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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 18:26

La signification du Omer  jusqu’à Shavouot (1986)

L'Omer et sa signification (1986) 2ème Partie

 

http://www.toumanitou.org/toumanitou/la_sonotheque/fetes_et_calendrier/l_omer_et_sa_signification/cours_1

Face B

 

…/…

 

… Et alors il y a cette coûtume que ceux qui ont compté le Omer sans interruption tous les jours ont droit à ce gâteau de lait qui est donné comme récompense du compte du Omer.

En principe ceux qui n’ont pas compté, ou se sont arrêtés, ne recevaient pas de gâteau de lait. Mais comme les traditions se perdent on le leur donne quand même... Dans certaines communautés c’est un gâteau au lait et au miel en relation au verset qui compare la Torah au lait et au miel...

 

Ce qui est caractéristique c’est que la formulation liturgique de la bénédiction qui introduit le compte du Omer, je vais prendre l’exemple du jour d’hier où nous étions le 40ème jour du Omer :

 

Les Séfardim disent :

Aujourd’hui c’est le 40ème jour du Omer ce qui fait tant de semaines, 5 semaines et 5 jours…

 

Les Ashkenazim disent :

Aujourd’hui c’est le 40ème jour ce qui fait 5 semaines et 5 jours du Omer…

Vous remarquez la différence.

 

Tout se passe comme si dans un des rites on compte les jours du Omer et cela fait tant de semaines... et dans l’autre rite on compte les jours qui nous séparent de Pessa’h mais cela fait tant de semaines plus X jours du Omer. Dans un cas on compte les jours, dans un autre on compte les semaines. Il y a une signification à cette différence.

 

Nous savons par tradition que toute les différences de rite fussent-elles infinitésimales ont un sens extrêmement profond. Cela dépend de leur histoire en tant que Juifs. C’est une des sciences les plus difficile de la tradition que de connaître la différence de formulation des liturgies. Dans d’autres exemples c’est tellement évident que la formulation est intentionnellement autre.

 

Or, la Torah a demandé de compter les jours et les semaines. Les jours d’abord.

Dans un des rites on compte les jours et on impute les jours au Omer et on fait le compte en semaine. Dans l’autre rite, on rappelle le nombre de jours du compte, la supputation du Omer, et  puis on situe le nombre de semaine du Omer. Il y a donc une signification. Nous garderons cela en suspend. 

 

***

 

On peut illustrer cela dans le calendrier contemporain : il est frappant de voir que les nouvelles dates de commémoration du calendrier contemporain se situent toutes entre Pessa’h et Shavouot, c’est-à-dire dans cette période vulnérable, susceptible d’atteintes, entre Pessa’h et Shavouot, l’acquis de Pessa’h risque d’être mis en question si on ne parvient pas à Shavouot. Et au contraire, lorsque l’acquis de Pessa’h se renforce et se dirige vers la réussite absolue, alors c’est la dimension  des jours de fêtes qui viennent se situer dans cette période.

 

1er exemple : LagBaOmer.

Parmi les élèves de Rabi Akiba, un des grands d’Israël, Rabbi Shimon Bar Yo’haï. Le jour de sa mort, la Maguéfah (épidémie-catastrophe) la mort des élèves de Rabi Akiba a été supprimée.  

Or, de même qu’on relie à Mosheh Rabénou la révélation de la Torah écrite Torah shébikhtav, de même on relie à Rabbi Shimon Bar Yo’haï la révélation de l’intériorité de la Torah orale. On dit aujourd’hui de manière très courante la Kaballe, le Zohar. C’est la Pnimiout de la Torah Shépé Al Peh, c’est-à-dire l’intériorité même de signification de la tradition orale. Le grand maître c’était le maître de Rabbi Shimon Bar Yo’haï, c’est-à-dire Rabbi Akiva. Il est le principe de la transmission de la loi écrite de Moïse, et il est le principe de la permanence de la tradition orale. La tradition nous apprend que la mort de Rabbi Shimon Bar Yo’haï qui a ce mérite de protection qui a protégé du  danger et après le jour de cette mort voilà que la Maguéfah s’arrête. On appelle ce jour du 33ème jour du Omer Lag Baomer le jour de la Hiloulah.

 

C’est une tradition talmudique. Le mot de Hiloulah dans ce contexte talmudique signifie le mariage. Il est un peu paradoxal qu’un terme signifiant fête de mariage soit employée pour dire la mort et l’anniversaire de commémoration de cette mort. La Tradition considère que lorsque l’âme d’un grand d’Israël quitte son corps elle se marie avec la Shekhinah, et que c’est un mariage.

 

Par conséquent, on a gardé le terme de Hiloulah pour dire la cérémonie de commémoration de la mort de Rabbi Shimon Bar Yo’haï et par la suite des autres grands hommes d’Israël.

 

Nous avons là un principe d’explication important :

Quelle est la cause profonde qui mène à ce risque de mise en échec de l’acquis de Pessa’h ?

C’est la divison !

 

Nous allons reprendre le problème au niveau historique :

La tradition enseigne que les élèves de Rabbi Akiva, formant le gros de l’armée de Bar Kokhba, étaient tous des grands d’Israël, mais il y avait entre eux Sinat ‘Hinam – la division.

 

La Guémara explique qu’ils ne se rendaient pas l’un à l’autre l’honneur qui leur était dû.

C’est une situation au coeur même du problème que l’identité d’Israël a à résoudre depuis l’origine des temps et jusqu’à la fin des temps.

 

Je vous rappelle un principe important qui nous vient de la Kabalah : contrairement à ce que l’on peut penser dans l’ordre des évidences de la culture contemporaine, l’homme désigne comme idéal la vertu qui lui manque. On pourrait être habitué à l’idée inverse qui se diffuse dans la culture actuelle que l’homme se définit par l’idéal qu’il se désigne comme idéal. Mais pour la tradition de la Torah ce n’est pas si simple que cela. Par exemple : si un homme dit que son idéal est la charité cela veut dire qu’il y a là une valeur à laquelle il consacre sa vie pour pouvoir la réaliser. Si cette valeur est intégrée, alors il n’a pas à désigner la charité comme idéal, il est charitable. Et il progresse dans l’ordre des valeurs, il a une autre valeur dans l’effort moral à intéger. Pour éclairer cela d’une façon très simple : Abraham n’était pas un homme qui croyait dans la valeur de charité : il était charitable.

 

Or, c’est vrai pour toutes les traditions culturelles et spirituelles, et il y a là un sujet en soi qui est très important et que je ne voudrais pas aborder.

 

Qu’en est-il d’Israël ? L’idéal d’Israël c’est évidemment l’unité. Cela vient de ce que l’unité c’est la valeur que probablement la sagesse divine a jugé qu’Israël était seul à pouvoir un jour réaliser.

 

Il en résulte que les problèmes de divisions sont les plus accusés dans le peuple juif. Je crois qu’on ne peut pas ne pas remarquer cela et il faut en prendre acte. Nous, le peuple de l’unité, nous sommes en réalité le peuple le plus divisé qui puisse exister au monde.

 

Et si nous devions faire une phénoménologie des différentes manières d’être juif, enfermées dans le même bâteau, dans la même histoire, dans la même aventure, je crois que cette phénoménologie n’aurait jamais été encore faite vraiment. On serait effaré du nombre considérable de différentes manières d’être juif, cohérentes, qui essaient, sans y arriver, de réaliser ce que nous appelons une unité. Des différences au niveau sociologique sont considérables. Elles n’étaient pas évidentes  lorsque nous étions dispersés réellement, maintenant que nous rassemblons, c’est évident. Il y a mille manières d’être juif sociologiquement. Les uns sont de cultures judéo-arabe, d’autres  judéo-slave, d’autres judéo-espagnol...etc.

C’est avec une diversité à la dimension de la diversité humaine tout court.

Imaginez dans une municipalité israélienne et pas seulement dans une communauté juive de la dispersion, le rassemblement de diversités qu’il peut y avoir. Et il n’y pas que cela, il y a les différentes manières d’être idéologiquement, les différentes options idéologiques, avec des nuances d’une complexité effarante.

 

Il y a même au niveau de la définition de l’identité religieuse juive israélienne, toutes les définitions possibles et imaginables comme si nous avions éclatés en sectes. Ne serait-ce que les grands courants : religieux, conservateur, libéral, réformé...etc. Avec les plus et les moins dans chaque courant et un entremêlemment des différents critères, sociologique, idéologique, religieux... Et cela se multiplie à l’infini.... A tel point que nous sommes heureux de la chance qu’on a : on a que les problèmes qu’on a ! Et cela, c’est le peuple de l’unité !

 

Nous, Israël, sommes l’illustration vivante de ce principe que l’identité humaine définit son idéal en désignant la vertu qui lui manque mais qu’il est peut-être le seul à pouvoir réaliser.

 

Pourquoi ? Parce que si précisèment, on a l’expérience qu’on perçoit un manque, cela veut dire que l’on sait ce qui manque et qu’on est seul à le voir. On a peut-être une connaissance en creux de ce qu’il faut atteindre en plein et on est le seul à l’avoir, on est le seul à percevoir ce manque.

 

Le Rav (?) a enseigné dans un de ses chapitres que chaque manière d’être homme a comme Nessimah, comme projet, une valeur et qu’elle est la seule à pouvoir à réaliser à sa manière. C’est son génie propre. Et c’est pourquoi elle en fait son idéal en particulier et qu’elle est semble-t’il chargée au titre de l’humanité toute entière à mettre évidence.

 

Le cas particulier d’Israël c’est qu’il s’agit de toutes les valeurs à la fois, ce qui est la définition même de l’unité des valeurs et de l’unité tout court.

 

Or, précisément qu’est-ce que disait le Midrash pour nous illustrer le commencement historique même de cette période dangeureuse vulnérable ? La division !

 

Elle commence dans l’histoire avec  Joseph et ses frères. Ce qui se passe entre Joseph et ses frères est un évènement du Omer (dans son deuxième sens de deuil et catastrophe). Et effectivement , c’est là que commence l’exil, c’est là que commence la dispersion effective de l’exil.

 

C’est-à-dire que  ce qui s’est passé au temps de Rabi Akiba a son principe déjà dans les événements historiques que nous raconte la Torah entre Joseph et ses frères. Et parce qu’il n’y avait pas unité entre les élèves de Rabi Akiba, alors l’acquis de Pessa’h d’unité de la nation réalisant sa libération physique et nationale se défait et est donnée à l’échec.

 

Que nous est-il ajouté avec le jour de Lag BaOmer concernant Rabbi Shimon Bar Yo’hai ?

Bien que nous ayons la même loi, cette loi qui est censée nous unir nous divise. Il suffit de se réfèrer à l’expérience de la réalité pour le comprendre. Mais dès que on se relie à la loi orale et à son intériorité apparait un principe d’unification. La tradition du Zohar a permis l’unité de ceux qui sont divisés par rapport à la Torah. Le principe de l’enseignement de Rabi Shimon Bar Yo’hai permet l’unité des disciples de Moïse. C’est le principe qu’il faut arriver à intégrer et comprendre qu’il en a été effectivement ainsi.

 

Une tradition reçue à travers l’enseignement de Rabi Na’hman de Breslav, cité aussi dans d’autres traditions d’enseignements :

Lorsque ces événements  de catastrophe de recommencement de l’exil sont apparus à cette époque de Rabi Akiva, alors les maîtres d’Israël ont dit : tout se passe comme si la Torah va disparaître d’Israël. Et puis on a cité le verset [Yeshayahou 59:21] :

וַאֲנִי, זֹאת בְּרִיתִי אוֹתָם אָמַר יְהוָה--רוּחִי אֲשֶׁר עָלֶיךָ, וּדְבָרַי אֲשֶׁר-שַׂמְתִּי בְּפִיךָ:

    לֹא-יָמוּשׁוּ מִפִּיךָ וּמִפִּי זַרְעֲךָ וּמִפִּי זֶרַע זַרְעֲךָ, אָמַר יְהוָה, מֵעַתָּה, וְעַד-עוֹלָם

"va'Ani Zot B'risi Amar Hashem... l Lo Yamoushou mi'Picha, mi'Pi Zar'acha u'mi'Pi Zera Zar'acha"?

lo tishaka’h mipi za’ho » elle ne sera pas oubliée de la bouche de sa descendance ».

 

La fin de chaque mot de cette expression Alef ‘Het Youd Vav forment le mot de Yo’haï. Cela veut dire : elle ne sera pas oubliée cette Torah de Moïse de la bouche de la descendance de Yo’haï.

  

L’expérience nous montre que s’il est resté une unité de l’enseignement de la loi de Moïse malgré ce danger perpétuel de la division, c’est grâce à cette tradition de Rabi Shimon Bar Yo’haï et très simplement et profondément, la signification de ce fait que la catastrophe s’est arrêtée par le mérite de Rabi Shimon Bar Yo’haï qui est commémoré par la fête du Lag Baomer est à relier à ce que nous avons vu.

 

Il y a un enseignement du Zohar très connu que la délivrance viendra par le mérite de l’enseignement du livre du Zohar. Et convergent à la fin des temps, le dévoilement de la signification intérieure de la Torah et, d’autre part, la délivrance de l’exil d’Israël. La Guéoula et la Qabalah se rejoignent et vont ensemble. Ce n’est pas un hasard si nous sommes en un temps où l’on parle tellement de Qabalah. Il y a une tradition de la Qabalah que « l’écorce précède le fruit ».

 

Lag Baomer dans le Omer est un jour de fête dans la période de deuil. La rencontre de ces deux dimensions : la pente négative qui est la pente du deuil et la pente positive qui va vers Shavouot.

La pente négative risquant de mettre en question l’acquis du point de départ de Pessa’h.

 

Il est très frappant que de notre temps, toutes les commémorations contemporaines soient venues  s’y loger.

 

Nous en sommes les contemporains, on n’a pas fait exprès, c’est arrivé comme cela. On ne peut qu’être frappé par ces 5 dates :

 

ð   27 Nissan = Yom Hashoah : fixée le jour de l’insurrection du ghetto de Varsovie. La tradition de notre temps a fixé le jour de commémoration de la Shoah dans ce jour-là

ð   4 Iyyar = Yom HaZikaron : le jour de deuil pour les soldats tombés dans les guerres d’Israël.

ð   5 Iyyar = Yom Haatsmaout : dans le sens de LagBaomer. Cela ressemble beaucoup à ce qui se passe à Pourim: la veille est jour de deuil et dès que le deuil est fini, la fête de Pourim commence. De même, le 4 Iyyar c’est Yom HaZikaron. Dès que c’est fini le 5 Iyyar commence Yom Haatsmaout.

ð   28 Iyyar  = Yom Yeroushalayim (après le 18 Iyyar qui est Lag Baomer = 18= ‘Haï) jour de la commémoration de la libération de Jérusalem.

ð   Shavouot. Le deuil s’arrête car c’est un jour de fête comme Lag Baomer comme Yom Haatsmaout, alors que les autres jours avec Yom HaShoah et Yom HaZikaron sont des renforcement du deuil.

 

C’est extrêmement frappant et cela illustre le fait que c’est la période où sont en question ces deux dimensions qui relient Pessa’h à Shavouot, c’est-à-dire, l’achèvement de la libération qui a commencé ou bien au contraire sa mise en échec.

 

Elargissement du sujet:

 

En formulant un parallèle entre la structure même de la Torah et cette période du Omer qui lie la sortie d’Egypte à Matan Torah, Pessa’h à Shavouot. 

 

Remarque importante : le livre de la Torah est un livre qui semble combiner deux récits différents:

ð   d’une part le récit historique de l’histoire de l’humanité avec très rapidement en gros plan, l’histoire d’Israël qui commence avec les patriarches hébreux; et,

ð   d’autre part le code (de la Loi).

 

Toute un préface historique, qui va jusqu’à la sortie d’Egyte précisèment  et à partir de ce moment-là, survient la partie législative des commandements, et cela devient le livre de la Loi…

 

Nous sommes tellement familier à cette structure du Pentateuque qu’on en oublie de se poser la question. Rashi n’a pas choisi sa première question par hasard parmi l’ensemble des milliers de Midrashim sur le début de ce récit : pourquoi la Torah commence-t’elle par le récit historique et non pas par la première des lois données à Israël si c’est un code ?

 

Cette histoire est finalement l’histoire d’Israël qui aboutit à la sortie d’Egypte. Et voilà que notre période du Omer relie la sortie d’Egypte au Matan Torah.

 

Pour approdondir un peu cette question du lien entre ce récit historique et le code, nous devons de nouveau retrouver cette période qui relie la sortie d’Egypte et le don de la loi.

 

Je vais essayer d’énumèrer un certain nombre de principes qui me semble important pour tenter de jetter un éclairage sur les situations des problèmes de notre contemporanéité juive à ce sujet.

 

Je concluerais cette première analyse en vous citant un Midrash Rabba à propos de la révélation de la Torah révélée à Moïse.

 

Il me semble que le thème principal est de tout simplement rappeler le premier verset des dix commandements [Ex. 20]. 

 

 אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, אֲשֶׁר הוֹצֵאתִיךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם מִבֵּית עֲבָדִים:  לֹא-יִהְיֶה לְךָ אֱלֹהִים אֲחֵרִים, עַל-פָּנָי   

Anokhi Hashem Elohekha...  Je suis Celui qui t’ai fait sortir d’Egypte de la maison des esclaves et voilà Ma Torah qui commence... »

 

Donc la Torah elle-même, dans ce texte des 10 commandements, a relié très étroitement le récit historique de l’histoire de l’humanité qui en fin de compte s’élargit en gros plan sur l’histoire des Patriarches depuis Abraham jusqu’à la descente en exil, et en fin de compte le point culminant du récit historique de la sortie d’Egypte est étroitement lié avec la Torah en tant que loi-code.

 

Et donc déjà dans ce 1er verset, il y a, si j’ose dire, la tension même de cette période du Omer.

 

La sortie d’Egypte est mise en question dans la réception de cette Torah, et la manière dont cette Torah est reçue peut mettre en question la sortie d’Egypte.

Et, d’autre part, cette Torah ne concerne que ceux qui ont l’expérience  de cette sortie d’Egypte. Si Dieu se donne comme intitulé de Dieu de la Torah « Celui qui t’ai fait sortie d’Egypte », c’est donc qu’il y a un lien très profond entre l’histoire qui s’est passée jusque-là et qui a menée à cette expérience-là et d’autre part cette Torah qui est donnée à ceux qui vivent cette expérience-là.

 

On pourrait considérer les 10 commandements comme une sorte de loi qui a pour objectif le parachèvement de ce qui a commencé à la sortie d’Egypte.

 

Cela me permet d’ouvrir une parenthèse qui me semble importante sur la définition de la foi en Israël. La foi d’Israël c’est la foi en la Guéoula. Le salut entendu dans son sens historique, concret : être délivré de toutes les aliénations.    

 

Nous en avons plusieurs confirmations dans la Halakhah elle-même.

En explorant les thèmes de la liturgie on voit que convergent toutes les intentions de prières vers « Celui qui a fait sortir Israël d’Egypte » en l’absence totale de formulation de type théologique métaphysique renvoyant à « Celui qui a créé le monde ». Il y a beaucoup de liturgies de ce type mais ce n’est pas la liturgie centrale du rite de la prière. La liturgie central du rite de la prière s’adresse au Goël Israël - Celui qui a réalisé la sortie d’Egypte. Au point que la tradition a décidé d’articuler le commandemment du Qriat Shéma qui s’achève sur le rappel de la sortie d’Egypte et la prière elle-même ce qu’on appelle la Semikhah la jonction entre Guéoula - le rappel de la sortie d’Egypte, et la Téfilah - la prière.

 

Ce lien entre la sortie d’Eypte - événement historique - et d’autre part la loi.

Nous donnerons un certains nombre de conclusions.

 

Dans le cas de l’histoire d’Israël le cas exemplaire d’une manière d’être homme qui vit dans son histoire ce qui est au fond un formulé d’espérance profonde de toute créature.

Le fait d’être créé signifie être mis en exil. Créer en hébreu signifie « mettre dehors », « mettre plus loin ». Tout se passe comme si au moment de la création commence un exil. Un exil métaphysique profond. L’espérance du salut c’est l’espérance d’être délivré de cet exil. Dans toute espérance de salut, quelque soit la tradition considérée, lorsqu’il y a bonne foi et honnêteté, c’est de cela qu’il est parlé.

 

Chaque tradition se le formulant à sa manière. Pour certaines, être sauvé du problème moral, pour d’autres, être sauvé des contraintes de l’existence sans lien avec le problème moral...etc.

 

Mais voilà qu’il y a un peuple qui vit cette condition de créature au niveau de paroxysme le plus grand dans son histoire : l’exil, l’aliénation et l’asservissement, et qui définit le Dieu du salut comme étant le Dieu de la sortie d’Egypte.

 

Ceux qui sont familiers avec les textes bibliques retrouvent là cette convergence de multiplication d’exemples, où la motivation des commandements revient au même principe : « parce que vous étiez esclaves en Egypte et que vous êtes sortis d’Egypte... »

 

C’est dit à propos des commandements principaux et aussi parfois à propos de commandements que l’on pourrait considérer comme secondaires.

 

 

…/…

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