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20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 14:59
Parasha - Vayetse (1993)

 

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/parasha/vayetse_serie_1993/cours_1
Face B

28 :5

וַיִּשְׁלַח יִצְחָק אֶת-יַעֲקֹב, וַיֵּלֶךְ פַּדֶּנָה אֲרָם--אֶל-לָבָן בֶּן-בְּתוּאֵל, הָאֲרַמִּי, אֲחִי רִבְקָה, אֵם יַעֲקֹב וְעֵשָׂו.

Vayishla’h Yitschak et-Ya'akov

Et Isaac envoya Jacob

vayelech Padenah Aram

Et il alla à Padan Aram

el-Lavan ben-Betou'el ha'Arami

Chez Laban fils de Béthouel l’araméen

 a’hi Rivkah em Ya'akov ve'Esav

Frère de Rivqah mère de Jacob et Esaü.

 

Le verset est atypique car du point de vue de l’ordre de la naissance, le verset aurait du dire, mère d’Esaü et de Jacob. Or, ici mère de Jacob et d’Esaü. On pourrait croire que puisque Jacob est avant Esaü, cela veut dire qu’Esaü va faire Teshouvah. Rashi précise qu’il ne sait pas ce que cela veut dire. Cela signifie que ce n’est pas cela, mais il ne peut pas le dire explicitement en milieu chrétien. D’où l’avons-nous appris ? Nous l’avons appris en milieu musulman dans d’autre shitot. 

 

Il y a un commentaire des ‘Hassidim que j’ai entendu cette année :

Rivqah est la mère des deux enfants, Jacob et Esaü, et elle se préoccupe des deux : « pourquoi serais-je veuve des deux enfants... »

En allant chez la mère de Jacob, si Jacob va chez Rivqah appelée « mère de Jacob », alors Esaü est aussi sauvé. Parce que si Jacob ne reste pas dans le monde, Esaü est perdu.

 

En termes contemporains :

La semaine dernière dans une assemblée d’ecclésiastiques, ils demandent de leur expliquer surtout pourquoi nous chrétiens on ne peut pas se passer du judaïsme alors que vous Juifs vous pouvez vous en passer ? ». Vous voyez que c’est un probléme important : les Chrétiens ne peuvent pas se passer du judaïsme. Sans le judaïsme ils n’existent plus. Ils doivent s’adosser à l’identité juive. Mais un juif peut être juif en dehors de la planète Rome.

 

Je me rappelle mon enfance, on a vécu chez les musulmans, alors on n’avait entendu parler des chrétiens ces barbares qui se prenaient pour Israël comme des histoires exotiques... Un juif séfardi n’a jamais pris au sérieux le danger chrétien. Ce sont les ashkénazim qui ont pris au sérieux le danger chrétien. Pour les juifs séfardim le danger sérieux c’est le danger musulman qui n’a rien à voir : non pas une histoire religieuse mais une histoire politique.

 

Pour revenir au sujet nous voyons que Isaac a envoyé Jacob à Padan Aram.

La parenthèse commence au verset 6 :

 

Toldot 28 :6 :

וַיַּרְא עֵשָׂו, כִּי-בֵרַךְ יִצְחָק אֶת-יַעֲקֹב, וְשִׁלַּח אֹתוֹ פַּדֶּנָה אֲרָם, לָקַחַת-לוֹ מִשָּׁם אִשָּׁה:  בְּבָרְכוֹ אֹתוֹ--וַיְצַו עָלָיו לֵאמֹר, לֹא-תִקַּח אִשָּׁה מִבְּנוֹת כְּנָעַן

Vayar Esav ki verach Yitschak et-Ya'akov

Et Esaü vit qu’Isaac avait béni Jacob

veshilach oto Padenah Aram

Et qu’il l’avait envoyé à Padan Aram

lakachat-lo misham ishah

Pour qu’il prenne de là-bas une femme

bevaracho oto

En le bénissant

vayetsav alav lemor

Et en lui prescrivant

lo-tikach ishah mibenot Kena'an.

Tu ne prendras pas de femme au pays de Canaan.

 

28 :7

וַיִּשְׁמַע יַעֲקֹב, אֶל-אָבִיו וְאֶל-אִמּוֹ; וַיֵּלֶךְ, פַּדֶּנָה אֲרָם

Vayishma Ya'akov el-aviv ve'el-imo

Et Jacob a écouté et son père et sa mère

 vayelech Padenah Aram

Et il alla à Padan ‘Haran.

 

Nous avons là la clef de notre problème dans ce verset.

Esaü n’a compris qu’une seule chose, c’est que ses femmes étaient mauvaises aux yeux d’Isaac. Alors qu’il a pris acte, il a découvert que pour Jacob, elles étaient mauvaises aux yeux d’Isaac et de Rivqah. On apprend qu’Esaü a un lien d’intimité avec Isaac qu’il n’a pas avec sa mère.

 

28:8

וַיַּרְא עֵשָׂו, כִּי רָעוֹת בְּנוֹת כְּנָעַן, בְּעֵינֵי, יִצְחָק אָבִיו

Vayar Esav ki ra'ot benot Kena'an be'eyney Yits’hak aviv

Et il vit Essav que les filles de Canaan étaient mauvaises aux yeux de Isaac son père.

 

Le texte revient sur cela.

 

וַיֵּלֶךְ עֵשָׂו, אֶל-יִשְׁמָעֵאל; וַיִּקַּח אֶת-מָחֲלַת בַּת-יִשְׁמָעֵאל בֶּן-אַבְרָהָם אֲחוֹת נְבָיוֹת, עַל-נָשָׁיו--לוֹ לְאִשָּׁה

Vayelekh Esav el-Yishma'el

Et Esaü alla chez Ishmaël

vayikach et-Machalat bat-Yishma'el ben-Avraham a’hot Nevayot al-nashav lo le'ishah.

Et il prit Ma’halat fille de Ishmaël fils d’Abraham sœur de Nevayot en plus de ses femmes pour lui pour femme.

 

Il y a un demi-repentir de la part d’Esaü par rapport à Isaac. Il le réalise en prenant une femme monothéiste fille d’Ishmaël. Mais il garde sa trinité païenne en-dessous. Quoiqu’il en soit, ce demi-repentir va accroître son mérite et donc la motivation va changer. Il faut que Jacob prenne conscience qu’Esaü devient plus dangereux pour lui, étant l’allié d’Ishmaël. Et donc c’est à ‘Haran qu’il va et non pas à Padan Aram.

 

Rashi sur la fin du verset 28:10 : Vayelekh ‘Haranah il partit à ‘Haran. Rashi dit : « il est sorti pour aller à ‘Haran ». Rashi semble nous dire ce qu’on appelle en français une lapalissade ?

Que nous apprend-il ?

Maintenant on comprend mieux Rashi : Jacob est sorti de Beer Sheva dans l’intention d’aller à Padan Aram mais en réalité il est allé à ‘Haran.

Parce que le verset lui-même était à expliquer : « Et il sortit de Beer Sheva et il alla à ‘Haran ». Mais pour aller à ‘Haran il faut qu’il sorte de Beer Shéva ! Qu’est-ce que cela m’apprend-il qu’il est sorit de Beer Shéva ? Vous avez compris le problème.

 

C’est l’habitude de Rashi de donner son enseignement derrière une règle de grammaire. Très souvent rashi explique : Il y a hé (hé paragogique) à la fin d’un mot pour remplacer le Lamed au commencement d’un mot => Lé’Haran devient ‘Haranah.

Parce que le Hé de la fin d’un mot indique la direction avant qu’on arrive quelque part.

Mitsraïmah : en direction de l’Egypte.

Shamaïmah : en direction du ciel.

‘Haranah : en direction de ‘Haran.

 

Cela veut dire que il y a eu dès l’origine un demi-repentir d’Esaü qui se repent vis-à-vis de son père et pas vis-à-vis de sa mère. Qu’est-ce que cela veut dire ?

 

Nous allons changer de registre d’étude pour l’étudier d’après le Midrash.

 

Retenz en tout cas cela qu’il y a eu dans l’histoire un demi-repentir de Rome : la Rome païenne est devenue la Rome chrétienne. Je vais vous situer cela : ce changement de la Rome païenne devenant la Rome chrétienne est un événement historique énorme. La Rome païenne a réussi à imposer à la communauté chrétienne ses structures impériales. Et au bout de 300 ans, à partir de Constantin, la communauté chrétienne a capitulé, abdiqué, devant l’empire romain qu’elle a christianisé, mais en réalité elle s’est faite impérialisée : elle est devenue « l’empire chrétien ! » Ce que le pape montrait d’ailleurs avec la triple tiare dont l’une était celle de l’empereur. D’ailleurs je crois que c’est le pape Jean 23 ou celui qui a suivi qui a enlevé la triple tiare. 

Après Vatican 2 d’ailleurs on cherche à désimpérialiser l’Eglise mais je vous garantis que les spécialistes de Rome savant à quel point il y a une inertie de la cité du Vatican. Dans n’importe quel pays au monde, il y a en général 300 serviteurs inutiles d’un ministre, au Vatican là-bas il y en a 3000 chaque fois.  

Pour revenir au sujet : il s’est produit ce demi-repentir.

 

Voilà le Midrash que je voulais vous citer, qui ne traite pas de notre problème mais d’après ce qu’il dit cela éclaire notre problème. Il y a un verset des Proverbes (Mishlei lu à Shavouot avec Rout)

שְׁמַע בְּנִי, מוּסַר אָבִיךָ;    וְאַל-תִּטֹּשׁ, תּוֹרַת אִמֶּךָ

« Ecoutes mon fils, la morale de ton père, et n’abandonne pas la Torah de ta mère ».

Regardez comment ce verset s’adapte à notre question : Le Midrash dit : Eïn Abikha Ela Abikha Shel Shem Hashamayim Vé-Eïn Imékha Ela Knesset Israël le père dont il est parlé ici c’est ton père qui est aux cieux et ta mère c’est l’assemblée d’Israël.

 

Regardez exactement ce qui se passe pour Esaü :

Appliqué à Esaü : il a finalement accepté la morale de son père céleste « Dieu le père » comme ils disent, la morale mais pas la religion, et la Torah d’Israël, « sa mère », il la rejette. C’est le demi-repentir d’Essav. Ils s’inventent ensuite une mère qui n’est pas mère puisque c’est par l’opération du saint-esprit... etc.

 

On approche peut être du temps du repentir d’Esaü vis-à-vis de sa mère. La reconnaissance de l’Etat d’Israël en est le 1er pas.

 

*****

 

Q : Ne pensez-vous pas que cette reconnaissance de la chrétienté est due au fait qu’on vient de partager la terre d’Israël et qu’il y a un doute sur l’identité d’Israël, puisqu’elle est partagée entre le croissant et la Maguen David et alors la croix se permet de nous reconnaitre ?

R : en grande partie, mais je pense qu’il y a un secret espoir chez beaucoup de Romains non qu’on partagera mais qu’on rendra tout. Un peu ce que pense les Palestiniens eux-mêmes d’ailleurs. Parce que dés que le gouvernement israélien dit « Jéricho et Gaza d’abord » c’est qu’il y a bien une suite ! Et pour les Palestiniens la suite on la connait, c’est la mer ! C’est évident ! Bon, cela ne se passera pas comme ça parce que le Bon Dieu ne joue pas aux billes. Mais la faute à la Knesset. C’est avec une pseudo-majorité que ce projet d’accord qui n’est pas encore signé, c’est une pseudo-majorité. Le gouvernement lui-même n’avait qu’une majorité possible parce que plus que 56 vois il avait la voix des Arabes et des orthodoxes séfarades antisionistes. Entre merets et Maarar pour avoir 60 il fallait la voix des Arabes, ce qu faisait 61, mais avec les voix de Shass cela faisait 67. Quand la haute cour de justice a obligé les Séfaradim à quitter le gouvernement pour des raisons de justice, alors il n’avait plus que 56 vois, parce que les Arabes font pression : c'est-à-dire que c’est les Arabes qui décident, je ne sais pas si vous vous rendez compte, avec la complicités des orthodoxes antisionistes. Et c’est légal d’après la démocratie israélienne 61 % des voix c’est la majorité. Mais ce n’est pas légitime. Ce que j’essayais de dire à la conférence, et je me suis aperçu que les israélien ne comprennent plus le français, cela m’a rassuré, ils ne sont pas arrivés à comprendre la différence entre légal et légitime. Tout le monde a cru que jai dit que c’était légitime, alors que c’est légal et pas légitime. Que ce n’est pas légitime cela veut dire que c’est basé sur un mensonge politique éhonté.  Que le monde entier s’en lave les mains et se félicite, mais que les Juifs et les israélien surtout fassent semblant que c’est légitime c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Alors il faut rester vigilant.

 

Ceci dit, il y avait 3 raisons pour lesquelles le Vatican ne voulait-pouvait pas reconnaitre Israël :

- Le Vatican ne reconnait que des états qui ont des frontières reconnues. Or, comme Israël n’a pas de frontières reconnues...

 Il s’agit de la terre sainte ! Il y a des biens de l’Eglise en terre sainte qui comporte surtout des Arabes. Et tant que les droits des Palestiniens ne sont pas reconnus comment reconnaitre la présence juive en terre sainte ? On ne peut pas faire deux poids deux mesures, mëme si pendant très longtemps pendant l’occupation par la Jordanie des lieux saints cela ne posait pas de problème majeur, mais lorsque c’est Israël c’est un blasphème...

 Reconnaitre Israël a des implications théologiques énormes.

 

On ne sait pas encore l’axe par lequel l’état d’Israël sera reconnu et à quel niveau il sera reconnu. Le Vatican est aux prises avec trois problèmes :

- Le judaïsme comme religion.

- Le peuple juif comme histoire et comme mémoire.

- Et l’Etat d’Israël comme nation.

 

Il a trois problèmes différents. Il a essayer sa première stratégie : reconnaitre le judaïsme comme religion valable. Pour la nation c’est plus difficile. Reconnaître Israël a des conséquences théologiques énormes.

J’attends de voir comment cela va être reconnu.

Mais le seul fait que la question se pose est un tremblement de terre sainte.

 

Il faut se rendre compte du traumatisme énorme qu’ils vivent : pendant 2000 ans ils étaient sûrs que c’était eux Israël, et puis subitement c’est les Juifs !

 

Il y a un deuxième problème qui apparait. D’après ce que je sais de ces problèmes, Israël ces derniéres années n’avait plus tellement intérêt à ce que le Vatican reconnaisse israël. Parce que finalement le monde entier s’est mis à reconnaitre Israël. Pour des raisons diverses et variées et même avariées d’ailleurs. Mais c’est l’intérêt du Vatican de reconnaitre l’état d’Israël. Seulement, si le vatican reconnait l’état d’Israël cela veut dire que l’Eglise catholique tient compte que l’identité juive c’est Israël. Que devient la diaspora juive dans l’histoire ? Il y aura une compétition de deux diasporas. La chrétienté et la diaspora juive. Mais la chrétienté est de taille à avaler la diaspora juive, sans problème ni hésitation. Il restera de petites forteresse ghettos, mais cela va se christianiser en diaspora. Alors le problème n’est pas tellement pour Israël mais pour la diaspora juive. Parce que finalement il  aura une compétition de diaspora. A l’origine les Juifs étaient la diaspora de fidélité à la nation hébraïque, fidélité difficile mais jamais démentie. Est resté Juifs quelqu’un qui dit Amen en hébreu alors que les chrétiens sont à l’origine des Juifs qui ont opt+e pour la culture et le culte gréco-romain. Et un chrétien c’est quelqu’un qui dit « Amen » en latin, mëme quand il parle en français. J’ai rencontré beaucoup de chrétiens qui étaient persuadés que Amen c’était du latin ! Il a fallu qu’ils entendent les Arabes dirent « Amin » pour se rendre compte qu’il y avait un problème…

D’ailleurs je dois vous dire que les commissions des affaires étrangères israéliennes qui s’occupent de cela depuis quelques années sont très au fait des tenants et aboutissants. Rassurez-vous.

 

Je n’ose pas ouvrir un autre sujet, avez-vous des questions ?

 

***

 

Q : Essav n’est pas Yaaqov, mais Yaaqov n’est pas Essav, cela dérange-t’il le projet d’Its’haq ?

R : On a déjá appris que le projet d’Its’haq est impraticable. Il a fallu d’ailleurs que Its’haq s’en rende compte lui-même. Je vous donne une parenthèse de Torah-fiction : C’est Jules Isaac qui a démontré qu’Esaü n’aime pas Jacob.  Jules Isaac est un historien juif français très assimilé qui a été secoué par la Shoah dans laquelle il a perdu sa femme et sa fille et qui a tenté de comprendre les racines de cet antisémitisme aberrant. Il a trouvé derrière l’anti-judaïsme chrétien. Il a écrit un 1er livre nommé « Jésus et Israël », et ensuite une livre qui s’appelait  « les sources de l’antisémitisme chrétien ». Ce sont ces deux livres qui ont obligé le Vatican à prendre au sérieux les demandes d’amitiés judéo-chrétiennes surtout en France (préparées par Jules Isaac et Edmond Fleg). Cela a abouti à un 1er congrès qui a été le congrès de Sélisberg (les fameux 11 points de Sélisberg). On a compris que l’Eglise commençait à réviser sa catéchèse en ce qui concerne les Juifs. Cela prend du temps, c’est au forceps, avec des hauts et de bas. La commission épiscopale française qui s’occupe de cela est bien en avance sur toutes les autres, Vatican compris. Si Jean 23 avait pu continuer ce qu’il avait commencé, cela aurait été plus loin. Mais Jean-Paul 2, pape polonais, c’est le regret plutôt que le progrès...

Isaac est un nom de famille juif très peu répandu, c’est surtout courant comme prénom. Et en plus Jules le prénom romain par excellence. Tout se passe comme si il avait fallu que Isaac revienne sous l’apparence de Jules pour découvrir que c’est vrai : Esaï haït Jacob !

C’est un livre qui a été mal digéré par les chrétiens, parce que rédigé sans se cacher en se disant un juif assimilé qui aurait pu croire à la religion chrétienne et qui part des postulats de la religion chrétienne pour démontrer qu’ils ont torts d’être anti-juifs. Cela leur a fait énormément de mal de les mettre en face de leur miroir.     

 

Toldot Verset 41 chapitre 27 pour ensuite ratacher à la question:

וַיִּשְׂטֹם עֵשָׂו, אֶת-יַעֲקֹב, עַל-הַבְּרָכָה, אֲשֶׁר בֵּרְכוֹ אָבִיו; וַיֹּאמֶר עֵשָׂו בְּלִבּוֹ, יִקְרְבוּ יְמֵי אֵבֶל אָבִי, וְאַהַרְגָה, אֶת-יַעֲקֹב אָחִי

Vayistom Essav et-Ya'akov

Et Essav haït Jacob - le texte emploie un terme plus fort que sitnah pour dire la haine

al-habrakhah

À cause de la bénédiction

asher berakho aviv

Dont son père l’avait bénit (on a l’habitude de lire : dont son père avait béni Jacob)

vayomer Esav belibo

Et Essav dit en son coeur

 yikrevou yemey evel avi

Les jours de deuil de mon père arriveront

ve'ahargah et-Ya'akov a’hi.

Et je tuerais Jacob mon frère.

 

Ce verset dit clairement : Tant qu’Isaac (Jules Isaac) est vivant Esaü ne peut rien contre Jacob.

C’est la manière de lire habituelle qui n’est pas fausse mais on lira autrement.

« Et Essav haït Jacob à cause de la bénédiction dont son père l’avait bénit » on lit : dont son père avait béni Jacob.

Mais on ne se rend pas compte que cela veut dire qu’Esaü haït Jacob à cause de la bénédiction dont Isaac a béni Esaü et non Jacob. En effet, lorsque Esaü, après que Jacob ait reçu sa bénédiction, prévu pour lui, est parti et qu’il est revenu du champ, il demande à son père : « ne m’a tu pas gardé à moi une bénédiction ? » Alors il savait très bien ce qu’il se passait ! Il aurait du dire : ne lui avais-tu pas gardé une bénédiction, donnes-la moi ?

 

En fait tout le monde ferme les yeux dans l’histoire mais personne n’est dupe.

 

Cela me rappelle Jacques Lacan. Il avait un grand ami Emmanuel Raïs que j’ai connu qui était un des élèves de mon maître, et qui le fournissait en Midrashim Juifs dont son œuvre fourmille de manière déguisée. Il avait parlé une fois de cela de la manière suivante « Le nom dupe erre ». « Celui qui n’est pas dupe erre ». Jacob est devenu errant, alors c’est l’autre qui s’est fait dupé. Il appelait cela le nom du père. A qui donne-t-on le nom du père ?  A Jacob ! Parce que le nom dupe erre. Et c’est lui le juif errant !

 

En fait ce qu’on ne voit pas dans le verset c’est qu’Esaü haït son frère à cause de la bénédiction que son père lui a donné à lui, Esaü. Parce que lorsqu’il est revenu son père l’a béni en lui disant : « tu vivras de ton épée ». C’est une bénédiction terrible ! Esaü ne peut pas ne pas être marchand de canons. Il n’y a qu’à lire toute l’histoire de la tradition romaine pour savoir ce qu’est la Pax Romana : c’est la guerre ! Au point qu’ils opnt pris l’épée pour la tourner en forme de croix… Sa bénédiction terrible est celle du meurtre du frère par le frère. Cela commence par Remus et Romulus. Le mythe romain félicite celui qui fonde ainsi la cité. Il en résulte la malédiction des armes, la malédiction de Caïn. Mais chez les Romans c’est cela la cité. Toute l’économie occidentale tourne autour de la fabrication d’armes. Leur plus grande difficulté est d’arriver à transformer les épées en socle de charrues comme le dit Esaïe. On leur donne d’ailleurs un coup de main au passage avec par exemple ce juif devenu chrétien Marcel Dassault. Einstein et la bombe atomique...Mais enfin il faut toujours être romain pour être martien !

Il découvre stupéfait la nature de sa bénédiction. Il vivra de son épée ! Et la bénédiction de l’amour c’est Jacob qui l’a. Alors il a beau être la religion de l’øamour, il vit de son épée. Alors imaginez la haine que cela peut projetter sur l’autre à cause de sa bénédiction à lui Esaü.

 

Effectivement, la question posée est une question énorme : Jacob ne peut pas aimé Esaü. Un Tsadik ne peut pas aimer un Rashâ. Un Juif ne peut pas aimer un Romain à partir du moment où l’on sait qui il est et qui on est.

Mais Jacob n’est pas encore Israël. Il faut avoir une toute autre envergure pour que cela se dénoue. Israël peut résoudre le problème d’Esaü, pas Jacob. D’ailleurs c’est clair, la relation avec l’idée d’un Esaü qui redeviendrait cachère ne peut pas sortir des Yeshivot de Jacob, c’est impossible. Seul Israël peut renouer avec le Vatican. Jamais la synagogue ne pourra renouer avec le Vatican. Même si le grand rabbin de Rome ou d’Israël a des mondanités pieuses avec sa « sainteté ». Cela n’a pu se résoudre qu’au niveau de la politique israélienne par rapport à la politique vaticane. Cela ne veut pas dire que Shimon Perez aime Jean-Paul II, je crois qu’il préfère Arafat…

 

Q : A propos de l’incompatibilité entre Rome et Jérusalem, est-ce également le cas avec Athénes ?

R : Absolument. Absolu mais dans le fond. Et cela nous a coûté très cher cette assimilation à l’hellénisme. On rentre dans ‘Hanoukah. C’est énorme cet affrontement entre Judéens et Grecs. Mais avec cette différence que c’est finalement Rome qui réalise le génie d’Athènes d’une certaine manière.

Petite parenthèse :

Athènes a fondé le langage des sciences et l’esthétique. C’est elle qui de manière irréversible fait qu’un goï qui lit la Bible ne peut pas la lire en hébreu. Même quand il la lit en latin il la lit en grec.

Le grec est celui qui est sollicité par les évidences des catégories de la matière. Cette civilisation qui a fondé le langage des sciences et l’esthétique, en tout cas de la civilisation moderne occidentale, est sensible à tout ce qui est déterminé, impersonnel, quantitatif. C’est la science occidentale dans son aveuglement par rapport à tout ce qui est l’esprit, la qualité, la liberté, la valeur morale. Le Grec est sollicité par le déterminisme. C’est pourquoi lorsqu’il lit la bible, il transforme le Dieu vivant en dieu mort, parce qu’il projette les lois de la matières sur l’esprit. Et d’autre part, l’esthétique, ce qui est corollaire. Cela ne veut pas dire que le Grec n’ait pas eu l’intuition de la moralité mais il est persuadé et possède la conviction que la moralité ne peut pas se réaliser et ne peut que se contempler. C’est pourquoi  le juste selon Socrate est celui qui connait la vérité morale et non celui qui la pratique. D’ailleurs la relation entre Socrate et Platon son disciple n’a rien à voir avec la relation morale entre un maître et son élève. Vous savez de quoi je ne veux pas parler. Sinon oubliez. C’est ce qu’on appelle l’amour platonique...

 

C’est une conscience qui est par définition tragique et contemplative. C’est ce que les Grecs ont scellé dans la civilisation occidentale. Rome y a mis le génie de civilisation impériale.

 

C’est pourquoi nous avons en réalité le problème de Babel, Perse, Grèce, et le problème qui récapitule tous les problèmes avec Israël c’est Rome.

Arrivons nous à u temps où Rome et Jérusalem vont faire la paix ? Je ne sais pas. Mais j’ai donné une fois la comparaison suivante :

L’homme a deux mains, la droite et la gauche. Cela ne peut pas coïncider.

 

Alors peut-être qu’est en train de s’ouvrir un temps où on va avoir les trois antagonistes à Jéruslaem Israël – Ishmaël - Essav ?


< fin >

****

 

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