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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 18:28

La signification du Omer jusqu’à Shavouot 

 

L'Omer et sa signification (1986) III

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/l_omer_et_sa_signification/cours_2

Face A

 

…/…

 

Vous avez eu l’expérience de cela : voilà la loi de cette expérience. Je crois important de le mettre en évidence.

 

Cela signifie donc, deuxième implication à retrouver, qu’il y a une certaine manière d’être homme qui est compatible avec cette loi qui est donnée comme obligation. Maïmonide l’a bien mis en évidence d’ailleurs, en particulier dans le Guide des Egarés, et aussi dans certaines de ses lettres.

 

Il est évident que toute existence est sous le regard de la même destinée, à des niveaux différents et dans des styles différents. Mais il y a ce cas particulier d’Israël. Israël a obligation de la vertu, alors que pour tout autre manière d’être homme, pour toute autre créature, la vertu est une proposition d’idéal, alors qu’il y a la catégorie de l’obligation pour Israël. Ce qui est vertu pour tout être qui est sensible aux valeurs dont parle la Torah est obligation – ‘Hovah Mitsvah – pour Israël.

 

C’est relié à notre sujet. Parce que nous avons eu cette expérience de preuve par la sortie d’Egypte. Nous sommes donc investis d’obligations parce que nous sommes dans la situation naturelle existentielle d’avoir une connaissance de l’expérience de la sortie d’Egypte.

 

C’est dit dans de nombreux versets, en particulier dans le contexte des 10 commandements.

Relire le chapitre 19 et 20 de l’Exode avec les 10 commandements pour y voir cette articulation du raisonnement : « Puisque vous avez eu l’expérience de la sortie d’Egypte, alors vous deviendrez le peuple de la Torah... »

 

Donc, il y a bien un lien très profond entre ces deux pôles Yetsiat Mitsraïm et Matan Torah.

Mais sur ce 2ème principe on retrouve l’importance de nous avoir énumérer les valeurs à unifier pour être ce peuple arrivé au pied du Sinaï. La vertu d’Abraham, puis la vertu d’Isaac, puis la vertu de Jacob, ces trois vertus unifiées dans un certain ordre et dans un certain accent, alors seulement on est au pied du Sinaï.

 

Les 2 principes importants :

 

ð   la période qui sépare Pessa’h de Shavouot est une période vulnérable. Lorsqu’il y a échec il y a deuil, lorsqu’il y a ligne de réussite il y a commémoration de joie.

 

ð   Ce n’est pas seulement les événements de Pessa’h et Shavouot qui sont liés mais tout ce qu’il y a avant la sortie d’Egypte et tout ce qu’il y a après le Sinaï. C’est-à-dire tout ce que nous apprenons comme enseignement du récit de la Torah concernant le temps de l’histoire humaine à travers le temps de l’histoire des Patriarches, et tout ce que nous apprenons de la Torah concernant la découverte des valeurs de la loi.

 

Je terminerais cette 1ère intro par la lecture d’un Midrash Rabba sur Parashat Yitro des dix commandements : lorsque Moïse est monté au ciel pour y chercher la Torah, les anges s’y sont opposés.

 

Ce Midrash est constitué d’une  exégèse très précise sur des versets de Psaumes, et on assiste à cet indignement de ces êtres absolus de pureté et de sainteté que l’on appelle des anges, devant cette prétention des êtres d’en-bas, de chair et de sang - « Yeloud Ishah » dit le Midrash « issu de femme » - qui montent en haut chercher la Torah pour la descendre en-bas. Le Midrash va plus loin que ce simple refus, il y a le fait que à ce moment-là les Malakhei Ha-sharet les anges ont voulu attaquer Moïse.

 

Leur raisonnement est le suivant : Lorsqu’on sait ce que l’homme a fait du monde, que deviendrait la Torah entre les mains des hommes ? Cette loi de l’absolu des valeurs n’appartient pas au monde d’en bas ! C’est pourquoi le verset des Psaumes sur lequel se base ce Midrash dit par allusion à cette ascension de Moïse pour monter en haut chercher la Torah et la redescendre en-bas : « tu es monté dans les hauteurs, tu as fait captif une captivité (une proie) » Cela veut dire que la Torah était captive là-haut, et que Moïse est monté là-haut faire captif, ce qui était captif là-haut. Sinon, il n’y aurait pas cette redondance dans le verset.

 

Cela veut dire que la Torah en haut était captive, il y a donc un dévoilement d’une dimension assez profonde dans ce Midrash :

S’il y a un absolu, il concerne la réalité, l’existence. La Torah concerne le monde d’en-bas. Mais tant que le monde d’en-bas ne le mérite pas, alors il y a la contestation des anges.

 

De nouveau nous sommes en monothéisme intégral. Le dualisme consiste à dire : l’ordre de la réalité et l’ordre de la vérité sont irrémédiablement disjoints. Pour l’approche monothéiste de la vérité, il est bien évident que la vérité concerne la réalité, c’est cela le vrai monothéisme. Que le vrai sens de la Torah c’est la Torah qui concerne la réalité. Par conséquent, la Torah tant qu’elle se trouve en-haut est captive. Alors Moïse est allé délivrer la Torah car dans l’intention du Créateur elle concerne le monde d’en-bas. Sinon, on se demanderait pourquoi Il a créé un monde d’en-bas, dans la cohérence du monothéisme bien entendu.

 

Donc le verset commence par évoquer, en s’en félicitant, cet homme qui arrive à monter en-haut.

En haut où il y a unité des valeurs, alors qu’en-bas il y a dispersion des valeurs.

 

Il a réussi cela alors l’exégèse du Midrash continue.

Peut-être pourrait-on croire qu’il ne s’agit que d’avoir pris quelque chose par force, mais le verset continue en disant « laqa’hta tu as pris en méritant ». pas seulement tu as volé mais tu as pris en bon droit. On pourrait croire que tu as payé pour cela ? Non, « laqa’hta matanot - tu as pris des cadeaux »...

 

« A ce moment-là les anges ont voulu porter atteinte à Moïse. Dieu a donc modifié la physionomie de Moïse en la rendant semblable à celle d’Abraham ».

 

Avant que Moïse ne ressemble à Abraham d’après ce Midrash, les anges refusent que Moïse reçoivent la Torah. Après le changement de visage, sur le conseil de Dieu, alors Dieu dit aux anges : « n’avez-vous pas honte de lui ? » (Lorsque les anges étaient descendus en-bas et avait pu manger chez Abraham... Cela veut dire donc que l’on peut pratiquer la Torah en-bas !  Dieu argumentte : n’avez-vous pas honte de la vertu d’Abraham qui vous a donné hospitalité ?

 

La réponse est dans l’ordre des vertus, mais par rapport au sujet même, alors le Midrash argumente de la manière suivante : à la rigueur on pourrait admettre que pour Moïse, la loi et que la loi, les anges s’y opposeraient, mais si Moïse, la loi, prend le visage de la vertu d’Abraham, alors les anges sont dans l’état de honte.

 

« N’est-ce pas celui-là chez qui vous êtes descendus et vous avez mangé chez lui ?

Alors Dieu a dit à Moïse : « la Torah ne t’as été donnée que par le mérite d’Abraham !! »  

 

Sheneemar ainsi que dit la 2ème partie du verset que nous retrouvons Laqa’htakh matanot baadam tu as pris en méritant des cadeaux des dons la Torah - Matan Torah – baadam  grâce à celui qui s’appelle Adam – et le Adam dont on parle ici n’est qu’Abraham dont un verset du prophète Josué chapitre 14 verset 15 dit : « HaAdam Hagadol bahamakim l’homme grand parmi les géants »

C’est-à-dire que c’est par le mérite que Moïse est relié à Abraham que les anges ne peuvent en rien s’opposer au fait que la Torah de l’absolu lui soit donnée pour les hommes.

 

Il y a là une leçon importante pour nous :

Si l’on coupe l’aspect de la loi – Matan Torah – de l’histoire qui commence à Abraham et culmine à la sortie d’Egypte, alors les anges s’opposent et arrivent les Maguéfot, les catastrophes. Mais si Moïse prend le visage d’Abraham et se relie aux vertus des patriarches qui commencent avec Abraham, alors les anges sont obligés de reconnaître que la Torah des valeurs de l’absolu, la loi,  concerne vraiment le monde d’en-bas.

 

***

 

C’est un des exemples de nos textes concernant cette période qui relie Pessa’h à Shavouot pour le relier au fond même de l’explication que nous a donné le Midrash : le danger c’est la division.

Par conséquent, la protection, le mérite, c’est l’unité. On sait à quel point cette histoire qui commence à Abraham est la recherche du principe d’unité des valeurs.   

 

Chaque fois que ce peuple est divisé alors sa sortie d’Egypte est en question.

Chaque fois qu’il tente de se réunifier alors sa sortie d’Egypte se dirige vers Shavouot.

 

Nous vivons très certainement une époque assez caractéristique puisque c’est de notre temps que ce temps de commémoration du Omer commence à se remplir de jours de commémorations et chronologiquement cela se dirige vers Shavouot.

 

Je ne sais pas ce qui se passera entre Yom Yeroushalayim et Shavouot mais il se passera peut-être quelque chose que nous aurons peut-être un jour à commémorer... Je n’ai rien dit, c’est une hypothèse...

 

Deux évènements très frappant me sont apparus convergeants dans cette période du Omer: la controverse autour de la décision de l’Eglise catholique d’installer un convent des Carmélites à Auswitchz, et cette thèse révisionniste de l’université de Nantes sur la Shoah. Cela m’a fait expérimenter la vulnérabilité de cette période du Omer vis-à-vis de ces choses qu’on est en droit de considérer comme acquises, inatteignables, intouchables... et qui sont mises en question.

Sur le premier point la mosquée sur le mont du Temple en est l’exact équivalent chez les musulmans : ériger un lieu de culte sur le lieu même du massacre de la révolte des derniers judéens contre les romains...

 

Cet effort de réussir une sortie d’Egypte jusqu’au bout se heurte à une vulnérabilité considérable et dans toutes les dimensions.

 

Voilà l’essentiel du principe que je voulais mettre en évidence concernant cette période.

 

 

****

 

Q : l’Eglise est divisée sur le sujet.

R : c’est surtout le problème que la question ce soit posée : la continuation de l’usurpation d’identité qui a commencé à l’origine et c’est ce qui est inquiétant.

 

Q : à propos de l’unité, entendu dans un cours la proposition d’annuler les différences de rites séfarade et ashkenaze, faire un seul rite... qu’en penser ?

R : c’est très bien s’il s’agit d’un séfarade et d’un ashkénaze pratiquant qui savent de quoi ils parlent tous deux. Nous sommes un peuple un au niveau de la collectivité et de la même manière que dans chaque famille chacun a son visage et son identité, ce qu’il faut c’est l’unité et non pas l’uniformité. Lorsqu’on parle du contenu concret des valeurs on s’aperçoit que chacun a le droit d’être ce qu’il est, l’essentiel c’est de l’être ensemble. C’est à l’échelle de la collectivité qu’il n’y a aucune différence entre le rite séfarade et le rite achkénaze. Mais à l’échelle des tribus, chaque tribu a ses raisons de réaliser le rite qu’elle réalise comme elle le réalise au nom de la même Torah.

Après plusieurs générations ce sera autre chose.

 

Chaque fois que Moïse prend le visage d’Abraham cela s’arrange. Mais si Moïse fronce les sourcils cela ne peut pas s’arranger. Si la loi se fait légal, il n’y a pas d’espoir. Si la loi se fait morale parce qu’elle a commencé par l’exigence morale d’Abraham alors l’unité apparait. Si la sortie d’Egypte est reliée à Matan Torah c’est une vraie sortie d’Egypte, sinon c’est une sortie d’Egypte qui échoue.

 

Q : réponse à la question de la différence du compte séfarade et ashkénaze ?

R : j’ai posé la question, si je n’entends pas de réponse je vous proposerais une réponse.

 

Q : correspondance avec la date du 15 Nissan 15 tishri 15 av Toubishevat et lien avec Youd Hé ?

R : cette dernière considération est seconde - c’est le fait que le temps d’Israël est comparé au temps de la lune relié au temps du soleil. Le 15 est le jour de la pleine lune : l’apogée de la lumière de la lune. Il y a deux exceptions dans le calendrier. Précisément à Shavouot qui n’est pas une date en soi ni d’un premier du mois ni d’un 15 du mois, mais le 50ème jour après le 15 du mois de Nissan qui est Pessa’h. C’est bien la clôture de Pessa’h.

D’autre part ‘Hanoukah que j’ai cité  qui est la seule fête du calendrier qui n’est pas comptée selon le temps de la lune mais selon le temps du soleil. Il y a des raisons pour cela.

Kipour est relié à Rosh Hashanah. En ce qui concerne Kipour la question c’est qu’apparemment pour toutes les autres dates c’est une commémoration historique. Kipour ne le serait apparemment pas. En réalité elle l’est et elle se relie à Shavouot : 40 jours après Shavouot, Moïse monté à Shavouot est redescendu et a assisté à la faute du veau d’or, a brisé les tables, les premières tables de la loi le 17 Tamouz. Il est remonté 40 jours pour prier 40 jours pour obtenir les 2ndes tables de la loi, et il est redescendu le 10 Tishri qui est le jour de Kipour historique du premier grand pardon.  

 

Q : première partie de 33 jours négative et la 2ème partie est positive ?

R : il semble mais c’est une réalité entremêlée.

J’ai surtout été frappé par ces période de rassemblement de dates contemporaines que nous vivons.

Depuis 1917 cela semble être une longue période de Omer, période vulnérable. 

 

Q : A été évoquée cette vulnérabilité de cette période mais cette vulnérabilité n’est-elle plutôt pas liée à la vulnérabilité de chacun dans sa confrontation aux exigences morales de la loi ? Plus au niveau du peule juif qui entre la sortie et le don de la loi était un peuple entier non soumis aux contigences des autres peuples et tout le problème était interne ?

R : si Moïse prend le visage d’Abraham, si la loi est fondée sur des valeurs morales, les anges acceptent. Mais si Moïse ne prend pas le visage d’Abraham, alors nous sommes en présence d’un danger, qui au fond guette surtout une tradition comme la tradition juive, d’une légalité coupée de la moralité. Nous vivons ces problèmes actuellement.

 

 

 

…/…

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***

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