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31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 13:19
Parasha Massei 95

Par le Rav Yéhouda Léon Askénazi (Manitou) זצ"ל


Nous allons étudier un thème sur lequel j’ai réfléchi. Le point de départ c’est un phrase, mais c’est un texte que nous allons étudier dans la Torah et sur lequel je réfléchis depuis les dernières élections. J’ai assisté aujourd’hui à la télévision à tout ce qui se passait à la Knesset et j’ai été renvoyé au thème de ce passage biblique. Nous allons étudier à ce sujet ce qui est enseigné dans la Massekhet Kidoushin. C’est une coïncidence parce que j’ai préparé ce texte pour la Parashah de Reeh pour le Ki Mitsion qui paraîtra dans quelques semaines et c’est ce matin que j’ai préparé ce texte, et cet aprés-midi j’ai assisté à l’illustration de ce texte par la Knesset. Nous allons voir comment la Torah nous parle de ces événements que nous vivons.

 

L’événement en question, j’y ai réfléchi depuis les dernières élections, c’est le fait que le sort du pays et les questions les plus graves de décision à prendre sont prises par la Knesset mais avec une équivalence des 2 côtés. Pratiquement équivalente : 120 députés et 60 d’un côté et 60 de l’autre avec une coalition de blocage de 61 voix pour le gouvernement Rabin y compris les voix arabes, et avec en plus deux transfuges qui ont été élus par les électeurs de droite. Ce qui est d’une invraisemblance démocratique et souligne le caractère kafkaïenne et ubuesque d’une telle situation.

 

Tout le monde en a conscience et on semble être pris dans une fatalité. Or, la situation en question a déjà existé immédiatement au moment de la faute du veau d’or.

 

Moïse redescend du Sinaï avec les tables de la Torah assiste à ce brouhaha qui fut celui de la Knesset aujourd’hui. C’est tellement précis que c’est impressionnant, c’est vertigineux et c’est d’autant plus rassurant. Cela veut dire qu’il y a quelque chose qui a un sens.

 

Cette impression je l’ai personnellement même avant les élections, chaque été je reçois des groupes, en général francophones. On a étudié cela et je leur disait que vraisemblablement c’est à une voix de majorité que l’élection allait être décidée. Ce n’est pas de la mystique pure et simple, il y a là quelque chose d’un autre ordre qu’une coïncidence. Parce que c’est vraiment le sort du pays qui est en jeu, et tous en sont conscient. Et ce genre de coïncidence-là est ahurissant.   

Ce qui rassure c’est que c’est comme ça que nous sommes depuis l’origine.

Malheureusement on va apprendre dans ce texte que cela va nous coûter cher. Tout en nous rassurant, il y a vraiment un risque de guerre civile.

 

Les principaux artisans de la situation poltique actuelle sont Shimon Perez et Begin dont le souci est le problème de la promotion économique d’un nouveau moyen-orient. C’est surtout Begin qui vient d’être nommé ministre de l’économie. 

 

Shemot Chapitre 32 verset 15

C’est lorsque Moïse apprend de Hashem lorsqu’il se trouve sur la montagne, ce qui se passe au pied de la montagne.

 

32:15

וַיִּפֶן וַיֵּרֶד מֹשֶׁה, מִן-הָהָר, וּשְׁנֵי לֻחֹת הָעֵדֻת, בְּיָדוֹ:  לֻחֹת, כְּתֻבִים מִשְּׁנֵי עֶבְרֵיהֶם--מִזֶּה וּמִזֶּה, הֵם כְּתֻבִים

Vayifen vayered Moshe min-hahar ushney luchot ha'edut beyado

Lu’hot ktuvim mishney evreyhem

mizeh umizeh

hem ktuvim.

Moïse se détourna et descendit de la montagne et les deux tables du témoignage dans sa main

des tables écrites des deux côtés

d’un côté et de l’autre

elles étaient écrites.  

 

Les lettres étaient gravées de tel sorte qu’elle transperçaient les tables.

Il y avait donc le problème de deux lettres qui tenaient par miracle : le Mem Sofit - Mem final et le Samekh. C’est expliqué dans la Guemara pourquoi. C’est un autre sujet.

 

32:16

וְהַלֻּחֹת--מַעֲשֵׂה אֱלֹהִים, הֵמָּה; וְהַמִּכְתָּב, מִכְתַּב אֱלֹהִים הוּא--חָרוּת, עַל-הַלֻּחֹת

Vehalu’hot ma'aseh Elohim hemah

vehamikhtav mikhtav Elohim hu

’harut al-halu’hot

et les tables étaient l’oeuvre de Elohim

et l’écriture écriture de Elohim

gravée sur les tables

 

32:17

וַיִּשְׁמַע יְהוֹשֻׁעַ אֶת-קוֹל הָעָם, בְּרֵעֹה; וַיֹּאמֶר, אֶל-מֹשֶׁה, קוֹל מִלְחָמָה, בַּמַּחֲנֶה

Vayishma Yehoshua et-kol ha'am bere'oh

vayomer el-Moshe kol mil’hamah bama’haneh

Et Josué (se trouvant sur le flanc de la montagne, le peuple étant en bas et Moïse en haut, rejoignait Moïse descendant avec les tables) entendît la voix du peule dans le brouhaha (léariaah= faire du bruit)

Et il dit à Moïse : il y a un bruit de guerre dans le camp

 

J’y faisais allusion tout à l’heure pour ceux qui ont assisté à la télévision, on a eu le descriptif de ce qu’il y avait à la Knesset avec les télévisions du monde entier.Ce verset a été illustré par la scéance de la Knesset d’aujourd’hui.

 

32:18

וַיֹּאמֶר, אֵין קוֹל עֲנוֹת גְּבוּרָה, וְאֵין קוֹל, עֲנוֹת חֲלוּשָׁה; קוֹל עַנּוֹת, אָנֹכִי שֹׁמֵעַ

Vayomer eyn kol anot gvurah

ve'eyn kol anot ‘halushah

kol anot anokhi shomea.

Et (Moïse) dit : ce n’est pas une voix d’entonnement (mot différent de leariah – leanot ) avec force 

Et ce n’est pas une voix d’entonnement avec faiblesse

Moi j’entends un voix de brouhaha

 

Alors que Josué avait appellé cela une voix de guerre. J’ai sous les yeux un Midrash de la Massekhet Taanit qui dit ceci : Moïse a voulu expliqué à Josué que cela devrait faire partie de sa personnalité de dirigeant de savoir diagnostiquer le sens des cris. Il lui reproche de ne pas distinguer entre des cris de anot gvurah et des cris de anot ‘halushah et de les diagnostiquer d’emblée comme si c’était des cris de disputes et de guerre.

 

Yerushalmi Taanit :

« Moïse a dit à Josué :  un homme qui est destiné à avoir une fonction de dirigeant sur 600 000 âmes et qui ne sait pas distinguer la signification des voix, entre une voix et une voix. »

 

Mais tout est là. Et ce n’est pas possible ni pour Josué qui diagnostique cette lutte ni pour Moïse qui sait diagnostiquer quel est le camp fort et quel est le camp faible, de savoir qui triomphe du camp fort ou du camps faible. Il y a Tékou !

 

Il en résulte qu’après ce diagnostic Moïse va demander à la tribu de Lévi de lancer la révolte contre l’événement. Et c’est effectivement cette catastrophe de la guerre civile qui nous est décrite entre la tribu de Lévi qui prend l’initiative de mettre fin à ce scandale. C’est impressionnant de voir que c’est juste quelques temps avant, alors qu’il y a une espèce d’hypnose de fascination quasi-générale, que les rabbins ont pris la décision de donner l’ordre aux soldats religieux de déclencher ce qui risque d’être assez grave à moins que les choses ne changent. Et donc tout se met en place comme la Torah le décrit. C’est pourquoi il faut s’attendre à des choses très désagréables. Mais en tout cas ce qui est rassurant c’est que le caractère fantastique et absurde de cette folie que nous sommes en train de vivre fait partie de notre normalité.      

 

Effectivement, à la sortie d’Egypte s’est adjoint à Israël authentique descendants des tribus le Erev Rav qui est cause de cette faute.

 

Je ne veux pas dire que la gauche c’est le Erev Rav y compris les Arabes et les transfuges et que la droite c’est l’Israël authentique. Ils sont tous juifs sauf les arabes. Mais ils ont le droit d’être ce qu’ils veulent être. Espérons que le parti au pouvoir commencera que l’on ne peut pas confier aux vote des arabes l’avenir d’Israël.

Cela restera pour les historiens de l’avenir comme quelque chose d’incompréhensible : la fierté suicidaire de la vraie démocratie.

 

Il y a une analogie malgré tout. Ce n’est pas dans cette étude que nous étudierons qui est vraiment le Erev Rav. C’est assez frappant de voir qu’il y a d’un côté ceux qui sont pour la vérité d’Erets Israël et les valeurs juives d’un état juif. Et les autres qui sont pour l’arabisation du pays, parce qu’on est déjà, indépendamment de la Palestine en route, dans un Israël judéo-arabe.

 

Il y a 3 chaines de télévision : il arrive que pendant des heures de suite, deux d’entre elles ont des programmes arabes.

 

La Torah prévoit qu’il y aura des étrangers dans le pays.  Je traduis ce que la Torah dit en langage contemporain : la différence entre les droits à l’égalité municipale et l’interdiction de l’identité nationale. C’est la règle de la Torah pour les étrangers dans le pays. Cela commence avec le fameux verset : vehavtah et hager ki ger haïtah beErets Mitsraïm  tu aimeras l’étanger car tu as été étranger en terre d’Egypte.

 

Mais il faut que les mots aient leur sens : c’est dans la mesure où l’étranger se considère comme étranger et le reconnait que les droits (municipaux et non pas nationaux) que lui donnent la Torah sont légitimes. Mais dès que c’est l’inverse : les étrangers qui considérent Israël comme étranger dans ce pays, c’est de nouveau Kafka qui recommence.

 

Tout cela est habillé de politique juive et j’ai été frappé par la coïncidence.

Le pays n’est pas uni, il faut en tenir compte et ne pas faire semblant qu’il le soit.

La suite se trouve dans la suite du récit biblique.

 

Ce qui est rassurant c’est que cela s’attache à l’histoire d’Israël.

 

[Exemple du livre de Job : le scandale pour Job est l’idée d’une souffrance qui n’a pas d’explication. Et le livre confirme que cette souffrance n’a pas d’explication si l’on considère qu’une souffrance est la punition d’une faute. Et Dieu intervient pour reprocher aux théologiens partisans de cette thèse, les amis de Job, leur attitude envers Job qui n’a pas fait de faute. Il n’y a que Maïmonide qui a donné des indications pour comprendre ce problème de Job qui est une problème difficile. C’est le fonctionnement du monde qui mène au risque de ces malheurs dont on ne trouve pas de justification du point de vue du mérite ou du démérite moral.

Expliqué par une formule simple empruntée au philosophe Alain : « la tuile qui tombe du toit n’a pas d’excuse ». Et même si on peut multiplier des équations mécanique pour expliquer scientifiquement rationnellement pourquoi cela tombe sur la tête de quelqu’un en fonction de son mérite ou démérite, il y a un décalage, un abîme, entre le déroulement naturel du fonctionnement du monde comme nature et d’autre part le mérite moral. C’est la question du livre de Job. Et alors ce qui rend la souffrance tragique c’est qu’elle n’a pas d’explication et qu’elle apparait comme en dehors de tout critère dans un monde - le livre de Job c’est dans la bible – que la bible décrit comme étant une cohérence absolue. Le drame de Job c’est une tragédie : l’incompréhensible d’arriver à dire : il n’y a pas de justice ! Je crois que celui qui a compris cela c’est André Schwarz-Bart dans « le dernier des justes ». Il faisait partie de mon groupe d’étudiant juste après la guerre, à Paris, pendant qu’il rédigeait ce livre-là. Dans un des passages il disait : le drame des jufs dans les chambres à gaz c’est de se dire : peut-être Dieu n’existe pas ? Mais c’est incompatible. C’est pourquoi la seule solution c’est de dire tout de suite « Shéma Israël… ». Il n’était pas un juif praticant mais avait vraiment vécu ce problème. C’est cela la tragédie de Job : que cela soit sans explication. Et alors en fin de compte Dieu se révèle à Job et le discours de Dieu à Job est incompréhensible et n’a rien à voir avec la question de Job. Sauf et la Guemarah le met en évidence avec également Maïmonide (je vous conseille d’étudier les trois chapitres qu’il y consacre dans le Guide des égarés et qui sont parmi les plus fort du livre). « Etais-tu avec moi lorsque j’ai créé le monde… ? » Si tu n’arrive pas à comprendre : j’ai créé un monde et ce monde fonctionne. C’est le fonctionnement du monde qui fait qu’il y a Job. C’est le résidu des scories du fonctionnnement du monde qui peuvent atteindre Job qui est pourtant quelqu’un qui n’a jamais fait le mal. Ce qui rassure Job, ce n’est pas tellement le discours de Dieu qui est un discours « kabaliste » si j’ose dire, mais c’est le fait que Dieu lui parle. Et cela ne lui est pas nécessaire de comprendre ce que Dieu lui dit. Il y a un sens quelque part. Dieu s’occupe de moi, il y a une cohérence, je ne suis pas capable de la comprendre mais elle existe et cela le rassure…]

 

Relisez ce passage de Shémot à la suite du veau d’or et vous aurez le récit de ce qui se passe actuellement au parlement israélien.

 

Ce qu’il faut comprendre et qui est extrêmement important c’est qu’il se dévoile que le véritable clivage qu’il y a dans le peuple juif n’est pas du tout celui de religieux vs. non-religieux mais celui de sionistes vs. non-sionistes. C’est le vrai problème. Puisque chez les sionistes il y a des religieux et des non-religieux, et chez les non-sionsites il y a aussi des religieux et des non-religieux. Cela n’a jamais été ce clivage-là depuis l’origine de notre histoire. Le vrai clivage c’est ceux qui font partie de la nation d’Israël comme la Torah en parle, même s’ils y croient ou pas, et pas du tout ceux qui pratiquent plus ou moins…

 

Un des enseignements de Jacob Gordin : il y a une grande différence entre la théologie et la prophétie : la théologie c’est la pensée du philosophe croyant ou pas croyant qui parle de Dieu. En général, un théologien est croyant, mais il en existe des athées.

 

Il y a chez les théologiens une obsession de se prouver que Dieu existe. C’est suspect : ils passent leur vie à essayer de démontrer l’existence de Dieu. Un théologien c’est un homme malheureux parce qu’au fond c’est un philosphe qui parle de Dieu et d’autre part il est croyant parce qu’il est né dans un peuple croyant, dans une famille croyante, avec une nourrice croyante … Là je vous cite Descartes. On lui a demandé s’il croyait dans le Dieu de Descartes. Il a répondu : je crois en le Dieu de ma nourrice. C’est très profond d’ailleurs.

 

Jacob Gordin : un théologien c’est un philosophe croyant qui parle de Dieu. Tandis que la prophétie c’est Dieu qui parle à l’homme, même athée. Cela n’a rien à voir.  

 

***

 

Masshekhet Kidoushin 4a

« Nos sages ont dit : toujours l’homme doit se considérer comme si le monde entier est à moitié zakaï innocent-méritant et à moitié ‘hayav coupable-déméritant »

Si chacun fait une bonne action, il fait passe tout le monde du côté du mérite (avec une voix). Il a fait une transgression, il a fait passé le monde entier du côté du démérite ».

 

A propos du verset de la Parashat Reeh qui dit « Vois (singulier) j’ai mis devant vous (pluriel) la bénédiction et la malédiction », c’est pourquoi la Torah a dit à chaque individu : Reeh-Vois au singulier, efforce-toi et vois qu’à chaque acte que tu dois faire, je mets devant vous aujourd’hui les bénédictions et malédictions. C’est toi qui emmène au monde entier la bénédiction ou la malédiction. » 

 

C’est frappant que c’est ce qu’on a vu aujourd’hui et que cela concerne tous les 120 députés. Ceux qui ont vôté bien, ont voté bien bien pour le monde entier, et ceux qui ont vôté mal ont voté mal pour le monde entier. Mais pour chacun d’entre eux, il suffit d’une voix. Ce n’est pas un seul qui porte le fléau de la balance dans sa main et qui serait bien à plaindre mais c’est chacun qui aurait du avoir le scrupule de savoir ce qu’il y avait dans leur décision.        

 

Ton action est suceptible de décider pour le monde entier du côté du mérite ou du côté du démérite.

 

C’est un texte classique mais je crois important de mettre cela en évidence: l’illustration de ce que nous sommes en train de vivre.

 

Je me souviens, jeune, d’être sceptique par rapport à cette exagération talmudique. Mais c’est frappant de voir que c’est ce qui se passe aujourd’hui.

 

 

***

 

Bemidbar Massei :

Ce sont les différentes étapes du voyage d’Israël pendant les 40 ans du désert.

Mais il y a une consigne qui est donnée après l’énumération de ces étapes.  C’est un passage familier à cela. Chaque fois qu’on est dans les tribulations de voyages en voyages. Le Juif est un fugitif, un voyageur.

La première fois que je suis arrivé à Jérusalem j’ai vraiment vécu cela : le juif errant est arrivé ! Ceux qui n’arrive pas sont les juifs abérrants. On a passé notre temps à être des pérégrinants.

Il y a ce thème chez un auteur Goï : « le fugitif ». Tout ce passe comme si les juifs passaient leur temps à se sauver de quelque part. Ce n’est pas tellement qu’ils veulent arriver quelque part. Mais ce qui frappe dans les voyages des Juifs, c’est qu’ils partent de quelque part. Et pendant 2000 ans, on a dit : « l’année prochaine à Jérusalem ! »

Mais cela n’est jamais arrivé que lorsqu’on partait d’un pays parce qu’il fallait en partir, on se dirige vers Jérusalem ! Nous allons voir que c’est le style même de ce récit que toutes les étapes ont toutes été définies par leur point de départ et jamais par leur point d’arrivée. On va apprendre: « voilà comment on est sorti d’Egypte…» et on passe 42 voyages…

 

Toutes les Massaot (étapes) sont définies par la Letsiah (sortie d’Egypte) : on s’enfuit de quelque part. Il n’est pas du tout évident que l’objectif soit d’arriver en Israël. La preuve ? C’est qu’ils sont restés dans le désert.

 

Encore un thème qui nous parait aberrant et qui pourtant s’attache à notre histoire depuis l’origine.

 

…/…

 

Vous avez sûrement expérimenté cela avant de faire votre Aliah.

 

Massei

33:55

וְאִם-לֹא תוֹרִישׁוּ אֶת-יֹשְׁבֵי הָאָרֶץ, מִפְּנֵיכֶם--וְהָיָה אֲשֶׁר תּוֹתִירוּ מֵהֶם, לְשִׂכִּים בְּעֵינֵיכֶם וְלִצְנִינִם בְּצִדֵּיכֶם; וְצָרְרוּ אֶתְכֶם--עַל-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר אַתֶּם יֹשְׁבִים בָּהּ

Ve'im-lo torishu et-yoshvey ha'arets mipneykhem

vehayah asher totiru mehem

lesikim be'eyneychem

velitsninim betsideykhem

vetsareru etkhem

al-ha'arets asher atem yoshvim bah.

Et si vous ne dépossédez pas les habitants du pays devant vous

Il arrivera que ceux que vous laisserez rester seront

Des epines pour vos yeux

Des aiguillons pour vos flancs,

Ils vous opprimeront

Sur le pays où vous résidez.

 

C’est extraordinaire ! C’est écrit dans la Parashah de la semaine.

 

33:56

וְהָיָה, כַּאֲשֶׁר דִּמִּיתִי לַעֲשׂוֹת לָהֶם--אֶעֱשֶׂה לָכֶם

Vehayah ka'asher dimiti la'asot lahem

eeseh lakhem

Et il arrivera

Comme j’ai entrepris de leur faire

Je le ferai à vous

 

Je n’arrive pas à comprendre comment tous ces juifs qui pendant des milliers d’années ont lu ces textes-là et se trouvent  être subitement aveugles !

La lecture de la Torah fut instituée chaque Shabat par Ezra au retour d’exil. Il y a eu d’abord une petite période où pendant 3 ans on lisait l’ensemble de la Torah. Ensuite ce fut pendant un an. 

C’était pour apprendre notre histoire et pour être averti de ce qui se passe au moment où cela se passe. C’est ce qu’on a fait pendant 2000 ans et au moment où il faut réagir, tout se passe comme si cela ne sert à rien ! Le moment le plus grave où j’ai compris cela c’est pendant la Shoah.

 

Et puis voilà que cela recommence avec Erets Israël. Alors je crois que là aussi, a posteriori, cela éclaire ce que nous pouvons avoir comme incompréhension devant cette génération de la sortie d’Egypte dont on nous a raconté l’histoire.

Comment se fait-il qu’ils soient tellement stupides ?

D’un autre côté cela rassure : si nous sommes ceux-là c’est que nous sommes cet Israël-là...

 

***

 

1er versets :

אֵלֶּה מַסְעֵי בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר יָצְאוּ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם--לְצִבְאֹתָם:  בְּיַד-מֹשֶׁה, וְאַהֲרֹן

33:1

Eleh massey veney-Yisra'el

asher yats'u me'erets Mitsrayim

letsiv'otam

beyad-Moshe ve'Aharon

voici les étapes des enfants d’Israël

qui sont sortis du pays d’Egypte

selon leur rangée en cohorte

sous la conduite de Moïse et Aharon

 

En général les commentateurs, et en particulier le « Guélilei Zahav », mettent en évidence que lorsque la Torah répète les détail d’information que nous avons déjà c’est qu’il y a une raison. Il est évident qu’il s’agit des voyages des enfants d’Israël qui sont sortis d’Egypte. Il n’y en a pas d’autres.

Guélilei Zahav explique : l’essentiel de ce voyage c’est qu’ils soient partis d’où ils sont partis. Mais ce ne fut pas pour arriver quelque part. La Letsiah est racontée. Leurs étapes sont définies par l’endroit d’où ils viennent et non de l’endroit où ils vont.

 

Il est important de mettre l’accent sur  cette invraisemblance de la sortie d’Egypte, par rapport aux 40 ans du désert. En vue de quoi sont-ils sortis ?

C’était toute une partie du peuple. Ceux de Moïse – 1/5ème qui ont suivi Moïse. Seulement les autres se sont perdus dans l’exil. Mais ceux qui sont sortis d’exil se perdent dans le désert.  

 

Le mouvement sioniste est sorti de la civilisation européenne occidentale pour fonder un état juif en Israël, et est en train de se former en un état politique politique dont l’objectif est de fonder un état arabe en Israël...

.../...

 

***

Parasha - Massei 95 - Suite & fin

 

33:1

אֵלֶּה מַסְעֵי בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר יָצְאוּ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם--לְצִבְאֹתָם:  בְּיַד-מֹשֶׁה, וְאַהֲרֹן

Eleh massey veney-Yisra'el

asher yats'u me'erets Mitsrayim letsiv'otam

beyad-Moshe ve'Aharon

voici les étapes des enfants d’Israël

qui ont quitté la terre d’Egypte en groupe organisés

sous la conduite de Moïse et Aharon

 

..../...

 

C’est tellement énorme que c’est cela.

Et il ajoute בְּיַד-מֹשֶׁה, וְאַהֲרֹן bé yad Mosheh veAharon sous la main de Moïse et Aharon. On le sait déjà. Un commentaire explique si ce n’était pas Moïse et Aharon qui les avait obligé ils ne seraient pas sortis.

 

וַיִּכְתֹּב מֹשֶׁה אֶת-מוֹצָאֵיהֶם, לְמַסְעֵיהֶם--עַל-פִּי יְהוָה; וְאֵלֶּה מַסְעֵיהֶם, לְמוֹצָאֵיהֶם

Vayikhtov Moshe et-motsa'eyhem

lemas'eyhem

al-pi Adonay

ve'eleh masseyhem

lemotsa'eyhem

Et Moïse écrivit leur départ,

suivant leur voyage

Sur l’ordre de Dieu

Et voici leur voyages

lemotsa'eyhem

Le verset revient dessus:

suivant le point de départ d’où ils sont partis mais pas du tout par rapport à l’objectif ou arrivée.

 

Vous verrez d’ailleurs les Midrashim que cite Rashi.

 

Lorsque un événement est comme cela un modèle des grands thèmes de l’histoire d’Israël à travers les siècles, il y a toujours deux lectures dans le Midrash :

-          A priori il ne fallait pas que cela se passe comme cela. Alors le Midrash met en évidence le démérite que ce se soit passer comme cela.

-          A postériori c’est au moins comme cela que cela s’est passé. Et le Midrash met en évidence le grand mérite que au moins cela se soit passé ainsi.

 

C’est pourquoi lorsque vous étudierez les Midrashim, ne croyez pas à une contradiction de Midrash à Midrash, mais il y a la ligne de la lecture du Midrash apriori qui est toujours une vision négative : voilà comment cela s’est passé et c’est mal. Mais aposteriori du fait qu’il y a des raisons pour lesquelles cela s’est passé comme cela et pas autrement, il y a alors une deuxième lecture du Midrash qui est une lecture de louange d’Israël.

 

On a étudié d’autre part à propos de la Parashah de  Vayehi beshalach Par'oh et-ha'am et il arriva lorsque Pharaon renvoya le peupleles Midrashim négatifs sur la sortie d’Egypte : on vient de nous raconter depuis le début du livre de Shemot l’intervention de Hashem spectaculaire, les miracles, les 10 plaies, la Providence, et comment cela est-il résumé ? Tout cela est arrivé quand le Pharaon a expulsé les hébreux...

Un des Midrashim : "Vayhi - il arriva que" annonce un malheur !

Qui a dit "malheur!" « Vaï ! » ? (les Ashkenazes disent « Voï »)

Plusieurs réponses :

C’est le Pharaon qui a dit « Malheur ! J’ai eu peur et j’ai laissé partir mon peuple d’esclaves... !»

C’est Moïse qui a dit « Malheur ! Ils ne sont pas sortis parce qu’ils voulaient sortir de l’esclavage mais parce que Pharaon les renvoya... » 

Et toutes les conséquences proviennent de ce que Vayehi beshalach Par'oh et-ha'am et il arriva lorsque Pharaon renvoya le peuple. C’est par le fait que c’est le Pharaon qui a renvoyé le peuple...

 

Dans l’époque contemporaine nous avons vécu quelque chose de très analogue : à part la poignée d’idéalistes, les éclaireurs ceux qui sont venus avant, les fidèles de Herzl, tout ceux qui sont venus fonder le pays sont venus contraints et forcés.

 

Autre exemple de Midrahs : aspect négatif des actes de Tsédakah de juifs en Galout qui envoit de l’argent à d’autres juifs pour aider d’autres à aller en Israël. Mais puisque c’est comme cela c’est à féliciter. Il pourrait faire autre chose de leur argent. C’est l’ambivalence de tout acte.

 

La formulation du verset est claire : c’est lemotsa'eyhem

C’est les voyages des 40 ans dans le désert, les 42 stations.

Cela a un sens dans la Kaballah.

 

Vous aurez deux séries de Midrashim. Lorsque les noms des étapes sont interprêtés, les noms des étapes ont une signification. Il y a un itinéraire de cette traversée du néant entre deux mondes, le monde ancien de l’Egypte et le monde nouveau d’Erets Israël. Il faut d’une certaine manière passer par un néant de désintoxication à 42 étapes.  

 

***

 

Q : le verset 55 que vous avez cité dans Maassei

Ve'im-lo torishu et-yoshvey ha'arets mipneykhem vehayah asher totiru mehem lesikim beeyneykhem velitsninim betsideykhem vetsareru etchem al-ha'arets asher atem yoshvim bah.

Et si vous ne conduisez pas les habitants de la terre devant vous ceux qui resteront seront des échardes dans vos yeux et des épines dans vos flancs, causant des troubles dans le pays que vous occuperez.

Vehayah ka'asher dimiti la'asot lahem e'eseh lachem

Et alors je vous ferais ce que j’avais originellement prévu de leur faire à eux-mêmes

 

R : c’est bien clair, ou bien ils s’en vont ou bien ils sont détruits. C’est exactement ce qui risque d’arriver aux israéliens. Cela me rappelle l’évacuation d’Afrique du Nord : la valise ou le cercueil !

Il y a une Guémarah très claire qui se base sur des versets de la Torah : lorsqu’Israël arrive dans le pays, il doit proposer aux gens qui occupaient le pays trois choses :

- soit aller en Afrique, certains y sont allés

- soit accepter les lois d’Israël (donner l’autonomie mais la souveraineté est celle d’Erets Israël)

-  soit la guerre

 

Ce sont les trois propositions que la Torah fait aux occupants du pays bien qu’ils soient des usurpateurs occupant le pays des hébreux. C’est extraordinaire à quel point tout ce que nous vivons a été décrit dans la Guemarah.

 

Q : Clivage entre sionisme et non sionisme, le non-sionisme est quand même une déjudaïsation ?

R : pas forcément, il y a des non-sionistes qui sont très hommes de la Torah : cf. les ghettos de la diaspora et d’Israël. Il y a énormément de citoyens israéliens qui sont non-sionistes voire antisionistes et qui vivent d’après la Torah. On les prend comme modèle du vrai judaïsme, et c’est une erreur, ce ne sont pas les vrais modèles.

Je crois qu’il y a une complicité entre les Juifs laïcs et les Juifs ’Harédim (enfin les orthodoxes antisionistes) de faire comme si c’est cela le vrai judaïsme de la Torah, car cela arrange les deux. Parce que les non religieux préférent alors une caricature de Torah comme cela ils sont à l’abri, et les religieux préférent une caricature de sionisme comme cela ils sont à l’abri. Il y a une alliance contre-nature entre la gauche israélienne et Bnei Braq. Cela joue au gouvernement.

 

Depuis les accords d’Olso il y a un revirement dans le monde ’Harédim. Cela se sent dans la jeunesse qui rejoignent de plus en plus les manifestations des Mitta’hlim (?).

La majorité des électeurs du parti Shass ont complétement viré de bord et sont complétement anti gouvernenamental bien que leur dirigeant soient pro-gouvernementaux. Les choses changent. Ne serait-ce que la réaction des juifs orthodoxes en Israël. .../...

 

Q : n’y a-t’il  pas urgence à redéfinir le sionisme ?

R : c’est très simple à définir, c’est la fin de l’exil et la fondation d’une nation hébraïque sur la terre d’Israël. Ces problèmes sont compliqués parce que le peuple juif a une profil d’identité particulier, et le vrai mystère c’est pourquoi Dieu a choisi ce peuple pour son propre programme ? Ce peuple qui est en tension avec ce même programme ! C’est dit en clair dans Malakhi quand Dieu dit par l’entremise du prophète à Israël : « est-ce que cela arrive qu’un fils renie son père, qu’un fidèle renie son Dieu ? »

« Si je suis père où est le respect qu’on me doit ? Si je suis le maître, où est la crainte de Moi ? a dit Hashem Tsevaot aux prêtres qui méprisent mon nom et vous dites : en quoi avons-nous méprisé ton nom ? » Et puis le prophète répond. C’est un verset difficile. A qui s’adresse cette interpellation ? Aux « Kohanim bozé shmi »

« Et Ceux qui prodiguent l’enseignement de la Torah ne me reconnaissent pas »

Quand j’ai étudié Malakhi, mes maîtres m’ont expliqué que c’est la dernière prophétie qui concerne la fin du temps d’exil.  

 

Je trouve qu’il y a quelque chose de rassurant dans ce fait que cela est vrai.

Un de mes maîtres : « à 15 cm du rivage on peut encore se noyer, à 15 cm du rivage on peut encore être sauvé. » 

 

Q : Vous dites que la situation actuelle à la Knesset est décrite dans la Bible, sommes-nous dans une sorte d’engrenage du destin dont on ne peut pas sortir ?

R : J’ai parlé un peu de cela tout à l’heure : il n’y a pas de fatalité : c’est juste comme ça que ça se passe quand ça se passe mal..

 

Je vous dis ce que la Guemarah en dit : se préparer à ce qui va se passer, la guerre civile. C’est ça que décrit la Torah. A porpos d’un verset d’Isaïe concernant la fin d’exil : « bé itav En son temps je l’avancerais... » si on mérite cela viendra plus vite. Mais si on mérite pas : « bé itav avec un tet en son temps « avec une ruade » on n’a pas mérité autrement que cela se passe parce que la loi des temps est arrivée.

 

J’ai vécu mon adolescence au moment de la fondation de l’état d’Israël. Les Juifs ne voulaient pas de l’état d’Israël. Cela nous a été imposé, au temps où cela est arrivé, malgré nous. Cela veut dire que nous sommes dans le temps qui ne dépend pas du mérite. Puisque cela ne dépend pas du mérite c’est dur, mais au moins c’est sûr parce que cela ne dépend pas de nous.... Tandis que lorsque cela dépend du mérite, ce sont des miracles mais ce n’est pas tellement sûr. 

 

Le seul mystère c’est ce mystère de ce retard. Je dis souvent qu’un juif en retard c’est un juif messianique. C’est très mystérieux cette tendance au retard au rendez-vous.

 

Il a suffit de quelques années entre la déclaration Balfour et le nazisme et on aurait échappé à la Shoah. On était en retard, alors c’est arrivé.

 

Et puis au temps de la fin du 2ème exil, il y a eu le même rythme. Avec la déclaration de Cyrus et quelques années après la prise de pouvoir de Haman. De notre temps la déclaration Balfour, et quelques années après, la prise de pouvoir de Hitler. Au temps d’Assuérus il y a eu la reine Ester, de notre temps, il n’y a pas eu de reine Ester. Le temps arrive et on est pas prêt. On dit « l’année prochaine... »

 

La Guemara dans 2 endroits différents a rattaché cela à l’histoire de Jacob qui est un modéle:   

Lorsqu’il revient de son exil chez Laban, Esau l’attend avec 400 hommes de guerre. La ligue arabe.

Jacob avoue : j’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé.

La Guemara se demande : il y avait les promesses ? Pourquoi n’ont-elles pas joué ? Parce que la faute a empêché ! Quelle faute ? Le retard ! C’est Jacob qui le dit. 

 

En général, dans les Yéshivot on donne une toute autre explication : la faute de Jacob c’est qu’il n’a pas respecté ses parents. En vérité c’est la même : il n’a pas donné signe de vie à Its’haq et Rivqah  alors que la Mitsvah de Kivoud Av vaEm – le respect des parents - est très importante. Et Esaü avait le respect des parents et non Jacob.  On pourrait analyser beaucoup de sources là-dessus, mais cela revient au même. Parce que si Jacob chez Laban pensait aux problèmes de Isaac et Rebeccah, il serait revenu dès qu’il aurait pu. Mais il a attendu jusqu’à ce que Laban se dévoile anti-juif. Alors Rachel et Léah lui ont dit de quitter son beau-père. Jacob était sûr de l’accord avec Laban le Liban...

 

C’est un problème métaphysique très profond que la Kaballah étudie : pourquoi sommes-nous obligés de sauver le monde en étant en retard ?

 C’est pourquoi Maïmonide avec un humour suprême dit : « et même s’il tarde attend-le ! »

S’il tard cela veut dire qu’il y avait un temps fixé ? Que signifie s’il tarde attend-le.

Nous sommes les gens du retard...

Fin 
*****

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