’autre.

Vous savez le prix à payer de ces inconséquences de ces histoires des Juifs.

Les Juifs ont eu beaucoup de malheur. Et même s’ils ne sont pas eux-mêmes responsables de leurs malheurs, est-ce qu’il n’arrive pas à certaines occurrences, à certaines étapes de notre histoire, que les responsables de l’histoire d’Israël, de l’existence spirituelle de l’histoire d’Israël, soient eux et non pas Dieu les responsables du malheur des gens. J’y reviendrais plus en détail.

 

Et voilà donc que d’après le 2ème verset que je vous ai cité :

Je le répète pour que ce soit bien clair à cause de l’habitude que nous avons de comprendre l’événement à postériori. Les événements sont dans l’ordre la sortie d’Egypte, et juste après révélation du Sinaï. Mais c’est à postériori que ce qui s’est passé au Sinaï des 10 commandements s’est passé. A postériori de la nécessité d’habiliter Moïse comme prophète de la loi. Relisez attentivement le chapitre 19 de l’Exode. 

 

Primitivement, il s’agissait de transmettre un message à Israël. Vous avez une espérance d’histoire singulière mais elle est singulière au nom de l’universel humain : vous allez donc devenir les prêtres

de l’universel humain.

 

En premier, tel était le message :

 

                             19.6

וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ

Véatem tihyou li mamlekhet kohanim végoy qadosh

Et vous serez pour moi royaume de prêtres et peuple saint

 

Et voilà que le peuple a besoin de savoir comment on fait cela ! Ça c’est le niveau auquel on est tombé au Sinaï après la révélation. J’ai l’habitude d’expliquer cela dans d’autres cours, à propos d’un passage de la Hagadah de Pessa’h : Dayénou.

 

אִלּוּ קָרַבְנוּ לִפְנֵי הַר סִינִי

וְלֹא נָתַן לָנוּ אֶת הַתּוֹרָה

דַּיֵּנוּ

S’il nous avait approché devant le mont Sinaï

et qu’Il ne nous avait pas donner la Torah

Dayénou !

 

C’est un slogan d’Hashomer Hatsaïr !!!

Comment, nous, pouvons-nous chanter cela à Pessa’h ?

S’il nous avait approché devant le mont Sinaï et ne nous aurait pas donné la Torah Dayénou !

Alors qu’est-ce qu’on est allé faire au Sinaï ?

Qu’est-ce que c’est que ce Dayénou ?

 

Vous avez compris qu’il y a deux niveaux très différents : approcher du Sinaï cela veut dire nous investir Stam :

 

« מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ  

Mamlekhet Kohanim véGoï Qadosh

Peuple de prêtres et nation sainte ». [ Ex.19 :5-6]

 

Mais on n’a pas été capable de savoir comment on fait ça ! En Israël on dit : « Comment cela s’avale-t-il ? » « Comment cela se mange-t-il ? » Ce qui veut dire : Comment devient-on les prêtres de l’humanité ? Alors, on nous a donné le code. Cadeau ! En plus !

Cela veut dire qu’on aurait dû être capable comme les patriarches de savoir comment on est Israël. Il a fallu qu’on nous donne un mode d’emploi.

 

Au fond, vous savez, il y a énormément de Juifs dits religieux qui utilisent le mode d’emploi – le Shoulkhan Aroukh -  exactement comme un garçon de laboratoire ignorant qui essaie d’appliquer les ordonnances. Avec une telle méticulosité qu’on n’arrive pas à la distinguer de la maniaquerie. C’est un problème : comment Israël a-t-il besoin de garçons de laboratoire ? On a besoin qu’on nous explique comment être Israël ! Regardez à quel point nous sommes descendus si bas dans notre identité. Encore une fois, le verset que je vous ai cité est très clair :

 

Ex. 19.5-6

וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ

Véatem tihyou li mamlekhet kohanim végoy qadosh

Et vous serez pour moi royaume de prêtres et peuple saint.

אֵלֶּה, הַדְּבָרִים, אֲשֶׁר תְּדַבֵּר, אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל

Eleh hadébarin asher tédaber el Benei Israël. Néqoudah!

Voici les paroles que tu diras aux enfants d’Israël.

 

Et Israël a besoin qu’on lui explique le mode d’emploi…

C’est un verset suffisamment clair.

 

Je vais vous donner l’exemple que j’ai l’habitude de donner :

Imaginez un pompier auquel il faut demander un manuel pour lui expliquer que le feu brûle et que l’eau éteint le feu...  C’est que ce n’est pas un pompier !

Et si vous devez dire à Israël à Israël : voilà ton code de « peuple de prêtres » pour l’humanité entière pour la foi d’Israël. Je ne reviens pas sur la définition : premièrement, deuxièmement, troisièmement... 613èmement. C’est que ce n’est pas Israël !

 

C’est pourquoi à la Hagadah de Pessa’h on parle du redoublement des dons et des cadeaux qui nous ont été fait. D’ailleurs je continue le Dayénou puisqu’on en parle : vous avez des ‘Harédim qui lisent la suite :

 

אִלּוּ נָתַן לָנוּ אֶת הַתּוֹרָה

וְלֹא הִכְנִיסָנוּ לְאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל

דַּיֵּנוּ

Ilou Natan Lanou Et HaTorah

v'lo hikhnisanou l'eretz yisra'el

dayénou!

S’Il ne nous avait donné la Torah

Et ne nous avait pas amener en Erets Israël

Cela nous aurait suffit !

 

Vous voyez jusqu’au cela peut aller ! Il y a des gens sincères qui disent cela comme ça. C’est dit pour Dieu ! On est habitué à postériori à ce rythme des événements : Sortie d’Egypte – Sinaï – pour faire un petit stage, un camp d’essai de Torah avec comme Madrikh Mosheh Rabénou. Et cela nous a tellement plu qu’on est resté là-bas 40 ans. Mais ce n’est pas ce qui était prévu à priori. C’est à postériori que cela a été nécessaire. Alors il faut se remettre dans l’ordre du récit de la Torah. C’est une découverte que tous les pédagogues devraient faire : la Torah se lit dans l’ordre des récits. Ce n’est pas pour rien que la Torah a choisi cet ordre.

 

Osez ! Je suis sûr que j’entends vos questions non formulées. 

 

Q : « ein mouqdam oumou’har baTorah » ?

R : Et d’ailleurs c’est vrai : « ein mouqdam oumou’har baTorah ». Mais je vais vous citer un enseignement du Gaon de Vilna, sur un autre sujet apparemment mais qui va éclairer le nôtre:

Il y a dans le Zohar [Vol. 17 Nasso section 18 Tikoun 148] : la phrase suivante :

[Rabbi Elazar a ouvert et il a dit:]

Hakol Talouï BéMazal véAfilou Sefer Torah BéHeikhal

Tout dépend du Mazal (cela veut dire les signes et les lois du déterminisme donc du vieillissement) même le Sefer Torah à l’intérieur du sanctuaire.

Le Zohar, il faut avoir un maître pour le comprendre. Ce sont des phrases très simples et belles, mais sans maître qui nous explique ce qu’il y a dedans on ne comprend rien.

Et alors le Gaon de Vilna a expliqué cette phrase que je répète en hébreu :

Hakol Talouï BéMazal véAfilou Sefer Torah BéHeikhal

Et que signifie le Sefer Torah qui est dans le Heikhal ? Et s’il n’était pas dans le Heikhal serait-il  protégé ? Il l’a expliqué par un mot : Sefer ! Le livre est soumis au déterminisme mais pas la Torah ! C’est la différence entre Torah et Sefer Torah.

 

Quand on lit dans la Guémara : « ein mouqdam oumou’har baTorah », pas d'avant et d'après dans la Torah, on parle de la Torah et pas du Sefer Torah ! Dans le Sefer Torah il y a mouqdam oumou’har. Il y a la Massorète, c’est ainsi ce qu’elle a fait en mettant ces versets dans leur ordre. Selon la Guémara: un texte qui n’est pas lu dans l’ordre n’a plus de valeur. Vous voyez qu’il faut lire exactement ce qu’il y a d’écrit.

Et la vérité qui n’a pas d’ordre, c’est la vérité au niveau de l’éternité, c’est dans l’ordre du dévoilement de la vérité qu’il y a un ordre historique et logique. Dans l’ordre de la révélation de la Torah, il y a un ordre. Pas dans la Torah. Toutes les vérités sont édictées simultanément et éternellement simultanément. Et c’est la raison pour laquelle Rashi qui a un but à différentes profondeurs infinies commence par dire quelque chose d’énorme.

 

בראשית: אמר רבי יצחק לא היה צריך להתחיל [את] התורה

Lo hayah tsarikh lehat’hil [et] hatorah

אלא (שמות יב ב) מהחודש הזה לכם

Ela meha’hodesh hazeh lakhem...

ומה טעם פתח בבראשית

Oumah taam pata’h bébéreshit

 

La Torah ne devrait pas commencer au commencement ! Pour une fois qu’on a un livre qui commence au commencement, Rashi nous dit que ce n’est pas normal ! Parce qu’il n’y a pas de commencement et de fin dans la Torah. Raison pour laquelle comme vous le savez à Sim’hat Torah dès qu’on a fini les derniers versets on recommence les premiers versets tout de suite.

 

***

 

Il y a donc un ordre à priori. On est tellement familier avec ce qui s’est passé à postériori qu’on ne sait plus comprendre quel était le plan premier qui a dû être corrigé à cause des péripéties de l’exil, et qu’il était vrai qu’Israël n’était pas d’emblée à la hauteur du projet d’identité auquel il a été appelé. Alors que je comprends bien pour ceux qui entendent cela la première fois que c’est quelque chose de difficile à entendre : la révélation des 10 commandements au Sinaï était inattendue. Le verset dit :

 

Isaïe 2.3 :

כּי מציוֹן תּצא תוֹרה   

Ki MiTsion Tetsé Torah !

 

La Torah doit sortir de Sion et non pas du Sinaï. Seulement, il était nécessaire que Dieu se révèle à Israël pour habiliter Moïse. Alors, si déjà on a profité des 10 Divrei qui ne sont d’ailleurs pas n’importe lesquels mais qui récapitulent l’ensemble de la Torah dans les principes mêmes de la Torah (c’est un autre sujet), et si déjà... alors au moins que... on en profite !

Relisez bien donc ce chapitre 19 de telle sorte d’avoir connaissance de cela que l’événement du Sinaï, comme il y a eu lieu les dix commandements a été commandé par la nécessité d’habiliter Moïse comme prophète de la loi. Et que l’un c’est l’autre.

 

Je voudrais bien mettre en évidence l’image de la fracture entre ces deux profils des maîtres d’Israël : le chef de guerre et le Rosh Yéshivah. C’est devenu presque contradictoire. Alors que c’est  l’enseignement du chapitre 19 que l’un c’est l’autre. Et le début du chapitre 20 dans ces premiers mots des dix commandements :

 

אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, אֲשֶׁר הוֹצֵאתִיךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם מִבֵּית עֲבָדִים

Anokhi Hashem Eloheikha Asher...

 

On traduit habituellement comme s’il y avait écrit Ani Hashem Eloheikha Asher... Je suis ...

Mais ce qui est écrit c’est Anokhi : C’est moi qui, c’est bien moi... Et voilà l’intention : c’est bien moi qui vous ai fait sortir d’Egypte qui vous donne cette Torah : l’un c’est l’autre !  

 

Sur la mer, ils l’ont vu comme un chef de guerre, et au Sinaï ils le voient comme un Rosh Yeshivah... Par là on apprend qu’un Rosh Yeshivah doit être Zaqen Malé Ra’hamim un vieillard plein de miséricorde. Aujourd’hui, nous avons à la tête des Yeshivot des jeunes gens !

 

Pour revenir au sujet : tout cela pour habiliter Moïse comme prophète de la loi, et c’est à ce propos qu’ont été révélées et données les deux tables de la loi.

 

Je vous donne une première analyse d’ordre historique appuyée sur la structure du calendrier.

Et ensuite nous essaierons de réfléchir à la signification profonde, d’après un enseignement de la Kabalah, des premières et deuxièmes tables.

Et ensuite en fin d’étude, nous aborderons la signification des deuxièmes tables : quelles sont les différences entre les premières et les deuxièmes tables ? Il y a énormément de différences, énormément de sujets et de dimensions du problème .../...  par rapport à la relation entre l’homme comme conscience libre et morale qui unit les devoirs et la loi.

 

Schéma historique :

Voici ce qu’il s’est passé historiquement : le 6 Sivan, 50 jours après la sortie d’Egypte, il y l’événement de la révélation du Sinaï, et Moïse reçoit les deux tables. Et avec les deux tables va commencer cette génération. Avec ce don des deux tables va commencer une période de 40 jours où Moïse sur la montagne reçoit l’ensemble de la Torah et l’étudie avec Dieu comme maître. C’est pourquoi d’ailleurs lorsque dans la première Mishnah du Pirqey Avot on lit « Mosheh Qibel Torah MiSinaï » et non pas Mosheh Rabénou parce que là-bas, il n’était pas le maitre mais l’élève. Il y a un autre enseignement du Talmud qui précise les différents niveaux de dignité rabbinique : le plus haut niveau c’est Shmo. Rav, Ribbi et Rabbi, Raban et Gadol meraban shmo : plus haut que Raban : Shmo, son nom.

 

Au 6 Sivan, la révélation des premières tables. Commence cette période de 40 jours où Moïse est sur la montagne et il avait donné rendez-vous au peuple : N’ayez pas peur. Je vais redescendre... Et il a tardé. On va se demander comment ?

 

וַיַּרְא הָעָם, כִּי-בֹשֵׁשׁ מֹשֶׁה לָרֶדֶת מִן-הָהָר

Le peuple, voyant que Moïse tardait à descendre de la montagne

 

Mosheh c’est la Beshesh. Un retard de 6 heures 

 

.../...
lire la suite ici 

 

*****

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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 11:53

Hoshana Raba. Redoublement des noms de fêtes IV

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/hoshana_raba_redoublement_des_noms_de_fetes/cours_2

Durée : 49,6 minutes
Face B

 

Le temps de A’hashvérosh c’est le temps où la révélation va s’arrêter et où le judaïsme va commencer.

 .../...

(Quelques minutes inaudibles)

 

Il y a un midrash sur les signes que Dieu donne à Moïse pour l’habiliter.

Dieu lui dit « Va délivrer Israël !» et Moïse dit : « ils ne vont pas avoir foi en moi !»

Alors le midrash dit : Dieu lui répondit : « Comment ? Eux sont croyants, fils de croyants, et toi tu dis qu’ils ne vont pas croire ? »

Alors Il lui donne comme signe afin d’habiliter sa mission de rentrer sa main sur sa poitrine et elle devient blanche de lèpre, de la remettre sans sa poitrine et elle est ressortie guérie.

Ce signe c’est le signe de transformer le pur en impur, l’impur en pur. La transformation des contraires c’est un des signes profonds de l’identité messianique.

 

Les commentateurs du midrash ont posé la question suivante : Si Moïse avait besoin de ce signe pour habiliter sa mission, celui qui est capable de rendre impur ce qui est pur et pur ce qui est impur, c’est lui le Mashia’h ! Vous devinez tout ce que cela implique.

Les commentateurs objectent : pourquoi ce signe se transmet-il par l’atteinte de son intégrité corporelle ? Vous pouvez étudier les réponses, l’une d’elles : parce que la lèpre est la punition de la calomnie. Il a calomnié les Hébreux en disant : « Ils ne vont pas me croire !»

[D’ailleurs, il y a une question dans la question : il aurait dû dire : « Ils ne vont pas croire en toi ! » Il a dit : « Ils ne vont pas croire en moi ! ». C’est encore un autre problème.]

Quelle calomnie ? Celle que rapporte le midrash : « Ils sont croyants, fils de croyants, et toi tu dis qu’ils ne vont pas croire... ».

 

Alors qu’en fait on s’aperçoit que Moïse avait raison ! Ils ne l’ont pas cru !

L’oppression de l’Egypte était tellement lourde qu’ils n’avaient pas la capacité de le croire quand Moïse est venu leur dire : « l’heure de la délivrance est arrivée ! ».

Donc il avait raison dans ce qu’il a dit ? Alors, en fait, Dieu a expliqué à Moïse où était la faute de calomnie : ce n’est pas parce qu’ils n’avaient pas la foi, ils croyaient comme il fallait croire au temps de leurs pères. Ils étaient  maaminim bnei maaminim croyants fils de croyants. Alors qu’il fallait être maaminim. Au temps de leur père, la foi, l’espérance c’est la foi du juif de l’exil. Et alors qu’ils sont au temps des fils, ils continuent à croire comme au temps des pères !!! Les pères croyaient que l’exil prendrait fin. Mais quand l’exil a pris fin, croire que l’exil prendra fin c’est une erreur de la foi. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de foi, mais c’est une erreur de la foi. La pire des infidélités c’est une erreur de fidélité. Ils sont restés fidèles à une étape déjà réalisée du projet, alors qu’il fallait être fidèle au projet ultime. Alors ils croyaient au temps des fils comme il fallait croire au temps des pères. Et c’est cela que Dieu explique par ce Midrash. Leur faute n’est pas de manquer de foi mais de se tromper de foi.

 

Les contemporains de Moïse étaient en retard d’une époque concernant ce que Moïse leur révélait.

Et bien je crois que c’est exactement ce que la société juive contemporaine est en train de vivre, et continue à croire au temps des pères alors qu’on est déjà au temps des fils.

 

A quoi croyaient les pères ? Un jour il y aura un état juif !

Continuer à croire cela alors que l’état juif est déjà là c’est cela le problème auquel se confronte Moïse. On ne peut pas demander des signes alors que l’événement est là !

 

Q : inaudible –

R : il y a avait un cran à réaliser, j’ai parlé du temps hébreu et c’est le temps de la révélation. Bon, la question est : est-ce que nous sommes à un temps de recommencer la révélation ? C’est cela la question. Il y a des conditions pour cela... De la même manière que c’est le même problème pour la Shemitah : C’est quand la majorité du peuple est sur la terre d’Israël que la Shemitah est DeOraïtah. Mais si ce n’est pas toute la majorité d’Israël qui est en Erets Israël, elle est DeRabbanam. Je réponds ainsi par analogie.

Je suis persuadé pour ma part qu’il y a quelque chose de cet ordre qui a recommencé. C’est la langue hébraïque. Il ne faut pas oublier que la révélation était en hébreu. Il y a maintenant la restauration du véhicule de la révélation. Vous êtes déjà d’une génération pour qui c’est une expérience quotidienne de vivre sa vie juive et de penser et parler de son judaïsme en hébreu. Mais rendez vous compte que pour la génération passée c’était impensable ! L’hébreu n’était pas accessible à notre génération, et subitement il a été restauré !

Quand j’ouvre la radio et que j’entends les chansonniers chanter en hébreu c’est quelque chose qui ne s’est pas produit depuis 2000 ans ! Prenez bien attention à cela. Il y a eu un temps où il y a eu des érudits qui comprenaient l’hébreu et se communiquaient entre eux dans des communautés d’élites... Mais aujourd’hui, les Juifs communiquent en hébreu. Et le judaïsme est exprimé en hébreu. Et les Goyim s’abreuvent au judaïsme dans sa source hébraïque. C’est quelque chose de cet ordre. Je crois qu’il faut mettre cela en évidence.

La prodigalité du miracle fait qu’on banalise l’événement. C’est devenu tellement « cadeau », « donné », que cela a été banalisé.

Je suis du temps où j’ai vu les premiers avions, les premiers téléphones... Avant ce temps c’était impensable... Alors subitement nous sommes privilégiés, l’hébreu nous a été restauré. Quand les prophètes ont prophétisé c’est parce qu’ils étaient hébreux.

Le Midrash Raba sur l’expression « Abraham Ha-Ivri » : que signifie cette expression ? Nous savons qu’il était hébreu descendant de Ever ? Le Midrash explique c’est parce qu’il parlait hébreu. Tous les descendants de Ever ne parlaient plus hébreu. Lui parlait hébreu. Alors il a pu être prophète. Vous allez me dire que je vous fais un plaidoyer sioniste.  Mais c’est pire que ça !

.../...

 

Q : (inaudible)

R : Je crois que j’ai compris la question. Lorsqu’on étudie le livre d’Esther on s’aperçoit effectivement qu’il y a là une césure : le risque dans le fait de dénaturer complètement la Torah des Hébreux en une Torah d’exil qui serait une Torah d’exil sans tenir compte des éléments de lien avec Erets Israël. Mais la tradition ne s’y est pas trompée : il y a ouvert une parenthèse mais cette fidélité de parenthèse bien que de parenthèse est une fidélité. Je crois que je l’ai dit tout à l’heure de différente manière que l’adhésion au judaïsme a son mérite propre indépendamment de la fidélité à l’hébraïsme. Mais d’une certaine manière c’est très différent d’être juif ou d’être hébreu, il faut être juif pour être hébreu. Je ne sais pas comment dire cela. Et c’est ce qui c’est produit au temps d’Assuérus. Enormément d’hébreux ont démissionné à la fin du temps hébraïque. Ils se sont perdus chez les Goyim. En particulier l’allusion aux dix tribus perdues. Et bien, ces hébreux qui n’ont pas complètement démissionné sont restés fidèles à l’hébraïsme en tant que juif. C’est cette fidélité-là alors que c’était plein de danger, et effectivement il y a toute une idéologie de « faux juif » qui consiste à privilégier l’exil et à parler de rédemption de la terre d’Israël comme si ce serait une Torah sans Erets Israël. Ce que vient de dire David sur la différence entre ‘Hanoukah et Pourim. ‘Hanoukah c’est un miracle que nous vivons en Erets Israël et on dit le Hallel. Pourim c’est un miracle qui a eu lieu en dehors d’Israël et on ne dit pas le Hallel.

 

***

 

Nous étions sur un thème précis que nous avons traduit.

Je reprends à la 2ème colonne.

 

Pourquoi la Torah a-t’elle été imposée ? Parce que toute chose qui est obligatoire, nécessaire, imposée, n’est pas dans le cas d’être annulée puisqu’elle est nécessaire. Et cela est annoncé dans le midrash dans le cas du mariage où la femme est prise par force et où le mari ne peut pas la divorcer.

 

Cela veut dire que nous avons ce privilège du Sinaï que Dieu a jugé que la bonne foi d’Israël était à un tel niveau qu’Il s’interdisait de reprendre Son alliance avec Israël quelque soit les aléas de l’histoire postérieure. Il faut donner toute une épaisseur existentielle à cette indication du midrash.

 

Israël passe son temps à faire comme s’il fallait justifier cette calomnie qu’il est un peuple rebelle. Dès que quelque chose est évident du point de vue de la Torah, on décide du contraire. Et parfois ce sont les grands rabbins qui sont à la tête. C’est quelque chose de spectaculaire. A tel point que cela pose problème. Je crois qu’on devrait étudier ce problème. Laissons de côté la mauvaise foi des antisionistes prêtant à Israël une cause rebelle, mais il y a un problème objectif. Tout se passe comme si on passe notre temps à jouer à cela. Dieu s’adressant à Israël par le prophète dit : Y-a-t’il seulement un peuple qui se conduit avec ses dieux comme vous vous conduisez avec Moi ? Ce n’est même pas la peine de l’illustrer il n’y a qu’à lire le journal. N’importe lequel. En Israël, mêmes les grands d’Israël passent leur temps à faire le contraire de ce qu’ils devraient faire. Je ne veux pas vous donner d’exemple pour éviter de rentrer dans la politique israélienne. C’est dramatique.

 

Il a tout de même toute une élite avant-garde qui montre le chemin, mais c’est plein de difficultés épouvantables et nous vivons maintenant les problèmes qui ont été les problèmes de toutes les générations depuis l’origine.

Il y a aussi une dimension d’humour assez colossale.

Je vais vous résumer l’histoire d’Abraham :

C’est l’histoire d’une perplexité systématique à tout ce que Dieu lui promet. Alors imaginez l’incohérence du récit. Dans le récit, il faut prendre cela au sérieux c’est Dieu qui parle à Abraham. Dès que Dieu promet des choses à Abraham, Abraham lui répond : « tu es sûr ? ». Et nous sommes les descendants d’Abraham !

 

Cela nous le vivons vraiment à l’échelle quotidienne à travers toutes les péripéties de l’histoire. Mais parfois, je suis pris de respect devant le laxisme des Goyim. Ils ont matière à être dix fois anti-juifs qu’ils le sont, et finalement ils sont gentils, comme on dit dans la théologie chrétienne. Je me suis inventer une manière de m’expliquer cela : un jour Dieu a décidé de sauver l’humanité. Il s’est demandé par qui commencer ? Alors il a eu une idée de génie : je vais prendre le peuple le plus difficile, si cela marche avec lui je ferais passer les autres...

Tout se passe comme si c’est comme ça.

 

D’ailleurs je vous dirais que ce n’est pas une stratégie pédagogique, une partie de vos question, et pas seulement ce soir, en général procède de cette perplexité. C’est-à-dire de s’ingénier à se démonter le contraire de ce à quoi on croit soi-même.

 

Je continue le texte en hébreu :

                     

Puisqu’il en est ainsi que Dieu a imposé la Torah par contrainte au Sinaï, Israël est violé/violenté par HaQadosh Baroukh Hou. Ce n’est pas le cas pour celui qui demande à se séparer [à divorcer d’une femme] après le mariage, le divorce est envisageable.

 

En principe la Torah n’aime pas le divorce. Il y a des textes très profonds dans la Guémara concernant les difficultés du divorce. Mais la Torah est une Torah de vérité, et par conséquent, elle s’exprime et donne la loi pour le monde tel qu’il est. Elle envisage donc la clause de la possibilité de divorcer. Mais en fait, comme le dit la théologie catholique, un mariage authentique se pense en dehors de l’éventualité du divorce. Le mariage est par définition irréversible. Si, à Dieu ne plaise, il faut divorcer, alors la Torah prévoit que le divorce soit possible, mais n’aime pas cela. Je ne sais pas qui disait : « un mariage fait deux heureux, mais un divorce peut faire quatre heureux ! »

Dans l’ordre des traités du Talmud, on étudie Massekhet Guitin avant Massekhet Kidoushin. 

Dans les Yeshivot, on a l’habitude de dire que makdim refouah lamakah : le remède précède le mal.

Mais en réalité, il y a une raison beaucoup plus importante, c’est qu’on étudie d’abord les cas de divorce si, à Dieu ne plaise, il y a divorce, et ensuite on étudie les cas de mariage après lesquels il n’y a pas de divorce. Alors d’abord on étudie Guitin, et après on étudie Kidoushin.

Voilà donc la notion qu’il y a là.

 

Je termine l’analyse :

Lorsqu’on prend acte de la manière dont la Torah a raconté l’histoire de cette alliance entre Dieu et Israël, et c’est à travers les différents niveaux de l’histoire des patriarches, alors on s’aperçoit qu’il en est ainsi. Exemple de l’alliance avec Abraham : c’est Dieu qui a choisi Abraham. Regardez bien le texte. C’est évident le fait que Abraham a choisi Dieu. C’est Dieu qui a choisi Abraham. Mais c’est le midrash qui nous dit que c’est Abraham que Dieu a choisi. Mais le récit de la Torah commence quand Dieu choisi Abraham : il n’y a pas de caprice de motivation. C’est absolu et irréversible. C’est le problème des fiancés : un jour fiancé, un jour pas fiancé… mais le mariage c’est le mariage.

 

Et voilà comment le Maharal nous dit ce qui se passe à Shavouot :

A Shavouot, la Torah a été donnée par contrainte, et la Torah donnée à Shavouot est à priori de la faute. Alors qu’à Sim’hat Torah, la Torah est acceptée dans la joie et elle est acceptée après l’expérience que compte tenue de l’éventualité de la faute, il y a la certitude du pardon – la téshouvah est possible.

 

C’est à travers la structure du calendrier que s’éclaire tout ce décalage entre Shavouot et Soukot. Mais ensuite,  il y a une analogie. De la même manière que Shavouot est en quoi que ce soit le 8ème jour de Pessa’h, Shémini Atseret est le 8ème jour de Soukot, c’est Sim’hat Torah.

Sim’hat Torah est le 8ème jour de Soukot comme Shavouot est le 8ème jour décalé de 7 semaines de Pessa’h. Vous avez suffisamment d’éléments pour comprendre ce parallèle.

 

Juste encore une indication à ce sujet, Yom Kipour est la fête de la Torah, parce que c’est à Yom Kipour que la Torah a été de nouveau donnée, les deuxièmes tables ont été données le 10 Tishri.

 

Mais je voulais mettre en évidence cela :

Alors que dans toutes les fêtes la Torah prévoit  « ושׂמחתּ בּחגך vésamakhta  bé’hagékha - tu te réjouiras dans tes fêtes », à Soukot il y a quelque chose de plus : « vesamakhta b'khagekha veha'yita akh same'akh - tu te réjouiras dans ta fête et tu seras seulement joyeux » c’est que le lien à la Torah est dans la joie parce que la Torah est acceptée au niveau de l’existence pour ce monde : peccables, dans l’éventualité de la faute, mais la téshouvah existe.

 

***

 

Q : inaudible

R : rappelez-vous j’ai fait allusion au verset : Dieu a félicité Moïse d’avoir brisé les premières tables. Je vous rappelle le texte en hébreu [Shémot 34.1] :

 

34.1

וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה, פְּסָל-לְךָ שְׁנֵי-לֻחֹת אֲבָנִים כָּרִאשֹׁנִים; וְכָתַבְתִּי, עַל-הַלֻּחֹת, אֶת-הַדְּבָרִים, אֲשֶׁר הָיוּ עַל-הַלֻּחֹת הָרִאשֹׁנִים אֲשֶׁר שִׁבַּרְתָּ

Vayomer HASHEM el-Moshe psol-lecha shnei-luchot avanim karishonim vechatavti al-haluchot et-hadevarim asher hayu al-haluchot harishonim asher shibarta

 

al-haluchot harishonim asher shibarta – Le midrash dit: Yasher Ko’hekha Sheshibarta que tu as bien fait de briser

 

Vous avez donc les données de la question en tête.

Lorsque le peuple est en train de faire la faute du veau d’or, on est confronté à une situation difficile. La loi vient d’être promulguée et voici que pendant ce temps la faute qu’interdit la loi est en train d’être faite. Alors de deux choses l’une : ou bien le peuple est détruit ou bien les tables seront détruites. Pour sauver le peuple Moïse supprime la loi. Voilà ce qui se passe. Dans le courant du récit, on est tenté de croire, mais ce n’est pas ce que dit le pshat, que de colère Moïse a pris les tables et les a brisées. Or, Moïse qui porte la loi au peuple, vue la signification de l’événement ne va pas se laisser aller à une colère pour briser les tables de la loi. Il ne s’agit pas de cela. C’est que Moïse intentionnellement brise les tables de la loi pour que le peuple soit sauvé, parce que le peuple est en faute que par rapport à cette loi. Si cette loi n’était pas donnée le peuple n’est pas en faute.

 

Et ce qu’il nous faut comprendre c’est pourquoi Dieu félicite Moïse d’avoir fait cela. C’est-à-dire que c’est le désir de Dieu de mettre la loi entre parenthèse pour que le peuple soit sauvé. On peut l’expliquer de la manière suivante, il y en a d’autres. C’est dire que le peuple n’est pas encore au niveau de cette loi-là.

 

Pour le comprendre, un midrash le dit en clair :

Moïse plaide et dit :

« Quand Tu t’es adressé à Israël tu as utilisé le singulier !

  לֹא-יִהְיֶה לְךָ אֱלֹהִים אֲחֵרִים, עַל-פָּנָי

Tu n'auras point d’autres dieux devant ma face.

C’est à moi, Moïse, que Tu parlais. Ils ne sont pas dans le coup ! C’est une loi qui ne concerne que moi !

Cela veut dire qu’en ce temps-là Moïse était au niveau de cette Torah. Les autres pas encore.

Il s’est échelonné sur la montagne. Chacun a entendu cette même voix au niveau où il se trouvait. Cela veut dire que c’est eux qui sont concernés par cette loi. Mais au stade du moment de cette histoire où ils ne sont pas encore suffisamment à ce niveau, mais cela ne veut pas dire qu’un jour ils ne le seront pas. Par conséquent, c’est la loi qui est anticipée, ce n’est pas le peuple qui est en faute. 

Je crois que d’abord il faut bien comprendre ce principe. D’un point de vue plus que juste, d’un point de vue moral, il n’y a faute que par rapport à une norme. Et par conséquent, si ce n’est pas encore le temps de légitimité de cette norme, alors il n’y a pas encore faute.

 

Je vais vous donner un exemple :

D’après la Kabalah, avant que Moïse…

 .../...

Le tsadik de la génération c’était Tera’h. Et Tera’h d’après cet enseignement de la Kabalah c’est Job à une différente réincarnation. Et une des incarnations de Job c’était Tera’h. Il a commencé à souffrir quand Abraham est apparu. Cela veut dire que Job est le juste du temps précédent. Il est incapable de s’adapter aux nouvelles normes et aux nouvelles valeurs du temps qui vient, alors il commence à souffrir quand le juste du temps suivant est apparu. C’est-à-dire que tant qu’Abraham n’est pas là, c’est Tera’h qui est le tsadik. D’une certaine manière c’est à cause des vertueux que les non-vertueux sont punis. Ces pourquoi les gens non-vertueux n’aiment pas les gens vertueux.

 

La question est la suivante : l’initiative qu’a pris Moïse c’était : si la loi est mise sous le boisseau, il n’y a pas de faute ! Cela veut dire : c’est une manière préhistorique de reconnaitre Dieu, mais au temps de cette préhistoire c’était la manière légitime. C’est parce que la Torah est là que cela devient préhistoire. Alors Moïse a pris cette initiative, et Dieu l’en a félicité. La Torah c’est la vérité, Dieu ne peut pas porter atteinte à la vérité, mais Il souhaite que Moïse le fasse. Et quand Moïse le fait, Il le félicite, mais Lui ne le fera pas. Dieu ne va pas briser les tables de la loi parce que la loi c’est la vérité. Et c’est la grandeur de Moïse de pouvoir le faire.

 

Q: inaudible

R: C’était le temps où la loi venait d’être donnée. C’est-à-dire qu’au temps immédiatement précédent elle n’était pas donnée. Par rapport au temps précédent cette conduite des Hébreux n’était pas une faute. L’initiative de Moïse a été de remettre la génération du peuple dans les conditions du  temps immédiatement précédent où reconnaitre Dieu à travers les signes du zodiaque n’était pas une faute. C’était la religiosité du temps. C’est par rapport à la Torah que c’est une faute.

 

Q: inaudible

R: Il faut comprendre que ce n’est pas tout le peuple qui a fauté. Il y a une intercession de Moïse. Je vais d’abord parler de cette intercession, et on arrivera  à ta question.

Dans la Parashah de Ki-Tissa il y a deux prières de Moïse. La première concerne Israël alors que le Erev Rav avait fait la faute. Voilà le raisonnement de Moïse : si le Erev Rav est détruit, Israël est obligé de retourner en exil parce qu’une des raisons de la sortie de l’exil est d’emmener le Erev rav avec soi. Une des raisons de l’exil est d’aller retrouver les étincelles de sainteté qui sont enfouies dans l’impureté chez les nations. C’est le Erev Rav qui représente ces étincelles de sainteté encore enrobées de l’impureté des nations que le peuple Israël a pris avec lui à la sortie d’Egypte. Alors si le  Erev Rav est détruit, un des objectifs de l’exil disparait et il faut retourner en exil.

Donc pour sauver Israël, il fallait revenir avec le Erev Rav. C’est la raison pour laquelle la 1ère prière de Moïse concerne Israël, alors que la faute était faite par le Erev Rav ! Lorsque Dieu accepte de pardonner au Erev Rav pour sauver Israël alors Moïse va prier pour le Erev Rav. Maintenant que le Erev Rav est considéré comme Israël, alors la faute est une faute et donc il faut prier. 

 

Q: inaudible

R: où est la responsabilité des israéliens par rapport aux juifs ? Je crois que la faute c’est la complaisance des premiers envers les seconds. Il faut un réaménagement dans le vocabulaire entre juifs et israéliens. Les rabbins israéliens qui s’occupent des communautés juives de diaspora ne sont pas entendus pour ce qui concerne tout ce qui pourrait être perçu comme du sionisme.

 

 

 

.../...
lire la suite ici

 


*****

 

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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 11:50

Hoshana raba. Redoublement des noms de fêtes III

 

Hoshana raba. Redoublement des noms de fêtes

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/hoshana_raba_redoublement_des_noms_de_fetes/cours_2

Durée : 44,9 minutes
Face A

 

.../...

Alors s’ils ont accepté, on va conforter et renforcer cette acceptation par cette contrainte. Pourquoi y a t’il eu contrainte ? C’est pour aider, renforcer, l’acceptation qu’ils avaient donné. Le Maharal choisi une toute autre manière d’expliquer :

 

 

 

L’argument est clair, le Maharal va discuter, mais l’argument est clair. Prenez plus loin, voilà la thèse du Maharal qui donne une toute autre raison :

 

C’est pour qu’Israël ne dise pas c’est parce que nous avons bien voulu que nous l’avons accepté.

L’enjeu de la Torah est telle que cela ne peut être confié aux aléas des motivations de la volonté-velléité ou la velléité-volonté de la créature. La Torah c’est le statut du monde. On ne peut pas confier un enjeu d’une telle importance aux caprices de la volonté. Un jour je veux, un jour je ne veux pas...  Alors pour éviter cette prétention d’Israël de dire : « c’est parce que nous l’avons bien voulu que nous avons accepté la Torah », Dieu va la leur imposer. Vous voyez que c’est un tout autre système d’explication.

 

Et si nous n’avions pas voulu nous n’aurions pas reçu la Torah ? Ceci n’est pas à la hauteur de la valeur de l’enjeu que représente la Torah, car de la Torah le monde entier dépend. Si la Torah n’était (n’avait pas été acceptée) le monde entier serait retourné au chaos. Et c’est pourquoi il n’est pas approprié que l’acceptation de la Torah dépende de la liberté du choix d’Israël. Mais il fallait que Dieu les oblige, les contraigne de recevoir la Torah car il est impossible autrement de telle sorte que le monde ne retourne pas au chaos.

C’est là un enseignement de Reish Laqish qui se trouve dans la même page de la Guémara autour de l’expression « וַיְהִי-עֶרֶב וַיְהִי-בֹקֶר, יוֹם הַשִּׁשִּׁי Vayhi Erev Vayhi Boqer Yom HaShishi ». Pour tous les autres jours dans le Maasei Bereshit l’expression n’utilise pas l’article défini Hé comme pour Yom HaShishi : « Et ce fut soir et ce fut matin LE 6ème jour ».

 

Reish Laqish dit : c’est une allusion au jour du 6ème jour du 6 Sivan. Cela veut dire que Dieu a fait un contrat avec le monde au Maassei Béréshit à l’heure du commencement de la création des cieux et de la terre : « Si Israël accepte la Torah au Sinaï c’est bien, sinon Je vous renvoie au chaos ! »

 

Nous avons ici un exemple de ce qu’est un midrash à partir de ce midrash. Le monde a été fait en vue d’une finalité, le monde a été fait comme demeure de la créature qui accepterait de se conduire d’après la vérité du monde, la vérité morale, la Torah. Et par conséquent, l’existence et la cohérence de l’histoire dépend du fait que, dans l’histoire, la créature accepterait un jour la Torah. Et s’il s’avère qu’aucune créature n’est prête à accepter la Torah, alors le monde  n’a plus de base, n’a plus de fondement et rentre au chaos.

 

Première remarque : remarquez que le texte ne dis pas : « Je rentre le monde au néant », mais au chaos. Mais toute l’œuvre de l’organisation du monde dépend de la Torah. Et non pas l’existence du monde. Un peu ce qui est arrivé à l’époque du déluge. La Torah dit : l’humanité a été « effacée » et non pas « détruite ». La forme qu’avait la nature humaine de cette expérience de cette civilisation-là est « effacée » parce qu’elle a échoué, mais la nature humaine elle-même n’est pas détruite. De la même manière, la forme des lois qui gouvernent le monde seraient rentrée au chaos mais le monde ne serait pas lui-même détruit. C’est un autre niveau. Pas dépendant du fait que la créature accepte ou pas la Torah. C’est une toute autre éventualité que le monde disparaisse.

 

J’en profite pour relier cela à la notion de la fin des temps. Ce n’est pas du tout dans la mentalité juive que la fin des temps cela veut dire la fin du monde. Cela c’est dans la mentalité chrétienne. La fin des temps cela veut dire la fin d’une certaine période de l’histoire du monde. La fin d’un « éon » comme disent les philosophes.

 

Une anecdote : invité par le C.J.F. juste après la guerre à faire une conférence dans le pays basque devant un couvent de moines basques, tous en soutane et béret basque. Leur question principale était : « les Juifs reviennent à Jérusalem, est-ce la fin du monde ? » Ils voulaient faire allusion à la fin des temps. Cela m’a fait comprendre pourquoi tant de Goyim s’opposent à ce que les Juifs reviennent à Jérusalem. Ils craignent plus ou moins inconsciemment la fin du monde. En fait du point de vue de l’hébreu אחרית הימים A’harit HaYamim c’est la fin de l’exil et non pas la fin du monde. C’est la fin d’un temps du monde. Je referme la parenthèse.

 

J’ouvre ici une analyse de la manière suivante pour vous aider à lire plus rapidement le texte du Maharal. On a bien compris au fond tous les éléments du problème. Les deux choses sont vraies : Israël a accepté et Dieu a imposé. Lorsqu’on entend cet enseignement selon lequel la Torah a été donnée par contrainte, on risque d’oublier que d’autre part c’est parce qu’Israël a accepté. Et lorsqu’on met l’accent sur le fait qu’Israël avait accepté de sa propre bonne volonté - comme dira Kant – on oublie qu’il est vrai d’autre part aussi que c’est sous la contrainte que la Torah a été donnée. Et la contrainte est la contrainte de la révélation elle-même.

 

Je crois que la solution est dans la formule suivante. C’est bien par contrainte que la Torah a été donnée mais elle n’a été donnée par contrainte qu’à ceux qui étaient prêts à l’accepter librement. Et le Maharal va se servir d’une image très forte. C’est l’image du mariage. On ne marie que des fiancés. Mais les fiancés on les marie. A partir du moment où c’est volontairement qu’on accepte l’alliance, l’alliance est imposée. Pourquoi ? Pour qu’elle soit irréversible ! A cause précisément des caprices de la motivation de la volonté. Lorsqu’il y a eu expérience suffisante qu’il y avait bonne volonté, alors c’est imposé ! Et nous verrons comment le Maharal va l’expliquer. Cela fait voler en éclat toute l’analyse de la philosophie générale concernant le problème du devoir, concernant le problème de la bonne volonté.

 

Je vais employer deux termes philosophiques que je vais expliquer en me basant surtout sur Kant parce que c’est son vocabulaire qui a été choisi par les historiens de la philosophie : en philosophie générale on se demande où est la dignité morale : dans une morale de l’autonomie ou dans une morale de l’hétéronomie ?

 

Hétéronome cela veut dire que la loi est imposée de l’extérieur de la conscience. Hétéro-nomos : la loi est donnée de l’extérieur. Autonome, cela veut dire que la loi procède de la conscience même. Vous voyez qu’il y a une sorte de postulat dans la culture occidentale que la dignité morale c’est dans l’autonomie. Je veux la loi.

 

La loi imposée de l’extérieur ce n’est pas joli pour la conscience morale occidentale. Elle refuse la discipline qui vient de l’extérieur mais accepte la bonne volonté qui vient du domaine de la conscience.

 

Les historiens de la philosophie en général se basent là sur Kant et ont commencé à dire qu’il y a une évolution. C’est une mentalité très chrétienne de la critique chrétienne du judaïsme. Il y a d’abord le stade de l’hétéronomie : à l’enfant en bas âge est donnée la loi de discipline, et ensuite à la maturité il accède à l’autonomie morale. Cf. les expressions « ancien testament - nouveau testament » avec toute la manière habituelle des théologiens d’exploiter ce thème. D’abord l’hétéronomie : la loi, la discipline, et ensuite l’autonomie : la bonne volonté, l’amour et la foi... etc.

 

Etudiant en ethnologie, j’ai eu en travaux pratique à étudier des comptes rendus de théologiens belges au Congo belge. Des missionnaires au Congo qui convertissaient les Africains. Le problème était le suivant : ils avaient à résoudre un problème théologique qui nous parait aberrant mais qui pour eux était très sérieux : fallait-il d’abord mener les animistes au judaïsme et ensuite au christianisme ? Les faire d’abord passer par le stade de la loi imposée pour qu’ils puissent ensuite apprécier le progrès de l’amour gratuit ? Mais ils ne le font pas pour la conversion au christianisme d’un occidental !

 

Ce que le Maharal nous dévoile par rapport à ce problème et qui est extrêmement fort, c’est que c’est l’inverse. Ce n’est qu’à celui qui est capable de la morale autonome - « je veux le bien » - que la Loi est imposée. Et non pas l’inverse !

 

Le peuple d’Israël a d’abord passé un test : est-ce que de lui-même il accepte la vérité morale ? Et quand Dieu a été sûr que de lui-même le peuple d’Israël accepte la vérité morale, alors Dieu la lui impose, pour que ce soit sûr et irréversible. C’est donc l’inverse : d’abord le stade d’une autonomie, et ensuite seulement le stade de l’hétéronomie.

 

Alors là il faudrait ouvrir toute une énorme parenthèse en pédagogie. D’autant plus que l’on s’est habitué dans les milieux juifs pieux à la pédagogie de Naassé VéNishma dans l’ordre « fais d’abord tu comprendras ensuite ». Alors que l’ordre qui nous est indiqué ici c’est l’ordre inverse ! C’est celui qui veut par lui-même qui a suffisamment compris ce qu’il y a à faire à qui on demande de faire.

 

J’ouvre donc une parenthèse, d’autant plus qu’il n’y a pas de hasard dans ces sujets-là, c’est dans la même page de la Guémara de Shabat que se trouve l’enseignement du Naassé Vénishma

 

Naassé Vénishma que l’on utilise dans cette pédagogie consiste d’abord à se mettre à l’abri du faire pour se donner le temps du comprendre, de savoir. Je suis en train de réfléchir que dans le terme « savoir faire » le savoir vient avant le faire. Mais là le faire vient avant le savoir : Naassé Vénishma c’est un drash. C’est-à-dire que le pshat c’est l’inverse : on écoute d’abord ce qu’il y a à faire et ensuite on le fait. Mais là on fait avant d’écouter. Avec le faisceau de sens du terme Lishmoa qui signifie à la fois écouter et comprendre, la Guémara dit que lorsque les Hébreux ont dit Naassé Vénishma - Naassé AVANT Nishma: « Dieu a dit : Qui a dévoilé ce secret à mes fils, ce secret qui est le propre des anges ? » qui font pour savoir ce qu’il y a à faire ! Cela veut dire que le pshat c’est Nishma véNaassé et que c’est un ordre a-logique qu’Israël a accepté Naassé Vénishma. Et il y a là toute une dialectique dans les Méfarshim de la Guémara que je vais vous résumer sur certains points.

 

"Rav 'Hama le fils de Rabbi 'Hanina a dit: que signifie le verset: "comme un pommier parmi les arbres de la forêt..." (Cantique des Cantiques, 2-3) ? [D'autre part], pourquoi Israël est-il comparé à un pommier ? C'est pour t'enseigner que de même que le pommier produit son fruit avant ses feuilles, de même Israël a dit: "Nous ferons" avant "Nous écouterons" (Shabat 88a).

 

« Pourquoi Israël est-il comparé, par analogie avec Dieu, au pommier ? » Tossefot expliquent ici qu’il s’agit du cédrat. C’est un arbre qui donne des fruits avant de donner des feuilles.

Mais Tossefot expliquent qu’en réalité, les feuilles de la récolte précédente restent pendant que les fruits de la récolte suivante apparaissent. C’est-à-dire à l’abri du Nishma précédent le Naassé futur se formule. Si bien que cet ordre de Naassé véNishma a d’abord un ordre logique. Seulement il y a urgence dans l’ordre du faire. On se met à l’abri du faire, un faire élaboré par un Nishma précédant, dans la génération précédente. Il y a un ordre différent pour celui qui enseigne ce qu’il y a à faire et pour celui qui écoute ce qu’il y a à faire. Pour celui qui enseigne ce qu’il y a à faire, le Nishma a précédé le Naassé. Mais pour celui qui écoute ce qu’il y a à faire le Naassé va précéder le Nishma.

Mais tant qu’Israël n’a pas dit Naassé Vénishma et n’a pas ajouté Nishma à Naassé, l’alliance de la Torah n’a pas été conclue. Il y a trois fois cette expression. Deux fois il n’y a que Naassé et la 3ème fois, il y a Naassé Vénishma. Ce n’est que lorsqu’il y a Naassé Vénishma que l’alliance de la Torah a été conclue. Voilà donc ce que je voulais ajouter concernant cette expression elle-même.

 

En fait, je reprends l’analyse théologique du problème : Il faut s’habituer à cela qu’il y a d’abord acceptation de la bonne conscience et alors la loi est imposée. Et non pas l’inverse que d’abord la loi est imposée dans l’espoir d’arriver à la bonne conscience.

 

Comme j’ai bien conscience que le sujet est nouveau alors je vous demanderais quand même de réagir car je voudrais être certain que c’est suffisamment clair. 

 

Je répète encore une fois l’analyse : en philosophie générale, l’ordre de la dignité morale c’est hétéronomie d’abord, autonomie ensuite. Le Maharal nous dévoile qu’au Sinaï c’est l’inverse qui s’est passé. La Torah a été imposée – hétéronomie – à l’homme qui était déjà de par lui-même prêt à l’accepter – autonomie. Cela veut dire qu’il y a d’abord l’apprentissage de l’autonomie morale, alors seulement est là la garantie du code de la loi imposée. Avec l’image du mariage : on ne marie que des fiancés, mais des fiancés on les marie. Il y a un contrat.

 

…/…

 

Moïse dit à Dieu : « ils ont dit ‘tout ce que Dieu nous diras nous le ferons’, alors Dieu dit à Moïse : s’il en est ainsi, Je viens dans l’opacité de la nuée pour parler avec toi, de telle sorte que même en toi ils aient foi à jamais ».

 

Cela voulait dire que jusque-là ils n’avaient pas encore foi en Moïse. 

J’ouvre une parenthèse : Pendant tout le temps d’Israël en Egypte, il y avait une tradition de la foi des ancêtres, de la foi des patriarches que l’exil prendrait fin, que Dieu interviendrait, mettrait fin à l’exil et ramènerait le peuple des Hébreux au pays de leurs ancêtres. J’ai schématisé, mais c’est clair. Avant Moïse voilà en quoi Israël croyait : depuis Abraham, Isaac et Jacob. Dans la Torah on voit à quel point c’est dit de façon évidente. De Torah, aucune allusion. Et voilà que Moïse réalise cette foi d’Israël qui est au fond, je schématise un peu, pas autre chose que le sionisme. L’exil va prendre fin et on rentre au pays des ancêtres ! Voilà la foi des Hébreux en Egypte. Et Moïse réalise cette foi des Hébreux en Egypte et les fait sortir d’Egypte, dans les tribulations que vous savez d’autre part. Il les amène au pied du Sinaï et leur dit : voilà ce que Dieu me charge de vous dire :

 

Chapitre 19:6:

וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ

אֵלֶּה, הַדְּבָרִים, אֲשֶׁר תְּדַבֵּר, אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל

Et vous, vous serez pour moi un peuple de prêtres et une nation sainte.

Voici les paroles que tu tiendras aux enfants d'Israël ».

 

Ce n’est pas encore les 10 commandements ! Dans l’ordre du récit, voilà ce qui devait se passer au Sinaï : Moïse devait transmettre toute la Torah dans un seul message : vous serez pour moi un peuple de prêtres et une nation sainte !

A ce moment-là le peuple dit [19:8] :

 

19.8

וַיַּעֲנוּ כָל-הָעָם יַחְדָּו וַיֹּאמְרוּ, כֹּל אֲשֶׁר-דִּבֶּר יְהוָה נַעֲשֶׂה; וַיָּשֶׁב מֹשֶׁה אֶת-דִּבְרֵי הָעָם, אֶל-יְהוָה

Le peuple entier répondit d'une voix unanime: "Tout ce qu'a dit l'Éternel, nous le ferons!" Et Moïse rapporta les paroles du peuple au Seigneur.

 

Avec l’accent des Taamim : le peuple répond à Moïse : « Tout ce que Dieu nous dira nous le ferons ». Cela implique ce que tu nous dis, toi Moïse, cela a l’air d’être un « nouveau testament », c’est nouveau, alors que Dieu se révèle et nous le dise Lui-Même !

 

On y est tellement familier qu’on lit l’histoire à l’envers. Avant le Sinaï, personne ne se doutait du Sinaï. Sauf la tribu de Lévi qui était au courant. Mais avant le Sinaï, quelle était la foi d’Israël ? La fin de l’exil ! Nékoudah !

 

Et celui-là même qui réalise la foi d’Israël par la fin de l’exil, vient leur dire : il y a une Torah à la clef ! C’est tellement nouveau que le peuple dit : « on veut l’écouter de Dieu !» C’est cela qui se passe. On ne connait pas encore la suite. Alors Dieu dit : « Je vais Me révéler  à eux te parlant ainsi ils auront foi en toi… »

 

Il faut se réhabituer à lire le texte dans l’ordre. On ne connait pas la suite.

 

Cela veut dire : Le message que Moïse leur a sorti est tellement nouveau qu’il était nécessaire que Dieu se révèle pour le confirmer. C’est la grandeur d’Israël d’avoir exigé cela. Lorsqu’il y a eu révélation aux patriarches, la descendance des patriarches a eu foi par cette révélation faite aux patriarches. Relisez la révélation aux patriarches, elle tient toute entière dans cette formule : « Ta descendance sera en exil mais l’exil prendra fin… ». En termes sociologiques simples c’est exactement le sionisme.

 

La foi de nos ancêtres dans l’exil, dans tous les exils, c’est que l’exil prendra fin. Et voilà que Moïse, celui qui réalise le programme « sioniste » de l’Egypte si j’ose dire, leur parle de « Mamlekhet Kohanim véGoï Qadosh » !? Vous allez être le peuple de prêtres de l’humanité... alors le peuple réagit en disant : « Eh bien que Dieu nous le dise !» Mais ils sont prêts à le faire si Dieu le demande.

 

Et donc, de nouveau en schématisant tout cela, lorsque Dieu a fait passer ce test à Israël pour savoir si Israël serait prêt de par lui-même n’ayant aucune preuve de quoi il peut s’agir ce qui est la grandeur, le Zkhout Avot. Alors à ce moment-là,  Dieu décide de l’imposer pour que ce soit sûr et irréversible et pour s’interdire de changer l’état d’Israël.

 

Là je me réfère à tout un passage du prophète Amos : Il y a des turbulences dans la relation conjugale avec des raisons suffisantes de divorce mais comme dit Dieu : « Si je ne m’étais pas interdit de vous changer il y a longtemps que je vous aurais changé avec un autre peuple ». Relisez Amos. Mais J’ai juré et c’est irréversible... L’alliance est irréversible. C’est pour cela que Dieu a imposé ce mariage c’est pour qu’il n’y ait pas de divorce.

 

Mais la Torah a prévu des mariages et des divorces. Mais un seul cas où le divorce est impossible : lorsque la femme a été prise de force. Alors le mari n’a plus le droit de la divorcer. C’est ce qui s’est passé au Sinaï. Dieu a demandé Israël en mariage. Israël a accepté, alors Dieu l’a prise de force pour s’interdire de la divorcer.

 

Voyez la finesse d’analyse du Maharal ! Il va au-delà de l’objection la plus ultime. Il s’agit effectivement de rendre la promesse irréversible : un mariage où il ne peut pas y avoir de divorce. C’est la raison pour laquelle c’est par contrainte que la Torah a été donnée à Israël pour que ce soit Israël pour l’éternité qui soit Israël. Il n’y en a pas d’autre.

 

Q : - inaudible -

R : Il y a une différence entre Israël en tant que collectivité et l’individu. [Divorcer], Israël en tant que collectivité ne l’a jamais fait et ne le fera jamais. Mais les individus sont des individus. Vous comprenez bien le niveau de l’analyse.

Juste avant un passage que l’on n’a pas traduit. Tout un passage dans Ezéchiel sur cette éventualité :  « Vous dites que vous voulez divorcer et bien je ne vous laisserez pas divorcer. Et Je régnerais sur vous de force ». C’est le problème de la dialectique don-acceptation de la Torah c’est de l’ordre d’une alliance de telle sorte que ce soit une alliance irréversible.

 

Je reprends depuis le début de l’analyse :

Il y a d’abord eu le temps des fiançailles où Israël a accepté et ensuite il y a eu le temps du mariage où l’alliance est imposée de telle sorte que ce soit irréversible. En tout cas du point de vue de Dieu effectivement cette alliance est irréversible. Et puisque Dieu ne change pas alors cette contrainte reste perpétuelle pour Israël.

 

Tant qu’Israël pratique Pourim c’est le signe qu’Israël ne demande pas le divorce. Nous avons la clause la meilleure. Quelle est notre Torah finalement ? Le carnaval de Pourim !

 

Q : inaudible –

R : On l’a étudié auparavant : Quelle est la nature de cette contrainte au Sinaï ? La réponse est très simple. C’est la révélation elle-même qui est cette contrainte : quand Dieu se révèle il y a contrainte. Or, le temps de A’hashverosh c’est le temps où la révélation a cessé. C’est la fermeture du canon biblique. La prophétie se tait au temps de Méguilat Ester. Et d’ailleurs la trace de ce silence de la prophétie c’est le fait que le nom de Dieu n’apparait pas dans le livre d’Esther. C’est l’achèvement du temps de la révélation. Cela veut dire : bien que la contrainte de la révélation ait cessé, Israël a continué à rester fidèle à la Torah. Au niveau collectif avec les exceptions possibles à l’échelle individuelle. On voit bien le nombre de demandes de divorce à l’échelle individuelle qui montre bien cette difficulté de tension de cette fidélité entre Israël et Dieu. Je crois que cette image du mariage qu’a choisi le Maharal est plus qu’une image. Il y a dans Massékhet Guitin au 3ème chapitre, la Guémara étudie tous les cas de divorce que le Beit Din refuse. Par exemple, lorsque le mari s’est mis en colère. Il divorce sa femme en lui disant « je te répudie » par colère. Le Beit Din ne considère pas cela comme une motivation suffisante de divorce. Au-delà des aléas de l’alliance, il y a le fait d’une alliance irréversible et c’est pourquoi cela a été imposé.

 

Je le répète parce que la difficulté vient de ce que nous sommes habitués à cause de notre culture générale à un tout autre ordre des valeurs. Dans l’imprégnation de culture générale à laquelle nous sommes habitués il y a d’abord le stade de l’hétéronomie et ensuite le stade de l’autonomie. Alors que selon cet enseignement du Maharal c’est l’inverse. Il y a d’abord eu le stade de l’autonomie, c’est le temps des Avot. Les Avot par eux-mêmes ont choisi Dieu. Alors Dieu a imposé sa souveraineté à la descendance de ces Avot. Il y a d’abord eu le choix libre de bas-en-haut et ensuite il y a eu la transcendance de haut-en-bas.

 

Q : inaudible -

R : Cela veut dire que c’est au temps de A’hashvérosh que se dévoile qu’ils l’avaient accepté volontairement au Sinaï. Et effectivement, il y a une adhésion de 2ème nature au temps de A’hashvérosh. Bref rappel : nous, nous sommes les Juifs et il nous est parlé de la Torah des Hébreux. Or, le temps des Hébreux étaient très différents du temps des Juifs. Au temps des Hébreux il y avait révélation. Au temps des Juifs, la révélation est cachée. Nous étudions dans des livres et avec des maîtres la trace de la parole qui avait été donnée au temps des Hébreux. Mais au temps des Hébreux, cette parole s’est révélée dans une expérience que nous les Juifs nous n’avons pas. Il n’y a que ceux qui sont doués du Roua’h HaQodesh qui ont un peu cette expérience qu’avaient les Hébreux du temps des prophètes. Je crois qu’il faut bien restituer cela : nous sommes secondarisés par rapport à l’expérience qui a été primaire au temps des Hébreux. Nous sommes obligés de passer par des médiations théologiques pour envisager des expériences qui ont été immédiates par nos ancêtres qui vivaient avec les prophètes. Et alors, le grand handicap des Juifs c’est qu’ils font semblant que le monde dans lequel ils vivent c’est le même que celui dont la Bible parle. Alors que ce n’est pas le même monde. Le monde dont la Bible parle c’est un monde où Dieu se révèle. Alors que le monde où les Juifs vivent est un monde où Dieu est caché. Il faut prendre cela au sérieux. Nous les rabbins, quand un Juif vient nous dire : « Dieu s’est révélé à moi », on lui donne l’adresse d’un psychiatre. Cela ne veut pas dire qu’on ne croit pas que Dieu se révèle mais il y a des conditions. Il ne faut pas faire semblant d’esquiver le problème. Il y a un temps différent entre les Hébreux et les Juifs. Et le problème des Juifs c’est que tout se passe comme si nous sommes en train de redevenir Hébreux. Alors, il faut se rendre compte qu’il s’agit d’une mutation d’identité. Mais il y a si longtemps que c’est arrivé, il y a 2000 ans, au temps d’A’hashvérosh.

Pour répondre à la question, il est évident que l’adhésion au judaïsme est un 2ème mérite après l’adhésion à l’hébraïsme. La problématique de l’adhésion à l’hébraïsme émet déjà une première problématique, c’est ce qui se passe au Sinaï et depuis le Sinaï jusqu’à la reine Esther. Et l’adhésion au judaïsme est une 2ème problématique : ce qui se passe à partir de l’arrêt de la révélation.

 

Q : inaudible.

R : Tout se passe comme si nous étions entrain de vivre les événements à la sortie d’Egypte. Oui au temps de la sortie d’Egypte, il y avait un Moïse. En fait c’est cela la question.

On a mythifié ce dont la Bible a parlé et je ne veux pas dire que l’on a fait exprès pour faire en sorte de ne pas le reconnaitre quand cela recommence, mais on a mythifié ce dont la Bible a parlé et on n’arrive plus à reconnaitre ce dont elle a parlé. C’est pourquoi il faut s’en tenir au pshat le plus pshat. Le peuple d’Israël est en train de revivre à sa manière l’histoire que la Torah nous a racontée dans la famille des patriarches. Elle nous raconte l’histoire de la fin d’un exil et de la réhébraïsation de l’identité abrahamique avec toutes les difficultés et toutes les problématiques que nous sommes en train de vivre à l’échelle collective.

 

Je les rappelle en les résumant: Abraham revient d’exil où il s’appelle Abram. C’est là que l’histoire commence, à la sortie d’Our-Qasdim. Le 1er problème c’est de savoir ce que faisait Abraham à Our-Qasdim ? Pas plus difficile que de se poser la question de savoir ce que font les Juifs à Sarcelles ou à Brooklin ? Ce qu’un juif fait où il se trouve partout en exil... Quoiqu’il en soit Abraham sort d’un exil. Il s’appelle Abram. Et la Guémara dit en clair : son identité était araméenne. Abram c’est Av Aram. Il faut tout un effort de retrouver l’identité hébraïque et alors il s’appelle Abraham.  L’alliance va commencer. Ce sont toutes ces péripéties-là que nous sommes en train de vivre. Je vous donnerais une analogie, et je crois qu’avec le temps on peut se permettre d’être un peu plus aigu. Ce couple araméen-hébreu est très parallèle à celui de notre temps entre juif-israélien. Les Juifs sont les Hébreux de l’exil romain. De la même manière que les Araméens étaient les Hébreux de l’exil de Babel. Il faut lire la Bible comme elle est écrite. Et pour que Abraham redevienne hébreu, il faut qu’il se dépouille de ce que les Kabbalistes appelent Qlipat Aram – l’écorce araméenne. Nous savons très bien que c’est le problème de société qui est en jeu entre juifs et israéliens. C’est un problème extrêmement compliqué, grave et difficile. Il faut se dépouiller de la condition du juif de la diaspora. C’est ce qui se passe à chaque sortie d’exil : une nécessité de se dépouiller de l’identité araméenne pour redevenir hébreu. Ce n’est qu’à postériori que les descendants reconnaissent qui étaient Abraham. Ishmaël et Isaac étaient tous deux fils d’Abraham. Mais seul Isaac savait qui était Abraham. Ishmaël avait lui un ancêtre qui s’appelait Abram (ou Ibrahim) et n’avait pas la même perception du phénomène. De la même manière que les contemporains de Moïse, les 4/5ème des Hébreux n’ont pas vu qui était Moïse. Vous me dites : « on ne voit pas !» Mais ceux qui ne voient pas ne voient pas... Ce n’est pas évident que cela doive être évident. Mais quand une vérité est aveuglante, on est aveuglé et on ne voit pas…

 

Même problème avec ceux (souvent les Chrétiens) qui demandent des signes de la fin des temps. Je crois que cela procède d’une mentalité secondarisée, littéraire. Ceux pour qui la Bible est un livre. Mais ce n’est pas un livre mais une parole qui a été mise par écrit quand la révélation a eu lieu. Vous croyez que Dieu est un libraire ? Et nous serions un peuple de libraires ? Je sais bien que depuis Buber il y a une espèce de cliché que nous sommes le peuple du livre. On n’est pas du tout le peuple du livre ! Nous sommes le peuple de Celui qui a dit ce qui est écrit dans le livre. Je dis souvent mais je le répète parce que tout cela est un faisceau de problèmes qui se relient : Ce n’est pas parce que c’est écrit que c’est vrai, c’est parce que c’est vrai que cela a été mis par écrit. Mais qui savait que c’était vrai pour être mis par écrit ? C’est ceux qui voyaient ! Cela sort du Beit Hamidrash de telle ou telle époque. Lisez Baba Batra : comment ces choses-là sont devenues un livre. Mais parmi les contemporains, il y a ceux qui voyaient et ceux qui voyaient pas.   

 

Je reviens au problème, j’ai l’habitude de répondre de la manière suivante, vous me direz si c’est suffisamment convaincant : Il y a des événements qui sont eux-mêmes leurs propres signes. Et si on en cherche le signe, dans un événement qui est lui-même le signe, c’est qu’on est incapable d’être sensible à quelque signe que ce soit.

 

Deux milles ans c’est d’une massivité telle que un événement impossible pendant 2000 ans subitement devient possible c’est l’événement lui-même qui est le signe ! Et si on demande un signe face à un événement pareil, c’est montrer qu’on est incroyant. C’est le fait de demander un signe du miracle qui montre qu’on est incroyant. Cela procède de la mentalité magique et païenne. C’est évident. Je crois effectivement que ces quelques derniers siècles l’intelligentsia qui a mythifié les réalités bibliques alors elle est incapable de les diagnostiquer.

 

On a mythifié la figure du messie. On l’a mythifié de manière telle qu’elle devient indiagnostiquable. Chaque fois que les gens me parlent du Messie qu’ils attendent ou qu’ils n’attendent pas je leur demande de quoi ils me parlent ! Personne n’est capable de dire de quoi il s’agit. La tradition elle-même n’a rien laissé à ce sujet. Sauf Maïmonide. Et alors ceux qui ont des raisons de ne pas croire ce que Maïmonide dit, croient-ils à Maïmonide partout sauf dans ce chapitre ?

 

C’était précisément la prérogative des prophètes de comprendre le présent parce qu’ils connaissaient le passé. Pour expliquer le présent à leurs contemporains. Avec ce grand privilège du temps des Hébreux contemporain de la révélation qui était réelle. Nous sommes d’un temps où cela est caché, il y a un temps où elle était dévoilée. Nous en parlons par allusion. Les Hébreux voyaient alors que, nous, nous comprenons (ou ne comprenons pas) ce qu’on nous dit au sujet de ce que les Hébreux voyaient.

 

 

.../...
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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 11:48
Hoshanah Rabba redoublement des noms de fêtes- 2ème partie
Hoshanah Rabba redoublement des noms de fêtes

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/hoshana_raba_redoublement_des_noms_de_fetes/cours_1

Durée : 45,7 minutes
Face B

 

Dans l’histoire des patriarches 

toutes les problématiques de l’identité humaine sont reprises dans la perspective de la réussite.

Cette équation Caïn-Abel se retrouve avec Esaü-Jacob.

Mais là leur mère intervient, Rivqah intervient lorsqu’elle s’aperçoit qu’Esaü n’a pas pu être éduqué par Jacob. Il y a un parallèle d’identité entre Caïn et Esaü énorme. ‘Havah nomme Caïn ainsi parce qu’elle dit « Qaniti ish ». Caïn est Qanouï - acquis. C’est pourquoi il est réfractaire à la notion de mérite et au fait qu’il faut qu’il se mérite. « Je n’ai pas à me mériter, je suis ! ». Essav, nous dit Rashi, tout le monde l’a appelé ainsi parce qu’il était fait Naassah, il est Assouï. Essav aussi est achevé. Il est tellement achevé qu’il est poilu nous dit le Midrash. Il y a la même problématique qui revient, et là ils sont vraiment jumeaux : pour Abel il y a un Safek chez les Méfarshim. Ce n’est pas dit qu’ils soient nés du même accouchement. Mais en tout cas, ils sont nés de la même conception. Il n’y a pas écrit Vatahar – elle conçut - pour Abel. Ils sont nés de la même conception et sont comme s’ils étaient des jumeaux. Esaü et Jacob sont des jumeaux. Et voilà que Jacob n’arrive pas à faire qu’Esaü soit son frère. Lui, Jacob, est le frère d’Esaü. Alors Rivqah intervient et dit à Jacob enfuis-toi, ne me refais pas le coup que tu m’as fait au temps de ‘Havah avec Abel avec Caïn. C’est un Guilgoul de Abel qui revient-là. Enfuis-toi, ne reste pas sinon tu sais ce qui risque de t’arriver... Et lorsque le peuple d’Israël jouera le rôle d’Abel c’est très dangereux. C’est oublier que Israël ne descend pas de Abel mais descend de Shet. Shet est celui qui remplace Abel. Lorsque Shet nait, ‘Havah dit :

וַתִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ שֵׁת:  כִּי שָׁת-לִי אֱלֹהִים, זֶרַע אַחֵר--תַּחַת הֶבֶל, כִּי הֲרָגוֹ קָיִ

et lui donna pour nom Seth: "Parce que Dieu m'a stabilisé une postérité en place de Abel, parce que Caïn l'avait tué."

 

Donc Shet vient à la place d’Abel mais c’est un Abel inassassinable.

C’est proche de notre actualité, surtout israélienne, dans la conduite vis-à-vis de l’autre. L’autre étant le frère, dans notre cas le cousin. Lorsque la Torah nous dit comment Caïn a tué Abel : il se leva et le frappa et le tua  וַיַּהַרְגֵהוּ. וַיָּקָם קַיִן אֶל-הֶבֶל אָחִיו

Le Midrash interroge: Vayaqom il se leva ? Abel était plus fort que Caïn et l’avait mis à terre. Et Caïn l’interpella « mon frère ! ». Il le laissa se relever… et Caïn a tué Abel...

 

Ce n’est pas pour rien que la Torah nous a raconté cette première tentative avortée entre les frères. Il y a une équation Caïn-Abel, et Abel a échoué. D’où le scandale de la première victime : c’est l’assassin qui reste en vie. Et c’est la victime qui meurt. Il y a dans le meurtre un scandale épouvantable. C’est un problème métaphysique qui donne le vertige. 

 

Dans le cas de l’équation Caïn-Abel c’est clair, Dieu veut savoir ce qui s’est passé en réalité. Il ne va pas sanctionner tout de suite. Le Midrash nous dit que Dieu va mettre un signe sur le front de Caïn qui va le protéger. Cela ressembleàá la civilisation contemporaine : Exemple d’un meurtre avec flagrant délit avec l’arme du crime et la victime : malgré tout la police va mettre Caïn à l’abri dans une maison où il y a écrit liberté-égalité-fraternité. Une prison. La police intervient pour le mettre à l’abri du sursis de ce signe dont parle le Midrash jusqu’à ce que le jugement se fasse et que le jugement dise ce qui s’est passé en réalité. Caïn était-il assassin ? Ou était-il justicier ? Il aurait alors puni le mauvais berger. Il s’avère 7 générations après qu’il était assassin ! Son descendant à la 7ème génération a fabriqué les premières armes, donc l’ancêtre était bien un assassin…

 

Nous avons en filigrane un paradigme des civilisations contemporaines. Selon le récit de la mémoire romaine, Rome a été fondée par le meurtre du frère par le frère. Remus assassiné par Romulus... On félicite l’assassin car cela fonde la cité. Tandis que dans la Torah l’assassin va être jugé, mais tant qu’on n’est pas sûr, il y a un sursis. Homicide il y a bien eu, mais est-ce un assassinat ou le geste du bourreau qui fait justice ?

En tout cas c’est très clair, Israël ne descend pas de Abel mais de Shet.

 

Q : Est-ce que être Shet c’est s’enfuir alors ?

R : Pas du tout, être Abel et échouer, alors il faut s’enfuir.

Le Midrash court-circuite votre question ainsi : l’exil est la conséquence de la Sinat ‘Hinam. Lorsque les frères ne s’aiment pas c’est l’exil. Je veux faire allusion à cette irresponsabilité d’un Abel qui se laisserait égorger suite à son échec à fraterniser son frère. Nous sommes la génération qui a connu l’affrontement de la Shoah et de la 2ème guerre mondiale avec les nazis et les S.S. 

Chez les SS, doit-on se préoccuper de savoir si après 2000 ans d’enseignements de « tu aimeras ton prochain comme toi-même » qui n’ont pas suffi, faut-il encore rester à se faire égorger comme Abel ? Si nous devions être jugés sur ce message qu’il y avait à apporter aux nations : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Elles l’ont entendu. En Allemagne, 1000 ans de christianisme. Pendant 1000 ans on a enseigné aux Allemands par curés interposés cette parole juive : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Cela n’a pas fonctionné ! Faut-il alors continuer ou s’enfuir ? Ou alors on se laisse égorger ! Finalement, c’est ce qui est arrivé. Je suis pris d’angoisse lorsque j’entends les rabbins de Golah sermonner que nous avons un message à porter aux Goyim ! Lequel ? « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ? Mais cela ne marche pas !

Il faut donc aborder la question d’une autre façon : peut-être n’est-ce pas la faute de Abel et que Caïn est inéducable ? Mais on est renvoyé au point précédent : que fait-on chez Caïn ? Il y a un optimisme juif énorme des Juifs de la Golah qui espère toujours que Caïn soit éducable : on va alors de concessions en concession jusqu’à la concession perpétuelle.

 

A une cérémonie de Yad Vashem un rabbin français disait que nous n’avons pas le droit de nous poser des questions au sujet de la Shoah, parce que nous n’avons pas les moyens de savoir quels sont les desseins du Créateur. Et dans la phrase qui suit, il a dit : il fallait passer par là pour recevoir le cadeau de l’état d’Israël ! (C’est un rabbin qui ne vit pas en Israël). Vous voyez qu’il y a là des choses révélatrices : penser que ce qui s’est passé chez Caïn cela pourrait être le prix à payer pour l’état d’Israël montre qu’on n’a vraiment pas étudié ces choses-là comme la Torah les enseigne.

 

Q : En quoi Israël est-il porteur de l’offrande des prémices pour pouvoir recevoir la Torah ?

R : C’est dans son identité. Avant Matan Torah, il y a eu un test pour savoir qui était le véritable premier-né. Celui qui mérite d’être le premier-né. Ce n’est que lorsqu’il se dévoile que « Béni Bekhori Israël » que d’une part à postériori on sait que Yaaqov était l’aîné et pas Essav, et qu’Israël devient le véritable premier-né. La rédemption - le tiqoun - de la faute de Caïn, c’est Joseph qui va la faire. En réalité ce tiqoun se fait à différents niveaux d’après la Qabalah.

 

Bereshit 4.24

כִּי שִׁבְעָתַיִם, יֻקַּם-קָיִן

Ki shiv'atayim youqam-Kayin...

Car 7 fois se perpetuera Caïn

 

On lit le verset 70 fois mais il s’agit de 7 fois = 7 générations

Le mot de Youqam – Youd-Qouf-Mem est lu comme Rashei Tevot pour Yitro-Qora’h-Mitsri.

Ki shiv'atayim youqam-Kayin...

Youd-Qouf-Mem Rashei Tevot Yitro-Qora’h-Mitsri

Ce qui se cherche c’est un premier-né capable d’aimer ses frères. Le premier où cela éclate c’est Joseph. C’est pourquoi on a l’habitude d’y voir le tiqoun de la faute de Caïn dans ce premier homme à aimer ses frères. Alors, l’histoire de la rédemption du monde peut commencer. Et elle commence effectivement à ce moment-là. Le livre de la Genèse s’arrête et l’histoire d’Israël commence lorsque Joseph a fait la preuve que le premier-né peut aimer ses frères. Qui est le premier-né qui peut aimer ses frères ? C’est le Kohen ! Le Kohen et le Bekhor ont la même fonction. Le Kohen c’est ce Bekhor, l’aîné qui s’occupe de ses frères. 

La recherche dans toute l’histoire d’Israël c’est celui qui cherche ses frères.

Alors c’est Joseph. Gn. 37:16 : וַיֹּאמֶר, אֶת-אַחַי אָנֹכִי מְבַקֵּשׁ  il dit: ce sont mes frères que je cherche…

C’est Moïse.  Ex. 2 :11 : וַיֵּצֵא אֶל-אֶחָיו  il descendit vers ses frères…

Dieu fait passer un test dans l’histoire d’Israël. Qui est capable d’être berger ? Qui est capable d’être celui qui s’occupe du frère et des troupeaux du frère ? Et finalement, c’est lui le véritable premier-né ! Alors « Béni Bekhori Israël », d’où le rendez-vous au Sinaï…

 

Je vous cite encore un enseignement du Shlah : le véritable premier-né c’est celui qui sait qu’il y a quelqu’un avant lui : le terme de Bekhor est formé de trois lettres qui sont les deuxièmes lettres dans l’alphabet : Beit-Khaf-Resh formées des deuxièmes lettres des trois séries de l’alphabet. Beit deuxième lettre des unités, Kaf 2 deuxième lettre des dizaines, Reish deuxième lettre des centaines. Le Bekhor est en deuxième position et reconnaît qu’il y en a un avant lui, alors c’est lui l’aîné.

 

Il y a un entrecroisement entre l’aîné et le puîné qui dévoile qui est le véritable aîné.

 

Effectivement, lorsque Jacob fait la preuve qu’il est capable de cette véritable fraternité, alors la Torah lui est donnée. Et Jacob a fait cette preuve avec Joseph. Il faut dire que tous les autres premiers-nés de Jacob, il y en a quatre, mais je pense surtout à Réouven, ont déjà fait cette preuve. Mais c’est surtout Joseph qui va la faire. Joseph les a reconnus alors qu’ils ne l’avaient pas encore reconnu.

 

C’est ce que la Guémara dit à propos du nom de Réouven. Que signifie Réouven ? On s’attendrait dans le pshat « Réou Ben : Regardez c’est un fils ! ». Le Midrash va beaucoup plus loin : « Réou Mah Bein Béni véBen Am - Regardez la différence qu’il y a entre mon fils et le fils de mon beau-père ». Qui était le fils du beau-père de Léah ? C’est Esaü ! Elle dit : regardez la différence qu’il y a entre Réouven et Essav ! Et cette différence va se dévoiler dans l’histoire de Réouven ! C’est dire qu’avec le Roua’h HaQodesh, Léah s’aperçoit que Réouven était un premier-né qui aimera ses frères. C’est Réouven qui sauve Joseph de la fosse, et c’est Judah ensuite qui finit de le sauver, mais c’est Ruben qui le protège.

 

Cela veut dire que les enfants de Jacob ont cette capacité du frère qui aime le frère. Ils doivent en faire la preuve, c’est là leur épreuve  jusqu’à ce que cela réussisse.

 

Et il y a eu une tension et un procès entre Joseph et ses frères. Joseph était condamné à mort à juste titre. Mais finalement il est protégé et condamné à sa vocation. Et en fin de compte c’est lui qui donne la preuve : Joseph est le premier né qui aime ses frères. Il fait le tiqoun de la faute de Caïn. L’exil a commencé avec Caïn et s’achève avec Joseph. Et l’exil, c’est la sanction du manque d’amour entre les frères.

 

J’ajoute un autre enseignement à propos de la question précédente : faut-il toujours s’enfuir ?

Lorsque Rivqah intervient entre Jacob et Esaü, elle lui dit « enfuis-toi, je sais qu’il veut te tuer », le bilan de cet échec à le fraterniser conduit à ces deux éventualités : il est tué, il le tue ou il s’enfuit.

 

C’est pourquoi, j’insiste, il faut vraiment crier au secours lorsqu’on entend cet argument de la mission juive chez les Goyim... Après tout ce qui s’est passé, cela suffit !

 

Lorsque Joseph est né, Rachel dit :

 

וַתִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ יוֹסֵף, לֵאמֹר:  יֹסֵף יְהוָה לִי, בֵּן אַחֵר

...Yosef Hashem Li Ben A’her

Que Dieu m’ajoute un autre fils

 

Cela veut dire que Yossef est nommé du souhait que Benjamin puisse naître.

De la même manière qu’avec Léah, Rachel a vu que Joseph serait un premier-né qui aimera ses frères, et donc elle souhaite avoir un fils qui ne sera pas en danger comme Abel chez Caïn...

Dieu peut maintenant lui donner Benjamin. Il ne sera pas en danger.

 

Le porteur de l’offrande des prémices, le prêtre, c’est la même chose par rapport à Matan Torah.

 

***

 

Shémini Atseret dont David vous parlera par rapport à Soukot. Le nom de Sim’hat Torah et sa liturgie qui apparemment est une répétition de Shavouot. En fait comme vous le savez, en Erets Israël, Shémini HaAtseret et Sim’hat Torah c’est le même jour, alors que dans la Golah,  Sim’hat Torah c’est le lendemain de  Shémini HaAtseret. C’est le 2ème jour des Galouyiot.  Peut-être est-ce une mise en évidence de Sim’hat Torah de manière un peu plus exclusive en Galout qu’en Erets Israël.

 

J’introduis très rapidement le sujet avant d’étudier un texte du Maharal dans Tiferet Israël au chapitre 32 sur un des points de l’analyse que nous allons voir.

 

La différence qu’il y a entre Shavouot et Shémini Aatseret en tant que Sim’hat Torah, pourrait être formulée de différentes manières. Je vais d’abord la formuler sur un point principal : lorsque la Torah a été donnée le 6 Sivan au mont Sinaï, elle a été imposée à Israël. Qu’est-ce que cela signifie que la Torah ait été imposée à Israël ? Alors que nous savons d’autre part par le récit qu’Israël était tout prêt à l’accepter en disant « Naassé Vénishmah » ? Tandis qu’à Sim’hat Torah elle est censée être acceptée par Israël. D’une certaine manière cela veut dire que Matan Torah c’est le 6 Sivan à Shavouot, mais que Qabalat HaTorah c’est à Sim’hat Torah.

 

Je vous le dirais de cette manière :

A Shavouot ont été données les premières tables. Les premières tables de la Torah ont été données à priori de la faute. Cela veut dire : voici la carte d’identité du Tsadik selon la loi de la Torah Et s’il y a faute on a perdu cette identité. Tandis qu’à Sim’hat Torah, la Torah des deuxièmes tables va être reçue et donnée compte tenue de l’éventualité de la faute. Même ceux qui étaient dans le cas d’avoir été en faute, d’avoir été en manque, vis-à-vis du niveau d’identité que donnent les deux tables de la loi données à Shavouot font quand même partie d’Israël de la Torah. Donc au fond c’est le problème de la Teshouvah qu’il faudrait essayer de centrer dans cette question.   

 

Tout d’abord d’un point de vue assez direct de l’analyse du calendrier : le 6 Sivan, la Torah a été donnée. Ensuite Moïse est monté 40 jours sur la montagne pour recevoir l’ensemble de la Torah. Les 10 commandements ont été promulgués et Moïse est monté 40 jours sur la montagne pour y recevoir la Torah. Il redescend de la montagne le 17 Tamouz. Pendant ce temps, le peuple était occupé à la faute du veau d’or. La faute a eu lieu le 17 Tamouz, 40 jours après le 6 Sivan. Et les premières tables ont été brisées sur l’initiative de Moïse.

 

Il y a là un thème important.

Que signifie  que Moïse ait pris l’initiative de supprimer la loi qui avait été donnée à Israël et que signifie surtout le fait que d’après les sources Dieu l’en a félicité ? Lorsque Dieu va accepter que des deuxièmes tables soient données, le texte fera allusion aux premières tables de la manière suivante : « et il y aura sur les deuxièmes tables ce que J’avais écrit sur les tables que tu avais brisé ». Et sur l’expression HaLou’hot Asher Shibakhta les tables que tu avais brisé, le Midrash va lire : que tu as bien fait de briser. Dieu félicite Moïse d’avoir brisé les tables de la loi. Il faut comprendre. C’est ce qui se passe le 17 Tamouz 40 jours après le 6 Sivan. Et puis Moïse intercède et remonte sur la montagne pour intercéder pendant 40 jours. On arrive au 1er Eloul, 40 jours après le 17 Tamouz. Et 40 jours après, les deuxièmes tables sont données, et c’est le 10 Tishri.

 

Donc, le jour de Kipour commémore lui aussi un événement historique : c’est la première fois dans l’histoire au niveau d’un événement historique qu’on a l’expérience que la Teshouvah est possible, que le repentir est possible, et que le pardon est possible.

 

J’ai insisté parce que pour la pensée naturelle c’est une impossibilité. La notion du repentir est un ‘hidoush de la Torah. La pensée naturelle ne connait pas cette possibilité de penser l’éventualité du repentir. Cela nous explique pourquoi, selon le midrash, les nations du monde ont refusé la Torah. Non par perversité biologique mais parce qu’elles ne possèdent pas la catégorie du repentir. Et par conséquent, accepter la Torah reviendrait à se perdre : nous sommes faillibles – les chrétiens disent pécheurs – disons que nous sommes peccables, soumis à la tentation de la faute, et si le repentir n’est pas possible et si le pardon n’est pas accordé, alors on est perdu.

 

Voilà pourquoi les nations du monde refusent la Torah comme voie du salut. Non par simple refus de la Torah mais parce qu’accepter la Torah serait se perdre. Je fais allusion d’ailleurs à toute l’argumentation de saint Paul sur le problème de la loi. Ce qui me fait penser que c’est une légende de dire que saint Paul était juif parce qu’il fait allusion à une loi qui n’a rien à voir avec la Torah.  

 

La problématique est la suivante : « voici la loi, et si tu fautes tu es perdu ! » C’est là la loi donnée à priori de la faute, compte non tenu de l’éventualité de la faute. Et par conséquent, une conscience humaine qui ne posséderait pas la capacité de penser l’éventualité du repentir et du pardon ne peut pas accepter une telle loi.

 

C’est un midrash énorme : d’un côté, ce tout petit peuple Israël qui est un peuple de justes capables d’accepter la Torah, et de l’autre côté, l’humanité entière qui sont des méchants ? En fait, c’est beaucoup plus grave que cela : l’humanité entière, semble-t-il congénitalement, ne peut pas accepter la Torah. Elle ne peut pas accepter la Torah - et c’est ce que saint Paul a formulé - parce que l’accepter c’est se perdre, puisqu’à la première faute on est damné plus que condamné.

 

C’est étonnant que Saint Paul, soi-disant juif, ne connaisse pas l’éventualité de la téshouvah ni tout l’enseignement jusqu’à lui qu’aucune faute, quel qu’elle soit, ne résiste à la téshouvah, si la téshouvah est sincère. Tout se passe comme si sa mentalité fonctionne à la grecque ! Elle fonctionne d’ailleurs à la gréco-romaine puisqu’il était à la fois grec et romain.

 

Je le dirais de la manière suivante à deux niveaux.

 

1- J’ai beaucoup étudié cela chez un philosophe juif belge nommé Perelman. Un grand philosophe rationaliste de la morale rationnelle, complètement athée mais juif et belge. C’était un homme très érudit, il faisait très 18ème siècle. D’un certain point de vue, la notion de repentir est une notion injuste, immorale pour la pensée naturelle : il y a eu faute et on va tout effacer ? Pardonner ? Pas punir ? Cela choque le sens rationnel de la justice. La pensée naturelle n’accepte pas la notion de repentir. Il y a un grand prophète de la Bible qui ne l’accepte pas non plus : Yonah. Cela a d’ailleurs été utilisé par les Evangiles.

 

2- Il y a une 2ème raison qui me semble encore plus forte, indépendamment de cette sensibilité morale particulière. Cela semble un paradoxe de dire que le pardon est immoral. Mais c’est parce que nous sommes familiers à la morale biblique. C’est le fait que pour que le repentir soit possible, pour que le repentir soit pensable, il faut arriver à penser la réversibilité du temps. Téshouvah signifie Lashouv : revenir en arrière à l’endroit où il y avait eu une déviation et reprendre le droit chemin. C’est un schéma de Maïmonide. Mais pour revenir en arrière faire ce tiqoun de la Téshouvah et reprendre le droit chemin, il faudrait que le temps soit réversible. Or, le temps est irréversible ! C’est la raison pour laquelle la pensée naturelle ne pense pas la Téshouvah. C’est un ‘hidoush de la Torah. Lorsque cette notion apparaît dans la culture humaine, elle vient d’Israël et est perçue comme une folie.

 

Nous sommes, nous, conditionnés par cette conscience biblique, par ces intuitions de la conscience biblique, et pour nous cela nous paraît comme une évidence que le repentir soit possible. Mais il faut faire l’effort de découvrir que pour la pensée naturelle c’est impensable, quoique la pensée moderne commence à découvrir l’idée que, peut-être, à certains niveaux d’être, le temps est réversible. Mais quoiqu’il en soit, dans notre perception empirique de la réalité du monde, le temps est irréversible, donc la notion de repentir fait partie de la pensée magique.

 

Il nous faut découvrir cela :

Shavouot c’est la Torah qui est donnée avant l’éventualité de la faute du veau d’or. Alors que Sim’hat Torah c’est la Torah qui est reçue après l’éventualité de la faute et du repentir. Sim’hat Torah vient après Yom Kipour. Après la faute, les deuxièmes tables sont rendues, et on est réhabilité au niveau même des premières tables, certains disent même plus haut. Il faut donc comprendre et éclairer quelle est cette différence. Voilà comment l’étudier avec ce texte du Maharal : à Shavouot la Torah a été imposée à Israël, alors qu’à Sim’hat Torah elle est acceptée par Israël.

 

Lecture du texte du Maharal : 

 

Chapitre 32 du Tiferet Israël, il y cite un passage de la Guémara de Shabat.

Le verset de Shemot chapitre 19 dit que le peuple s’est rassemblé au pied de la montagne. Mais l’expression hébreu peut être lue :

 

                      19.2

 וַיִּתְיַצְּבוּ, בְּתַחְתִּית הָהָר

ils se sont rassemblés - ta’hat – « sous » la montagne.

 

... Cela nous apprend que Dieu a renversé la montagne comme un tonneau et leur a dit : « si vous acceptez la Torah c’est bien, sinon là sera votre tombeau » 

 

Rappelez-vous que dans le contexte du chapitre 19 (verset 19:8) on avait déjà appris que le peuple était prêt à « accepter tout ce que Dieu a dit –aura dit – dira ». Kol Asher Diber Hashem Naassé. Tout ce que Dieu « a dit - dit –dira » nous le ferons. A ce moment-là Dieu demande à Moïse que le peuple se prépare pour qu’Il se révèle à eux sur la montagne. Et puisque le texte dit qu’ils se sont rassemblés sous la montagne, les rabbins du Talmud en déduisent une contrainte. Il y a eu une contrainte absolue qu’il faut prendre au sérieux. C’est n’est pas une façon de parler du midrash. Si Dieu se révèle, il y a contrainte absolue. Le seul fait que Dieu se révèle empêche la liberté du peuple d’accepter ou de refuser. Cela n’a plus de sens. A la manière des rabbins : devant le roi l’esclave n’est pas libre. C’est quand le roi se cache que l’esclave croit qu’il l’est. Que signifie donc que le peuple ait eu le mérite d’accepter ? Il y a eu contrainte de par la révélation même : Dieu se révélant cela veut dire que la rébellion ne peut plus exister. De plus, cette notion même de mérite du peuple d’accepter la Torah s’effondre complètement. Quel mérite ? Quel est le mérite d’accepter quand Dieu le demande en se révélant ? Voilà ce que je veux mettre en évidence : il y a bien eu contrainte, c’est la révélation elle-même.  

 

Raba d’Acco intervient et dit : de là on apprend une grande contestation par rapport à la Torah…

 

Les Mefarshim nous expliquent : au temps du jugement on pourra toujours dire : pourquoi Tu me juges d’après une loi que Tu m’as imposé par contrainte ? Il n’y a pas de place pour le jugement ! Il y a place pour une sorte de témoignage contre.

 

Mais Raba intervient et dit : Malgré cela le peuple a de nouveau - est revenu sur le même problème - et ils l’ont accepté au temps d’Assuérus. Comme il est écrit : ils ont réalisé et accepté la décision de pratiquer Pourim.

 

Or, l’ordre n’est pas logique : il devrait y avoir écrit qu’ils ont « accepté et réalisé », et là, il est écrit « réalisé et accepté » ? La Guémara va dire : Cela veut dire qu’ils ont là réalisé ce qu’ils avaient déjà accepté auparavant.

 

Nous avons alors là la réponse à notre question déjà : précisément au temps d’Assuérus c’est le temps de l’arrêt de la révélation. La révélation s’arrête en ce temps-là. Cela veut dire qu’il n’y a plus de contrainte de la révélation, et cependant, le peuple continue d’accepter la Torah : la preuve, c’est qu’ils acceptent les lois de Pourim. 

 

C’est pourquoi la Torah Shébéalpeh va donner à la Méguilat Ester la dignité de la Torah elle-même. La révélation commence au Sinaï pour le peuple et le peuple est sous la contrainte de cette révélation. Cette contrainte cesse au temps d’Assuérus. Le fait qu’Israël continue d’être fidèle à la Torah et accepte l’autorité de la Torah Shébéalpeh après les temps d’Assuérus, montre que le Sinaï c’était bien de par leur volonté même qu’ils l’avaient accepté, et donc la question se repose : Pourquoi la contrainte ?

 

Si vraiment on peut démontrer qu’ils l’ont accepté en bonne volonté pourquoi faut-il mettre en évidence qu’il y a eu contrainte ?

 

J’en profite avant d’aller plus loin pour indiquer une remarque qui me semble importante : nous les Juifs sommes Israël d’après les temps d’Assuérus, mais il nous est extrêmement difficile - pratiquement impossible sauf pour les kabbalistes - d’essayer de réaliser ce qu’était le temps de Hébreux. C’est-à-dire le temps où la révélation était immédiate, une réalité expérimentale, quotidienne : le temps de la Bible. Alors que nous, nous vivons le temps d’après la révélation. Nous nous référons à l’événement de la révélation par une médiation intellectuelle. Alors que les Hébreux

n’avaient pas de problème théologique. La révélation se révélait. On ne discute pas avec une révélation. Très rares sont les Juifs qui sont capables d’être hébreux. Chez les Hébreux il y avait déjà des Juifs. C’est-à-dire que Juif c’est quelqu’un qui croit qu’il lui est possible de discuter avec le prophète. Lisez toute la Bible, il n’y a aucun endroit où les Hébreux discutent avec leurs prophètes. Ils sont pour ou contre, mais ils savent très bien que lorsque le prophète parle c’est le prophète qui parle. Il n’y a pas trace de raisonnement théologique dans la bible. Même pas dans Qohelet, même pas dans Mishlei. Cela commence après : quand la révélation cesse, les théologiens commencent à parler.  Je ne veux pas dévier sur un autre problème, mais vous voyez l’ampleur du problème.

 

Que nous dit ici Raba :

Il se révèle à partir du temps d’Assuérus que les Hébreux avaient bien accepté en bonne volonté la Torah au Sinaï, puisque la contrainte ayant cessé ils continuent à la pratiquer. Ceci dit la vraie question est : Pourquoi une telle contrainte ?

 

Une remarque supplémentaire :

C’est un peu ce que nous avons dans l’actualité juive contemporaine, énormément de juifs (libéraux, réformés... etc.) contestent la Torah orale, non donnée sous contrainte mais pas la Torah écrite donnée sous contrainte : ce qui est écrit c’est écrit ! Voyez à quel point cela ressemble…

 

Les Tossefot avaient déjà objecté : nous savons qu’ils avaient déjà dit « naassé vénishmah »,

 

Là je vais objecter sur Tossefot que à ce moment du récit ils n’avaient dit que Naassé et pas encore Naassé vénishmah, mais on fait comme si par manque de temps.

 

ils ont résolu la difficulté : pourquoi Dieu leur a t-il donné sous la contrainte ? Parce que peut-être qu’en voyant la difficulté qui s’attache au fait de recevoir la Torah… 

 

Le grand feu qui accompagnait la théophanie du Sinaï posé comme paradigme du vertige que prend l’ordre que prend le problème qui est posé à Israël : c’est la Torah de l’absolu que tu l’acceptes ou pas, lorsqu’on réalise ce vertige-là peut-être va-t-on se rétracter et revenir sur cet enthousiasme initial. Cela explique l’attitude de capitulation de beaucoup de juifs : c’est tellement énorme ce qu’un juif est censé être que beaucoup de juifs démissionnent ! C’est trop ! Il y a un vertige. D’une part, on se dit que ce n’est pas possible, mais d’autre part, c’est dangereux. Imaginez à quoi cela ressemble : Au fait qu’il faille prendre au sérieux que c’est Dieu qui a dit à quelqu’un : « c’est toi ! ». Il va finir par le croire, et finir par se prendre pour Dieu lui-même. Cela donne le vertige. C’est tellement énorme !

 

C’est ce que disent Tossefot : c’est tellement énorme que peut-être ils vont regretter…

 

…/…

 lire la suite ici

 

*****

 

 

 

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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 11:41

Hoshanah Rabba redoublement des noms de fêtes I

Hoshanah Rabba redoublement des noms de fêtes

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/hoshana_raba_redoublement_des_noms_de_fetes/cours_1

 

Durée : 45,6 minutes
Face A

 

La 1ère remarque porte sur l’apparence de répétition d’un certain nombre de choses dans le calendrier hébraïque. A différents niveaux d’ailleurs.

 

La 2ème remarque qui lui est reliée, c’est le fait que chacun des jours commémorés dans le calendrier hébraïque a plusieurs noms. Au minimum deux.

 

Le principe est que nous avons une motivation donnée à chaque jour de commémoration – je n’emploie pas le terme français de « fête » qui se réfère à un événement positif et heureux qui est commémoré au cours d’une fête alors que les jours du calendrier ne sont pas forcément des jours de fêtes, des jours fastes – ce qui est l’étymologie du mot « fête » - il y a aussi des jours « néfastes », sans vouloir entrer dans le vocabulaire de la conscience magique qui n’est pas notre sujet.

 

Disons que la structure du calendrier des jours de signification qui nous relie aux évènements fondateurs de l’histoire d’Israël, et à travers l’histoire d’Israël les événements fondateurs de l’histoire du monde. Ce que nous verrons par un exemple que nous traiterons rapidement et qui est celui de Rosh Hashanah. Rosh hashanah est censé être la création du monde et cela dépasse infiniment les limites de la commémoration proprement historique de l’histoire d’Israël à proprement parler.

 

Mais en fait, il y a deux niveaux : le nom que la Torah donne - « lishmah de oraïtah » - le langage de la Torah elle-même pour désigner les jours de commémoration pour la génération de la sortie d’Egypte qui a vécu le temps de la révélation.

 

Rosh Hashanah :

 

Pour prendre tout de suite un exemple :

Rosh Hashanah dans le langage de la Torah c’est Yom HaZikaron.

On a l’habitude de traduire par l’expression de « jour du souvenir », expression qui n’est pas fausse mas pas très exacte. Le souvenir en hébreu, c’est le terme de Zekher. Et Zekher est employé pour la référence à un événement dont le souvenir peut être imaginé – où l’on peut reproduire l’image de mémoire. Par exemple, Zekher Letsiat Mitsraïm - le souvenir de la sortie d’Egypte, c’est un événement que l’on peut réaliser en imagination de mémoire. Tandis qu’un événement comme la création du monde c’est un événement qui est inféré, qui est induit, par la mémoire de l’humanité. Etant donné les catégories de l’expérience et de l’intuition de la conscience biblique, il est évident qu’il y a eu premièrement la création du monde, mais c’est un événement auquel nous ne pouvons pas nous référer par une conduite habituelle de la mémoire, celle que l’on appelle Zekher. Alors le terme de Zikaron, je n’ai pas trouvé de correspondance en français, est une allusion à quelque chose qui est de l’ordre du souvenir.

 

J’ai l’habitude de l’expliquer en français beaucoup plus par le terme de mémoire que par le terme de souvenir. C’est le jour de la mémoire totale, récapitulée. Le jour de Rosh Hashanah, en tant que Yom Hazikarone, cela dépasse telle ou telle capacité de référence de souvenir de notre histoire. C’est la récapitulation de l’histoire du monde depuis le commencement. Et donc tout se passe comme si le terme de Zikaron serait une sorte de superlatif du Zekher : la mémoire totale. Je dis bien « tout se passe comme si », parce que c’est aussi un diminutif. Zikaron c’est à la fois moins que Zekher et beaucoup plus que Zekher. Zikaron c’est moins que Zekher parce qu’on ne peut pas réaliser l’événement en imagination, en rappel de perfection. Ce qui est le cas du Zekher : un événement est un événement et sa commémoration est une mémorisation. Tandis que Zikaron est allusion à ce qui est censé être de l’ordre de l’événement mais qui dépasse infiniment notre capacité de mémoire immédiate.

 

Quoiqu’il en soit c’est dans cette catégorie que la Torah écrite – Oraïtah – a désigné le jour de Rosh Hashanah. Le principe est ici très clair : il y a l’idée et l’intuition qu’il existe une mémoire totale où rien n’est oublié, où tout est récapitulé depuis le commencement, et donc : Zikaron leMaasseh Bereshit : jusqu’à l’œuvre du commencement. Et cette mémoire, c’est la mémoire que Dieu a de ce qui s’est passé dans l’histoire du monde. Et ce contenue du « Zikaron LeMaasseh Bereshit » depuis l’œuvre du commencement de l’histoire du monde, ce n’est pas la même idée ou catégorie que la vérité totale du projet d’une histoire pour le monde. C’est ce qui s’est passé.

 

J’ouvre ici une petite parenthèse qui me semble importante : Il faut prendre garde au fait que nous avons une telle familiarité avec le déroulement du récit que la Torah nous donne de l’histoire du monde depuis l’origine et en gros plan jusqu’à la génération de la sortie d’Egypte nous retrouvons  les événement fondateurs de l’histoire d’Israël, nous avons une telle familiarité avec le texte, la connaissance d’une telle cohérence et d’une telle logique du texte que l’on a souvent l’impression que c’est comme cela que ça devait fatalement et nécessairement et inévitablement se passer, parce que la cohérence de connaissance, la logique des significations, est d’une telle évidence que cela donne l’impression de fatalité. C’est une erreur dont il faut se déprendre.

En fait, à chaque étape du déroulement de l’histoire dans la réalité concrète du temps, les choses auraient pu être autres à l’intérieur du même projet. Ce qu’il y a d’absolu c’est le projet pour l’histoire d’un monde en train de s’engendrer lui-même jusqu’à ce qu’il devienne le monde réussi : Olam HaBa. Mais à l’intérieur de ce projet qui est imposé par la volonté du Créateur, toutes les possibilités sont ouvertes pour la liberté de la créature, et bien sûr, cet éventail de possibilités se restreint au fur et à mesure que le temps et le déroulement des conséquences des événements immédiatement passés ou plus lointains dans le passé fait foi, mais ce n’était pas inévitable que les choses se passent ainsi, c’est a postériori que les choses « sont venues être ». Je traduis de l’hébreu d’ailleurs.

 

Ceux qui sont familiers au vocabulaire de la Qabalah reconnaîtront ici un des thèmes importants de la pensée de la Qabalah : il y a un projet qui a priori était ouvert. Ce qui est désiré, projeté, c’est le résultat. La manière dont cela se passe dépend de ce qui se fait à travers la créature.

 

Je vous donnerais un exemple dans le vocabulaire traditionnel : très souvent on rencontre dans les textes pour dire la création du monde non pas « Briat HaOlam » mais « Briato Shel Olam ». Le fait que le monde soit créé vient du monde. Entendez cela en hébreu : Briato shel Olam. Briat HaOlam l’action exige un Boré. Il y a une différence de Moussaf entre Moussaf ashkénazes ou Moussaf séfarades sur l’expression qui se réfère à la création du monde : atah e’had qodem shébarata haolam – ou bien – qodem shénéma  haolam...  Cet exemple ponctuel simplement pour indiquer que la manière dont les rabbins se sont exprimés en référence à la création du monde implique toute une conception juive de la réalité dont ils parlent. La manière dont les faits sont arrivés c’est arrivé d’en-bas. Ce qui devait arriver cela arrive d’en-haut, mais la manière dont cela arrive, arrive d’en-bas.

 

Mishnah des Avot :

Il y a une exression dans la Mishna : « Da mah lemaalah mimékha - sache ce qui est plus haut que toi : un œil qui voit une oreille qui écoute...etc.» Dans une autre lecture cela devient « Sache que ce qui est plus haut que toi vient de toi... ». C’est ainsi que la Qabalah lit la phrase de la Mishnah avec une autre séquence d’intonations. Le détail de ce qui nous conditionne a postériori – ce qui a été ouvert dans le futur devient conditionnement dans le passé déjà réalisé, à travers le présent – cela vient de la manière dont l’initiative de l’autonomie de la créature a préféré vouloir que les choses se passent. Et donc, le projet est imposé par le Créateur mais nous décidons de la manière dont cela se passe. La marge de liberté se restreint en relation avec le temps passé.

 

Cette mémoire de ce qui s’est passé dans la réalité n’est pas perdue. Il y a les médecins ou les biologistes qui savent que bien que tout est refoulé ou mis de côté à l’abri dans l’inconscient, rien n’est jamais oublié. Il y a parfois des nuits d’éclairs et cela revient, il y a des chocs qui font revenir des souvenirs que l’on croyait vraiment disparus.

 

Voilà donc le terme qu’emploie la Torah Shébikhtav pour parler de Rosh hashanah.

Quel événement sera commémoré avec le commencement de l’année, le commencement de l’histoire ?  C’est la création du monde !

 

Encore une fois : comme cet événement ne peut pas être imaginé par nous, bien qu’il soit objet de certitude, alors il s’agit d’un Zikaron et non pas d’un Zekher.

 

Mais voilà  que la tradition Shébéalpeh, la tradition orale, dérivée du Talmud, va lui préférer un tout autre terme pour dire Rosh Hashanah : Yom HaDin – le jour du jugement.

 

Nous avons là un premier exemple de parallélisme du vocabulaire Oraïta – deRabanan. On pourrait se demander quelle est la différence entre ces deux expressions, mais surtout en quoi cela désigne-t-il la même réalité ? Dit d’une autre manière : en quoi est-ce différent ? Mais en quoi est-ce la même chose ?

 

C’est parce qu’en fait, nous sommes jugés par la mémoire ! C’est la mémoire qui nous juge. Et donc la façon dont les rabbins se sont exprimés, deRabanan, met en évidence l’aspect qui nous concerne.

Il y a donc là deux lectures de la même réalité : d’un côté la mémoire – et si on prend la notion de mémoire au sérieux alors apparaît la notion de jugement – c’est la mémoire divine. Et comme précisément cette mémoire est totale, cette mémoire est impitoyable, il n’y a pas de ruse possible avec une telle mémoire de l’absolu ; alors Rosh Hashanah fait partie de ce qu’on appelle Yamim Noraïm – « les jours redoutables ».

 

C’est redoutable. Et s’il n’y avait que ce mécanisme-là impersonnel que décrivent les psychanalystes lorsqu’ils parlent du « Surmoi », de l’inconscient terrible, qui pèse sur la conscience, s’il n’y avait que cet impersonnel-là, il n’y aurait effectivement que ce caractère impitoyable des Yamim Noraïm en soi.

 

Mais il y a quelqu’un qui juge, quelqu’un qui par définition fait la différence dans ce fait de mémoire entre ce qui ressort du tribunal des juges qui jugent, et ce qui ressort des avocats de l’accusateur et du plaideur, et ce qui ressort du plaideur lui-même. C’est-à-dire que c’est un tribunal qui apparaît dans la mémoire et pas seulement ce monstre impersonnel du « ça » comme le définirait les psychanalystes.

 

Voyez à quel point il faut se situer précisément dans cette tension de vocabulaire entre ces deux registres de culture. Je crois que c’est suffisamment clair : Il y a là l’intuition, que nous avons dans le langage même des rabbins, d’un lien très profond entre la mémoire et le jugement.

 

Voilà un exemple de ce qui pourrait apparemment apparaître comme pur et simple, mais cette répétition, ce double emploi, en réalité renvoie à un contenu de sagesse extrêmement important.

 

En général, nous avons l’habitude de dire qu’une des dénominations - celle de la Torah Shébikhtav - concerne la génération de la sortie d’Egypte, et la 2ème, deRabanan, celle de la tradition orale concerne les générations à venir jusqu’à la fin des temps de l’histoire qui mèneront aux temps messianiques.

 

Nous avons non seulement l’apparence d’une répétition de vocabulaire mais apparemment d’une répétition liturgique de la même commémoration : Matan Torah d’un côté et Sim’hat Torah de l’autre.

 

J’aborde très rapidement le cas de Shavouot.

 

Shavouot :

 

Là encore Shavouot dans la Torah Shébikhtav a un nom très différent de celui que la tradition orale lui a assigné : Matan Torah. C’est le nom donné par les rabbins pour désigner Shavouot.

 Nous n’avons aucune trace dans le récit de la Torah elle-même de ce que le 6 Sivan qui est ‘Hag HaBikourim dans la Torah Shébikhtav – la fête des prémices - soit la fête de la Torah. Nous savons d’autre part par le récit du livre de Shémot que le 6 Sivan ont été promulgués les 10 commandements – Asseret hadiberot – dix parmi les mitsvot.

En fait, il y a une Mal’hoqet parmi les Méfarshim : y-a-t-il une définition et neuf commandements ? Ou bien y-a-t-il 10 commandements ? Pour Rambam il y en a 10. Mais c’est un autre sujet. Mais c’est 10 parmi les mitsvot si vous voulez.

Matan Torah c’est le fait que toute la Torah d’une certaine manière soit impliquée dans les 613 lettres des 10 commandements (en fait 620, si on compte les 7 Mitsvot des Bnei Noa’h), c’est à postériori qu’on mettra en évidence que toute la Torah est impliquée dans les 10 commandements, mais au niveau du pshat c’est 10 parmi les mitsvot.

 

Matan Torah c’est autre chose, beaucoup plus large, plus général, plus important comme notion. Cela a l’air paradoxal ce que je dis là puisque dans l’échelle des valeurs, il semble que nous mettions les 10 commandements plus haut que les autres mitsvot.

Matan Torah c’est le fait qu’ait été confié à Israël en don de prérogative et de privilège le fait d’avoir à donner la Torah. Le fait qu’il y ait une alliance, et que à partir du Sinaï c’est Israël qui donne la Torah.

Le Peri Tsadik, sur un texte du Talmud, dit que Moïse nous a donné la prérogative à chacun d’entre nous membre du peuple d’Israël de pouvoir donner la Torah.

Devarim 33.4

תּוֹרָה צִוָּה-לָנוּ, מֹשֶׁה:  מוֹרָשָׁה, קְהִלַּת יַעֲקֹב

 « Torah Tsiva Lanou Mosheh Morashah Qéhilat Yaaqov »

 

Indépendamment du pshat direct du verset : « la Torah que Moïse nous a prescrite est l’héritage de l’assemblée de Jacob », avec le problème de lecture que cela pose repris par le Talmud : la Torah concerne l’assemblée de Jacob et pas celle d’Abraham, ni celle d’Isaac ! C’est une étude que nous pourrions avoir d’autre part : Pourquoi c’est à Jacob que sera confiée la révélation de la Torah ? Et Abraham apparaît dans ce thème de la révélation de la Torah comme une sorte de préparation, en passant par Isaac, à Jacob. Je vous le dis rapidement : Chacun des 3 patriarches était le juste-tsadik d’une des vertus fondamentales qui font l’identité d’Israël. Abraham c’est Midat Ha’Hessed, Its’haq c’est Midat HaDin et Yaaqov c’est Midat HaEmet.

Mais la Torah de ’Hessed c’est de façon connaturelle à l’identité d’Abraham que Abraham peut donc donner de lui-même sans avoir besoin d’une révélation d’En-haut pour savoir comment être ‘Hassid. S’il ne le sait pas par lui-même alors c’est qu’il n’est pas ‘Hassid. De la même manière pour la Midat Hadin de Its’haq.

Il y a là deux catégories de vertus qui sont à la portée de l’homme authentique et de bonne foi. Pour donner la Torah du ‘Hessed, il n’est pas nécessaire qu’il y ait une Torah Min HaShamayim. Pour donner la Torah du Din il n’est pas nécessaire qu’il y ait une Torah Min HaShamayim.

 

Mais ce n’est pas encore la Torah de Moïse. La Torah de Moïse : « Torah Tsiva Lanou Mosheh Morashah Qéhilat Yaaqov » est la prérogative et l’héritage de l’assemblée de Jacob qui lui est le patriarche, le Tsadik de Yi’houd HaMidot, l’unité des valeurs que l’on appelle en hébreu Emet.

L’unité des valeurs c’est la vérité morale. La charité est une authentique vertu, la rigueur est une authentique vertu. Mais la vérité morale c’est l’unité des deux, et cela est surhumain. Il n’y a pas dans les forces de l’homme livré à lui-même, livré à ses propres forces, la capacité d’avoir la Torah de l’unité des valeurs.

 

Expliqué dans le vocabulaire plus simple du midrash : lorsque je suis occupé à la conduite de charité, je viole la conduite de justice ! Et lorsque je suis occupé à la conduite de justice, je viole la conduite de charité ! C’est une impossibilité pour l’homme de se conduire d’après la vérité morale. Il ne peut pas de par lui-même. La Torah n’est pas donnée en héritage, elle est révélée d’En-haut. Elle est surhumaine. Et c’est pourquoi c’est Jacob seul, fils d’Isaac, fils d’Abraham, qui se voit attribué le privilège de la Torah que Mosheh nous a prescrit.

C’est le pshat du verset « Torah Tsiva Lanou Mosheh Morashah Qéhilat Yaaqov », indépendamment des ‘hidoushim que nos maîtres nous enseignent sur chaque mot du verset.

 

Le ‘hidoush du Pri Tsadik sur ce verset : c’est que Torah Tsiva Lanou Mosheh ce que nous a prescrit Moïse, la capacité que Moïse a eu de nous prescrire ce qu’il nous a prescrit, il nous l’a donné cette capacité, en héritage à l’assemblée de Jacob : et il y a dans l’assemblée de Jacob la capacité qu’avait Moïse pour donner la Torah. Et c’est pourquoi chaque membre d’Israël a son ‘hidoush à lui de la Torah, qu’il est le seul à pouvoir transmettre, et qui est à chaque fois irremplaçable. Je referme la parenthèse.

 

Retour au sujet :

Matan Torah c’est beaucoup plus que le fait d’avoir révélé 10 parmi les mitsvot. Effectivement, ces 10 mitsvot sont d’une nature telle qu’elles  impliquent la généralité spécifique à chaque mitsvah en particulier, mais elles impliquent l’ensemble des principes de toute la Torah.

Matan Torah c’est beaucoup plus, c’est la prérogative de pouvoir être source d’un ‘hidoush de la Torah. Encore une fois, ce verset doit être compris comme il est écrit : cela appartient à l’assemblée de Jacob et à aucune secte qui s’appellerait synagogue, à aucune secte de telle ou telle tendance. Il s’agit de l’histoire d’un peuple avec qui Dieu a contracté alliance et non pas du tout d’une église ou synagogue comme secte. La Knesset et non pas la Kné-secte. C’est « Qehilat Yaaqov».

 

C’est l’appelation De-Rabanan pour Shavouot. Alors que pour la Torah écrite c’est ‘Hag HaBikourim. Quel est le rapport ? C’est la même qu’avec Rosh Hashanah quelle est le rapport entre la mémoire et le jugement. Il n’était pas nécessaire d’attendre les développements de la psychologie des profondeurs pour s’apercevoir que finalement c’est la mémoire qui nous juge. C’est les rabbins du Talmud qui le disent. De la même manière pour Shavouot, nous allons nous apercevoir très rapidement, d’après l’enseignement de la Torah, que la Torah ne peut être confiée qu’à celui qui est capable de l’offrande des prémices.

 

La première fois que la Torah parle des Bikourim c’est à propos de Caïn et Abel. Il y a compétition de cultes, compétition d’offrandes, entre Caïn et Abel. C’est Caïn qui avait pris l’initiative. Et l’offrande de Abel a été agréée et Abel avec elle, alors que Caïn et son offrande ont été repoussés. Apparemment, sans prendre garde à ce que dit la Torah Shébéalpeh de ces textes, il y aurait là un arbitraire divin qui aurait préféré l’offrande d’Abel sur celle de Caïn d’autant plus que Caïn avait pris l’initiative du culte.

 

Cela se relie à un mystère pour les historiens des religions : tout se passe comme si à travers  l’histoire des religions l’humanité aurait commencé dans des comportements aberrants avant d’arriver au temps d’Abraham dans des comportement religieux « normaux ». Tout se passe comme si l’histoire de la conscience religieuse aurait commencé par le délit du paganisme avant d’arriver après un effort de maturité à travers des cycles et des cycles de civilisations à ce que nous appelons la conscience biblique qui nous semble être l’intuition évidente pour nous héritiers de cette conscience biblique. Mais l’universel humain a commencé par être païen avant d’être monothéiste. Il y a là un paradoxe de l’histoire.

L’équation de base que nous donne la Torah c’est Caïn et Abel : je vais essayer de vous montrer comment les Méfarshim nous donnent la clef de notre problème : Pourquoi Dieu a-t’il préféré l’offrande de Abel à celle de Caïn ?

Lorsque Caïn se réfère à autre que lui, l’autre que lui c’est Abel qui est né après lui. Dans la conscience de Caïn, Abel l’autre est en plus. C’est ce que dit le verset. וַתֹּסֶף לָלֶדֶת  Hatosef laledet. Les traductions disent ”elle enfanta ensuite”, mais l’hébreu dit « elle ajouta d’enfanter ». La naissance d’Abel est « en plus » de celle de Caïn. Caïn est le fils attendu. On l’attendait. Mais voilà que le fils est né, c’est l’aîné d’ailleurs, et qu’en plus il y en a un autre. Celui-là on ne l’attendait pas, il est en plus. Dans la conscience de Caïn, l’autre est là, il faut bien faire avec, mais il est en plus ! Tant qu’il ne gêne pas, il est là, mais dès qu’il gêne, il n’est plus là parce qu’il l’aura supprimé...

Voilà l’équation de la relation à autrui vécue par Caïn. Alors que pour Abel c’est l’inverse. Ce n’est pas difficile d’imaginer ce qu’est Caïn dans le monde : « c’est moi qui suis et l’autre est en plus !» C’est très difficile d’imaginer la conscience d’Abel, celui qui est né en plus. L’essentiel c’est l’autre, et lui c’est le frère. Caïn c’est le fils, mais Abel c’est le frère !

  אֶת-אָחִיו אֶת-הָבֶל וַתֹּסֶף לָלֶדֶת

Elle ajouta d’enfanter son frère Abel.

Ce n’est pas l’état civil que la Torah nous dit ici, on sait très bien que l’autre enfant est le frère, donc il ne s’agit pas de cela. C’est que Abel est d’emblée comme nature un être de fraternité parce qu’il est né en plus et qu’il a conscience que l’autre c’est l’essentiel. Cela c’est au niveau moral.

 

Or, la différence de théologie entre Caïn et Abel est parallèle à leur différence de morale. De la même manière pour Caïn, Dieu c’est en plus. C’est cela le paganisme. Dieu est supplémentaire, superflu, surplus. Et alors c’est l’offrande des surplus qu’on donne à l’être en plus. Et c’est ce que Rashi nous dit :

4.3

וַיְהִי, מִקֵּץ יָמִים

Et il arriva à la fin des jours…

 

Rashi explique: à la fin de la récolte c’est ce qui restait de la récolte. Les produits les plus inférieurs : il se sert d’abord, et ce qui reste en surplus, il le donne à l’être en surplus.

Alors qu’Abel, lui, offre les prémices de ses troupeaux. On voit la différence de nature de ces deux offrandes qui sont parallèles à la différence des deux comportements de la moralité.

 

Voilà ce qu’on veut nous faire comprendre-là : celui qui est capable de l’offrande des prémices, c’est à lui que l’on confiera la Torah. Parce que la Torah – je me réfère à un enseignement très connu de Rabbi Akiva que le principe fondamental de la Torah c’est « Véhavtah léreakha kamokha » : la Torah c’est l’art de se conduire avec autrui. D’une certaine manière la Torah c’est l’art d’Abel. Alors que le paganisme c’est l’art de Caïn.

 

Et par conséquent, on voit maintenant le lien entre Matan Torah et ‘Hag HaBikourim.

 

Il reste une question que j’effleure : après tout, pourquoi la Torah ne nous dit-elle pas explicitement que le 6 Sivan est le jour de Matan Torah ? Pourquoi la Torah ne nous a-t-elle pas donné de commandement concernant la fête de Shavouot en l’appelant non seulement ‘Hag HaBikourim mais aussi ‘Hag HaMatan Torah ?

 

De la même manière à Pessa’h c’est ‘Hag HaMatsot et pas Yetsiat Mitsraïm. Il y a là un événement historique fondamental : le don de la Torah ! Pourquoi la Torah ne l’a t’elle pas mise en évidence explicitement ?

 

J’ai eu, il y a quelques années, une discussion avec des théologiens chrétiens et musulmans, c’était au moment où Sadate avait eu le projet de faire un temple commun au judaïsme, à l’islam et au christianisme sur le Har Sinaï. On m’a demandé : Il y a des études très sérieuses, très précises et très passionnées chez les chrétiens et musulmans pour savoir où la Torah a été révélée, alors que ce n’est pas une préoccupation juive ? Je leur ai répondu tout simplement : « ce n’est pas tellement cela qui nous préoccupe parce que la Torah nous on l’a !»

 

Je crois que c’est un peu cela. Cela tend à prouver qu’il n’y a pas besoin d’un commandement particulier de commémoration du don de la Torah parce que nous l’avons, elle nous est donnée, c’est intégré. Nous n’avons pas comme les autres conduites à nous y référer, c’est notre être même. 

Enseignement du ‘Hafets ‘Hayim sur le Midrash de la Guémara Shabat : les anges veulent empêcher Moïse de recevoir la Torah. Ils argumentent en disant : pourquoi donner Ta Torah à l’homme ? Que vient faire ce fils de femme parmi nous ? Et Dieu dit à Moïse : « accroche-toi au trône de Ma Gloire et répond-leur, parle-leur de la Teshouvah ». Moïse argumente sur tous les commandements. Il y a écrit « tu ne voleras pas ! » Est-ce que vous les anges faites du commerce ? Il y a écrit « Honores ton père et ta mère ». Avez-vous un père et une mère ? »… etc. Mais il y a deux commandements sur lesquels Moïse n’argumente pas : « Tu ne porteras pas de faux témoignage »  et « Tu ne convoieras pas ».

Le ‘Hafets ‘Hayim explique cela : Parce que c’est intégré chez les anges : lorsqu’ils convoitent c’est la Torah qu’ils convoitent. Et lorsqu’ils portent témoignage ils portent témoignage de la vérité. Cela fait partie de leur identité même, ce n’est pas seulement un comportement de vertu à avoir. C’est leur être même.

 

De la même manière, le lien entre Israël et la Torah est un lien d’être et non pas un lien d’avoir. Il n’y a pas à avoir une mitsvah concernant le fait de se relier à la Torah. Sinon cela voudrait dire que nous n’avons pas la Torah. Je referme toutes ces parenthèses.

 

Simplement je voulais mettre en évidence qu’il n’y a pas d’arbitraire dans le fait que pour la tradition, il y ait apparemment une répétition, à la fois dans la dénomination des fêtes et dans la liturgie, dans le fait que nous ayons deux événements de commémoration apparemment pour la même réalité : Matan Torah d’un côté et Sim’hat Torah de l’autre.

Y-a-t’il des questions ?

 

***

Q : inaudible.

R : il y a aussi dans certaines expressions liturgiques « Zekher LéMaassei Bereshit » dans le Moussaf de Shabat, mais l’expression habituelle c’est « Zikarone LéMaassé Béréshit ». L’événement de la sortie d’Egypte est un événement réalisable dans notre mémoire. Alors que l’événement de la création du monde dépasse notre capacité de mémoire : il n’y avait pas d’homme pour y assister.

Au niveau du Midrash :

«  לְעֵינֵי כָּל-יִשְׂרָאֵל

Aux yeux de tout Israël” c’est la fin de la Torah, et

 בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ

le commencement de la Torah :

« C’est aux yeux de tout Israël que Dieu a créé le monde au commencement... ».

Mais c’est à comprendre dans le Midrash. C’est une autre étude. Mais je veux dire que, du point de vue du pshat, l’homme n’apparaît que le 6ème jour et n’est pas présent à cet événement. Par conséquent, notre conscience fait allusion à ce qui est une certitude et à laquelle nous ne pouvons pas nous référer comme mémoire, comme Zekher. C’est cela Zikarone. C’est difficilement traduisible en français, cela fait allusion à une sorte de substitut de la mémoire mais qui est plus que la mémoire parce qu’il ya de la certitude. Zikarone léMaassé Béréshit. Il y a une induction de notre mémoire qui va jusqu’au commencement. Mais ce commencement nous dépasse. Cet Alef du commencement dirait André Neher Za’l est avant le Beit. Mais l’histoire du monde commence au Beit de Béréshit !

Q : lien d’Israël dans Abel et Caïn...?

R : C’est une bonne question. En général quand un professeur ne veut pas répondre à une question c’est ce qu’il dit. Mais en vérité elle est excellente. Je réponds brièvement si vous me permettez. Abel a échoué parce qu’il n’a pas réussi. Ce n’est pas une lapalissade. Abel était un berger qui a échoué. Je pourrais le dire de multiple manière, je vous en dis une qui me semble assez éclairante à travers les Méfarshim : le problème moral pour Abel et pour Caïn n’est pas le même. Il est complémentaire mais il n’est pas du tout le même. Le problème moral pour Caïn c’est de faire une place à Abel dans son monde. Je relie cela à ma rencontre avec Bernard Lakache fondateur de ce qui deviendra la Licra et dont le journal avait pour titre « le droit de vivre ». C’est un scandale qu’il soit nécessaire d’avoir un journal avec un titre pareil ! Réclamer le droit de vivre ? C’est cela le quotidien de Abel chez Caïn : il réclame le droit de vivre ! 

Le problème moral pour Caïn c’est donner le droit de vivre à Abel, lui faire une place dans son monde. C’est le problème moral du païen : reconnaître autrui !

C’est une évidence au-delà de la quelle la Torah commence à nous enseigner. Dans la philosophie contemporaine on est obsédé par cette découverte : la culture païenne a à découvrir la dignité d’autrui : Cela montre qu’elle ne savait pas cela ! 

 

Le problème  moral pour Abel est tout autre : il est d’éduquer Caïn. De le fraterniser, de le rendre frère. Caïn c’est le fils qui n’est pas capable d’être frère. Abel c’est le frère. Et le frère c’est le berger, ce berger c’est le pasteur. Le pasteur c’est le Kohen. Le rôle d’Abel c’est d’éduquer Caïn. Et c’est la condition sine qua non de son existence. S’il n’éduque pas Caïn, il est en danger. Et Abel a échoué dans l’éducation de Caïn. Le texte ne nous le dit pas, mais nous le fait comprendre très clairement. Je vous donnerais un exemple d’un des Midrashim : Abel a été remplacé. Il a été remplacé par un berger qui réussira, c’est Shet. Un berger inassassinable, alors que Abel était éphémère. Hevel : le souffle, la buée. Abel était innocent mais il était coupable  de s’être laissé faire massacrer. Vous remarquez que c’est le sort de ceux qui prétendent qu’ils ont un message à apporter à Caïn. Il n’y a pas d’autre éventualité. Exemple dans l’histoire des patriarches :

 

 .../...
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8 octobre 2009 4 08 /10 /octobre /2009 19:01

HOSHANA RABBAH - TEMPS JUIF ET TEMPS UNIVERSEL - Suite & fin.

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/hoshana_raba_temps_juif_et_temps_universel/cours_1

 Durée : 44,8 minutes
Face B

 

Effectivement, beaucoup de traditions se sont fondées au nom de la Torah elle-même sur ce principe que la loi est trop difficile pour être appliquée : il faut trop chaud, le soleil brille trop fort...

 

Cela peut être analysé, c’est un sujet pour lui-même. Cette attitude consiste à reconnaître que Dieu a bien révélé Sa loi mais qu’elle est trop difficile à pratiquer et donc on ne peut pas être sauvé d’après cette loi trop difficile à pratiquer. On claque la porte ! Alors que l’attitude de la fidélité des Juifs à la Torah a été tout à fait différente. Même lorsque les conditions d’existence font que telle ou telle loi  de la Loi est difficile à appliquer, alors la législation orale établit comment on se relie à la loi, même sans l’appliquer, et en regrettant de ne pas pouvoir l’appliquer. C’est une attitude radicalement différente. Et ce sont effectivement des  théologies radicalement différentes qui sont issues de ce débat.

 

De la même manière cet échec, ce danger, cet écueil, se trouve aussi au sein de la communauté juive qui reste fidèle à la tradition en général. On a dans certains milieux qui s’appellent « réformés » ou « libéraux » une attitude assez analogue. Leur discours consiste à dire qu’au 20ème siècle, il y a des prescriptions trop difficile à pratiquer et qu’on annule... Cela ressemble à l’attitude qui referme violemment la porte de la Soukah. Alors que l’attitude traditionnelle est très différente : la vérité de la loi c’est la vérité de la loi, et si les conditions de l’existence font qu’il y a difficulté on regrette de quitter la Soukah si on la quitte et on regrette de la quitter (et de ne pas pouvoir accomplir la loi).

J’en arrive au dernier point de cette correspondance en citant une tradition très connue qui nous vient du Talmud : Sim’hat Torah est donnée comme jour supplémentaire après Soukot et qui est de nouveau réservé à la spécificité d’Israël.

Rappelez-vous de ce parallèle : Soukot c’est comme Pessa’h au niveau de l’universel. C’est Israël qui fête Soukot, mais en lui donnant une signification d’introduction de ce qui peut être sauvable et sanctifiable dans l’universel humain à l’intérieur de la liturgie d’Israël. Et nous verrons les correspondances de détails qu’ont donnés nos maîtres de façon très précises. Ce sont-là les 7 jours de Soukot qui s’achèvent à Hoshana Raba où nous vivons cette demande du salut telle qu’on l’avait connu au passage de la mer rouge : Vayoshaa – Hoshaana – Et une fois que ce salut est obtenu à l’échelle de l’universel, cependant il y a un jour supplémentaire qui est Shemini ‘Hag Aatseret-Sim’hat Torah qui est réservé uniquement à Israël.

 

Le Midrash, si je me souviens bien des détails, dit que le Roi du monde après avoir offert un banquet à toutes Ses créatures a dit à son fils préféré : « Toi, reste un jour encore avec moi » C’est Sim’hat Torah !

 

Maharal et spécificité d’Israël

 

Nous en arrivons-là à la 2ème partie du sujet que je voulais analyser, je le ferais sur un texte du Maharal qui est sur la spécificité d’Israël à travers cette expérience qui, je crois, est propre la tradition d’Israël : une religion de l’universel humain, une religion qui reconnait comme Dieu le Créateur de l’universel humain.

 

Nous avons commencé notre histoire à Pessa’h. Elle aurait pu être, si les nations du monde l’avaient accepté, en même temps l’histoire du salut de l’universel humain.

 

Je vous le rappelle très rapidement : Au moment de la sortie d’Egypte, Israël reçoit comme vocation d’être peuple de prêtres de l’humanité entière. Et à travers Israël, le fils aîné, qui a eu le premier l’expérience de ce salut de la sortie d’Egypte, l’humanité entière aurait pu à travers le salut d’Israël être sauvée du salut d’Israël en acceptant Israël comme « מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ   mamlekhet kohanim ve goy qadosh. » (Ex.19:6). L’humanité a refusé. Elle le refuse encore. Je n’ai qu’à citer une motion de l’O.N.U désignant Israël comme le seul peuple raciste de l’humanité. Il faut se rendre compte du manque d’humour de l’universel humain, et cela est dit sérieusement en plus !

Cela a été refusé. Corollairement, il se dévoile qu’Israël sortant d’Egypte n’était pas encore à la hauteur d’une telle mission. Rappelez-vous ce qui est arrivé 40 jours après le Sinaï à la fête du veau d’or, et les raisons pour lesquelles ce qu’on appelle « la faute du veau d’or » a eu lieu. Tout cela est reporté à la fin des temps.

 

Alors, entretemps, Israël vit sa propre histoire à Nissan dans une sorte de souvenir familial. La Hagadah de Pessa’h est une histoire de famille, mais à Soukot, Israël vit le Pessa’h de l’universel humain en y intégrant en intention (parce que c’est impossible autrement) les 70 nations.

 

Mais voilà que, lorsque c’est réussi, alors se dévoile de nouveau le caractère de la spécificité de « l’élection d’Israël ». Vous savez que ce terme est un peu insidieux, désignant de façon négative une sorte de prétention d’Israël à un élitisme d’élection. C’est mal traduit de l’hébreu. [Cf. A. Chouraqui : « Le peuple élu est souvent en ballotage ».] Mais de fait, il y a une mise à part d’Israël, et qui commence à se dévoiler de notre temps de plus en plus, par rapport à l’histoire des nations.

Nous sommes à la 40ème année de l’état d’Israël. Ceux qui ont vécu le temps d’avant l’état d’Israël mais même ceux qui sont nés après du temps de la société d’Israël ressentent que la relation des nations du monde au peuple Israël a changé depuis de notre temps. On perçoit que les nations du monde perçoivent la mise à part de ce peuple et du témoignage qu’il donne aujourd’hui après 2000 ans de son histoire jusqu’à aujourd’hui. Chacune de ces phrases forment le sujet de toute une analyse, mais je referme la parenthèse.

 

Mais cependant il reste Sim’hat Torah après Hoshaana Raba, c’est-à-dire le cas particulier de la spécificité d’Israël.

 

Texte du Maharal:

 

Au début du chapitre 37 de « Tiferet Israël » qui parle précisément de la spécificité d’Israël dans son rapport à Dieu, à Dieu qui est le Créateur et la Providence de l’universel des mondes et donc de l’universel humain et en ce qui concerne la relation à la Torah, à Shemini ‘Hag Atseret, le jour du « préféré de Dieu » (J’ai lu je ne sais plus chez quel auteur mais cela m’a beaucoup frappé : On demandait à un père de famille lequel de ses enfants il préférait ? Il répond qu’ils sont tous ses préférés, mais chacun d’entre eux à leur manière ! Alors il y a un préféré absolu, et c’est lui qui est le préféré...)

On commence à reconnaître que le peuple Israël est sans conteste le peuple de Dieu, on commence à l’entendre en clair, mais la Torah l’a dit depuis longtemps.

Voilà comment le Maharal en parle. On peut donner en introduction à cette lecture la phrase que nous disons avant de lire la Torah, on dit dans la Brakhah : « ashér ba’har banou mikol haâmim vénatane lanou éte torato». Les deux choses sont liées : Comment se dévoile cette spécificité d’Israël par rapport à Dieu, Créateur du monde ? C’est à Israël que Dieu a donné la Torah !

 

On peut analyser cela dans les deux sens mais finalement la signification est la même :

Pourquoi la Torah a t’elle été donné à Israël ? C’est parce qu’Israël est le peuple de Dieu à priori !  Et pourquoi est-il le peuple de Dieu ? Parce que c’est le peuple à qui on peut donner la Torah !

 

Une autre citation du Maharal dans « Netsa’h Israël » :

 

« De la même manière que c’est Dieu qui unifie Israël, pourquoi c’est Dieu qui unifie Israël parce que Lui est Un et Il est le Dieu d’Israël. »

 

Israël est une sorte de résumé de l’humanité. C’est un sujet pour lui-même. Israël reflète toute la diversité de la diaspora humaine. Et effectivement, ceux qui connaissent les problèmes propres à la société israélienne en général se rendent compte à quel point c’est une société où se reflètent toutes les diversités de l’humanité en général. La spécificité d’Israël c’est d’être universel. Cela a l’air d’un paradoxe, mais c’est un sujet pour lui-même. Et c’est Dieu qui les unifie parce qu’Il est Un et que parce que ce peuple est Son peuple. Cela veut dire qu’on trouve en Israël ce même lien – à la fois tension - que nous avons en Dieu Lui-même : spécifique, unique et en même temps, l’universel absolu. Ceci se retrouve au niveau humain dans l’identité d’Israël nous dit le Maharal.

 

« Et c’est pourquoi Dieu unifie Israël jusqu’au point où ils sont un peuple un. Comme nous disons dans la prière (Shabat après-midi): « Tu es Un et Ton Nom est Un, et qui est comme ton peuple Israël, peuple un sur la terre ? » Que Dieu qui est Un et en cela qu’il est le Dieu d’Israël (en particulier) c’est par là qu’Israël est un peuple un ».

 

Voyez ce paradoxe qu’un peuple aussi divisé en lui-même, aussi ‘diasporisée’ à l’intérieur de lui-même soit un peuple un. Et nous avons le témoignage négatif de la part des nations du monde : tout juif, quel qu’il soit et de quelque manière qu’il se connaisse ou se définisse, est accusé d’être juif de manière unanime. Nous avons une sorte de témoignage négatif qui met en évidence ce que le Maharal nous dit. L’extérieur d’Israël ne se préoccupe pas des divisions intérieures à l’identité d’Israël pour le mettre à part en tant qu’Israël. (Exemple : à Anvers un attentat a atteint des Juifs orthodoxes antisionistes. Ce fut la stupéfaction chez eux parce que les Palestiniens les avaient attaqué en tant qu’ils étaient d’Israël ! )

 

« Et c’est la raison pour laquelle les guerres de Gog ouMagog qui se définissent comme une guerre contre Israël par le fait que les nations du monde sont l’universel (au pluriel rabim) et Israël un peuple unique, spécifique, seul (yé’hidah). Or, cette Yé’hidout Israël spécificité unicité d’Israël vient de Dieu. Il en résulte que les guerres de Gog sont en réalité contre Dieu en réalité. Car c’est Lui Dieu qui est l’unité d’Israël. »

 

Et lorsque nous sommes dans ce phénomène annoncé dans les prophéties d’Ezéchiel que les nations du monde se dresseront contre Israël – le pluriel des nations contre la nation une et unique – et cela s’appelle la guerre de Gog OuMagog contre Israël – le roi de Gog roi de Magog faisant la guerre contre Israël. Or, j’ai là un texte du Péri Tsadik qui y fait allusion : les kabbalistes ont indiqué que la valeur numérique de Gog OuMagog fait 70 et cela représente la coalition des 70 nations du monde contre Israël.

 

C’est le sujet que vous verrez avec le rav ‘Hazan. Je ne veux pas anticiper sur le sujet : est-ce qu’on a déjà dépassé la guerre de Gog OuMagog, est-ce qu’elle n’est pas encore commencée ? Est-ce qu’on y est en train ? Mais dans tous les cas, sans trancher sur ce problème, on ne peut pas ne pas remarquer qu’Israël a toujours été – bien que cela se dévoile maintenant - en but à une coalition de l’universel humain contre -  chose invraisemblable - ce tout petit peuple qui a eu l’histoire qu’il a eu. Je n’ai pas besoin de vous rappeler tout cela. C’est tellement invraisemblable que c’est un peu comme lorsqu’on parle d’une lumière aveuglante : il fait tellement clair que l’on n’y voit plus rien, cela aveugle…  

 

C’est une des citations par laquelle le Maharal nous définit l’identité spécifique d’Israël.

 

Il nous reste une demi-heure pour aborder ce texte du Maharal sur ce sujet. Je voudrais par crainte de manque de temps tout à l’heure dire quelques mots très rapidement, c’est relié à la conclusion de cette exposé, mais c’est encore à sa place, un peu de la liturgie des Hoshaanot de Hoshaana Raba que nous aurons tout-à-l’heure en Sli’hot, et des Hakafot de Sim’hat Torah. 

 

Il y a chaque jour de Soukot une cérémonie de Hoshaana où l’on entoure le Sefer Torah en disant cette liturgie de la demande du salut. Je vous l’ai dit et j’en profite pour le rappeler : en français le mot de « Hozaana » que l’on entend dans les textes français a changé de sens. On l’emploie dans le sens d’action de grâce, une action de glorification. Alors qu’originairement c’est une prière de supplication qui demande le salut : qu’on soit sauvé de quelque chose...

De quoi demande-t-on à être sauvé ?

En tout cas, il y a chaque jour de Soukot cette cérémonie, et le 7ème jour, c’est-à-dire à Hoshâna Rabah, elle se fait 7 fois. Pendant les 6 jours, il y a à chaque fois une Hakafah un tour et à Hoshâna Rabah, 7 fois. C’est pourquoi il y a 7 prières de Sli’hot, qui correspondent aux 7 bergers d’Israël, les piliers de la famille et de l’identité d’Israël, et qui chacun d’entre eux a réalisé sur terre une des vertus qui ensemble fondent l’unité de la vérité des valeurs.

 

Le premier est Abraham dont la vertu est ‘Hessed la vertu de charité. Le 2ème est Its’haq dont la vertu est Gvourah, le Din, la vertu de rigueur. Le 3ème est Jacob dont la vertu est Tiferet, l’harmonie – l’unité entre la charité et la rigueur. On l’appelle aussi la miséricorde. Et le 4ème est Mosheh dont la vertu est Netsa’h, la permanence, l’éternité. Tout ce que Mosheh a touché devient éternel. Toutes les valeurs d’Israël auxquelles Moïse a donné son empreinte sont devenues éternelles à travers d’ailleurs l’universel humain aussi, même si c’est contesté. Mais c’est cela qu’on conteste et pas autre chose. Le 5ème est Aharon avec la vertu de splendeur - Hod. Yesod le fondement de la fécondité, dans le sens strict de ce qui permet les engendrements dans l’histoire. Bien que l’homme ait une existence qui est coupée entre sa naissance et sa mort, l’humanité est traversée d’une fécondité dont la force est celle de Yesod, et c’est Joseph qui la représente. Et la 7ème qui est Malkhout la souveraineté, c’est David.

 

Le Péri Tsadik a mis en forme un enseignement du Zohar selon lequel chacun de ces jours qui est consacré à l’une de ces valeurs et à l’un de ces patriarches : c’est la demande d’être sauvé de ce qui peut rendre impur cette valeur considérée.

Il y a la charité et la charité impure. Il y a la rigueur et la rigueur impure... etc. C’est ce qu’on appelle en termes de Qabalah « l’autre côté » du monde. Nous sommes dans un monde ambigu, qui est à la fois bien et mal. Alors il y a la charité du bien et la charité du côté du mal... Il y a une manière de faire la charité qui consiste à être charitable pour les Reshayim. Etant donné que le propre de la charité est précisément d’être charitable pour celui qui ne le mérite pas, on en profite pour être charitable par privilège pour ceux qui ne le mérite pas. La croix rouge par exemple qui se fait charitable par privilège sélectif pour les ennemis d’Israël assassins. C’est à cela que je pense. Cette manière d’être charitable qui d’ailleurs intoxique souvent la conscience juive elle-même.

Pour chaque valeur, il y a une caricature correspondante de la valeur du côté de l’impureté. Et c’est de cela que nous demandons à être sauvé. Le 1er jour de Soukot, nous demandons à être sauvé du ‘Hessed de Sitra A’harah. Hoshaana de cela. Le 2ème jour de Gvourah de Sitra A’harah... etc.

 

Le Péri Tsadik nous dit qu’effectivement il y a eu 7 ennemis d’Israël qui ce sont polarisés autour de ces caricature de valeurs. Il nous faudrait des citations et une érudition très abondante mais je vous le dit vraiment en filigrane simplement pour vous indiquer ce plan d’une étude qui mériterait d’être faite à la loupe pour elle-même. Elle nous prendrait des heures.

 

Par rapport à ‘Hessed la vertu d’Abraham, c’est l’Egypte. Il faudrait citer les versets.

Par rapport à Gvourah c’est la Syrie - Ashour.

Par rapport à Tiferet c’est Babel.

Par rapport à Netsa’h de Mosheh c’est Madaï (Paras ouMadaï).

Par rapport à Aaron c’est Yavan. Yavan c’est la sagesse du côté de l’impureté, la philosophie, celle qui s’attaque à la Torah shébéalpeh qui est le privilège d’Aharon. « Torat Emet Béfiou » c’est Aaron.

Et donc Yesod c’est Edom.

Donc ce sont là les 6 jours de ‘Hessed à Yessod. Intentionnellement, je vous dis des choses intraduisibles pour vous inciter à les étudier. Vous avez toute la vie pour cela.

Et le 7ème jour par rapport à Mashia’h ben David c’est Gog ouMagog : 7x10, les 70 nations coalisées contre Israël. C’est le grand Hoshaana : qu’on soit sauvé de cela ! 

 

Le Péri Tsadik du Rav Tsadok Hakohen de Loublin, que je crois le seul à le faire, a cité un verset qui se trouve dans Job au chapitre 5 au verset 19 :

 

                             Iyyov 5.19

                             בְּשֵׁשׁ צָרוֹת, יַצִּילֶךָּ;    וּבְשֶׁבַע, לֹא-יִגַּע בְּךָ רָע

                             De 6 catastrophes Il te sauvera et à la 7ème  le mal ne t’atteindra pas.

 

Le Peri Tsadik explique que pendant les 6 jours de Soukot on demande à être sauvé de ces 6 catastrophes, de ces 6 civilisations, qui se sont mesurées à Israël chacune par rapport à un défaut de la cuirasse d’une des valeurs d’Israël. Alors pour le 7ème, le mal ne t’atteindra pas : c’est pour Hoshâna Rabah.

 

Je tenais à vous citer cela comme une illustration de ce que représente cette liturgie de Soukot : le lien d’Israël aux nations où nous demandons d’être sauvé de ce dont les nations doivent être sauvées : la manière impure dont ils représentent et effectuent les valeurs que finalement l’histoire a fait émerger de façon positive dans l’identité d’Israël à travers les 7 grands patriarches cités précédemment.

Le Maharal explique cette spécificité d’Israël à propos du 1er commandement des 10 commandements. J’ai choisi ce texte parce qu’il est relié à Sim’hat Torah tout en sortant de Hoshâna Rabah.

 

Je vais vous lire le premier chapitre et le traduire. La question est de savoir si le premier des dix commandements doit être considéré comme une mitsvah ou pas. Je vous rappelle qu’on a l’habitude de définir les 10 paroles Asséret hadibérot – Asseret hadévarim parfois aussi – comme 10 commandements. Il s’agit de savoir si ces 10 paroles, chacune étant un dibour, une parole de révélation, est une Mitsvah, une obligation. Or, il y a un problème concernant la 1ère :

 

אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, אֲשֶׁר הוֹצֵאתִיךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם מִבֵּית עֲבָדִים:  לֹא-יִהְיֶה לְךָ אֱלֹהִים אֲחֵרִים, עַל-פָּנָי

Je suis Hashem ton Dieu, qui t’a fait sortir du pays d'Égypte, d'une maison d'esclavage. (Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face).

 

Il s’agit de savoir s’il y a ici un commandement de reconnaître l’unité ou l’existence de Dieu en tant qu’Il nous a fait sortir d’Egypte. Rambam insiste en disant qu’il y a là une mitsvah de reconnaître l’existence de Dieu puisqu’Il s’est manifesté dans l’événement de la sortie d’Egypte. Ou bien si c’est autre chose qu’un commandement : une définition que Dieu donne de lui-même. Et dans ce cas comment parler de 10 mitsvot, alors qu’il y en a que 9 ?

 

Un enseignement de Rabenou Be’hayé enseigne qu’il y a une seule mitsvah qui est la première et que les 9 suivantes sont les 9 dimensions intérieures de la première.

 

« Je suis Hashem Ton Dieu... »

Comment réaliser cela ?

Les rapports à Dieu ce sont les trois premiers commandements, les rapports à autrui les trois suivants, les rapports à soi-même trois autres commandements, cela fait 9 commandements qui déploient le premier. Mais cela fait 10 quand même.

 

Voilà ce qu’en dit le Maharal :

 

La première parole qui a été émise par Dieu « Anokhi Hashem Eloheikha - Je suis Hashem ton Dieu » a été considérée comme difficile par beaucoup d’hommes. La question qui s’est posée à eux a été de savoir si cette première parole « Anokhi Hashem Eloheikha » n’est pas une mitsvah un commandement. Car si c’était une mitsvah elle aurait dû être formulée en langage d’obligation (Tsivouï). «Anokhi Asher Hotsatikha MéErets Mitsraïm Yiyeh Lekha Elohim - Moi qui t’ai fait sortir d’Egypte Je serais ton Dieu » Le fait d’avoir dit « Je suis Hashem ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Egypte » semble être une définition et pas du tout une obligation. Et c’est pourquoi beaucoup de gens, qui n’ont jamais vu la lumière de la sagesse mais qui ont suivi le raisonnement de leur cœur, qui se basent sur leurs propres pensées, ce qui leur apparaît comme étant vrai, et qui n’ont pas recherché la sagesse dans le trésor des sages, et qui ont dit (ce sont des opinions caduques mais qui avaient pignons sur rue en son temps) : « que le début des 10 commandements ce n’est qu’à partir de la 2ème mitsvah : « Tu n’aura pas d’autres dieux devant ma face ». Et ils inventent des explications imaginaires pour trouver quand même 10 commandements. Le 2ème commandement devant se diviser en 2 ce qui en ferait 10. Ils sont tombés dans la poussière et ils n’ont pas réussi à trouver leur erreur. D’autres ont prétendu diviser le dernier commandement en deux  לֹא תַחְמֹד, בֵּית רֵעֶךָ   lo ta’hmod beit réékha - tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain -  לֹא-תַחְמֹד אֵשֶׁת רֵעֶךָ   lo ta’hmod eshet réékha - tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain...mais en réalité c’est un seul.

 

Maharal citent plusieurs exemples d’explications pour expliquer que la première parole n’est pas une mitsvah mais qu’il y en a quand même dix en coupant certaines paroles en deux.

La chose claire c’est que « Je suis Hashem ton Dieu » c’est la première des 10 paroles.

 

Il y a une parole en soi et un enseignement qui est formulé pour lui-même. Et ici le Maharal va insister sur le sens de « ton Dieu ». L’explication qu’il va en donner et que je vais vous lire est la suivante :

 

Je ne suis pas ton Dieu, dit le Créateur du monde, de la même manière que Je suis le Dieu du monde tout entier. « Anokhi Hashem Eloheikha » Ce n’est pas un adjectif que tu Me donnes en Me reconnaissant comme « ton Dieu ». C’est par essence que Je suis Hashem ton Dieu, étant d’autre part le Dieu de l’universel. Il y a un caractère spécifique propre à Israël, et nous allons voir comment le Maharal l’explique : cette spécificité se traduit par le fait que c’est à Israël que la Torah a été donnée.

                     

Et l’explication de cela (que « Je suis Hashem ton Dieu » c’est la 1ère des 10 paroles) en ce que je t’ai fait sortir d’Egypte et c’est pourquoi ne sois pas renégat par rapport à Moi en disant que Je ne suis pas ton Dieu.

 

Cela veut dire : le fait que c’est toi que J’ai sorti d’Egypte c’est cela qui dévoile et qui exprime que Je suis ton Dieu en particulier, parce que si Je n’étais pas ton Dieu tu n’aurais jamais été délivré d’Egypte. C’est parce que Je suis ton Dieu que Je t’ai délivré d’Egypte. Et donc le fait que cet intitulé אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, אֲשֶׁר הוֹצֵאתִיךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם    commence les 10 commandements de la Torah indique la spécificité du lien entre Dieu comme Dieu d’Israël et Israël. Je continue pour amplifier l’explication :

 

Et le fait que le texte n’ait pas dit « Anokhi Yiyeh Lekha Elohim - Moi Je serais ton Dieu » parce que cela aurait impliqué que ce commandement (aurait été) comme les autres commandements, comme par exemple : « Tu n’aura pas d’autre dieux devant Moi ».

 

Cela veut dire que cela aurait été un commandement au même niveau que les autres, alors qu’il y a là une indication de la spécificité du lien entre Dieu et Israël par rapport aux autres commandements.

 

Car si le lien entre Dieu et Israël était une parmi les autres mitsvot, alors il aurait été possible de se faire d’autre dieux aussi, comme pour les autres mitsvot il y a d’autres mistvot.

 

Si le fait de reconnaître Dieu comme Dieu d’Israël est une mitsvah parmi les mitsvot, alors comme il y a aussi d’autres mitsvot parmi les autres mitsvot, il y aurait pu avoir d’autres dieux pour Israël. C’est très profond ce que dit le Maharal ici.

 

Mais « Anokhi Hashem Eloheikha c’est Moi qui suis Hashem ton Dieu » même si l’homme ne le reconnaît pas comme son Dieu, Il l’est quand même.

 

Ce n’est pas un adjectif que l’homme lui donne, c’est un nom d’essence. « Dans Mon essence, Je suis Celui qui est ton Dieu, que tu Le reconnaisses ou pas… » Comment cela se dévoile-t-il ? Par le fait que Je t’ai fait sortir d’Egypte nous dit le texte, selon l’explication du Maharal.

 

De même qu’a dit le verset (Ezéchiel 20:33) : Ceux qui voudraient rompre le lien que Dieu a avec eux, qui ne voudraient plus que Hashem soit leur roi, pour cela le verset a dit « Vivant je suis parole de celui qui est Dieu, si cela ne sera pas par une main forte et un bras étendu, et par une colère déversée je régnerais sur vous ».

 

Cela veut dire que c’est irréversible et inévitable. C’est par essence que Je suis votre Dieu et pas du tout comme on le dit dans les religions : « je te reconnais comme mon dieu alors tu es mon dieu »... Vous avez compris la différence de nature.

 

Et afin que les hommes ne se trompent pas en pensant qu’ils peuvent se défaire de cette souveraineté comme par rapport à un roi de chair et de sang et ils ne sont plus sous sa souveraineté…

 

Il suffit de changer de nationalité, de passeport, ou de drapeau et alors on croit qu’on a changé de nationalité...

 

C’est pourquoi Il s’est exprimé ainsi : Anokhi Hashem Eloheikha : « Je suis » (au présent) « Hashem Eloheikha », comme pour te dire que de toute manière « Je suis Hashem ton Dieu par Moi-même » (sous-entendu que tu le veuilles ou non).

 

C’est là le ‘Hidoush du Maharal, la chose nouvelle que nous apprenons ici. Où en est la preuve ? C’est que Je t’ai fait sortir d’Egypte !

 

Au fond, je n’ai même pas à continuer le paragraphe, l’idée est claire : il y a une spécificité d’Israël qui se prouve et s’éprouve par ce que nous fêtons dans la liturgie de Hoshâna Rabah, par cette délivrance du salut que cela est possible et cela a eu lieu. En cela se dévoile que celui qui a été sauvé, c’est précisément le peuple dont le Dieu de l’universel dit : « Je suis ton Dieu !»

 

Je terminerais par un verset que nous lirons d’ailleurs dans la Parashat de Sim’hat Torah , tiré de Parashat Vezot Haberakha dans le chapitre 33.29 :

 

                        33.29

                             אַשְׁרֶיךָ יִשְׂרָאֵל מִי כָמוֹךָ, עַם נוֹשַׁע בַּיהוָה, מָגֵן עֶזְרֶךָ

                             Bienheureux es-tu, Israël! Qui est comme toi, peuple que sauve Hashem?

       Bouclier qui te sauve…

 

Je crois que ce verset récapitule tout ce qu’on a pu apprendre aujourd’hui concernant cette notion.

A Tishri, nous vivons en préfiguration pour l’universel ce que nous savions par expérience de ce qui nous arrivé à nous à Nissan. « Vayoshaa » au passage de la mer rouge – « Hoshaana » à Soukot.

 

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7 octobre 2009 3 07 /10 /octobre /2009 18:27

Hoshaana Rabah - Temps Juif et Temps Universel

 

Durée : 43,8 minutes
Face A

 

La première partie de l’étude va porter sur la place de Hoshaana Raba dans le calendrier. J’essaierais d’illustrer cette introduction par un texte du Maharal concernant ce qu’on pourrait définir comme étant l’élection particulière d’Israël, la place particulière d’Israël par rapport à la Torah. C’est-à-dire que cela portera à la fois sur Hoshânah Raba et sur Sim’hat Torah.

 

Comme vous le savez, nous sommes à la fin de la fête de Soukot qui est une des fêtes principales du mois de Tishri. En fait, dans le mois de Tishri se rejoignent deux séries de jours de commémoration du calendrier : ceux qu’on appelle les Yamim Noraïm qui commencent à Rosh Hashanah -Yom Kipour et Hoshaana Raba - et d’autre part les Moadim qui commencent à Pessa’h, Shavouot et Soukot.

 

Et le jour de Hoshâna Rabah est le jour où se rejoignent ces deux séries de commémorations du calendrier de la Torah, c’est-à-dire, les Moadim qui sont les fêtes de pèlerinages commémorant les grands événements fondateurs de l’histoire d’Israël, et dont le principe est la sortie d’Egypte. Et nous avons donc Pessa’h, la sortie d’Egypte elle-même, Shavouot la commémoration de la révélation de la Torah au Sinaï après la sortie d’Egypte, et Soukot qui est une sorte de rappel de Pessa’h mais dans un autre calendrier, celui de Tishri.

 

Mais le mois de Tishri lui-même possède sa propre liturgie qui est celle des Yamin Noraïm - les jours du jugement : d’abord Rosh Hashanah qui est le jour du jugement lui-même, ensuite Yom Kipour qui est le jour de l’expiation et du pardon le 10 Tishri ; et Hoshana Raba qui est en même temps que les derniers jours de la fête de Soukot, l’achèvement des Yamim Noraïm.

Je vais procéder par approches successives pour essayer de mettre en évidence la convergence de deux calendrier dans l’année : celui qui commence à Nissan, et celui qui commence à Tishri.

Vous savez que du point de vue de la Torah depuis la sortie d’Egypte, le commencement de l’année est à Nissan. Le verset c’est:

 

Exode 12.2

 הַחֹדֶשׁ הַזֶּה לָכֶם, רֹאשׁ חֳדָשִׁים:  רִאשׁוֹן הוּא לָכֶם, לְחָדְשֵׁי הַשָּׁנָה

« Ha’Hodesh Hazeh Lakhem Rosh ‘Hodashim Rishon Hou Lakhem Lé’hodshei Hashana... »

Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois; il sera pour vous le premier des mois de l'année.

 

Au moment de la sortie d’Egypte qui a eu lieu au mois de Nissan à l’époque du printemps, la première des révélations qui est donnée à Israël, c’est la première Mitsvah comme Mitsvah, c’est que l’année sera comptée à partir de Nissan. Et que les mois qui commencent à la nouvelle lune c’est dans le même verset, les deux enseignements qui sont entremêlés ; il y a donc un renouvellement de la structure du calendrier à la sortie d’Egypte.

 

Et puis, nous savons que Rosh Hashanah, le commencement de l’année, est cependant le début du mois de Tishri qui est le 7ème mois à partir de Nissan.

 

C’est là le 1er point que je voudrais éclaircir : Comment se fait-il que nous ayons deux principes de compte du temps dans la même année ? C’est déjà évidemment différent d’autres calendriers, d’autres traditions, qui ont une seule structure de compte du temps.

 

D’une façon générale un calendrier liturgique, dans toute liturgie que ce soit, et en particulier dans la liturgie de la Torah, enferme dans le temps de l’année tous les rythmes des différentes situations de l’existence depuis le début jusqu’à la fin du temps de l’histoire.

 

En d’autres termes, nous vivons à travers le temps de l’année toute la signification de l’histoire du monde selon une tradition donnée. Ceci est vrai pour tous les calendriers liturgiques dans les traditions qui connaissent encore leurs sources, et c’est d’autant plus vrai pour la tradition de la Torah.

 

Depuis le début de l’année jusqu’à la fin de l’année, il y a un itinéraire, un cheminement d’expériences spirituelles à travers la liturgie qui nous font vivre à l’échelle du temps humain, ce qu’est suivant la tradition considérée, la signification de la destinée de l’histoire du monde.

 

Ainsi, Rosh Hashanah c’est la création du monde et c’est le début de l’année.  Le début de l’année nous fait vivre à notre échelle un événement d’expérience, plus que par analogie, de ce qu’est le commencement de l’histoire du monde. Et ainsi tout au long de l’année, chaque conscience, chaque âme, chaque personne, vit dans son monde intérieur, sa vie intérieure, la signification de l’histoire suivant la révélation qui la concerne. En particulier, la révélation à Israël c’est la révélation de la Torah.

 

Or, voici qu’il y a apparemment un cas particulier : nous avons deux structures de rythme du temps dans l’année, alors qu’on s’attendrait à une seule structure du temps, c’est-à-dire d’effectuation des significations de la durée.

 

C’est un principe assez connu : l’homme à son échelle individuelle vit sous la forme du microcosme  comme disent les érudits ce qu’est l’histoire du macrocosme, du grand univers, et ceci est revécu chaque année dans une tradition qui se connait et qui s’assume.

 

En fait, nous avons quatre commencements de l’année, quatre structures du temps. Mais pour le sujet de ce soir, la place de Hoshâna Rabah et des fêtes de Tishri, je vais schématiser sur ces deux commencements de l’année que sont le 1er Nissan et le 1er Tishri. Il y a aussi comme vous le savez le 1er Eloul et le 15 Shevat. Et donc pour ceux qui ont étudié ces textes, cela renvoie au 1er chapitre de la Massekhet Rosh Hashanah « Arba HaSheshanim ». Cela renvoie donc à une structure de l’être du monde en quatre niveaux, mais je vais donc schématiser sur ces deux pôles de l’année qui commence à Nissan et de l’année qui commence à Tishri.

 

Le premier principe sur lequel je n’insisterais pas au début c’est que: l’année qui commence à Tishri commémore, récapitule et donne une signification aux événements de l’histoire universelle. Alors que l’année qui commence à Nissan concerne strictement le temps d’Israël. Or, le temps d’Israël a commencé à partir de la sortie d’Egypte. Raison pour laquelle l’année nationale hébraïque est l’année qui commence à Nissan.

 

Mais le peuple hébreu a existé avant le temps de la sortie d’Egypte.

 

Il y a dans notre histoire deux grandes époques en ce qui concerne notre sujet des grandes étapes de la durée de l’histoire d’Israël : le temps des pères et le temps des fils.

 

Les pères ce sont les Avot, les pères d’Israël, le temps des patriarches comme on dit en français. Et l’histoire du peuple d’Israël en tant que  Bnei Israël, les fils d’Israël, commence à la sortie d’Egypte. Et donc, la structure du temps telle que l’ont connu les patriarches était encore le temps de l’année universelle. Donc, leur calendrier commençait à Tishri. C’est à partir de la sortie d’Egypte dans la 2ème époque de l’histoire d’Israël, l’époque des fils d’Israël, que la structure du temps est comptée à partir de Nissan.

Effectivement, c’est du dedans de l’humanité en général où l’entité hébraïque était encore en gestation au temps des patriarches à partir d’Abraham qu’elle émerge de l’humanité universelle, du temps de Tishri, si j’ose dire ; et puis finalement, la naissance du peuple d’Israël comme identité spécifique commence à la sortie d’Egypte. Ce qui est marqué par l’année qui commence à Nissan.

Donc, il ne faut pas s’étonner de ce que la Torah nomme le mois de Tishri le 7ème mois, alors que c’est au début de Tishri que l’on situe le début de l’année qui commémore la création du monde.  Suivant le principe de la récapitulation des événements de l’histoire dans toute son extension, à  l’échelle de la durée d’une année humaine, si nous disons de Rosh hashanah que c’est le jour qui commémore la création du monde, cela devrait être le 1er mois du calendrier. En fait le 1er mois c’est Nissan.

 

On a suffisamment compris je pense qu’il y a une mutation qui s’est produite à la sortie d’Egypte : à Nissan commence le temps d’Israël, alors qu’à Tishri commence le temps universel.

 

Ce que nous avons vu précédemment de cette convergence entre les deux séries de commémoration, celle de l’histoire d’Israël spécifique qui commence à Nissan à la sortie d’Egypte (Pessa’h-Shavouot-Soukot) et le temps des nations qui commence à Rosh Hashanah, avec comme point culminant le 10 Tishri de Kipour et puis son achèvement (achèvement non encore ultime comme nous le verrons) à Hoshâna Rabah converge dans une journée particulière, celle de Hoshanah Raba, qui fait partie et de Soukot donc des Moadim, et des Yamim Noraïm donc du temps universel.

 

Vous comprenez pourquoi la journée de Hoshâna Rabah qui commence ce soir a une caractéristique si particulière et si spéciale dans le calendrier hébraïque tel que nous le commémorons depuis les temps de la Torah et à travers toutes les péripéties du temps de l’histoire juive jusqu’à nous.

 

C’est une liturgie où il y a à la fois le jour de fête des Moadim – des fêtes de pèlerinage – c’est la fin de la période de la semaine de Soukot, et aussi une liturgie des Sli’hot – les prières d’expiation – qui fait partie de celle de Tishri, c’est-à-dire, Rosh Hashanah – Kipour - Hoshâna Rabah.

 

J’espère cette introduction suffisante pour indiquer le caractère particulier de Hoshâna Raba.

 

Avant d’aller plus loin et d’expliquer dans le détail le parallèle entre la liturgie de Nissan et la liturgie de Tishri - et nous verrons qu’il y a une correspondance directe entre ces deux mois liturgiques - je voudrais citer assez rapidement le principe que vous connaissez certainement d’autre part : les différences de niveaux dans cette dialectique jugement-expiation-pardon qu’il y a dans les Yamim Noraïm : Rosh hashanah - Kipour - Hoshâna Rabah.

 

Le jugement se fait à trois niveaux parce qu’il y a trois dimensions du jugement. Il y a une tradition du Talmud qui dit que parallèlement au développement de la destinée de chaque personne, à l’effectuation de la vie de chaque personne, un livre s’écrit. Pendant que nous sommes en train de vivre, un livre est en train de s’écrire qui est le livre de notre vie. Et le jour du jugement c’est la confrontation entre deux livres : le livre de notre vie et le livre de la loi, le livre de la vérité. Alors le Talmud enseigne qu’il y a trois sortes de livres qui s’écrivent dans la vie des hommes. Il y a :

-Le livre des Tsadikim : les Justes

-Le livres des Beinonim : ceux qui sont au milieu – les moyens qui ne sont ni Tsadik, ni Rashâ. Et dans la perspective du juste milieu d’une façon générale, chacun d’entre nous est plus ou moins un Beinoni, quelqu’un de médian, au milieu des deux pôles des valeurs, les valeurs du bien absolu et les contre-valeurs du mal absolu. Nous sommes toujours mêlés d’une tendance au bien et d’une tendance au mal. Et par conséquent, la vie d’une façon générale, sauf cas exceptionnels, la vie de chacun c’est la vie d’un Beinoni. En grammaire, il y a le mode Beinoni qui désigne le présent, le quotidien. Effectivement, dans la vie quotidienne, la vie de tous les jours, sauf les cas exceptionnels d’héroïsme du côté du bien ou d’échec du côté du mal, le comportement est celui du Beinoni.

-Le livre des Reshayim. 

 

Ce sont les trois types de livres qui sont confrontés au livre de la loi au moment du jugement. Je vous rappelle un enseignement provenant du Zohar beaucoup utilisé par les ‘Hassidim : une assemblée se dit Tsibour, formée toujours par les trois composantes : Tsadikim-Bénonim-Reshayim dont les rashei tévot, les premières lettres, forment ce mot de TSiBouR. Ce qui est important ici c’est le Vav de Tsibour : ouReshayim « et » les Reshayim !

 

Cette tradition talmudique explique que les Tsadikim sont jugés à Rosh Hashanah. C’est dire que la mesure du jugement de Rosh Hashanah est la mesure du jugement le plus strict, le plus rigoureux. Midat HaDin. Le salut est obtenu à Rosh Hashanah par les Tsadikim. Et donc ils sont donc déjà quittes des jugements suivants.

 

A Yom Kipour, ce sont les Beinonim qui passent au jugement. Il faut comprendre par là qu’ils traversent le jugement, qu’ils sont sauvés du jugement. De même qu’à Rosh Hashanah c’est la Midat HaDin qui juge, la justice absolue stricte. La confrontation entre le livre de chacun et le livre de la vérité est stricte, et les Tsadikim passent cette épreuve. A Yom Kipour c’est la Midat HaRa’hamim, c’est une mesure de jugement qui est à la fois la justice mais en même temps déjà la miséricorde.

 

A Hoshanah Raba la confrontation est un jugement pour les Reshayim, avec les attendus de circonstances atténuantes, c’est la Midat Ha’Hessed absolue qui juge, et donc même les Reshayim peuvent être sauvés de ce jugement.   

 

Il y a encore un autre sursis qui est donné jusqu’à ’Hanoukah. J’explique très brièvement. Cela se trouve dans les commentaires du Shoul’han Aroukh, les commentaires postérieurs des maîtres de la Halakhah qui ont indiqué cela qui est assez important :

Le Tsadik, le Beinoni ou le Rashâ sont jugés d’après la loi. Ce sont des consciences qui se mesurent à la loi : les unes de façon absolument positive, ce sont des Tsadikim, les autres de façon approximative, c’est la majeure partie composée des Beinonim, les gens moyens (mais ce sont des grands qui sont moyens, il y a beaucoup de références à ce sujet) et puis les cas exceptionnels du côté du mal mais ayant conscience de la loi et étant cependant Rashâ. Ils sont définis d’après la Torah comme Tsadik, Beinoni ou Rashâ.

Mais il y a ceux qui n’ont aucun lien à la Torah, et ne sont d’aucune sorte de Tsibour, ni Tsadik, ni Beinoni, ni Rashâ, mais qui font partie du Klal Israël. Ceux-là ont un sursis jusqu’à ‘Hanoukah.

A ‘Hanoukah, il y a la commémoration de la restauration de la sainteté du temple qui a été détruit à Tishâ BéAv. C’est finalement à ‘Hanoukah qu’il y a eu la victoire des ‘Hashmonayim sur les Grecs dont la civilisation avait réussi à dénaturer l’identité d’Israël sur sa terre. Alors que tous les autres exils, avec les risques de dénaturation et d’érosion d’identité, se sont faits sur des terres étrangères. L’exil de Grèce était en réalité en Eretz Israël même. Ce sont les Grecs qui occupaient la Judée et qui ont réussi à dénaturer l’identité des Judéens en Judée. Nous ne sommes pas encore sortis de ces épreuves-là.

Et voilà qu’il y a eu la victoire des ‘Hashmonayim et on a pu retrouver la sainteté du temple. Cette catastrophe qui s’est produite à Tishâ BéAv a été restaurée à ’Hanoukah. Or, ceux qui pratiquent ‘Hanoukah, c’est-à-dire ceux qui se relient à la commémoration de la restauration de l’identité nationale d’Israël et qui ne sont pas forcément reliés à la Torah, font cependant partie de ce sursis qui est donné du jugement qui est donné depuis Rosh hashanah-Kipour-Hoshâna Rabah jusqu’à ‘Hanoukah, à un niveau d’identité encore beaucoup plus général.

 

Il est frappant de remarquer que nous vivons cela de notre temps. Nous avons des Juifs qui pratiquent Rosh Hashanah, sérieusement. Vous avez les Beinonim, c’est la majorité, qui pratiquent Kipour. Et on trouve cette expression contemporaine de « Juifs de Kipour » négativement connotée, mais je crois qu’il y a quelque chose de très positif d’être juif au moins à Kipour. Ce sont les Beinonim. Et puis, il y a ceux qui se récupèrent dans leur identité à Hoshâna Rabah: une sorte de reconstruction d’un véritable Tsibour, les Reshayim y compris. C’est pour eux que cette liturgie nous est donnée comme telle. Et puis il y a ceux qui ne se définissent pas du tout dans ces catégories de la Torah : Din, Ra’hamim, ‘Hessed. Au-delà de cela, mais qui font partie du Klal Israël. Vous avez remarqué que depuis que la société israélienne existe à quel point la fête de ‘Hanoukah rassemblent des Juifs qui ne sont même pas des « Juifs de Kipour ». Et bien le Shoul’han Aroukh avait déjà prévu cela en indiquant ce sursis du jugement à ‘Hanoukah. Celui qui n’a pas vécu les étapes décrites de Rosh Hashanah-Kipour-Hoshâna Rabah, mais qui allume la ‘Hanoukiah fait partie encore de ce salut qui fait l’objet de notre étude de ce soir.

 

Voilà donc le parallèle que je voudrais rapidement esquisser entre les différentes structures du mois de Nissan comme inaugurant l’année propre à Israël et les structures du mois de Tishri qui commémore l’année propre à l’universel humain.

 

Le 1er de Nissan correspond à Rosh Hashanah, le 1er de Tishri correspond au 1er de Nissan.

C’est le verset d’Exode 12.2 :

 

הַחֹדֶשׁ הַזֶּה לָכֶם, רֹאשׁ חֳדָשִׁים:  רִאשׁוֹן הוּא לָכֶם, לְחָדְשֵׁי הַשָּׁנָה

« Ha’Hodesh Hazeh Lakhem Rosh ‘Hodashim Rishon Hou lakhem... »

Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois; il sera pour vous le premier des mois de l'année.

 

C’est le début de la révélation de la Torah qui concerne le 1er jour de Nissan.

Le 10ème jour de Nissan, Moïse est chargé de demander à Israël de préparer le sacrifice de Pessa’h, « assor la’hodesh », déjà à Nissan. Vous comprenez à quel point cela correspond déjà au 10ème jour de Tishri qui est le jour du Seder HaAvodah qui est le jour du Korban de la Kaparah de Kipour. Kipour le 10 Tishri correspond au 10 Nissan, la préparation du Korban Pessa’h.

 

Je n’analyserais pas les différents points que je vais énumérer parce que cela prendrait trop de temps, mais c’est simplement pour donner des repères dans ces correspondances avant de récapituler le principe de ce parallèle et de cet entremêlement entre l’année propre à Israël et à sa spécificité, et d’autre part à l’année universelle. Ce qui est frappant déjà au niveau des liturgies, c’est la correspondance des significations.

 

Lorsque nous commémorons à Rosh Hashanah la création du monde et le jugement des créatures, c’est universel. C’est Israël qui le vit, mais il le vit à l’indice de l’universel. De la même manière, au niveau de Kipour, de la même manière au niveau de Hoshâna Rabah.

Le mois de Tishri est le mois de l’année des événements du monde que Dieu a créé à l’origine, et les événements propres à l’histoire d’Israël sont en filigrane, alors que c’est exactement l’inverse dans l’année de Nissan. L’année de Nissan nous y vivons des événements qui sont strictement propre à Israël, et les événements propres à l’universel humain sont en filigrane. Et ces deux années se rejoignent, s’entremêlent, il y a donc la perspective d’une unité qui est le propre de la définition du monothéisme hébreu : l’unité de ces deux dimension de l’universel  - Dieu créateur de l’univers – et Israël en particulier de façon spécifique, (la dialectique) Nissan – Tishri.

 

Dans le mois de Nissan, Pessa’h c’est le 15 Nissan.

Dans le mois de Tishri, Soukot commence le 15 Tishri. Nous verrons les correspondances.

 

Or, la fin de la semaine de Pessa’h est une fête pour elle-même qui fait partie de Pessa’h mais qui est Shémini Shel Pessa’h, commémoration du passage de la mer rouge- Qriat Yam Souf. Et la fin de la semaine de Soukot est le jour de Hoshaanah Raba qui lui correspond.

 

Je vous donne très rapidement une première correspondance.

Le mot de Hoshâna Rabah est la récapitulation et l’élargissement de la liturgie de la demande du salut (« Yeshoua » en hébreu « Hoshaana » signifie « Sauve-nous ») qui est une liturgie particulière aux 7 jours de Soukot. Or, le passage de la mer rouge est aussi indiqué dans les textes dans la même catégorie. Voir le verset (Exode 14:30) qui introduit le récit de Shirat HaYam :

 

14.30

וַיּוֹשַׁע יְהוָה בַּיּוֹם הַהוּא

« Vayoshaa Hashem Bayom HaHou.

Et Dieu sauva Israël en ce jour-ci ».

 

Yeshoua – Vayoshaa – Hoshaanah, ce sont les mêmes racines.

Donc c’est une liturgie du « salut ». Je suis obligé de parler en français et j’essaie de vous expliquer les correspondances de sens que cela a en hébreu : c’est différent de Géoulah qui est une délivrance d’un événement qui a aliéné notre histoire de façon ponctuelle. On est sauvé dans la Géoulah, délivré d’un événement particulier d’aliénation. La Yeshoua est beaucoup plus profond : on est sauvé de notre destinée de créature. Et donc, il est frappant de voir que c’est le même terme qui est employé par la Torah pour nous dire ce qui se passe au passage de la mer rouge que non seulement il y a eu Géoulah de Mitsraïm - la délivrance de l’oppression de l’Egypte – mais la Yeshouah le salut, c’est irréversible. « Az Yashir Mosheh ». Le verset dit : alors seulement Mosheh a pu chanter. Pendant toute la semaine de la sortie d’Egypte, il y avait encore la menace du non-irréversible. C’était une Géoulah, on a été délivré,  mais on aurait pu être repris. Tandis que lorsque le verset a pu dire « Vayoshâ - Il a sauvé »  dans le sens de Yeshoua, alors Moïse a pu chanter le cantique de la mer rouge   אָז יָשִׁיר-מֹשֶׁה   alors Moïse chanta

I

l y a donc là une correspondance assez importante. Nous sommes arrivé à un point important : Hoshâna Rabah correspond pour Nissan à Shévii Shel Pess’ah qui est le passage de la mer rouge.

 

Nous arrivons au dernier point : dans le mois de Tishri, le jour qui va suivre la fête de Soukot, et  donc Hoshâna Rabah, c’est Shemini ‘Hag HaAtseret – le 8ème jour de la clôture de la fête de Soukot qui est en même temps la clôture de tous les Moadim. C’est dire que Shemini ‘Hag HaAatseret, qui en Israël est Sim’hat Torah (alors que en Galout c’est le lendemain qu’est Sim’hat Torah) est simultanément la clôture de Soukot et la clôture de tous les Moadim.

 

C’est Shavouot dans le mois de Sivan qui correspond à Sim’hat Torah - Shemini Atseret, en Israël. Shavouot c’est Matan Torah qui est la suite de Pessa’h décalée de sept semaines. Alors que Sim’hat Torah c’est immédiatement après Soukot, de nouveau la reprise de Shavouot mais sous une autre forme : Sim’hat Torah.

Voilà si vous voulez déjà donc le tableau de cette correspondance : nous avons la même liturgie à Nissan et à Tishri. L’une qui est spécifiquement définie dans les événements qui concernent l’histoire d’Israël comme cas particulier dans le monde. Et l’autre à Tishri, et ce sont les mêmes commémorations mais à l’échelle de l’universel. Et le jour où se réunissent ces deux séries de commémorations c’est le jour de Hoshâna Rabah qui se définit donc directement comme dernier jour de Soukot et en même temps dernier jour des Yamim Noraïm, dernier jour de la liturgie de Tishri et dernier jour de la liturgie des Moadim qui commence à Nissan.

 

Je voudrais citer deux indications qui nous montrent qu’en principe c’était dans un même mois que ces deux séries de fêtes devaient se dérouler en même temps à Nissan.

 

Nous avons au fond la même liturgie décalée deux fois, l’une à Nissan avec l’accent sur la spécificité d’Israël, l’autre à Tishri avec un accent d’universalité.

 

Deux indications :

 

1- Quand Israël est sorti d’Egypte, la première étape à laquelle il est arrivé s’appelle Soukot. Il y a là une indication extrêmement importante. Un endroit qui s’appelle Soukot ! Comme une allusion au fait qu’immédiatement après l’expérience de la sortie d’Egypte et de la délivrance après le passage de la mer rouge, où c’est de façon irréversible que l’Egypte a perdu et a renoncé à la main mise sur Israël. Ou si vous voulez l’accouchement et l’engendrement de la nation d’Israël commence et s’achève, s’achève et commence, à la sortie d’Egypte. Elle se prépare depuis le temps d’Abraham mais est réalisée de façon irréversible à la sortie d’Egypte. Immédiatement après il fallait arriver à Soukot. Et donc que Pessa’h aurait été vécu dans Soukot. Que Soukot et Pessa’h aurait été la même fête, la même commémoration d’une délivrance ensemble de ces deux niveaux, le temps universel et le temps spécifique d’Israël. J’espère arriver rapidement à éclairer cela.

 

2- Dans l’histoire de Jacob qui est celui des patriarches qui a reçu le nom d’Israël, et dont la vie a préfiguré l’histoire du peuple d’Israël dont il est le fondateur en tant que 3ème des patriarches après la sélection d’identité qui commence à Abraham, immédiatement après sa rencontre avec Esaü et lorsque Esaü retourne à Séïr, immédiatement le texte nous dit que Jacob s’installe à Soukot ! Un endroit qui s’appelait Soukot pour y construire une maison. (C’est d’ailleurs sur ce verset que l’on se base pour enseigner qu’il faut dès que Kipour finit commencer à construire la Soukah.)

 

Que représente donc Soukot par rapport à Kipour, et par rapport à la sortie d’Egypte de telle sorte de comprendre ces correspondances ?

 

Je le dirais très rapidement.

La signification – je n’emploie pas le terme de symbolique qui a un sens grec trop particularisé – de Soukot c’est l’attestation de la confiance dans la Providence. Alors que c’est le temps où dans le comportement naturel on va rentrer dans la protection de la civilisation humaine, la maison qui protège de l’hiver qui commence, c’est la fin de l’été et la fin du temps des récoltes, c’est le temps où en général on a fini les vacances et c’est au moment où tous quittent les cabanes des Club Méditerranée que les Juifs rentrent dans leur Soukah ! Voyez le contraste ! Juste l’inverse ! C’est dire qu’au moment même où il faudrait rentrer dans la maison calfeutrée et confortable, à ce moment-là on quitte la maison en dur qui est le produit de la civilisation humaine sédentaire, et on se construit une cabane pour vivre sous les étoiles, sous la Hasga’hah, la Providence.

C’est-à-dire que c’est une attestation de la Emounah qui est au-delà et au-dessus du confort de la nature aménagée. On est directement relié à la providence et à la protection de la Hashga’hah. C’est la signification fondamentale et élémentaire qui est enseignée au sujet de la Soukah.

C’est-à-dire que lorsqu’on a été délivré de l’aliénation alors on peut attester que le véritable lien qu’on a avec Dieu c’est le lien de la Soukah et non pas celui de la maison en dur – c’est-à-dire de l’abri que l’homme se construit pour se cacher et se protéger pendant le temps que dure l’histoire du monde, c’est-à-dire, l’histoire de la nature.

 

Or, effectivement, dès qu’on est sorti d’Egypte on devait arriver à Soukot.  C’est ce qui est indiqué : dès qu’on est délivré à Kipour on entre à Soukot.

 

Seulement, et c’est le dernier point que je voulais indiquer dans ce parallèle,  il y a un décalage qui apparaît de façon massive au niveau de la révélation de la Torah à la sortie d’Egypte.

 

On ne s’attendrait pas à la sortie d’Egypte à ce qu’il y ait un doublet de Nissan à Tishri. Le temps de Nissan est le temps préhistorique. Lorsque les Patriarches sont sortis d’Our-Qasdim, ils ont emporté avec eux les noms des mois de la civilisation d’Our-Qasdim : Nissan, Sivan... etc.

Ce ne sont pas des noms hébreux, ce sont maintenant des noms israéliens adoptés par les Juifs en souvenir pieux de nos ancêtres les Hébreux d’avant le temps de la sortie d’Egypte. Ce sont des noms tirés de la préhistoire du temps des patriarches et qu’ils ont reçu de l’année des civilisations où ils vivaient. Ce sont les civilisations que nous appelons de façon schématique chaldéenne, phénicienne... c’était la grande civilisation du temps où l’identité hébraïque était en gestation. Elle avait comme année l’année du temps universel. Alors que la Torah ne donne pas du tout ces noms-là : elle parle de 1er mois, 2ème mois...etc. On s’est habitué à employer les noms comme Nissan mais ce ne sont pas des noms de la Torah. C’est intégré dans le vocabulaire hébraïque, mais cela vient d’une préhistoire de l’identité spécifique hébraïque.

 

Si l’humanité avait mérité que le temps du salut d’Israël à la sortie d’Egypte était aussi le temps du salut de l’humanité universelle, alors Pessa’h et Soukot aurait été confondu.

 

Mais comme au temps de la sortie d’Egypte, il y a eu un décalage entre le temps du salut pour Israël et le temps du salut pour les nations du monde qui est reporté à la fin des temps, alors se creusent l’écart entre ces deux niveaux des structures de l’année : Nissan d’un côté et Tishri de l’autre.

 

Sans avoir de source à vous citer : à la fin des temps on verra une réunification entre la liturgie de Pessa’h et la liturgie de Tishri, de Nissan et Tishri.

 

Une indication assez connue qui je crois est à sa place : Soukot se réfère à un lien très étroit entre Israël et les 70 nations du monde. A Soukot, on offrait 70 sacrifices à travers les sept jours de Soukot, offerts au nom des 70 nations du monde pour les intégrer dans la sainteté d’Israël. Donc ce n’est pas pour rien que la tradition a enseigné que Soukot c’est Israël qui vit le Pessa’h des nations, vécu à l’époque de Soukot comme une sorte de préfiguration des temps où le monde aura connu son Kipour, sa rédemption ultime, et finira par entrer dans le temps de la Providence qui est représenté par la Soukah.

 

Une 2ème indication est fournie par une Guémara qui enseigne qu’à la fin des temps au moment du jugement, les nations du monde s’émeuvent à propos de la Torah et du jugement dernier: elles argumentent que c’est une injustice d’être jugée d’après la Torah qu’elle n’ont pas reçu... C’est vrai qu’ils ne sont pas justiciables par rapport à la Torah et que seul Israël peut être jugé ! Il n’y a qu’à lire les journaux quotidiens et hebdomadaires universels pour voir que cela ne change pas !

Seul celui qui a accepté d’être jugé d’après la loi peut être jugé d’après la loi, quelque soit la loi, à plus forte raison la Torah.  

Alors les nations demandent : on efface tout et on recommence, propose nous Ta Torah qu’on l’accepte ! Dieu leur répond : Je n’ai pas le temps, je vous donne une Mitsvah: la Soukah...

C’est donc la Mitsvah qui concerne les Oumot HaOlam. Les Goyim sont contents. Mais Dieu fait sortir le soleil de son fourreau, ce qui rend impraticable la Mitsvah, alors les Goyim claquent la porte de la Soukah et rentrent dans leurs maisons.

On a objecté à cette Guémara. C’est la Halakhah qui le prévoit que s’il fait trop chaud ou trop froid on n’a le droit de la quitter ! Pourquoi ont-ils été punis ? Réponse : parce qu’ils ont claqué la porte ! 

Lorsque quelqu’un qui a accepté la loi se trouve dans des conditions d’existence qui font qu’il ne peut pas appliquer la loi, il ne l’applique pas, mais il le regrette. Tandis que celui qui se trouve dans les conditions d’existence qui lui permettent de ne pas appliquer la loi et qui s’en réjouit c’est différent de nature.

 

…/…
lire la suite ici 

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