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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 12:10

Vayiqra (1994)

 

 

Vayikra (1994) 1ère partie.

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayikra/cours_1

Face A

 

3ème livre de la Torah qui est Vayiqra.

Etude du verset de Bamidbar Chapitre 28 verset 23.

 

C’est la 1ère Parashah du livre, je commence par une introduction générale sur le livre de Vayiqra qui s’appelle dans la formulation talmudique « Torat Kohanim » – la Tora propre aux prêtres.

Je vais essayer d’expliquer une des manières de rendre de compte de cette intitulé. En français, le Lévitique qui est analogue mais pas exact. Les Kohanim était la branche aînée de la tribu de Lévi. « Lévitique » signifierait le statut ou le code propre aux Lévites, mais bien que les Lévites aient un statut particulier vis-à-vis de la sainteté et différent des autres membres d’Israël, malgré tout ils n’étaient pas au niveau de sainteté des Kohanim.

 

Il y a trois niveaux de relation à la sainteté dans le peuple d’Israël :

ð  Kohanim.

ð  Léviim.

ð  Israel.

 

Les Kohanim et les Léviim sont à part du reste des tribus d’Israël, et d’autre part de la sainteté propre à l’ensemble d’Israël. Un moyen mnémotechnique qui provient d’un enseignement de la Kabalah note que les Rashé Tévot donne le terme de Kéli : Kaf-Lamed-Youd.

 

Il y a une définition à retenir. Bien qu’il y ait des différences du point de vue de la sainteté entre les

Kohanim et les Léviim et Israël, tout cet ensemble forme un même ensemble par rapport à la mise à part de la sainteté.

 

La traduction fondamentale en français du terme « Qadosh » est d’abord « la mise à part », mais dans une signification différente d’un autre terme hébreu qui signifie « mis à part ».

Paroush – mise à part

Les Peroushim, les Pharisiens, étymologiquement.

L’histoire a fait que le terme a pris une connotation négative en français et synonyme de « jésuites »

 

Peroushim : ceux qui avaient le parti pris de sainteté, même s’il n’étaient pas Kohanim ni Léviim. La conduite de Péroushim dans les tribus d’Israël à partir du temps du 2ème temple, époque où il y avait une multitude de sectes. Il y a une discussion chez les historiens et les théologiens pour savoir de laquelle de ces sectes est sorti le christianisme. La grande discussion consiste à savoir si c’est sorti des Esséniens ou des Pharisiens.

 

Je penche vers la thèse défendue par André Néher selon lequel le christianisme apparait plutôt comme issu d’une secte hérétique des Pharisiens plutôt que comme une secte hérétique des Saduccéens. La découverte des manuscrits de la mer morte montre qu’il en est ainsi. Quoique du point de vue des calendriers, les Chrétiens ont un calendrier plus proche que le calendrier saduccéen, c’est-à-dire ni pharisien ni essénien. Ce sont des débats assez compliqués qu’il faut laisser aux spécialistes.

 

Etymologie du terme Qadosh : il ne peut être traduit par le terme français de sacré. C’est plutôt le terme de saint. La Qedoushah c’est le « saint » et non pas le « sacré ».

Pour certains « sacré » et « saint » sont synonymes, mais E. Lévinas  dans un de ses ouvrages a donné des repères importants pour la distinction entre le sacré et la sainteté.

 

Le sacré va du côté de la violence toujours. Il y a un parallèle entre le sacré et la violence. Alors que la sainteté, le saint, va du côté de la morale. Il y a une identification Qedoushah et morale dans l’enseignement de la Bible. Alors que le sacré dans l’immense majorité des religions n’a pas à priori forcément à voir avec la morale. On peut être dans le sacré et être complétement en dehors de toute intention morale, de vérité morale... Et d’ailleurs l’histoire des religions le montre et l’histoire contemporaine d’autant plus.

 

Il y a des tendances dans les sociétés modernes où l’on voit bien que être voué au sacré ne passe pas forcément par ce dont parle la bible lorsqu’elle évoque la Qedoushah la sainteté qui s’identifie avec la morale.

 

René Girard auteur d’un texte paru dans la revue Esprit :  « la Violence et le Sacré »

Dans un autre ouvrage il se dévoile beaucoup plus antisémite que dans le premier. Il fait tous les efforts considérables et pénibles pour distinguer le sacré de la violence et il ne s’en sort pas car il y a identité violence-sacré. Il tente d’opposer la sublimation des sacrifice dans le rite chrétien à la violence du sacrifice dans le rite juif. C’est notre sujet par un autre biais. J’ai lu attentivement son livre et j’ai été tenté de lui répondre mais je me suis rendu compte que c’était inutile. Il y a des   passion à priori qui rendent le dialogue impossible. Il y a une réappropriation de l’enseigenment de la radition juive sur la Bible sans jamais rien citer des sources juives. Un ignorant de l’existence du judaïsme serait persuadé que la Bible est un livre gréco-romain, surtout grec d’ailleurs..

 

Alors qu’en réalité le rite chrétrien est basé sur une symbolique de la violence du sacré. La violence la plus abominable et la plus impure, mais symbolisée, de façon à évacuer la violence dans la cité : il y a alors une déculpabilisation de la violence du sacré dans la cité à travers le rite chrétien.

 

Ce qui m’a frappé c’est la violence de son style contre les Juifs sans jamais rien citer des sources juives. Eliane Amado Lévi appelle cela « le refoulé de l’Occident » : les sources juives de la civilisation chrétienne.

 

Le rite principal du sacrifice qui est censé remplacer les sacrifices du temple de Jérusalem, qui est donc le rite de la messe, surtout chez les catholiques, c’est un des crimes les plus abominables et impur : un père qui tue son fils pour le salut du monde, dans l’impureté la plus absolue de l’immaculée conception, et dans l’idolâtrie la plus énorme de l’homme qui se prend pour Dieu. C’est la récapitulation de tout ce qu’il y a de violent dans les rites païens, mais sublimé, symbolisé, pour  tenter d’évacuer la violence du sacré.

 

Cette thèse est une thèse formulée de manière antijuive. Si ce n’était pas le cas, les Juifs et les théologiens de son genre auraient pu collaborer sur ce problème de la différence entre la sainteté et le sacré.

 

Des travaux sont en cours de la part des psychanalistes juifs qui s’occupent des questions d’antisémitisme chrétien et dans le monde de l’intelligentsia juive, il y a énormément de périphéries autour de la bible et de spécialités de ce genre.

Des études pshychanalitiques de l’origine de l’antisémitisme chrétien.

Il y a des thèmes d’une vérité aveuglante mais qui ne doivent plus être utilisés parce qu’ils sont  dépassés dans l’Occident. Que se passe-t’il dans ce rite du sacrifice de la messe ? On mange du juif et on boit son sang ! c’est une manière rituelle théologique d’évacuer la violence du sacré des Pogroms. On fait cela à l’église, symboliquement, religieusement.

Les rabbins au courant de ces recherches font tout ce qu’ils peuvent pur les empêcher, mais n’y arriveront pas. Les psychanalistes, comme les journalistes, existent et on ne peut pas les éviter...

 

Retour au sujet :

En ajoutant un thème important : c’est précisèment dans ce type de religion où il y a tendance à ne pas savoir différencier la sainteté du sacré, la tendance à renvoyer le sacré à son origine païenne. C’est d’ailleurs un mot latin en français qui renvoit à l’idée d’une sorte de substance, de fluide, de réalité mystérieuse qui serait la présence du dieu dans les choses, et que finalement Descartes a tenté d’évacuer sans succès de la mentalité de la philosophie chrétienne.

 

C’est cette impossibilité à comprendre l’identification entre la sainteté et la morale alors que le sacré c’est la religion en dehors de la morale à priori. Le salut n’est pas cherché à travers la morale mais à travers une stratégie qu’on appelle « mystique » mais qu’on peut appeller « magique » et qui toujours renvoit à des comportements de violence.

 

En particulier le sacrifice du fils par son père pour sauver le monde. Et lorsque l’on sait que ce fils représente Israël on a compris de quoi il s’agit dans les problèmes sociologiques du sacré et de la violence.

 

Sachant de quoi il s’agit, comment comprendre l’entêtement contemporain des Juifs à vivre parmi ces nations ? Ils continuent d’invoquer leur mission chez les Goyim « tu aimeras ton prochain comme toi même ».

 

Ce sont des civilisations habituées à penser le sacré en dehors de la morale. Ce qui ne signifie pas qu’elle soient immorales mais l’entreprise du sacré surtout dans la perspective de salut se perçoit en dehors de la morale.

 

Une ecclésiastique chrétien vraiment orthodoxe serait scandalisé à l’idée que le salut passe par le comportement moral, ce serait pour lui le blasphème d’orgueil. C’est l’orgueil juif de croire que l’homme peut être moral... Il y a une définition du mot de « saint » appliqué à l’homme qui se rattache à cela : dans ce type de sensiblité religieuse le « saint » survient après la mort : ce sont les morts qui sont saints.

 

Alors que dans la Sidra de Qedoshim, à l’opposé dans le judaïsme ce sont les vivants qui sont des Qedoshim.

 

Par rapport à la morale, je vous donne la définition la plus simple, la plus riche, la plus féconde, que nous avons reçu du Rav Kouk :

Il y a différentes valeurs morales. Le drame de la conscience morale c’est que les valeurs morales sont divergentes : elles sont toutes vraies, toutes importantes, mais elles divergent et parfois elles se contredisent. Vous connaissez l’analyse fondamentale du vocabulaire du Midrash par exemple : justice et charité, deux valeurs morales qui divergent, se contredisent, et sont exclusives l’une de l’autre.

 

Il faut bien le comprendre pour s’imprégner de l’exigence de l’unité des valeurs propres au monothéisme hébreu de la Torah. Lorsqu’on est juste, on n’est pas charitable ; et lorsqu’on est charitable, on n’est pas juste. Alors quand sera t’on moral ? Etre juste c’est être moral, mais d’une morale qui n’est pas celle de la Torah. Ce n’est pas celle que Dieu veut puisqu’Il nous a donné à être une conscience sollicitée par l’absolue opposée. Etre charitable c’est être moral mais ce n’est pas la vérité morale. La vérité morale serait l’unité des deux. Mais l’unité des deux est surhumaine. C’est une des raisons pour lesquelle nous savons que la Torah doit être révélée : la conscience humaine est dans l’impossibilité de savoir comment se comporter pour être l’homme de la conduite de l’unité des valeurs. Dans notre exemple, simultanément juste et charitable. C’est cela que cherche la Halakhah : l’unité des valeurs.

 

Si la Halakhah bascule uniquement du côté de la charité, on trouve les synagogues réformées, et lorsqu’elle bascule du côté de la rigueur, on trouve les synagogues dites orthodoxes. 

 

Ce sont des tendances du peuple juif, mais des tendances qui risquent d’être divergentes parce qu’on a esquivé l’exigence à priori de la Halakhah qui est celle de l’unité des valeurs.

 

On fera un jour des exercice dans le Talmud sur ce sujet : rechercher dans une Sougiyah du Talmud quelle est la Halakhah. Rabbi Untel dit elle sera comme cela... et on peut démontrer qu’elle peut être comme cela. Et Rabbi untel argumente et démontre qu’elle sera comme cela... et finalement le maître de la génération tranche selon un 3ème avis de l’unité des valeurs...

Tous les débats talmudiques sont construits ainsi sur les différentes tendances ie. valeurs.

 

C’est pourquoi dans la communauté juive traditionnelle, les options individuelles sont permises à condition qu’elles restent individuelles. Si elles veulent s’imposer comme étant la règle collective cela devient hérétique. Tant que cela reste au niveau individuel c’est kasher. Dès que cela veut s’imposer comme règle commune cela devient hérétique, cela devient une secte. Cela a été la naissance des sectes au temps du 2nd Temple.

 

***

 

Retour au sujet :

 

Il y a des sensibilités religieuses qui indexent la sainteté à la mort, alors que, pour la Torah, c’est la vie qui est sainte. Par rapport à la morale, ce que nous avons reçu du Rav Kook, c’est que lorsqu’il y a unité des valeurs morales, lorsque les valeurs de l’absolu convergent et s’unifient, alors la sainteté apparait. La sainteté c’est l’unité des valeurs morales.

 

Vous voyez à quel point on est loin du sacré.

 

Et surtout les dégats pour la vie spirituelle juive d’utiliser une langue, très belle d’autre part et avec sa propre cohérence, comme le français, pour traduire la Bible. Car le français renvoie à un univers du sacré, alors que nous voulons parler de la sainteté, ce qui n’a rien à voir.

 

Ce sont 2 perspectives qui à la racine pourraient se ressembler mais qui finalement sont extrêmement différentes. Il me semble que la réaction protestante contre le catholicisme avait sans doute à l’origine cette même motivation d’essayer de retrouver une moralité dans le sacré, plus proche de la sainteté, au temps de la réforme, surtout chez Luther. Malheureusement, cela a basculé pour beaucoup dans le puritanisme, une sorte de sacré de la morale et les excès de la morale...

 

Il y a une expression folklorique en hébreu qui semble contredire ce que je viens de dire au sujet de la sainteté qui est dans la vie. C’est l’expression «קְדֹשִׁים אַחֲרֵי מוֹת A’harei Mot Qedoshim ». 

 

C’est la suite de deux Parashiot.

Il y a d’abord A’harei Mot qui raconte ce qui s’est passé après la mort des enfants d’Aharon.

וַיְדַבֵּר יְ־הֹוָ־ה אֶל מֹשֶׁה אַחֲרֵי מוֹת שְׁנֵי בְּנֵי אַהֲרֹן

Vayehi A’harei Mot Beni Aharon...

 

Et ensuite, Qedoshim

קְדֹשִׁים תִּהְיוּ כִּי קָדוֹשׁ אֲנִי

kedoshim tiheyou ki kadosh ani Adonay Eloheychem.

 

Dans le folklore juif on a pris l’habitude de faire la louange de tous les morts, tous Tsadikim. C’est une Halakhah, dès que quelqu’un est mort, on doit dire ce qu’on peut dire de louange de lui. C’est une ’Hovah. C’est une obligation de dire à côté du mort tout ce qu’on peut dire de louange de lui.  Il y a des raisons profondes pour cela. Mais cela ne signifie pas qu’après la mort on devient saint.

Dans l’expérience juive, il n’y a que ceux qui ont été saints dans leur vie qui sont saints dans leur mort. C’est cela que ça veut dire: c’est après la mort de quelqu’un qu’on sait s’il a été saint dans sa vie. C’est au moment de sa mort. Et après il y a des preuves. Miracles autour de sa tombe etc...

Tout cela existe, mais il faut être prudents, adultes.

 

Guémara : « On n’a confiance en personne jusqu’au jour de sa mort ». Quelqu’un reputé de Tsadik on ne le sait que le jour de sa mort. Car même le Tsadik un jour avant sa mort il peut changer.

« הֵן בִּקְדֹשָׁו, לֹא יַאֲמִין Hen bikdoshav lo yamin Dieu n’a pas confiance en ses saints » (Job 15.15) tant qu’ils sont en vie. Même un Qadosh peut trébucher à la fin, et inversèment même la pire des crapules peut faire Teshouvah. C’est de sa vie qu’une personne est appelée Qadosh. Et parce qu’il a été Qadosh durant sa vie, il l’est après sa mort...

 

C’est la mentalité gréco-romaine de déclarer à leur mort les gens saints, immortels, demi-dieux, dieux...

 

D’autre part, nous avons 2 définitions de la sainteté :

 

1- L’une négative : Le parti-pris de sainteté dans une attitude négative, d’abord indiqué par le terme de Paroush « se séparer de ». C’est le parti pris de sainteté qui s’oppose aux tendances naturelles. Or, on a pris l’habitude de croire que c’est cela la sainteté et que ça. C’est une première forme de la sainteté, c’est le tremplin pour la sainteté en tant qu’unité des valeurs dont j’ai parlé tout à l’heure. C’est toujours l’enseignement du Rav Kook. On s’est habitué, et peut-être par imitation inversée parfois de la conception de la sainteté des Goyim avec la tendance à croire que le parti pris de sainteté c’est l’opposition à la nature. Et que c’est dans l’opposition à la nature que la sainteté apparait. C’est dangereux et surtout c’est en dehors du monothéisme. Parce qu’on oublie que la nature est créé par Dieu. Ce dualisme n’est pas juif du tout et oublie que Dieu a créé la nature.

 

Il y a une phrase du Talmud et Na’hmanide base toute sa définition de la Qédoushah là-dessus:

kadesh et atsmekha bemah shemoutar lakh : Sanctifie-toi dans ce qui est permis…

Il y a le permis et l’interdit. Où est l’engagement de sainteté ?

C’est dans le domaine de ce qui est permis ! C’est-à-dire être plus strict dans le domaine de ce qui est permis. Mais cela ne signifie pas s’opposer à, ou être contre.

 

Par exemple il est permis de manger, mais il y a une manière de manger qui est sainte et l’une qui est grossière. Et toutes les jouissances sont dans ce cas et peuvent être le véhicule de la sainteté dans la manière de se comporter. Mais avoir le parti pris de sainteté pour « se priver de » ou « annuler », anéantir la tendance naturelle, c’est déjà suspect, c’est autre chose. Il faut alors faire appel au médecin, le Rofeh Nefesh car il y a un défaut du psychisme qui est la cause du défaut spirituel.

 

Il y a des comportements apparemment religieux de sainteté exagérée - dès que j’ai dit exagéré, je les ai comdamné - qui sont en réalité des comportements psychiques, qui sont habillés de religiosité et cela se fait prendre pour de la sainteté.

 

Il est permis de jouir mais pas n’importe comment. Ce qui est à l’opposé de l’attitude qui dit qu’il est interdit de jouir.

 

Tout comportement rituel quelqu’il soit, religieux ou non, risque de conduire à la maniaquerie.

S’il y a une terrain psychique atteint, on risque de se tromper et de croire que ce qui est en réalité de l’ascétisme d’origine psychique serait de la sainteté. Là encore il faut distinguer entre ascétisme et sainteté.

 

La clef c’est que l’option à l’échelle individuelle peut être légitime. C’est quand elle veut se présenter comme le modèle de l’idéal religieux que cela devient hérétique.

 

La 1ère définition du Qadosh, c’est le Paroush séparé.

Je vous cite la Guémara à ce sujet :

Le pharisien était Paroush-séparé de l’impureté et non pas de la communauté.

L’échec bascule dans l’erreur de croire que pour se séparer de l’impureté, (et c’est le propos positif de l’option du pharisaïsme étymologique), il faut se séparer de la communauté. C’est là l’échec. C’est « Paroush min hatouma » et non « Paroush mi hatsibour » !

 

C’est donc le 1er niveau de l’option de sainteté. La sainteté s’affermit comme s’opposant à la nature. Dans tous les cas il faut un guide comme dans tous les comportements religieux d’ailleurs,  et il faut savoir que ce n’est qu’une première étape.

 

2- La 2nde étape, c’est la sainteté qui s’unifie avec la tendance naturelle, c’est beaucoup plus haut. C’est-à-dire lorsque la tendance naturelle et l’exigence de sainteté vont dans le même sens. Je vous donne un exemple privilégié par les moralistes juifs : l’exemple du mariage. Il y a l’option de type religieux qui n’est pas du tout juif, avec sa cohérence propre, une option de type ascétique qui consiste à réputer la conduite de mariage, et donc premièrement la conduite sexuelle, comme étant impure et comme étant irrémédiablement profane. Et par conséquent, l’option de sainteté serait l’option de célibat… C’est pour la Torah l’abomination de la désolation !

Il y a une consuite de la sexualité qui est la sainteté elle-même.

 

En hébreu, un des noms du mariage est Kidoushim. En français c’est « le sacrement du mariage », et avec ce terme le sacré résurgit ! C’est la consécration réciproque au mariage où l’on est consacré l’un à l’autre... Le vocabulaire est païen parce que gréco-romain. Il y a d’autres noms du mariage ’Hatounah = la fête du mariage.

Nissouyim = le supportement réciproque, on se porte, on se supporte….

 

Voilè donc un exemple :

=> 1er niveau de sainteté, le célibat.

=> 2nd niveau de sainteté plus haut : le mariage Kasher.

 

Et on pourrait multiplier les exemples.

 

Une Guémara, que je vous cite comme cela par allusion, définit l’identité de l’homme comme dramatique parce que donnée à des oppositions d’absolus contraires. Il y a une description très concise en quelques lignes de ce qu’un grec appelerait l’identité tragique de l’homme bien qu’il n’y ait pas de tragédie dans le judaïsme.

En culture générale la différence entre la tragédie et le drame dans l’histoire de la littérature c’est la différence entre Racine et Corneille. La tragédie est un drame sans solution. Alors que le drame a toujours une solution que le dramaturge appelle le Deus Ex Machina.

Même si la solution apparait comme magique, symbolique, il y a une solution. Le mot tragique ne fait pas partie du vocabulaire juif.

 

Dramatique c’est ce qui est donné à la sollicitation des contraires.

 

L’homme est constitué de la tendance au bien et de la tendance au mal.

Selon l’enseignement de la Torah, la tendance au bien la tendance au mal ne sont pas extérieures à moi, c’est moi qui veut quand je veux le bien et c’est moi qui veut quand je veux le mal. Je ne veux pas de la même manière, mais c’est moi qui veut (avec toutes les nuances possibles).

 

Lorsque je fais le bien, c’est tragique dirait le Grec, c’est dramatique, car une partie de moi-même est mutilée et quand je fais le mal inversèment, il y a une autre partie qui est mutilée : je ne suis donc jamais heureux !

 

L’analyse est profonde et simple. On ne peut pas tricher.

Je ne vous donne pas les autres dimensions des dualités, il y en a plusieurs autres.

 

Un grand philosophe, Nietsche je crois, a nommé cela «le malheur de la conscience ».

Après lui, j’ai entendu Jean Vahl grand philosophe juif et grand poète français qui a écrit une thèse sur la conscience malheureuse: la conscience humaine est malheureuse, elle est donnée au malheur car elle n’est jamais entière avec elle-même, elle est sollicitée par des absolus contradictoires qui la constituent.

 

Ce sujet est rattaché à une particularité grammaticale du verset qui parle de la formation de l’homme. C’est le verset 7 du chapitre 2 de Bereshit : וַיִּיצֶר יְהוָה אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם Vayyitser Hashem Elohim er HaAdam... Le verbe « forma » est écrit avec 2 youd. Et cette dualité est analysée par le Talmud car pour dire la formation des animaux, il n’y a qu’un seul youd. Et cela est analysé par la Guémara dans cette espèce de condition dramatique de l’homme qui est sollicitée par des absolus contradictoires. Et donc le bonheur serait impossible.

 

Le paradoxe c’est qu’on trouve cette analyse dans la Guémara. Alors il faut bien comprendre. Le passage qui suit parle du mariage. Le mariage Kasher c’est donc la seule conduite où ce que veut l’instinct du mal et ce que veut l’instinct du bien coïncide. C’est la solution du problème. C’est pourquoi c’est là qu’est la volupté ! C’est vrai de toutes choses où les deux contraires se résolvent dans la même conduite.

 

Pour prendre d’autres dimensions de cette dualité : ce que ma nature veut et ce que Dieu me demande coïncide. Alors qu’en général, ce que ma nature veut, Dieu me demande le contraire. Et le drame c’est que c’est Dieu qui m’a fait ma nature... Et ce que Dieu veut, ma nature me demande le contraire... Mais dans le mariage c’est la même chose.

 

C’est pourquoi la Guémara dit - et ne croyez pas qu’ils s’agissent de sermons à l’eau de rose –qu’il n’y a pas d’autres joies que la joie du mariage. C’est précisément dans le comportement du mariage que l’unité se fait. La solution du drame c’est Davka dans la ‘Houpah des Kidoushin ! D’où les 7 sortes de joies évoquées pour le mariage.

 

C’est dans un passage du Zohar : comment font ceux qui ne se marient pas ?

Je ne sais pas. Jeune et insolent, j’ai eu une discussion (la veille de Pessa’h, il faut sortir le ‘Hamets : l’orgueil de Pessa’h sort par le front : metsa’h et ‘hamets) avec un jeune prêtre : Comment faites-vous pour comprendre le Cantique des Cantiques ?

 

 

Je citerais pour terminer cette introduction 2 enseignements du rav Kouk sur lesquels il insistait beaucoup, pour la première analyse:

Tout Israël était voué à priori à être « Mamlekhet Kohanim ve Goy qadosh », et par conséquent est arrivé ce qui est arrivé : cela diffère de ce niveau. Mais dans le principe tout Israël est voué à la sainteté des Kohanim.

…/…

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